}&'>&:..* UNITED STATES OF AMERICA ^JËJllllPBi * 'ïvÈÊÊËk FOUNDED 1836 WASHINGTON, D.C. GPO 16—67244-1 NuMBBR. XLVIIÏ. Diftricl of Psnnfylvania, to wit,<— JjE it remembered, that on the twenty fe* cond day of November, in the eighîeenth year of the inde. pendence of the united fiâtes of America, Mathevj Carey and--------, of thejaid difiricl, havë depofited in this office, the title of a book, the right -whereof they daim as proprietors, in the wordsfollovjing, toivit .• " Obfervations on the caufe, nature, and treatment of *' the épidémie diforder, prévalent in Philadelphia- Dy D. " NaJJy, M. D. Member of the American Philofophical " Society, ére" In confonnity to the acl of the congrefs of the united fiâtes, intituled, " An acl for the encourage» " ment of learning ; by fecuring the copies of maps, " charts, and books, to the authors and proprietors offuch t( copies, dïtring the times therein mentioned." SAMUEL CALDWELL, Clerk of the difiricl of Penrfylvama» OBSERVATIONS tVR LA CAUSE, la NATURE, et le TRAITEMENT DE LA MALADIE EPIDEMIQUE, QUI REGNE A PHILADELPHIE- .1. *>' Par D. NAS S Y, Docleur en Médecine, et Memire à* là, Société Phihfophique de Philadelphiet àc< PHILADELPHIE: Imprimé par Paiker&Cie. pour M. Carey- 26 Nov.~-i7p3« OBSERVATIONS ON THE CAUSE, NATURE, and TREATMENT OF THE EPIDEMIC DISORDER, PREVALENT IN P H I LA DELPH I A. 5y D* NASSY, M. D. Member of the American Philofophical Society, ôc* r,^ i . < .j U • 1 1 } L. t PHILADELPH'lA: Printed by Parker & C". for M. Carey, Nov. 26,—1793- c .. . \^JET écrit auroit paru il y a fix femaines, fi le traduûeur Anglais, à qui l'auteur Fa voit confié, l'eut fini de fuite. Cependant quoiqu'il paraifle dans un temps où la mala- die qui fait fon fujet eft éteinte, il nous parait qu'il ne perd rien de fon mérite, & qu'il fera bien reçu du public : en confequence nous avons prié l'auteur (qui voulait le retirer) de confentir à fon impreffion. A HI3 work would hâve sppear^ ed fix weeks fmce, if :he tranflator had finiihed it at the time promif- ed : however, aîthough it is publifli- ed at a period when ihe difeafe is extinft, it yet feems to lofe notlung of its merit ; and we hope it will be well received by a judicious pub- lic. In thîs expeclation, we hâve prevailed on the author (who was defirous to withdraw the manufcript) to confent to the publication. OBSERVATIONS, &c. X LUSIEURS médecins ont annoncé dans les gazettes de ce pays leurs méthodes préfervatives et curatives de Ja maladie qui règne , et que l'on peut mettre au rang d'unc'e^ fléaux des plus d-ftru&eurs; mais aucun ne s'eft encore avîfé de nous donner le moindre détail fur la, nature de la fîèvi e, qui y fait de fi cruels ravages. Jamais d'accord avec eux-mêmes, ils fe font croifés dans leurs opinions, et ont fou vent fini par s'entrecho- quer. De ce conflit d'idées, toujours dangereux pour l'humanité foufFrante, il ed refulte qui chacun a prc fcrit fui van t fa itianière, tant pour fe préserver de la conta- gion, que pour traiter la maladie ; des faigntes, des hy- dral'tiv-ue^, des cchauffans, des hume&ans, des adoucif- fans, des antifeptiques,des toniques, &c. &c fans défigner en aucune manière les circonfiances et les cas particu- liers où tel remtde pourrait être mis en ufage, et xt\ autre rejette. OBSERVATIONS, &c. i-VJ-ANY Phyficians hâve publifhed in the newfpa- pers of this country, their methods of preventing and curjng this difeafe, which may be ranked as one cf the moft deflruélive and fatal ;—but none of them hâve yet thought of favoring the public with an accurate ac- count of the nature, and particular fymptoms of the fever, that makes fuch cruel havoc Never agreeing among themfelves, they hâve mu- tually oppofed the opinions of each other, and hâve often b~Lto\ve;l reciprocal offènce. The reluit of this différence of ideas, alvvays dangerous for fufFer- ing humanity, has beeri, that each prefcfibed accord- ing to his own manner, as well for preferving perfons againft the contagion, as for treating the difeafe, by bleeding, draftic purges, by ftimulants, by diluents, by demulcents, by antifeptics, and by tonics, without pointing ont, in the fmalleft d^gree, the circumftances or particular cafés, wherein fuch médianes might be employed or rejected. è ( * ) Les plus crc'dùles pr.ruù le peuple, effrayés par it'- papiers publics, et par toutes les précautions indiquées à prendre centre la prétendue pelle qui était annoncée. fe mirent à fe médicamenter d'une manière fingulière, et fe donnèrent des maux rceis, pour éviter celui au quel ils auraient pu échapper. Les uns fe mirent le feu dans le corps et creusèreut eu;;-mêmes leurs tom- beaux ; les autres eurent recours à quelques médecins, qui, frappés de frayeur, crurent voir dans la moindre apparence d'un mal-aife ordinaire, le caractère d'une fièvre peftilentielle,et les traitèrent en confequence avec des remèdes dont l'aélivité ne pouvait que les de- ranger. Aufïi, ceux qui n'en ont pas péri, ont ils été à deux doigts de leur perte. C'efl: par là que le nombre des malades et des morts s'eft prodigieuse- ment accru , et que le fentiment de la peur s'em- parant de tous les efprits, a fait déferter de la ville la majeure partie de fes habitans, et y abandonner fans foins et fans fecours les malades hors d'état d'en fortir.* Plut à Dieu, qu'au lieu de cette peur pouffée à l'ex- trême les habitans de Philadelphie enflent imité les * Ils ont parleur fuite à la campagne» pleinement obéi à ce d'iHi^ue Latin : H ( 9 ) The moft credulous amongft the pcopl<ï, alarmed by the public papers, and by the numerous précau- tions advifed to be taken againft the pretended peftilence, began to adminifter medicines to them- felves, and in order to avoid imaginary evils, pro- duced real ones ; fome by having recourfe to the heat- ingregimen,gaveadditionalfre to their difeafe,andthus created their own graves—othersapplied to phyficians, who, fmitten with fear, thought that they perceived peftilential appearances in a common diforder, and or- dered medicines, which could only add to the evil. Of confequence, thofe who did not fall a facrifice, reco-, vered with difficulty. Hence the number of the f;ck and dead hâve amazingly encreafed; and the fentiment of fear opérâting upon everymind, hasmade thegreat- eft part of the inhabitants to leave the ciry, and for- fake in it, vvithout attendance or afïiftance, the fick, who were not able to quit it. * Would to God, that inflead of that fear carried to pxcefs, the citizens of Philadelphia had imitated the Turks ! thus behaving like them towards thofe, would n,ot hâve abandoned their children, nor the children B * I could mention fcveral faéb to prove the melancholy fituatîon of the fick, from the defertion of their friends; but we muft forgive thcfs î^dividuals, in favor of manyof the inhâbitants of P..iladelphia, why hâve hurried to ?hc affillance of the poor with an açdor which does ha- cour to humanity. Turcs ! Alors agiffans comme eux à l'-'gard des peftife- r s, les p?res et les nieras n'abandonneraient point leurs enfans ; les enfans, leurs pères ; les ferviteurs, leurs maîtres ; les amis, leurs amis; mais chacun fe prêterait mutuellement des foins et des fecours, et fécondera t les efforts et le zèle des médecins dont plufieurs, parmi )es étrangèrcs,ont et: forcés, par l'humanité de remplir fouvent l'office de garde-malades, auprès de ceux qui n'étaient pas en état de prendre eux-mômes leurs re- jïièdest* , Ce début quoique dur pour ceux à qui il s'adrefte^ n'eft cependant fondé que fur ma propre expérience eç fur celle de plufieurs médecins qui, tandis que l'on raifonnait fur les moyens à prendre pour prévenir la ville de la contagion,marchaient courageufementdans le chemin de la pratique, jaloux de remplir avec zèle les devoirs religieux et facrés de leur honorable profelfion* Pour reparer autant qu'il eft en moi, le vide qu'ont laiffé ceux qui ont parlé de cette maladie dans les papiers publics, je vais tâcher de jetter fur le papier mes idées auffi claires et auffi précifes qu'il me fera poffible. Je puis jn'être trompé fur toutes les inductions qui m'ont four- * Je pourrais citer plufieurs fait», en confirmation de cette trille vérité, mais on doit pardonner ces individus, en faveur de la plupart du peuple de Philadelphie, qui ont volé au fecouri des pauvres d'uaç ^iaatçte (jui fait honneur à l'humanité. ( H ) thsir parants, the fîrvaats tii-ir maûers, nor frienda eachoth^r ; butevar/ o.ia woali ui/e contributed to coinfortauJ fol.i.e o.ie aaJth^r. Tas phyàcians werô fre piently co nL)illed, b/ modvei of ha naaity, to be- come nurfes to t'i3 fick, who were unable of them- felves to take taa medicines. * Thefe remarks may fou ni harfhly, but they are founded upoii my ow.i expérience as well as that of feveral other ph/.kians, who, whihl others were argu- ing on the me ans of preferving the city from the conta- gion, were courageoully treading in the path of prac- tice, folicitous to fulfil the facred and religious duties of their profeflion. In order to make up as much as in my power lies, for the void left by thofe who hâve fpoken of that dif- eafe in the public papers, I ihall endeavour to exprefs jny ideas as clearly and precifely as I can. I may hâve miftaken the inductions with which the diagnoftic figns of the difeafe hâve furnifned me. I may alfo hâve miftaken theproximate and diftant cau- fes of the prefent épidémie But what I am to ad- vance, fhall be lefs founded on theory, which often de- «eives, than on practice, and my clinical obfervations. * Thcy hâve by their flight to the country fully complied with ths JLaùn Diftich, Hoc tria l^tificam tollunt adverbia peflem, M», Unge, tarde, cède, recède, ridLJ ( 12 ) ni les fignes dingnoftiques de la maladie ; je puis m'ctfèl pareillement trompé fur les caufes prochaines et eloignceà de l'epidemie actuelle , mais ce que j'avancerai fera moins fondé fur la h.'orie fouvent troinpeufe, que fur la pratique et fur mes obfervattois cliniques ; a«iffi, ne dirai je que ce que j'ai vu où cru voir chjz mes ma- lades. Je n'exag.Tsrai rien, je ne deguifrai rien, je ne cherche que la vérité , et je n'ccris que pour le foulage- ment de l'humanité, fans prétendre donner mes obfer- vations pour des decifions in^o.itcfiables. ' Kypocrate a dit au fujet de la médecine , " ars longa , occafio celetis, experimentum periculo/um, et judicium difficile ,,. Je n'ai donc d'autre but que celui de ftimuler mes confrères plus favans que moi, d'éclairer le public , et de détrom. per ( comme je crois qu'il eft de notre devorde le faire) les médecins des autres parties de ce continent et de l'Eu- rope fur les -deta'ds d,une j retendue ptfte,et fur les fpéc/fiques confacrés dans les papiers publics de ce pay6 qu: peuvent être très funeftes au genre humain. Entrons en matière : Toutes les épidémies font plus ou moins ccntagieufes, elles ne peuvent être que l'effet d'une caufe commune et univerfelle ; la nature viciée des alimens, ou le de- rangement de la température de l'atmofphère les font na'tre. Si l'air n'eft point iufecté, les maladies ne peu- Vent être e'pidémiques, et celle-ci l'eit en effet, quoiqu'elle ( 13 ) Thus, I will only fay what I hâve feen, or believe my«« felf to h ive (1j»n, in my patients. I fhaîl neither ex- ag rsrate a or difguife any thing. I only fëek for truth, and I write but for the good of hu.nanity, without intendingto give myobferv.n io.is for inconteftable de- cifions. Hippocrates has faid of médecine, Ars longa, oc cafîo céleris, ex??rim?ntum periculofum, et judiciumàlfTi- cile* I havè,then,no other aim but to itimulate my col- lègues, more learned than me, to enlighten the pub- lic. It is our duty likcwife toundeceive the phyficians in other parts of this continent, and of Europe, con- cerning the fpecifics recommended in the newfpapers of North America, which may be very fatal to man- kind. Ail épidémies are more or lefs contag'ous. They can be but the effect. of a common and univerfalcaufe : the vitiated nature of aliments, or a dérangement of the température of the atmolphere, caufe them. If the air is not infeéled, difeafes cannot be épidémie, and this is fo, indeed, though it only attacks the natives.* What can be the caufe of that corruption of the air? For what reafon are the natives and thofe inured to the climate of Philadelphia alone infe&ed, with the * " Many circumftanccs," " fays Boerhaave," induce us to belicTe that " the caufes of épidémie difeafes rsfide in the air, and dépend upon th» ** inexplicable varicty of the exhalations therein contained." ( 14 ) n5attr.q-.:3 que les nationaux.* Quelle peut donc être la caufe de cette corruption de l'air ? Par quelle raifon les nationaux et ceux qui iV,;u ïh'ks au cl.mat de Philadel- phie font-ds les feuls infectés de la rruladie régnante* tandis que les étrangers en font exempts ? Voila les premiers objets que nous ahons examiner. L'été de l'année dernière (1792) fut fort chaud, une prodigieufe quanmi de mouches et d'infectes nous a tor- menté jufques a la mi-Novembre ; l'hiver qui a fiivi a e'té fort modère, quant au froid, mais fujet à des varia- tious étonantes ; fuivant diverfes obfervations met oro* Jonques, le thermomètre montait et defcendait de 8 à 10 déorés dans un feul jour ; les pluies ont été prefque continuelles jufques à la fin du printems qui fut tr^s froid et très humide ; il n'y a point eu de fortes gelées et à peine la neige était-elle tombée, que le dégel fur venait prefqu'incontinent. f Ces eaux ftagnantes fans avoir prefque été gelées, et fans quelles fuffent revouvellees par aucun courant; la quantité d'infeétes que l'hiver fit * •' Plufieurs circonstance* donnent lieu de croire, dit Boeihave, que " Ici caufe* des maladie» é|iiilém:ques réfident dam l'air, et qu'elle! " dépendent de la Yanéié inexpliquable des exhalations qu'il co nient." + Suivant les obfervations d'Hypocrate, *' lorfqu'un hyyer fut trop " doux ou trop froid, que le printems < ù l'é'é ayeni é é f^'as by pains in the loins, and in the head» at firft light, a ad afterwards acute, accompanied with chills more or lefs confiderable. The face then beccmes very red,as well as theeyes,which arefiiled with tears. Some are delirious from the firft day of thefevtr, fome only towards the thirdday, after which they fuk into aitate of weaknefs, or into a profound lethargy, îrorn which they never recover. The belly, and lypocon- ères, escepting a few p.iins, arealmoflin their natural ftate ; but the ftomach is generally tenfe or painful. The tongue.in ail cafee, from the beginning to the end, is loaded with a whitifh cruft, and the edges i re of a ve, ry high red. Some hâve vomitingsfror/i the firft days, others only vowards the third cr fourth day. The matter which C « ) prefque tous, a quelques douleurs près, font dans leur e'tat naturel; mais l'eflomac eft toujours tendu ou dou- loureux. La langue, chez tous depuis le commence- mont jufques à la fin, eft chargée d'un limon blanchâtre et les bords d'un rouge fort animé. Quelques uns ont des vomiffemens depuis le premier jour, d'autres n'en ont que vers le ticilième ou quatrième ; la matière qu'ils rendent alors par en haut eft blanchâtre, verda- tre oa noire, quelques uns rendent du fang tout pur. Ils ont un cours de ventre fanguinolent qui eft toujours précédé de faignement de nez plus ou moins abondant* Les uns font alterts, les autres n'ont peint de foif quoi- qu'il aient la langue fêche. La peau eft quelque-fois feche et ridée, quelque-fois couverte de beaucoup de fueurs, mais je n'ai vu fur la peau d'aucun de mes ma- lades, ni bubons, ni charbons, ni autre éruption peftilen- tielles. J'ai obfervé fur trois perfonnes feulement quel- ques taches rouges comme une piqûre de mouches fur la poitrine.* Plufieurs ont de la laffitude et du décou- rao-ement ; d'autres du courage et tous les lignes de bon augure pendant quatre jours, jufques à l'entrée du 5">e que tout change alors et fait defefperer du malade. Les urines font, pour la quantité, comme en état de fanté; pour la qualité, elles font hautes en couleur avec beau- coup de fediment blanchâtre, mais quelques uns ont eu * Ces tachas on» é é fi peu confiderable», que je doute fi je puis le.» ranger fous la claffe de milluirc» ou de petechiaes, ( »3 ) they then bring up, is whitifh, green or black. Some vomit pure blood. They hâve a bloody flux, always preceded by bleeding of the nofe more or lefs conft- dcrable. Some are thirfty, and others, though their tongue is dry, are not fo- The fkin is fometimes dry, and fhrivelled, and fometimes much covered with fweat. But I hâve not perceived on the fkin of any ôf my patients, any buboes or carbuncles, or any other peftilential éruption. I hâve obferved on three per-r fons only, fome few red fpots, like the bite of a fly, on the ftomach or breaft.* Many are fatigued and low fpirited. Some hâve kept their fpirits, and hâve exhibited ail the good fymptoms, during four days, lill the be- ginning of the fifth, when ail is changed, and the pa- tient is defpaired of. The urine, as to quantity, is the famé as in a ftate of health ; as to quality, it is highly coloured,with a great deal of a whitifh fediment. But forne hâve, towards the beginning of the feventh day, confiderable évacuations of blood.f The pulfe, that compafs of phyficians, is hère very equivocal. It ne- * Thofe fpots were fo inconfiderable,that I doubt whether I nsay rank them among the pttecliise, or milliary éruptions. + Amongft my patients, I had but one who had an entirc fuppreffion of urine during five days. Warm b»th< and flaxfeed c.iicilages were of great fer.icc to him, and he is now recoversd. ( 24 ) fers le feptième jour des phTemens de fang conficîera* blés.* Le poulx, cette bouffole des médecins, eft ici très équivoque; il ne repond jamais aux fymptomes graves qui accompagnent la maladie, à l'exception de quelques trefaillemens a»-x tendons, et cela chez quel" ques malades, je ne l'ai trouvé ni intercadent, ni tout^ a-fait fubmerce, plus ou moins de mouvement, ce force qu de faib efTe, eft tout ce q le j'ai pu obferver ; de forte que pendant le cours de mon traitement, je faifais plus de cas des autres fignes que de l'état du pouls. Dans ce conflit de fymptomes, les malades periflent leà 1., 3e, 5e, 7e, ou 9° jour de la maladie ; et m dgré.l'ob- fervation de ces jours critique , plufieurs ont échappé fans avoir éprouvé aucune erife fenfiule au moyen de ia quelle la nature ait pu chaffer le mal, ils ïoi.t devenus mieux à mcfure que les fymptomes allarmans ctfuient, ee qui eft fort rare dans les maladies aiguës. Quelques femmes attaquées de eette maladie pendant leurs règles, les ont eues fubittement fupiimées, et les enfans ont rendu par haut et par bas une prbdigieufe quantité de vers pour la plupart de couleur fort rouge. Dans les jours critiques, le hoquet tourmente les malades de la maanière la plus cruelle et c'eft alors que quelques Uns * Dénombre de mes malades, je n'en ai en qu'un chez qui les urines furent entièrement fuprimés pendant cinq joins» l.c nains chauds et 'e mucilage de grains de lin l'ont beaucoup aidé, et il f« porté bien actuellement. ( *5 ) Ver correfboids with the alarming fymptoms which ac» conpany the difeafe, excepting the ftarting of the ten. dons; aad tait in a few patients, I haveneither found the pulfe iviter.ii'.ttcnt, nor altogethcr obliterated—- More or bfs motioa, flrcagth or weaknefs was ail that I could obferve; fothit, during the time of my attend- ance, 1 regarJed, with more attention, the other fîgns, than th3 ftate of the pulfe. In that variety of fymp- toms, the patients die on the fécond, third, fîfth, fe- venth, or ninth day, of the d.feafe; andnotwithftand- ing the obfervation of thofe criticaldays, feveral hâve elapfed without having any fenfible crifis, whereby nature could drive away the difeafe. They recovered in proportion as the alarming fymptoms ceafed, which happens very feldom in acute difeafes. Some women, attacked with that fever during their menfes,had them fuddenly fuppreffed, and children fometimes paffed up and down a great quantity of worms, for the moft part very red. In the critical days, the hiccup torments the patients in a moft cruel manner, and then the eyesand fkin of fome become yellowifh» Several patients who fpate or vomited blood, bled at the nofe, evacuated a brown matter, and were tor- mented with the hiccup, did however recover, not- withftanding thofe alarming figns, which together with the other fymptoms, announced the approach of death. But thofe who vomited a black matter, who piffed blood, svho were heavy and fleepy, who became ( 1* ) ont les yeux et la peau jaunâtres. Plufieurs malades qui ont eu des cr^chemens ou des vomifTemens d? fang, des faignemens de nez, qui ont rendu une matière brune ou ont et- tourmentas du hoquet, fe fon rechapes mal- gr ces fignes allarmans qui joints aux autres fymptomes, ne biffaient envifager pour eux que Pinftant de leur mort ; mais ceux qui ont vomi une matière noire, qui ont eu un piffeme .t de fang , qui font tombes dans Paf. foupiflement, qui ont eu la jaunifie avant le feptième jour du qui ont eu Peftomac fort enflé principalement ceux qui ont fait ufage dans le commencement de la maladie de quelque fort cathartique * ont termine leur vie entre le cinquième et le huitième jour. Voila ce que j'ai obfervé dans mes malades dont j'ai fuivi les différentes fituations avec l'application la plus confiante. Quelle eft donc cette fièvre?—Eft-ce la fuette, la bilieufe putride, l'inflammatoire, celle de la maladie de Siam, ou enfin la maligne? Je l'ignore: mais ce que je fais,c'eft qu'elle réunit à elle feule tous ou prefque tous les fignes caraéïériftiques de ces diverfes maladies* d'ailleurs elle fe déguife, varie et prend tant d'afpc&s differens, fuivant la complexion et le tempérament du malade, l'état ou s'eft trouvée la maffe du fang et des * On fait bien que les purga'ifs n'agitent pas feulemsnt fur l'eftomac tt le canal inieftinal, mais que leur action fe communique au foye, au pancréas et « la rate. C *7 ) yellow before the feventh day, or whofe ftomach was much fwelled, efpecially thofe who in the beginning o the difeafe, madc any ufe of cathartics, died be- tvveen the fifth and eighth day.* Thofe are the obfervations, I hâve made on my pa- tients, whofe différent fituatians I hâve ftudied' with the moft fteady application. Whatis then this fever? Isitthe fweating ficknefs, the putrid bilious fever, the inflammatory fever, or the difeafe of Siam, or the malignant fever?—I do not. know; but I am convinced,that it unités in itfelf almofte-, very characleriftic fignof thefe diverfe fevers. Befides, it difguifes itfelf, varies and affumes fo many différent afpects, according to the complexion and conftitution of t is patient, the ftate of the mafs of blood and humours, the difeafes, which he was fubjecï to, when he was attacked with that fever, and ftili much more than it is fuppofed, to the tranqvâ'iity and agitation of his mind, that ail judgraent, and even induttions^ npon its particular çharaéler, are liable to error. Neverthelefs it appears that it is produced by one * It is well known that purgatives do not acl only upon th« ftomach and uateftinal canal, but their aâien h communicated to the liver, thei p3".c:>:aî, and the fpleen. ( 28 ) humeurs, les maladies auxquelles il était fujct îcrfqu'U a été atteint de cette fièvre, tt encore plus qu'on ne penfe la tranquillité ou l'agitation de fon efprit, que tous les jugemens et même les inductions fur fon carac» tère particulier font fujets à erreur: maigre cela , il fcmble qu'elle n'eft produite que par une feule et même caufe, et qu'elle motive fon principe et ne dérive que d'une inflammation que les miafmes de Pair combinés aux difpolitions du corps, caufe à l'epigrafte qui affcdfe le foye et les hypocondres au point que le faug, la bile et les humeurs acquerent plus de fluidité' en raifen de la chaleur qui augmente la dilatation des vaiffeaux, caufe une diffolution de fang et des humeurs qui fent les caractères principaux dont la fièvre en queftion eft enfuite accompagnée. De forte que d'après les fignes pathognomiques que cette maladie nous préfente, tant par les Vomiffenens et les pifTemens de fang qui femblent fuivre les douleur? aux reins et à l'eftomac, premier jfigne de la maladie, il eft certain que tout ce qui peut eccafioncr la gaftritie dont MM. Sauvage et Hoffman ont décrit plufieurs efjèces, à plus fort raifon les ca- tkartiques, les draftiques, même un émetique fort et tout ce qui peut augmenter la circulation du fang et la fluidité des humeurs comme le mercure, &c. n'eft pas feulement contraire au traitement de la maladie, mgis peut ççcafioner une mprte certaine. Eh ! combien de ( *9 ) and the famé caufe : that it fhews the caufe of its own principle, and is only derived from an inflamma- tion, which the miafmas of, the air, combined with the difpofitions of the body, prodnce an inflammation in the epifjraft'c région, which aiTeJls the liver and the h/pJcoaJr 1 11 fi:h a miaaer, tait the blood>the bile, an a other humours acqfre m^re fluidity,owing to the heat increafing the d datation of the veffe.ls, caufing a diffolutioa of the blo >d and of the humours, which are the principal characla-s with which the fever in quef. tion is accompanied. Pains in the ftomach and reins, the firft figns of this difeafe, are fucceeded by the pathagnomic figns, as well as by vomitings and pifiing of blood ; and it is ce.rtam, that ail which can pro- duce the gaftritis, of which the feveral fpecies hâve been defcribed by Sauvage and HofFman, and efpecially draft:C cathartics, ftrong emeticks, and ail that in- creafe the fluidity of the humours, fuch as mercury, &c are not only contrary to the treatment of the dif- eafe, but may occafion certain death. And how many fïnce it prevailshave been victims of the violent treat- ment, and pretended fpecifics?* * It is true that Mr. Rofenften, a celebrated Swedifn phyfician, pr-fcribed calomel with camphor and aloes, as a prefervative againft the fmall pox, a dilcafe well marked. But who is yet acquainted with th« ( 3° ) victimes n'ont pas fait depuis qu'elle dure,les traitement violens et les prétendus fpecinques.?* Il refulte de tout ce que je viens d'eypofer, que dans la cure de cette maladie, il n'y a aucune fyftême régulier à fuivre, en confequence je n'en ai fuivi aucun, ni n'ai adopté aucun médicament de préférence à un autre. Mes ordonances n'ont été tah.uéis que fur les conjec- tures que j'ai tiré de Pinfpection de mes malades et des renfeignemens qu'ils ont pu me donner fur leur tempé- rament et fur l'état de leur fanté avant de tomber ma- lades. D'après cela, voici le réfumé de la méthode que * C'eft vrai que M. R'ofenftein caléWe médecin Suédois prefcrivait le calomelas avec le camphreet l'aloes comme un préfervatif contre la petite vérole qui ne ldiffe pas ignorer la nature de fon morbus ; mais qui cannait encore celui d'une épidémie pour préferire des préfervaiifs danl le commencement de la maladie ? D'ailleurs le mercure diffout le fang st furtout les autres humeurs, donc il eft contraire et dangereux pour tout ce qui tend à la diffolution et par conféquent dans la maladie rég- nante. Qu'on ouvre les cadavres de ceux qui en ont péri, on trouvera que le bas ventre et toute la partie riypograftique font les feuls affectés, tandis que le ccçur et le cerveau font dans leur état naturel. Qji'on examine encore les cadavres de ceux qui ont fait ufage du mercure et des cathartiques, et l'on verra fi, chez ceux-ci le ravage ne s'eft point aug- menté et fi les taches gangreneufes ne décèlent pas vifiblement les irri- tations violentes eaufées par ces médicaments correflfs. La pierre phi. lofophale de la médecine, la panacée univerfellc, n'eft pas encore dé- couvertes et fut elle dans l'ordre des chofes pcffibles, il eft bien permii de douter que le ciel n'eut refervç qu'aux médecins de certe partie du (lobe cette precreufe découverte. ( 3î ) The refult of ail that I hâve fait! is that in the cure of this difeafe, no regular fyftem can be followed.—■ Therefore, I foliowed none, nor hâve I adopt°d any one medicine in préférence ta another. My prefcnip* tions were only regulated by the conjectures which I bave drawn from the exam'nation of my patients, and the informations they could give me conceming their conftitutions, and the ftate of their health before they were taken 111* After that, hère is a fummiry of the method I hâve followed, and ftill conftantly follow, with fuch fuccefTes, that compared, with the number of patients, whom I fear to hâve been the unfortunate victims of nature of an epidernic, fo as flo prefcribe prefervatives in the beginning of the difeafe ? Befides mercury diffolves the blood, and aboTe ail, the other humours, le is then, contrary and dangerous, for ail that has a tendency to diffolution, and confecmently in the prevailing difeafe. Let the bodiesof thofe who die of that difeafe be opened, it will be found that the lower part c" ' c' *Uy, and ail the epigraftic are the only ones af- feéted, while th -*'t a.-c^he brai' s are in their natural ftate. Be- fides let the d- d ho^k-s of thofe whoufed mercury and cathartics, be examined, and t wi'! "n^3r?, whether in thefe. the evil has not been en. creafed and whether the gangrenons fpots donct vifibly difeover the vio- lent irritations caufed by thofe corrofive medicin s. Thephilofophicaiftone of phyfic, the univerfal panscea, is not yet difeovered, and were ita- mongft poffible things, one may well be allowed to doubt that Hsaven had only r.f.rved that difeovery to the phyficians of this part of the globe. C 3^ ) j'ai fuivi et que je fuis encore conitamment avec des fuccès qui comparés au nombre des malades que j'entends dire être les malheureufes victimes des moyens inutile- ment employés pour les guérir, m'afferniilfent de plus en plus dans la refolution d'en fuivre Ja pratique.* * J'ai vu et j'ai donné mes foin, pendant le cours de cette maladie, e'eft-à dire depu:s le 28 Août juîq..< s à ce j^ui à plus de 160 malades dont 117 onr é é véritablement aitaq* é- de l.i fiève à laquelle il ferait difficile de donner une dénomination bien caractetiftiques ; de ce nombre j'ai eu le malheur d'en peidre ig, dmt 11 aupiès defquels je ne fus ap- pelle que les troifième, quatrième ou ci'-q^ième jour de leur maladie, après avoir é é tracés pai d'autres médecins,apies avoir pris des vomitifs violeos, des cathartiques, du vin de quinquina et le laudanum liquide, fuivant les information" qu'ils m'en ont donné eux-mêmen. Tous fe font plaint de douleurs pulfatives fur Peftomac qui c'ait déjà fort enflés. Huit suites chez qui je fus appelé de- le commencement de la maladie eurent ces le fécond ou le troifième jour de mon traitement des vomiffe- mens copieux d'une matière noire, h jaunifle, des piffemens de fang et périrent les uns le quatrième, cinquième, feptième et neuvième jours de leur maladie. Je ne fais point mention des autres malades que j'ai vu et traité du- rant cette intervalle de tems, et dont le nomfcf,*. V*"* J 50. Plufieurs n'ont eu que de petites fièvres remittentea^iu'colliy yes ; un grand nombre plus affeclé de l'efptit que du corp?, m'avant col^hé me croyait d'autant moins que je foutenais que le- tnalaife dont Jrefque tous fe plaignaient, était le refultat de la peur dont ils étaient fa:fis. Il me fal- lut pour les guérir ufer d'un petit ftrata^ême innocent et leur faire pien- dre quelques pofttions agiéabks déguifées fous l'apparence dégoûtante de méiicamens, et quoiqu'elles ne fuffent compofées q;te de quelques grains de poudres tempérantes de Stahl, elles opérèrent en eux par le feul mérite de la perfuafion, en leur tendant la tranquillité d'efptit qus la frayeur leur avait fait ptidit. ( 33 ) the means ufed in vain to cure them, confirms rnô more and more in the refolution I hâve taken to fol- low that praélice.* E • I hâve vifited and attended. during the courfe of this difeafe, tha; îsto fay, fince the a8th Auguft to this day, morethan 160 patients of whom 117 were really attacked with the fever, which it would be diffi— cuit to c*all by a very chara«3eriftic name. Of that number I had the misfortune to lofe 19. To eleven of thefe 1 was only fent for on the 2dj 4th or 5th day after they were taken ill, after they had been treated by other phyficians, after they had taken violent vorriits, cathartics, tincture e)f bark, with Iiq. laud. as they themfelves informed me. Every one complained of beating pains on their ftomach already much fwelled.— Eight others who fent for me in the beginning of this ficknefs, had on th« fécond or third day of my treatment, confiderable vomitings of a black matter, ths jaundice, piaed blood, and died on the 4th, jth. 7thor 9A day. I do not mention other patients whom I hâve vifited and treated during that time; the number of which txceeds fifty. Mary had but Jittle rémittent, or colliquative fever. A greater number were affe&ed more in mind than bedy, having confultd me, the more T attribut^ their une".fy fituation to the fear they were feized with, and the more that I affured them they were not fick, the lefs they believed me. I was obliged. in order to cure them, to make ufe of an innocent ftrata- gem, by giving them fome agreeable potions concealed under the dif- gufting app^arance of medicines ; and though they were only made with a few grains of cooling powders of ftahl, they operated on them, by the merit of perfuaûon, by reftoring to them the tranquility of mind they had loft. C 34 ) t)ès que j'ai été appelle auprès d'un malade, dès que j'apercevais le moindre ligne d'inflammation, je lui faifais faire avant tout une ou deux faignée q''e je mé- furais fur fon âge et la forcé de fon tempérament. Si c'était le premier jour de la maladie et que l'inflamma- tion ne fut pas de rature à tirer à confequence, et qu'il y eut beaucoup d'envie de vomir, je lui faifais prendre ou un vomitif en lavage,ou un purgatif compofé de man- ne,dé crème de tàrtre;etde fcl de ftignettepour netoyer les premières voyes. S'il fe plaignait d'un mal de tête qui ne diminuait pas, ou que l'inflamation le fit aperce- voir , je faifLis fucceder les faignées aux medicines pur- gatives, * et pendant ce temsjufqu'au troifième jour, je ne preferivais que des boiffons copieufes et rafraichif- fantes, et à méfure que les forces diminuaient ou que je foupçonnais quelque commencement de difï'olution dans les humeurs, les cordiaux et les afiringents les plus doux mêlés aux mticillagineux et les antifiogifliques n'étaient point épargnés, fans oublier, fuivant les circonflan-ces, des antifeptiques pour lefquels je faifais ufage de l'ef- fence alexipharmaque de Stahl et de la teinture de * Aucun de mes malades ne fut fa'gné, au delà de deux fois, et let faignéfs ne furent jamais que de fix à huit onces ; ma crainte bien fon- dée de la d.Ablution des fang et des humeurs me fit être fort circonfpedl au fujet de la faignée, que je ne preferivais que dans le befoin, et fuivant les fignes que j'obfervai dans mes malades. Ajnfi plufieurs d'eux te- Chapperent fans avoir été faignés. { 35 ) As foou as I wis calle 1 to vifit a patient, and as foon asl percciv.d tac leafl fign of inflammation, I, flrft of ail, ordered !iim to be bled once or tvice, and regula- ted the pv.itity of blood to be l:t, accordmg to his âge, and the ftrength of h's comhcutio.i. Ifitwas the firft day of the iickneis, and the inflammation was not likely to be of confequence, anJ if the patient in- clined much to vomiting,Iadininiflcred to him either a vomit in a h'rge qumtity of water, or fome purgative of fe.iua, manaa, cream of tartar, and fait of feignette to cleanfe the firft paif ige>. If he complained of a head ach, which did not leffen, or if the inflammation be- gan, I prefcribed bleeding after the purgatives*, and during that time untd the third day, I only prefcribed plentiful and cooling drinks, and in proportion as the ftrength failed, or I fufpcJted a beginning of diffolu- tion in the humours, I did not fpare cordials, or the moft foftening aftringents, mixed with mucilages and antiphlogiftics ; not forgetting, when occafion requi- red, antifeptics, for which I ufed the alexipharmic efTence of ftahl, and the camphoric tinélure of befcard ; I alfo prefcribed blifters, when I perceived the leaft * None of my pati- nts were bled more than twice, and they loft but 6 or 8 ouncesof blood at a time. My well greunded fear of the diffo- lution of the blood, made me to be very cautious ahout bleeding, which I prefcribed but in rafe of need,andaccording to the figns I perceived in my patients, Thus many recovered without having been blsd, ( 3<* ) Bezoard camphrée. J'en venais auffi aux vefcitafoires fur le moindre figne d'affoupiffement. Je n'ai jamais purg? aucun malade (à l'exception de ceu:< qui l'étaient dès le premier jour) que vers le fixièrne de la maladie, ou lorfque les urines m'indiquaient que la coction était faite. Je n'ai jamais fait ufage du quinquina, que je regarde plutôt comme un bon fortifiant que comme un anti putride, qu'au déclin delà maladie. Quant aux enfans, tout ce que je leur faifais prendre, était joint à des vermifuges avec des lavemens compofés de lait et de miel, et tous ont rendu de pelotions confiderables de vers d'une couleur rougeâtre. De tous les fymptomes fâcheux de cette cruelle mala- die, aucun ne m'a coûté plus de peine à calmer que les vomiffemens et les hoquets. Les acides fixes tant du fel marin dulcifié que vitriolique m'ont été de peu de fuccès. J'en ai eu beaucoup plus tant contre les vomiffemens con- tinuels que contre les felles fanguinolentes,d'un fort mu- cilage compofé de graine de lin, de gomme arabique, de miel et d'eau de canelle dont je faifais prendre aux malades une cuillerée toutes les dix minutes. Les to- piques d'herbes emoliantes bouilles dans de bon vinaigre de vin, apliqués chaudement fur l'efromac, le bas ventre et les reins m'ont auffi beaucoup fervi contre les douleurs de ces parties ; je n'ai faitaucun ufage des narcotiques ; fi au déclin de la maladie l'infomnie tourmentait le malade, |ç lait d'amandes bien épais mêlé aufirop diacode étaient ( 37 ) fign of fleepine^s. I hâve never purged any patient, excepting thofe who took phyflc on the firft day ; but about the u-cth day of his illnefs, or when I perceived, by his urine, that the coélion wasmade, I never ufed bark, which I look upon rather as a good ftrengthen- er than as an antiputrid, before the difeafe is abating. As to children, ail I prefcribed for them was bermifu- ges and glyfters made of milk and honey, and every one evacuated a confiderable quantity of reddifh worms. Amongft ail the melancholy fymptoms of this cruel difeafe, I found none fo diffkult to calm as vomitings, and hiccup. Acids compofed of dulcified marine, and vitriolic fait, had butlittle fuccefs. I fucceeded much better, as well againft continuai vomitings as againft bloody évacuations, with a ftrong mucilage made of flax-feed, gum-arabic, honey, and cinnamon water, of which I direcfed my patients to take a fpoonful every ten minutes. Topics of emollient herbs boiled in ftrong wine, vinegar applied warm on the ftomach, the lower part of the belly, and the reins, hâve alfo been of great fervice with me againft the pains of thofe parts. I ufed no narcotics. If the patient, when the difeafe abated, was tormented with a wantof fleep, I only adroinjftered to him almond-juice very thick, mixed ( 3» ) tout ce que je lui fdfais prendre. Enfin tout mon traitement ne fut d'abord établi que fur l'inflammation que j'ai toujours cru être le commencement de la ma- ladie et enfuite fur la d.floluticn des humeurs qui s'en- fuivait; en confequence j'ai fait l'application, fuivant les circonftmces et l'état varie que me pr^fentait la maladie, de tous les bons confeils que nous donnent les meilleurs auteurs qui ont écrit fur la médecine. Mars cette maladie eft-elle, ou n'eft elle pas contigitufe ? Queftion que je crois ne pouvoir fe réfoudre que par une diftinébon que l'expérience femble ltgitimer* Cette maladie eft contagieufe pour ceux dont la con- flitution organique a plus d homogênité avec l'air de ce pays. L'affinité et les rapports qui exiftent entre leur tempérament et l'imprefiion de cet atmofphêre, leur donnent m.e difpofition plus prochaine à recevoir les imprelhons des miafmes putrid s dont l'air fe trouve imprégné, qui altère et dérange plus on moins cet équi- libre des folides et des liquides fi néciffaire au maintien de la bonne fanté. Cette maladie n'eft point contagieufe pour les étran- gers dont les temperamem ont moins d'homogènité avec cet air altéré. Témoin le nombre prodigieux d'étran- gers qui abonde en cette ville et dont aucun n'a cte' at- taqué de cette maladie,tandis que la plupart des naturels et ceux qui font accoutumés à ce climat en ont été atteints. C 3* ) with diacodium. In fine, my whole treatment Was at firft only eftablifhed upon the inflammation, which I always believed to be the origin of that difeafe, and afterwards on the difTolution of humors which follow- ed ; and thcrcfore I made the application according to circumitances, and the différent fliapes in which the difeafe prefented itfelf, and of the beft advices given us by the moft eminent authors who hâve written on phyfic But is, oris not tifs difeafe contagious ? A queftion which I think I am only able to anfwer by a diftinc- tion, which expérience feems to juflify. It is contagi- ous for thofe, whofe organical conftitution has great homoo-enity with the air of this country. The afhnity and relation exifting between their conftitution, and the impreffion of this atmofphêre, gives them a near- er difpoiition to receive the impreffions of the putrid miafmas, with which the air is impregnated, and which alter and trouble, more, or lefs that equilibrium of the folids and liquids, fo neceffary to main tain good health. The difeafe is not contagious for foreigners, whofe conftitutions hâve little homogenity with that dry air. We are convinced of it by the prodigious num- bers abounding in this city, none of whom were at- tacked with that difeafe, whilft the moft part of the natives, and thofe ufed to the climate, were taken ill with it* ( 40 ) Les relations de l'homme avec tout ce quil'envirûnej et les influences de l'air fur les temperamens font in- explicables 5 on en voit les effets fans pouvoir fouvent en pénétrer les caufes. On ne peut fur cela livrer que des conjeétures,et je n'établis celle ci que fur ce fait con- fiant, que les hommes habitués à un climat font bien plus fujets aux variations malfaifantes et aux influences de fon atmofphêre, que ceux dont la complexion tient en. core par une promotion phyfique à la nature du climat qu'ils viennent de quitter. De là les maladies cpidé- démiques dont les étrangers font fouvent exempts, et de li aulfi les maladies particulières qui attaquent les étrangers et dont les naturels du pays ne font pas at- teints comme l'expérience nous l'a fouvent montré dans plufieurs colonies. Tel eft en peu de mots ce que j'ai obferve' dans cette maladie et la méthode que j'ai fuivi pour fa guérifon ; tel eft ce que le peu de loifir que m'ont lahTé mes malades, m'a permis de jetter rapidement fur le papier. Cn ne trouvera pas dans mon ft'le un dédommagement de l'a- ridité de la matière que je traite. Si ce que je dis n'a rien de neuf ni de profond, ce que j'ai expofé fans méthode, eft au moins dit avec candeur et fincerité. Mon but eft de m'éclairer pour fervir mes malades avec plus d'avantage, et fi ce petit expofé eft accuelli du public- je donnerai dans la fuite une differtatïon plus étendue fur l'epidemie actuelle. C 41 The relations of man with ail that furrounds him, and the influence of the air on the conftitutions, can- not be defcribed. We fee the envccs of them without often being able to penetrate the caufes. We can givebut conjectures on that heacl ; and I only ground this, upon this certain fa et.,- that men aceuftomed to a climate, are much more fubjecl to the burtful variati- ons nnd influences ofits atmofphêre, than thofe,whofe coinple&ion, through a phyficidpropenfity/sftill fubjecl to the nature of the climate that they hâve juit quit- ted. From thence arife endémie difeafes, which do notaffe3 foreigners, and from thence alfo thepeculiar difeafes which attack new-comers, without affecling the natives, as expérience has often fliewed to us in our colonies. Such are,»n a few words,what I hâve obferved in this difeafe, and the methods 1 hâve followed to cure it. This is what the little Ieifure, left me by my patients, could allow me to commit hafbly to writing. The public will not, certainly,find,in my-ftyle, any thing to make amends for the dry nefs of the fubjecl I am wri- ting upon. If what I fay, has nothing new nor learn- ed, what I hâve (hewn, without order and method, is at leaft faid with candor and fincerity. My aim is to obtain light, in order the better to ferve my patients; and fhould this fhort publication prove agreeable to the public, I will give a longer differtation on the ac- tual épidémie. If, after what I hâve juft faid, any phy- ficians, having followed a method différent from mine, may hâve met with greater fuccefs, I beg that they would publifli their obfervations. I affiire them, before hand, of my fincere gratitude, and of the thanks of the public ; non efi in medico femper relevetur ut *ger- Philadelphia, Oct. ioth, 1793- F D. NASSY. « { 4* ) Si d'aprè ce que je viens d'expofer quelques médecins ayant fuivi une autre route que moi, avaient obtenu plus de fuccès, je les prie de publier leurs obfervations ; je leur garantis d'avance et les remercimens du public, et ma finctre obligation. Non efi in medico femper re* levetur ut œger* D. NASSY, Philadelphie, le 10 Octobre, 1793? ( 43 ) POSTCRIPT. Whilft this p^per was in the ha:id:> of one of my friends, who had undertaken to tranflate it into En- gliih, andprint it, I had an op^ortunity of vifiting the new afylum of the unfortunate,at Bufh-hill. For this favour,I was indebted to Mr. Devefe, a phyflcian and furgeon from, St. Domingo, who, by a happy choice, has been entrufted with the care and direction of the hofpital at Bufh-hill; and who, to a feeling heart, u- nites the knowledge requifite for doing honour to his two profeffions. At my requeft, he was kind enough to haveopened, in my prefence, the bodies of two pa- tients,who had died of thereigning difeafe. Of thefe tw~>, the one haJ, before hecame to the hofpital,made ufe of the draftic purges with mercury, and the other had been treated in a more mild manner. The anatomical infpection of thefe two bodies, and of feve- ral others, m-ide in the famé hofpital, has confirmed, in a moft incontrovertible manner, the truth of what I hâve advanced, in one of my notes (P. 31,) and hâve plainly proved the havoc that thofe violent medicines, when adminiftered in an inflammatory fîcknefs, hâve caufed in the ftomach and inteftines, the effects where- of were perceived upon the bodies of other patients who died of that diforder, although treated in a différ- ent manner. Thercfore if the virus of that epidemi- cal difeafe, yiclds, but with difuculty, to the cool anti* phlogiftic method, much more will it deftroy the pa« ( 44 ) p o s r - s c r i p r u m. Pendjnt que cet écrit était entre les mains d'un de nies amis pour le traduire en Anglais et le faire impri- mer, M. de Vefe mt-decin et chirurgien de St. Do- mingue qui, à la fenfibilité du cœur, réunie au plus haut degré toutes les coinaifTances requifes pour faire hon- neur aux deux états qu'il profeffe, et à qui, par un choix heureux on a confié le foin et la direction du nouvel hcpital à Buih hill, me fît l'amitié de venir me prendre pour aller vifiter ce nouvel czile des infortu- nés; il eut,à ma prière,la complaifuice d'y faire ouvrit* les cadavres de deux malades morts de la maladie rég- nante, l'un qui, avant de venir à l'hôpital, avait fait ufage des hydraftiques avec le mercure, et l'autre qui avait été traité d'une manière plus douce. L'infpection anatomique de ces deux cadavres également que plu- fieurs autres faites au dit hôpital, ont confirmé de la manière la plus inconteilable la vérité de tout ce que j'ai avancé dans une de mes notes (p. 30) de cet écrit, et ont clairement démontré les ravages qu'ont opéré fur l'eftomac et le bas ventre, ces medicamens violens adrniniftris dans une maladie inflammatoire, dont les effets fe firent apercevoir fur d'autres cadavres qui moururent de cette maladie, quoique traités d'une au. tre manière. En confequence, fi le morbus de cette ép'demie ne cède qu'avec peine aux rafraichiffans et aux antiphlogiftiques, à plus forte raifon, il emportera Je malade et en moins de tems, fi dans l'intention de le ( 45 ) tient, in a ftill fhorter time, if, with the intention of opoofinor it, we auo-mentits violence by medicines ana- 1 . o ' o J logous to its deftruétive nature. How mi-'n that new hofpital has pénetrated my heart with gladnef»! Thefituatîon,the cleannefs,the neatnefs that reign in every room,the contented and fatisfied looks ôf the patients,who feem to biefs their benefaclors from the bottom of their hearts ; the vigilance, the aclivity of the French under-furgeons, American nUrfes, and others whom I found there ; the obliging and folacing manner in which they fpeak to the patients; in a word, every circumftance has moved my fenfibility, in fuch a \vay, as to flied tears. Without prodigality, there is nothing wafted in that hofpital. The moft valuablc Tnedicines, the moft ex pi'fite wines, the niceft and moft fuitable diet, in fhort, every thing is in abun- dances, and every thing is c eftined for the relief of thofe unhâppy and devoted perfons, whom the epide- mie lias ftruck with its fatal blow. If the peace and tranquility, which are enjoyed in this country,enchant the foui of the meek and peaceful man, the charity of the American people towards their poor, the eager cares with which fome humane and ge- nerous perfons, hâve, in a fhort time,and at their own expence, fitted up this new afylum for fuffering huma- nity, the affiduity and zeal of the committee thaï fu- perintend it, ail this m3y edify the moft virtuous peo- ple on earth,and give an exampîe to the univerfe how ( 46 ) combattre, on augmente fes forces avec des medica- mens analogues a fa nature déftructive. Que ce nouvel hôpital a pénétré mon cœur de con-1 tentement ! la difpofition, la netteté, la propreté qui y régnent dans chaque appartement, l'air content et fa- tisfait des malades qui femblent bénir dans le fonds de leur ame leur bienfaiteurs, la vigilance, les foins et l'activité des fonschirurgiens Français et des gardes- malades, tant Américains qu'autres que j'y ai trouva, la manière douce, affable et co rfolante avec laquelle ils parlent aux fouffrans, tout enfin a touche ma fenfibilité jufqu'à me faire verfer des larmes. Sans prodigalité, rien n'eft épargné dans cet hôpital ; les medicamens les plus précieux, les vins les plus exquis, les nour- ritures les plus convenables, tout y abonde, tout y eft deftiné au foulagement de ces êtres malheu- reux et intéreffans que l'épidémie a frappé de fon coup fatal. Si la paix et la tranquillité dont on jouit dans ce pays ravit l'ame de l'homme doux et pacifique, la charité du peuple Américain envers ces pauvies, les foins em- preffes avec lefquels des particuliers g néreux et hu* mains ont érigé tout d'un coup, et à leurs frais, ce nou- vel azile pour l'humanité fouffrante, raffduité et le •jèle du comité q'ile dirige, tout cela, dis-je, peut édi- fier le peuple le plus vertueux de la terre, et donner à l'univers l'exemple de ce que l'homme feul et en fociéte', ( 47 ) much more, of what ad:ls to the digrity of the fpecies! man, when infociety, canperform, than when alone, than when he has not degraded his nature by am- bition, covetoufnefs, and cold felf-love. This pic* ture fo comforting for humanity, muft and ought tq fpread ]oy, in a heart of fenfibihty, and make one fay with tranfport, " Bleffed be the nameof Godî L-'■/..'•':' '* 'Mm-tôti