[Musique] [Narrateur:] Si un homme tombe,dit l'Écriture, un autre le soutient; mais malheur à l'homme seul; car, lorsqu'il sera tombé, il n'y aura personne pour le relever. Il y a de l'espoir pour celui qui demeuredans la lumière des vivants. Secouru par le savant, il relèvera la tête. Ici, l'écho répète les grands noms de la médecine. Pasteur, Ehrlich, Lister, Curie. Combien de maladies que l'on croyait incurables ? Le diabète, il y a 30 ans, c'était une mort lente. Mais alors, à Toronto, Banting et Best trouvent un traitement, l'insuline. Le tétanos : hier, le tétanos tuait. Mais Kitasato, un Japonais, trouve le remède. L'anémie pernicieuse, jadis,signifiait une mort certaine. Mais de Boston, vinrent les découvertes de Minot, de Murphy et de Whipple. Forte des victoires déjà remportées, la science se retourne contre l'adversairele plus formidable qui reste encore en lice. [MUSIQUE DRAMATIQUE] [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Une simple lamelle que trois hommes scrutent, une photographie de tissu humain. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Voici un homme dont l'organismeest miné par un mal étrange. Mais, avant toute chose, le corps même de cet homme--comment s'est-il formé ? [Musique] Au commencement: l'œuf humain est fécondé. C'est toute une vie dans une tête d'épingle. C'est une cellule, avec un potentiel: celui de croitre. De croitre en se divisant d'un à deux, de deux à quatre, par le processus fondamentalde la vie, la mitose. Quatre, huit, seize, et cela jusqu'à l'infini. [Musique] Suivant sa prédestination, lacellule se transforme en embryon. [Musique] Dans l'embryon qui croît, les cellules se différencient. [Musique] Septième semaine et l'embryon se compose déjà de millions de cellules groupées selon leurs caractères. Celles-ci pour la main. [Musique] Celles-ci pour les yeux. [Musique] D'autres se muent de cœur fœtal en cœur adulte. [Musique] Et de l'embryon, l'adulte, enfin émerge. Il est un composé de milliards de cellules, groupées en des systèmes qui lui permettent de vivre, de travailler, de procréer. [Musique] Ce sont les muscles, les os, [Musique] le délicat réseau des vaisseaux sanguins, les veines, les artères, [Musique] les muscles infatigables du cœur, [Musique] les villosités intestinales qui absorbent les aliments, les cellules du foie, qui emmagasinent le sucre. Ainsi, et par tant d'autresprocédés secrets et merveilleux, croissent les cellules. [Musique] L'homme, une entité vivante, harmonieuse, atteint sa frontière invisible, celle où ses cellules arrêtent de croître. Et si elles ne s'arrêtent pas? Si pour une obscure raison, leur croissance reprend, sans frein ni loi, si elles se divisent à nouveau? Alors, trahissant l'organisme dont elles font partie, elles croîssent, au-delà de toute normale. Comprimant les tissus et les organes sains, elles croîssent. [Musique] Elles s'infiltrent dans tout l'organisme, où elles établissent leurs colonies malignes. Elles croîssent aveuglément, saccageantles fonctions vitales de l'organisme. C'est le cancer. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Pourquoi le problème du cancer demeure-t-il si obscure ? Cette cellule ne veut pas s'arrêter de croître, ceci nous le savons. Mais pourquoi ? Pourquoi ne pouvons-nous pas trouver la cause ? [SILENCE] Les plus grands cerveaux du monde entier travaillent à la solution du problème. [SILENCE] Mais pourquoi est-ce si long ? Pourquoi la réponse nous échappe-t-elle ? [Musique] Parce que cette cellule infime, cette unité microscopique,c'est un univers à explorer. [Musique] La science s'enfonce dans cet univers, dans ces espaces infinitésimaux où elle découvre des constellations dont elle dresse la carte aux noms étranges: le centrosome, [Musique] les mitochondries, [Musique] le réseau de Golgi, [Musique] le cytoplasme, [Musique] le nucléus, ou noyau de la cellule, [Musique] les chromosomes, [Musique] le nucléole, carte d'une astronomie en miniature qu'il a fallu des années pour dresser. Ce sont des mondes frémissants,en gravitation dans chaque cellule, et il y a des millions de cellules dans le corps humain. Une tête d'épingle qui est un univers; c'est là que gisent le mystèrede la vie et l'énigme du cancer. [Musique] En vase clos, une particule de chair se survit. Le temps impose un terme à tout être vivant. La vie à tous est limitée. 10 ans, 20 ans, 50, 60 ? Mais un fragment de sa chair peut survivre à l'animal, survivre et croître. De nos jours, un point fondamental de l'étude du cancer est l'expérience sur des tissus vivants, sur des tissus normaux, aussi bien qu'anormaux. Dans bien des cas, les cellules cancéreuses croîssent dans leur prison de verresans rien perdre de leur malignité. Greffées sur l'animal approprié, elles le tueraient. Mais, ces fragments privés deleur organisme nourricier, il faut pour les élever, pour les nourrir, une technique rigoureuse. Ils requièrent pour survivre, des précautions infinies. Il faut les alimenter même, en atmosphère stérile. Il faut les pourvoir régulièrementde solutions vivifiantes. De cette façon, tissus sains ou tissus cancéreux peuvent, selon le besoin, être conservés. Ces tissus peuvent aussi croître dans des œufs, mais toujours sous conditions déterminées. Les cellules cancéreuses sontinjectées dans des œufs fécondés: elles y croissent, se nourrissent de l'embryon. Les animaux de laboratoire peuvent également servir de terrain de culture pour les tissus cancéreux. Les appareils peuvent ici paraître simples, les techniques sembler élémentaires, mais, il a fallu des années et des années pour les mettre au point. Des centaines d'échantillons, des milliers d'heures. Pour bien des raisons, les chercheurs préfèrent expérimenter avec des tissus prélevés sur l'animal. Comment réagissent-ils auxdivers produits chimiques ? Aux changements d'alimentation ? Quelle est la différence entre untissu normal et un tissu cancéreux ? Point d'interrogation à l'infini. Le taux de croissance peut être mesuré et consigné, étape par étape, commeles anneaux d'un tronc d'arbre. Et dans chaque cellule de cettemasse vivante et croissante, reposent à la fois le défi et la riposte. [Musique] Chaque cellule possède un noyau et un centrosome. Enfermés dans le noyau, setrouvent les éléments minuscules qui régissent l'hérédité. [Musique] Les chromosomes qui transmettent à la cellule-fille les caractères de la cellule-mère lorsque l'instant fatidique arrive, le corps astral se divise, [Musique] les chromosomes enlacésse dédoublent, se séparent, ce qui n'était qu'un devient deux avec un héritage commun. [Musique] [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Ces jeunes souris ont un arbregénéalogique que nul homme ne possède. D'une génération à l'autre, frères et sœurs ont été accouplés au point qu'onpeut prévoir presque absolument les caractéristiques familiales de chacune d'elle. À coup sûr, ces souris auront le cancer. Puis, 9 sur 10 de leurs rejetons l'auront, et ainsi de suite. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Et pourtant, il est possible de faire naître une souris très peu disposée au cancer. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Mais, les hommes ? [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Pour l'homme, rien de précis n'est établi sur l'hérédité du cancer, d'une génération à l'autre. Pour le chercheur, l'étude de la génétique, c'est l'exploration de toute la gamme de la vie, de l'amibe jusqu'au cobaye, de la souris jusqu'aux possibles applications à l'homme. Quand la science pourra dire, avec certitude, quel rôle les facteursgénétiques jouent dans les cancer chez les humains, ce jour-là, nous aurons atteint un sommet. Les expériences sur les souris, pour être concluantes, demandent des années d'études, mais il ne faut que quelques semaines pour suivre le cycle de vie de la drosophile, la mouche des fruits. En 10 mois, le savant peut observer près de 30 générations. Il a scruté les mécanismes de l'hérédité et a trouvé que les chromosomesqui transmettent l'hérédité peuvent être modifiés par desforces extérieures à la cellule. On peut placer une mouche normale sous un bombardement de rayons X. Ces rayons frappent à la manière d'un marteau électrique, ce qui peut modifier les chromosomes si profondément que les générations suivantes produiront de nouvelles et diverses variations. Espèces mutantes, créaturesaux ailes atrophiées, monstres. Et ces variations peuventapparaître chez des animaux divers: chez les souris par exemple, souris culbutantes, souris tournoyantes. Ces caractères acquis peuvent se transmettre d'une génération à l'autre. Le cancer est-il causé par une altération des chromosomes ? [Musique] Le monde de la cellule est un prodigieux complexe qui répond à toutes les exigencesde la vie et de la croissance. Il respire; il se nourrit; il transforme; il fabrique. Il se divise; il se combine; prodigieux complexe de la vie, de la vie et de la croissance. [Musique] Les fonctions vitales de la cellule normale et de la cellule cancéreuse sont elles analogues ? [Musique] Si nous le savions, pourrions-nous enrayer l'engrenage de la cellule cancéreuse ? Dans ces tubes en verre, se trouvent du tissu cancéreux prélevé sur un rat. Les cellules cancéreuses respirent sous l'œil du savant, qui analysent les gaz inspirés et expirés. De grandes recherches qui se poursuivent dans les laboratoires du monde entier, recherche sur les processus de la vie dans les cellules vivantes. Cellulesnormales et cellules cancéreuses. [BRUITS DE LABORATOIRE] [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Quel est le mot pour avancement ? Pour quoi ?Avancement. Avancement, Progress. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] De la patience, du temps, de la ténacité, ce n'est pas sans peine qu'on accède au pourquoi des choses, à la connaissance, à la compréhension, aux réponses claires. Il n'y a pas de réponses faciles aux grandes et déconcertantes questions. [Musique] Un corps étranger, peut-il envahir la cellule et en changer le comportement ? [Musique] Nous commençons à saisir la relation entre le milieu ambiant et l'apparition du cancer. Les chercheurs, pour rassembler ce gigantesque puzzle, fouillent le passé des malades connus. Ils suivent une piste. Nous avons constaté, par exemple, que ceux qui passent leur vie en plein air, constamment exposés aux rayons du soleil, sont prédisposés au cancer de la peau, plus que ceux qui travaillent à l'intérieur. Mais, il y a des exceptions. Pourquoi ? [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Quand nous aurons assez d'indices, nous pourrons établir des mesures de prévention. Mais il nous faut des faits, des faits recueillis avec soin, des faits ordonnés, des études statistiques que nous puissions analyser et comparer. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Toute piste prometteuse est relevée. Les types de famille, l'histoire des métiers. Un millier de cas révèlera-t-il un facteur commun ? Certains cancers sont-ils plus fréquentsdans certaines industries ? Une tendance s'affirme-t-elle ? Des statistiques, c'est unpeu de lumière sur le mystère. Certains cancers sont-ils plus fréquentschez les hommes que chez les femmes ? Des statistiques, ce sont des faits à étudier. Y a-t-il quelque chose, dans notre labeur quotidien, qui déclenche le cancer ? La science interroge tous les suspects, échantillons recueillis dans des centaines d'endroits pour détecter à la fin l'élément meurtrier. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Que de progrès depuis 1918, date où des savants japonais firent naître une tumeur en enduisant de goudron, l'oreille d'un lapin. Depuis cette époque, les savants ont découvert des centaines de composés susceptibles de provoquer le cancer. Et ils ont assemblé des modèlesde leurs structures moléculaires. Appliquée à la vie quotidienne, la recherche sur les effets desproduits chimiques usuels aidera peut-être à prévenir le cancer. Mais, d'autres questions se posent à la science. Comment et pourquoi les produits chimiques provoquent-ils le cancer ? Quelle action exercent-ils sur la cellule ? Questions auxquelles il faut répondre. [Musique] Et les réponses apparaissent. Grâce à cette recherche obstinée, un homme peut envisager le traitement avec confiance. Bien des choses sont possibles aujourd'hui qui ne l'étaient pas il y a quelques années. [Musique] Chaque jour qui se lève apporte son progrès. [Musique] Dans les laboratoires, derrière les murs de l'hôpital, des outils plus précis forgent des armes qu'on espère plus efficaces. L'exploration des champs anciens et nouveaux se poursuit. [Musique] Traitement par le radium, labeur patient de découverteet de perfectionnement, tubes minuscules, milligrammes de radium appliqués à la tumeur cancéreuse. Dosage du radium, sa quantité et sa force, encore minutieusement étudiés. [Musique] Les isotopes radioactifs, l'énergie atomique mise au service de l'humanité. Certains cancers, celui de la thyroïde par exemple, semblent reculer devant cette nouvelle technique. Le compteur Geiger dont le crépitement électrique par son intensité indique et mesure les éléments radioactifs errant à travers le l'organisme. L'iode, le carbone, le sodium, le phosphore radioactif, nouveaux noms autour desquels la rechercher s'affaire. Sur ce fond d'acquisition, vient s'appuyer le traitement du cancéreux. [Musique] Dans le domaine de la radiothérapie, des appareils à très haut voltage donnent des radiations plus efficaces et plus pénétrantes. Précision, attention, épreuves et contre-épreuves. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] M. Davis guérira. Mais, tout le monde n'a pas la même chance. Il y a des cancers sournois dont les symptômes se réveillent tard, qui ne font pas souffrir tout d'abord, qui se tapissent dans l'organisme. Et pourtant, de jour en jour la chirurgie les traque plus avant et suscite l'espoir. La majorité des cancéreux quise présenteront cette année, recevront un traitement efficace. Mais, il faut déceler le cancer à temps. C'est pourquoi, avec opiniâtreté, la science cherche le moyen sûr, le test qui dépistera le cancer alors qu'il est encore curable. [Musique] [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] C'est vingt années d'étude qu'il faut à un homme depuis sa première leçon pour devenir un savant. [PARLER LA LANGUE ANGLAISE] C'est un homme comme les autres, mais dont l'intelligence a été mobilisée et l'imagination aiguisée. Il s'est enrichi aux vastes réserves du trésor scientifique mondial. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] En lui, fermente inlassablement un problème. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] Heureux qui peut savoir le pourquoi des choses. Il y a de ces hommes partout dans le monde. À Montréal, à Washington, à New-York, à Paris, à Londres, à Rome, à Genève, à Stockholm. Qu'est-ce donc que l'homme, pour que tu te penches ainsi sur lui ? [Musique] Voici qu'un défi a été lancé et relevé. [Musique] Obscure recherche d'un rayon de lumière qui peut jaillir de n'importe où, de l'œil à facettes d'une mouche, ou de la radicelle d'une plante, car le cancer s'attaque à toute vie, aveuglément. [Musique] Sur cette table, sur cette autre, dans ce laboratoire, dans cet autre, partout on cherche, on cherche une réponse. De jour en jour, vers le progrès, c'est à travers le monde entier, la poursuite d'une idée, l'échange de connaissances nouvelles. Quelle aube jettera la lumière sur ce problème ? Quelle aube et quelle génération pour ce problème si vaste de la vie. Contre le cancer, l'état de siège est déclaré. Savants, professeurs, étudiants,tous hautement qualifiés et munis de toute la science etdes techniques du 20e siècle, s'attaquent au problème. La découverte ne sera pas l'œuvre d'un homme seul. Au jour final, les conquêtes et leséchecs mêmes d'autres savants, leur feront cortège. Et quand, enfin, la réponse jaillira, ils se seront aventurés très loin dans le labyrinthe d'un univers. [PARLANT DANS UNE LANGUE ÉTRANGÈRE] [Musique] La cellule, c'est un champ de bataille où la science avance vers la victoire. [Musique]