mit, ■jff ;ài' NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE Bethesda, Maryland ^^ 3Œ M p€5 m '&& ïm>m ESSAI SUR LES PLAYES DES ARMES À FEU par Mr. Mas sot) Chevalier de l'ordre de St. Michel, Dofteur en médeone, Correspondant de la Société Royale de médecine de Paris, Chirurgien Major des armées françaises, Chirurgien Major de Mrs. les Gardes du corps du Roi, ancien Professeur de chirurgie et d'anatomie des amphitéâtres militaires. St. Petersbourg, i 791. De l'Imprimerie Impériale. Œ A" AUX ARMEES RUSSES. [BiMCmi! 'j>Kî SBfansftS^tan^é' fczr^>^ami=j^?^g^i j ~lïw£ ri^**" »555s*~ Ue tous les agens dirigés vio- lemment contre le corps humain il n'en est pas de plus de- structeurs que les corps con- tondans poussés par la poudre à canon. Les corps contondans pous- sés par la poudre a canon sont de différentes grandeurs, de différentes jfigures; présentent des surfaces différentes et sont poussés de distances plus ou moins éloignées. Ces variétés influent nécessairement sur le caractère des pJayes des armes a feu et sur la durée de leur traitement. A Les corps lancés par la poudre à canon sont les balles, la mitraille, les éclats de gre- nade, de bombe, les boulets. Us agissent sur les parties sans division extérieure ou bien avec division. Dans le premier cas ils produisent des contusions, des commotions, des épanche- mens, des fractures. Dans le second ils font des playes con- tuses. Des contusions faites par des balles *J. Des balles arrivent quelque- fois à l'extérieur du corps sans *) Tout ce qu'on lira à l'égard des balles pourra être appliqué à la petite mi- traille et aux petits éclats de grenade dont les effets seraient en tout point avoir asses de force pour péné- trer, et alors, si l'endroit frappé est garni, de beaucoup de par- ties molles, les blessés en sont quittes pour un peu de douleur: la partie se tend, se gonfle, diminue bientôt et passe en peu de tems par les différens degrés de la resolution. Des compresses trempées dans de l'eau commune où on aura dissout beaucoup de sel marin, et quelques tours de bande un peu serrés suffiisent ordinairement pour dissiper ces contusions. le mêmes que ceux des Balles, si dans quelques endroits la surface de ces corps n'était hérissée de parties anguleufes. A 2 Lorsque des balles frappent des parties où les os ne sont presque recouverts que par la peau, il peut résulter de leur action des accidens très fâcheux. Si c'est par exemple la partie antérieure de la jambe qui à été ainsi frappée, le périoste peut s'enflammer, devenir très douloureux, suppurer, les lan- ces osseuses correspondantes, s'al- térer sensiblement, et par leur exfoliation donner beaucoup de longeur au traitement. Une ou deux saignées, le repos, un peu de régime, des topiques résolutifs préviennent ces acci- dens ou les ^ arrêtent presque toujours a. leur naissance. Les contusions de la tête faites par des balles sont très souvent légères, mais aussi quel- quefois elles exposent les bles- sés aux dangers les plus grands. Il n'est pas rare qu'il soit sur- venu des accidens très fâcheux, la mort mome à la suite de ces lézions. Des soldats dans la chaleur du combat ont été ain i blessés à la tête sans l'a- voir senti \ ils se sont ensuite aperçus d'une bosse très super- ficielle à la quelle ils n'ont donné aucune attention. Le cinquième, le sixième jour, le huitième, quelquefois plus tard ils se sont plaints de pesanteurs de tête, d'un cercle incommode et douloureux autour de l'en- droit frappé, de la perte dn A 3 6 sommeil. D'autres accidens sont bientôt survenus; la fièvre, la chaleur, la sécheresse de la peau, une soif excessive, des envies de vomir, des agitations violentes, des disparates, du dé- lire, quelquefois des mouvemens convulsifs. Le chirurgien ap- pellée ayant reconnu la sour- ce du mal a incisé l'endroit frappé dont l'élévation avait acquis de l'étendue, de la dou- leur et de l'empâtement. Les incitions ont fourni une matière ichoreuse, le péricrane était det- taché et comme fondu, l'os à découvert et altéré dans sa cou- leur. Dans cette extrémité l'o- pération du trépan a été regar- dée comme l'unique ressource: elle a été pratiquée et. la dure mère a été trouvée enflammée et en suppuration. Quelquefois le succès a couronné un pareil tiépan, mais le plus souvent il a été infructueux. Des contusions au sternum faites par des balles mortes ont de même donné lieu a des acci- dens graves. Il en est résulté des abcès des caries qui ont obligé de recourir au trépan. à l'apparition des accidens lo- caux le chirurgien se hâtera de pratiquer des incisions; mais lorsqu' il sera appelle st tems il les préviendra toujours en insi- tant sur les moyens généraux. 1 A 4 Des contusions faites par des éclats de Bombe, des Boulets. Des éclats de bombe, des boulets qui touchent les par- ties obliquement ou qui arri- vent sur elles lorsqu'ils sont sur la fin de leur mouvement pro- duisent , presque toujours des contusions graves. Les blessés après la douleur du coup se plaignent d'un engourdissement excessif dans la partie. Bien- tôt elle acquert de la tension, et elle devient très douloureuse quand on la remue ou qu'on la touche. Des saignées, un cataplasme fait avec la mie de pain, du 9 gros vin rouge et beaucoup de sel ammoniac sussent souvent pour réduire ces contusions; mais quelquefois elles sont si fortes que le chirurgien ne peut en obtenir qu'une résolution partielle. Dans ce cas les vais- seaux sanguins ouverts sont en .giand nombre, ou d'un diamè- tre considérable; le sang s'est échappé copieusement et avec impétuosité; les mailles du tissu * cellulaire les plus voisines en ont été comme déchirées; les plus éloignées ont été distendues et ont servi de bornes à Pc- panchement sanguin. Les soli- des que la violence du coup avait privé de leur ressort n'ont pu réagir sur le fluide étran- ger, et c'est alors qu'il s'est A5 IO manife té une tumeur presque indolente, circonerke, sans pres- que de changement de couleur dans les premiers momens, quelquefois ayant des ombles violettes et légèrement jaunâtres a sa surface, et renfermant un fluide sensible au toucher. 11 arrive souvent que le sang ainsi épanché a devant lui une forte aponévrose qui fait la parois antérieure du foyer, et alors la tension, la douleur de la tu- meur sont plus considérables; celle-ci est plus plate, plus étendue, et la fluctuation s'y fait a peine sentir. Si le 8me le 9me jour la résolution s'est faite dans le voisinage de la tumeur sanguine, le chirurgien bien convaincu de l'impossibili- té de la résolution se décidera à en faire l'ouverture.1 Tout délai seroit nuisible, particu- lièrement si le foyer de 1' épan- chement était voisin de quJqu' os principal environné d'un tissu cellulaire lâche et susceptible d'être facilement détruit par la présence du fluide étranger. L'ouverture sera faite dans toute la longeur de la tumeur en sui- vant les règles que l'art pre- scrit. S'il existe une aponé- vrose qui borne la tumeur en de- hors il faudra la denteler af'n de faciliter une libre is ue au fluide épanché. Le sang qui forme ces sortes d'épanchemens e>t ordinairement fluide, d'une couleur noirâtre, quelquefois en caillots et toujours sans dé- composition, à moins que la tu- meur ne soit extrêmement an- cienne et qu'il ne s'y soit déve- loppé des points de suppuiation» Ces tumeurs, une fois ouvertes. ont besoin d'être pansées avec un digestif un peu animé, avec f du stirax, quelquefois avec le vin et le Quinquina. Par ce mo- yen ou redonnera du ton aux solides et on les disposera à une bonne suppuration. Telle est la nature et le traitement de ces tumeurs sanguines qui rarement font naître des, accidens. inflammatoires., Les grandes contusions dont nous venons de parler sont quel- quefois suivies d'abcès, d'autre- fois de gangrène. Ce sera en insistant sur les saignées et les puissans résolutifs qu'on empê- chera ces terminaisons. Des Commotions. On entend par commotion lébranlement violent et rapide d'une partie qui a été frappée par un corps contondant. L'orsqu'un corps contondant arrive sur une partie, il en affaisse d'abord les elémens les plus superficiels,, il les étend et les courbe: ceux qui viennent après et successivement les plus profonds éprouvent a un degré inférieur le même changement jusqu'à ce que la violence du coup se soit totalement perdue dans l'épaisseur de la partie. Tout .cela se passe dans un mouvement rapide. La vio- lence des commotions est tou- jours en raison directe A du corps qui frapye, de sa pesan- teur, et de la force avec laquelle il a été lancé. Ceci n'a pas besoin de preuves. La structure de la partie frappée , sa résistance au corps dont elle reçoit le choc, éta- blissent encore des différences dans les effets des commotions. Tâchons de développer ces prin- cipes par des exemples. Si l'endroit frappé a beau- coup de parties molles l'aêlion du corps contondant est ordi- nairement absorbée à peu de distance. Ainsi lorsque la cuisse à sa partie interne ou a sa partie postérieure sera frappée, la force du coup ne s'étendra pas bien au loin, tandis que le même corps poussé avec le même degré de force, s'il rencontre des par- ties dures, la tête par exemple portera son aéVion dans une cir- conférence plus étendue et a plus de profondeur. J'ai dit que la résistance de la partie frappée apportait aussi de la différence dans les commo- tions. Supposons qu'un homme étant de bout soit frappé à plat par un éclat de bombe à la partie antérieure de la cuisse. L'ébranlement qui résultera de ce coup sera plus considérable V.'.v. ;-.*>■•; i6 que si cet homme avait été frappé au même endroit, mais ayant la cuisse suspendue et libre, étant à çhe\al par exemple. Des corps poussés par la poudre à canon il n'y a guère que les grands éclats de bombe et les boulets qui produisent des commotions. Celles qui ar- rivent aux extiémités sont beau- coup moins dangereuses que celles qui ont lieu aux grandes. cavités- Pour terminer ce que nous avions a dire sur le mécanisme des commotions, voyons en deux mots comment s'opèrent celles des viscères. Lorsqu'un corps contondant frappe violemment les parois d'une cavité, le viscère corre- spondant à l'endroit frappé cède facilement par sa mobilité à la force de l'impulsion. Tout à coup la parois opposée à celle qui a été frappée l'arrête dans le mouvement qui lui a été imprimé; il se trouve alors pressé, comme aplati entre la puissance qui lui a donné l'im- pulsion et la partie qui lui a résisté. Tel est le changement qu'éprouvent les viscères dans les coups violens contre les pa- rois de leur cavité. Si les viscères sont pulpeux, ils rési- steront foibIement;si leur tissu est plus dense, les suites de leur commotions seront moins fu- nestes. Parmi les grandes commo- tions faites par des boulas ou de grand/ éclats de Bombe il en est qui déterminent un ébranlement général et mettent le système nerveux entièrement en desordre, Les blessés sont dans une espèce d'étonnement et comme hébétés; ils sont pâles, leur pupille est dilatée et fixe, leur pouls lent, petit et con- centré; ils ont quelquefois des vomissemens et la surface de leur corps parait avoir perdu de sa chaleur naturelle. Très Sou- vent on a confondu ce boule- versement avec les effets de la terreur et il faut beaucoup d'habitude pour les distinguer. Cependant les accidens de la commotion sont plus durables. Dans les commotions les plus violent.es où le cerveau a parti- culièrement souffert les blessés sont sans connaissance; toute leur sensibilité paroit anéantie, et ils restent plongés dans un assoupissement profond et comme léthargique. Pour apprendre à bien diriger les secours de l'art contre les grandes commotions il était indispensable d'en indi- quer les effets. Le ressort des solides comprimés a étéaffoibli, le cours du sang a été dérrangé, et le principe vital a extraor- dinairement souffert. Des toni- ques appliqués à l'extérieur; des cordiaux; des saiunées ré- pétées du bras, du pied, quel- quefois de la gorge; les vési- catoires des lavemens stimulans; l'usage intérieur de Palkali-vo- latil. Voila des moyens qui sagement administres ont quel- quefois relevé la machine et empêché les conséquences fu- nestes de ces terribles commo- tions. Sans ces secours les so- lides se rétabliront difficilement; il se formera des embarras, des stases dans les viscères et le principe vital incapable par lui seul de reprendre son énergie n'empêchera pas les progrès du désordre. Les commotions des grandes cavités d eterminent subitement des accidens locaux qui indi- quent la lézion de tel ou tel viscère. Ainsi lorsque la poi- trine aura été frappée, on recon- 21 » naîtra la lézion des poumons à l'oppression, aux inspirations pé- nibles et douloureuses, au cra- chement de sang. Il faudra alors sans délai affaiblir le blessé par des saignées. Lorsque le bas-ventre aura été frappé, une douleur profonde et gravative dans l'hypocondre droit, beau- coup de tension indiqueront la k'/.ion du foie. Si le bas-ventre a été frappé à l'ombilic ou à N ypogastre, à peu près les même signes feront connaître la lezion des intestins grêles, de la vessie. Les saignées répé- tées, les boissons vulnéraires, les résolutifs puissans appliqués sur le champ, l'évacuation des gro intestins par des lavemens font céder souvent les contusions 22 des viscères abdominaux effets ordinaires de leur commotion. Quelquefois la nature et l'art réunis travaillent envain pour opérer la résolution et malgré soi on est obligé d'avoir recours aux émolliens. Les douleurs, la tension augmentent; la fièvre et la chaleur s'alument; il sur- vient des vomissemens, le ho- quet; quelque fois des rétentions d'urine. Si ces accidens aug- mentent des abcès intérieurs se forment, et trop souvent, hélas! la gangrène survient pour ter- miner les tristes jours du blessé. Des Des èpanchemens sans divi- sion extérieure. Lorsque les viscères ou les vaisseaux contenus dans les ca- pacités n'ont pu résister a la violence des commotions pro- duites par des boulets ou de grands éclats de bombe, il se fait des èpanchemens formés de sang ou des humeurs qui avoient été déposées dans des viscères particuliers. Parmi les èpanchemens san- guins il en est qui viennent de l'ouverture de gros vaisseaux; ils se forment subitement et le blessé ne peut guère y survivre. Il en est de moins considérables qui fe forment aussi subitement et dont la source tarit heureu- sement par la formation d'un caillot ou d'autres circonstan- ses particulières. Enfin il en est de très peu considérables qui se forment insensiblement et dont l'existence n'est reconnue que lorsqu'il s'est accumulé une certaine quantité de sang. Lorsqu'un gros vaisseau est ouvert et la cavité" innondée de sang épanché les secours de l'art sont insuffisants et ies blessés éprouvent tous les accidens d'uve mort prochaine. Mais si le vaisseau ouvert est petit, que le sang épanché soit en moyenne ou petite quantité, le chirurgien pourra hâter la for- mation du caillot par de petites saignées souvent répétées. Il est p.obable qu'alors l'hémoragie s'arrêtera et que le sang déjà épanché rentrera dans, la ma se des humeurs. Quelquefois aussi le chirurgien sera obligé de lui donner issue en ouvrant les grandes cavités, mais il ne se deteiminera a les ouvrir que lorsqu' il sera convaincu de l'im- possibilité de la résolution et qu'il e manifestera des indica- tions urgentes provenant de la lézion des fonctions principales. D'autres fois il sera obligé d'at- tendre que le fluide épanché se soit circonscrit un foyer sensi- ble comme dans certains èpan- chemens du bas-ventre. B Les èpanchemens des .hu- meurs déposées dans des viscè- res particuliers sont presque tou- jours mortels. Tels sont les èpanchemens de la bile cystique, des urines. Dans ces derniers la présence continuelle des alga- lis dans la vessie fait cependant concevoir la possibilité de la guérîson. Quant aux èpanche- mens bilieux on ne connaît pas de moyens qui jouissent soustraire les blessés à la mort. Des Des Fraftures sam division extérieure. Il est rare que des balles fracturent les os sans percer les tégumens. Cela peut arriver aux os plats extrêmement minces et dans lesquels les deux tables de subsance'compaête se trouvent confondues, comme aux tempo- raux. Le coup dans ce cas n'a pas été a ses fort pour pioduire de déplacement La partie fracturée n'offre le plus souvent qu'une simple fêlure, ou bien deux ou trois petites fentes qui partent en rayons d'un centre commun. Les signes de ces fractures ne se manifestent pas dans les premiers instans, ils sont presque B s 28 toujours consécutifs. Une tu- meur douloureuse, particulière- ment quand on la touche; des maux de tête; du dégoût pour . le> alimens; de la foiblesse dans ' les jambes; beaucoup de sensi- bilité dans les yeux; de la pro- pension au someil; de la cha- leur; un peu de fièvre: telle est la marche progressive des premiers accidens. Si le chirur- gien est apellé dans ce moment il ne doit pas balancer, il faut qu'il incise et s'il trouve le point fracturé il y appliquera le trépan. Lorsque le blessé reste sans secours, la tumeur devient plus douloureuse, plus élevée, et sa circonférence offre - dé l'empâtement; la fièvre et la chaleur augmentent; les agita- tions arrivent; le blessé ne peut trouver de situation qui le sou- lage; il s'assoupit par interval- le.; il entre bientôt dans le dé- lire; il se manifeste quelquefois des mouvemens cbnvulsifs, et / si le malheureux continue d'être privé de tout secours, la mort vient terminer cette déplorable scène. Le trépan est dans ce cas Je seul moyen qui puisse sauver la vie au blessé et le chirurgien se hâtera de l'appliquer,quelque soit le progrès du désordre. Il peut arriver que des bal- les qui viennent mourir sur le crâne fracturent la table exter- ne de; os sans produire de so- B 3 lution de continuité aux té- gumens. Il est probable que les chi- rurgiens très employés dans les armées ont plusieurs fois traité sans la savoir de pareilles frac- tures et qu'en insistant sur les remèdes généraux, n'ayant pour unique but que de prévenir les accidens de contusions faites par des balles, ils ont traité avec succès de ces fractures. Elles sont toujours sans déplacement. Je me rappellerai toujours d'avoir ouvert au siège de Mahon à un soldat du régiment de Bouillon une tumeur sanguine de la gros- seur d'un petit œuf située au dessus de l'angle externe du sourcil gauche un peu devant le —s 31 procès demi-circulaire du coro- nal: elle était l'effet d'une balle morte qui avait frappé cette par- tie. Le péricrane était détaché et dans le centre de Pépace os- seux découvert je trouvai une fêlure de la quelle je voyais sortir après l'avoir essuyée une sérosité sanguinolente. Comme les accidens qii'r m'avaint déci- dé à l'ouverture de la tumeur étaient purement locaux, j'ima- ginai qu'il suffirait » du trépan perforatif. Je fis le long de la fêlure trois ouvertures que j.a- profondis jusqu'à P intervalle des deux tables. Il sortit une ving- taine de gouttes de sang déco- loré. Deux mois après je revis cet homme. Il s' était fait une èxfoliation sensible et la cicatrice était à sa fin. Je ne doute pas que dans ce cas le peu de sang qui se trouvoit hors de ses vais- seaux dans la substance diploï- que n'eut altéré à la longue la table interne, et n'eut fait naître des accidens très fâcheux. Dans ces sortes de fractures, lorsqu'elles n'ont pas été recon- nues, les accidens qui survien- nent ne se manifestent que très tard. Xorsque de5 boul.ets ou de grands éclats de bombe lancés de très loin frappent des parties dans une grande étendue de leur surface, très souvent la peau et les muscules n'éprouvent d'au- tres effets que ceux des grandes contusions, tandisque les parties osseuses moins ductiles éprou- vent des fractures considérables. Ces fractures ; quand elles ont lieu à la tête, sont avec ou sans enfoncement. Celles qui sont sans enfoncement présentent des fen- tes dont le nombre, la longeur, la largeur, la figure, la direction varient à l'infini. Ces fractures sont toujours accompagnées des signes de la commotion et de l'cp.uichement, et à moins que les fentes ne soyent asses larges pour donner au sang une î;sue libre, elles nécessitent toujours l'opération du trépan qui sera appliqué sur les parties latérales de la fente, de manière cepen- dant qu'elle soit comprise dans un des points du cercle de la couronne. Il suffit quelquefois d'une seule couronne", souvent il en faut deux et même trois. Les fractures sans enfoncement; faites par des boni &ts ou des éclata de bombe, et toujours sans division aux tégumens,ont quelquefois leur siège dans tout autre endroit que celui qui a été, frappé, et on les apelle fractures par contre- coup. Elles sont plus difficiles à reconnaître que les autres; et lorsque le blessé n'est pas en état dr diriger le chirurgien dans ses recherches ou les découvre par le mouvement automate de ses mains vers l'endroit fracturé ainsi qu'à l'élévation et à l'empâte- ment des tégumens dans cet en- droit. Toujours ces fractures qui ne sont que de très petites f.ntes offrent des signes d' épanche- ment plus ou moins tardifs et nécessitent le trépan. Il peut arriver d'autres fractures par contre-coup ce sont celles de la table interne des os du crâne. Elles sont accompagnées de signes d'epanchement. Le chirurgien incise croyant trouver une frac- ture, mais il ne découvre rien. S* les accidens persistent le tré- pan est indiqué dans cet endroit. Le péricrâne y 'est ordinaire- ment détaché. Les fractures de la tête avec enfoncement des parties se recon- naissent facilement au toucher et par les accidens qui les accom- ] agnent. Ces fractures n'ont pu avoir lieu sans que le cer- veau ait éprouvé une violente commotion, et elles sont tou- jours accompagnées de beaucoup d'epanchement.. Les blessés sont privés de toute connaissance; ils ne voyent plus, ils n' entendent plus; ils sont froids et presque sans pouls; ils sont à demi'pa- ralytiques ou du moins d'une des extrémités opposées à la partie de la tête qui a été frap- pée. Ils rendent du sang par la nez; il en. sort quelquefois par les oreilles; et il en est quî rendent involontairement les ex- crémens, et les urines 8cc. Le chirurgien se hâtera d'in- ciser a 1 endroit du désordre., Ordinairement les teVumens sont soulevés par beaucoup .de sang. II. n'y a pas de règle à pre- 37 scrire quant à la direction des incisions et à leur nombre. Le chirurgien se conduira en cela d'après la nature du désordre qu' il aura soin de bien décou- vert r dans son entier. S'il trou- ve grandes pièces enfoncées et qu'il ne puisse les relever sans employer le trépan il en appli- quera une couronne,, deux même s'il le fautr sur les os entiers qui environeront l'enfoncement: à la faveur de ces ouvertures il fera parvenir l'elévatoire sous les pièces enfoncées et il les re- lève, a en les soulevant par leur sommet. D'autres - fois en enlevant des portions mobiles et presque détachées il aura des ouvertures qui lui procure- ront la facilité d'introduire l'é- lévatoire et qui donneront au sang une issue libre. Les saignées du bras,du pied ne seront pa* épargnées, et le chirurgien les réglera sur les forces des blessés. Les, côtes, les grands os des extrémités peuvent également être fracturés par des boulets ou des éclats de bombe sans autre dommage aux parties mol- les que celui qui résulte des fortes contusions. Lorsque les côtes sont frac- turées les blessés éprouvent des douleurs inouies dans la poi- trine vis-à-vis de l'endroit frac- turé; ces douleurs augmentent dans les inspirations, et presque toujours il y a crachement de sang le quel provient de l'ou> verture de quelques vaisseaux du poumon déchiré, par les frag- ;mens osseux. Très souvent il y a emphysème a la parois de la poitrine où est la fracture et quelquefois il se manifeste des signes d' épanchement. Les saig- nées, des topiques résolutifs, des incisions soit pour faire ces- ser l'emphysème, quand il de- vient général, soit pour redres- ser ou retirer des fragmens qui enfoncés dans la poitrine irri- tent le poumon; enfin l'opéra- tion de l'empieme pour évacuer la poitrine, s'il y a du sang épan- ché. Telles sont les ressources de l'art en pareil cas. Les fractures des extrémités faites par des boulets ou des .- des éclats de bomjbe sans lezion extérieure de la peau sont ex- trêmement dangereuses à cause des accidens de la commotion qui les accompagnent et de l'état des parties molles cachées sous la peau qui dans ce cas est la seule partie conservée dans son entier. Les muscles et tout ce • qui les environe^. sont meurtris, infiltrés de sang, contus çt déchirés; cet au point que les bouts fracturés sont comme isolés, qu'ils n'ont plus de liens qui ley retiennent et qu' au plus léger mouvement on les sent jouer dans un ' vuide con- sidérable rempli de sang épan-« ché. Depuis que je pratique dans les armées, j'ai beaucoup ^ vu de ces fractures, à la cuisse particulièrement, et rarement, j'ai vu les blessés y survivre. La réduction de ces fractures est très dill-cile pour ne pas dire impossible: presque toujours elles sont avec fragmens. Faut-il inciser pour donner issue à l'énorme quantité de sang épan- ché et es traire les fagmens qui sont entièrement libres? c'est ce que j'ai fait plusieurs fois et sans succès. Je me suis con- tenté d'autrefois de réduire le mieux possible, de donner au membre la position .. la moins douloureuse, après l'avoir enve- loppé de puissans résolutifs, et d'attendre ensuite que la natuie après les premiers efforts m'eut fourni pour agir des indications pressantes. Je n'ai pas été plus heureux. Ce sont presque tou- jours la gangrène ou les acci- dens de la commotion qui dans ces cas tuent les blessés. Lorsqu'un membre avoit été fracturé sans division extérieure de la peau, la fracture, disoit- on vulgairement, avoit été pro- duite par le vent du Boulet. Mais lorsqu'une grosse pierre tombe sur la tête n'arrive-f il pas qu'il y a fracture sans qu'il y ait pour cela division extérieure de la peau? serojt-on reçu a prononcer que le vent de cette pierre a été la cause immédiate d'une telle fracture? Il est impossible que le boulet ou des éclats de bombe fractu- rent une partie sanj la toucher. Comment concevoir en effet que la colomne d'air poussée par le boulet contre un mem- bre soit assés dense pour le fracturer? il faudroit supposer cette colomne entièrement solide et ne pas savoir que les parties qui la composent se séparent dans tous les sens quand elle est poussée par le boulet con- tre le membre. En admettant la possibilité des fractures ainsi faites par la colomne d'air poussée violemment par le boulet, on seroit forcé de con- clure que toutes les fois qu' une partie est touchée par le bou- let elle doit nécessairement être fracturée, cependant nous vo- yons tous les jours des portions de vêtemens, de peau et de muscles même emportés par l'auion immédiate du boulet sans que pour cela il y ait fracture. Cette vielle erreur qui me fait regretter le tems que je mets à la combattre était si fort enracinée qu' elle trouve encore aujourd'hui des défenseurs opiniâtres. Sous Gibraltar je reçus a l'ambulance un soldat qui étant de bout dans une batterie fran- çaise avoit en les deux tibia fracturés à leur partie inférieure/ sans que la peau parut avoir » souffert. Un de mes confrères a qui trente années de service et des airs tranchans avaient fait une espèce de réputation, décida hautement que ces deux fracture»; aboient été faites par le vent du boulet. Je me per- mis de~ combattre son opinion, * avec toute la modération et les égards que je devois a son âge; je lui fis repeter plusieurs fois par le blessé qu'à l'instant du coup il avait les deux jambes rapprochées, que les malléoles se touchaient presque et qu'il avoit très distinctement senti la pivssion immédiate du boulet. Ce fut envain; il persista dans son opinion, ou du moins il en eut 'l'air; il opposa avec des expressions de mépris son expérience à ma jeunesse; et je m'en fis pour la vie un énemi irréconciliable. Le blessé que je viens de citer mourut le 6me jour gangrené des extrémités inférieures et des accidens de la commotion,. Dans ces fractures il est bien difficile de rétablir les par- ties molles. La circulation des humeurs y est totalement dér- rangée; le principe vital y est suffoqué. Le chirurgien a beau faire, la gangrène se déclare et fait des progrès presque toujours interminables. Il ne faut pas cependant abandonner le blessé Il convient de faire des inci- sions profondes et multipliées, de panser avec le stirax; d'en- velopper les parties de cata- plasmes faits avec les quatre farines résolutives, le Quinquina, le scordium, le camphre, le sel ammoniac; d'arroser l'appareil ■avec l'eau de vie camphrée; de faire prendre du Quinquina in- térieurement, des bols camphrés et des boissons acidulés. Ces moyens ont eu quelquefois du succéî et il ne faut pas les négliger. Nous venons de parcourir les differens effets des corps contondans qui poussés par la poudre à canon contre le corps humain en détruisent la con- tinuité sans division extérieure. Voyons aprésent les effets de ces corps sur les parties lors- qu'ils pénètrent leur substance. Des Des playes faites par des balles en 'général. Les balles qui n'effleurent que la peau font des playes superficielles presque sans effu- sion- de sang et dont la guéri- son est très rapide. Celles qui pénètrent dans les parties s'y logent à des profondeurs dîné- rentes, ou bien après y avoir fait un certain trajet elles sor- tent par des endroits plus ou moins éloignés de ceux par les quels elles sont entrées!. Dans les premiers momens ces playes présentent des conduits presque cilindriques; mais bien- tôt les mouvemens du blessé, la rétraction inégale des parties divisées, le gonflement qui sur- 49 vient, du sang épanché qui a élargi certains endroits &:c., don- nent à ces conduits des formes irregulières. Ces playes sont droites ou obliques. Leur obli- quité dépend toujours de la ré- sistance que les parties solides opposent au mouvement de la balle à qui il faut bien peu de ctiose pour s'écarter de sa pre- mière direction. Il est essen- tiel de distinguer cette obliquité de celle qui n'est que l'ciiet du changement de situation de la partie blessée. Les parois de ces playes sont formées de vai seaux de tout genre, par des ncf>, du tissu cellulaire, des muscles, . des tendons, des aponévroses, des C os, des portions de viscè- res Sec. Ces parois sont inéga- les et n' offrent que des bouts fibreux, sanglans, contus et dé- chirés des parties molles que je viens de nommer. Les playes faites par des balles ont une ou deux ouvertures. Quand elles en ont deux, l'une est apellée l'entrée de la balle, et l'autre la sortie. On a dit que l'en- trée de la balle était toujours plus étroite que la sortie; mais je ne sache pas qu'on ait jamais assigné la cause de cette diffé- rence. Il me parait qu'on la trouvera facilement si on veut se rendre raison de l'action progressive des balles. Il est nécessaire avant toute chose d'établir pour principe que la 5* rétraction des parties divisées est toujours en raison directe de la distension qu'elles ont souffert. Ce principe posé, l'explication suivante sera vraie dans tous ses points. Les premiera/parties que la balle rencontre, cèdent faci- lement parcequ'elle est dans toute sa force et qu'elle les cautérise pour ainsi dire par sa vitesse; elles sont peu distendues et leur rétration n'est j as considérable. Mais à mesure que la balle fait du chemin son mouvement est ralenti par les résistances qu'elle éprouve; elle agit plus long-tems sur les parties qui s'opposent à son passage: elles les distendent d'avantage avant d'en pouvoir séparer ks élémens; et cette sé- paration étant faite, il résulte que Ca l'espace qui existe entre les bouts divisés est plus grand. Si cette manière de raisoner est juste, les premières parties divi- sées par la balle offriront une ouverture moindre que celles qui auiont été divisées les dernières, et on aura alors expliqué pour- quoi l'entrée des balles est tou- jours moins considérable que la sortie. Il est une circonstance qui concourt à rendre la sortie de la balle plus grande que son entrée: c'est lorsque près de sa sortie la balle rencontre un os qu' elle fracture et dont elle pousse en avant quelques éclats. Ces portions osseuses déchirent alors la peau et agrandissent l'ouverture que la balle se pra- tique pour sortir. Le trajet des balles donne très peu de ang à 1' extérieur a moins qu'il n'y ait q jelque vais- seau principal d'ouvert et même lors jue Cela arrive il en dé- coule très peu par les ouvertu- res de la balle: j'en excepte le cas où le vaisseau ouvert est très près de la peau car alors il n'y a rien qui s'oppose à sa sortie. S'il en est éloigné, le sang passe tout de suite de l'ouverture du vaisseau dans les mailles du tissu cellulaire, il se fait un engorgement dans cet endroit, il s'y forme beaucoup de^ caillots et nécessairement alors il doit paraître peu de sang à l'extérieur. Les ouver- tures de la balle étant diminuées par le boursoufflement survenu C3 5+ aux parties celluleuses enviro- nantes, et cessant le plus sou- vent d'être parallèles au trajet de la playe à qui le change- ment de situation de la partie blessée et le gonflement inégal survenu ont donné diverses in- flexions, opposent à leur tour des obstacles presqu' insurmon- tables à la sortie du sang. On ne sera pas étoné du peu' de sang que rendent les playes faites par des balles, si on se donne la peine de reve- nir un instant sur leur manière d agir. Les vaisseaux sanguins a l'endroit de leur division ont été comme cautérisés par le frottement vif et rapide qu'elles ont exercé sur eux; ils se sont retirés profondement, et leur bou- ches froncées ont été se cacher derrière et parmi les bouts des fibres dont la rétraction a été moins considérable que la leur. Les playes faites par des balles sont simples ou compli- quées. Des playes simples faites par des balles. Ce sont celtes qui n'intér- essent que des parties molles dont la lezion ne saurait être un obstacle au libre exercice des fonctions principales de l'éco- nomie animale. Telles sont cel- les qui n'intéressent que la peau, le tissu cellulaire, des petits c4 vaisseaux/des nerfs subalternes et les muscules superficiels. Ces playes ne présentent au chirur- gien d'autres indications a rem- plir que des dilatations, l* ex- traction des corps étrangers, le passage des sétous, t'a p. plication des topiques, et un appareil convenable. Des Dilatations, Les dilatations ainsi appel- lées très improprement ne sont que de incisions plus ou moins profondes aux ouvertures de la playe, faites dans l'intention de préparer à la matière de.la sup- puration une issue libre. Ces incisions doivent s'étendre jus- qu' aux brides aponévrotiques V ===== 57 musculeuses , celluleuses qui étrangleraient infailliblement les parties divisées à l'époque de l'engorgement par le quel elles doivent passer avant d'entrer en suppuration. Je ne connois pas de cas qui dispensent de ces dilatations; je n'en excepte pas même les playes du bas-ventre. Toute playe faite par des balles doit suppurer: c'est un principe inconteftable. D' après cela le chirurgien aura toujours a se louer d'avoit ouvert une grande porte à la matière de la sup- puration. Toujours faute de pareilles incisions les malades ont souffert des douleurs plus longues et plus aiguës; ils ont été exposés aux dangers des reflux; il s'est formé des abcès, es de longues fusées et le traite- ment a été infiniment plus long. Ces incisions doivent être pratiquées avec méthode» 11 y a des règles à suivre quant au lieu où. elles doivent être faites; quant aux înstrumcns a employer pour les faire; quant aux précautions qu'il faut pren- dre en les pratiquant; enfin quant à l'étendue qu'il faut leur donner. Quant au lieu où il faut les pratiquer. Les ouvertures des playes faites par des balles sont circu- laires; H ne sagit que de les rendre oblonges par deux inci- sions opposées. Qu'elles soyent toujours faites dans une direction parallèle à celle des fibres, des muscles: (toutes les fois que cela se pourra) voila le précepte. ainsi aux extrémités elles seront parallèles à l'axe du corps; au bas-ventre elles suivront, au- tant que possible, la direction des fibres abdominales; à la par- tie antérieure de la poitrine el- les seront presque transversales, je veux dire dans la direction des fibres des muscles pectoraux. Quant 60 = Quant aux instrumens à em- ployer pour les faire. Un bistouri droit, mousse a son extrémité^ et une sonde ca- nellée suffisent. Il est très peu de cas où le doigt indicateur du chirurgien ne puisse pas être introduit dans la playe; c'est un conducteur animé, le meil- leur de tous les conducteurs. Comme il est le plus sûr, il vaut mieux, lorsque les ouver- tures sont petites, que le blessé souffre un peu de son intro- duction que de le rejetter pour la sonde canellée. On est maî- tre du bistouri quand le doigt n'en quitte pas l'extrémité. Ce doigt introduit dans la playe transmet au chirurgien le senti- 6i ment de ce qui doit être coupé et de ce qui ne doit pas l'être); il le dirige en quelque manière. Ce sont des avantages qu'on ne trouve pas dans la sonde canellée. Le bistouri doit avoir la pointe mousse afin qu'elle puisse facilement couler le longea doigt. Le chirurgien tâtera s il n'y a point de brides: s'il en reconnaît il conduira l'extrémité du bistouri, toujours à la fa- veur du doigt et il les coupera. Quant aux précautions qu' il faut prendre en les pra- tiquant. Elles seront relatives aux parties voisines. Souvent le chirurgien est obligé de prati- 62 quer ces incisions dans des en- droits environés de parties re- spectables. Tantôt c'est un gros vaisseau dont il faut s'éloigner; tantôt c'est un nerf considérable qu'il serait dangereux de couper; efin ce sera toujours à la clarté du flambeau anatomique que ces opérations seront pratiquées. Quant à l'étendue qu'il faut donner à ces incisions. Il n'est pas possible d'éta- blir à cet égard de règle bien positive. Elle sera relative à la largeur du trajet de la bal- le , trajet qu' on aura eu soin de bien reconnaître. Il suffira que ces incisions ayent rendu les ouvertures de la playe plus grandes que son trajet, de sept ou huit lignes, tantôt un peu plus, tantôt un peu moins. Ce sera a peu près la même mesure pour la profondeur. Il est des cas où le chirurgien sera obligé de s'arrêter plus près qu'il ne voudrait: si l'instrument avan- çait encore d'une liçne il cour- rait les risques d'avoir une grande hémorragie. Il vaut mieux dans ce cas s' abandonner aux incon- véniens qui résultent des dila- tations insuffisantes que de bra- ver imprudemment le danger. Les dilatations faites, le chirur- gien avant de s'occuper de la balle s'assurera avec le doigt indicateur s'il ne s'est pas in- troduit avec elle des portions de vêtemens ou des morceaux de son enveloppe, papier ou lin^e; et s'il en trouve il les extraira avec des pinces. De l'Extraction des Balles. Lorsque des balles sont re- stées dans les parties, il faut les chercher et en faire l'ex- traction. Si le trajet est court on les trouvera facilement et on les extraîra de même. S il est long et profond, la décou- verte en sera plus diffcile et leur extrartion plus laborieuse. Les recherches faites avec le doigt sont toujours les plus sûres: à la vérité elles ne peu- vent pas être poussées très avant/ et dans bien des cas elles sont insuffisantes. N' importe, on aura — 65 acquis des connaissances locales que la sonde ne donne pas. J'ai toujours désiré que les bouttons des sondes fussent plus gros: on les introduit plus faci- lement dans les playes; tandis- que lorsqu' ils sont petits, ils s'engagent souvent dans leurs parois à l'endroit ou elles sont plus étroites et où elles chan- gent de direction. Pour bien sonder le trajet de balles il faut donner à la partie blessée la situation qu'elle avait dans l'in- stant de la blessure. On que- stione le blessé et c'est à lui a orienter le chirurgien. Quel- quefois en donnant à la sonde un peu de courbure, on abrège les difficultés. J'ai vu des chi- rurgiens s'opiniâtrer a chercher la balle dans la playe, tandis- qu' elle était sous la peau à quelque distance de son entrée. Avant donc de sonder il faut toujours la chercher sous les tégumens. Si on l'y trouve, on aura épargné au blessé des recherches longues, inutiles et douloureuses. En général on doit être très circonspect sur l'usage de la sonde. Combien de fois n'a-1 elle pas renou- velle des hémorragies graves! Il arrive souvent que des bal- les se sont nichées si profondé- ment dans les parties qu'il est impossible de les y découvrir. Il ne faut pas exercer de vio- lence. Si après les premières tentatives on ne les trouve pas^ il vaut mieux les abandonner. Lorsque les parties ne pouront supporter leur présence il sur- viendra des accidens locaux, des abcès dont le chirurgien hâtera la maturité et du fond des quels il les extraira facilement. Il n'est pas rare que les parties se soyent accoutumées à leur présence, et il en est qui ont resté cachées toute la vie sans avoir causé la plus petite incommodité. Lors- qu'on a reconnu le siège de la balle, il faut procéder à son extraction. Si elle se présente sous la peau ou les muscles su- perficiels, on fait une incision à ces parties sur la balle même jusqu'à ce qu'on l'ait entière- ment mise à nu. Cette inci- sion doit être faite dans une di- rection parallèle à celle des fibres des muscles, et c'est ordinaire- ment la grosseur de la balle qui en règle l'étendue. Les doigts seul- du chirurgien, une feuille de mirte qu'on fait ser- vir d'élé\atoire, des pinces à pansement suffisent pour cette extraction. Toutes les fois qu'on sentiia la balle sous les tégumens on l'extraira par une incision, quand même on pourrait la re- titer par l'ouverture de la playe: j'en excepte le cas où le trajet n'aurait guère plus au de la d'un pouce de longeur. Cette incision facilite la sortie du pus, et abrège singulièrement le trai- tement. Lorsque la balle a été re- connue dans le fond de la playe avec le do'gt ou la sonde et que les dilatations ont été faites convenablement,on va la cher- cher avec des tire-balles. Les ti.e- balles pour les extractions sont des instrumens en forme de pinces à pansement, mais plus allongés et plus forts termi- nés par deux- platines con- caves, dans les quelles se loge la balle lorsqu'on rapproche les bianches de ces instrumens. Il y a d'autres tire-balles que je préfère à ceux-là en ce qu'ils peuvent servir à l'extraction de toutes les balles, de celles qui ont conservé leur forme orbi- culaire comme de celles qui l'ont perdue. Ils sont aussi apeuprès de même que les pinces a pan- sement. Leurs extrémités sont plus épaisses, rentrent un peu et sont armées d'aspérités mieux prononcées. Avant d'introduire les tire-balles il faut les trem- per dans de l'huile; ils entreront de cette manière plus facile- ment, et le blessé en souffrira moins. On introduira, si cela se peut, ces instrumens fermés le long du doigt indicateur qui rendra l'appréhension de la balle plus facile toutes les fois que son extrémité pourra l'atteindre. Lorsque les extrémités fermées de ces instrumens seront sur la balle , on les ouvrira avec beaucoup de précaution et on les conduira sur sa surface jusqu'à ses parties latérales. Alors on refermera ces instrumens. Si on sent la balle bien engagée, on la délogera par des mouvemens latéraux et on la retirera en- suite dans la direction de la playe. Il arrive souvent que le chirurgien n'est apellé qu'à l'époque où les accidens locaux se sont déjà manifestés. Il est d<:ja survenu un gonflement con- sidérable, les douleurs sont .aug- mentées et le trajet de la playe est fermé à toute sorte d'instru- mens. 11 se contentera dans ce cas de simples dilatations. Il attendra que la suppuration ar- rive: le relâchement qu'elle amènera lui permettra de faire avec succès des tentatives pour 1* extraction. Ce sera son affaire de hâter ce moment, par l'em- ploi de topiques relâchans. Du Du passage des sétons. Les sétons sont des bande- lettes de vieux linge étroites, éfi/ees sur les côtés et d'une longeur indéterminée qu'on con- duit dans le trajet des playes faîtes par des balles. On n'a qu'à se représenter l'état des parties molles qui ont été di- visées. C'est une quantité pro- digieuse de fibres, de vaisseaux, de nerfs contus ; déchirés/ et dont les extrémités privées de vie doivent tomber en suppu- ration. C'est pour hâter la chu- te de ces parties, pour en né- toyer le trajet de la playe qu'on a imaginé les sétons. L'usage des sétons ne se borne pas sim- plement à cet objet; ils nétoyent encore la playe des morceaux de vêtement que la balle a poussés devant elle et quelque fois des débris de son cn\el(,p- pe comme des morceaux de pa- pier, de linge &:c. Il y a des playes faites par des balles qui contr' indiquent l'emploi des sétons; telles sont celles où il y à craindre* le retour d'une hémorragie consi- dérable. Le frottement du sé- ton contre les parois du trajet pounait détruire un caillot déjà formé et devenir par là très préjudiciable. 11 est des playes compliquées de fracas d'os qui réjettent le ^éton. J'ai vu des chirurgiens subjugués par la routine les employer dans ce D cas. Leur passage dans la playe occasionait des douleurs inouies; ils s'accrochaient aux pointes osseuses, ils tiraient sur les fragmens osseux dont ils déran- geaint la bonne position et pro- duisaient enfin toute sorte de maux sans procurer un seul bien. On passe les sétons dans les playes avec une sonde droi- te terminée à une de ses ex- trémités par un boutton et a l'autre par une ouverture lon- gitudinale. Il est bon d'en avoir de différentes longeurs et de différentes, grosseurs. Ces sondes doivent être d'un argent susceptible de se plier aux dif- férentes courbures qu'il plaira au chirurgien de leur donner. Je ne connais rien de plus mal entendu que'iles sondes brisées; elles sont trop fortes: l'ouvrier n'a pas pu employer de l'ar- gent flexible à cause de la vis qui n'auroit pas eu asses de solidité pour contenir les deux moitiés qui composent ces in- strumens. On a ' très mal-a- propos .passé sur les inconvé- niens de ces sondes brisées en faveur du très petit avantage qu'elles ont, pour le chirurgien seulement, d'être commodément placées dans des étuis portatifs. Avant de passer le séton il faut enduire d'une couche de cérat ou de digestif simple tou- te la portion qui doit passer dans le trajet de la playe et Da dont l'extrémité sera étroite afin qu'unie à la sonde elle fasse moins de volume: te reste sera roulé mollement. Si la playe a ses deux ou- vertures; que l'une soit supé- rieure et l'autre inférieure il faudra passer le séton et le fai- re courir de la supérieure à l'inférieure, sans nulle considé- ration pour l'entrée ou la sor- tie. Cette règle souffre cepen- dant une exception. Si l'entrée de la balle est inférieure relati- vement a la direction verticale du corps considéré de bout, et qu'on puisse la rendre ensuite su- périeure par la potision dans la quelle on sera le maître de te- nir la partie blessée, il vaudra mieux dans ce cas passer le sé- ton de bas en haut. Je suppo- se par exemple qu'une balle fut entrée a la partie antérieure et inférieure de la cuisse et qu'elle fut sortie à sa partie supérieure interne ou externe; il me semble que dans ce cas il vaudroit mieux passer le sé- ton de bas-en haut et le faire courir dans ce sens que de le passer de haut-en bas. Nous savons que le trajet des balles va en augmentant depuis l'en- trée jusqu'à la sortie et que le pus trouve plus de facilité à couler d'un endroit plus étroit vers un plus large. Dans cette playe de la cuisse que j'ai mise en supposition/ lorsqu'on aura passé le séton de bas-en haut d a et qu'ensuite on aura élevé le membre, sans aucun doute les matières et les corps étrangers seront entraînés plus facilement que si on avoit tenu une con- duite opposée. Il arrive souvent' au chirur- gien de rencontrer des trajets longs, obliques et profonds qui ne lui permettent en aucune manière de découvrir la balle,; mais qui sont disposés de façon que dans certains endroits ils sont près des tégumens. II pratiquera alors une contr' onverture et voici quelle sera la manière de procéder. Il introduira de la main gauche dans la playe une sonde enfilée d'un séton jusqu'à lendroit où le trajet de la balle sera voisin de la peau. Il s'arrêtera dans cet endroit; il poussera ensuite avec beaucoup de ménagement le bout de la sonde de manière à faire faire à la peau un peu de saillie. Lorsque des doigts de la main droite il aura senti la sonde à travers les tégumens, il déco ivrîra dans cet endroiç le trajet de la playe par une inci- sion qui lui sera perpendiculai- re^ falut-il y comprendre des mu clés ; il retirera ensuite la sonde et le séton par cette contr' ouverture. Ce qui reste- ra du trajet dépuis la contr- ouverture jusqu'à- la balle sera dilaté convenablement et d'une manière favorable à l'écoule- ment des matières. D 4 / Il y a des balles qui après avoir parcouru dans les parties, un chemin fort long ont encore conservé assè's de force pour se procurer une issue dans des en- droits extrêmement éloignés de leur entrée. Il n'y a pas moyen de sonder tout le trajet; il est trop oblique et d'ailleurs on n'a pas des sondes asses longues. Si la contr' ouverture est prati- cable, c'est encore là le cas de l'employer. Il arrive quelque- fois qu'elle permet de passer un double séton, l'une de l'en- trée de la balle à la contr' ou- verture, l'autre de la contr'ou- verture à la sortie de la balle. On ne dégagera le séton de la sonde que lorsque celle-ci en aura entraîné hors de la playe a peu près deux ponces. Ce qui restera à la partie opposée sera enveloppé d'un linge et placé de manière à pouvoir être garanti du contract des ma- tières purulentes. L'époque où on doit faire marcher le séton est celle ou les accidens ont diminué d'in- tensité, et lorsque le pus commen- ce à sortir par les ouvertures de la playe. Avant cette épo- que il est fortement serré dans le trajet par l'engorgement des parties enflammées. On le trai- neroit sans fruit, avec beaucoup de douleur pour le blessé, et au grand risque d'agraver les acci- dens. Lorsque le moment de faire marcher le séton est arri- D 5 vé on charge la partie qui rem- placera celle qu'on va faire sortir d*un digestif simple et coulant; on tirera d'une main la courte-extrémité, pendant que de l'autre ou tiendra soulevée la portion chargée du médica- ment. Celle-ci entrera sans douleur, si on la tire dans la vraie direction du trajet. Lors- qu'on veut continuer f usage du séton et en passer un nouveau, parceque l'ancien est fini où gâté, on coupé l'ancien à un pouce de la playe et on y fait une bouttonïere dans la quelle on passe l'extrémité du nouveau séton qu'on a Cu soin de cou- per très étroite. On renverse en- suite cette extrémité de manière à lui faire former une anse. On en- duit de digestif les deux sétons ainsi réunis, on tire doucement l'ancien, le nouveau suit et pa- rait du côté opposé. Dans les premiers tems la marche du séton fait peu de douleur au blessé; les nerfs sont défendus par les parties contuses en suppuration et dont la chute est prochaine. Lors- que ces parties sont tombées et que la detersion de la playe est à sa fin, l'irritation que cause le séton est de plus en plus considérable parcequ'alors il agit à nu sur les nerfs. Il est des blessés extrêmement sensibles à qui le passage des sétons cause des douleurs inouïes, et on est obligé souvent malgré soi de les leur ôter avant l'époque où on a coutume de les sup- primer. Cette époque est celle où le, pus n entraine plus des portions fibreuses, où il est blanc épais, et peu abondant. Quand on ôtera les sétons on aura pour toute attention de couper très près de la playe le bout qui devra sortir le dernier. Lorsqu'on a supprimé les sétons il n'est plus question que de procurer le recollement des parois de la playe, et on y parvient par la compression* On _ place des compresses un peu épaisses et graduées entre les ouvertures, et ensuite on les serre fortement par des tours de bande. Il ne faut pas 85 que le chirurgien néglige la gradation des compresses. Le milieu du trajet est la partie de la playe dont le recollement est le plus indispensable; il faudra don£ que les compresses soyent très épaisses à leur cen- tre et que leur épaisseur aille en diminuant vers leurs bords. Insensiblement on diminuera cette gradation et elles finiront par être aussi épaisses à leur bord qu'a leur centre. H y a des playes dont la situation permet au chi- rurgien d'établir les moyens compressifs de manière a n être pas obligé de les ôter lorsqu'il faut renouveller le pansement des ouvertures de la playe. Cela vaut infinement mieux, la compression est plus constante et plus fixe au même endroit. Le premier jour de la compression le blessé souffre un peu, mais il en est prévenu, et cette dou- leur est nécessaire pour le re- collement. A la levée de l'ap-* pareil le chirurgien trouve beau- coup moins de matière que lors- que le séton était en place: elle v... diminue tous les jours et la cica- trice des ouvertures se fait très vite. Quoique les parois du trajet soyent bien recollées et que la cicatrice soit faite il est bon pour plus de sûreté de con- tinuer encore quelque tems la compression et d'empêcher l'ac- tion des muscles qui passaient sur le trajet ou qui l'avoisi- naient.. De'/'application des topiques. Pour bien diriger le choix des topiques dans les playes simples faites* par des balles il faut avoir égard aux differens tems qu'elles parcourent. Il y en a quatre à distinguer. 1°. Ce- lui qui suit de prés l'instant où el- les ont été faites 2° celui où le gonflement inflammatoire se mani- feste. 3°. Celui où la suppu- ration est parfaitement établie. 4° Celui où il n'est plus que- stion que de tarir la suppura- tion et de cicatriser. Toutes les ptayes simples faîtes par des balles présentent l'idée de parties contuses, dé- chirées; de sang échapé de ses vaisseaux, et dont une partie a causé des infiltrations. Un di- gestif doux, fait avec de l'huile d'olive et des jaunes d'oeuf, in- troduit dans le trajet de ces playes avec des sétons et dont on aura chargé des plumaceaux qui seront appliqués sur les ouvertures, calmera les douleurs, relâchera les extrémités des vaisseaux divisés ; et disposera ainsi a une bonne suppuration. Je ne vois pas d'inconvénient dans les premiers momens à envelopper la partie de com- presses trempées dans quelque mélange résolutif comme dans de l'oxicrat ou dans de l'eau commune animée d'un peu d'eau de vie. Nous avons dit que dans ces playes il y avait des vaisseaux divisés dont le sang avait causé des infiltrations. Ces légers résolutifs n'y rémèdieront- ils pas pendant les premières vingt quatre heures? on a beau- coup trop déclamé contre les topiques résolutifs dans les playes des armes à feu. C'est à tort. Il fa'.ait en régler l'employ et non pas en proscrire l'usage. Le second jour les douleurs de la playe et des environs aug- mentent; il y survient de la chaleur, du gonflement; la fièvre arrive, et ces accidens qui sont ceux de la suppuration vont ainsi en croissant jusqu'au cin- quième, sixième jour, époque où elle est parfaitement établie. Lorsque ces accidens inflamma- toires sans les quels il ne sau- 90 --- rait y avoir de suppuration commencent à se manifester il faut substituer aux topiques ré- solutifs les topiques emmolliens qui relâcheront la partie, en calmeront la douleur et facilite- ront ainsi le travail de la nature. Je préfère les cataplasmes aux décoctions émollientes dont on arrose la partie blessée; elles sont trop sujettes a se refroidir, quelque soin qu'on ait de les renouveller; au lieu que les cataplasmes conservent leur cha- leur et tiennent la partie dans un bain continuel. Lorsque la suppuration est parfaitement éta- blie, que la partie n'a plus. cette extrême sensibilité qui rendoit l'emploi des emolliens indispensable, on les supprime. Le chirurgien fait marcher les sétons, continue le même diges- tif et laisse la nature aller tou- te seule dans le travail de la suppuration. Lorsjue l'époque de la sup- pression des sétons est arrivée, il les ôte pour ne sbccuper que de tarir la suppuration et de fermer la playe: il employé pour cela la compression le long du trajet, il panse les ouvertu- res de la playe avec de la charpie sèche ; il en touche, s'il le faut, les chairs fongeuses avec la pierre infernale, et il conduit ainsi les parties au recollement et à la cicatrice. De De l'appareil. Il est très diffeile parraport aux appareils des playes faites par des balles de prescirre des règles qui conviennent a tous les cas. Il faudra tantôt des bandages à plusieurs chefs: tan- tôt des bandages figurés en T; quelquefois en triangle. Cela dépendra de l'endroit où sera située la playe. Ce sera au génie du chirurgien a varier les appareils selon les circonstan- ces. La seule observation que j'aye a faire quant aux playes faites par des balles, (et qui doit s'étendre sur les appareils de toutes les playes des armes à feu indistinctement) c'est qu'il ne faut dans les premiers ---- 93 tems gêner en aucune manière les parties. Les appareils les moins serrés sont les meilleurs: il ; uffira qu' ils puissent conte- nir la charpie et les topiques. Le gonflement de la partie blessée est indispensable pour la suppuration; ain i tout appa- reil qui mettroit des bornes au gonflement scroit préjudic&ble. à mesure que le traitement avan- cera on pourra serrer d'avan- tage; et ce sera au chirurgien à n'employer que le degré de force nécessaire, lorsque pour le recollement des parties le moment de faire une plus forte compression sera arrivé. Lorsque le blessé sera pa^sé ou lui tirera un peu de sang f 94 et on attendra les accidens in- flammatoires. Si ces accidens ont beaucoup d'intensité on op- posera de nouvelles saignées à leur progrès. /. Des 95 Des plaijes compliquées faites par des balles. Pour ne rien omettre de ce qui concerne ces playes, nous examinerons 1°. celles des extré- mités, 2°. celles de la tête, 5°. celles de la poitrine, 4°. celle du bas - ventre. Des 9* Des complications des playes; des extrémités faites par des balles. Les complications de ces playes sont des hémorragies, des fraHures , des paralysies partiel- les, des mouvemans convulsifs, le tétanos, des abcès considéra- bles, des reflux de matières purulentes, la.gangrène. Des Des Hémorragies. Le danger des hémorragies dans ces playes sera d'autant plus grand que le vaisseau ar- tériel ouvert sera plus gros, plus profond, et plus près du tronc. Lorsque le vaisseau ar- tériel sera gros et superficiel rieu ne s'opposera a la sortie du sang, et si le blessé ne re- çoit un promut secours en peu de tems il périra d'hémoragie. Si le vaisseau ouvert est gros et situé profondément, des.cir- constances particulières pourront ralentir et suspendre pour un tems la sortie du sang. Ces circonstances seront, le change- ment de direction du trajet de la playe occasioné par une nou- E £8 velle position du membre, l'in- filtration des parties qui aura diminué le trajet, le gonflement survenu à raison de l'infiltration, des petits caillots qui se seront formés de distance en distance. Ces causes séparées ou réunies rendront la perte du sang plus lente, et donneront aux secours le tems d'arriver. Dans les grandes hémoragies les blessés tombent très vite en syncope, et si dans ce moment où les forces sont presque éteintes il ne se forme un caillot a l'ou- verture du vaisseau, difficilement ils se relèvent. Le premier soin du chirur- gien dans les grandes hémorra- gies sera de comprimer le tronc a ---- 99 artériel principal du membre au dessus de la playe, à l'endroit ou il sera le plus près de la peau, et où les parties qui se- ront derrière lui, fourniront un point d'appui commode. Cette compression sera faite avec une petite pelote tenue par des aides intell igens qui se relèveront. Les dilatations seront pratiquées comme de coutume. On intro- duira le plus avant possible et sans effort des pelotons d'agaric et de charpie saupoudiée de colophone. On enveloppera le tout de compresses sèches qu'on assujetira avec de tours de ban- des médiocrement serrés. Le bandage sera continué jusqu'à l'extrémité du membre afin de prévenir 1* engorgement qui sur- Ea Xpo viendrait au-dessous de la playe si on ne rendoit pas de cett£ manière la circulation tout- à fait uniforme. On entretiendra le blessé dans un grand état de faiblesse par une diète rigou- reuse et de petites saignées ré- pétées dont le pouls réglera la quantité. La compression avec la pelote sera continuée par les aides: elle sera sans compa- raison préférable à celle qu'on obtient du garrot et du tour- niquet de Mr. Petit, toutes lesf fois qu'on aqra à faire à des; aides exercés. Le garrot en comprimant la çirconférepce du membre empêche le retour du sang, détermine en peu de tems au-dessous du lier* un engorgea rnent considérable et souyent la ior gangrène, si on s'obstine a le laisser. Lorsqu'on n'a persone à qui on puisse se fier on met en place le tourniquet a vis. Les pelotes de ces tourniquets sont presque toujours mal fai- tes; elles sont trop grandes et trop molles. Lorsqu'elles se- ront étroites longues et dures elles comprimèrent plus S'ire- ment le tronc artériel et il fau- dra beaucoup mo ns de force pour les faire agir. Il est des hémorragies qui cèdent aux moyens que je viens d'indiquer; mais il en est d'au- tres qui leur résistent. Le chi- rurgien dans ce cas sera obligé d'inciser plus profondément pour découvrir leur source, et de E3 I©2 pratiquer ensuite des ligatures. Il est rare que des balles qui ouvrent des branches principa- les ne les coupent pas en tota- lité; on a bien de la peine alors à saisir les bouts du vaisseau coupé, et la difficulté sera bien plus grande si le vaisseau cou- pé est profond et qu'on ne puisse parvenir jusqu'à lui qu'à travers des parties infiltrées et inondées de sang. On donera alors aux incisions plus de lon- geur et de profondeur. On dé- gagera les environs du vaisseau de tous les caillots qui s'y ren^ contreront; on se fera donner du sang par l'aide qui pendant l'opération aura été chargé de la pelote; et lorsque l'ouvertu- re du vaisseau sera bien recon- 103 nue on passera des aiguilles courbes enfilées de ligatures ci- rées qu'on serrera d'un rneud double et puis d' un nueud sim- ple. On fait toujours deux liga- tures, .l'une au- dessus de l'.ou- verture du vaisseau et l'autre au-dessous. On commence par la supérieure comme la plus pressante et on finit par l'infé- rieure qui prévient l'hémorragie des branches récurrentes. Quand on le peut,on passe une troi- sième ligature qu'on appelle li- gature d'attente; elle est su- périeure aux deux autres, et on ne la serre que lorsque la première faite est insuffisante. Les ligatures seront bien faites lorsque l'aide cessant de com- primer avec la pelote il ne E 4 104 viendra plus de sang dans le fond de la playe. S'il était pos- sible de saisir avec des pinces les bouts du vaisseau coupé, de les isoler et de les lier en- suite, ce serait bien plus avan- tageux que de passer des liga- tures avec des aiguilles qui tou- jours, quelque attention qu'on y apporte; intéressent des parties sensibles dont la lezion et la Compression attirent des accidens très fâcheux, comme des dou- leurs excessives souvent accom- pagnées de mouvemens Convul- sifs et suivies de gangrène. Je ne connais pas dans les playes des armes à feu d'opération plus désagréable pour les chi- rurgiens que les ligatures de ces artères profondes principalement *°3 lorsque la source de l'hémorra- gie se trouve derrière des mus- cles épais. Malgré soi on est forcé alors à de grands déla- bremens afin de découvrir le vaisseau ouvert. Ce sont la de ces grandes opérations aux qu'elles on ne se détermine qu'avec la plus grande répu- gnance, et qui exigent beaucoup de résolution: ce sont pourtant les seules qui puissent sauver la vie aux blessés. Lorsqu'une balle a coupé le tronc principal d'un membre le blessé ne survit guère à cet accident: les secours arrivent après qu'il a perdu presque tout son sang et on ne peut guère rien se promettre de leur Es xo6 efficacité. On pratiquera la li- gature si le vaisseau n'est pas loin de la peau; mais si sa di- vision est dans un endroit où il est entouré ,de beaucoup de muscles, l'amputation est in- dispensable. Des = 107 Des fractures. Lorsque les balles à une très petite portée frappent di- rectent les os longs des extré- mités elles les fracturent. Les fractures des os longs dans leur partie moyenne sont ordinaire- ment avec éclats à cause du peu de ductilité des élémens de leur substance compacte. Lors- que des balles atteignent les extrémités des os longs, elles traversent quelquefois de part en part leur substance spongieu- se, et d'autrefois elles y restent engagées. Il est facile de te- connaitre les fractures des os longs à leur partie moyenne. Le membre est dans une direc- tion vicieuse et comme plié iog dans l'endroit fracturé. Le blessé ne peut le soulever sans en augmenter la difformité et sans éprouver des douleurs aiguës. le toucher achève la conviêlion* On pratiquera sur le champ des grandes dilatations; on ex- traira les corps étrangers de la. manière que nous Savons indi- qué ailleurs. Si le gonflement est déjà très considérable et que la peau sort extrêmement tendue il faudra l'inciser profondément* Ces incisions portées ainsi a travers la peau sur les endroits étranglés soulagent les blessés et la nature travaille avec moins de trouble à la suppuration. S'il y a des fragmens entière- ment libres il faudra les extraire j iop s*Hs sont mobiles et fixés par des liens musculeux ou autres, H faudra les laisser; seulement afin que leur pointes ne causent point d'irritation on les mettra dans la direction la plus natu- relle/ à. la faveur de douces ex- tensions, et au moyen des doigts introduits dans la playe- Le * séton,, je l'ai déjà dit ailleurs, ne convient pas dans ce cas. On pansera mollement; on con- tiendra simplement le membre avec un bandage à plusieurs chefs et on lui donnera une po- sition convenable. Quant aux saignées, je n'en parle pas; le chirurgien en réglera la quanti- té sur les indications qui se présenteront. ZlO Dans les fractures des os longs des extrémités je me suis souvent repenti d'avoir exercé de la violence pour extraire des frasunens. Il faut les lais- ser pour peu qu'ils résistent. Il arrive quelquefois que les parties molles aux quelles ils tienent encore suffisent pour en- tretenir leur vie, que la nature » en tire parti pour la formation du cal et qu'elle les confond avec lui. S'ils ne sont pas de- stinés à rester en place,, les par- ties molles qui les retenaient tombent en supuration, ils de- vienent entièrement libres: alors il est facile au chirurgien d'en faire l'extraction et l'opération n'est pas douloureuse. Les balles dans ces playes restent le plus souvent perdues dans les parties molles ou en- gagées parmi les fragmens os- seux. Il ne faut pas faire de longues recherches pour les ex- traire. Il y a déjà bien assez de mal; toute irritation inutile ne ferait que l'augmenter et pré» parer des accidens encore plus fâcheux. Ces balles incommo- dent les parties molles. Comme elles se sont applaties sur les os et que par le changement de leur forme elles ont perdu l'uni et la régularité de leur surface, les aspérités qu'elles ont con- tractées irritent les parties sen- sibles. La nature alors les pousse vers la peau qui devient dou- loureuse et enflammée; il se 112 manifeste un abcès du fond du quel le chirurgien les extrait facilement à la faveur a* une incision. C'est de la même ma- nière que des portions osseuses devenues corps étrangers par des éxfoliations sont poussées du centre à la circonférence et ex- traites par le chirurgien lorsque la nature a indiqué le lieu de l'extraction* Lorsque les balles srenga- gagent dans la substance spon- gieuse des os longs et qu'on. peut les. sentir, il faut les ex- traire avec le tire-balle a Ca- mille. Oest une verge d'acier ter- minée à une de ses extrémités par une \js mordante, et a son autre extrémité par une plaque*. "3 Cette verge d'acier est introduite dans une canulle de même mé- tal. La verge et la canulle s'u- nissent à leur base par une vis. à la faveur du doigt indicateur porté sur la balle, si cela est possible, on introduit l'instru- ment dont le bout configuré sur la convexité de la balle porte sur elle et en embrasse une partie. On tourne la verge qui chemine insensiblemeut dans la canulle et en dépasse le bout appuyé contre la balle. Lorsque la vis mordante est bien engagée dans la balle, on tire à soi l'instru- ment et celle-ci vient sans dif- ficulté. Je me suis servi deux fois de cet instrument avec bien du succès; la première fois pour retiter une balle qui tenait^for- ii4 --- tement dans la substance spon- gieuse de l'extrémité supérieure de l'humérus; la seconde fois pour extraire du calcaneum une balle qui y était engagée. Cet instrument est fort bon et je suis surpris que les auteurs ne l'ayent qas plus recommandé. Il ne saurait servir à l'extrac- tion des morceaux de mitraille, qui étant de fer ne pourraient pas être mordus par la vis de l'instrument. On a recours pour les extraire à de longs éléva- roires qu'on introduit entre ces* corps étrangers et la loge qu'ils se sont faite: souvent malgré soi on est obligé de les aban- donner. Le trou que laisse la balle dansjla substance spongieuse des «s os longs, se ferme difficilement. Il se manifeste une carie très désagréable à traiter, de laquelle vcgettent sans cesse des chairs fongeuses et d'où découle con- tinuellement une sérosité san- guinolente et de très mauvaise odeur. Les blessés maigrissent a vue v* œil ; il survient des diarrhées et des dévoyemens colliquatifs qui les emportent. An siège d'Otchakow je perdis un grenadier des suites d'une playe à la partie antérieure et supérieure de la jambe où le tibia avait été percé d'outre en outre, immédiatement au dessous du ligament tendineux de la rotule. Je combattis par toute sorte de moyens- la carie qui(survint. J'employai inutile- n6 ment le cautère actuel. Lassé du peu de succès de mes soins j'abandonnai la guerison a la nature qui ne réussit pas mieux que moi. Si le blessé eut voulu se soumettre à l'amputation, je la lui aurois faite et c'était le seul moyen de lui sauver la vie. Cej3 .cas sont vraiment déses- prans. Les "7 Les paralysies partielles. Elles auront lieu lorsqu'un nerf principal aura été coupé par la balle: ainsi lorsque le nerf cubital aura été coupé, le doigt annulaire et le petit doigt perdront le sentiment. Ces pa- ralysies ne prescrivent pjas de maiche particulière dans le trai- tement. Les communications nerveuses sont une ressource pour le retour de la sensibilité que le chirurgien s'efforcera de hâter après * la" guerison de la playe au moyen de quelques topiques nervins, avec du bau- me de fioraventi en frictions, des fumigations de succin, avec une légère teinture de canthari- des et l'usage des eaux ther- males en douches. n8 Des mouvemens convulsifs. Ils sont produits par la se- ction imparfaite de quelques nerfs principaux, par des étrang- lemens qui surviennent lors du gonflement inflammatoire, ou par la présence de fragmens osseux. Dans le premier cas on conçoit la possibilité de les faire cesser en achevant de couper les nerfs; mais où aller le chercher? si l'endroit étranglé était connu et qu'il fut accessible à^ l'instru- ment tranchant il serait aisé de le détruire. Les saignées, les bains locaux, des cataplasmes emolliens opèrent souveraine- ment. On tire encore beaucoup de parti des narcotiques. On extrait les fragmens osseux, si ii9 ces mouvemens convulsifs sont occasionés par leur présence. Le tétanos. Le tétanos est l'état con- vulsif de la mâchoire inférieure, des muscles de l'épine et de ceux des extrémités. Cette com- plication des playes des armes a feu est presque toujours mortelle. Quelqu'effort que l'on fasse pour éloigner la mâchoire inférieure de la supérieure, la bouche reste toujours fermée et il est impos- sible au blessé de T ouvrir n i pour parler n i pour avaler. Le tétanos a àpeuprès les mê- mes causes que les mouvemens convulsifs, mais à un degré bien supérieur, et pour le combattre >. 120 ou aura, recours aux mêmes moyens. Quelquefois l arrivée de la suppuration le fait dis- paraître. Je l'ai vu daçis cer- taines playes survenir par la suppression subite de la suppu- ration, et j'ai été une fois assez heureux pour le faire cesser en la rapellant au moyen de corps gras dont on avait discontinué l'usage. On a dit avoir éprou- vé quelque bien des vésicatoires. Dans le tétanos on a imagi- né pour écarter la mâchoire in- férieure de la supérieure un in- strument nommé spéculum oris. Ce sont deux platines d'acier qu'on introduit rapprochées en- tre les deux mâchoires, et qui au moyen d*une double vis -< 121 s'écartent l'une de l'autre et procurent ainsi l'ouverture fercée de la bouche. Mais la grande d inculte sera toujours d'intro- duire l'instrument, les deux ran- gées des dents se touchant avec force et sans intervalle. Il est cependant essentiel de nourrir le bLssé. On employé pour cela des lavemens nouni ans, et on fait usage d'une canulle recourbée à la faveur de la quelle on introduit des bouillons par le nez jusques dans le pha- rynx. ■ F Des 122 ^= Des Abcès. Les playes des extrémités faites par des balles pourront donner lieu à dés accidens in- flammatoires très considérables dont les effets ne se borneront pas aux parties divisées. Ils dépendront quelquefois de ce que les dilatations auront été négligées, de ce que le blessé qui est pléthorique n'auia pas été saigné, de la lezion dépar- ties très sensibles, souvent de la présence de corps étrangers ou de fragmens qui irriteront des parties nerveuses. Si des saig- nées copieuses, des emolliens, des incisions faites convenable- ment et l'extraction des corps étrangers, quand elle est possi- 123 ble, ne réussissent pas a fixer ces accidens inflammatoires, et qu'il y ait dans le sujet un vice humoral, il s'établit des abcès dont la formation est d'au'ant plus douloureuse que la partie est garnie de cloisons et de pro- Iongemens aponévrotiques, comme à l'avant-bras, à la jambe. 11 faut ouvrir ces abcès dèsque la matière y est en suffsante quan- tité. L'étendue des incisions ne doit pas être ménagée, et on procède ensuite a l'extraction des corps étrangers, s'il y en a. Il arrive souvent que les par- ties celluleuses qui séparent des tendons, de même que celles qui sont entre des muscles et leurs aponévroses tombent aussi en suppuration, et alors on a des F 2 124- fusées considérables. Comme il est essentiel de fournir de toute part des issues au pus, on ou- vrira les conduits d'où vien- dront ces fusées dans l'endroit où la peau sera très émincie. Si les fusées vienent de très loin, on pratiquera des contr' ouver- tures qui vaudront infinement mieux que de très longues in- cisions. Celles - ci en décou- vrant tout le conduit mettent à nud une grande étendue de parties sensibles, les expose dans le cours des pansemens aux im- pressions désagréables de 1 air et au danger des reflux. Lors- que la détersion de ces abcès sera entièrement faite on s'oc* cupera du recollement de la peau entre les contr' ouvertures «5 qui auront été* pratiquées le long du trajet des fusées. Pour cet effet on emploira la com- pression. F 3 Des X2Ô Des Reflux. Cet accident est redoutable, et les blessés y sont très expo- sés dans les grandes suppura- tions. Les causes qui y don- nent lieu sont en très grand nombre. Des irritations locales produites par des corps étran- gers qui se sont déplacés; le séjour des matières purulentes dans un trajet long et tortueux; l'exposition indiscrette de la partie blessée à l'air froid; l'abandon précipité des digestifs doux et emolliens; des panse- mens négligés; un principe de putriditè développé dans les premières voyes, quelquefois des constipations, de vive* affections de l'ame. Telles sont les eau- =? 127 ses principales des rc^ux. Le chirurgien en sera vite averti par la sécheresse de la playe et de la peau; par la fréquence et la vivacité du pouls. Le bles- sé se plaindra de beaucoup de soif, et d'une chaleur excessi- ve; il s'agitera ^volontaire- ment; ses pométtes seront rou- ges et les urines rares. Si on ne travaille pas à rapeller la suppuration, la tête s'embrasse- ra, il surviendra un assoupisse- ment profond, quelquefois du délire et bientôt toute espérance sera perdue. On remédiera aux reflux par l'extraction des corps étran- gers, en reprenant les digestifs et les emolliens; quelquefois F 4 128 une petite saignée produira beau- coup de bien. On fera usage des bains locaux. Si les pre- mières voyes contienent un principe putride, les éméti jues, les minoratifs auront du succès. Des lavemens emolliens feiont cesser les constipations. Si le Fe^ux a été occasioné par une mauvaise no.ivelle ou des j eines intérieures, des consolations bien dirigées, des distraction pourront ramener le calme. Plusieurs fois les vésicatoires en dégageant le système nerveux ont facilité l'action des autres moyens et ont tiré les"blessés d'une situa- tions désespérée. Des 129 De la gangrène. Des étranglemens profonds que l'instrument tranchant n'a pu détruire ; des cloisons aponé- vrotiques et des ligamens qui sont un obstacle invincible au gonflement inflammatoire; des fragmens osseux qui causent des douleurs aiguës et continuelles; la section imparfaite de quel- ques nerfs; l'ouverture de quel- que tronc artériel principal, sont autant de causes de gangrène. Les endroits fournis de beau- coup de muscles, de tissu cel- lulaire et de. graisse y sont moins " exposés que ceux qui sont environeV de tendons, de ligamens serrés, de fortes aponé- vroses. Cfest ce qui fait que les F 5 *3<> playes des cxtrémiiés dans les articulations présentent toujours des accidens formidables. Les playes des articulations faites par des balles sont les cas les plus épineux de la chi- rurgie, à mesure qne le gonfle- ment inflammatoire fait des pro- grès, lçs nerfs et les vaisseaux qui sont au-tour des articula- tions étant environès de parties très peu extensibles sont forte- ment serrés de toute part. Si le tissu cellulaire des parties voisines peut permettre au gon- flement de gagner de leur côté, il survient des abcès qui des endroits étranglés de l'articula- tion étendent leur foyer jusques dans des parties très ^reculées, *3 * dévastent les parties articulaires isolent des tendons et des mus- cles et jettent de toute part quantité de fusées. C'est cependant ce qui peut arriver de plus heureux. On ouvre ces abcès et quelquefois après de mauvaises, de longues, d'abondantes suppurations, les parties molles détergées contrac- tent des adhérences, se conso- lident au-tour de l'articulation; les éxfoliations s'établissent et après un tems considérable on obtient la guerison qui n'a ja- mais lieu sans ankilose. Si au lieu de tout cela les parties voisines de la playe refusent de se prêter aux progrès du gon- flement inflammatoire, l'étrang- 132 le ment des nerfe augmente, il fait naître des soubre-sauts, des mouvemens covulsifs, des con- vulsions, le tétanos. Si cet étranglement agit plus particulièrement sur les a aisseaux la gangrène se manifeste et a son apparition les douleurs et tous les accidens diminuent. Le traitement des playes des grandes articulations faites par des balles ne me parait pas avoir été fixé par les auteurs, avec assez de précision; ils se sont tous mon- trés extrêmement indécis: on dirait qu'ils ont craint de se compromettre en pre aivant des règles invariables, et pour ne pas tomber xlans cet inconvé- *33 nient ils se sont exprimés avec-*' beaucoup d'ambiguïté, de ma- nière qu'il a été impossible de les prendre pour guides. Nous venons de voir les accidens qui résultent de ces sortes de pla}*es: pour les prévenir on est obligé de recourir à l'amputation du membre. Mais quel est le cas qui requert l'amputation? c'est celui où une grande articulation ginglimoïde a été ouverte de part - en - part avec un fracas d os considérable. 11 est arrivé que par un heureux concours de circonstances infiiniment rares, des blessés qui avaient essuyé de pareils coups de feu, n'ayant pas voulu se laisser amputer ont guéri: Mais par combien de douleurs, d'incisions, d'opéra- 134 tions multlipliées, de dangers et de longeurs n'ont-ils pas été obligés de passer. Dans les ar- mées a peine sur cent y en a-t- il un seul qui soit sauvé sans amputation. Une fatale expé- rience ne m'a que trop prouvé combien dans ces cas il était dangereux dé vouloir conserver le membre. Lorsque les bles- sés échapaienL aux accidens de la gangrène j'avais la douleur de les voir succomber a des suppurations abondantes, a des reflux, à des diarhées, a des dévoyemens colliquatifs, avant que la nature eut fourni la moi- tié des frais de la guerison. Toutes les fois donc qu'une balle aura fracassé l'articulation du bras avec l'avant bras, celle *3S de la jambe avec le pied il faudra amputer sur le champ au - dessus de l'articulation. Quelquefois des balles ne font qu'ouvrir ces articulations et en détacher des portions osseuses superficielles. Il faudra alors s'en tenir aux dilatations, a l'extraction des portions osseu- ses et attendre ensuite les ac- cidens dont on préviendra l'in- tensité par des saignées. La nature et l'art fournissent dans ce cas de très grandes ressour- ces. Ce ne sera jamais la le cas de l'amputation. De toutes les playes faites ' par des balles, celles des arti- culations que nous venons de, désigner sont les plus exposées à la gangrène par les raisons 13* — que nous avons déjà détaillées. Celle du carpe et du tarse y sont aussi très sujettes a cause de la structure de ces parties. Lorsque dans les playes des extrémités la gangrène se ma- nifeste, faut-il attendre, pour amputer qu'elle se soit fixée, ou bien faut-il pratiquer l'am- putation lorsqu'elle fait encore des progrès? ce point de prati- que exige une discussion par- ticulière. J'ai été à portée de voir beaucoup de gangrènes à la suite des playes dont il sàgît; je les ai suivies avec attention, et j'ai cru qu' on pouvait en distinguer de deux espèces. Il = *37 en est une qui se manîfeste a la naissance des'accidens et dont les progrès sont très rapides. En très peu de tems le membre acjic.t un volume prodigieux. Les tarties au-dessus de la gangrèn. ont une aparence phkgmoneuse; la peau et ex- trêmement tendue, d'un rouge violet et couverte de phligtcnes. Les blessés ont le pouls fort et précipité, la peau brûlante, la bouche sèche, le fond du tein plombé et les pomettes rouges: ils sont très agités, leur tête s'embarasse, et ils entrent bien- tôt dans le délire. Cette gan- grène arrive ordinairement aux blessés forts, pléthoriques et de constitution bilieuse. Je ne conseillerai jamais l'amputation 138 dans cette espèce de gangrène à moins qu'elle ne soit fixée. Aucune de celles que j'ai vu faire dans ce cas n'a réussi. Je pourrais assurer n'avoir vu qu'une seule fois la nature éta- blir la fameuse liçuie de démar- cation dont les auteurs nous parlent de manière à vouloir nous persuader qu'elle se ma- nifeste très fréquemment. Pour fixer la gangrène et déterminer la formation de cette ligne le chirurgien fera des scarifications, des taillades; il pansera les playes avec du stirax: il enve- loppera Je membre de cataplas- mes faits avec les quatre farines résolutives, le Quinquina, lescor- dium, le sel ammoniac; il arro- sera l'appareil avec la décoction — *39 de Quinquina animée d'eau de vie camphrée. L'opium a petites doses et continué à réussi quel- quefois. Il est une autre espèce de gangrène que j'ai observée plus particulièrement chez les sujets faibles dont les humeurs étaient apauvries et qui se manifeste souvent après les playes du carpe, du tarse; elle a des ca- ractères bien différents de l'autre. La tuméfaction de la partie n'est pas considérable; la peau est d'un rouge moins foncé, passe lentement à la mortification et sans des symptômes inflamma- toires orageux. Le pouls des blessés est fréquent, vif, mais point élevé; la chaleur dont J4<> ils se 'plaîgnent est très suppora- ble, et ils ne sont pas a beau- coup près aussi agités que dans l'autre espèce de gangrené. Quoique les progrès de cette gangtêne soient lents, elle mar- che cependant toujours, et dans te commencement de ma prati- que je perdais mes blessés en attendant la ligne de démarca- tion. Rebuté du peu de succès de l'attente j'ai pris le parti d'amputer avant que la nature eut indiqué le lieu de l'ampu- tation, et j'ai constamment réus- si. Quelquefois la gangrène est déjà à la partie supérieure du membre, et on ne peut plus opérer que sur des parties déjà un peu altérées. Il ne faut pas pour cela rejetter l'amputa- --- i4r tion. La dernière que j'ai faite dan-; ce dernier cas fut prati- quée sous les murs d'Otchakow à un chasseur cpui avoit eu le carpe fraca se par une grosse balle. la gangrène fesait de- puis quel.pue tenu des progrès lents. Loique je vis le blessé pour la première fois, elle était déjà au milieu du bras. Je fis amputer au-dessus et dans un endroit où la peau était saine; mais les muscles et le tissu cellulaire se trouvèrent un peu altérés. Cette opération, à la dé- nudation près, fut suivie du suc- cès le plus complet. Les pro- grès de ces gangrènes lentes sont alimentés par le repompe- ment des matières putrides, et je conseillerai toujours d'ampn- s 142 --- ter avant qu'elles se soyent fi- xées ; je recommanderai seule- ment de mettre bientôt après l'opération le blessé à l'usage du Quinquina. Une diète rigou- reuse serait nuisible. On sou- tiendra ses forces, on lui en donnera même de nouvelles au moyen d'alimens légers et nour- rissais, comme des crèmes d'orge, des bouillons un peu forts; et on lui permettra quelques cuil- lerées de bon vin. De cette manière il pourra soutenir les pert.es que la suppuration lui occasionera. Des ---- *43 Des playes compliquées de la tête faites par des balles. Les fractures, la lezion des méninges et du cerveau, les hémorragies internes, sont les complications principales de ces sortes de playes. Les balles qui frappent les os du crâne peuvent laisser sur eux des traces longues, conca- ves, plus ou moins profondes sans que pour cela il y ait fracture, et pénétrer de cette^ manière jusqu'à la substance di- ploïque. Ces playes suppure- ront. S'il survient des accidens consécutifs qui indiquent le tré- pan on se hâtera de l'appliquer. Quelquefois dans le fond de ces 144 c= playes on trouve la table inter- ne fracturée: c'est une indica- tion pressante pour le trépan. Lorsque des balles frappent di- rectement les os du crâne et les traversent, elles restent enga- gées au milieu des fragmens os- seux sur la dure-mère contuse et quelquefois déchirée; ou bien elles pénétrent dans la substance cérébrale. Voici quel est l'état des parties. Les tégumens pré- sentent une petite ouverture qui conduit au trou que la balle s'est pratiqué dans la sub- stance de l'os. Si dans cet en- droit les deux tables sont con- fondues, il n'y a point d'éclats intérieurs; on trouve seulement sur la surface de la dure-mère les débris de l'espace osseux *45 que la balle a détruit pour se frayer un passage. On ne peut guère dans ce cas se dis] cnser d'ap] liquer au-dessous de l'ou- verture de la balle au moins une couionne de trépan. On se procurera par la la facilité d'extraire la bal^e et les petites portions osseuses, et on donnera au sang et au -pus une issue plus commode. Lorsque la balle a pénétré dans un endroit où les deux ta- bles sont séparées, il arive sou- vent que la table interne est éclatée en plusieurs fragmens bien plus grands que l'ouver- ture de la table externe qui est pe'ite, nette et circulaire. On conçoit comment ces fractures G v^6 ont lieu. La balle qui a perdu presque toute sa force en tra- versant la table externe trouve la table interne qui lui résiste; elle ne peut pas la percer d'ou- tre en outre, mais elle la pres- se fortement au point de la fair« éclater. J'ai vu beaucoup de ces fractures qui à en juger par l'état extérieur des parties et quelquefois par l'absence de tout accident n'anonçaient pas qu'elles fussent très graves. J'ai dit plus haut que dans ces fractures les éclats de la table interne étaient plus grands que le trou de la table externe; c'est ce qui fait que pour les extraire on est obligé d'avoir recours au trépan. On applique = 147 dans ce cas une ou deux cou- ronnes qui anticipent nn peu sur l'ouverture de la balle. La dure-mère est contuse, quelque- fois elle est ouverte et déchirée et les pointes des fragmens pé- nètrent jusqu'au cerveau. Tou- jours dans ce cas il y a beau- coup de sang éj anché entre les os et la dure-mère, entre la dure-mère et le cerveau. Après qu'on a extrait les fragmens on incise la dure-mère afin de pro- curer la sortie du sang épanché sur le cerveau. Les lézions de ce viscère par des fragmens os- seux ne présentent pas des in- dications particulières. Qu'il soit blessé, qu'il ne le soit pas le chirurgien n'aura rien de plus à faire que ce que nous venons G s. 148 --- de prescrire. L'extraction des balles dans ces fractures n'est pas difficile, pourvu qu'elles soyent accessibles aux instru- mens. Lorsqu'elles ont pénétré dans le cerveau elles sont en- veloppées de la substance céré- brale qui en revenant sur elle mê- me a fait disparaître le canal qu'elle s'y était formé. On va reconnaître leur siège à la faveur du petit doigt introduit avec bien du ménagement dans |la direction du trajet. Lorsqu'on les a dé- couvertes on retire le petit doigt pour introduire des pinces avec les quelles on les extrait. Si ces balles sont engagées trop profondément dans le cerveau ou les laisse. Des recherches longues, violentes et incertaines 149 seraient extrêmement dangereu- ses #. On a dit que des bal- les perdues dans le cerveau n'avaient pas été par leur pré- sence dans la substance de ce viscère un obstacle à la guèrkon. II arrive que des balles per- cent le crâne de part-en part après avoir parcouru un long trajet dans la substance du cer- veau. Le trépan est toujours indispensable au-dessous de l'en- * Comment concevoir que la substance pulpeuse du cerveau ait pu suppor- ter la présence de ces balles ? c' est cependant une assertion des auteurs. II est probable qu' après avoir sim- plement traversé le cerveau, elles se sont pratiquées une loge dans l'épais- seur de la base du crâne. «3 *5° trée de la balle, soit pour donner une issue libre au sang épanché, soit pour extraire les portions osseuses qui ont été enfoncées, Il n'en est pas de même par ra- port à la sortie de la balle: le trépan n'y est pas toujours né- cessaire attendu qu'elle est con- stamment plus grande que l'en- trée , que les fragmens ont tous été poussés en dehors, et que d'ailleurs elle peut être très heusement située. Il est rare que des playes faites par des balles qui pénè- trent ainsi dans le cerveau ne soyent pas compliquées d'hé- morragie. Le sang vient ou des vaisseaux de la dure-mere ou de ceux qui sont répandus *5i dans la substance [cérébrale* Lorsque l'hémorragie vient des vaisseaux de la dure-mere, on conseille d'introduire entre la dure-mère et le cerveau une pièce d'argent de figure circu- laire et qui dans le milieu est percée de deux trous très voi- sins pour le passage d'un cor- don qu'on y assujettit. Cette pièce est garnie a sa face supérieure d'un peu d'agaric. En tirant le cordon on la pres- se fortement contre la dure-mè- re, et le vaisseau ouvert se trouve alors comprimé contre les os du crâne. Il est bon de connaître ce moyen; il peut servir: mais les balles lorsqu'el- les ouvrent des vaisseaux prin- cipaux de la dure-mère dispo- G 4 *5* sent rarement les parties pour qu'on puisse commodément l'em- ployer. Il est des hémorragie du cerveau qui sont très inquiétan- tes, et la chirurgie doit conve- nir de son impuissance dans ces cas. Quelquelquefôis elles s'arrêtent par l'état de syn- cope dans le quel tombent les blessés. Les caillots qui se forment en ce moment restent rarement en place a cause du mouvement continuel du cer- veau. L'hémorragie reparait avec les force du blessé, et ces pertes de sang ainsi répétées fi- nissent par lui donner la mort. Tout ce qu'on peut faire pour arrêter ces hémorragies *53 c'est d'introduire mollement jurqu'au cerveau des morceaux d'agaric, et de les y fixer par une pression douce. On appli- quera sur la tête des compres- ses trempées dans de l'eau froi- de et du vinaigre. On entre- tiendra le blessé dans la foibles- se; et sî on a le bonheur d'ar- rêter le sang, on ne lèvera l'ap- pareil que le plus tard possible. On pansera la dure-mère et le cerveau avec des sindons trempés dans le baume de fio- raventi ou l'huile de thérében- tine. Quel c^uefois le cerveau vé- gète à-travers les ouvertures des os. Si ces végétations gê- nent, il faut les emporter et em- G 5 *54 pêcher qu'il en paraisse de nouvelles au moyen d'une com- pression prudemment ménagée. Tout le monde sait que les playes profondes du cervelet sont essentiellement mortelles. Des *55 Des fractures compliquées de la poitrine faites par des balles. Les complications principales des playes de poitrine sont les fractures des parois de cette ca- vité/avec, ou sans hémorragie; la lezion des viscères qui y sont contenus; et les èpan- chemens. Les balles poussées contre les côtes peuvent les dénuder dans une grande étendue et laisser sur leur surface des tra- ces superficielles. Il est essen- tiel de bien dilater ces playes et d'établir de contr'ouvertures à l'endroit de la dénudation, 15^ ss=ss lorsque celle ci n'est pas près des ouvertures de la balle. Pour avoir négligé ces dilata- tions, les matières purulentes ont séjourné sur la cote, l'ont dépouillée au loin de son pé- rioste ; il est survenu cLs caries, des fistules qui n'ont été gué- rie: que par des opérations dou- loureuses et après un traitement fort long. Ce que je dis con- cerna t la dénudation des côtes peut être appliqué à la dénuda- tion de leur cartilages qui s'al- téreraient en peu de tems, si par •des dilatations bien faites on ne donnait aux matières purulentes un écoulement libre. Les fractures des côtes sont toujours directes je veux dire qu'elles sont toujours à 1*endroit *57 que la balle a touché. Elles sont avec, ou sang éclats. Dans les fractures simples, après les dilatations convenables et l'ex- traction des corps étrangers, on contiendra les extrémités fractu- rées avec un bandage de corps qui ne sera serré qu'autant qu'il le faudra pour gêner les mou- vemens de la poitrine. S'il y a des éclats on pratiquera des incisions au moyen des quelles on extraira ceux qui seront libres, et on relèvera ceux qui seront enfoncés et qui tiendront forte- ment aux muscles. Si les grandes portions des côtes frac- turées sont terminées par des pointes qui puissent causer des irritations a la plèvre et aux poumons, on les coupera. Dans 158 == ces playes on trouve ordinaire- ment beauconp de sang infiltré, et quelquefois de l'emphysème. Les balles poussées contre la poitrine pourront y faire des doubles fractures y lorsqu'elles rencontreront des parties osseu- ses à leur entrée et a leur sor- tie. Les éclats d'une côte ou la balle elle même peuvent avoir ouvert une artère intercostale et avoir donné lieu à une hé- morragie qui après s'être arrê- tée se renouvelle au moment des dilatations et de l'extraction des corps étrangers. Il serait possible de lier cette artère a nu en la pinçant, si l'extraction d'un fragment osseux la rendoit visible Quelquefois un peu de temponage avec de l'agaric et I59 de la charpie saupoudrée de co- lophone ont arrêté le sang. Il peut arriver qu'on se voye forcé de serrer cette artère dans une ligature qui embrassera le bout fracturé et qui portera avec elle un morceau d'agaric. Ce sont des opérations qui de- mandent beaucoup de tête et de dextérité. Le sternum peut n'être que superficiellement touché et con- tus par des balles. On se con- duira de même que pour la dé- nudation des côtes et d'après les mêmes principes. Lorsque des balles frappent directement le sternum, quelquefois elles se logent simplement dans la substance spongieuse de cet 160 s=!= os, du quel on les retire après te3 dilatations convenables. D'autre- fois sans pénétrer dans la poi- trine elles vont assez avant pour faiie éclater la croûte compacte qui revêt la face postérieure du sternum. Alors après avpir re- tiré la balle, on ôte les petites portions osseuses qui sont sur le médiastin; avec le couteau lenticulaire on agrandit l'ouver- ture que la balle a faite,et on détruit par ce moyen les aspé- rités qui peuvent s'y rencontrer. On ne voit pas que les fractu- res du sternum faites par des balles ayent des fragmens con- sidérables: on en trouve la rai- son dans la structure spongieuse. de cet os. r \ == i6x Les artères mammaires inter- nes qui sont derrière les cartila- ges des côtes près de leur jon- ction avec le sternum peuvent avoir été coupées par des balles où des fragmens osseux. Si l'ouverture de la balle est tout à fait ronde, on l'allongera su- périeurement et inférieurement en emportant avec la scalpel ou le ciseau et le maillet quel- ques lignes de la substance car- tilagineuse ou osseuse qui se trouve dans cet endroit: De cette manière on pourra avec des pinces a dissection saisir les deux bouts de l'artère et les lier. Si cette artère est ouverte par des portions osseuses enfon- cées, en les détachant on pourra IÔ2 la découvrir et parvenir a y pratiquer une ligature. Les fractures de la colomne dorsale, lors pue les balles ne pé- nètrent pas dans le canal vertébral sont susceptibles de guerison. Mais lorsque le canal est ouvert, elles sont toujours mortelles, ou sur le champ, ou consécutivement. Si les blessés survivent au y lé- zions- de la moelle épinière, la pa.alysie et la gangrené des ex- trémités survient. Dans les frac- tures simples de la colomne ver- tébrale il n'y a pas d'autres indications à remplir que les di- latations, l'extraction des por- tions osseuses et celle des corps étrangers. Des balles qui pénètrent dans la poitrine, peuvent en sortir sans avoir intéressé n y le pou- mon, n y aucune des parties qui sont essentielles à la vie. Pro- bablement elLs ont passé dans » le tissu cellulaire qui est entre les vaisseaux pulmonaires avant leur insertion dans le poumon, en laissant sur les côtés le cœur et les gros vaisseaux: Ce sont des playes infiniment rares; c'est ce qui me ferait croire que pres- que toutes les fois qu'on a anon- eé de pareilles playes on a pu s'en être laissé imposer par une circonstance açsès illusoire que voici. 11 arrive que des balles poussées un peu obliquement contre les parois de la poitrine trouvent une côte qui change tout-à coup leur direction, de manière qu'après avoir parcouru 164 zms un long trajet dans la substance des muscles elles vont sortir dans un endroit très éloigné de celui par le quel elles sont entrées. Au premier coup d'reil et a en juger par la seule situation des ouvertures, on prononcera a coup sur que la balle a pénétré; mais on sera bientôt désabusé par le toucher, le gonflement et la sensibilité des parties qui cou- vrent le trajet. Il s'est trouvé des chirurgiens, qui pour se faire valoir ont profité de la circonstance. Une telle super- cherie ne mérite pas des éloges. La lezion du cœur, des gros- ses artères est essentiellement mortelle, et le chirurgien n'ar- rive ordinairement auprès des ï<% blessés que pour être témoin de leur mort. Quand ils ne restent pas sur le coup, la syn- cope, la pâleur du visage, la petrfWtfdu pouls, son intermit- tence, des mouvemens convulsifs, des sueurs froides; un nuage glaireux sur la cornée transpa- rent; tout anonce une mort prochaine. Comme les poumons par leur volume remplissent presque toute la poitrine, il est rare que- des balles y pénétrent sans bles- ser ce viscère. La lezion du poumon par des balles ou des fragmens osseux se manifeste par le crachement de sang, les inspirations douloureuses, la sortie d'un sang écumeux par i66 la playe, et souvent il y a emphysème, toujours beaucoup de sang infiltré. De grandes dilatations qui rendront la playe du ponmon parallèle à l'ouver- ture de la poitrine empêcheront le sang et le pus de séjourner, et feront éprouver au blessé beaucoup de soulagement. Quel- quefois la balle entre très haut dans la poitrine et y reste; le poumon est blessé, et ses vaisseaux ouverts donnent lieu à un épanchement considérable qui s'anonce par les signes pro- pres aux èpanchemens de sang. C'est la le cas de l'empyème a la partie inférieure et sur les côtés de la poitrine. J^ai une fois pratiqué cette opération dans un cas pareil. Je retirai = i<57 au moins une pinte de sang fluide. Le blessé fut sur le champ soulagé et j'eus un in- stant des espérance". Il mourut cependant le treizième jour, et il a irait sûrement guéri sans une fia lure avec éclats de la troi- sième et quatrième des vrayes côtes, la quelle formait une complication majeure. Nous avons Laite ailleurs la matière des èpanchemens et pour ne pas nous répéter nous y ren- voyons le lecteur. Des balles après avoir pé- nétré dans la poitrine peuvent percer le diaphragme, péné- trer dans le bas-ventre, y ou- vrir des viscères et des vais- seaux. Ces playes sont presque. toujours mortelles. i68 Dans les playes de poitrine dont il vient,d'être question il ne faut pas épargner le sang. Les saignées répétées diminue- ront les douleurs, faciliteront la respiration, s'opposeront à de grands èpanchemens et prévien- dront l'intensité des accidens inflammatoires. Des i6g Des playes compliquées du Bas-ventre faites par , des balles. Les fractures et les hémor- ragies des parois de cette ca- vité; Ia lezion des viscères qui y sont contenus, et les èpanche- mens sont les grandes complica- tions de ces playes. Le traitement des fractures des parois du bas-ventre sera le même que celui des parois de la poitrine, ainsi que les opéra- tious qui y seront pratiquées pour raison d'hémorragie. La lezion de l'artère épigastrique peut former une complication très grave. Si elle est ouverte H 170 à l'entrée ou à la sortie de la. balle, on la découvrira par les dilatations et on y porteia une double ligature. 11 peut arriver que cette artère soit ouverte dans un des points du trajet, et loin des ouvertures de la balle: alors le sang s'infiltrera en grande partie dans le tissu cellulaire des muscles et du péritoine, ce qu'on reconnaîtra par la fai- blesse du blessé et la tuméfa- ction des tégumens qui s'élève- ront en peu de tems et visible- ment dans cet endroit. On peut arrêter cette hémorragie, en en- tretenant le blessé dans un grand état de faiblesse, au moyen de puissans répercussifs appliqués sur le bas-ventre, et par une compression faite avec 17* méthode sur le lieu de la tu- meur. Si ces moyens ne suf- fiisent pas, on sera obligé de pratiquer une longue contr' ou- verture dans le fond de la q el- le on ira porter une double li- gature. ^ Dans le nombre des playes pénétrantes du bas - ventre que j'ai été à portée de voir, je n'en ai jamais rencontré une seule où il n'y eut lezion de quelque viscère. Toutes les parties con- tenues dans cette cavité libres ou adhérentes se touchent im- médiatement; il n'y a pas de vide dui les sépare, de manière qu'il est impossible à des bal- les qui pénètrent de ne pas les toucher, et de ne pas en em- H 2 172 porter des portions plus ou moins grandes. Les viscères ne sont pas comme les parties dures qui quelquefois sans rien perdre de leur substance résistent aux balles et changent leur direction. Un viscère quelconque ne sera jamais touché par une balle qu'il ne soit blessé plus ou moins profondement. On recon- naîtra la lezion de tel ou tel viscère par la situation de la playe, et les matières qui sorti- ront de ses ouvertures. Lors- que des balles ouvrent la vési- cule du fiel, l'estomac, les in- testins, les uretères, la vessie, il résulte des èpanchemens pres- que toujours mortels. La lezion du foie de la rate, si elle est superficielle, peut être =* '73 suivie de guerison. L'ouvertu- re des intestins grêles est pres- que toujours mortelle à cauce de leur mobilité qui empêche que leur playe reste parallèle a celle de la peau et des tegu- mens. Il n'en est pas de même de la lezion du coecum, des portions lombaires du colon, de la portion iliaque de cet intes- tin. Si ces viscères sont ou- verts à l'endroit où ils touchent les parois du bas-ventre, leur playe peut rester toujours pa- rallèle à celle de la peau et des muscles, et au moyen de dilatations bien faites on peut se procurer le libre écoulement des matières fécales: l'inflamma- tion qui survient au trajet de la playe établit des adhérences H3 '74 entre la circonférence de l'ou- terture de l'intestin et la playe des parois de l'abdomen. Un offiicier d'artillerie fut blessé à l'aiïaut d'Otchakow de deux coups de feu, dont l'un a la poitrine, et l'autre au bas- ventre. Dans celui du bas- yentre la balle avait parcouru l'épaifieur de la parois anté- rieure de l'abdomen depuis le dessous de l'ombilic, à côté de la ligne blanche, jusqu' à la partie supérieure et externe de la cuisse où elle était sortie entre les deux épines an- térieures de l'os des hanches, et en perçant le bord autérieur du muscle facia lata. Les éx- crémens sortaient par la playe. 175 e fis les dilatations d'usage, et ' Observai rfe les porter le >lus profondément possible. Le septième jour les matières fé* cales ne sortaient plus par les playes; la suppuration était abondante et de bonne qualité* et le ventre souple; enfin tout allait au mieux. Dans la nuit du neuvième au dixième jour la playe de la poitrine qui jus- qu'alors n'avait pas donné une seule goutte de sang fournit une hémorragie épouventable. J'arrivai, mais trop tard, et le blessé mourut quelques instans après. L'artère mammaire in- terne avait été contuse par le choc de la balle contre le car- tilage de la troisième vraye côte. Il y avait dans cet endroit une H 4 i76 frafture simple On observera que la balle, après avoir frappé et fracturé la côte sans entrer dans la poitrine, avait glissé pour sortir au-dessous de l'ex- trémité sternale de la clavicule. Il s'était établi une suppuration interne qui avait détaché et entraîné la portion de l'artère contuse. Ce fut la conviction. que j'acquis à 1''ouverture du corps. Revenons à la playe du bas-ventre. L'intestin cœcum était ouvert à sa partie anté- rieure et je le trouvai adhérent à la partie du trajet correspon- dante. Sûrement cet officier se- rait guéri de la lezion de l'in- testin, s'il n'avoit eu que cette seule playe. ---- i77 La Iézion de la vessie exige la présence des algalis pour empêcher la continuation de fépanchement. Le canal de l'urètre peut être ouvert par des balles. Un cosaque étant à l'escarmou- che sous les murs de Bender, fut blessé par une balle dont l'entrée était à la fesse gauche au-dessus de son pli et à six travers de doigt de la marge de l'anus, et la sortie à la partie antérieure et supérieure de la cuisse droite -devant l'ar- tère crurale, après avoir tra- versé profondement la partie supérieure du triceps. Douze heures après je vis le blessé. Le scrotum avait deux fois le H 5 ImJ »78 volume d'une petite tête d'en- fant; il était noir et infiltré par le sang et les urines qui sor- taient en grande quantité par les ouvertures de la playe toutes les fois que le blessé se contractait pour uriner. Mon premier soin fut de reconnaître le trajet. Je fis de grandes et de profondes dilatations; je pre- scrivis des saignée copieuses; et le scrotum fut enveloppé de compresses trempées dans de l'eau froide mêlée d' eau de vie et chargée de beaucoup de sel ammoniac. Le l'endemain et les jours suivans il y eut beaucoup de fièvre. Cependant le scrotum diminuait sensible- ment. Les urines coulaient toujours par la playe. Enfin- •▼5 * ■ mm *79 la suppuration s'établit, et fut bientôt suivie de la détente du périné. Je saisis ce moment pour introduire dans la vessie une sonde de gomme élastique; mais ce ne fut qu'après avoir éprouvé l*s difficultés les plus grandes. Le gonflement des parties dans les premiers mo- mens avait rendu l'introduction de cet instrument impossible. Le onzième jour je sentis de la mollesse à la partie supérieure et tout-à-fait interne de la cuisse droite à la naissance des bourses et à côté du bulbe. Je n'hésitai pas à y pratiquer urté profonde contr'ouverture. J'eus à me féliciter de cette opération qui donna aux matières un grand écoulement: ce fut à ** i8<> elle que je dus la courte durée du traitement, à la faveur du doiet-introduit dans le fond de cette contr'ouverture,. Je pou- vais sentir facilement a nu une assez longue portion de 1' algali- Le canal de l'urètre était ou- vert à la partie postérieure de son bulbe. La detersion de la playe se fit, toutes les parties7 se recollèrent par des compres- sions attentivement dirigées, et le trentième jour le blessé était parfaitement guérï. Pour con- solider la guerison je fis conti- nuer pendant tout un mois à ce blessé l'usage des sondes élastiques. Quant aux èpanchemens de sang qui ont lieu dans le bas- i8z ventre par l'action des balles, ils sont presque toujours mor- tels. Des i8a Des grandes playes faites par des éclats de bombe, des boulets. Lorsque des boulets ou de grands éclats de bombe frap- pent obliquement une partie ils peuvent emporter de ^gran- des portions de peau et de muscles, couper des nerfs prin- cipaux, ouvrir des vaisseux considérables, et laisser en même tems les os dans leur entier. Ils peuvent aussi les fracturer, avec, ou sans éclats. Il est beaucoup de ces playes qui, quoique très étendues, n'ex- igent souvent d'autre opéra- tion de la part du chirurgien que l'extraction des petits corps i83 étrangers et des portions osseu- ses qui son* restées à leur sur- face, on en guérit beaucoup, mais presque toujours les bles- sés restent estropiés et les cica- trices qui en résultent sont ex- trêmement difformes. Il n'est point de spectacle plus hideux que celui de ces grandes playes où la moitié et quelque fois les deux tiers d'un membre ont été emportés: elles présentent des lambeaux de peau livides, des bouts de muscles sanglans, con- tus, inégalement déchirés et qui donnent encore des fremissemens sensibles. Les vaisseaux et les nerfs sont de même contus, mâ- chés pour ainsi-dire, et les os écrasés en une infinité d'éclats. 184- Le sang qui sort de ces playes ne jaillit pas; * il bave à leur surface à cause des caillots et de la rétraction des vaisseaux dont les bouts sont comprimés au milieu des parties qui les environent. Le sang qui s'en échappe trouve des ré- sistances qui l'arrêtent, et cette difficulté favorise singulièrement la formation des caillots. Les blessés ont le pouls petit, ver- miculaire, intermittent; ils sont glacés, pales, dévorés d'une * Particulièrement si elles ont été faites par des boulets rouges. On avait imaginé que les playes faites par ces boulets étaient plus dangereuses. C est une erreur. La commotion qu'occasr<^*^Ies boulets froids sera nécessairement plus forte. 185 soif ardente, tourmentés par des angoises, et couverts de sueurs froides. Quelquefois l'es- tomac se soulevé et rejette les matières qu'il renfermait. Les vomissemens continuent, et le hoquet survient. Tels sont les. accidens de la commotion qui se manifestent souvent peu après ces playes. Parmi ces accidens il en est quelques-uns qu'on peut quelquefois attribuer aux grandes pertes de sang que les blessés ont faites. On voit souvent de5membres entièrement emportés par des boulets. L'aspect de ces playes est le même, et les blessés éprouvent les mêmes accidens. La ligature des artères, mal- gré que le sang se soit arrêté i$6 îoit être le premier soin du chirurgien. Avec des pinces a dissection, et le bistouri, il ira en chercher les bouts retirés, et il les liera. Il relèvera ensuite les forces du blessé avec des odeurs fortes, et au moyen de cordiaux, L'eau de menthe poivrée est excellente dans ce cas, ainsi que le vin d'Espagne sec. Il le fera frotter avec des flanelles chaudes, il l'envelop- pera de couvertures, et lors- qu'il sera parvenu à le ranimer il pratiquera les opérations qu'il jugera nécessaires. Faute d'avoir pris la précaution de lier les gros vaisseaux, j'ai vu souvent que le retour des forces fesait en peu de tems périr les bles- sés d'hémorragie, et il ne faut 187 pas dans ce cas une nouvelle perte de sang bien giande pour achever de leur ôter la vie. Quelquefois les secours de l'art sont insuffisans et les blessés^ quoiqu' on fasse, ne se relèvent pas de leur abattement. Quels sont les cas ou dans les grandes playes faites par des boulets et de grands éclats de bombe l'amputation du membre est indispensable? il serait bien difficile de les déterminer avec Une précision géométrique, at- tendu qu'il n'y a pas deux de ces playes qui se ressemblent. Pour-s'y déterminer, ce sera toujours le dommage des par- ties molles plutôt que celui des ©s qu'il faudra^consulter. 188 Des muscles divisés dans une grande étendue; des gros vais- seaux ouverts; des fractures avec fracas et de longs éclats ;, des articulations principales dé- truites. Voila des circonstances qui quelquefois réunies, d'autre fois séparées demandent des am- putations. Il faut beaucoup d'habitude pour juger si un membre peut être conservé ou s'il est indis- pensable pour la vie du blessé d'en faire l'amputation. Cette précision de coup d'ceil ne s'ac- quert qu'a force de voir. La ebkurgie est l'art de conserver et non celui de détruire. Ce ne sera donc jamais qu'après un calcul bien raisonné des nç dangers de laisser un membre qu'on se décidera à en priver le blessé *. , * Il serait A souhaiter pour 1' honneur de l'art qu'il n'y eut jamais d'amputa- tions à faire dans les armées, où le soldat se persuade que nous avons été attirés pour nous exercer à leur dé- pends. Un chirurgien d'armée est ra- rement abordé par des officiers qu' il n' ait le déplaisir de s'entendre de- mander, combien de bras, combien de jambes il a coupé dans /« journée? Le soldat prête l'oreille, s'indispose, et quand il est blessé, un sentiment de terreur ne lui fait voir en nous que des agens de douleur et de mort. Combien de fois ne me serai-je pas abstenu de faire des amputations qui ont sauvé la vie aux blessés à qui je les ai faites, si des sentimens d'humanité n'avaient fait évanouir en moi la crainte de pas- ser pour un chirurgien sanguinaire ! Lorsqu'un membre a été emporté en totalité par le boulet, il faut couper au- dessus, plus haut que les éclats, et faire ainsi un moig- non régulier. On évitera par là des suppurations abondantes, mauvaisesy et souvent funestes; op, épargnera aux parties sensi- bles la douleur que leur ferait éprouver la présence d'une infinité des pointes osseuses; on soustraira les blessés aux désa- grémens de la dénudation, et des longues exfoliations;, enfin le traitement en sera bien plus rapide. Toutes les fois qu'une am- putation sera jugée indispensa- ble, il faudra la faire sur le champ. Ce précepte est appli- cable a toutes les playes des armes feu qui exigent l'amputa- tion. On a cependant dit d'at- tendre que les suppurations eus- sent affaibli les blessés; qu'alors, les accidens inflammatoires de l'amputation n'étant plus si à craindre/ on aurait plus à espérer du succès de l'opération. Mais qui peut se flatter que le blessé ré- sistera aux accidens inflammatoires qui surviendront, à la formation des abcès, a la gangrène, aux douleurs continuelles occasionés par les pointes osseuses, aux reflux des matières purulentes &c? On peut plus facilement se rendre maître des accidens qui suivent une amputation, que de ceux qui naissent d'une très grande playe ou les complica- Ip2 tions fourmillent. Quand on ampute sur le champ, en di- minuant les forces du blessé par les saignées, et une diète rigoureuse, on ne lui laissera absolument que celles qui se- ront nécessaires pour fournir au travail de la suppuration. Il aura été amputé dans un instant où toutes les fonctions de son corps étaient dans un parfait état de santé, et le succès de l'opération n'en sera que plus sur. II n'en sera pas de même des amputations consécutives. ! Il est dans la pratique des cas infiniment douteux. Si on veut être de bonne foi, on sera forcé de convenir qu'on s'est souvent trouvé embarassé de # »93 prononcer sur la possibilité ou l'impossibilité de conserver un membre. Tous les jours dans les armées, le chirurgien est ar- rêté par une infinité de cïrcon* stances qui se croisent et qui lui ôtent là faculté d'établir si l'amputation est indispensable, ou si elle ne 1' est pas. Alors il .vaut mieux attendre, et ren- voyer l'amputation aux épo- ques où il pourra se manifester des indications plus tranchantes. Nous venons de parcourir les différentes complications lo- cales des playes des armes a feu; il ne nous reste plus qu'à in- diquer les complications éloignées miuî en contrarient le traitement, I Des s Des complications éloignées des playes des armes à feu. Il peut se développer dans les premières voyes un principe de putridité. Ce principe ex- istait avant l'accident, ou bien il a été contracté par la fièvre, les accidens de la suppuration, et le bouleversement général de la machine. Quoiqu'il en soit, 1' amertume de la bouche, sa fétidité; des envies de vomir; la suppression des selles, obli- gent d'administrer les évacuans. Toujours, après les premiers pan-' semens, il est bon de dégager les gros intestins au m-yen. d'un lavement légèrement purgatif. Quelquefois l'émétiqi;? en lavare *9S est indispensable, mais il ne faut pas que les playes soyent pé- nétrantes dans les capacités. Ou se trouvera bien de faire filer fe ventre dés le cinquième, le sixième jour au moyen des sels neutres. Si on néglige les éva- cuans, les sucs altérés et depuis long-tems en séjour dans les premières voyes 'pourront passer dans les humeurs et occasioner des fièvres putrides. Dans les grandes suppurations il est très difiicile d'empêcher qu'il ne se fasse un peu de ré- soibtion dans l'intervalle des pansemens, ce qui entretiendra une [dite fièvre continue ex- trêmement nuisible aux progrès de la playe. Quand on aura évacué ks premières voyes, le I a Quinquina administré a petites doses triomphera de cette fièvre; il préviendra la putridité des humeurs, donnera du ton aux solides, et procurera de bonnes suppurations. Le Quinquina a non seulement la propriété de neutraliser le principe putride, mais il a encore celle de dimi- nuer les suppurations, ce qui n'est pas un petit avantage. Les suppurations abondantes affai- blissent la machine et parti- culièrement les organes diges- tifs , au point qu'ils devienent quelquefois incapables de rien retenir. Il survient des dévoyé- mens opiniâtres et souvent mor- tels. Le Quinquina entretiendra le ton de l'estomac et des intestins en même tems qu'il opérera les bon effels dont nous venons de parler. Dans les grandes playes il faudra nourrir les blessés, mais avec des alîmens de facile digestion, comme de bons bouil- lons, des farineux, des com- potes. Si on leur permet- tait des alîmens solides, l'esto- mac affaibli par les pertes de la suppuration ne saurait les digérer. Un peu de vin en- entretiendra le ton des premiè- res voyes, et on leur en pèr- ' mettra quelques cuillerées. La quantité et la qualité du pus régleront le nombre des pansemens. Si on ne les re- nouvelle pas assez, les matières en séjour pourront être repom- pees. Si on les renouvelle trop 13 198 === souvent, l'action répétée de l'air sur les playes interrompra le le cours des suppurations. Dans les playes du bas-ventre, avec lezion des intestins «par exemple, on, sera obligé de panser plus souvent pour empêcher le sé- jour et l'acumulation des matiè- res fécales clins le trajet de ces playes. Le vice scorbutique peut contrarier dans le milieu et sur- la fin du traitement des playes des armes à feu, mais rarement * dans les premiers tems. Elles fournissent alors des hémorra- gies veineuses, et leur surface se couvre de chairs spongieuses, blafardes qui dans l'intervalle des pansemens expriment sur l'appareil des matières sangui- nolentes et icoreuses. Le Quin- quina en poudre et les spiri- tueux employés dans les panse- mens réprimeront ces chairs, et changeront avantageusement la nature du pus; mais il fau- dra en même tems tenir les blessés à un régime végétal ab- solu, ainsi qu'a l'usage des sucs an ti-scorbutiques- Quant aux complications vé- nériennes je ne me suis jamais aperçu qu'elles retardassent la guerison des playes des armes à feu. J'ai vu des'blessés guérir très vite malgré qu ils eussent des é.vostoses. Je croirais ce- pendant que le principe vénérien lo/squ'il est à son plus haut degré d'exaltation, à ce de- aco degré ou les humeurs sont tota- lement en dissolution, où le corps et plein d'ulcères et de caries, il peut former des complications difficiles à sur- monter dajts le traitement des playes des armes à- feu: mais les soldats qui en sont à ce point ne sont guère en état de porter les armes, et on préfère les laisser dans les hôpitaux à les envoyer contre l'énemi. Je n'ai pas vu de complica- tions de vice scrophuleux. S'il s'en développe elles paraîtront sur la fin du traitement, et on les combattra avec les remè- des recommandés contre ce vice. m i