VEME grp yjEME LETTflEg SUR fcUIfll \fV// l»* F0T ou - 2me REPONSE AU SB, BELERY, PAR LE Dr. FAGET. ■ •> SuOîi v qu'on est plus effrayé du fléau *' lui-même. " En sorte que, ce qui persuade aux Créoles de la ville qu'ils sont exempts de la fièvre jaune, ce n'est pas le fait qu'ils en sont «xempts, " c'est la peur,, pour soi-même " ou pour les siens. '' L'explication, pour être tirée de considé- rations élevées, n'en est pas plus flatteuse pour nous, Créoles. Par bonheur, le Dr Deléry, n'en est pas à faire ses preuves de jaune chez des enfants de la Nouvelle-Or- léans : celle du Dr Miltenberger en 1817, celle du Dr Fenner en 1848, et enfin celle du Dr Deléry en 1858. L'observation du Dr Fenner était un cas de fièvre intermittente, déclarée fièvre jaune in extremis, parce qu'il était survenu à la fin un vomissement noir. Quant à celle du Dr Miltenberger, il de- vient encore nécessaire de nous y arrêter. En reproduisant ici mon texte, le Dr Deléry a laissé passer une faute d'impression qui ôte à ma phrase son véritable sens ; au lieu de: les épidémies paludéennes, lisez les épidémies précédentes, c'est-à-dire des épidémies de fièvre jaune ; ce qui est un peu différent. Le même texte est reproduit plus loin et encore avec la même faute. A la première page de sa lettre, le Dr D. a aussi laissé mettre un mot à la place d'un autre : le mot exotique au lieu de nautique; et là encore le sens est nécessairement alté- ré. Dans une polémique, c'est surtout quand on cite son adversaire qu'il faut évi- ter ces inadvertances, Voici mon texte : " Quant au fait unique '' de cet enfant de sept ans, né en ville, et " qui paraît avoir eu la fièvre jaune, il est " incomplet sur des points importants : cet " enfant avait-il été élevé à la Nouvelle- " Orléans ! n'avait-il pas été emmené à la '" campagne dès ses premières années, pen- " dant les épidémies précédentes ? Pour " que ce fait eût quelque valeur, en vue de ■' nos discussions, il faudrait pouvoir ré- " pondre à ces questions." Dans ce passage, Messieurs, le Dr. Deléry affirme que s'il n'y a pas contradiction, il nativisme, et il est de force à supporter \y a certainement confusion.Mzh, ilnesuf- « les reproches amers de quelques amis fit pas de dire. •■ y a là contradiction ou con_ -compatriotes qui ne permettent ^^U^^,-quand eiiesne sont pas évidentes, il " assure t il, qu^ soit dit qu'un Créole faut ]es montrer. Espérons que, dans sa ré- ■' puisse avoir la fièvre jaune. " I_____■- -n_ r\„ii_„ ____-__ -_•__ i. p • Pour ma part, je ne connais que trois observations publiées, par lesquelles les au- teurs aient cru produire des faits de fièvre ponse, le Dr. Deléry voudra bien le faire, en évitant les fautes d'impression, et même les substitutions de mots à la place d'autres mots ; car les mots représentent les idées. - 12 — Veuillez vous rappeler, Messieurs, qu'en ' tête de mon étude, de la prétendue fièvre jaune des Créoles de la ville, je me suis ainsi posé la question : Les enfants nés et élevés à la Nouvelle- Orléans ont-ils la fièvre jaune ? A quoi j'ai répondu : non ; comme règle, ils n'ont pas la fièvre jaune. Ce n'est pas sans motif ap- paremment qu'au mot né j'ai ajouté celui de élevé à la Nouvelle-Orléans. Je n'ai jamais cru, en effet, à cette exemption de la fièvre jaune par droit de naissance, dont parle si souvent le Dr. Deléry. Il serait par trop étrange qu'un enfant emporté hors du pays, quelques heures après sa naissance, fût à jamais à l'abri de la fièvre jaune, par cela seul qu'il aurait eu le bon- heur de naître dans telle ou telle rue de la Nouvelle-Orléans ! Il m'a toujours paru, au contraire, que pour acquérir cette im- munité il fallait du temps ; car je ne me l'explique, cette immunité acquise, que par une sorte d'acclimatation ; or, acoli- matation ne peut pas être une affaire de quelques jours. Cela posé, où est la con- tradiction, où est la confusion, dans oes phrases ? L'enfant né à la Nlle-Orléans, et qui parait avoir eu la fièvre jaune, y avait- il été élevé ? N'avait-il pas été emmené à la campagne dès ses premières années, pen- dant les épidémies précédentes ?—De plus, il est parfaitement évident qu'il est irnpossi- sible aujourd'hui de répondre à ces questions, à moins de rencontrer quelque personne âgée, ayant connu cet enfant et dont les renseignements seraient positifs ; jusque-là, le fait que nous discutons restera incomplet. Ce n'est point l'avis du Dr. Deléry: " Par »' induction, il espère pouvoir faire une ré- " ponse qui ne lui paraît pas dénuée de " force : De deux choses l'une, dit-il, ou la " division qui règne aujourd'hui existait " alors, ou les médecins étaient unanimes, " soit dans tin sens, soit dans l'autre.....?' Suit un raisonnement que je n'ai pas com- pris, mais qui est inutile, puisque au lieu de faire des suppositions sur ce que pen- saient de la fièvre jaune des Créoles les auteurs du Mémoire, nous devons nous en tenir à ce qu'ils disent eux-mêmes, à savoir que " les indigènes n'en sont pas atteints " ordinairement, à quelques exceptions près, " et encore en très petit nombre." Ils ne spécifient même pas les Créoles de la ville; et malgré cela, malgré ce que nous savons des Créoles de la campagne, qui viennent en ville pendant une épidémie de fièvre jaune, les médecins de 1819 regardaient les faits de fièvre jaune des Créoles comme exceptionnels et rares. Les deux petits clients du Dr. Miltenberger, l'un né en ville et âgé de 7 ans, l'autre fils d'un habitant, âgé de 10 ans et Créole de ce pays, appar- tenaient donc, pour eux, à une exception, à une exception rare ; et voilà tout. |I1 n'est point dit dans l'observation, et il n'était point nécessaire de dire, si celui qui était né en ville y avait été élevé ; aucune induction, pas même la plus puissante, ne le fera sa- voir; le fait reste et restera incomplet. Enfin, Messieurs, j'arrive de nouveau à l'observation du jeune Poirier ; cette obser- vation est le troisième et dernierfait de fièvre jaune de Créole de la ville, livré à la publi- cité. Comme en 1852, je crois, en 1860, que c'est une chose grave que d'accuser publi- quement un médecin d'erreur de diagnostic; mais je crois aussi qu'il y a des circonstances où il est non-seulement permis, mais où il est du devoir de ne pas reculer devant cette chose grave. Dans ce moment, par exem- ple, une question de la plus haute impor- tance est posée devant le publie louisianais, et c'est une question de diagnostic, dont la solution ne pourra être obtenue que par la discussion des faits ; il faut donc, ou renon- cer à cette solution, ou permettre la discus- sion des faits. Il y a peu d'années, dans notre population du moins, tous pensaient que les Créoles de la ville n'ont pas la fièvre jaune; depuis quelques années, depuis 1858 — 13 — surtout, certains faits, que nous avons à étu. dier aujourdjhui encore, sont venus jeter du doute dans beaucoup d'esprits. Pour ma part, je le déclare, si par des cir- constances quelconques j'avais été entraîné du côté de la majorité des médecins, qui a cru à la fièvrejaune épidémique des Créo- les de la ville, avant de proclamer cette opi- nion nouvelle, avant de troubler la sécurité des familles Créoles, par des alarmes préma- turées, avant de braver les reproches amers de quelques amis compatriotes, j'aurais at- tendu des preuves irrésistibles ; c'est-à-dire que j'aurais patiemment accumulé des faits, des faits complets, des faits nombreux, des faits enfin au-dessus de toute discussion; car, remarquons-le bien, Messieurs, il s'agit ici d'une question de faits, purement et sim- plement. Les Créoles de la ville ont-ils, ou n'ont-ils pas la fièvre jaune? Ce n'est que par l'observation qu'on peut répondre à cette question. Donnez-nous donc des faits, des faits bien observés, des faits probants, des faits irrécu- sables, vous qui soutenez l'opinion nouvelle et désolante ! Mais, vous demander de pa- reils faits, c'est vous prévenir qu'il faudra bien que vous supportiez qu'on les passe au creuset de la critique. Exigez que cette critique soit sincère et loyale, mais ne vous étonnez pas si elle est sévère ; elle doit l'être, parce qu'il s'agit ici d'une ques- tion très grave, d'un intérêt très général, et qu'on ne saurait, par conséquent, appor- ter à sa discussion ni trop de soin, ni trop de fermeté. D'ailleurs, ce que me reproche le Dr De- léry, il oublie que lui-même se l'était per- mis à mon égard, quelques minutes aupa- ravant. Ne l'avez-vous pas entendu soutenir que mon homme de la pinière, au lieu d'une fièvre tierce, avait la fièvre jaune, puisqu'il en présentait le tableau prétendu caracté- ristique ? Et, ce qui est plus étrange, pour ne rien dire de plus, n'a-t-il pas osé affirmer que moi même j'aurais appelé cette fièvre tierce fièvre jaune, si seulement je l'avais observée à la Nouvelle Orléans, au lieu de la rencontrer au fond des bois 1 Enfin, laissons cela, et revenons à notre fait du jeune Poirier. Le Dr. Deléry s'é- tonne que j'attaque ce fait, puisqu'il ne met point en péril ma doctrine. Il est certain que je n'ai aucun intérêt personnel à attaquer ce fait : je le conteste, parce qu'il est contestable ; et voilà tout. Si je ne le faisais pas, interprétant notre silence comme une concession, on pourrait peut-être, plus tard, s'en servir contre nous. De plus, il est très instructif de s'y arrêter, et de l'exami- ner de près : " Les autres cas graves de ma " pratique, nous a dit le Dr. Deléry, n'ont " été que le calque de celui-là." Il nous est donc permis de juger par celui-là, le seul qui soit donné avec détails, des autres dont on parle sans les produire, et à propos des- quels on nous dit : " Les symptômes, la marche, la terminaison, ont été identique- ment ceux delà fièvre jaune" (Dr. Deléry); ou bien encore : " Il me paraît superflu de " donner ici la description de ces deux cas. " Qu'il me suffise de dire qu'ils ont pré- '* sente, dans un ordre régulier, les carac- " tères les plus tranchés du typhus icté- " rode. " (Dr. Sabin-Martin.) Maintenant, Messieurs, savez-vous pour- quoi le Dr. Deléry pense que le fait du jeune P. ne met point ma doctrine en pé- ril ? C'est que, dit-il, il a eu soin d'an- noncer la longue absence qu'avait faite cet enfant. Tout ceci est trop curieux pour n'être pas reproduit textuellement : •' Plus j'y pense, nous a dit le Dr Deléry, " et moins je comprends cette contestation " de diagnostic de la part du Dr Faget. " Lui-même reconnaît quelque part que " l'enfant né en ville peut perdre en s'ab- " sentant le bénéfice de l'acclimatement." En entendant cette assertion, je n'ai pu m'empêcher d'interrompre notre confrère, — 14 — pour lui affirmer que j'ai toujours pensé le contraire et dit le contraire ; et, en effet dans ma brochure, comme dans la lettre à laquelle il répondait, j'ai écrit : " Qu'il 4( n'y a pas d'exemple qu'un seul Créole 41 de la ville ait perdu le privilège de son u immunité, après un nombre quelconque '" d'années d'absence."' Tout autre que le Dr. Deléry se serait sans doute contenté de ces deux preuves écrites et publiées; mais lui, point du tout : par la force du raisonnement et de l'induc- tion, il tient à prouver que j'ai dit quelque part que l'enfant, né et élevé en ville, peut en s'absentant perdre le bénéfice de l'accli- matement ; voici comment il s'y prend : " N'est-ce pas reconnaître implicitement ■' que l'enfant peut perdre le bénéfice de " l'acclimatement, que de prétendre qu'il t' faut qu'il soit né et élevé en ville pour le •'. conserver ? Donc j'avais raison, etc.." Pardon ; n'allon6 pas si vite. Si j'ai pré- tendu quelque chose, quelque part, ce n'est pas qu'il faut être né et élevé en ville pour conserver, mais bien pour acquérir le bénéfice de l'acclimatement. Or, par cette simple substitution du mot conserver au mot acquérir, le Dr. D. arrive brusquement à son : Donc j'avais raison. Ce Donc pré- cipité prouve parfaitement que le quelque part, où j'ai prétendu que les Créoles de la ville peuvent, en s'absentant, perdre leur privilège d'exemption de la fièvre jaune, ne' se trouve que dans la tête du Dr. D., je veux dire dans son imagination, c'est-à-dire nulle part. Puis, sa démonstration achevée, le Dr. D. ajoute : "S'il n'y a pas contradiction ici, " il y a, à coup sûr, une déplorable confu- " sion d'idées"; la confusion des mots ayant amené la confusion des idées, je vous laisse à décider, Messieurs, de quel côté elle se trouve. Mais enfin, le jeune P. est-il décidément mort de la fièvre jaune ? " Je me vois obligé, pour me défendre, ' nous a dit le Dr. Deléry, de remettre sous " vos yeux l'observation tout entière. Mais* " avant de le faire, je dois vous dire que je " fis voir le petit malade à mon ami et con" '' frère le Dr. Alfred Mercier, ayant eu soin " de lui laisser complètement ignorer la " nature de la maladie que j'allais soumet- " tre à son examen. Il n'hésita pas à pro- " noncer que c'était, pour lui, un des cas " de fièvre jaune les mieux caractérisés " qu'il eût vus." Pendant que le Dr D. lisait ce passage de sa Réplique, le Dr. Hegewisch, mon voisin à la séance, se penchait vers moi, et me di- sait : " Moi aussi, j'ai visité plusieurs fois " ce petit malade, et jamais je n'ai vu chez " lui rien qui donnât l'idée de la fièvre "jaune. " Or, tandis que le Dr. Alfred Mercier en était à sa première épidémie de fièvre jaune en 1858, le Dr Hegewisch est un vieux pra- ticien des pays à fièvre jaune ; il a même été long-temps médecin en chef des hôpi- taux militaires de Vera-Cruz. Pour moi, j'ai beau lire et relire encore l'observation, même après les commentaires que vient d'y ajouter notre confrère, je ne réussis pas à y trouver même de la ressem- blance avec la fièvre jaune. Quant aux commentaires eux-mêmes, je ne ferai à leur sujet que quelques remarques qui me paraissent offrir un intérêt pratique. Le Dr. D. a vu chez son petit malade une fièvre continue, avec les symptômes caractéristiques du début de la fièvre iaune. D'abord, il devrait nous apprendre quels sont les symptômes caractéristiques du début de la fièvre jaune, parce que, très probablement, le grand nombre, avec moi, ne les connaît pas ; ensuite, en ne te- nant compte que de ce qui est noté dans l'observation d'une manière incomplète, par rapport au pouls, cette fièvre paraît avoir été exacerbante bien plutôt que continue. 1er jour, 120 pulsations; 2d jour, le pouls n'est pas noté; 3mejour, au matin, 140; — 15 — à midi, 120 ; le soir, 128 ; 4me jour, pouls imperceptible.—A la vérité, pour le Dr. D., Bi les exacerbants existent, elles n'ont cer- tainement aucun rapport avec la fièvre per- nicieuse, et par conséquent les pseudo- continues des auteurs sont de vraies conti- nues. Pour le traitement, le Dr. Deléry reste persuadé que 18 grains de sulfate de qui- nine, en 3 doses, pendant la première nuit, auraient dû être suffisants, s'il avait en affaire â une fièvre pernicieuse ; il néglige de nous rappeler que le second jour, il a remplacé la quinine par le calomel et le jalap (1), et que le troisième jour, il a fait mettre des sangsues. "On pourra m'objec- " ter, dit-il, que je n'ai pas donné le sulfate cl quinine à doses assez élevées, ou que je " n'ai pas assez insisté sur son usage. Ici, '■ j'opposerai simplement mon expérience '■ à celle des autres?' Le Dr. Deléry oublie ici que les fièvres épidémiques de 1853 et de 1858, qui ont si cruellement moissonné les petits enfants de notre ville, étaient pour nous tous, vieux et jeunes, des fièvres nouvelles, contre les- quelles, par conséquent, nous étions tous sans expérience. Or, le grand Sydenham, n'a-t-il pas avoué l'embarras où il était, au début de toute épidémie nouvelle î N'était- ce point, après avoir observé, expérimenté, qu'il reconnaissait le génie de chaque épi- démie, et qu'enfin il marchait d'un pas sûr dans la voie des applications thérapeuti- ques ! Notre confrère, pendant les épidémies de 1853 et de 1858, a-t-il expérimenté un peu largement la médication quinique ? A-t-il souvent donné le sulfate de quinine aux enfants au-dessous de 10 ans, à doses plus fortes que 18 grains, et dès les premières (1) D'après le Dr. Deléry : " Tout purgatif " associé au sulfate de quinine, annihile l'effet " du spécifique. " (p. 280.) Il affirme même que c'est un fait universellement admis heures? En a t-il continué l'emploi? N'en a-t-il pas affaibli l'effet et par des purga- tiona et par des déplétions sanguines? En- core une fois, pendant ces deux épidémies, le Dr. Deléry a-t-il suffisamment expéri- menté la médication quinique ? S'il ne l'a pas fait, de quel droit vient-il nous opposer son expérience ? D'autres, au contraire, se sont livrés à cette expérimentation, et, pour ma part, voici en quels termes j'en rends compte, à la page 54 de ma brochure : Après avoir raconté brièvement un premier cas d'exa- cerbante, chez une petite fille de 8 ans, à laquelle j'avais fait prendre 15 grains de sul- fate de quinine dès les vingt premières heu- aes ; je continue ainsi : " Un autre cas malheureux, au commen- " cément de septembre, peut-être encore " pour ne m'ètre pas assez pressé de dou- " bler me3 doses, au début de la fièvre, 1 m'a enfin décidé à donner le spécifique " à doses élevées, dès les premières heures, " et au plus fort de la réaction fébrile, sana " jamais attendre de rémission. " Dès ce moment-là, non-seulement je " n'ai plus eu de revers réel, même à l'apo- " gée du fléau ' le plus désastreux qu'on " puisse imaginer ; mais en général, la '■ fièvre cédait rapidement, et.dans quelques " cas, était coupée comme par enchante- " ment. Ce dernier point est de la plus " haute importance, comme preuve de l'ac- " tion spécifique du sulfate de quinine pen- " dant notre dernière endémie, et comme " preuve aussi, par conséquent, de la nature " paludéenne de celle-ci; j'aurai soin d'y re- " venir dans mon Résumé. " Je n'ai pas été le seul, bien entendu, à employer la médication quinique, exclu- sive, et à hautes doses, contre l'endémie qui a sévi en 1858 sur nos petits enfants principalement; or, les résultats obtenus par les confrères qui, comme moi, avaient adop- té cette médication, ont été au moins aussi satisfaisants que les miens ; je puis citer — 16 — ceux de MM. Rancé et d'Aquin, parce que j'ai été tenu au courant de leur pratique. Par opposition, le Dr. Alfred Mercier qui, dans ses lettres publiées dès le mois de dé- cembre 1858, représentait l'opinion adverse a écrit l'aveu suivant, très utile à rap- peler : Ceux qui croyaient que les enfants de la ville étaient frappés d'une fièvre palu- déenne , pendant le règne du dernier fléau, disaient : " Nous lui opposons la qui* «' nine, et la règle, c'est qu'elle guérit. Donc ' elle est de nature paludéenne... Leurs ad •* versaires répondaient : Nous la traitons " sans quinine, et elle guérit dans les mit- ■' mes proportions que la fièvre jaune."— (Gazette des Hôpitaux, 4 décembrel858.) Passons maintenant, Messieurs, à d'au- tres objections du Dr. Deléry contre les idées que j'ai soutenues dans ma brochure de 1859; car, sans s'en apercevoir peut-être, c'est à cette brochure que revient sans cesse notre collègue, au lieu de répondre à la lettre qu'il avait à réfuter. Il s'agit présentement de Vexplication que j'ai hasardée au sujet de l'exemption de la fièvre jaune dont jouissent les Créoles de la Nouvelle-Orléans. J'ai fait remarquer, d'une part, que la fièvre jaune n'est pas une maladie de la première enfance, et de l'autre, j'ai dit que je croyais à Vaccli- matement progressif ; voici donc, ai-je ajouté, comment les Créoles de la ville se trouvent exempts de la fièvre jaune : "Pen- " dant leur première enfance ils ne peuvent ■• pas l'avoir, puisque ce n'est pas une ma- •* die de l'enfance, et, quand ils arrivent à '• la puberté, ils ont bénéficié de l'acclima- •• tement progressif, par cela seul qu'ils ont '« passé leurs premières années à la Nou- •« velle-Orléans. " Ici, Messieurs, les réflexions sont venues en foule au Dr. Deléry, et il m'accable d'objections. Si nous avions tous deux les mêmes idées sur Vacclimatation et l'accli- matement, ses objections seraient fondées*, mais il s'en faut que nos idées soient les mêmes sur ce sujet important. D'après le Dr. Deléry : " On ne peut s'acclimater que par un " contact plus ou moins prolongé avec le " principe morbifique?'1 D'après moi : l'acclimatation n'a rien à faire avec les principes morbifiques; elle dépend de l'action lente et progressive des influences climatériques sur l'organisme, et l'acclimatement en est le résultat. Comme il me paraît que c'est cette der- nière manière de voir qui est généralement admise, et que celle du Dr. Deléry est trop étroitement confinée dans la question de la fièvre jaune, ses objections n'ont pas la portée qu'il imagine. Mais c'est là un sujet trop vaste pour être abordé ici. Quand nous arriverons à l'étude de \a fièvre d'ac- climatation^ en dehors de la fièvre jaune, il sera temps d'entamer cette discussion inté- ressante. Du reste, Vacclimatation progressive n'est qu'wwe opinion, et je tiens peu à Vez- plication que j'ai en partie fondée sur elle- Quant à l'autre proposition, sur laquelle j'ai appuyé aussi cette même explication, à savoir que la fièvre jaune n'est pas une maladie de l'enfance, elle me parait déjà plus qu'une opinion : elle me paraît un des résultats les mieux assis de l'observation générale sur la fièvre jaune. Ce n'est pas le lieu de revenir sur les preuves que j'en ai données ailleurs. Le Dr Deléry voudrait pourtant que je fisse beaucoup plus ; il vou- drait que j'en donnasse l'explication. '• Les jeunes enfants ne peuvent avoir la "fièvre jaune! Cela fût-il vrai, dit-il, ï£ '• faudrait chercher la cause d'un phéno- " mène aussi curieux.'1 Et tout de suite il la trouve : " Pour moi, Messieurs, elle n'est $as dans " l'enfant, dit le Dr. Deléry, mais dans les " conditions en quelque sorte forcées de sa " vie hygiénique..... Système alimentaire " calculé sur une échelle de tempérance — 17 — " (expression de Volney), le repos, la non " exposition au soleil, la régularité de la vie..... C'est comme pour les prisonniers : ils n'ont guère la fièvre jaune, ou quelquefois ils l'ont tard, comme en 1858, parce que leur système alimentaire est calculé sur une échelle de tempérance, qu'ils se reposent, ne vont pas au soleil, et mènent une vie régulière !.... Cependant, au sujet des enfants, comme c'est l'opinion opposée que soutient le Dr. Deléry; comme il admet qu'en 1858, sur 400 morts de la fièvre jaune, il y en avait, par semaine, 100 pour les enfants au-dessous de 5 ans, et qu'ainsi les tout jeunes enfants sont frappés par la fièvre jaune, au moins autant que les adultes, il a toute prête l'ex- plication opposée; écoutez plutôt : " Ne trouvez-vous pas, Messieurs, quel- que chose d'étrange, d'excentrique, dans cette proposition : '' Les jeunes enfants ne " peuvent avoir la fièvre jaune. Cette na- " ture si tendre, si délicate, si impressiona- ■' ble, si fragile, sujette à tant d'autres " maladies, comprenez-vous qu'elle puisse '■ impunément rester plongée dans une at- " mosphère empoisonnée, lorsque adultes, " hommes et femmes succombent par cen- " taiues...." Je pense, Messieurs, avoir tenu la pro- messe que je vous ai faite en commençant : j'ai déroulé sous vos yeux la série de sup- positions gratuites, d'inductions téméraires, de contradictions flagrantes, de négligences repréhensibles que s'est permises* le Dr. Deléry. Quand un homme d'un pareil mérite en est réduit à de tels moyens pour défendre sa cause, il faut qu'elle soit bien mauvaise. FIN DE LA CINQUIEME LETTRE. Vlme. LETTRE SUR LA FIEVRE JAUNE, Ou suite de la Deuxième Réponse au Dr. DELÉRY, Lue par le Dr. FAGET, A LA SOCIÉTÉ MÉDICALE DE LA NOUVELLE-ORLÉANS, Dans la Séance du 20 Juillet 1860. Fcw mon, even those of considérable capacity, diatinguish accurately between opinion and fact. (il. Mooke, cité par M. Bretonneau.) Messieurs, Dans cette lettre, nous allons examiner surtout la dernière argumentation du Dr. Deléry, en faveur de la fièvre jaune des campagnes, et de celle des nègres. A propos de l'épidémie de St. Jean-Bap- tiste, en 1853, notre confrère m'accuse d'a- voir voulu me débarrasser de lui, témoin compétent, en ne laissant en présence que les deux médecins résidants de la paroisse ; il a tort; je vais le lui prouver. Quand j'ai dit qu'il n'a fait que traverser le théâ- tre de l'épidémie, j'avoue n'avoir nullement eu l'idée d'une dépêche télégraphique qui traverserait une localité, mais j'ai pensé, et je pense encore qu'un médecin, quelque savoir, quelque expérience qu'on lui ac- corde, ne peut pas, dans une semaine, étu- dier assez à fond une épidémie, recueillir sur les faits des documents suffisants, pour soutenir, après si peu de temps, une opi- nion contestée; car, remarquons-le bien, il ne s'agissait pas ici de se former une opi- nion pour soi-même, mais de la faire par- tager à d'autres, dont quelques-uns en sou- tenaient une opposée. Si encore notre confrère s'était contenté, dans cette rapide semaine, de n'observer qu'un petit nombre de malades! mais point du tout: il nous demie, un praticien soit condamné à faire 400 visites par semaine, c'est quelquefois chose forcée ; mais qu'un observateur, qu se rend dans une contrée pour étudier une maladie, pour élucider une question con- troversée, se hâte de courir toute la jour- née d'un malade à l'autre, et à de grandes distances comme cela est inévitable à la campagne, afin d'en visiter le plus possible dans le moins de temps possible, c'est un faux calcul ; car, c'est risquer de voir les choses très incomplètement, très confusé- ment; c'est s'exposer à ne rapporter avec soi que des notes tout-à-fait insuffisantes. Voilà justement ce qui est arrivé au Dr. Deléry : il a visité 50 à 60 malades par jour, mais il n'a recueilli que deux obser- vations, et, si incomplètes, qu'il est difficile d'en tirer parti. Telles qu'elles sont, je vais pourtant les examiner, puisqu'il y tient; ce sera d'ailleurs lui montrer que je n'ai nulle envie de me débarrasser de lui. Afin qu'on ne m'accuse pas cette fois de disséquer et de tronquer les faits, je vous demande la permission, Messieurs, de re- produire ici, tout au long, ces deux obser- vations ; la chose est matériellement facile ; elles ont le mérite de n'être pas longues. Voici la première : PREMIERE OBSERVATION. raconte qu'il en visitait 50 à 60 par jour! Par oisse St.JeanBapt iste, 6 octobre 1P53.—Joseph , . , , ,-. , .,, . Frai-sky, âgé de sept à huit ans, est tombé malade C est beaucoup trop. Quen temps d epi- hier matin. Douleur à la tête et aux jambes, mai — 20 — Pas nnx lombes ; pouls plein, très fréquent, dur. Langue blanche au milieu, ronge aux bords. Pas de .iausées : respiration suspirieuse ; peau chaude ; cha- ieur âcre,mordicante, malgré la transpiration. Ven- tre libre.—0 au soir.—Hume état. Prescription : Lavement purgatif; api es quoi, 15 giainsde sulfate de quinine, mêlés avec quelques grain^ de calomel. Le 7 au matin : Même état ; quelques évacuations ont eu lieu. . Neuf heures du soir : Figure très colorée : peau Bêche ; chaleur mordicante ; pouls à 142 ; respiration sus-pirieuse se répétant fréquemment ; gencives sai- gnantes, sillonées à leur partie supérieure d'un liséré blanc, sorte de sécrétion crémeuse. Le 8, à 8 heures du matin : Pouls à 160, petit, très dépressible ; agitation extrême, figure présentant l'expression de la frayeur; mouvements désord in- nés ; respiration fortement suspirieuse ; gencives rou- ges, boursouflées, recouvertes de,pseudo-membranes extrêmement épaisses et se détachàiit avec une grande facilité; peau sèche, chaleur acre, mordicante ; cé- phalalgie ; miction difficile ; selles copieuses, involon- taires ; vomissements bilieux ; surdité. Sept heures du soir : Pouls à, hVj, très faible. In- sensibilité presque complète ; état voisin du coma. Le petit malade ne répond plus. Pai de vomisse- ment ; plusieurs évacuations noires. Le 9 octobre : L'enfant est mort à minuit, rendant des seDes que la garde-malade compare à du gou- dron. Ce qui frappe tcut d'abord dans cette observation c'est sa ressemblance avec celle du petit Poirier : même début, mêmes symptômes, même marche du mouvement fébrile, même traitement, môme terminai- son rapide. Arrêtons-nous seulement a la marche du mouvement fébrile. . lo. Chez le petit garçon de St. Jean- Baptiste, le 2d jour, le pouls est plein, fré- quent et dur ; le Sème jour, au matin, même état, et le soir le pouls monte à 142 pulsations ; le Aème jour, au matin, le pouls est à 160, et le soir à 168; le cin- quième jour l'enfant est mort. 2o. Chez le petit Poirier, le 1er jour, le pouls est à 120 ; le 2d jour le nombre des pulsations n'est pas noté; le Sème jour le pouls est à 140 le matin, à 120 à midi, et à 128 le soir; le 4ème jour il est imper* ceptible, et l'enfant meurt à midi. Certes, voilà deux beaux exemples de fièvres exacerbantes à mouvement fébrile ascendant. Passons à la seconde et dernière obser- vation de St. Jean-Piaptiste : DEUXIEME OBSERVATION. Le fi octobre 1853 : Mme Aimé, âgée d'environ 30 ans, est tombée malade ce matin. Frissons iné^u- licrs, revenant aux în.iindre^ raouvtnieiiU. C'énhahl- gie ; douleurs lombaires, qu'elle dit être diflférentes de celles qu'elle éprouve dans les accès de fièvre in- termittente, à laquelle elle est sujette. Pouls fré- quent, peu élevé; peau chaude, moite ; respiration suspirieuse. La malade est inquiète sur son état. Veux injectés ; vi.sige peu coloré. Mme A. a pris une médecine de magnésie qui lui donne des nausées, et qui a pmvoqué toutefois trois évacuations bilieuses. La langue est blanche au milieu et rouge aux bords.. Le 7 au matin : Trois évacuations nocturnes pro- voquées par un lavement ; deux ou trois vomisse- ments après avoir bu du thé. Peau un peu moins chaude ; pouls le même ; respiration toujours suspi- rieuse. La céphalalgie et les douleurs lombaires ont disparu. Le 7, au soir : Peau chaude et sèche ; pouls à 120 ; langue saburrale au milieu, rouge aux bords et à la pointe. Gencives rouges, gonflées, comme scorbuti- ques ; matière crémeuse très abondante sur les gen- cives. Le 8, à sept heures du matin: Pouls à 120, plus petit qu'hier ; grande agitation ; respiration toujours suspirieuse. Teinte ictérique très prononcée de la face ; yeux injectés ; regard farouche ; surdité mani- feste ; paroles entrecoupées. La malade a eu des vo- missements bilieux. Sensibilité épigastrique très grande ; peau sèche et chaleur mordicante ; miction difficile et rare. Le 8, à 6 heures dit soir : Pouls à 112. petit ; peau fraîche sans moiteur ; les gencives sont gonflées, comme sur le point de saigner ; la langue est légère- ment humide ; respiration suspirieuse très fréquente. Regard effrayé et scrutateur ; plus de céphalalgie ni de douleurs lombaires. La malade a transpiré dans lu journée ; n'a pas dormi. Suppression des urines. Mme A. se plaint de £-az dans l'estomac ; elle est très ajitéc ; elle a vomi un peu de sang. Sa sœur lui a fait prendre un lavement purgatif qui a déterminé : plusieurs évacuations. | Le 9, à 6 heures du matin: Insomnie pendant la ■nuit; tendanee au refroidissement. Pouls fréquent, petit, et très dépressible ; hémorrhagie des gencives ; respiration toujours suspirieuse ; surdité moindre ; I même expre-siou du regard ; voix éteinte ; envies de i vomir ; plusieurs évacuations nocturnes. Légère hé- I morrhagie vnlvaire. L'agitation est extrême. ! Cinq heures du soir : Peau fraîche ; pouls presque 1 imperceptible ; pyrosis ; nausées moins fréquentes ; phénomènes de diplopie ; suppression des urines ; teinte ictérique très prononcée. Le 10 : La malade est morte dans la nuit, en vo- | missant noir. S'il suffit de vomir noir, de devenir jaune et d'avoir d'autres hémorrhagies passives, 1 pour avoir la fièvre jaune, cette dame a eu la fièvre jaune. Mais si, ne nous conten- tant point de ces hémorrhagies diverses, comme signes décisifs du typhus ictérode, | nous cherchons à démêler un peu ici la marche du mouvement fébrile, dans le3 quelques indications incomplètes qui sont données sur le pouls, nous voyons que, le Sème jour, le pouls était encore a 120; or, c'est déjà là quelque chose d'excessivement exceptionnel dans la fièvre jaune que 120 pulsations le 3ème jour; de plus, ce 3ème jour, le pouls était plus petit; la veille, la - 21 peau était chaude et sèche le soir ; le ma- tin de ce second jour, la peau était moins chaude; ces renseignements trop vagues font soupçonner pourtant des rémissions et des exacerbâtions, qui auraient pu être constatées, si la suite des symptômes avait été notée plus souvent et plus exactement qu'elle ne l'a été ; et alors, la marche pseudo continue de cette fièvre eût été clairement dévoilée. J'ajoute que "parti de la vdle, sous " Vempire de cette présomption, que ce '« tait la fièvre pernicieuse plutôt que " la fièvre jaune qui régnait à St. Jean- ■' Baptiste, en 1853, (page 120), il est vraiment étonnant que le Dr. Deléry n'ait pas donné un seul grain de sulfate de qui nine à cette malade, d'ailleurs sujette à la fièvre intermittente ; car cette malade n'en a pas pris du tout, bien que sou mé- decin en donnât très libéralement à la Nou- velle-Orléans, peu de temps auparavant, dans les cas de fièvre jaune les plus incon- testables. Kn supposant que le Dr. De- léry ait quitté St. Jean-Baptiste, le jour de la mort de cette dame, dont la maladie a été de 4 à 5 jours, on voit que la pré- somption qu'il avait emportée de ta ville en faveur de la fièvre pernicieuse des campagnes, n'avait pas duré longtemps, puisque d'ailleurs son séjour sur le théâtre de l'épidémie n'a été que d'une semaine. Ce n'est pas tout. Les deux observa- tions que je viens de rapporter sont sui- vies, dans le Précis Historique, de trois autres, prises en ville, pendant la même épidémie de 1853 / or, le Dr. Deléry les trouve identiques, sous tous les rapports, à celle de St. Jean-Baptiste. Voyons un peu si cette identité est bien réelle- Je n'ai besoin, cette fois, que de quelques extraits de ces trois observations, dont je ne con- teste d'ailleurs nullement le diagnostic ; je me contenterai doue de noter ce qui a trait aux indications du pouls, et à l'administra- tion de la quinine. Ierk observation.—Mr. Dallié.—Le 1er jour le pouls donne 120 pulsations; le 2d jour il ne donne pus que 96. "Voyant '• le pouls, à 90, le Dr. Deléry prescrit 24 " grains de sulfate de quinine, en 3 doses." Le 3ème jour, le pouls donne le matin 90, à midi 88, le soir 84 ; donc, en moyenne, le 3èuie jour 88 ; on administre un quart de lavement avec un gros d'extrait de quinquina et 15 grains de sulfate de qui- nine. Le 4èine jour, le pouls donne en- core 88 pulsations ; il y a des vomisse- ments couleur chocolat ; on donne le même quart de lavement que la veille. Le 5èrae jour, le pouls n'est qu'à 80, misérable, et le 6ème le malade meurt ! 2mk observation.— Un Allemand.— Le 1er jour le pouls donne 120 pulsations ; le 2d jour il est tombé à 100 ; le 3ème jour (même état) ; le 4ème le malade meurt. 3me observation.— Une Allemande de quinze ans.—Le 1er jour 120 pulsa- tions; le 2d, 100; à midi, peau moins chaude, 6 pilules de sulfate de quinine ; le 3ème jour, 96 pulsations ; le 4ème, peau fr: îche.—Guérison. Après avoir ainsi donné ses cinq obser- vations de 1853, les deux de St. Jean-Bap- tiste et les trois de la ville, dont je viens d'extraire ce qui a rapport au pouls, le Dr. Deléry continue ainsi : " Il me paraît difficile de nier l'identité " des deux maladies que je viens de corn- " parer et qui ont régné simultanément à " la ville et à la paroisse St. Jean-Baptiste " en 1853. Au lieu de deux malades " qu'on s'en figure une centaine échelon- '' nés le long des deux rives du fleuve.... " offrant identiquement les mêmes symp- '• tomes, et qu'on me dise si un médecin, " quelque peu expérimenté, étant d'ail- " leurs sur ses gardes, a pu méconnaître la " nature de l'affreuse épidémie qui a dé« " cime la paroisse de St. Jean-Baptiste, en " 1853!" -- 22 — Je pense que les symptômes fournis par l'exploration du pouls ont quelque impor- tance quand il s'agit d'identifier ou de différencier entre elles des fie crcs; afin de mieux parler aux sens, je vais présenter, sous forme de tableaux, le-* résultats fournis par l'examen du pouls, dans les six obser- vations qui viennent de repasser rapide- ment sous nos yeux ; la vraie comparaison de ces observations sera ainsi plus facile : 1ère OBSERVATION DE ST-JEAN-BAPTISiE, 1er jour, pouls...... 2d " plein, fréquent, dur. 3me " pouls, 142. 4me " " lf'O le ma- tin et 10s le soir 2l)K OBSERVATION DE ST-JEAN-liAFTISTE. 1er jour, pouis fréquent. 2d " " 120. lime " 4me '■ 120. fréquent. OBSERVATION D'J. JEUNE POIRIER, 1*V>S. 1er jour, pouls.........120. 2d " '" ..........fréquent. 3me " " .........140 le matin. 120 à midi. 128 le soir. 4me jour, pouls imperceptible. OBSERVATIONS DE FIEVRE JAUNE RECUEILLIES EN VILLE I*AR LE DR. DELERY, EN 1853. 1ERE ] 2DE 1 3ëME OBSERVATION. |oB3ERVATIONT. OBSERVATION. 1er jour pouls 120 1er jour pouls 120lier jr pouls 120 2d " " i)6 2d ,; " lOO'id " " 100 3me " " Sx 3iuc " même état.|3e " " yg 4me " " 88 4ine " " " 4e " apyrexie. 5me " " 80i | Si le Dr. Deh'ry veut bien examiner un peu attentivement ces tableaux, qui sont tirés de ses propres observations, il com- prendra peut-être mieux ce que j'ai voulu dire quand j'ai parlé de la chute du pouls, pour différencier la fièvre jaune, de la fiè- vre paludéenne; car, il faut qu'il ne m'ait pas compris, pour avoir écrit le passage suivant : " Mon confrère, pour établir un diag- " nostic différentiel entre la fièvre jaune et "la fièvie palud enne catarrhale, a invo " que, d'une part, la chute du pouls, et " de l'autre le vomissement de matière ca- " tarrhale. Relativement à la chute du "pouls, je lui ai cité, sur l'autorité du «< Dr. Sabin Martin, des exemples con- " tradictoircs auxquels je renvoie le lec- " leur." J'ai beau chercher ces exemples contra- dictoires, cités sur l'autorité du Dr. S. Martin, je ne trouve que la petite note que voici, au bas do la 1ère page, de la 1ère Dissertation du Dr. Deléry : " Le Dr. Sabin Martin a constaté, dans " dei x cas, la chute du pouls a 50 et " même à 48, pendant la convalescence." Il s'agit ici de deux cas de la fièvre jaune avortée deJ.859 ! Et c'est là ce que le Dr. Deléry appelle des exemples contra- dictoires, auxquels il renvoie le lecteur ? La, chute du pouls au-dessous de 50, et pendant la convalescence, voilà donc ce que ces Messieurs ont compris que je donnais comme signe différentiel de la fiè- vre jaune et des fièvres paludéennes ! En vérité, ils y mettent de la mauvaise vo- lonté ; je me vois forcé, ici encore, de re. produire mon texte même : "....Je pense être arrivé, au moins " pour le diagnostic différentiel de la fièvre '■ jaune et de nos fièvres des campagnes, " à un fait général de quelque impor- " tance ; je veux parler de la décroissance '* régulière du pouls, du premier ou se- " cond, au quatrième ou cinquième jour, " dans la vraie fièvre jaune, au moins de " la Nouvelle-Orléans, décroissance régu- " Hère et rapide du pouls, qui est telle, " d'après un relevé de près d'uNE centaine " d'observations déjà, qu'on reconnaîtra ''peut-être quet c'est là le véritable carac- " tère de cette fièvre. Je ne sache pas, en '' effet, qu'il existe une autre maladie ai- " gl,ë- grave, dont la réaction fébrile (aban- " donnée à elle-même,) tombe de si bonne " heure, si rapidement, et avec une telle " régularité." (Page 84). Les trois observations recueillies en ville par le Dr. Delévy, pendant l'épidémie de 1853, viennent ajouter trois unités en con- formité parfaite avec les cent dont je viens de parler ici, et dont j'espère pouvoir, avant — 23 — long-temps, vous présenter le tableau com- plet. Si notre confrère avait bien voulu tenir compte de ce caractère différentiel, tel que je l'ai décrit, et non tel qu'il l'a ima- giné, et s'il avait comparé un peu plus sé- vèrement ses observations de la campagne avec celles de la ville, il n'aurait pas écrit, dans sa dernière lettre encore, le petit pa- ragraphe suivant : " Pour en finir avec l'épidémie de Saint " Jean-Baptiste, en 1853, je dirai : qu'elle •' ne m'a offert aucune différence quelcon- " que avec celie que je venais d'observer " à la Nouvelle-Orléans, à la même époque, ■' ni sous le rapport de la symptomatolo- " gie, ni sous le point de vue de la gravité " et de la thérapeutique. Comme opinion, le Dr. Deléry conti- nuera sans doute à soutenir cette asser- tion ; mais en fait, c'est le contraire qui est vrai. Sous le rapport de la symptomatolo gie il y a eu opposition dans la marche du mouvement fébrile, entre la fièvre de la campagne et celle de la ville, A St. Jean- Baptiste, dans la 1ère observation, la mar- che du pouls est exacerbante ou ascen- dante, dans la 2ème, elle est rémittente ou pseudo-continue; en ville, dans les trois observations, elle est descendante ré* gulière, comme dans tous les cas de fiè- vre jaune, à de très rares exceptions près, Sous le rapport thérapeutique, les épreuves ont été différentes aussi : l'enfant à la fiè- vre exacerbante n'a pris, le second jour, que 15 grains de sulfate de quinine avec du calomel, et rien de plus ; la dame, su- jette à la fièvre intermittente, n'en a point pris du tout; en ville, au contraire, le pre- mier malade en a pris trois jours de suite, et le sujet de la 3ème observation en a pris 6 pilules en 3 fois, au déclin de la chaleur de la peau.... Il n'y a donc que sous le rapport de la gravité que la diffé- rence n'est pas grande : les deux malades de St. Jean-Baptiste sont morts, et, sur les [ 3 de la vil!e, une Allemande de 15 ans, ! seule en a réchappé. Few men, even those of considérable ca- I pacity, distinguish accurately between opi- t nion and fact. Je pense que nous pouvons quitter la paroisse St. Jean-Baptiste, et avec le Dr. Deléry, je l'espère du inoins, la quitter dé- finitivement ; passons à la Baie St-Louis. Dans un mémoire du Dr. Dufour, cité par le Dr. Deléry, on lit le passage sui- vant : " En 1820, l'épidémie fut générale. La " population qui se rendit à la Baie Saint- " Louis fut très nombreuse. La fièvre y "fut importée. Il en mourut plusieurs " personnes, même de celles qui habi- *' taient la localité depuis long-temps." Remarquez, Messieurs, que tout ceci est dit naturellement, sans commentaire, sans surprise... .et cependant c'était un fait excessivement nouveau, puisque nous avons lu, dans le Mémoire de la Société Médicale de Vannée prêcêdenee, année 1819 : " Ja- mais les campagnes n'en ont été at- teintes." "Qu'est-ce que cela prouve, ajoute le " Dr. Deléry Ml y a un commencement " à tout." Ce commencement paraît cependant avoir été très lent et bien interrompu, car, malgré les épouvantables épidémies dé fièvre jaune qui ont éprouvé la Nou- velle-Orléans de 1820 à 1839, et qui ont dû offrir aux campagnes bien des occasions d'importation, le souvenir même de l'épi- démie de fièvre jaune de la Baie St. Louis en 1820 s'était perdu dans le corps médi- cal. Voici en effet ce qu'on lit à la page 159 du Mémoire de 1839 : " Chose inouïe jusqu'alors, à mesure " que l'épidémie paraissait perdre de sa " force en ville, on était informé que de '' tous côtés elle se répandait dans les cam- " pagnes." " On m'objectera, je m'y attends, dit le — 24 — ■' Dr. Deléry, que cette épidémie rurale de " 1820, de même que celle de 1853, n'é- '* tait autre chose qu'une fièvre pernicieuse " larvée, ou pseudo-continue. A cette ob- " jection je n'ai qu'une réponse : la preuve " s'il vous plaît ! " Vous avez essayé de donner la preuve que la fièvre de St. Jean-Baptiste, en 1853, était la fièvre jaune, et cette preuve je l'ai combattue ; de mon côté, j'ai essayé aussi de donner la preuve que la fièvre de la Baie St. Louis, en 1853, comme celle des environs de la Nouvelle-Orléans, était une fièvre ma- ligne ou pernicieuse, de nature palu- déenne ; pourquoi, au lieu de combattre mon argumentation, feignez vous ou de l'ignorer, ou de la dédaigner? Elle est exposée dans ma brochure, à partir de la page 8*7 ; il est impossible que vous ne l'ayez pas lue, puisque vous avez su y dé- couvrir mes deux insuccès à la campagne, en 1853. Si cette argumentation n'est pas décisive pour vous, elle l'est pour d'autres, et mérite par conséquent d'être discutée. Je devrais peut-être la reproduire ici ; mais je suis par vous si souvent obligé de me citer moi-même, que j'en suis fatigué ; au lieu donc de prendre la peine de reco- pier les pages que je viens de vous indiquer, j'aime mieux vous laisser parler à ma place; car tout ce que vous avez dit en faveur de l'épidémie de St. Jean Baptiste, je puis le répéter en faveur de celle de la Baie. Reli- sez, en effet, vos raisons les plus entraînan- tes, en faveur de V épidémie de fièvre jaune de St. Jean-Baptiste, et voyez s'il ne m'est pas permis de les reproduire en faveur de l'endémie paludéenne de la Baie St. Louis : " J'en puis parler avec quelque assu- '' rance, parce que je l'ai vue... Lorsque je '' suis arrivé, l'épidémie était en plein âge " viril ; il n'était plus permis de se mé •* prendre sur son compte... J'ai donc eu " l'occasion de voir la maladie à toutes ses " périodes... Je pose maintenant la question " à tous les membres présents à cette " séance, et à tous les médecins qui me " feront l'honneur de lire ce mémoire : Est- " il possible qu'un médecin d'un peu d'ins- ■' miction, quelque peu expérimenté qu'on " le suppose d'ailleurs, puisse, dans les cir- ■' constances où je me trouvais placé à '• l'époque, se méprendre aussi grossière- ,w ment sur la nature d'une épidémie, après " huit jours d'étude et d'examen ? " La seule différence, c'est qu'au lieu de 8 jours, je suis resté plus de deux semaines à la Baie, et qu'au lieu de 50 à 60 malades par jour, je n'en ai vu qu'une quarantaine en tout. Poursuivons. Le Dr Deléry avait avancé que le typhus ictérode n'éclate dans les campagnes que les années où il règne en ville. " A ce sujet, il prétend que j'ai dit, " qu'il n'y a point eu d'épidémie de 1854 " à 1858." C'est une erreur : A ce sujet, je n'ai parlé que de deux années, 1844 et 1855, parce que l'épidémie de Woodville est de 1844, et, qu'en 1855, le Dr. Forti- neau croit avoir vu 70 cas de fièvre jaune à St. Jean-Baptiste. Le Dr. D. ne fait au- cune observation sur l'année 1844, mais il pense que je lui saurai gré de me prouver qu'en 1855 il y a eu une épidémie de fièvre jaune à la Nouvelle-Orléans. C'est très-bien; mais il a tort de me faire dire ici ce que j'ai dit ailleurs; ces transpositions de tex- tes ont toutes sortes d'inconvénients ; on ne devrait pas se les permettre. Pour en finir avec ces épidémies, que quelques-uns admettent avec une si grande facilité, et que d'autres sont si difficiles à reconnaître, je n'ai qu'une remarque à faire: même le chiffre officiel de 2670 décès pour l'année 1855, ne me suffit, pas pour établir une épidémie de vraie fièvre jaune, parce qu'il reste à prouver que ces milliers de décès appartiennent réellement à la fièvre jaune. Veuillez vous placer à notre point de vue : là, il est clair que chaque année, — 25 — et surtout les années où l'épidémie n'est " pas évidente aux yeux de tous, comme en 1857 et 1859, pour ne rien dire de 1855 et 1856, on met sur le compte do la fièvre jaune, à la Nouvelle-Orléans, beaucoup de morts dont elle est parfaitement inno- cente ; or, c'est justement cette erreur de diagnostic qui fait le fond de notre discus- sion. Pour votre thèse, il vous est sans doute très commode de ne pas l'admettre, et d'accepter sur parole tous les certificats, mais, en vérité, n'est-ce point là prendre pour démontré ce qui est à démontrer ? Dès lors tous vos raisonnements, et tous vos chiffres sur les épidémies, pèchent par la base. Mais il n'y a point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. J'ai dit qu'il y a de fortes raisons de penser que M. N. Fortin, mort de la fièvre jaune, à deux milles de la ville, l'y avait prise. "De grâce, " me répliquez-vous, quelles sont donc ces '* fortes raisons ? Vous n'en mentionnez " aucune." Je vais donc vous répéter ce que vous paraÎFsez n'avoir pas lu, page 212 : ■' M " N. Fortin habitait depuis douze an.s les "environs de la ville; n'y avait-il pas ''quelques affaires?'—Dans la seconde 11 moitié de novonbre, n'a-t-il pas cru pou- '• voir s'y aventurer sans trop de danger?— " Ce qui est certain, c'est qu'on lit à la " Pa»e 1 'l N DuUTK, à propos de " ces questions, pour que ce fait perde toute " sa valeur comme exemple de fièvre " jaune des campagnes." Continuons. " J'avais constaté dans ma u Dissertation, dites-vous, que la médication " qui avait fait des prodiges entre les mains '' du Dr. Allain, était précisément la même " que le Dr. Faget accusait de deux insuc- " ces en 1853." A cette allégation erronée, j'ai apposé les faits, page 214 : " Le Dr. AllaiD, ai-je " dit au Dr. Deléry, a donné le spécifique '' dès le début, et l'a continué sans inter- " ruption, pendant plusieurs jours; au " contraire, dans les deux cas malheureux " auxquels vous avez fait allusion, ily a eu " au début du temps perdu ; on a purgé, " on a même tiré du sang dans un des '' deux cas ; l'administration de la qui- '' nine a été interrompue, etc. Ne sont-ce " point là des différences importantes entre '' les deux médications ? Pour toute réplique, le Dr. Deléry répète imperturbablement son allégation inexacte, avec la petite variante que vous avez pu remarquer, et il continue tranquillement, comme s'il ne m'avait pas entendu : ''Cette " médication consiste, vous le savez, dans '■ l'administration du sulfate de quinine, as- " socié à un éméto-cathartique, etc." Or, aucun de mes malades n'a pris d'é- wzéro-cathartique, etc. Je vous demande pardon, Messieurs, de retenir si long-temps votre attention sur ces misères ; mon but est de faire ressortir ici la manière du Dr. Deléry dans sa Répli- que. C'est peut-être la seule qu'il puisse avoir, dans cette polémique; mais, à coup sûr, s'il en est ainsi, elle rendra de plus en plus impossible, entre nous, toute discussion sérieuse et instructive. N'est-il pas évident, en outre, qu'une discussion menée de la sorte n'.i pas d'issue, n'a pas de fin possible? Dans les paragraphes suivants, M. Deléry fait de lVs-rit; il en emprunte même à Voltaire. Tout cela ne mérite pas qu'on s'y arrête. Pussons à un autre sujet. Notre confrère n'entend pas comme tout le monde le mot paludéen : pour lui, palu- déen est à pernicieux ce que nain est à uêunt...., ou, si vous l'aimez mieux, ce que grenouille est à bœuf. Aussi, avec ce mot-là, iî déclare que •' l'argumentation échappe " en quelque sorte à la critique, par son <• élasticité." Pour lui donc,fièvre pain- ■M — déenne veut dire fièvre légère, ci fièvre pernicieuse signifie fièvre grave : <( Quoi ! '* s'écrie-t-il, cette fièvre continue, avec "jaunisse, vomissement noir, suppression " des urines, hémorrhagies passives, etc., '• n'a été qu'une fièvre paludéenne!" Hé ! pourquoi pas? Même sous des couleurs aussi chargées, pourquoi pas ? Afin de diminuer l'étonnement de notre confrère, qu'il me permette de lui rappeler encore une fois le fait cité dans son opus- cule sur la fièvre pernicieuse, et que j'ai reproduit tout entier, dans ma précédente lettre, parce qu'il est très instructif; je veux parler de ce fait, de soldats anglais, qui, échelonnés sur la pente d'une montagne dont les pieds baignaient dans des marais, (palus paludis), prenaient des fièvres très différentes en gravité, suivant la distance qui les séparait des marais : ceux qui étaient à une grande hauteur, n'eurent que des fièvres insignifiantes ; ceux qui étaient à 300 pieds au-dessus des marais eurent des fièvres rémittentes', enfin, pour ceux qui montaient la garde la nuit, dans les marais mêmes, pour ceux enfin dont la fièvre devait être nécessairement le plus paludéenne, la gravité en était portée à ce point, qu'ils mouraient dans le délire, en moins de 30 heures, la peau jaune, et après des vomissements noirs. Ces fièvres pernicieuseslh ( d'origine très-marécageuse assurément, et pour le Dr fièvre continue, avec jaunisse, vomisse- ment noir, suppression des -urines, hémor- rhagies passives, etc.. Non ; voici son texte : '* La mortalité a '' toujours été insignifiante parmi les nè- " grès. En 1853, elle était de 1 sur 61 ; '' cependant, dans le nombre des nègres que " j'ai traités alors, à savoir 122, il y en '• avait d'arrivés à une période avancée de " la maladiç, jusqu'au vomissement noir et '■ aux hémorrhagies passives." Je puis assurer au docteur Romer, sans y mettre de politesse, que cette statistique ne m'a pas gêné du tout. Seulement, j'aurais mieux aimé un chiffre au lieu de il y en avait; et voici pourquoi : A la Nouvelle- Orléans, le vomissement noir, chez le nè- gre, doit être très rare, puisque, à l'une de nos séances, les Drs. Daret et Lewis, dont les années de pratique réunies équivalent à un demi-siècle, déclaraient qu'ils ne l'avaient vu qu'une fois chacun. A cette même séance, le Dr. Deléry, interrogé par moi, a répondu que pendant la semaine qu'il a passée à St. Jean-Baptiste, il a vu souvent des pègres vomir noir. Y aurait-il, à l'égard de ce symptôme, même pour les nègres, une différence entre la ville et la campagne? J'aurais donc voulu savoir, au juste, sur les 122 nègres, dont 2 sont morts, combien ont vomi noir? Sous le rapport du pro- nostic, je commence à croire que le vomis- sement noir, dans les fièvres de nos en- De.léry lui même, puisqu'il les cite afin défauts de la ville, a aussi peu de gravité, prouver que la fièvre pernicieuse peutUw'^ en a une excessive dans la vraie prendre sa source dans les marais), ayant]fièvre jaune. Peut-on en dire autant du été très graves, les plus graves même qu'on puisse imaginer, et avec jaunisse et vomissement noir, ne seraient donc plus pour lui des fièvres paludéennes ? J'ajoute que, n ême sans quinine, de pa- reilles fièvres sont très meurtrières. Aussi ne faudrait-il pas croire que le Dr. Romer ait vouLi dire que les 122 nègres, sur les quels il en a sauvé 120, aient tous présenté le tableau tracé par U Dr. Deléry : une vomissement noir chez les nègres de la campagne? Ce n'est que par des chiffres exacts, que nous pourrons être éclairés sur toutes ces questions. Déjà, à propos de ses 70 cas de 1855, nous avons entendu le Dr. Fortineau nous dire : "Beaucoup vomirent " noir, six seulement succombèrent. " A la vérité, nous ne savons pas ici dans quelle proportion les nègres se sont montrés sur les 70 malades du Dr. Fortineau. 27 Pour en revenir au Dr. Deléry, il faut avouer qu'il jouit d'un merveilleux talent pour embrouiller les choses. J'avais espéré qu'il ne mêlerait plus ce qui regarde la fièvre des enfants de la ville, avec ce qui appartient à celle des campagnes ; vain es- poir ! Nous voilà de nouveau en plein dans la fièvre des enfants de la ville, et cela au beau milieu d'une argumentation en fa- veur de la fièvre des campagnes!... Il a soin de n'en pas avertir, bien entendu. Tant pis pour les lecteurs peu attentifs, ou peu au courant de la question, pourra t-il dire. Point du tout; c'est pour moi que c'est tant pis; car, les passages que vous allez citer, ayant été écrits au sujet de la fièvre des enfants de la ville, et paraissant ici au mi. lieu d'une discussion sur les fièvres- des campagnes, il va nécessairement en résulter de la confusion ; et je laisse à décider de qui cette confusion fait le compte, en sup- posant qu'elle ait été amenée par inatten- tion. J'en suis fâché, Messieurs, mais, après la série d'amphigouris que vous pouvez lire aux pages 281 et 282, nous avons besoin de retourner en arrière, pour ramener un peu d'ordre dans c<"> désordre; pour comprendre ici quelque chose, il nous fmt absolument, bon gré, mal gré, revenir à la première Dissertation du Dr. Deléry. Dans cette Dissertation, il affirmait, mais c'était une simple affir.r-ation, sans l'ombre d'une preuve, il affirmait que la vraie fièvre jaune et la fièvre êjndêmique des Créoles de la ville étaient identiques, sous tous les rapports possibles; la question était décidée. U avait pourtant lu, alors, le travail dans lequel je crois avoir montré qu'elles diffèrent profondément, et par les symptômes, et par la m arche, et par la terminaison, soit en bien, soit en mal, etc.....Mais, il n'avait pas jugé à propos de s'arrêter aux pages de ma brochure où je traite de ces choses.... Faisant pourtant une exception en faveur du paragraphe où j'é- tudie comparativement les lésions anato- miques des deux fièvres, il disait : Notre confrère a bien remarqué quelques légères différences, comme celle ci, par exemple : l'arbre de la veine-porte était gorgé de sang dans la fièvre jaune, tandis que les tuniques intestinales étaient exsangues dans les cadavres des enfants, mais.... "au '' dire des médecins qui ont fait le plus " d'autopsies, les lésions pathologiques va- " rient tant dans la fièvre jaune, qu'il n'est " guère permis d'en tirer des conclusions "' rigoureuses." Fuis, il terminait cette revue des altérations anatomiques par la phrase suivante : '• Quant à cette hypersécrétion muqueuse '' qui a si vivement frappé mon estimable '' confrère, elle existe dans beaucoup de cas '' de fièvre jaune non équivoques, et on la " trouve FRÉQUEMMENT SIGNALÉE DANS LES '■ rapports de l'ancienne Société Médicale " sur les épidémies de 1817 et de 1819." Pour bien mettre encore une fois à nu la manière du Dr. Deléry, dans cette Ré- p'ique, permettez-moi, Messieurs, de repro- duire ici le passage de ma brochure où notre confrère n'a vîi que cette hypersécrétion muqueuse, fréquemment signalée, d'a- près lui, dans les rapports de nos anciens médecins, sur les épidémies de 1817 et de 1819. '' Dans ces cinq cadavres, ce qui m'a le " plus vivement frappé, c'est l'état des " cryptes mucipares dans toute l'étendue " du tube digestif: la où l'on n'en dé- " COUVRE PAS A L'ÉTAT NORMAL, IL Y EN " AVAIT EN FOULE, SOUS FORME d'ÉRUP- " tion confluente, en particulier sur cer- " tains points de l'estomac et du duodé- " num." " La quantité de mucus qu'avaient " sécrétée ces cryptes ou follicules hyper- " trophiés était etonxante : sur quelques ■' portions de la muqueuse gastrique, ce " mucus était .étendu en couche concrète, " de telle sorte, qu'après l'avoir raclé dou- — 28 — " cernent avec le dos du scalpel, je croyais' " avoir emporté la muqueuse elle-même; il "n'en était rien; en continuant encore, "j'enlevais de nouveau du mucus, au-des- " sous duquel enfin je trouvais la muqueuse, '■ souvent avec sa consistance normale. " (Page 47.) En lisant dans la Dissertation du Dr. De- léry qu'une pareille hypersécrétion mu- queuse, et probablement avec une hyper- trophie des follicules muqueux, simuiant une éruption confluente, était fréquemment signalée dans les rapports de notre an- cienne Société pour les années 1817 et 1819, je me suis empressé de chercher les passages de ces rapports, auxquels il faisait allusion, étonné de ne les avoir pas remar qués, dans mes précédentes lectures. Or, Messieurs, d.ins les Mémoires de 1819, il n'est nulle part question de re- cherches cadavériques, et dans celui de 1817, voici tout ce qu'il y a, en fait d'hy. persécrétion muqueuse et d'éruption con fluente des follicules muqueux : — " Sur " un homme de 28 ans, MM. Martin et " Willon ont rencontré dans l'intérieur de " l'estomac un liquide noirâtre et semblable " à du marc de cdo ; la membrane mu- " queuse de ce viscère et celle du çommen- -« cernent du duodénum était parsemée " de tachks d'un rouge foncé ; le reste " du canal aliynentaire avait conservé " son intégrité...'' •'La seconde ouverture cadavérique a eu " lieu sur un homme de 32 ans...; l'estomac " contenait un liquide jaunâtre, mêlé de " flocons brunâtres; sa membrane interne ■' et celle du duodénum était couverte " de taches gangreneuses ; le reste du " canal ali.mentu.irc sans lésion appa " rente." N'ayant pu trouver que cela, j'ai dû de- mander au Dr. Deléry de m'indiquer les pages des Mémoires de 1817 et de 1819 où se trouve fréquemment signalée l'hyper- sécrétion muqueuse, avec éruption con- fluente des follicules, qui m'a si vivement frappé dans mes autopsies de l'Asile. Vous savez ce qu'il a fait : les rapports ne disant rien, même de cette hypersécré- tion muqueuse, il s'est mis à parcourir les observations particulières, et dans six, je crois, il a trouvé qu'on a signalé, dans les matières vomies,.... quoi? Quelques glaires! " A la page 25 : Un malade ayant pris *' de l'ipécacuanha, a vomi des matières " bilieuses et glaireuses.... '' —A la page 39, au 3me jour, un ma- " lade vomit des matières blanchâtres, " rouillées, et acres.... ( Le Dr. Deléry •' copie : Visqueuses et acides.) '' — A la p-:gy 56 : Matières glaireuses " et brunâtres.... (Le Dr. Deléry copie : " glaireuses et acides.) " Le Dr. Delùry est décidément un mau- vais copiste. Et voilà tout, pour le Mémoire de 1817 ! Dans le Mémoire de 1819, "page 12.... ,; p.irfois vomissements de matières glai- " reuses;—page 20 : ipreacuanha, 3 vo- '* missements glaireux et bilieux;—page '' 30 : vomissements" d'un liquide noir ■' et poisseux " Et c'est encore tout ! Ainsi, en 1817,3 malades, et en 1819, 3 .autres, nous ont été signalés par le Dr. Deléry, parce qu'ils ont vomi quelques glaires ! Dan9 l'ouvrage de Pevèze aussi, les re- cherches du môme médecin ont prouvé qu'on trouve certains mahides de fièvre jaune, qui ont aussi rendu quelques glaires, par haut ou par bas.—C'est dommage qu'il se soit arrêté en si beau chemin ; il aurait pu nous rapporter un gros volume d'ex- traits de ce genre. " Mais, continue-t-il, en voilà bien assez '* pour prouver que le vomissement de ma- ■' titre muqueuse ou glaireuse n'appar- " tient pas exclusivement a la fièvre tout •■ récemtnent décrite par Mr. Faget, sous " le nom de fièvre paludéenne catar- -' rhale." — 29 — Depuis quelques années, en effet, je re-' cueille des matériaux qui peut-être pour- ront un jour servir à l'établissement de cette forme de Va.fièvre paludéenne ; mais je n'ai pas la prétention d'avoir décrit la fièvre paludéenne catarrhale. " Pressé " par le temps, ai je dit dans l'Avant-Pro- " pos de mon Etule de l'endémie de 1858, '' je n'ai pu que mettre en relief quelques- «' uns des traits principaux de cette fit- " vre, mais qui suffisent, pour qu'on ne " puisse plus la confondre avec la fièvre " jaune." Or, parmi ces traits principaux, celui qui m'a le plus vivement frappé, ce n'est pas une simple hypersécrétion muqueuse, car je l'ai dit clairement : " Dans ces cinq cadavres, ce qui m'a le l* plus vivement frappé, c'est l'état des " cryptes mucipares dans toute l'étendue " du tube digestif; là où l'on n'en dé- " couvre pas à l'état normal, il y en avait •' en foule, sous forme d'éruption con- " fluente, en particulier sur certains points *' de l'estomac et du duodénum." Ce-it là un caractère anatomique qui a certainement quelque valeur. Quant à V hypersécrétion muqueuse dans la fièvre jaune, le Dr. Deléry n'avait pas besoin des pénibles rechercbes qu'il a faites pour m'en convaincre; il n'avait qu'à continuer à lire ma même page 47, à laquelle il avait bien voulu s'arrêter, et il aurait facilement rencontré le passage sui- vant : " D'un autre côté, j'ai pu faire, pendant " cette même épidémie, 4 autopsies de " vraie fièvre jaune chez des adultes, 2 en " ville et 2 à l'Hôpital de Charité. Dans " toutes les 4 j'ai bien constaté une " grande augmentation de la sécrétion " muqueuse, et l'hypertrophie de quel- " ques follicules dans l'estomac, le duo- " dénum et l'intestin grêle, mais jamais " au point où je les ai vues dans les au- " topsies d'enfants dont je viens de parler. (Page 47.) Constater une grande augmentation de la sécrétion muqueuse dans les esto macs de sujets morts de la vraie fièvre jaune, cela n'a pas dû me conduire à pré- tendre que " le vomissement de matière muqueuse ou glaireuse appartient exclu- sivement a la fièvre paludéenne catar- rhale" (p. 283); aussi, je serais fort em- barrassé, s'il"i*.e fallait imaginer ce qui a pu amener Mr. Deléry à avancer (page 282) qu" "^invoque le vomissement de ma- " tière catarrhale pour établir un diagnos- " tic différentiel entre la fièvre jaune et ma ■' fièvre paludéenne catarrhale." A coup sûr, ce ne peut pas être à propos de ce que j'ai écrit au chapitre des fièvres des campagnes, car voici ce qu'on lit à la page 97 : " Je ne puis rien dire sur la part que " ce même élément catarrhal a pu avoir " dans le cours des fièvres paludéennes " atralilieuses de nos campagnes." Or, au beau milieu d'une discussion sur les fièvres des campagnes, le Dr. Deléry me fait soutenir que " le vomissement de " matière catarrhale et la chute du pouls " sont les deux caractères qui, pour moi, " différencient ces fièvres de la fièvre " jaune ! " (Page 282). Voilà bien toujours où le Dr. Deléry ex- celle : à faire dire à son adversaire ce qu'il n'a pas dit, où même le contraire de ce qu'il a dit. Je vous ai déjà montré, Messieurs, ce que notre confrère entend par la chute du pouls, sur l'autorité du Dr. Sabin Martin ; vous avez pu reconnaître que cette chute du pouls, dans la convalescence,phénomène assez commun dans ce pays, à la suite des maladies adynamiques, est tout autre chose que la décroissance régulière et rapide du poids, dès les premiers jours, dans la vraie fièvre jaune. Cette décroissance régulière et rapide du pouls, si elle ne peut — 30 — pus servir à faire reconnaître la fièvre jaune et décider le traitement dès le début, ser- vira peut-être à ne plus permettre de con- fondre avec elle nos fièvres des campagnes. Sa constatation ne servit-elle qu'à cela, que ce serait beaucoup. Quant au vomissement de matière ca- tarrhale, assurément il a été très fréquent et très digne d'être noté, dans les fièvres de nos enfants, en 1858 ; mais je n'ai nulle part essayé de m'en servir, d'une manière exclusive, pour établir un diagnostic diffé- rentiel. Le diagnostic différentiel de ces fièvres de nos enfants, je l'ai basé sur l'en- semble des symptômes, leur marche, et l'épreuve du spécifique. Le Dr. Deléry ayant affirmé, dans une grande phrase, que ces fièvres, à mes yeux si différentes de la fièvre jaune, étaient pour lui identiques avec elle, je me suis permis de lui dire qu'avant d'avoir le droit d'émettre une pareille affirmation, il avait à détruire mon travail de fond en com- ble, et qu'après l'avoir détruit, il lui res- terait encore à en édifier un autre sur des bases opposées. Là-dessus, notre con- frère s'est excité, s'est enflammé, et s'est lancé dans de bien plus grandes phrases encore, grandes d'exagération. " Il n'est " réservé qu'au génie, me réplique-t-il, et " au plus grand de détruire et de recons- " truire. Je n'ai donné à qui que ce soit " le droit de m'accuser de prétentions aussi " exorbitantes." Pas tant d'exagération, cher confrère! On peut détruire et reconstruire sans avoir du génie. Dans la circonstance actuelle, le débat entre les médecins de la Nouvelle- Orléans aura une fin ; l'avenir montrera de plus en plus clairement de quel côté est la vérité. Mais, comment est-ce qu'on y ar- rivera ? Evidemment, en démontrant que d'un côté on se trompait et que de l'autre on ne se trompait pas. Par exemple : pour avoir raison, vous avez à prouver : lo. qu'il n'y a point eu d'endémie paludéenne sévis- sant particulièrement sur les enfants, en 1858; 2o. que ce qu'on a pris pour cette fièvre pernicieuse, c'était la fièvre jaune. Si vous démontrez ces deux propositions, non-seulement vous aurez détruit mon travail, mais vous en aurez reconstruit un autre à la place. Eh bien ! en supposant que vous y réussissiez, pensez vous qu'on vous proclame pour cela un génie, et des plus grands? Nullement; pour moi., je dirai simplement : le Dr. Deléry avait mieux et plus vu que nous sans doute ; il a dû sur- tout mieux examiner mieux comparer, et par conséquent il a mieux jugé; c'est lui qui avait raison. Dire plus, ce serait dire trop. Revenons maintenant, Messieurs, à la fièvre jaune des campagnes ; nous n'avons plus qu'à examiner trois observations que m'oppose encore mon contradicteur. Ces trois observations sont précédées des réflexions que voici : 1ère réflexion: "Il est difficile, Mes- '■ sieurs, d'avoir raison contre le Dr. Faget. " Les observations n'ont de valeur à ses '' yeux qu'autant qu'elles donnent raison à " ses idées." Il paraît que toutes celles que m'a citées le Dr. Deléry, même les plus incomplètes, ont eu quelque valeur à mes yeux, car tou- tes, jusqu'ici, ont donné raison à mes idées. 2de réflexion : " Il n'hésite aucunement, " le Dr. Faget, quelque grave d'ailleurs, " que la chose lui paraisse, à contester le " diagnostic, dès qu'il tend à compromettre " son système." Il faut avouer, du moins, que je n'ai pas toujours besoin, pour contester un diagnos- tic, qu'il tende à compromettre mon sys- tème, car le Dr. Deléry l'a dit : "le cas du " petit Poirier ne met pas ma doctrine en " péril", et je l'ai contesté. Mais en vérité, Messieurs, ces réflexions- là sont des accusations vides de sens, de3 lieux-communs, tels qu'on peut toujours s'en permettre, dans toute polémique, pour- — 31 vu qu'on puisse parler ou écrire, sans se soucier d'aucune preuve. Le Dr. Deléry aurait dû reculer devant de telles accusa- tions, lancées à la légère; d'autant plus, qu'au fond de sa conscience, il sait qu'il m'en coûte, et beaucoup, d'avoir à m'éle- ver, comme je le fais, par devoir, contre les opinions d'un grand nombre de nos confrères. Quoi qu'il en soit, et si pénible que soit cette tâche, je l'accomplirai jus- qu'au bout, autant que mes forces me le permettront. Examinons donc les trois observations qui restent. La première est du Dr. Sabin Martin; elle a été recueillie il y a plus de vingt ans, alors que, pour les auteurs du Mémoire de 1839, le vomissement noir était un symptôme pathognomoni- que de la fièvre jaune. Déjà, je me suis permis, dans ma brochure (1), de la sou- mettre à la critique, parce qu'en effet elle me paraît critiquable, en tant qu'exemple de fièvre jaune. Il m'était impossible de la reproduire tout entière, parce que, dans un travail de 120 pages, où je n'ai pu don- ner que quelques extraits de mes propres observations, il n'y avait pas moyen de trouver place pour une histoire particulière. qui n'a pas moins de huit pa^es. Mais je ne l'ai ni disséquée, ni tronquée; je n'ai dû en prendre, après tout, que les passages qui suffisaient pour prouver qu'au lieu d'ê- tre un cas de fièvre jaune, c'est un cas de pseudo-continue. Le Dr. Deléry, au contraire, a pu la faire réimprimer tout au long dans notre jour- nal ; j'en suis bien aise ; ceux qui nous lisent pourront mieux en juger. Puis, après l'avoir exposée ainsi tout en- tière, le Dr. Deléry continue: " Une telle observation peut-elle laisser " le moindre cloute dans l'esprit du lecteur " compétent sur la nature de la raala- " die ? " (1) Je n'y ai pas nommé le Dr. Sabin Martin, par cette seule raison que je désirais autant que possi- ble ne pas mêler les noms propres à nos discussions des faits. Je dois déclarer au Dr. Deléry que plu- sieurs lecteurs, aussi compétents que lui et moi, ne font aucun doute, en effet, que cette observation est positivement une observa- tion de pseudo-continue, et est complète- ment étrangère à la fièvre jaune. Les raisons qui le prouvent sont assez nombreuses; j'en ai déjà donné les princi- pales dans ma critique. Pourquoi donc le Dr. Deléry ne les a t-il pas discutées? Au lieu d'une discussion sérieuse, il, ne s'est arrêta, vraiment qu'à des vétilleries. Je n'ai parlé que d'u?i vomissement noir, dans ce sens, que la malade avait vomi noir, et il fait remarquer que les mots vo- missements noirs sont au pluriel ; de plus il nous apprend même qu'il y en a eu trois ! comme si un ou plusieurs, dans ce ras particulier, ce n'était pas absolument la même chose ? " Et que faites-vous des " selles noires, des hémorrhagies passives '• par la vulve, et de la suppression des "urines", me demande-t il encore? Mon Dieu ! je n'en fais rien du tout, pour la diagnostic différentiel de la fièvre jaune puisque ces symptômes appartiennent à beaucoup d'autres fièvres graves. "Tout cela est dans le titre, continue le " défenseur du Dr. Sabin Martin, dans le " titre qui, à lui seul, équivaut à une "définition du typhus ictérode."__Ce dernier trait dépasse à lui seul toutes les réflexions générales qui nous ont amenés à comprendre que, pour le Dr. Deléry, toute fièvre avec vomissement noir et "hé- morrhagies passives est la fièvre jaune ! la suppression des urines n'est ici qu'acces- soire. Mais enfin, puisque le Dr. Deléry ne paraît pas s'être aperçu des objections que j'ai faites à cette observation, il faut bien que je les reproduise et que j'y insiste plus que la première fois. Voici d'abord quelques lignes prises de ma brochure, et qui ne sont que des extrait» fidèles de cette histoire particulière ; ils suf- — 32 — Usent, à mes yeux, pour montrer que le fait appartient aux pseudo-continues, et non pas à la fièvre jaune : "... .Le second jour, à midi : nau- " sées augmentées, soif immodérée,.... " moiteur qui se manifeste aux poignet-', à '' la poitrine, à la nuque, sans diminution " aucune de la température de la peau.... ; " le troisième jour, à midi : pouls petit, " misérable, refroidissement plus con- '■ sidérable des extrémités ;.... le qua. " trième jour, à midi : changement im- " prévu: yeux excavés, entourés d'un cer- '■ cle bleu ; faciès exprimant la souffrance ; '• agitation ; pouls mou, misérable, fili- " forme ; chaleur à la tête et au torse seule- '■ ment, extrémités froides; ... Je cin " quièmejour : l'hypogastre est, en même " temps, vers le flanc gauche, le siège " d'un point douloureux à la pression....; " LE SIXIEME JOUR, LE POULS ÉTAAT TOXT- " jours À 120, il y a persistance de la dou- " leur du flanc gauche, etc...." Tels sont les extraits de cette longue ob- servation, qui ont fait dire au Dr. Deléry que je l'avais disséquée à ma fantaisie et tronquée! Pour mieux frapper l'atten- tion, je vais mettre en regard, et sous forme de tableaux, les relevés du pouls, pris dans cette observation, et dans la seconde , „ T > • „_„ est le sujet n'a point eu la fièvre jaune, " jets à leur retour." Les nègres qui voya- : \ r / ' gent en Europe me paraissent assez rares ; mais la fièvre paludéenne qui régnait alors , . , „a . endémiquement. leurs fièvres jaune, au retour, doivent 1 être , ^ encore plus. Jackson, d'ailleurs, ne dit pas i " Le 4ème Jour de sa fièvre, après avoir qu'il en ait vu.—Enfin, Rochoux, qui s'ex- j " Pris le matin un lavement de quinquina prime ainsi : " Le nègre, né en Afrique, n'a ! " avec 10 grains de sulfate de quinine, la " rien à craindre de la fièvre jaune aux I " malade est prise, dans l'après-midi, d'wn « Antilles. Il n'en serait pas de même ! "frisson si violent que son médecin, le Dr. " Delér*f, craint une complication dephé- " nomènespernicieux, et lui prescrit un la- " vement (qui a été gardé) avec 40 grains '' de sulfate de quinine, à prendre en deux '■ fois, à une heure de distance. " Le lendemain, elle vomit noir, mais le surlendemain elle est en convalescence. Je pense qu'en voilà plus qu'il n'en faut pour édifier le lecteur compétent. Quant au mulâtre que le Dr. Beuguot a " du nègre dans le Nord".... En d'autres termes, d'aptes ce qu'on dit d'ailleurs.... Rochoux avait observé aux Antilles, mais n'était jamais venu aux Etats-Unis. " Voilà, certes, des autorités bien respec- tables V, ajoute le Dr. Deléry. — Assuré- ment ; mais elles sont plutôt contre lui, et quand elles sont pour lui, elles ne par- lent que par ouï-dire. Or, au lieu de ouï- dire, ce sont des faits qu'il nous faut. Des i faits ? Mais, nous dit le Dr. Deléry : ' vu mourir en 1843, d'une fièvre jaune " Je ne reviendrai pas sur le compte des foudroyante, je doute fort qu'il soit dis- " nègres de St. Jean-Baptiste que le fléau posé à soutenir aujourd'dui le même diag- " a atteints, non plus que sur les cas nom- j nostic. Du reste, ce cas fût-il un cas de ■' breux observés par le Dr. Romer dans sa ' fièvre jaune qu'il ne prouverait rien contre 36 — ma thèse de l'exemption de la fièvre jaune pour les nègres. Pour me résumer, Messieurs, je me con- tenterai de quelques mots. Je ne puis assez dire combien j'ai été sur- pris, et péniblement surpris, de la faci- lité avec laquelle le Dr. Deléry a accepté le rôle de démolisseur : "... .11 n'est pas toujours juste d'exiger, vous a-t-il dit, page 282, d'un homme qui démolit, d'édifier sur les ruines qu'il a faites!' Le ruines que le Dr. Deléry a faites, je ne les vois pas. Il a d'abord attaqué les deux premières propositions de ma brochure, et, ses efforts contre elles l'ont entraîné-à soutenir que la fièvre de l'hiver de 1783 -1789, à Co- penhague, était la fièvre jaune, que le re- lapsing fever de la Grande-Bretagne est la fièvre jaune, etc.; en d'autres termes, que toute fièvre, où l'on vomit noir et de. vient jaune, est la fièvre jaune ! II a ensuite attaqué un des résultats gé- néraux auxquels m'ont conduit les relevés de plus d'une centaine d'observations de fièvre jaune, et, pour cette attaque, il lui a fallu se contenter de citer, sur l'autorité du Dr. Sabin Martin, deux cas, étrangers à la fièvre jaune, où le pouls est tombé au-des- sous de 50, pendant la convalescence ! Enfin ( au lieu de parler d'une lésion anatomique remarquable, que j'ai signalée dans ma brochure), il a assuré qu'une cer- taine hypersécrétion muqueuse, qui m'a- vait vivement frappé dans nies autopsies à l'Asile, était souvent indiquée dans les Mémoires de 1817 et 1819 ; et, pour le prouver, il nous a cité un certain nombre de malades de fièvre jaune qui ont rendu, n'importe comment... quelques glaires. Au lieu de tant d'efforts, inutiles et fâ- cheux pour lui, n'aurait-il pas beaucoup mieux fait d'essayer de répondre à ma pre- mière réponse ? Pour conclure, Messieurs, mon intention était d'exposer enfin devant vous le point où en est arrivée notre discussion sur la fièvre jaune des Créoles de la ville, sur celle des campagnes et celle des nègres ; le temps et l'espace me manquent; ce sera l'objet d'une autre communication. Dr. Faget. I [ J ■ *• ,-JS c 4 * w