*« NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE Washington Founded 1836 U. S. Department of Health, Education, and Welfare Public Health Service RAPPORT FAIT A LA SOCIETE MEDICALE SUR LA FIEVRE JAÏJME a %UI A BEGNE IfUJVE MANIERE EPIDEMIQUE PENDANT L'ETE DE 1817, PAR MM. GROS ET GEÉARDIJV. Non ignara mali, miseris succurrere disco. Vik. Enéide liv. 1. Malheureuse, j'appris à plaindre le malheur. Tvad. de Delïlle ?;OU'VKLÏ,E-ORLEAN5 ; :li'3IX-L PAU T.. "." DE Sï. EOJ!:?, ïMTElMFPa DE lA gftCIii'i't; HÏDI'JALii vvvvwwu AVRIL—IS-IS. VW WliWVWV VV\ VW W^< WW VW \r\r\J VW WU WfWVWV VVW.VVV VW VWX V\l Wt> RAPPORT SUR LA FIEVRE JAUNE. MESSIEURS, Xi A fièvre jaune vient d'exercer ses ravages dans la ville de la Nouvelle-Orléans; ce fléau destructeur a moissonné une partie des Euro. péens et des Américains que les malheurs de l'ancien continent, et les affaires commerciales avaient attirés dans cette métropole de la Loui- siane : la mort aurait compté un plus grand nombre de victimes sans la vigilante sollicitude des magistrats, la bonté généreuse des citoyens, et le dévouement philantropique des ministres de la santé. Chargés par la société de lui donner la descrip. tion de cette épidémie meurtrière, nous avons l'honneur de lui présenter aujourd'hui le résultat ( 4 ) de nos travaux. Si cet opuscule médical est digne de quelqu'intérêt, qu'il nous soit permis d'en faire hommage aux membres de cet institut naissant, comme un faible témoignage de notre reconnaissance pour les sages conseils, et les observations précieuses qu'ils ont bien voulu nous communiquer. Tous les faits relatés dans l'histoire de cette épidémie, ont été sanctionnés par l'expérience î nous aurions pu sans doute embellir ce travail de conjectures ingénieuses, d'hypothèses sédui- santes, de conclusions prématurées ; nous aurions pu comparer les nombreuses recherches aux- quelles les auteurs se sont livrés pour essayer d'éclaircir quelques points encore obscurs de cette affection prothéiforme : mais nous avons évité ces digressions qui sans rien ajouter à l'importance de notre sujet, auraient pu nous entraîner dans quelque opinion hazardée ; et nous avons pensé que notre tâche était remplie, si nous pouvions ajouter des faits recueillis avec une exactitude scrupuleuse à la masse des con- naissances acquises sur l'étude de cette maladie. 1°. Constitution Atmosphérique, Les mois d'Avril, Mai et Juin de Tanné» 1817, ont été fort pluvieux ; les environs de la ville res- tèrent long-temps couverts d'une eau stagnante, (5) Cl les marées du lac furent plus hautes qu'à l'ordinaire. Les vents qui jusqu'à la fin de Juin avaient presque toujours souflé de l'Est et du Sud, passèrent subitement au Nord ; alors la sécheresse se manifesta, et une chaleur humide et étouffante régna pendant les mois de Juillet, Août, et fin de Septembre. Sur la fin de Juin, le thermomètre centigrade s'éleva à 92°. ; en Juillet, il s'est soutenu de 86°. à 92°. ; en Août de 84°. à 94°. et sur la fin de Septembre, de 80°. à 85°. Pendant ce temps, le baromètre s'est soutenu constamment à 29°. et quelques légères fractions, et l'hygromètre à marqué de 15°. à 25°. d'hu- midité^*) 2°. Invasion et durée de la Maladie, L'épidémie se déclara dans le courant de Juil- let ; mais sur la fin de Juin, plusieurs symptômes de cette maladie avaient été déjà signalés dans plusieurs parties de la ville, et surtout à l'hospice civil, avant l'arrivée d'une polacre de la Havanne, qui, pendant la traversée, avait perdu une partie de son équipage du vomito-prieto, La maladie continua ses ravages pendant le tnois de Juillet, prit un nouveau degré d'intensité (*) Ces observations météorologiques ont été communiquées pat Mr. Lafon, correspondant de la société. (M en Août, à cause d'un grand nombre d'Euro- péens qui débarquèrent à cette époque, et d'Amé- ricains, qui descendirent le fleuve : pendant ce mois, la mortalité fut très-grande. L'épidémie rallentit ses progrès après une forte tempête qui eut lieu au commencement de Septembre : le temps resta variable jusqu'au 20 du même mois ; alors le vent du Sud soufla de nouveau ; la cha- leur reprit sa force et son humidité, et la maladie sévit encore contre plusieurs individus nouvelle- ment rentrés dans la ville ; enfin elle disparut dans le mois d'Octobre, excepté à l'hospice civil où elle régna encore quelque temps, après un orage épouvantable qui éclata à cette époque, et qui fut suivi d'un froid plus ou moins rigoureux. 3°. Causes, La Nouvelle.Orléans, placée sur le bord Occi- dental du Mississipi, se trouve comprise entre les 29°. 57', 45",lat. Nord, et les 92°. 28', 45" long. Ouest, (méridien de l'observatoire de Paris.) Cette ville„ située au-dessous du niveau du fleuve, bâtie sur un sol vazeux qui laisse échap- per l'eau à la profondeur de quelques pieds, est entourée de vastes cyprieres et de nombreux marécages. Le fleuve, en se retirant pendant Tété, abandonne devant la ville une plage éten- ( 7 ) due, limoneuse, couverte de débris de matières animales et végétales qui subissent par l'ardeur du soleil une prompte décomposition : c'est sur cette batture que les Américains des provinces de l'Ouest débarquent leurs produits mercantiles. L'épidémie a attaqué le plus grand nombre des Européens et des Américains, nouvellement arrivés ou qui n'étaient pas encore acclimatés ; les hommes jeunes, robustes, doués d'un tempé- rament sanguin, et d'un caractère triste, pusilla- nime, disposé à la nostalgie, ont été plus promptement frappés que ceux d'un âge déjà avancé, d'une complexion faible et délicate, mais remplis de courage et de fermeté ; plusieurs de ces derniers n'ont point été malades. Les femmes ont été moins sujettes que les hommes à contracter la maladie : la plupart de celles qui étaient enceintes ont fait de fausse- couches. Cette circonstance a toujours été fâ- cheuse, mais moins si elle arrivait dans là pre- mière période de l'affection. Les colons de3 Antilles, les créoles, les habi- tans de la campagne environnante ont été géné- ralement épargnés ; plusieurs enfans ont été victimes de l'épidémie ; quelques individus moururent sur les habitations voisines où ils s'é- taient retirés trop-tard, sans communiquer la maladie. Enfin, on ne cite pas un nègre qui ait été attaqué de la fièvre jaune. (s > L'exposition au soleil, l'abus des liqueurs sp:~ ritueuses, l'usage immodéré des boissons rafrar chissantes, les excès vénériens, les veilles pro- longées, un exercice forcé, les écarts dans le régi- me, l'impression de l'air froid et humide du soir, les passions tristes et débilitantes ont été autant de causes prédisposantes à la maladie. 4°. Description de la Maladie, Jusqu'à la fin de Juin, la population de la ville. avait joui d'une santé assez parfaite ; les mala- dies régnantes étaient des affections bilieuses, catarrhales, vermineuses et quelques fièvres ataxiques rémittentes qui s'étaient généralement jugées d'une manière favorable'. Dans le mois de Juillet, et les mois suivans, la fièvre jaune se manifesta d'une manière aussi prompte qu'inattendue chez les personnes qui semblaient avoir en apparence la santé la plus prospère ; quelquefois cependant son invasion était précédée d'anorexie, d'une céphalalgie plus ou moins violente, d'un sommeil peu réparateur, et surtout d'un sentiment d'inquiétude et d'effroi qui paraissait ne laisser aucun doute au ma- lade du danger qu'il allait courir. Lorsque la maladie avait une marche régu- lière, il a été facile de la diviser en trois périodes distinctes. ' ( 9) 1ère. Période. Mal-aise général, accablement insurmontable, léger frisson suivi bientôt d'une chaleur vive et mordicante ; douleur de tête insupportable vers le front et les tempes, qui arrache au malade des plaintes et des cris ; douleurs contusives dans la région lombaire et dans tous les membres ; yeux rouges, doulou- reux, fixes, quelquefois humectés d'une rosée brillante, et ne pouvant supporter l'éclat d'une vive lumière ; figure animée, vultueuse, expri- mant la terreur et l'effroi ; respiration courte, là_ borieuse, entrecoupée de soupirs fréquens et profonds ; langue tantôt blanche au milieu, rouge et humide sur les bords, tantôt couverte d'un enduit brunâtre au milieu, pendant que les bords restent rouges et secs ; pouls plein, fort, régulier, quelquefois dans l'état naturel ; battement des artères carotides et temporales ; tension déchi- rante dans la région épigastrique, douleurs vives lorsqu'on exerce la pression sur elle ; nausées, vomissement d'une matière muqueuse, ou d'une couleur grisâtre, rouillée, acide, agaçant les dents, excoriant la bouche et les lèvres ; boissons quelquefois rejettées avec peine et efforts ; dé- jections bilieuses ou muqueuses ; souvent cons- tipation opiniâtre, résistant aux moyens laxatifs; hémorragies le plus souvent nasales, se réduisant à quelques gouttes de sang ; gonflement des hypocondres ; urines tantôt rares, tantôt abon. 2 (10) dantes, jaunes, rouges, brunes, jumenteuses ; inquiétude, agitation, sentiment de froid à l'ex- térieur et de chaleur à l'intérieur, morosité, tristesse, insomnie fatigante, intégrité des fa- cultés intellectuelles et des forces musculaires. Cette période, dans les cas réguliers, du. rait un à deux jours ; lorsqu'elle dépassait ce terme, la maladie était moins dangereuse. 2e. Période, Diminution graduelle de la cha- leur fébrile, de la rougeur des yeux et de la figure, des douleurs intolérables de la tête, des lombes et des articulations ; mais le re- gard reste troublé, la physionomie continue à exprimer la terreur ; teinte jaunâtre, apparais- sant drabord aux yeux, sous le menton, à la commissure des lèvres, et se répandant par degrés sur le col, la poitrine et le reste du corps ; respiration plus faible , mais toujours suspirieuse ; pouls plus déprimé , mais régu- lier ; douleur de la région épigastrique plus vive, plus aiguë , plus déchirante , la plus lé- gère pression ne peut être supportée, nausées, ou vomissemens plus fréquens et plus péni- bles ; les matières rejettées sont d'une couleur grisâtre, laquelle vient insensiblement noirâtre et finit par ressembler à du marc de café ; ces matières sont presque toujours d'une na- ture corrosive qui brûle la gorge ; les urines deviennent rares et le plus souvent se suppri- (11) ment ; les déjections alvines prennent des tefrr tes variées de jaune, de verd et de noir ; les hémorragies se manifestent par les différentes ouvertures du corps ; le moral et les forces mus- culaires se soutiennent ; rarement on a observé les soubresauts des tendons, les convulsions, le hoquet et le délire. Cette seconde période durait ordinairement deux à trois jours. Se. Période. Les douleurs de la région épi" gastriques sont plus supportables, les vomis. semens moins fréquens ; mais le malade rend comme par regorgement, une certaine quantité de matière d'une couleur et d'une consistance pareilles à de la lie d'encre ; les évacuations intestinales offrent le même aspect, ou sont sem- blables à delà lavure de chair, elles sont sou. vent involontaires et répandent une odeur ca* davéreuse ; la couleur jaune de la peau devient plus foncée et tire sur le noir ; la peau est sèche, aride, ou couverte d'une sueur froide et gluante : la suppression des urines persiste; les hémorragies sont plus fréquentes et ont lieu com- munément parle nez, la bouche, les yeux, l'anus et par l'ouverture de la veine si elle a été pra- tiquée ; le sang est noir, dissous, de mauvaise odeur ; souvent le sang transsude par les pores de l'intérieur de la bouche, de la langue, des gencives et des lèvres ; le corps se couvre de (12) pétéchies ou de tâches violacées, les plaies des vésicatoires deviennent blafardes et gangreneu- ses ; le malade exhale une odeur sui generis, qui est toujours un symptôme mortel. Au milieu de cet appareil de la mort, le malade conservait le plus ordinairement l'énergie des forces musculaires ; il se levait pour satis- faire aux besoins naturels, et ne laissait apper. cevoir qu'un léger trouble dans les facultés intellectuelles ; ses réponses étaient lentes, mais appropriées à la demande ; il était dans une indifférence remarquable sur sa situation ; il se trouvait bien, demandait à manger, et souriait en parlant ; mais la décomposition et la pâleur cadavéreuse des traits de la face, la gêne dans l'articulation des mots, la dilatation de la pu. pille et la fixité de l'œil, le pouls déprimé, intermittent, gazeux et presque insensible, la respiration petite et stertoreuse, démentaient les. paroles du malade, et présageaient sa mort pro- chaine- Cette dernière période durait deux ou trois jours au plus. 5°. Anomalies et terminaisons de la maladie. Cette maladie n'a pas toujours observé la marche régulière qui vient d'être décrite ; sou- vent les symptômes de la première période se (13) sont confondus avec ceux de la seconde et de la troisième, et les malades ont péri les 3e., 4e. et 5e. jours ; quelques uns ont été comme foudroyés et ont succombé dans 36 à 40 heures. Dans la première période, la sensibilité et le déchirement de l'estomac l'ont quelquefois em- porté sur la céphalée et les douleurs lombaires ; les vomissemens noirs n'ont pas toujours été un symptôme constant. Dans la 2e. période, un état de rémission dans la marche de l'af- fection, faisait souvent luire au malade un rayon d'espérance ; mais cet état trompeur semblait n'avoir lieu que pour hâter l'issue funeste que Ton croyait éviter ; dans la 3ef période, le plus grand nombre a succombé au milieu d'un calme parfait ; d'autres dans les convulsions et les transports d'un délire furieux ; quelques uns ont éprouvé, quelques heures avant la mort, de violens accès de colère et frappaient les per- sonnes qui les approchaient. Cette maladie ne s'est jamais jugée par des mouvemens favorables et critiques ; c'est en vain que le médecin, tranquille spectateur des désordres qui se succédaient, voulait attendre et favoriser les efforts conservateurs que la na- ture pouvait susciter : la rapidité des accidens semblait accuser la lenteur de la méthode ex. pectante. Lorsque \a. maladie devait se terminer heu- (14) sèment, les symptômes diminuaient progres- sivement d'intensité ; souvent même ils dispa. raissaient avec une promptitude étonnante ; à cette époque, le malade commençait seulement à apprécier le danger qu'il avait couru ; les for- ces musculaires qui jusqu'alors s'étaient soute- nues, semblaient s'anéantir tout-à-coup, la fai- blesse était extrême, les urines se chargeaient d'une couleur safranée ; des démangeaisons se faisaient ressentir sur tout le corps, une lé- gère moiteur se déclarait, les hémorragies ou l'exhalation sanguine à la surface des membranes muqueuses étaient moins fréquentes, l'appétit se ranimait, le sommeil était un peu plus calme, les selles changeaient de nature ; enfin la con- valescence était assurée. La convalescence a presque toujours été longue et pénible ; quelquefois la sensibilité de l'estomac a persisté, deù résultaient de fréquens vomis" semens ; tantôt la constipation était opiniâtre et le sommeil difficile à recouvrer ; tantôt les digestions restaient laborieuses et l'ictère dis- paraissait avec peine, malgré les urines safranées et comme oléagineuses qui étaient rendues assez fréquemment ; chez presque tous les convales" cens, les sens paraissaient é mousses ; les facultés intellectuelles et surtout la mémoire avaient éprouvé des altérations profondes, l'amaigrisse- ment était extrême, la voix faible et légèrement (15) plaintive, l'articulation des mots difficile ; plu- sieurs individus ont été sujets à des rechûtes, déterminées surtout par l'impression d'un air froid ; un jeune homme qui avait échappé à cette cruelle, maladie, périt d'une affection tétanique, due à cette cause atmosphérique ; cette observation a été communiquée avec tous ses détails par MM. Chevalier et Pecquet. Tous ceux qui ont été attaqués de la fièvre jaune, n'ont jamais repris leur premier embon- point, ni le teint fleuri et animé qui caractérise les européens ; moins disposés à mener une vie active et laborieuse, et à se livrer au travail silencieux de la pensée et de la méditation, il semble que chez eux le physique et le moral ont changé dans les mêmes rapports et la même proportion ; cette mutation, qui seule peut donner une idée de la gravité de la maladie, est un des problêmes les plus intéressans que puisse résoudre le médecin physiologiste. 6°. Pronostic. Cette maladie a été d'autant plus dangereuse, que les causes qui lui ont donné naissance, ont agi avec plus d'intensité et que sa marche a été plus rapide. Au début de la maladie, lorsqu'à un frisson prolongé se joignent la prostration des forces, (16) l'abattement du moral, une céphalée violente accompagnée d'une agitation continuelle, d'une douleur épigastrique déchirante, de vomisse- mens et de la difficulté d'uriner, la maladie était courte et suivie d'une issue funeste. Dans la première période, les yeux rouges, étincelans, fixes ou agités de mouvemens con- vulsifs ; la langue rouge sur ses bords, sèche à son centre, tremblotante et racornie, annon- çaient un délire prochain et la gravité de la maladie. La suppression des urines a toujours été un symptôme mortel ; on a constamment observé que lorsqu'elle arrivait dans la première période, les malades périssaient avant le cinquième jour* L'apparition de l'ictère avant le sixième jour, a presque toujours été un signe funeste. Il a fallu se défier de l'état du pouls qui restant souvent naturel dans la deuxième pé- riode, devenait subitement rare, gazeux ou inter- mittant ; ce signe joint aux symptômes de cette période, présageaient une mort certaine. Dans la première période, les hémorragies qui avaient lieu par les yeux, la bonche, les voies urinaires ou l'anus, annonçaient la gravité de la maladie ; dans la troisième période, elles étaient l'indice d'une terminaison fâcheuse. Lorsque la peau et les pétéchies devenaient brunes et noirâtres, que le ventre se météorisait. (17) et que les membres refroidis ne pouvaient être réchauffés, la mort était prochaine. Les vomissemens fréquens, répétés, pénibles, de matières noires semblables à du marc de café, les selles de même nature, et l'odeur sut generis que les malades exhalaient, étaient autant de symptômes mortels. Les convulsions qui avaient lieu dans la troi- sième période ont toujours été funestes. La difficulté d'avaler, l'obscurcissement de la vue la persévérence du hoquet et des convulsions étaient les signes avant.coureurs de la mort. Chez les femmes, si les règles se montraient dans la première période, cette évacuation in- fluait quelquefois sur la marche et l'intensité de la maladie, il en était autrement lorsqu'elles paraissaient dans les deux autres périodes. Le pronostic a été en général plus avantageux, lorsque la maladie suivait la marche d'une ma- nière régulière, qu'elle attaquait des individus d'une constitution sèche et grêle, et que l'in- vasion de la maladie n'avait point terrorisés, La langue couverte d'un enduit humide, mo. bile et blanchâtre, la liberté de la respiration, la moiteur de la peau, Témission de l'urine, quelle que soit sa couleur, des évacuations bilieuses, des hémorragies modérées, lorsque d'ailleurs les forces du malade se soutenaient 3 (18) ont été les principaux signes d'un présage heu. reux. Un ptyalisme abondant a concouru chez plusieurs malades à être regardé comme un signe favorable et critique. 7°. Autopsie Cadavérique, La chaleur considérable de la saison et la prompte putréfaction qui s'emparait du cadavre, ont empêché de procéder aux recherches d'ana- tomie pathologique avec toute l'exactitude que nous aurions désiré. Les lésions suivantes ont été signalées à l'hôpi- tal de la charité par MM. Martin^ médecin de cet hospice et Mr. Willon> médecin de la faculté de Paris, nouvellement arrivé, et victime de l'épidémie et de son zèle pour l'avancement de la science. Sur un homme âgé d'environ 28 ans, ils ont rencontré dans l'intérieur de l'estomac un liquide noirâtre et semblable à du marc de café ; la membrane muqueuse de ce viscère et celle du commencement du duodénum était parsemée de tâches d'un rouge foncé ; le reste du canal alL mentaire avait conservé son intégrité ; le foie était sans aucune altération, la vésicule du fiel très-petite et contenant une bile verte foncée ; la vessie dilatée et renfermant dix à douze onces (19) d'une urine épaisse et de la couleur du gou- dron : la face interne de cet organe présentait des traces d'inflammation, surtout vers son bas fonds ; les viscères de la poitrine et de la tête étaient dans leur état naturel. La seconde ouverture cadavérique a eu lieu sur un homme d'une constitution robuste, âgé d'environ 32 ans, mort avec un ictère général, et le corps parsemé de tâches pétéchiales. L'es- tomac contenait un liquide jaunâtre mêlé de flo- cons brunâtres, sa membrane interne et celle du duodénum était couverte de tâches gangreneu- ses ; le reste du canal alimentaire sans lésion apparente. Le foie offrait des traces d'inflamma. tion, la vésicule du fiel était à demi-remplie d'une bile verte et épaisse ; la vessie était contractée sur elle-même, et contenait une cuillerée d'urine très-brune, ses parois étaient épaissies et sa face interne rouge et phlogosée. Aucune lésion organique dans les viscères de la poitrine et du cerveau, seulement les vaisseaux du plexus cho- roïdes étaient gorgés d'un sang noir et dissous. Une remarque importante est que les tâches gangreneuses observées ne s'étendaient pas plus loin qu'à la membrane muqueuse de l'estomac et du tube intestinal. Les mêmes lésions cadavériques ont été re* marquées par Mr. Gros, sur un autre individu mort de la même maladie ; en outre, il a ren" (20) contré des traces d'inflammation dans les reins, et malgré l'ictère considérable, les conduits hépatique, cystique et cholédoque, étaient dans leur état naturel. 8°. Traitement. S'éloigner du foyer de la contagion, a été le seul traitement préservatif ; les individus qui avaient quitté la ville dans le commencement de l'épidémie, ont été respectés ; quelques.uns de ceux qui ne l'avaient abandonnée que dans le mois d'Août, ont vu la maladie se développer chez eux avec tous les symptômes qui la carac- térisent ; enfin, ceux qui sont rentrés trop tôt dans la ville, ont été attaqués avec autant de violence que s'ils y étaient restés, et plusieurs d'cntr'eux ont succombé. Dans la première période de la maladie, la saignée a été employée chez les jeunes gens robustes et pléthoriques, mais ce moyen n'a pas toujours répondu à l'attente du praticien ; s'iL diminuait un moment l'excitation générale, il était bientôt suivi de la prostration des forces et accélérait la marche de la maladie ; l'expé- rience a prouvé, que dans la violence de l'épi- démie, la saignée et les vomitifs avaient été généralement nuisibles. Les moyens qui ont le mieux réussi dans cette période, ont été les (21) doux évacuans, les boissons acidulées avec la crème de tartre, le tamarin, les sucs d'oranges, de citrons ; le petit lait, les lavemens émoliiens et purgatifs. Les bains froids préconisés par des médecins célèbres n'ont point justifié les succès qu'on leur avait attribués ; les bains tièdes ont paru mieux réussir, ils diminuaient l'irritation et excitaient une douce transpiration. Dans la seconde période, les toniques pré. conisés ont été employés sous toutes les formes. Le kina, fréquemment administré, a été souvent rejette par Testomac ; la potion de Rivière a paru quelquefois diminuer les vomissemens ; l'appli- cation d'un vésicatoire sur la région de Testomac n'a pas eu d'efficacité; Téther sulfurique em- ployé en frictions sur la région épigastrique, et Topium pris intérieurement, ont été mis en usage avec plus de succès ; mais en général, on peut dire que le vomissement s'est presque toujours joué des efforts du médecin. Le camphre uni au musc, et donné à très- fortes doses, a paru un bon moyen pour calmer le spasme et solliciter les fonctions de la peau ; les synapismes, les frictions sur tout le corps avec des tranches de citron ou le vinaigre ra- dical, ont avantageusement produit le même effet ; les bains de kina ont contribué à main- tenir les forces et diminuer le cours des hémor- ragies passives, il en est de même des lavemens (22) de kina, de la limonade avec l'acide muriatique, nitrique, Sic. Dans la troisième période, on a continué les mêmes moyens employés dans la seconde ; on rendait, s'il était possible, le traitement plus actif, et on redoublait de soins affectueux et assidus, pour~- entourer le malade de tous les secours que l'hygiène et l'humanité indiquaient; c'est surtout, dans cette désespérante période, qu'il fallait chercher à gagner la confiance de son malade, le consoler par des discours per- suasifs et remplis d'intérêt pour lui ; une pareille conduite a souvent été couronnée d'un succès inattendu. Les observations suivantes vont jetter un nouveau jour sur la marche de cette maladie et les variétés nombreuses qu'elle a présentées. PREMIERE OBSERVATION , PAR Mr. GROS. Mr. Thomegueux, âgé d'environ.27 ans, bien constitué, habitant le pays depuis trois ans, me fait appeler pour lui donner mes soins : je le trouvai malade depuis l'espace de dix heures ; sa figure marquait la tristesse et Tétonnement ; fréquens et profonds soupirs, respiration gênée, pouls plus accéléré qu'à l'ordinaire, agitation con- tinuelle, douleurs sourdes aux lombes et au genou droit, regard un peu troublé, langue blan- châtre, assez humectée, point d'altération. (23) Infusion de camomille avec l'acétate d'ammo- niaque, bains de jambes et un lavement. Deuxième jour : langue sale et couverte d'un limon jaune, douleur de tête, yeux rouges, urines rares et claires, pouls moins fréquent, difficulté à répondre aux questions qui lui sont faites. L'ipécacuanha, donné à la dose de trente grains, procure trois vomissemens de matières bilieuses et acides, et deux selles de même nature ; le soir, anxiété et oppression vers le creux de Testomac, sclérotique jaune, point d'urines depuis dix heures. Limonade d'acide muriatique, décoction de kina avec l'acide sulfurique ; plusieurs doses de kina ont été rejettées ; myxture camphrée avec l'eau de menthe et Téther sulfurique, et frictions avec le suc de citrons. Troisième jour. Mauvaise nuit, deux selles claires et un peu fétides disparition de la cépha- lalgie, langue aride et brunâtre au milieu, envies continuelles de vomir, bandes jaunes au cou, à la poitrine, suppression d'urines. Infusion de vipérine avec l'acide sulfurique, deux lavemens de kina avec le vinaigre, frictions avec le vinaigre radical. A midi, les docteurs Dow et Trabuc sont appelés en consultation avec moi ; dans ce mo- ment, le pouls était plus petit et mol, la jaunisse générale, la face un peu décomposée, les es- (24) trémités froides, il avait eu une crampe à la jambe droite, et un hoquet d'une demi heure. Infusion de vépérine avec le vin de madère, bain de kina et de vinaigre, frictions avec la même décoction, deux lavemens avec le kina camphré. A six heures du soir, augmentation de tous les symptômes, hoquet, vomissements de ma- tières noires, et mort le lendemain à trois heures du matin. Pendant la maladie, les forces musculaires ont presque conservé leur énergie, le malade est descendu seul de son lit, une heure avant de rendre le dernier soupir ; il a conservé également l'intégrité des facultés mentales, car la veille de sa mort, il a parlé d'affaires avec un de ses amis. DEUXIEME OBSERVATION, PAR Mr. GROS. M. Darwin tomba malade le 19 Août ; d'abord, céphalalgie frontale, yeux rouges et larmoyans, malaise, vertiges suivis bientôt après d'un frisson qui dura une demi heure, douleurs vives aux lombes, qui forçaient le malade à jetter les hauts cris au plus léger mouvement. Infusion de tilleul avec l'acétate d'ammo- niaque, bain tiède, deux lavemens émolliens et purgatifs. (25) Deuxième jour. Nuit mauvaise, sommeil la- borieux et interrompu par dts rêves effrayans, grand abattement, yeux rouges et étincelans, pupille dilatée, respiration difficile, langue blan- châtre, bouche amère, soupirs fréquens, peau un peu chaude, pouls vite et mol, urines rares et brunâtres. Trente grains d'ipécacuenha produisent quatre vomissemens de matières bilieuses et glaireuses, deux selles de même nature ; limonade de casse et de tamarin pour boisson. Troisième jour. Agitation pendant la nuit, disparition de la fièvre, yeux un peu jaunes, douleurs de tête et des lombes diminuées, soupirs profonds, oppression vers le creux de Testomac, deux vomissemens bilieux, une selle, très-peu d'urines. Eau de casse et de tamarin, limonade d'orange aigre avec un peu de vin de madère, deux lave. mens de kina avec le vinaigre. Quatrième jour. Nuit mauvaise, agitation con- tinuelle, langue sèche, saburrale, ayant les bords rouges ; yeux et col jaunes, face un peu colorée, regard incertain, respiration plus gênée, hoquet, pouls petit et presque insensible, vomissemens de la boisson ; région épigastrique plus dou- loureuse. Infusion de vipérine avec le vin de madère, potion camphrée avec le musc, friction avec le 4 (26) sel ammoniac et le suc de citron, deux lave* ,mens de kina camphrés. Cinquième jour. Vomissemens continuels de matières semblables à du marc de café, chaleur presque éteinte, et extrémités inférieures froi- des ; pétéchies répandues sur quelques parties du corps, mort à la suite d'une forte convulsion. TROISIEME OBSERVATION, PAR M. GROS. Le 29 Juillet, je fus appelé auprès de M......., âgé de 26 ans, d'un fort tempérament ; à mon arrivée, il avait les yeux rouges et saillans, la face vultueuse, une céphalée violente, le pouls plein, dur et rebondissant ; ce jeune homme attribuait la cause de sa maladie à une forte pluie qui l'avait surpris à la promenade. Saignée, eau de poulet nitrée, bain tiède, lavemens émoliens. Deuxième jour. Nuit agitée, sommeil inter. rompu par des rêves effrayans, douleurs de tête et des lombes insupportables, langue chargée au centre et rouge sur ses bords, grande al- tération, anxiétés, nausées et vomissemens de matières verdâtres ; légère hémorragie nasale, constipation, urines rares, pouls moins fort et moins fréquent, crampes à la jambe gauche et à la main droite. Même boisson, potion calmante, bain tiède, deux lavemens émoliens et purgatifs. (27) Troisième jour. Agitation augmentée pendant la nuit, moral vivement affecté ; yeux jaunes, langue sèche et brunâtre, contractions violentes dfî Testomac qui rejette toutes les baissons, irritation à la gorge ; pouls plein et lent, con. tinuation des crampes, constipation, suppression d'urines, sueur visqueuse sur toute la surface du corps. Décoction de kina, frictions avec le kina et l'eau de vie camphrée, lavement de kina avec le vinaigre. Quatrième jour. Augmentation de tous les symptômes, délire pendant la nuit, respiration difficile, jaunisse générale, extrémités froides et couvertes d'une sueur gluante. Infusion de serpentaire avec addition du vin de madère, deux frictipns, sinapismes aux pieds. Cinquième jour. A cinq heures du matin, le malade paraissait tranquille, mais taciturne, il se plaignait d'une chaleur brûlante à la région épi- gastrique, et vomissait toutes les boissons; pouls naturel, selles et urines toujours supprimées. Frictions avec la même décoction, potion de Rivière,' pilules composées de camphre et de musc, lavement de kina avec addition de vinaigre. Sixième jour. Sang vomi à pleine bouche, et de la couleur du café, pâleur cadavéreuse de la face, vue ténébreuse, agitation de la lèvre (28) inférieure, trouble considérable accompagné de cris épouvantables ; à dix heures du soir, perte de connaissance, râle, odeur cadavéreuse, et mort à onze heures. QUATRIEME OBSERVATION, PAR M. GROS Mr. Gérardin, médecin et mon ami, âgé de trente ans, d'un tempérament bilioso-sanguin, arrivé dans le pays depuis 6 mois, éprouva, le 14 Septembre, des douleurs vagues dans toutes les parties du corps, un peu d'abatte. ment et un léger mal de tête. Le soir, la fièvre se déclara, par un léger frisson, suivi d'une forte chaleur; yeux rouges et larmoyans, pouls fré- quent, douleurs considérables à la tête et aux lombes. Nous décidâmes, mon ami Trabuc et moi, que le malade serait mis à l'usage d'une li- monade de tamarins, d'un bain de jambes si- napisé et d'un lavement. Deuxième jour. Nuit agitée, face rouge et enflammée, conjonctive très engorgée, yeux ne pouvant supporter l'éclat de la lumière, douleurs de tête insupportables vers le front et les tempes, langue blanche et humide, soupirs profonds, anxiétés, frisson irrégulier qui l'oblige de se couvrir, pouls bien développé et un peu fré- quent, urines rouges, constipation. (29) Limonade de tamarins, lavement de casse, bain de jambes sinapisé, et pour Taprès midt deux onces d'huile de palma-christi qui pro- curèrent quatre selles bilieuses. Troisième jour. Nuit très-orageuse, le malade a eu le moral vivement affecté, et ne s'es: occupé que de sa famille ; face un peu moins rouge, humeur morose et impatiente, langue saburrale, nausées, douleurs de t te et des lombes si vives qu'elles font jetter les hauts cris ; pouls développé et mou, urines moins rouges. Pulpe de casse et de tamarin, de chaque deux onces, sulfate de soude, une once, dans deux verres d'eau ; ce remède a produit cinq selles bilieuses ; pour le soir, émulsion avec addition d'eau de fleur d'oranger et d'éther sulfurique. Quatrième jour. Nuit plus tranquille, douleurs de tête et des lombes plus éloignées et plus supportables, langue un peu sèche et rouge à ses bords, nausées fatigantes, même état du pouls ; inquiétude générale qui force le malade à se coucher en travers du lit, et le fait changer dé place à chaque instant. Eau de poulet acidulée avec le suc de citron, pilules de camphre et de nître, lavement de casse. Cinquième jour. Nuit assez bonne, le malade (30) a un peu dormi et légèrement transpiré ; di- minution de la rougeur des yeux, face moins colorée, légères nausées ; dans l'après-midi, deux vomissemens bilieux ; mal de tête sup- portable, langue plus humide et légèrement saburrale, urines plus foncées. Mêmes remèdes, crème de riz. Sixième jour. Cessation des nausées, face décolorée, yeux légèrement jaunes, gencives douloureuses et gonflées, expectoration d'une lutiere catarrhale et sanguinolente, pouls et dialeur dans l'état naturel, faibesse dans l'ac- tion musculaire, urines épaisses et foncées en couleur. Même boisson, deux crèmes de riz, eau sucrée avec légère addition de vin de madère, lavement. Septième jour. Nuit agitée, sommeil entre- mêlé de rêves effrayans, du reste, même si- tuation ; à deux heures de Taprès midi, je le trouvai assis sur son lit, sa physionomie ex. primait la terreur, il était très.inquiet sur son état, et venait de vomir la. moitié d'un verre d'une matière brunâtre ; deux bandes jaunes se faisaient remarquer, Tune au manton, et l'autre dans la direction d'une pommette à l'autre ; lan- gue sèche, pouls très-irrégulier et lent ; je rassure ie malade, lui fais faire des frictions sur tout î? corps avec des tranches de citrons ; et près- (31) crivis pour boisson de l'eau panée vineuse, et pour la nuit une potion avec Teau de menthe, de camomille, le laudanum et Téther sulfurique. Huitième jour. Nuit plus tranquille, la langue, les dents et les lèvres sont recouvertes d'un limon épais de couleur noirâtre, gencives plus gonflées et plus douloureuses, expectoration ca- tarrhale et très-chargée d'un sang noir, progrès de la jaunisse, pouls régulier mais un peu lent, urines abondantes, safranées et sédimenteuses. Tisane de grande consolide et de gomme ara~ bique acidulée avec l'acide sulfurique, décoction de kina avec le même acide, frictions avec le citron, lavement de kina avec le vinaigre. Neuvième jour. Jaunisse générale, traits du visage un peu altérés, transsudation abondante du sang des pores des lèvres, de la langue, des gencives et de tout l'intérieur de la bouche, faiblesse extrême dans l'action musculaire, selle d'un sang noir et épais, urines toujours les mêmes. Continuation des remèdes de la veille, gar. garisme avec la décoction de kina, Técorce de grenade et l'acide sulfurique- Dixième jour. Mêmes symptômes, le malade éprouve quelques inquiétudes, il a eu deux dé. jections d'un sang très noir et très-épais, fai- blesse extrême. Mêmes remèdes. > (32) Onzième jour. Amélioration dans son état, moral plus tranquille, apparence d'appétit. Mêmes remèdes, crème de riz, quelques tranches d'oranges sucrées. Douzième jour. Nuit assez bonne, le malade se trouve bien, il a fait une selle moins mau. vaise, la langue se dépouille, l'appétit commence à renaître. Bouillons acidulés avec le suc de citron. Trêzième jour. Convalescence. CINQUIEME OBSERVATION, PAR M. GROS. Mr. Teetzmann, âgé de 21 ans, d'un tempéra. ment bilioso-sanguin, arrivé dans le pays depuis trois mois, doué d'une grande force d'âme et fort enclin à la gaîté, est atteint subitement dans la nuit d'un violent mal de tête, de douleurs déchirantes dans la région lombaire ; appelé à sept heures du matin, je le trouvai avec le pouls fréquent, les yeux rouges, saillans, ne pouvant supporter la lumière ; langue sale et humectée, tension douloureuse à la région de l'estomac. Infusion de feuilles d'oranger, deux onces d'huile de palma-christi qui procurèrent six selles bilieuses. Deuxième jour. Nuit très agitée, anxiétés, vomissemens d'une matière grisâtre, agaçant (33) les dents, excoriant la bouche et les lèvres, deux hémorragies nasales, douleurs de tête et des reins moins vives, battemens des carotides très-marqués, pouls mol et régulier, urines rouges. Carbonate de magnésie dans l'eau de menthe et le miel, eau de poulet acidulée avec l'acide sulfurique, huile camphrée et laudanisée sur Tépigastre, lavement émolient. Troisième jour. Même état, regard fixe, air inquiet, deux hémorragies, constipation. Continuation des mêmes remèdes, application d'eau froide sur le ventre, qui procure une selle noirâtre. Quatrième jour. Nuit fatigante, rêves effrayans, trois hémorragies suivies d'une grande faiblesse dans l'action musculaire, vomissemens des bois- sons prises, pouls et chaleur dans l'état naturel, urines épaisses et abondantes. Continuation des frictions avec l'huile camr phrée et laudanisée sur la région épigastrique, pilules de camphre et de musc, infusion de ser- pentaire avec l'acide sulfurique, bain de kina, lavement de kina avec le vinaigre. Cinquième jour. Nuit assez calme, légers vomissemens, journée assez tranquille «> mais à cinq heures du soir, surviennent des nausées fatigantes et une hémorragie nasale très-forte •lui* affectent le malade et le rendent morne et 5 (34) silencieux ; figure pâle, y eux. jaunes, urines abon- dantes et sédimenteuses. Application sur la tête de compresses mouil. lées dans une forte dissolution d'alun, et conti- nuation des autres remèdes. Sixième jour. Nuit assez bonne, deux selles d'un sang noir et épais, légère hémorragie na- sale, teinte jaune de la figure et du cou, langue bien humectée, peau moite, pouls faible, urines toujours abondantes, mais plus sédimenteuses, le malade est plus rassuré. Frictions sur tout le corps avec une forte décoc- tion de kina et de vinaigre radical, infusion de camomille avec un peu de vin de madère, mêmes pilules, et un lavement de kina légèrement pur- gatif. Septième jour. Le malade a un peu dormi, et transpiré la nuit ; jaunisse générale, diminution notable dans tous les symptômes. Même prescription ; crème de riz. Huitième jour. Convalescence. SIXIEME OBSERVATION PAR Mr. GROS. J'ai été appelle pourvoir Mde. G....... épouse du consul Français, âgée d'environ 27 ans, d'une bonne constitution et depuis huit mois dans le pays. Cette dame enceinte de deux mois, avait le moral très.affecté, et se plaignait d'une cépha- (35) lée violente, de douleurs vives aux lombes, d'alternatives de chaud et de froid : les yeux étaient rouges, la face colorée, le pouls presque dans l'état naturel. Infusion de fleurs de tilleul avec addition d'a- cétate d'ammoniaque, bain de jambe sinapisé, et lavement émolicnt. Deuxième jour. Agitation considérable pen- dant la nuit, peau sèche et brûlante, anxiétés, douleurs de tête et des lombes insupportables; bouche amère, langue fuligineuse et humectée, chaleur incommode à la région épigastrique, suivie de fréquentes envies de vomir, urines rouges, pouls ample et mol. Eau d'orge acidulée avec le sirop de vinaigre, bain tiède, huile de ricin à petites doses, qui procurèrent cinq selles bilieuses. Troisième jour. Nuit agitée, rêves effrayans, inquiétude qui» porte la malade à jetter ses membres ça et là ; langue chargée dans son milieu, rouge et sèche sur ses bords, nausées fatigantes, hoquet, battemens des carotides, res- piration entrecoupée de soupirs profonds et fréquens ; pouls régulier et mol, quelques tran- chées se faisant sentir par intervalle. L'éther sulfurique appliqué sur la région épi- gastrique a fait cesser le hoquet; décoction de kina qui a été constamment rejettée avec de violentes contractions de Testomac ; limonade (36) de citron avec Teau de fleurs d'oranger, lave- ment émolient. Quatrième jour. Nuit un peu plus tranquille ; à trois heures du matin, la malade a fait une fausse couche suivie d'une. perte abondante ; nausées, vomissemens d'une matière visqueuse et rouillée, idée d'une mort prochaine, dispa- rition de la douleur de tête et des lombes, pouls petit et concentré, yeux jaunes, suppres- sion d'urines. Eau panée avec le vin de madère, potion camphrée, frictions de kina et de vipérine, sur tout le corps ; embrocations sur Thypogastre avec l'huile camphrée, lavement de kina: Cinquième jour. Délire pendant la nuit : sina- pismes aux pieds qui semblent avoir dissipé le délire et relevé le pouls. La malade se trouve bien et sourit en parlant : mais à sept heures du soir, la perte utérine devient très-abondante et répand une odeur fétide ; teinte jaune sur le col et la poitrine, urines toujours supprimées, déjec- tions noirâtres, prononciation un peu gênée, jugement sain, pouls et chaleur dans l'état natu- rel. Infusion de camomille avec l'acide nitrique, potion camphrée, frictions avec le kina et Teau. de-vie camphrée, lavement de kina. Sixième jour. Vomissement d'un sang noir et dissous, rendu comme par regorgement, ictère (37) général, gêne plus grande dans la prononciation, respiration stertoreuse, pouls presque insensible, extrémités froides et couvertes d'une sueur gluante, râle, odeur cadavéreuse, morte à neuf heures du soir. SEPTIEME OBSERVATION, PAR M. GROS. Mr. Becmann, allemand, âgé de 24 ans, dans le pays depuis deux mois, fut saisi, le 10 Août, d'un grand mal de tête avec douleur déchirante aux lombes ; le lendemain, face très-colorée, yeux rouges et larmoyans, langue rouge et hu- mectée, anxiétés, continuation de la douleur de tête et des lombes, peau sèche et brûlante, pouls plein et dur. Limonade avec le citron, saignée, bain tiède, lavement émolient. Troisième jour. Grande inquiétude, face moins colorée, gêne de la respiration, langue humectée et blanche au milieu, rouge surses bords ; douleur brûlante à la région épigastrique, sentiment de froid à l'extérieur et de chaud intérieurement ; vomissemens d'une matière visqueuse et acide ; douleurs de tête et des reins moins fortes, cons. tipation, urines rares, pouls fréquent et mol. Huile de ricin, limonade avec l'acide muria; tique et Teau de fleurs d'oranger, fomentations émolientes sur Testomac. far») Quatrième jour. Nuit assez tranquille, hémor- ragies nasales, vomissemens d'une matière ver- dâtre et acide, urines brunes et plus abondantes, pouls accéléré quoique légèrement déprimé. Carbonate de magnésie dans Teau de menthe éthérée, potion de Rivière, même boisson. A trois heures du soir, agitation considérable avec délire—compresses trempées dans Toxicrat sur la tête ; sinapismes à la plante des pieds. Cinquième jour. Nuit plus tranquille, som- meil pendant deux heures ; respiration plus facile, bords de la langue moins rouges et plus humectés, yeux jaunes, nausées fati- gantes sans vomissemens, éruption de petits boutons sur tout le corps, légère hémorragie nasale, urines épaisses, pouls lent et mol. Infusion de camomille avec le vin de ma- dère, pilules de camphre et de musc. Sixième jour. Progrès de la jaunisse, sup- puration des boutons, " gaîté, pouls développé, peau moite, urines épaisses et abondantes. Mêmes remèdes, lavement avec la casse. Septième jour. Convalescence. HUITIEME OBSERVATION, PAR M. GROS. Mr. Skinnert âgé d'environ 55 ans, arrivé dans le pays depuis huit mois, d'un tempérament (39) bilioso-nerveux, avait perdu depuis quatre jours l'appétit et sa gaîté naturelle ; je le trouvai dans un accablement et une inquiétude extrêmes, avec céphalalgie violente, yeux rouges, et pris de convulsions, langue légèrement chargée au milieu, rouge et sèche sur ses bords, douleur épigastrique, nausées fatigantes, pouls fréquent et mol. Limonade de tamarins et de pulpe de casse, bain de pieds sinapisé, lavement purgatif. Deuxième jour. Intensité de tous les symp- tômes, douleur de tête qui fait jetter des cris par intervalles, anxiétés, bouche amère, chaleur brûlante à Testomac, nausées, vomissemens bi- lieux, douleurs aux mollets, suppression d'uri- nes, pouls naturel. Huile de ricin, pilules avec le camphre, le musc et le nitre pour l'après-midi ; le malade a eu cinq selles bilieuses. Troisième jour. Nuit agitée, vomissemens continuels de matières blanchâtres, rouillées, et acres ; langue aride, sèche et brunâtre dans le milieu, regard troublé, peignant l'effroi ; teinte jaunâtre aux yeux et sous le menton, respi- ration assez libre, même état du pouls, urines toujours supprimées. Potion de Rivière, décoction de camomille et de racine de persil avec l'acide muriatique (40} pour boisson, vésioatoire sur Tépigastre ; frictions avec le kina et le vinaigre radical. Quatrième jour. Le malade continue à rejetter toutes les boissons; pâleur cadavéreuse de la face , pouls déprimé, face jaune et parsemée de placards violets, extrémités froides, deux selles noires comme de l'encre ; point d'urines.—Au milieu de ces symptômes, le malade conserve les forces, se lève pour aller à la garde-robe, son esprit est sain, il dit se trouver bien, veut écrire, et parait d'une indifférence remarquable sur sa situation. Cinquième jour. Vomissemens d'un sang noir et fétide, respiration stertoreuse, grande gêne dans la prononciation, pouls intermittent, peau livide, sueur froide et gluante, mort dans la nuit. NEUVIEME OBSERVATION COxMMUNIQUEE, PAR Mr. TRABUC. Le 19 Août, Mr. Humblot, âgé de 20 ans, récemment arrivé de France, d'une constitution phlétorique moyenne, éprouva à la fois des dou- leurs intolérables à la région frontale, ainsi qu'aux lombes : pouls élevé et fréquent, langue rouge sur ses bords, saburrale au centre et pointue ; yeux rouges etlarnioyans ; il fit appeler le doc- teur Dow, qui lui fit une saignée ordinaire, et le mit immédiatement à l'usage de la limonade de tamarins. (41) Deuxième jour. Le lendemain, je vis ce ma- lade avec le docteur Dow : la nuit avait été agi- tée, sans sommeil, sans soulagement de la ce. phalée et des douleurs lombaires ; la langue et les yeux dans le même état que la veille, les urines claires, le malade frappé de terreur ; le pouls cependant moins élevé présentait plus de fréquence ; nausées, bouche amère. Ipécacuanha qui produit plusieurs évacuations par haut et par bas. —Vers le soir, nausées, et de temps à autre vomissemens de bile poracée.—- Potion anti-émétique de Rivière.—Nuit agitée, céphalée constante, urines assez abondantes et un peu plus colorées. Troisième jour. Yeux jaunes, pouls élevé, ré- sistant : nausées plus fréquentes, douleurs fron- tale et temporale plus intenses. Bain de jambes sinapisé, potion anti-émétique, eau de poulet nitrée, fomentations émolientes sur l'abdomen, lavement de casse. Le soir, la terreur du malade est augmentée ; cependant les urines coulent assez abondamment, et les lavemens ont produit des selles copieuses ; mais le mal de tête est toujours le même, et le malade éprouve dans les extrémités inférieures une faiblesse telle qu'il a besoin d'être soutenu pour rendre ses urines.—Frictions sur les mem- bres avec le suc de citron, continuation de Teau 6 (42) de poulet qui est quelquefois rejettée en partie par les vomissemens. Quatrième jour. Le malade avait passé la nuit dans une agitation extrême : depuis Tinvasioh de là maladie, point de sommeil; céphalée et douleurs lombaires persistantes, nausées, langue saburrale, ventre légèrement tendu, conjonctive jaune et quelques filets de la même couleur au. dessous du menton : pouls dur, élevé et annon- çant une crise ; yeux hagards, douleurs fugaces aux environs de l'oreille. Apozême purgatif. On en obtient quelques selles noirâtres et de mauvaise odeur. Urines plus rares et plus difficiles à rendre que la veille, extrémités intérieures frappées de débilité. Vers le soir, ictère augmenté et déclaration d'un ptyalisme assez abondant. A minuit, diminution de la céphalée et des douleurs lom. baires : ptyalisme augmenté, point de sommeil. Cinquième jour. Ictère au col et à la partie antérieure du thorax, conjonctive jaune, pouls approchant du naturel, langue plus humectée et moins rouge à ses bords : même sentiment de terreur : action musculaire des membres abdo- minaux un peu augmentée ; urines jaunes, assez abondantes ; plus de nausées ni de vomissemens. Ptyalisme considérable.—Eau de poulet et lave- mens ; crème de riz légère. Le soir, même état, le malade est un peu ras. (4?) sure ; même moyens ; nuit sans sommeil ; ptya- lisme persévérant. Sixième jour. Ictère moindre ; pouls naturel, mais un peu déprimé ; la langue se dépouille de son enduit saburral, elle est moins pointue : urines jaunes et copieuses, ptyalisme considéra. ble, esprit tranquille—eau de poulet, quelques crèmes de riz et de pain, un ^lavement-r-trois heures de sommeil pendant la nuit. Septième jour. Convalescence. DIXIEME OBSERVATION, PAR M. MARTIN. Le 12 Août, Mr. Duranteau, âgé de 27 ans, arrivé depuis 7 à 8 mois, d'une faible cons- titution, tombe malade ; fièvre avec frisson, doulçur de tête violente. Le 2e. jour, je fus appelé, fièvre violente, douleurs de tête et aux reins, lassitude générale, pouls grand, développé ; langue muqueuse, peau sèche avec chaleur. Eau de poulet et limonade. Troisième jour. Au matin, point de fièvre ,* symptômes diminué. — Trois verres d'eau de casse avec la crème de tartre ont procuré six selles bilieuses ; le malade se trouvant bien, ayant bon appétit, me remercia en me disant qu'il était rétabli. M'appercevant de quelque chose dans la fi- gure que Ton ne peut définir, je lui observai (44> qu'il n'était point encore guéri, qu'il fallait suivre un régime, et l'évacuer de nouveau ; il per- sista dans sa résolution ; je fis part à la dame de la maison de mes craintes et me retirai. Quatrième jour. Au matin, je fus appelé de nouveau ; je trouvai le malade avec grande douleur de tête, aux reins ; pouls plein et accéléré ; douleurs aiguës à l'épaule et au bras gauches ; langue muqueuse, jaune ; envies de vomir. Eau de poulet acidulée, lavement de casse. — L'après-midi, la fièvre ayant cessé, j'ad- ministrai le kina rendu purgatif qui procura plusieurs selles bilieuses ; nuit très.agitée. Cinquième jour. Douleur de tête, faiblesse,* sentiment pénible à Testomac, pouls petit et dur, peau sèche, commencement d'ictère, langue sanguinolente, respiration profonde, urines abon- dantes, d'un verd noirâtre. Infusion de vipérine et de kina, eau de poulet nîtrée et camphrée, compresses de ca- momille sur l'abdomen, lavement de camomille. Sixième jour. Même état, ictère prononcé, conjonctive jaune, langue ensanglantée, vomisse- ment de bile noire mêlée de sang, déjection de même nature, avec érosion à l'anus, faiblesse, urines couleur de goudron. Infusion de camomille avec l'extrait de kina, (45) eau de poulet acidulée, lavemens de camomille avec le kina. Mr. Devese fut appelé et approuva le traite- ment ; nous continuâmes plusieurs jours à voir le malade ensemble. Septième jour. Pouls très-faible, douleur épi- gastrique, sueurs froides, langue ensanglantée, hémorragie passive du nez, état comateux; Continuation de Tinfusion de camomille avec l'extrait de kina ; frictions avec l'ammoniaque et le citron, potion éthérée et camphrée, la- vemens de camomille, sinapismes aux pieds. Huitième jour. Pouls plus élevé, urines foncées et abondantes, chaleur modérée, douleur d'es- tomac moins forte. — Mêmes moyens. Neuvième jour. Le malade est plus tranquille, la langue se nétoie ; urines foncées et copieuses. — Infusion de camomille et de kina, eau de poulet avec l'esprit de nitre dulcifié, lavemens de camomille et de kina. Dixième jour. Tranquillité, pouls développé, légère chaleur à la gorge, urines abondantes et safranées. — Mêmes moyens. Onzième jour. Amélioration, pouls naturel, moiteur générale, douleur de l'épaule et du bras diminuée ; ictère conservant sa couleur, yeux jaunes, urines safranées, tâche livide et gan- greneuse vers le grand trochanter droit ; petites tâches pétéchiales éparses sur les lombes (46) Infusion de vipérine avec la teinture d'Hux- ham, eau de poulet camphrée et avec l'élixir sulfurique ; eau vineuse, lavemens, cataplasme de pain et kina sur Tescarre. Douzième jour. Pouls presque naturel , ab- sence de douleur. — L'après-midi, faiblesse, pouls déprimé, peau froide, sueurs visqueuses; chute de Tescarre avec hémorragie considé- rable. Mêmes moyens ; sur Tescarre, poudre de kina avec le vinaigre. Treizième jour. Amélioration, pouls plus dé- veloppé, urines toujours abondantes et plus claires, hémorragie arrêtée. Mêmes moyens. Quatorzième jour'. Le malade est plus fort, l'escarre suppure et se nettoie, pouls bon ; urines dans l'état naturel, les taches pétéchiales viennent la plupart en suppuration. — Mêmes moyens. Quinzième jour. Le matin, le malade est bien, demande à prendre du bouillon de vo- laille, il en prit deux tasses, une le matin et l'autre le soir, en présence du docteur Willon. Même traitement. — Dans la nuit, il éprouve des coliques, une grande faiblesse, et rend plusieurs évacuations laiteuses ; les urines sont noires, le pouls est petit. — Mêmes moyens. Seizième jour. Faiblesse, coliques, évacuations poisseuses, urine trouble et abondante, suppu- (47) ration de Tescarre arrêtée. — Mêmes médica. mens. Dixseptième jour. Amélioration, pouls plus développé, selles naturelles, suppuration revenue, urines moins troubles. — Même traitement. Dixhuitième jour. Même état. Dixneuviême jour. Pouls petit, coliques, évacuations alvines, faiblesse, face plombée, point de suppuration. Vingtième jour. Intensité des symptômes, sueurs colliquatives, extrémités froides, mort le vingtunième jour, à cinq heures du matin. Pendant le traitement, la nourriture a con- sisté en crèmes de pain, de riz ou de maïs. ONZIEME OBSERVATION, PAR M. MARTIN. Le 27 Aaoût au soir, a été porté à l'hôpital de Charité, pieds et mains liés, le nommé Pa- trick Gaine, quarteron, natif de la Virginie, âgé de 40 ans, malade depuis 5 jours, ayant tous les symptômes qui caractérisaient la fièvre jaune à la dernière période: délire obscur, perte de connaissance, pouls confondu avec les mou* vemens musculaires, yeux ternes et hagards, vomissemens de sang noirâtre, hémorragie na- sale, déjections noires, peau et sueurs froides. Infusion de camomille éthérée. — Agitation toute la nuit. (48) Sixième jour. Même état. — Limonade avec l'acide muriatique ; il a pris un peu de boisson. Septième jour. Mêmes symptômes.— Mêmes moyens, crème de riz. — Le soir, pouls plus développé ; en parlant au malade, il ouvrit les yeux. Huitième jour. Au matin, diminution des symptômes, chaleur à la peau, tête dégagée ; cessation de l'hémorragie nasale, langue encore un peu sanguinolente ; le malade a répondu aux questions et s'est assis. Continuation de la crème, de la limonade et de l'eau vineuse. Neuvième jour. Tous les symptômes se sont dissipés ; faiblesse, appétit. — Mêmes moyens: Dixième jour. Même état.— Soupes de vo. laille, mêmes médicamens. Onzième jour. Convalescence. — Régime doux et tonique jusqu'au 20, où il a été purgé. r- Sorti le vingt-troisième jour. DOUZIEME OBSERVATION, PAR M. MARTIN. Le 7 Octobre au soir, est entré à l'hospice de Charité, Je nommé Hugues Mackensie, écos- sais, âgé de 25 ans, ayant une bonne constitu- tion et les cheveux blonds, malade depuis 5 jours, présentant les symptômes de la fièvre jaune à la seconde période ; douleurs de tête (49) susorbitaire, aux reins, aux jambes, à la région précordiale ; face rouge, cornée injectée, langue saburrale, muqueuse au milieu, rouge sur les bords ,• pouls dur et accéléré, point d'évacua- tions. Eau d'orge acidulée, lavemens. Sixième jour. Face très.rouge, couverte d'une éruption exanthémeteuse formant un masque ; col et partie supérieure de la poitrine jaunes, parsemés de taches pétéchiales ; pouls dur, petit, délire sombre et obscur, difficulté d'à. valer, pupille dilatée , urines rares. Eau d'orge avec l'esprit de nitre dulcinée, lavements laxatifs, crème de riz. Septième jour. Mêmes symptômes, vomis- sement de sang ; déjections aivines sangui- nolentes ; délire, pouls faible, sueurs partielles et froides. Limonade avec Télixir vitriolique ; Crème de riz. Huitième jour. Mêmes symptômes, Vomis- sement de sang et hémorragie nasale, selles sanguinolentes, douleur épigastrique, pouls fai. ble, sueurs froides. Même traitement, fomentations sur Testomac avec la camomille. Neuvième jour. Diminution des symptômes la tête se débarrasse, vomissemens et déjections .7 (50) moins fréquens ; chaleur à la peau, pouls plus développé. — Même traitement. Dixième jour. Tête libre, pouls naturel, lan- gue nette, plus de vomissemens ; desquamma. tion à la face, diminution de la jaunisse. Mêmes moyens : eau vineuse. Onzième jour. Grande faiblesse, urines abon- dantes et comme furfuracées, selles naturelles. Mêmes moyens, infusion de vipérine. Douzième jour. Convalescence,—purgation donnée le 18.—-Sortie accordée le 30 Octobre. TREIZIEME OBSERVATION, PAR Mr. MILTENBERGER. Le 7 Octobre, je fus appelle pour voir un en. fant créole, âgé de 7 ans, né en cette ville, mala. de depuis la nuit dernière ; je le trouvai avec beaucoup de fièvre, le pouls plein et vite, la peau sèche, la chaleur mordicante, la langue sabur. raie au milieu, enflammée sur les bords ; tête très. douloureuse, anxiété générale. Limonade, bains de pieds, lavement. Deuxième jour. Fièvre, agitation continuelle, peau sèche et brûlante, langue saburrale et humide. Vomitif qui procure plusieurs vomissemens ; eau de poulet nitrée ; le soir, bain de jambes sinapisé, lavement avec décoction de pourpier ; fomentation sur le bas-ventre ; émulsion d'a« (51) mandes nitrée et éthérée.—Il a rendu un vers lombric. Troisième jour. Nuit très-fatigante et très. agitée, fièvre forte, pouls vite et roide, frayeur, céphalalgie, chaleur brûlante sur tout le corps, figure blême, point d'altération ni de sueurs. Potion huileuse éthérée ; sinapismes, frictions avec le vinaigre chaud, lavemens, eau de poulet, alternée avec Teau de tamarins. — Le soir, plusieurs évacuations. Quatrième jour. Nuit moins agitée, pouls ré" gulier mais misérable, teint jaune, ventre un peu tendu, faiblesse générale. Vermifuge composé avec le calomel et la rhubarbe. — Après.midi, potion camphrée, fric. tions avec le vinaigre camphé ; lavemens de kina, vésicatoires aux jambes. Cinquième jour. Nuit très-allarmante ; pouls faible, débilité, délire, vomissemens et selles noirs ; suppression d'urines, yeux jaunes et hagards , extrémités souvent froides, coma, hoquet, tension des hyppocondres, mort à midi. QUATORZIEME OBSERVATION, PAR M. MILTEMBERGER. Mr. T....., arrivé de France le 1er. Sep- tembre, âgé d'environ 36 ans, fort et robuste, d'un tempérament bilieux, tomba malade le cinquième jour de son arrivée en cette ville ; (52) il commença par se plaindre de grands maux de tête et des reins ; et dans la nuit, le frisson se fit sentir assez fortement. Appelle le second jour, je le trouvai avec beaucoup de fièvre, le pouls plein et dur, la peau sèche, la figure rouge, les yeux injectés ; céphalalgie, lombago, langue sèche et sabur- rale, rouge à Tentour, maLaise général. Limonade de tamarins, lavemens, bain de pied sinapisé. Troisième jour Continuation de la fièvre, nuit agitée> grande altération, langue saburrale, légère moiteur dans la journée. Minoratif avec la casse, le tamarin, le sulfate de magnésie.—Mêmes moyens que les précé- dents.—Evacuations copieuses- Quatrième jour. Nuit très-agitée, fièvre con« tinue, pouls plein, anxiétés, bouche pâteuse, nausées—dans Taprès midi, urines rares. Minoratif le matin, qui procure plusieurs sel- les—deux vomissemens d'une bile jaune et verte—Le soir, potion avec la, poudre tempe. rante de Stabl, le camphre, et l'opium gom. meux ; eau de poulet, fomentations émolientes, frictions avec le vinaigre camphré sur les reins ; lavemens, sinapismes à la plante des pieds. Cinquième jour. Plusieurs vomissemens pen- dant la nuit avec douleurs spasmodiques à l'épi. gastre ; point de fièvre ; pouls gazeux, yeux (53> jaunes et hagards, ictère du col et de la poitrine, avec pétéchies ; stupeur, faiblesse, gorge dou- loureuse et enflammée, déglutition difficile ; nausées, vomissemens, urines très, difficiles mal- gré l'envie du malade. Potion de Rivière, décoction de vipérine avec l'élixir vitriolique ; gargarisme avec le kina et l'acide sulfurique ; friction avec le vinaigre cam. phré, tisane d'orge avec le sirop de limon ; lave- ment camphré et avec le vinaigre. Sixième jour. Nuit mauvaise, grande agita- tion, urines supprimées, stupeur ou délire obscur, ictère général, tâches pétéchiales violacées sur tout le corps ; la gorge et le voile du palais ecchymoses, rendant un sang noir ; gencives tuméfiées avec odeur nauséabonde ; faiblesse, hoquet, vomissemens, point de sommeil. Continuation du même traitement ; limonade vineuse avec le vin blanc de grave, lavement de kina. Septième jour. Nuit allarmante, point de som. meil, embarras persistant de la tête ; émission d'un peu d'urine et de couleur de café clair ; hémorragies par la bouche et Tarrière-bouche, selles noires, hoquet suivi de vomissemens. —Mêmes moyens ; gelée de prunes sauvages. Huitième jour. Faiblesse, pouls très-faible, mais régulier, un peude sommeil, hémorragies nasale et buccale, hoquet spontané, corps (54 ) très jaune avec des ttjches pétéchiales, urines toujours difficiles.—Consultation avec le docteur Dow. Infusion de kina orangé avec le carbunate de magnésie, et continuation des autres remèdes. Neuvième, Nuit meilleure, altération, vomis- sement vers minuit, sang noir rendu par l'ex- pectoration, urines plus abondantes mais très- rouges, grande faiblesse. Même remèdes, bonillons aux herbes. Dixième jour. Même état ; la journée a été assez bonne. Minoratif léger, bouillon de volaille ; con- tinuation des autres moyens. Onzième jour. Nuit bonne, peu d'altération, démangeaison sur tout le corps, retour de l'ap- pétit. Douzième jour. Convalescence ; le corps est d'un jaune verdâtre.—Il a fait usage du petit- lait avec l'acétate de potasse, d'un minoratif tous les six jours, et fut guéri dans l'espace de 25 jours; à dater de l'invasion de la maladie. QUINZIEME OBSERVATION, PAR Mr. CONANT. Le 11 Septembre, j'ai été appelle pour voir Mr. Morel, de Bordeaux ; je l'ai trouvé avec une fièvre assez forte qui avait été pré- cédée de frisson, le pouls développé sans être (55) dur ; une chaleur très.forte à la peau, dou. leur fixée sur les sinux frontaux, les yeux rouges ne pouvant supporter la lumière, la face vultueuse ; douleurs aux articulations des mem- bres inférieurs, et à la région lombaire, sen- sibilité à l'abdomen, douleur en pressant la région épigastrique, Douzième. Même état, nausées, faiblesse. Treizième. Quelques vomissemens bi- lieux, urines très rares, répugnance pour les alimens et les boissons.—Deux onces de pulpe de casse, et une demi.once de crème de tartre. Ce léger purgatif a produit plusieurs selles bilieuses. Dans la journée, faiblesse, prostra- tion des forces.—Infusion de kina avec l'acide sulfurique, qni n'a pas été rejettée. Quatorzième. Urines toujours très rares, pouls petit, faiblesse, synoope au moindre mou- vement, tâches pétéchiales violacées sur la poi- trine et les extrémités intérieures, langue sa- burrale blanchâtre au milieu, les bords sont très-rouges, rêvasseries, surtout à l'approche de la nuit. Eau de poulet avec l'esprit de nitre dulcifié. —La quantité des urines est plus copieuse. Seizième. Même état. — Purgatif avec le calomélas, la rhubarbe et le camphre en pi- lules, qui a produit quatre selles fétides et poisseuses.—Le malade parait soulagé, son pouls (56) est plus développé, mais les douleurs lombaires sont plus intenses, et disparaissent par l'appli- cation d'un grand cataplasme sinapisé, appliqué sur cette région. Dixseptieme. Mauvaise nuit, anxiétés, in. somnie, douleur à la région hypogastrique— fomentations émolientes, lavement de casse, con- tinuation du kina. Dixhuitieme. Même état, envies de vomir. ■—Demi-gros de rhubarbe et autant de ma- gnésie ; une partie en est rejettée par le vo- missement avec quelques matières glaireuses et brunâtres, le reste procure trois selles—Crème de pain ou d'orge ; le soir, émulsion avec 12 gouttes de liqueur d'Hofrman. Dixneuvieme et vingtième Nuit plus tran- quille, le pouls se développe, moins de nau- sées, urines plus abondantes. Vingtdeuxieme, Purgation qui a produit des selles noirâtres et fétides.—Continuation du kina. Vingt-troisième et vingtquatrième. Som- meil bon, retour de l'appétit, convalescence assurée. SEIZIEME OBSERVATION, PAR M. MARSHALL. Le 25 Septembre, le capitaine H...., amé- ricain, âgé de 23 ans, d'une constitution ro. (57) buste et même athlétique, fut attaqué de dou- leurs de dos et à tous les membres ; il se plaignait d'un grand mal de tête et de douleurs cuisantes aux yeux ; lorsque je le vis, son vi. sage était enflammé et les yeux rouges et in. jectés; la respiration était difficile, et il avait sans cesse envie de vomir. Je lui tirai 16 onces de sang, par une saignée faite au bras, et lui fis prendre la potion de Rivière, suivie de 10 grains de calomélas avec de la magnésie, ordonnant en même tems de répéter cette dose dans 6 heures. Le 26, le malade avait passé une mauvaise nuit ; les selles avaient été fréquentes et répan. daient une odeur fétide ; il était toujours agité et se plaignait de douleurs dans toute la poi. trine, la peau était sèche et brûlante ; je répétai la saignée qui fut de 12 onces de sang ; on répéta la potion de Rivière ; je lui fis laver tout le corps avec Teau froide et le vinaigre, et j'ordonnai qu'on lui administrât cinq grains de calomélas de 2 en 2 heures, nuit et jour ; pour boisson, de Teau de tamarin. Le soir, il avait des douleurs affreuses à Taisne, les urines étaient troubles et en petite quantité ; de deux en deux heures, le malade prenait des caïmans avec l'esprit de nitre dulcifié. Le 27, on continua le même traitement et 6 (58) j'ordonnai des frictions mercurielles de 6 en 6 heures ; le soir, il prit un lavement de casse. Le 28, les urines étaient devenues abondantes, les selles moins fétides, le mal de tête avait diminué ; la peau était humide, les gencives paraissaient légèrement enflammées, et l'haleine annonçait l'action du mercure ; on cessa les purgatifs, et le malade ne prit qu'un lavement et une dose de magnésie.—La garde-malade, sans égard à mes ordonnances, lui lava le corps pour en enlever l'onguent mercuriel. Le 29, tous les symptômes alarmans qui s'étaient manifestés au commencement de la ma- ladie, reparurent avec une nouvelle violence ; Thaleine était redevenue douce, et toute appa. rence d'action mercurielle avait cessé ; j'ordonnai de lui faire prendre 5 grains de calomel d'heure en heure et de renouveller les frictions mercuriel- les de 6 en 6 heures. Le 30, la langue du malade était d'un brun foncé, les bords en étaient très-rouges ; le fond de la peau était jaune ; le même traitement fut continué ; le soir, le malade eut des vomisse. mens de matières brunâtres, et les matières éva- cuées exhalaient une odeur fétide ; il se plaignait sans cesse de nausées : j'ordonnai qu'on lui donnât pour boisson de Teau de chaux coupée avec le lait ; on appliqua des serviettes trempées dans du vinaigre froid sur Testomac. (59) Le 1er. Octobre, moins d'irritation à l'esto. mac ; je fis mettre des emplâtres d'onguent mercuriel aux aisnes ; on continue toujours les doses de calomel de 2 en 2 heures ; le soir, le malade prit une potion calmante dans laquelle entrait du camphre. Le 2, la salivation se manifesta, l'haleine re- devint fétide ; les symptômes alarmans avaient en quelque sorte disparu, la transpiration était abondante. Le 3, on administra une décoction de kina avec la serpentaire, et il prit une limonade faite avec l'acide nitrique.—Le 4, Même traitement. Le 5, il était convalescent. Le malade, durant sa maladie, prit 7 drachmes de calomel et on employa en frictions sur lui 12 onces d'onguent mercuriel très-fort ; cepen. dant cette quantité de mercure n'occasionna point une salivation excessive. L'histoire de cette épidémie fait naître les réflexions suivantes : 1°. Cette maladie a reconnu pour causes de son origine, 1°. la situation topographique de la ville, 2°. les pluies abondantes qui ont con- couru à entretenir la quantité des eaux stagnantes et marécageuses ; 3°. la chaleur excessive de Tété ; 4°. Taffluence des étrangers non accli- matés. (60) 2°. Cette maladie, de nature endémique (*) est devenue épidémique, par suite d'un con- cours de circonstances qui ont favorise son développement et ses progrès ; elle n'a point été contagieuse, mais on conçoit que cette ma. ladie, semblable à d'autres affections, peut ac- quérir ce caractère funeste. 3°. Comme les autres maladies, la fièvre jaune affecte une marche régulière, et présente des variétés dans ses symptômes, sa durée, ses terminaisons, &c, dans cette épidémie, parmi les signes les plus allarmans, la suppression des urines a principalement fixé l'attention du mé- decin. 4°.- Les nombreuses anomalies qui existent entre les diverses épidémies de fièvre jaune, ont dû nécessairement influer sur le mode de traitement employé ; la découverte d'un remède spécifique dans cette maladie, doit donc être rangée parmi les illusions chimériques qu'en- fante l'imagination. 5°. Cette maladie étant inhérente à certaines causes dépendantes du sol, du climat, des ha. bitans, &c, a dû nécessairement disparaître avec ( * ) La Société va s'occuper d'un travail sur la fièvre jaune sporar dique ; des observations précieuses lui ont été déjà communiquées ; elle fera également la comparaison de cette épidémie avec celle qui vient de désoler à la même époque la ville de Natchez ; la correspondance que le docteur D«t» entretient h ce sujet, lui fournira des élémens précieux. (61) l'extinction de ces mêmes causes ; l'orage qui a éclaté dans le mois d'Octobre, a-t-ii concouru, en embrasant l'atmosphère, à détruire les gaz délétères dans lesquels nous étions plongés? Cette idée est raisonnable ; quant au froid qui a com- mencé à régner à cette époque, depuis long- tems il passe pour un des meilleurs moyens dé- sinfectans que nous possédions. 6°. Cette épidémie meurtrière avertit encore une fois les gouvernemens et les chefs des na- tions à ne fonder les colonies que dans des lieux salubres ; il est tems de ne plus sacrifier à un vil intérêt les droits les plus sacrés de l'humanité. 7°. Elle avertit les européens de ne passer dans les climats étrangers qu'avec la constitu- tion morale et physique la plus convenable à s"1 acclimater ; le corps humain ne quitte pas plus ses habitudes que l'esprit ne se dépouille de ses erreurs -, pour changer les unes, et anéantir les autres, chaque jour la mort multiplie ses victimes, tandis que la vérité déplore ses nombreux revers. 8°. Elle avertit enfin l'Etat de la Louisiane, dont le commerce et la population s'accroissent tous les jours, qu'il est responsable de la vie de ses citoyens ; qu'il doit éloigner, par des établissemens sanitaires, tous les fléaux morbifi- ques que la marine de tous les peuples est prête d'introduire à chaque instant ; qu'il doit redoubler d'efforts pour améliorer et entretenir (62) tous les moyens qui peuvent maintenir la salu. brité publique sans laquelle il n'est point de prospérité durable ; et qu'il se souvienne qu'en diminuant le nombre et la gravité des maladies, il aura bien mérité de la patrie et de l'hu- manité. ERRATA. Page 5, ligne 8, centigrade, lisez Farenheit. Page 6, ligne 23, vazeux, lisez vaseux. Page 15, dernière ligne, joignent, lisez joignaient. Page 30, ligne 25, manton, lisez menton. Page 42, ligne 15, intérieures, lisez inférieures. Page 43, ligne 20, diminué, lisez diminués. Page 45, lignes 27 et 29, tâche, tâches, lisez tache, taches, Page 51, ligne 16, camphé, lisez camphré. Page 52, ligne 9, tamarins, lisez tamarin: Med.. Uist. cl ■ 7—.'-,7 ?:^^wk.Ï:1 - • 'rS'; 7l^7'!l,j;^;77^H'7i'^J;i7 :-''-,.'.<,:,3'îi>:'-1.!:--;.ï''■)»' |lf'J j* $§§^•7 Mh,:'^;^77^4i^^»,^