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Sur ft DISCOURS ce principe, il s'efforçilt d'expliquer la caufe finale des règles chez les femmes, des hémorrhoïdes, &c» Cependant les fyftêmes du père Mallebranche Sf de Defcartes n'eurent pas plutôt fleuri en Francs, qu'il s'éleva en Angleterre un ennemi redoutable, Locke, ce fameux ànatomifte de l'entendement humain, réfuta vigoureufëment ces notions outrées de l'ame. Cet homme, d'une fagacité & d'un génie rares, ré- volutiona complètement les idées qu'on s'était fôrfnées fur la dodhine des deux philofophes français. Il fit î'analyfe de nos fens, & en tira toutes les confé* qu'il fallait naturellement tirer. Wiîlis, célèbre ànatomifte anglais, pour confirme* de plus en plus les idées du fameux Locke, s'oo cupa dès-lors à faiie des recherches fur le cerveaux C'eft lui qui, le premier, démontra, d'une manière fatisfaéioire, l'énergie & relfentialité d'un fyftêfae nerveux dans notre machine. Mais, Toit par un ex- cès de crédulité, ou par efprit de fyftême, on vouhit alors que tout s'opérât en vertu d'un Jluide nerveUx-, qui donnât du refTort à nos divers organes. Ain fi ces nouvelles idées donnèrent naîïïance aux horions d'Hoffman, fur le fpafme & l'atonie du fys- teme. Il fallait bien croire que, lorfque le fyftême nerveux était afFeclé ou dérangé-, les divers organes, n'éprouvant plus fon entière influence, devaient nô- Cedaiiement fe spasjr.er Se s'atonier. D'ailleurs mille e:rconftances qui avaient lieu dans le fyftême, dans fon étar de maladie, fembîaient mettre ces notions au.,- elà de tous les doutes $ & c'eft ce qui a été dtvelope, dans la fuite, par le célèbre Dr. Cullen. P R E L I M I N AI R E. Xj Ced le fyftême de ce dernier qui eft encore de nos jours fuivi & adopté par le grand nombre. Dans le tems que les fyftêmes de ceux-ci floris- faient, Boçrhaave, cet homme d'un génie original^ & d'une fimplicité remarquable, publia un fyftême fupérieur à. aucun qui eût paru jufqu'alors. Réu- niilant à-la-fois les mathématiques, l'anatomie, la chimie, &c. il y fit entrer un peu de chacune de ces fciences. L'analyfe qu'il fit de plufieurs de nos fluides lui fuggera probablement l'idée d'une lenteur dans le fang. Il puifa encore dans la même fource fes notions d'une abondance d'acides, ii'alkalis, d'acri- Saonies dans le fyftême. La feience des mathéma- tiques lui luggéra fes idées à'error loci, de la>.ité & de rigidité des fluides. Il eft fâcheux pour ce grand homme qu'il ait cultivé la chimie dans fon enfance. Jv ne doute nullement que, fi. ce vafte génie, avait eu toutes les données que l'on aacquifes depuis peu $ur cette feience, il eût donné un fyftême de rréde- Çjne aufti indeft.rué»:ible que les bafts fur, lefqueilea repofe aujourdhui la chimie. Cependant, comme le phyfique de l'homme demeu- rait toujours dans l'obfçurite, on s'occupait conti- nuellement à taire des recherches fur un objet aufli important. Le Dr. Haller fît. un grand nomb ut constat exemplo calcuiorum, lapidum> aliorum corporum durorumy in hh omnibus solvitur tune demum par- t'.um vinculuniy quando aer educitur. Ibid. Il parut en 1764, une longue férié d'expériences à l'apui de cette doctrine. Le Dr. Macbrida, de Dublin, démontra que l'air fixe eft non feulement dégagé des fubftances en tffervefcence, & des ma- tières végétales durant la fermentation, mais encore d teûtes les fubftances animales, dès qu'elles com- mencent à putréfier. Mais ces applications impar- faites de la chimie à la médecine étaient alors aiTez i lutiles, vu que les chimiftes n'en étaient qu'au prélude de cette feience. Cependant les expériences de Haller, fur l'irrita- bilité,- ne biffèrent pas, par leur nouveauté, d'attirer l'attention des médecins. Ce fut encore un moment favorable pour bâtir un fyflême ; & ce fut un nommé Brown., d'Ecoife, qui en profita. Ce Erown, qui ne s'uvifa d'écrire que vers la ;:n de fa carrière, qui n'a été que trop courte, eut pour rival & ennemi implacable le Dr. Cullen. Mais fon fyftême, quelque ingénieux qu'il foit, ne faurait être à l'abri des plus grandes objections. C< t 3mme, loin ce voir les divers élémens tels qu'Us PRELIMINAIRE. Sllj cxiftent dans ta nature, ne les a vus, pour la plu- part, qu'avec les yeux d'une imagination exaltée. Ignorant les plus belles découvertes de la chimie moderne, il n'a pu appercevoir les rayons de lumière que cette fciente lance à chaque inftant fur les phé- nomènes de la vie. Il a dû ignorer les rôles im- portaus que jouent l'oxygène, le calorique, &c. fur le théâtre de la nature. N'en foyons pas furpris : celui qui met de côté les énergies ineffables des divers gaz qui nous envi- ronnent de toutes parts ; celui-là, dis-je, ne faurait fe flatter de voir opérer la nature, dans fon labora- toire immenfe. Ainfi je ne crains point de pronon- cer que la bafe du fyftême de Brown ne foit un être imaginaire, & que la nature défaVoue. En effet, fi la matière ignée eft l'ame de toute mobilité ; fi Cette matière produit la fenfibilité dans un corps or- ganifë ; d, en morale, on appelle ame fenfible celle qui enflamme tous les efprits qu'elle pénètre, il n'y a plus dès-lors à s'étoner de voir cette fenfibilité augmenter lorfqu'elle s'accumule dans notre machine. D'ailleurs, en admettant une telle hypothèfe, en ferons-nous plus inftruits, quand nous aurons pro- noncé qu'il a une accumulation d'excitabilité dans le fyltême ? Si, quand je rencontre une accumulation d'excitabilité, je vois évidemment dans ma machine une accumulation de ce que j'appelle, en terme or- dinaire, chaleur, n'cft-il pas plus fenfé & plus utile pour moi d'avouer qu'un tel être y exifte d'une façon plus marquée qu'à l'ordinaire ? Cependant, malgré qu'il foit impo.lîbîe cte nr^uv.*: X'V DIS.COUR-& l'exiftence de l'être que ce doéleur appelle e*citisitif. Mais ce philofophe ne nous a pas plus ins- liuirs fur cette matière que ceux de l'antiquité. Le s Pyihagores & les Platons ont agité cette queftior» avec toute la fagacité dont l'efprit humain peut ère fufceptible. C'eft l'enthoufiafine Pythagorique qui a fait dire à Virgile, Mens agitai mole m et magnç se corpow mi s cet < On exprimait encore cette idée par les mots jfovis omnia plena. L'apôtre St. Paul n'a pas non plus- ignoré cette dodrine. Dans une épître aux Thefla- lonicicns, il dit : In ipso vivimus, movemur et sumus, ut qwdam vestratorum poetarum dixit Ainfi, il eft inutile de croire en l'exiftence d'un «sprit animateur, tel qu'il eft connu pa> raonfieur Darwjn, c'eft-à-dirq qui peut augmenter ou diminuer, quand il eft com-. biné avec un animal, vu que cette idée nous lajflfe; toujours ignorer les changemens qui furviennent dans, un corps malade, & qu'elle n.'inftruit perfonne fur, le pr.énomène de la vie. Non ; it faut l'avouer, jamais un Brown, jamais un Darwin, n'eurent commis de* telles 'erreurs^ s'ils1 euîf-nt marché le flambeau de la chimie à la main. PRpLtminatre. xv De tels g&ntes n'euffent jamais eu à fe reprocher d'avoir péché -contre la nature, en lui refufant le poi/vofr de maîtrifer nos corps toujours faibles. Le calorique^ élément que l'on a toujours négligé, eût reçu de juftes hommages de ces hommes fupérteurs ; ils l'euflent vu changer la face des diverfes produc- tions de la nature ; leurs yeux perçans l'euflent fnivi & euîfent arpenté avec lui les régions aériennes. Là nature, toujours aftive, les cûi pénétrés d'admiration» à la vue des changemens divers qu'il opère dans l'atmofphère ; enfin ils l'euflent perdu de vue dans les replis cachés de la nature, fa demeure éternelle. Ainfi perfonne ne peut fe flatter de pofleder là ttïédecinc, s'il n'a pas premièrement confulté les oracles de la chimie moderne O médecins de la hatute, n'en foyez pas furpris, le malade auquel vuus voulez donner la fanté n'eft qu'un compofé de matière, qui change de forme à chaque inftant. Tantôt c'eft un élément qui palfe fuccefïivement à i'etat de gaz, de fluide, de folide, &c. tantôt c'en eft un autre qui, de l'état de gaz, vient fe fixer Se fe confoiider avec un folide ; taniôt c'eft un folide qui eft forcé de fe convertir en gaz deftru&eurs. Con- ftiltéz la nature & les propriétés des élémens, afin de* pouvoir les apprécier, autant qu'il eft donné à l'homme de le faire. Prenez un élément, & fuivez le dans toutes fes opérations ; voyez ce qu'il peut faire*, qiand il travaille en grand ou en petit ; attachez- p.ius à connaître la compofition intime de la machine que vous voulez guéri.- ; ne perdez jamais de vue que tes élémens qui vous compofent tendent -toujvute à retourner vers leur fource. *Vj D I S C O V R » C'eft donc en vain que l'on voudrait reprocher aux Appllons . modernes de confulter les phénomènes infinis qui s'opèrent dans le laboratoire de la nature. Ç'eft en vain que le préjugé Se la fuperftition con- jureraient la perte de celui qui n'affure rien qui n'ait fubi préalablement les. lois rigqureufes de l'ana- lyfe. Cette méthode analytique le met à l'abri des injures du tems, qui détruit tout. Les vérités fout aufïï confiantes que les chofes qui les font naître. Je crois donc ne m'être nullement rendu coupable, fi je me fuis ' efforcé d'appliquer certains principes de chimie à l'étude de la médecine. Je l'avoue ; c'eft parce que j'ai trouvé des difficultés infurmon- tables dans les fyllêmes de Cullen, de Brown Se de Darwin, qui m'ont fait roidir, & qui m'ont forcé à chercher ailleurs un moyen de me fatisfaire. Je ji'ai pu, d'après leurs principes hypothétiques, fous- crire & me courber à leurs fentimens divers, ,Heu- reufement pour moi, jeté dans un océan d'erreurs & d'incertitudes, j'ai rencontré, dans mon naufrage, une .planche capable de me porter fur un rivage certain. Cependant je ne me flatte pas de m'être garanti de toutes les injures d'un naufrage. Mais peut-être que ceux qui auront le bonhaur de naître fur cette terrt fortunée pourront, avec plus de force, achever ce qui n'eft que commencé, ou pouffer plus loin leurs re- cherches. Quoique la chimie ait fourni beaucoup de données pour nous mettre à portée de réfoudre plu- .fieurs queftions importantes fur la phyfiologie Se la pathologie, il en eft pourtant encore qui nous font .inconnues, Se dont la connaiffance eft effemielle à la médecine. Mais PRELIMINAIRE» XVÎj Mais aujourdhui on ne faurait faire aux chlmico- médecins les mêmes reproches que l'on fit jadis aux alchymiftes. Ceux-ci couraient après des chimères que l'envie de tout créer fefait naître j tandis qutf ceux là, guidés par une philofophie plus épurée, fe propofent la vérité pour objet, dans toutes leurs recherches. Ils étudient la connexion & l'identité de raports qui exiftent entre nous Si les objets qui nous environnent. Ils pèfent, fans prévention, l'in- fluence qu'exercent fur nous, à chaque inftant, les forces motrices de la nature. Ils fondent les pro- fondeurs prefque impénétrables des changemens divers qui s'opèrent, à notre infu, dans l'atmofphère dans lequel nous vivons. Enfin le médecin pou ira fe flatter d'être l'envoyé de la nature, pour guérir les maux auxquels elle nous a afliijétis, lorfqu'il faura inter- préter fes oracles. Loin de fon trépied facré, celui qui ne faurait embraffer l'enfemble de fes volontés, & qui, par là, ne rendrait que des erreurs. Telles font les lois facrées qu'elle nous impofe. Quant au langage de la chimie, qui n'a encore rien de certain, vu les changemens continuels que font tous les jours certains innovateurs, j'ai cru n'y devoir riert changer, bien perfuadé que l'état a&uel de nos connaiflances fur cette fcieuce eft infuflîfant pour lui donner le degré de fixité qu'il eft fufceptible d'acquérir. Quoique je doive la plupart de mes connaiflances en chimie, aux travaux inouïs des chimiftes français, j'ofe néanmoins me permettre d'obfeiver que l'on a décidé trop promptement fur la propriété de certains mots, puifque l'on voulait qu'ils exprimaient, autant que pofïible, la qualité b XV11J DISCOURS des fubftances qu'ils défigneraient. Car, comme en ignore encore la plupart des propriétés des agens que l'on a découverts, il eft arrivé ce que l'on devait attendre, que chacun voudrait, d'après fes obfervations, donner à telle fubftance tel nom qui lui païaîtrait convenable. Ainfi M. Chaptal a cru devoir changer le mot azote en celui de mtrogène, parce que cefe fubftance a la propriété d'être la bafe de l'acide nitrique. Le Dr. Mitchill eft venu depuis, & il a cru mieux faire en lui fubftituant le mot septon, parce q>e, dit-'il, cet agent eft le principe de la putréfaction. I' eft fâcheux que l'on n'ait pas fait attention que cttte fubftance ne " favorife merveilleufement la put réac- tion " que parce qu'elle a la propriété d'abforber une grande quantité d'oxygène qui, durant fa fixa- tion, laine échaper fon calorique, qui doit effective- ment favorifer la putréfaction. En conféquence je fuis d'opinion quei vu l'incertitude ou l'ignorance où nous fommes encore fur toutes les qualités de cette fubftance, il eft impoflibie de lui donner une déno- mination fiable, fi l'on veut qu'elle exprime la plupart de ces propriétés ; Se je me déclare pour le mot azote. " Si j'ai employé indifféremment les mots acide nitrique ou septique% c'était pour mieux me faire comprendre de tous les partis ; mais j'ai néanmoins pris la liberté de donner mes idées fur ce fujet im- portant. Quant au mot txygène, il paraîtra au moins fort «puteux, d'après ce que nous avons dit au chapitre des acides, qu'il foit le feui principe acidifiant, vu qu'il n'eft na? !ui-m£me acide. Il ferait «u coutraire PRELIMINAIRE. Xl£ plus fuivant l'ordre des chofes de d:re qu'un acide refaite d'une combinaifon ternaire, favoir, d'oxygène, de calorique Se d'une bare quelconque, de même qu'un fel neutre réfulte de la combinaifon d'un alkalj avec un acide. De plus, c'eft une vérité confiante que, fans ixvgène, il n'y aurait ni décomposition ni vie ; de forte que, dans le premier cas, il faudrait lui donner le nom de désorgan'nateur, & dans le fécond, le nom de principe vital, quuiqu'à parler ftriélement, le cours de la vie ne foit qu'une décompofition con- tinuelle d'é'émens qui tendent à fe combiner. Ainfi fi l'on voulait donner à cette fubftance un nom qui defignât à la fois la plupart de fes propriétés, il fau- d»ait lui donner un nom qui exprimât, d'une manière heureufe, le principe désorganisant \ car, foit qu'on l'envifage dans les phénomèns de la vif, de la pu- tréfaction, de la fermentation ou de la combuftion, on le verra toujours déoompofer les élémens combi- nés &c. Quant à ceux qui propofent de nommer l'hydio- gène par les mots d'air inflammable Se de pblogistique, j'oft encore douter de la propriété de ces termes ; cir, en 'anga^e philofophique, on ne pourra plus dire une fubftance biûie, mai-» on dira une fubftance fe a iomposc ; de même on ne dira plus une fubftance C( n-buftiblc, mai? on dira une fubftance décomposable ; fi l'on veut encore faire ufage du mot brûiert il fau- dra l'appliquer pour défigner la sensation que produit» fur un être fenfible, l'effet de la chaleur. O; je demande fi un élément, tel que celui que j'appelle hsdrogène, peut brûler, puifque, lorfque je dis qu'un gaz, brûU-, ie ne puis comprendre que fa réuniuri b a XX DISCOURS chimique avec l'oxygène, qui, durant cette action, met en liberté une partie de lumière & de calo- rique, avec lefquels il était combiné. Ainfi je m'en tiens au mot adopté dans la nomenclature, pour dé- signer cette fubftance. Il ferait à défirer pour les fciences, que ceux qui voudraient introduire de nouveaux mots, les foumifient préalablement à l'examen des corps académiques, pour être ou fanctionés ou rejetés. Quand il s'agit d'une langue, il faut confulter l'impreflion que font les objets fur les fens, avant que de leur donner un nom. On devrait d'autant plus volontiers fe fou. mettre à cette loi, que les philofophes ont dû t'ap- percevoir que leurs erreurs ne font pas aufli facile» ment rectifiées que celles qoe commet un enfant en apprenant à parler. Celui ci fe trompe rarement, parce qu'il n'a que fes fVns pour guides, tandis ou© ceu*-là n'ont fouvent que leur imagination» TABLE xxj TABLE des MATIERES. T page JLettre DEDICÀTOIRE, v DISCOURS PRELIMINAIRE, vif CHAPITRE I. De l'effet de l'oxygène et du calorique dans le système, % Section I. Confidérations fuccintes fur la Compotltion des matières animales 5 de l'infltience de l'oxygène & du calo. rique dans le phénomène du dépérifle- ment & de la mort des êtres, Ikid. Section fi. De l'influencé de l'oxygène & du calorique dans le phénomène de la vie, ï3 CHAPITRE II, De la transpiration in- sensible. 2,8 Section I. De la caufe 8c de la for- mation de la tranfpiration infenfible j de la formation de la femençe 5 du dévelopement du foetus, Uid. Section II. De la caufe des inflamma- tions ; de l'utilité de la tranfpiration infenfible & de l'éjection de la femence démontrée, 4$ XXÎj TABLE DES MATIERES. CHPITRE M. Des Jcidès. 5* Section I. De la formation & de la compofition des acides 5 de la com« buftion folaire, & de la formation de la queue des comètes, Ihidm Section FI. De l'effet des acides dans l'économie animale ; reflexions iur la doctrine du fepton, 7* CHAPITRE IV. Théorie des Toisons, 79 CHAPITRE V. De l'Electricité* 114 Section F. De l'effet -mrtel de là com- motion électrique dans l'économie animale, Ibid. Section II. De l'effet falutairè du gaz électrique dans l'économie animale, 111 CHAPITRE VI. De {effet du froid dans f économie animale, 134 Section T. De iVTet dé'étère du. froid fur le corps humain -, de fon influence dans i'acouplement de certains oilea x -, du fpafme dans les fièvres j examen de l'excit ibrlité de Brown 5q du pou- voir fenfuir' de Darwin, Ibid* Section 11. De- TefT^t falutairè du froid • dan* l'économie anunale? ••- 154 TABLE DES MAT'FRE* XXlij CHAPITRE VU. De la cause physique des menstrues, 156 CHAPITRE Vlll. Du Sommeil. lài Section I. De la caufe du fommeil. Ibia. Section II. De l'effet du fommeil dans l'économie animale, 165 CHAPITRE IX. Des Cathartiques, 167 Section L. De l'opération des cathar- tiques dans l'économie animale ; de l'influence des faifons dans le phéno- mène de la vie, Ibid. Section 11. De l'effet bienfefant des cathartiques dans la cure des maladies, 183 CHAPITRE X. Des Emétiques, 189 Section 1. De l'opération des émé- tiques dans l'économie animale, Ibid, Section 11. De l'effet falutairè des émétiques dans l'économie animale, 192 CHAPITRE XI. De l'influence chimique des comètesy des volcans, de t électricitét sur l'air atmosphérique ; de la formation des pluies périodiques entre les tropiques, 196 CHAPITRE XII. De la lumière, aop LETTE SUR LA FIEVRE JAUNE-------- Considérations sur la cause et le traitement de la fièvre jaune, dans une lettre adressée au docteur Fijher, de Québec, ai8 RECHERCHES SUR LA MEDECINE, 0 u L'APPLICATION de la CHIMIE a la MEDECINE. CHAPITRE I. DE L'EFFET DE l'ûXYGENE ET DU CALORIQUE DANS LE SYSTEME. SECTION I. Considérations succmtes sur la Composition des matières animales -, de l'Influence de Voxygène et du calorique dcns le phénomène du dépérissement et de. la mort des êtres. Ue même que l'Anatomie ou la Coi nais- fance de la Structure du corps humain ell le fl.imbeau qui d m éclairer le chirurgien ha- tîle dans toutes fes opérations, la Chimie ou li Science de l'analyfe des corps en général doit éclairer tout homme qui veut, rétablir l'ordre & l'harmonie dans une machine qui tend à (e difibudre 5c à fe décompofer. Ainfi je vais dire quelques mots fur la compofî- tion des matières animales ; fur l'influen:e de l'oxygène & du calorique dans le phénomène de h vie, du dépéri fïe ment Se de la mort des ëtiT?, avant que de traiter de l'opération & des effets des remèdes communément emplo)éj t»n 2. RECHERCHES médecine : car ce n'eft que d'après ces prin- cipes, bien entendus, que j'entrepiends de trit.r cette mit ère. L'analyfe a démontré aux chimiftes qui fe font occupés de cet objet que les matières animales étaient compofées de lepton ou d'azote, de carbone, d'hydrogène, de phos- phore, de foufre, de terre calcaire, &c. con- tinuellement fous l'influence de l'oxygène, qui s'introduit dans le iyftémc par l'organe de la refpiration. L'inégalité ou l'équilibre de es principes dans l'économie animale pro- duifent l'état d'ordre ou de défordre que nous y remarquons. Cela étant pofé, il n'y a plus à s'étonner que notre machine, étant appuyée fur des colonnes fi fragiles & Ci variables, ne foit fi facile à être dérangée. La moindre altéra- tion dans l'atmofphère fuffit pour détruire, comme dit M. Lavoifier, cet échafaudage de principes. L'oxygène 6c le calorique, qui s'accumulent fi facilement dans le fyitême, peuvent y occafionner, dans un moment, les plus grands changemens. La prédilection que rnanifefle toujours l'oxygène pour l'hydro- gène, tout en formant de l'eau, (*_) décompofe {*) Nous verrons clans le chapitre fuivant comment ce phénomène a lieu. SUR LA M EDE CINE, g ia graiffe du corps, Se ne laifîe que le carbone qui s'échappe en forme de gaz acide carboneux ou caibonique, fuivant qu'il s'y combine en plus ou moins grande quantité. La chandelle qui s'éteint dans le lit d'une perfonne à fon lever elt une preuve de l*émiffion d'un gaz carbo. rvux ou fepteux du fyftême. C'eft ainfi que l'homme affujeti aux travaux pénibles de la foc.é é ne parvient jamais à l'état d'embon- point de celui qui en recueille les fruits Un tiavail dur, un exercice violent, font, comme l'on dit vulgairement, fondre la graiffe. I.'oxipè'ie, outre qu'il fe combine conti- nuellement avec l'hydrogène pour former de l'eau, fe porte en même tems fur les autres baies acidifiâmes, pour former des oxides, des acides plus ou moins parfaits, qui neutra- lisât enfuite les différentes terres ou bafes fal'fiables qui fe rencontrent dr.ns le fyftême. C'eft d'après ce procédé que l'on p-.ut expli- quer raisonnablement la formation ou l'ac- croiffement des os (*) en général. Mais ce phénomène devient encore plus frappant à m.fure que nous avançons notre carrière. les (*) Les phyfiologifles qui ont par'é de l'abforption des fubftances ofieufes ne femblent pas s'être expliqués fur ce phénomène important, d'une manière exa£le & fat3fefante ; car, à en juger d'après les idées les pluo Amples de la phyftquc, les fubftances ofïeufes ne fa*>- A ■•» 4 RECHERCHES douleurs aiguës de la goutte, qui viennent troubler le repos de l'intempérant, les calculs, les concrétions pierreufes que l'on rencontre dans les différens vifcères des animaux, l'ofîï- flcation d'un artère, ou d'une veine, la rigi- d té d'un mufcle, enfin cette phthisis pulmona- lis calculosa, qui vient ordinairement faire le défefpoir des vieillards, donnent autant de preuves d'une neutralifation continuelle dans l'économie animale. Les rhumatifmcs chro- niques, par leur grande analogie avec la goutte, &c. font dus immanquablement au même phénomène, & peuvent fe ranger dans la même claffe. Mais ce qui paraîtra fort fingulier, & chofe à laquelle on ne faurait pourtant fe refufer, c'eft que la paralyfic, chez les vieilles per- fonnes, eft due bien fouvent à l'offification des vaifTeaux fanguins du membre affecté. En effet, quoi de plus facile à concevoir qu'un bras, &c. fe trouvant incommodé de fubftances offeufes dans les parties qui doivent opérer fes divers mouvement, ne foit plus fufccptible de la même agilité ? d'ailleurs, la circulation raient être abforbées ou céblicées auparavant leur décompofition ; c'eft à-dire qu'il eft néceflaire que la terre calcaire foit dégagée de Ton acide, ou rendue dans un état liquide ; & ce n'eft qu'en ce fens q ie l'on peut dire que les mauères offeufes font abforbées. SUR LA MEDECINE. $ devenant moins libre &, en quelque façon inttrcep ée, engendre une froideur continuelle flans la partie, qui, par là, demeure fans vi- geur. Ainfi c'efl avec raifon que cette maladie a été nommée " l'opprobre de la médecine." Le chimifte peut bien défaire, dans fon labo- ratoire îé:réci, ce que la nature fait d'une main infouciante j mais il ne faurait défaire fon ouvrage, quand elle prend plaifir à opérer dans un corps organifé 6c doué de la vie. 1 'homme, quoique témoin de ce que la nature opère de plus grano", de plus beau 6c de plus parfait, fera donc forcé d'avouer fon igno- rance 6c fa faible (Te, lorfquM s'agira d'opérer dans un laboratoire animé. Néanmoins des praticiens, en adminiflrant «les fubftances goudroneufes, foit dans la goutte ou autres maladies où il y a une furabondance d'oxygène dans le fyftême, font tout ce qu'une th orie éclairée peu Tait fugg rer $ car nous favons que le goudron 6c autres fubftances de cette claffe contiennent beaucoup de car- bone 6c d'hydrogène. Or, fi vous introdui- fez ces fubftances dans un corps qui fouffre pirce q..'il eft furchargé d'oxygène, celui-ci ayant une grande affinité avec le carbone 6c l'hydr gène, fe porte avec avidité fur ces fubftinjes, 6-:, au lieu d'oxygéner le fyftcmc, 9 RECHERCHES il fe trouve en grande partie abforbi par cet agens, qui /attirent 6c rendent, en quelque forte, fon effet nul Ainfi, nous croyons qu'.ni malade qui efl mis dans Pu fige du goudron n'en djrive des avantages qu'autant que ce dernier diminue en lui la quantité fuperfîue de Poxjgène. Mais, malgré ces défordres, qui furviennent quelquefois à notre machine, cependant la hgefTe 6c l'économie profonde de la nature ne font point ici démenties. Tout en formant l'homme de divers élémens, elle a voulu le munir de différens réfervoirs propres à les contenir, afin d'empêcher les mauvais effets qui réfulteraient de leur confufion. C'eft ainfi que les différens compofés qui ont lieu pen- dant la circulation du fang font attirés par les vaiffeaux propres à les contenir ; tel que l'urine par la vefïie, la bile qui fe filtre par le moyen du foie pour aller tomber enfuite1 dans la veficule du fiel. Indépendamment de ces phénomènes, qui fe paffent journellement dans notre machine, fans nous en douter, il en eft d'autres qui ne méritent pas moins notre attention. Le S'il reliait quelques doutes fur cette vérité importante, il fuflirait, pour s'en convaincre, d'examiner ce qui fe paffe dans un corps maigre, durant les chaleurs de Pété. Les perlonnes ainfi conftituée<» fe trouvent plus incommodées des chaleurs que celles qui jouiffent d'un embonpoint : c'eft un fait dont j'ai déjà été moi-même, deux fois, la victime, durant deux é es différens. Incépendamment de ma propre expéience, j'ai connu plu- fkurs perlonnes qui, comme moi, ont louffert les mènes incommodi.es Oui, les tranfpira- tions copieules auxquelles nous fommes affu- jetis, par les grandes chaleurs, affectent plus ientiblemei t l'homme maigre que celui d'un tempérament replet. C'eft ainfi encore que celui qui relève de maladie le trouve plutôt affaibli par les fatigues, qu'un autre qui n'aura pas paffé à la même épreuve. De là on peut voir pourquoi les lits de plumes font généialement mal-faim en été. Pourquoi les perfonnes faibles qui fe livrent trop au fommeil font preique toujours lan- guiifantes, 6c incapables de s'acquiter des devoirs de leur état ; pourquoi les habille- mens chauds accablent 6c épuifent, s'ils font continués ; pourquoi les chambres chaudes produifent toujours des effets pernicieux lur les perfonnes délicates. 2 > !• RECHERCHES Mais ce n'eft pas tout : il eft des phéno- mènes encore plus importans, qui ne fauraient s\x cliquer que fur un tel principe. Ces phé- nomènes, dont la vraie caufe a toujours échappe aux recherches des plus habiles médecins, font l'origine 6c la caufe de la différence entre ces fièvres connues, par les nofologiftcs, fous les nous de Synocha, de Sy no chus, de Typhus mitior ou gravior, 6c de puerperalis, ainfi nommée parce qu'elle n'attaque» que les accouchées. Si l'on voirait fe donner la peine de jeter un regard attentif fur la chaîne qui lie les op rations de la nature, on appercevrait bien- tôt le petit nombre de refforts qu'elle emploie dans les procédés. En effet, c'eft une vérité confiante, 6c dont la généralité a été établie par les médecins, qu'une perfonne d'une bonne fanté aura, fi elle a la fièvre, une Synocha ; mais fi, au contraire, c'eft une .perfonne déli- cate, e:le aura une Synochus, ou Typhus mitior ou gravior, fuivant le degré de fanté dont elle aura joui auparavant. Or quelle eft la caufe de ces différences ? Premièrement la perfonne en bonne fanté éprouvera une Synocha parce que l'ox\^ène 6c le calorique, ayant une plus grande affinité avec les fubftances huileufes du corps (.carbone 6c hydrogène ) qu'ils n'en ont pour les parties mufculaires ( iepton ou azote,Scc.) fe combineront de préférence avec ces SUR LA MEDECINE, II prem-èreT, qui empêcheiont que le fyfême ne i^n.bd dans un écat de débilité ou de diflo- lution prochaine. L'homme qui boit beau- coup de vin à fon dîner nous montre une identité de caufe 6c d'effet à Pétat que nous venons de décrire ; car perfonne n'ignore que le vin eft un compofé, en grande partie, de carbone, d'hydrogène 6c de calorique : s'il en eft ainfi, il doit aufîi produire un eut analogue à celui qui fe manifefte durant la décompofîtion clés graiff s, puifque, dans l'un 6c P lutre cas, ce font les mêmes é'émens qui tendent à s'échapper de notre fyftême. Se- € mdement , la perfonne délicate S<: d'une petite fanté éprouvera une synochus ou typhus-, Sec. parce que fon corps, étant dépourvu de f ibftances huileufes pour contrebalancer Pac- tum de l'oxygène 6c du calorique, ne pté- f me à ceux-ci que fes parties mufculaires ( le fepton, 6cc) lefquelles, étant* décompoféeç, d-ivent néceffairement conftituer l'érat de débilité que l'on a déllgné par les noms de synochus Se de typhus. Les faits 6c l'expérience ft.'inblent fe îéunir pour fortifier 6c prouver la vérité de cette doélrine ; car nous favons que les jeunes gens d'environ 17 à 10 an», époque de la vie où Pon eft prefque toujours maigre, font plus (njets à la fièvre typhoïde qu'a une fynochaïde. Les pauvres, qui & 11 RECHERCHES trouvent en proie à tous les befoins corporels^ font aufîi proportionnellement plus fournis aux débilités typhoïdes. Je ne parlerai pas ici des fuites malheureuses, mais que trop méri- t3s, de l'exercice immodéé des pafTîons. Je p (ferai fous filence les gémiffemens 6c les regrets de celui qui s'eft épuifé en d'injuftes facrifices , confommés fur l'autel profane de l'Amour. Je mets aufîî de côré ces douleurs aiguës qui germèrent dans des repas fiftueux. J'ijouterai feulement q"e les fol- dats, hommes deftinés, par leur foûverain, à fupporter les fatigues 6c les horreurs de la guerre, font encore plus fujets au typhus qu'a toute autre fièvre, parce que des foldats font rarement furchargés de graiffe. Quant à la fièvre puerpérale, qui furvient généralement aux accouchées, on ne faurait douter non plus qu'elle ne provienne de ce que les femmes, durant leur groffeffe, perdent, en général, presque toute leur graifîe ; ce qui les difpofe, après leur accouchement, à éprou- ver une fièvre accompagnée d'une déprava- tion générale du fyflême, ou, en d'autres termes, lorfque l'oxygène Se le calorique viennent, par une caufe que^onque, à s'accu- muler dans le fyftême des accouchées, ils fe portent fur leurs parties mufculaires, qui, étant'décompofées, conftituent une fièvre plus SUR LA MEDFCTNE. I3 au moins maligne, en railon de la plus ou moins grande quantité de graiffe qui fe trouve dans le fjftême. 1 es Mémoires de l'Académie de Chirurgie de Paris, 6c p.trticufèrerrent celui de M, Doulcet, à ce fujtt, favorifent fingu- lièrement cette théorie. On y trouve que les accouchées qui furent tranfportées, en 1780, dans i' ôpital defliné aux accouchenuns, eurent la fièvre puerpérale, qui fut a ors r. gardée comme contag'eufe ou peflilen- t elle. Cette < trange occurrence donna lieu à ph fleurs conj< étures fur l'origine 6c la nature de cette fièvre. Comme il fe trouvait dans la fille du premier étage du bâtiment plufieurs bleffés, on s'imagina que les miafmts qui pouvaient s' lever des bleffures de ces gens pouvaient produire cette fièvre dans une falle au fécond ttage, où étaient ces femmes. Mais, ce qui eft plaifant, c\fî qu'on n'y fait pas mention que cette fièvre ait cauf le moindre ravage parmi ces bleffés. Tant il eft vrai que l'homme voulut toujours cher- cher dans le difficile 6c le merveilleux la eau e d s phénomènes qu'il ne pouvait comprend) <:, plutôt que d'avouer fon ignorance ! Ainii nous conclurons que cette fièvre puerpérale put avoir lieu de la manière que nous Pavons expliqué ci - deffus , indépendamment des miafmes putrides, vu l'incertitude de leur exiitence dans ces lieux. 1\ RECHERCHES! D'ailleurs, quand je confi 'ère l'homme datl* toute la du'ée, je vois que l'oxygène, affilé du calorique, fait éprouver les plus grands changemens à fa machine. Les couches cy- 1 ndnques que manifeftent les os d'un vieillard, api es fa mort, prouvent que, durant fa vie, le principe acidifiant s'cft porté fur la baie du phofphore, pour former de l'acide phos- pnonque, qui aura enfuite formé un pho*- piate de chaux 6c l'accumulation des couches cylindriques ^*: qu'offrent les os de cette p-rfonne furchargée d'années. Telle eft; la caife pour laquelle les os d'un enfant font plus tendres que ceux d'une vieille perfonne. Les mènes principes influent encore, d'une façon bien marquée, fur l'état du corps, dans toutes fes périodes, l'homme dont la machine s'augmente èc s'accroît eft peu ou point r< - plet, parce que fa nourriture ^fe trouve ab- forbée ou confommée par les différentes par- ties de fon corps, qui s'étendent, fe grofîiffent 6c fe forrifi-nt Son acmé, ou fa virilité, le préfente dans toute fa beauté ( fi toutefois on peut appeler beauté un amas de graiffe )parce qu'alors fon corps ne faurait être fufceptible (*) La flrufture d~s os n'eft pas, ftriftement par- lant, ftratifiée, parce que les canaux qui les traverfcnt & les pénètrent en tous fens, doivent néceflairement leur communiquer une ftructure fibieufc. Par la même raifon cette ftructure a lieu dans les plantes. SUR LA MEDECINE? 15 «le la même confommation de matières, 6c que eecte abondance de nourriture doit néceff*!- rement favonfer la formation de la graiffe. Enfin fa vieiileffe eft un état de dépériffement ôc de langueur, parce que fes divers organes, ayant fubi à la longue une vraie oxidation, deviennent par là incapables de s'afîimiler les fubftances nutritives. Ainfi tout concourt à prouver que l'oxy- gène, aidé du calorique, fe combine 6c tend à détruire le corps humain à chaque inilant de fa durée. C'eft fur ce principe qu'il nous eft polîibie de rendre raifon des maladies chroniques àc langoureufes auxquelles nous devenons fujets vers l'approche redoutable de notre diffolution. En effet, lorfque les pouî- mons fe diffolvent 6c fe decompofent, c'eft à l'oxygène &Z au calorique qu'il faut recourir pour rendre compte de ce phénomène» Le marafme, accompagné de tous (es défordres, ne reconnaît point d'autre caufe. Mais, fi ces agens deftruéleurs, dans leur combinaifon avec les différentes bafes acidifiables du corps, ne produifent pas toujours une mort aufti foudaine, comme il arrive dans le cas de la pefte produite par la famine, c'eft que leur combinaifon fe fait lentement, comme dans les cas aue nous venons de mentionner. ■ i. C'elt une véûié très-fingulière, mais%con- l6 RECHERCHEE féquente avec les principes que nous avons aujourdhui de la phyfique. Car je luppofe qu'un homme foit fix jours fans prendre au- cune nourriture * qu'ai rivera-t-ii pendant ce tems ? Sans doute fon corps fera décompofe. Premièrement fa graiffe fe fondra, parce que l'oxygène, ayant une plus grande affinité avec le carbone 5c l'hydrogène qu'il n'en a avec le fepton, s'emparera de ces deux prin- cipes j enluite il attaquera le fepton ou les parties mufculaires, qui, étant décompofées à leur tour, produiront la mort ou la ceffation des mouvemens fpontanés du coips, fi le procédé eft continué. Ainfi c'eft une loi con- fiante, &c qui s'exerce fur tous les êtres de la création : la mort eft le tribut que nous rendons au réfervoir univerfel des élémens de la nature, envers lequel notre exiftence nous avait endetté. Enfin tout femble attefter cette vérité, aufii ancienne 6c aufïï permanente que Pefpèce vi- vante elle-même. Le règne végétal donne les plus grandes preuves de fa fubordination à l'oxygène 6c au calorique. La rouille que les grains êc les moifTons éprouvent vers leur maturité ne faurait être qu'une vraie oxida- tion, 6c leur tige, devenant un pur oxi'de, n'eft plus propre à tranfmettre les fucs nour- riciers à l'épi. Indépen SUR LA MEDECINE. ty Indépendamment de ce qui vient d'être dit lî tout le monde admet que les êtres organi- fés font décompo es dès- qu'il font privés de la vie, par l'oxygène, aidé du calorique, pour- quoi refuler de croire que ce phénomène ait lieu même de leur vivant, fi tout con- court à nous en donner des pieuve< palpabk ? En outre, comment concevoir qu'il y ait des epoques dans la vie où P>xvgène exifte en moindre quantité dans le f\flême, vu que l'organe qui â'abforbe agit toujours dans la même proportion, finon quelquefois plus ra- pidement, comme dan> les exercices violens, les fièvres, ckc V (*) Nous conclurons cette f et ion en difant que notre \ieill.ffe, 6c la mort qui la termine, font Pauvre qu'opèient P<-x>^.ène 6c le calorique durant le cours de nos aniées ; que, lorfque la charpente admirable de notre corps eft démantibulée, par l'influence con- tinuelle qu'exercent fur lui ces principes fou- (*) Tl y a pourtant quelques exceptions } f,n'r<- à cette réyle génfra'e. la nature. & Par ( qui rVft qu'un chétif ^mi-a eur de la premi-rc ) peuvent changer b proportion de lVxveène & du caloriaue è beaucoup d'égards. I es évacuations fangm'nes. foit naturelle» ou artificielles, en diminuant la mafle du faner qui eft !C n*nA réf<'rY0,'r de r<>xvRè-e & du calorique dans le fyftême, doivent diminuer la quant té ou la fomrro < "■ ces principes ; & cVfl en ce Cens que l'on peut f.ye que le fvftê-ns efb d. fnxy*/m>'. Mais cet-e d:mi"u- tion ne peut erre que momenta ée, puifque l'orgai e nui les abibrbe ié;,are les pertes continuelles qui s'en fout. C l8 RECHERCHES vera'"n«, n^us retournons à la lource qui notre donna l'exiitence. En vain ferions-nous des efforts pour nors fouftraire à la loi qui exi ::e de nous ce tribut, Des chûtes cruelles 6c réit récs ne nous ont qtie trop avertis de la folie de cette entreprife. Un fort inexorable ne faurait fe lai fier fléchir par nos prières. A'nfi. fans avoir égard aux vices 6c aux ac- ci iens qui abrègent les jours de l'homme, fa nature lui permit d'occuper un certain e'pace dans le tems qui ne comprend point de bornes. SECTION I T. De l'Influence de Vcxygène et du calorique dans le phénomène de la lie. Dans la feétion précédente nous avons con- fi 1ère l'oxygène, conjointement avec le calo- rique, comme détruifant 6c renverfant l'éco- nomie végétale 6c animale. Nous allons tâcher de faire voir combien la vie eft étroitement liée avec ces principes, qui jouent un fi grand rôle dans la nature. Lona-tems avant les belles découvertes de Prieftlev, de Lavoifier 6c de plusieurs autres auteurs ce ébres, fur l'effet de Pair vital dans Péconopyie animale, on favait qu'en introdui- fant de l'air atmolphérique, avec un fouler, d.iv.s les poulmons des animaux dont le thorax !I/R LA MIBECIVB» ÏQ & ['abdomen étaient ouvetts, & les ent-railics enlevées, excepe le cœur Se les pou rr.ons, vivaient pluiieurs heuves ap:ès. On relait auffi revivre d_s poulets, apiè les avoir étrarg es. ( Hiîtoirc de la Soc é-.é Royale de Londres ) Quelque difficile que le ré'ultat de ces expériences nous paraiffe à expliquer, et p n- dant je vais bazarder quelques iéh\xion> :nr Un fujet aufti compliqué, dans la p.Tluafion que l'on- me pardonnera volontiers, fi >3:3 dans un chenrn où tout le monde le perd, La vie, dans un être orgarvré v*j païaît confiiler dans un jeu d'affinités qui a lieu eut e les divers élémens qui compolént fes o sanes : ce forte q<;e celui qui ferait trans- porté à Pieitant dans un end:oit où il n'y au'ait point doxygène ni de calor q.;e, les xnat'ères é émentaires qui le compost primant au.it ô: leur équilibre ou un état de rep -, ici ait conféquemment privé de cette manière (*) Par être organiTé, nous cr'cd» ns non-feuVmcr:t Ja ivméirit-, i'ciCrc, l'arrangement j'ai i icu!;ers de- les y- t.es. mais c: cor" le mouvement fpontaré q; i cioit réiu'tcr ce cet :• cerrhi' aifon. Ainfi. un cacLvre. ur-e p3i'e qui ctllo de v3>éter, ne feraient plus des 3':-s o--«5^.,ilé , luivant n( fe définition. ? a vie n'- M, à }''''Ptc'»'ent pute matiè e, exerce conftamment fur tous les corps une force qui tend à en éloigner les moU'cules, il s'enfuit que rien dans la na- ture ne jouit c'un repos abfolu. En outre la décompofinon des corps ne pourrait avoir lieu, fi i'oxygène n'avait pas auffi une ten- dance ou un app tit continuel à fe combiner avec leurs parties élémentaires, telles que le carbone, l'hydrogène, le fepton, ccc. Ainfi, lorfqu'ap-èï avoir étranglé un poulet je le fais revivre, en introduifant dans les poul- mons de Pair atm nphérique, au moyen d'un fourrier, cet air introduit d'abord, par fa dé- compolîtion, dans cette machine éteinte, une nouvelle quantité de calorique, qui, en dif- pofant les différentes baie* acidifiables, telles que le carbone, l'hydrogène, 6cc. à fe com- biner avec l'oxygène, enlève, par là, la trop grande quantité de ces bafes, qui, étant rete- nues ou trop abondantes, doivent néceffaire- ment donner la mort au poult. Sur ce prin- cipe la caule fi ule des différentes fécrétions 6: excré:ions qui ont lieu dans i'économie rnimile, nous devient très-connue. Sur le même principe il nous eft très-facile de com- prendre pourquoi les ^az carboncux, fepteux, SUR LA MEBECÏNE. 0.1 hydrogéneux, fulphureux, &c. ne fauraient fûjporer la vie, puilqu'iis ont peu d'attraction «nrre eux à une chaude temrcature ; qu'au contraire leur attraétion pur l'oxygène aug- mente à mefure que la température à laquelle ils font expofés devient plus chaude, 6c qu'en conféquence cette loi eft bien calculée pour débarraffer l'animal qui ref; ire de la trop grande quantité de ces bafes, qui, ne pou- vant à cette température fe combiner avec {>n tour, lui deviendrait certainement nui- fible (*) Ainfi la vie ou la fanté dans un « re animé, confifle donc dans la jufte b - l'ice d'.tét.on entre les principes qui le com- pofent. Si c.tfe thé rie n'avait aucun fondement, je demanderai') pourquoi l'exercice des fonc- (*) On pourra fe faiie une idée hier; exafte de la combuftion & de la re fpiratio-i, en réfléohiff d'un élément qUi ait une tendance à fe combiner a\«c tous les élémens de la nalnv, pour cu'il puiîle s'cpé:_'r des ch..;i^^int:is danà les corps. 22 I E C H É H C H E 9 n-ms vit.îles & naturelles eft fi effent;cl à la" vie.; car, fi l'on veut anatyler le fins de* fouet on, vitales 6c naturelles», on verra q.i'ei.cS ne con muait que dans un en ingénient conti- n iei de ni a,è es qui a lieu dans le fyftcmc. En e.i\t, .' xygèuî eft il capable d'autre c!-o j, que de s'^mpaver des baies acidi- fi.b.cs, eC de nous en débarra fier, en forme d' xi Je, &c. pir les différens vaiffeaux ex- cé. mes ? La iuif icition eft une grande preuve de ce que j'avance ici. Ce phénomène n'a 1k u, que parce que, Palpitation é ant arrê'ée, le gaz cai b >ueux, oCc, qui tend à s'envoler de nos pouim »ns, y eft retenu, 6c qu'étant incapable, à cette température, de le combi- ner avec notre tout, il doit nécefflirement devenir iuperflu 6c par conséquent nuifible, Aiali »'a!p:raiion eft d urriture. Pour former l'univers, Defcartes ne demandait que de la mat ère ôc du mou- vement. Pour donner la vie, je ne demande q l'une machine organifée, de Poxygène Ôc du calorique. L'hiilonen facré rapporte, au chapitre II delaGenèle, v. vij, ces paroles mémorables: cc Or Paternel Dieu avait formé l'homme de la poudre de la terre, ôc il avait foufflé dans fes narrines une refpiration ; Se l'homme fut fait en ame vivante, " On diiait que cetie a'iégorie fublime n'était que l'expreffion d'une venté philolophique, qui n'a pas échappé à la eonnaiffance des payçrts. La fable de Pro- méthée, qui n'eft que la providence perloni- fiée ( voyez l'ctymologie grecque ) nous fait voir combien^les anciens avaient des idées bien plus juftes de la faine phyftque que les modernes. Comme nous l'avons dit ailleurs, nos préjugés écou'Ter.: en nous la voix de Ja , 26* RECHERCHES nature, pour nous livrer à des chimères que des nècles peuvent à peine déraciner de notre e fp rit. Mais ici la faibleffe de mon entendement m'arrête *; mes faibles regards ne peuvent plus iupporter le b illant ipectacle de tant de merveilles. La main incrééc 6c toute puis- faute qui burina dans le tems les fuperbes tableaux qui font la décoration majeftueufe de cet univers, eft réfolue de ne jamais dé- voi.er à "l'homme des fecrets qui érigent 6c cimentent fon trône de gloire. L'Etre ïmmenfe, Infini, qui anime, pénètre Se gou- verne des mondes fans nombre, a voulu fe faire reconnaître pour le grand architecte, en limitant dans des bornes étroites la capa- cité de notre génie. Il veut que notre faibleffe implore 6c rende hommage à fa toute-puis- fance : il prétend que- notre efprit, fujet à l'erreur 6c aux égaremens, reconnaiffe en lui une intelligence toujours éclairée par le flam- beau de fa fageffe. O être des êtres, augufte fouverain d'un vafte univers, toi dont les regards ne furent jamais obfcurcis par les ténèbres de la nuit, permet que je me pros- terne humblement devant ta majefté fuprême, 6c que je te rende de juftes hommages. Par- donne fi j'ai voulu fonder l'ordre admirable qui règne dans la nature, ton chef-d'œuvre. .SUR I^A MEDECINE* 0."? J<-> fens 6c reconnais i' mpuiff nce de mes facultés intellectuelles. Toi feule, ô pu i (Tance infinie, peut lever le voile impénétrable qui tache aux yeux de ta cieature le mécanisme parfait qui fait mouvoir perpétuellement la inaffe énorme de Punivers. Nous conclurons ce chapitre, en difanr que, quoique l'air vital tende à détruire fourdemtnt 6c à chaque inftant l'économie animale, nous coyons, d'après les expériences, que la vie eft P ifer de l'opération de cet air conjointement avec le calorique, dans un corps organifé ; Se, quoique le cerveau, dans l'homme Se les autres animaux, foit le fiège où viennent fe cmrenrer t.-Mites les fenfations, au moyen des nerf», qui pa- ra.'f ntfê mouvoir par leur propre énergie, nous P'n3ns encore qu'ils oj èrent 6c tirent leur pin - lance de la caufe générale, favoir, Pair vital Se 1 j calorique, comme tous les autres organes de jî >tre corps. En vain voudrait-on fuppofer au:-: ne f un fluide particulier, qui les remplit 6c leur donne le mouvement. Ne vaudrait-il pas au- tant dire que les fibres mufculaires ont aufli be'oin d'être remplies d'un certain §uide pour ag.r, fe contracter, fe dilater, fe mouvoir, D * i'iili ï A 5X-. « aS RECHERCHES1 CHAPITRE IL De la transpiration insensible. SECTION I. De la cause et de la formation de la transpira- tion insensible : de la formation de la semence : du dévelopement du fœtus. .Dans le chapitre précédent nous avons con- fidéré l'oxygène ôc le calorique comme les agens qui jouent le plus grand rôle dans l'économie animale Se le phénomène de la vie5 nous allons actuellement les voir, conjointe- ment avec l'hydrogène, comme formant la tranfpiration infenfible dans le corps humain. Depuis les belles expériences de MM. La- voifier, Meufnier, Cavendifh, ôcc. fur la corn- pofition 6c décompofition de Peau, la médecine a fagement appliqué cette grande découverte â la formation de la tranfpiration infenfible dans le corps humain. Cependant il me femble qu'à ma conna-ffince, elle ne s'eft expliquée que d'une manière vague 6c peu fatisfefante fur une fi belle théorie. On s'eft contenté de dire feulement que la fueur, ou la trans- piration infenfible, provenait de la combinai- fon de Poxygène Se de l'hydrogène, fans expliquer comment un phénomène fi inttres- fint pouvait s'opérer ôc avoir lieu. SUR LA MEDECINE, 1$ Suivant les expériences de MM.Lavoifier, Cavendifh ôc plufieurs autres célèbres chi- m'fte«, on peut former de Peau en fefant paffer l'étincelle électrique dans un vafe qui contient de l'oxygène 6c de l'hydrogène Par ce procé é on obtient de l'eau, parce que ie calorique que laiffe échapper l'étincelle ( * ) é ettrique dans Ion pafïage par le vafe, eft l'agent qui difpofe ÔC détermine Poxygène ôc l'h\drogène à le combiner chimiquement pour f merde Peau, Cette idée, qui n'a pus é'é fê tie ou dévelopée par les chimiftes, mérite une attention particulière, comme nous tâcht- r ns de le faire voir dans la fuite de cet euvrage. Mais la formation de la tranfpiration dans P conomie animale, nous offre une grande pieuve que le calorique eft le lien d'union ci tre Poxygène 6c l'hydrogène. Car fi, comme or. ne faurait en douter, Poxygène c/t forcé de fe combiner chimiquement avec les bafe," acidifiables, lorfqu'il rentre dans le fyftême, fon calorique latent fe met en liberté, tan- dis qu'il fc joint ôc fe combine avec ces bafes. Or ce furcroît de calorique libre difpofe Pfey- (*} Vovrz ma théorie des explofiorr, où j'ai dé- mr.mré la facilité avrr aquelle l'étincelle v 3rique la Hait échaper fon calorique. ( 333 R.-pciio^;, Vol. O p. 302. ) $o recherches dro,-ène à s'emparer auffi d'une portion de l'oxyuè ie, qui forme de Peau, 6c qui •-' chappô du fy^êne-en forme de lueur, ou de tranfpi- ration infenfible. ( * ; Car, fans cette lage pié:aution de la nature, l'homme 6c les ani- m iux ne pourraient vivre long-tems, purce que Poxygène 6c le calorique, venant à s'ac- cumuler dans le fvftême, leur donneraient néccffairement la mort ; £c que c'eft auffi un nv>yen d'é^alifer l'action des divers élémens l'un fur l'autre, puifque le calorique, qui eft le feul a^ent capah e d'opérer un bouleverfe- ment dans une machine organifée, fort fous une forme latente, état où il ne faurait être nuifible. Cette tnéorie eft bien oppofêc à celle de M Dirvvin, qui fuppofe que la chaleur ani- mée provient, en grande partie, de la for- mation des divers fluides par les différentes glandes du fyftême, telles que celles de la peau, 6cc. Cette idée, (i je ne me trompe, eft fans doute bien peu philolbphiqne ; car tout le monde fait que les fluides contiennent une plus ou moins grande quantité ce chaleur latente, 6c que par conte tient les fluides qui (*) Suivant M. Aberne'thy, il parait que les ftib- flances qui s'échappent du corps parla tianf3-at3n infenfible font compefcr^ dVau & de gaz, azoteux &. carboneux. ( Sur^icui and Phiïosvph.cc.l Essays, par:. II. ) SCJRLAMEDFeTtfE. Ç| ibrtent du corps, ou qui s'y forment, doivent emporter avec eux du calorique, ce qui eft bien loin d'en donner. Mais nous aurons foin d'examiner dans la fuite le fait fur lequel il fe fonde. ( Voyez Zoonomia, vol. i. ) La part qu'a le calorique dans la formation de Peau devient encore plus démontrée, lors- que j'obferve les divers phénomènes de la fueur. Tout le monde fait que les chaleurs externes Se les fatigues augmentent beauco: p la fueur dans l'homme 6c les animaux eu général. En effet lai tranfpiration de l'homme qui ^'exerce fortement devient plus rapide, ou plus abondante, en vertu du mouvement accé'éié du fyftême mufculaire, qui fait que la quantité d'air atmofphérique, décompv-Ié dins un tems donné, eft plus grande $ nue le calorique augmente aufii dans la même proportion, 6c que par conféquent la tranfpi- ration infenfible doit néceflairement s'accélé- rer 6c s'augmenter. De ;à il nous eft facile d'expliquer un grand nombre de phénomènes qui fe paffent dans notre machine. Les diarrhées produites par le froid, ou qui furviennent après une fièvre, font dues à la rétention de Poxvgène °c du calorique dans le fyftême;. Sur le mé ne prin- c ne, la caui'e des fueurs 6c des diarrhées .coliiquatives, dans la phthiik, la fièvre hétniiie., %Z iBfîHERCHES &c. devient fort intelligible. Il eft encore ailé de voir pourquoi les fubftances qui con- tiennent beaucoup de calorique accélèrent 6c augmentent la tranfpiration. Les liqueurs fortes, par exemple, n'acvélèrent les fécrétions urinaires que par le calorique qui s'en dégage, 6c forme cette abondance d'urine qui fe dé- charge aprè-; en avoir bu. Mus, pour mieux faire comprendre mes idées fur la formation de la tranfpiration in- fenfible, 6c fur l'augmentation des urines après avoir bu certaines liqueurs fpiritueufes, je crois devoir rapporter ici la circonftance principale qui m'a conduit à cette théorie. En voya- geant, Pé c dernier, dans la campagne, je m'arrêtai, fur mon chemin, à une auberge où j? pris, contre ma coutume, un petit verre du liqueur ( composition d'eau-de-vie ôc de jus de framboifes ) avec un bifcuit à l'eau. Immédiatement après, je me remis en marche pour achever ma route. Mais je ne fus pas p.au fur'pns de me voir obligé d'uriner cinq ou fix fois dans Pefpace d'environ io minute*, 6c très-abondamment chaque foi>. Frappé de ce phénomène, je cherchai auffitôt quelle en pouvait être la caufe. La pâleur de l'urine que je rendais, ou plutôt fa parfaire reffem- blance avec Peau, la compofîtion chimique de la 3t7RLAMEDEeittB# 33 *ic la liqueur que j'avais bue, tout fe retraça dans mon imagination en moins d'une minute) Se-, fans héfiter un inftant, j'en tirai la con- clufion fuivante : i° que la liqueur que j'avais prife s'était d'abord dccompofée ; i° que fon calorique, étant devenu libre, avait mpnté le fyftême à une plus chaude température ; 30 que ce furcn ît de chaleur avait prefque in- stantanément farce t'oxv3ène à fe combiner avec l'hydrogène, 6c avait formé de cette manière cette f irabondance u'urinc. Ce qui détermina probablement cette quanti:é de liqueur lim- pide à s'éehapper plu ô par les voies urinaires quo par la tranfpiration, c'eft que-cere cha- leur, ayant é:é d'abord plus fenfible dans l'in- térieur du corps, aura conféquemment prouuiC fon effet fur cette partie, 6c occafionné la f >rtie de la compofition aqueufe par les vais- feaux les plus pi es. C'eft ainfi tn/<>re que, lorfqu'on prend un bain chaud, la fueur, ou la tranfpiration qui fe forme par l'applica- tion de cette chileur externe 6c fuperficielle, n'eft fenfible qu'à la peau. Quant au mouvement rétrograde du fyftême abforbant, je fuis porté à croire que ce phé- nomène n'eft pas fi fréquent que M. Darwin le fuppofe. Indépendamment de la difïicu té qui exifte pour prouver que l'action des vais- feaux abiorbans rétrograde, cette doctrine 34- recherches devient d'autant plus douteufe 6c probléma- tique, qu'il fonde la plupart de fes argument fur les phénomènes que nous venons d'ex- pliquer, u'après la théorie fur la formation de Peau. Dins Phypothèfe que le mouve- ment des vaiifeaux abforbans pourrait fe ré- trograder, il eft évident que ces va'ffeaux ne Luraiert prendre ou tranfmettre plus de fluide qu'il n'en exifte. Si les urines," la tranfpira-, tion 6c autres liqueurs excrémentitielles, ne fe' formaient pas par le moyen du calorique, je* demannderais comment un petit verre de liqueur peut faire rendre à une perfonne, par les voies urinaires, qui les condiment foit romiu -, Se, comme 3^ RECHERCHES ils y font dans un état de pureté, ou fans' mélange, il faut une recompolition pour qu'il s'y forme l'eau, le mucus, 6cc. qui s'en échappent. Cela pofé, il s'enfuit que, lorfque la compo- fition 6c la recompofttion des matières ne fe font pas dans la même proportion, il doit en résulter une accumulation momentanée d'oxygène 6c de calorique, qui ne fe diffipe que lorfque l'équilibre tend à fe rétablir, ce qui conltitue les crachats purulens, la fièvre hétique, 6cc de là on verra facilement que, foit que la confomption foit déjà, formée, ou qu'elle ne foit que menaçante, le grand art confitte à maintenir la balance entre les fécré- tions, ou plutôt faire qu'elles fe forment proportionellement à la fomme des mérériaux qui deviennent libres 6c fervent à leur com- pofition. Ainfi la difficulté qui exifte dans la cure de la phthifie ne provient pas d'un défaut u'énergie dans les vaiffeaux abforbans ou exhalant, ou de ce que l'action des pre- miers eft diminuée, 6c que celle des derniers eft augmentée, mais bien de îa formation 6c dubalancement des fluides qu'ils doivent prendre ou tranfmettre. Nous aurons encore oçcafion, dans la fuite, de parler de l'effet de certains remèdes employés dans le traitement de cette maladie. ( * ) ( * ) Je dois rendre juftice à M. Beddoes, ouf. Je SUR LA MEBECINÈ-, g? A tout ce qui vient d'être dit fur la for- mation de la tranfpiration infenfible dans l'homme 6c les animaux, j'ajouterai encore un fait bien propre à répandre du jour lur cette thé >rie. Suivant les expériences de MM, Pneftlcy, Ingenhoulz 6c Sennebier, les plantes tranlpirent de Pair vital, quand elles iont frappées par les rayons diieéts du foleil. (*) Or quelle .peut être la caufe qui détermine l'oxygène à fortir des plantes, laus autre n ê- lange que fa bafe, le calorique 6c la lumière ? Pourquoi arrive-t il qu'il ne fe combine pas ent ère-ment avec la partie hydrogéneufe des plantes pour An dégager en fui te f us la forme d'eau 'i C'eft, fins doute, parce que la tempé- r une à laquelle les plantes font généralement cxpofëes eft trop froide pour qu'il y ait une combinaifon chimique entre l'hydrogène Se premier, a fupgéié l'idée que la confomption était due a iii't- lurarw ndance ci'ox y cène dans le fyfêTic ; m., s ©n lera à ri ême de ju^cr combien l'explication qu'il donne de ce pl.énonit- c eft incompétente, puifqu'i p 30 qu'il faut la con- currence d'une certaine quantité de femencç pour le developement d'un germe. SECTION SUR LA MEDECINE, 45 SECTION II. X)e la cause des inflammations : l'utilité de la transj iration insensible et de l éjection de la semence démont) ee. Nous avons confidéré jufqu*ici le calorique «omme fefant combiner chimiquement l'ox}* gène 6c l'hydrogène pour former Peau ou la t anfpiration infenfible dans les animaux, par- ticulièrement dans l'homme ; 6c cet effet ferait confiant, fi les ciiconflances qui le produilent étaient toujours les mêmes Se inal- t râbles. Mais, comme il n'en eft pas ainfi, ôc que la température dans laquelle nous v vons n'eft jamais fixe ou permanente, il 6'enfuit que, bien fouvem, il fait trop chaud r u trop froid pour que la formation de Peau eu de la tranfpiration infenfible ait lieu. Ainfi, bien pertuadé qu'à toutes les tempé- ratures les affinités chimiques ne fauraient ê~re lts même?, il n'y a plus à s'étonner de voir combien notre corps eft fufceptible de changement. Un jour s'écoule à peine fans que nous émouvions des altérations plus ou moins marquées. L'habitude ou la continuité de ces alternatives, les rend néanmoins prefque imperceptible?. Mais, lorfque le corps eft expofé, p uir un certain tems, à une froide température, les affinités qui ont lieu entre I3; div.rs élémens qui nous compofcnt prennent 46 recherches alors une forme nouvelle. Le froid moment Lui- ou contingent fait perdre l'alliance de Poxygène ôc de l'hydrogène, ou en d'autres t rmes, la formation de la tranfpiration infen- fible nva plus lieu, 8c par conféquent eft ar- rê.ee. Si cet état dure, le corps devient malade, 6c ne fe rétablit que lorfque les affi- nités reprennent leur forme originelle. M lis ce n'eft pas tout. Pour peu qu'on examine ce qui fe palfe en nous lorfque la t anfpiration eft fufpendue, on reconnaîtra facile-ment la caufe des inflammations en cé- o néral. Car Ci, comme nous Pavons démontré dans la fection précédente, le calorique eft l'agent qui fait combiner chimiquement Po- xvgèue avec l'hydrogène, il s'enfuit que, lorfque cette combinaifon n'a plus lieu dans le fyftême, le calorique doit s'y accumuler. En outre, l'oxygène, qui fait partie de cette combinaifon, s'accumulera aufîi dans la même proportion. Alors tout doit prendre une marche nouvelle entre les divers agens qui conftituent notre machine. L'oxygène, le calorique 6c l'hydrogène, au lieu de fe com- biner enfemble comme ci-devant, doivent travailler ôc agir féparément les uns des autres. Dès lors il fe paffe dans le corps un procédé analogue ôc identique à celui de la décompofition des lubftances végétales ôc ani- • t7R LA MEDECINE. 47 Claies. Le calorique ôc l'oxy^èie, étant pour lors accumu es, agiffent avec force fur touies les bafes acidifubes de notre machine en fouffrance ; 6c fa décompofition en eft la trille fuite, c'eft à dire que l'oxygène fe com- binera en plus grande quantité avec le car- bone -, que l'hydrogène, au lieu de s'affo- cier, comme auparavant avec Poxvgène, for- mera de l'ammoniaque avec l'azote, ôcc. Telles font les circonftances qui conftituent à peu près l'état enflammé ou phlogiitique du fy fiême. %Ce que nous avons dit fur l'accumulation • de l'oxygène 6c du calorique fufïïrait déjà. pour nous faire comprendre la caufe des in- flammations en général. Mais il me relie encore une tâche plus difficile à remplir, c'eft: la caufe des inflammations locales externes. La caufe des inflammations locales externes eft auffi due à l'accumulation de Poxygène 6c du calorique dans la partie affectée 5 mais il eft difficile de déterminer exactement la caufe immédiate de cette accumulation. Ce- pendant, foit que la partie ait éprouvé une lacération, coupure, meurtriffure, 6cc. foit qu'elle ait enduré un plus grand degré de froid que toutes les autres parties, comme 1« vifage, quand on voyage l'hiver, il eft évi- dent que les affinités chimiques entre les élé- 4& RECHERCHE? mens qui compofent la partie doivent être dérangées, puifque la température n'eft pas la même pour tous le corps -, qu'en conféquence fon énergie vitale (* ) s'éteint ou diminue ; que par là elle n'a plus la force de tranfmettre les fluides qui font obligés d'y pafîVr, ce q î produit néceffairement un gonflement dans la partie. D'ailleurs la chaleur qui s'y concentre doit dilater plus ou moins les fubftances qui s'y trouvent, ôc produire auffi une dilatation qui, combinée avec la première caufe, fuffic pour engendrer l'enflure occafionnée par l'in- flammation -, Se cet état durera jufqu'à ce que la décompofition de la partie foit accomplie, ou en d'autres termes, jufqu'à ce que Pin» flammation fe termine en fupuration. Mais il peut fe faire que l'inflammation fe termine par la réfolution ; ôc cela s'opère en employant des moyens propres à donner à la partie affectée une température capable de rétablir les affinités chimiques entre les élé- mens en défordre. Ainfi le modus operandi des fomentations, des cataplafmes, Sec. devient, fur ce principe, bien facile à comprendre ; car toutes ces applications communiquent à la partie *m< ■■ ... -i. ' ' ' ^ ■ — — ■ ■ —_ .. . —___— . (•) Je veux dire, par cette exp'c^on, que les opérations néceffaires pour maintenir l'énergie de cette partie font fufpendues. SUR LA MEDECINE* 4$ partie une température qui tend Se force les ingrédiens qui jouent un rôle dans l'inflam- mation à reprendre leur prerirère marche, ôc préviennent de cette manère un mal plus ou moins violent. Telle eft la façon dont fé termine une inflammation par la résolution. Mais, fi les moyens employés pour effectuer cet effet falutairè deviennent inutiles Se in- fructueux, on empêche néanmoins, en atten- dant la supuration, la trop grande accumula- tion du calorique Ôc de Poxygène dans la partie, 6c par conféquent on procure au ma- lade un bien réel. D'après ce que nous avons dit fur la for- mation de la tranfpiration infenfible, fur la ha ure"des élémens qui entrent dans fii corn- pofition, fur leur malignité ou leur tendant e à tout détruire lorfqu'ils agiffent féparément ou qu'ils ne font pas enchaînés l'un par l'autre, il èft ai.fé de voir comb en il eft es- fentiel que ce procédé ne foit jam.:i> inter- rompu. L'exiftence de la tranfpiration infen- fible dans l'économie animale eft donc un des moyens principaux dont la nature.Paie douée, pour fe dégager de la trop grande quantité- d'oxygène Se de calorique, qui, fans cela, auraient bientôt détruit une machine qui ne fe maintient que d-.r.s l'équilibre qu'elle fait fe procurer. G $0 RECHERCHES ïndépendament de la tranfpiration infenfible, gui eft la grande iifue par laquelle le fyftême fe décharge de les fuperfluités, il eft d'autres voies encore, non m nns eff.ntielles, qui ont échapé aux recherches des phyfiologifles, ou fur lelquelles on ne s'eft formé que des idées fort obfcures. L'éjection de la femence en eft une qui mérite bien notre attention. En effet, combien de perfonnes languiffent pour retenir dans leur fyftême les matériaux d'une liqueur qui nuit à la fanté î Que de vierges ont péri dans les cloîtres pour avoir voulu s'obftiner à confommer un facrifice que la divinité n'exigea jamais de fa créature ! C'eft pour avoir méconnu les lois que l'Etre Su- p ême dicta à la machine humaine, qu'on a cru leur obéir, en fefant ce qu'elles ne recla- mèrent jamais de nous. O homme, connais- toi toi-même, 6c tu n'auras pas à fupporter 6c à te plaindre des maux qui ne germèrent que dans tes erreurs. Mais expliquons le bien que produit en nous l'éjection modérée de la femence. Si, comme nous Pavons d.'montré plus haut, la iemenec eft un oxide, il s'enfuit que, lors- qu'elle fe forme, il fe mêle 6c fe combine avec cette fubftance une certaine quantité de calorique 6c d'oxygène. Or, s'il en eft ainfi, il eft facile de comprendre comment 6c pour- SUR LA MEDECINE, 51 ^uoi l'éjection de la femence produit un effet falutairè en nous. Une perfonne, par exemple, d'un embonpoint, en obéiffant au cri de la nature, fe débarraffe d'une certaine quantité d'oxygène 6c de calorique, qui, étant retenus, lui deviendraient nuifibles. Ainfi nous croyoi s que i'ejection de la femence elt néceffaire, parce qu'elle abforbe ôc enlève du fyftême une certaine portion de calorique 6c d'oxy- gène. Mais il eft facile d'opiner en même tems que fon ufage immodéré deviendrait très pernicieux. Il en eft ainfi relativement à la tranfpiration infenfible, quand elle etLpous- fee outre les bornes ordinaires -, tant la na- ture veut faire confifter l'ordre dans l'équi- libre des forces qui font mouvoir l'univers, tttt tttttt G -t. GHAPITRU 5- RECHERCHES W-TTTTIPT r»1" ■■—Wi i| iti—miMiwni^li II»» mm»p «m m—i~'i i -.—-—y -------------------------,-------------.-----:--------—,—--------------------------~~>* CHAPITRE III. * DES ACIDES. SECTION I. De la formation et de la composition des acides : de la combustion solaire, et de la formation de ta queue des comètes. JU'après ce qui a é*é dit fur les acides, tant par les anciens que les modernes, de nouvelles tentatives, foit pour changer ou améliorer la théorie qui a été établie fur les expériences faites par lev hommes les plus célèbres ôc les plus éclairés, paraîtront peut- être ridicules, ou même abfurdes ; mais, comme il eft difficile, même pour les plus- habiles dans l'art de faire des expériences en phyfique, de faifir 6c d'embraffer l'enfemble des vérités qui en réfukent, lorfqu'elles font compliquées, il me femble qu'on a néglipé ou mis de côté un ingrédient auffi effentiel à la conftitution des acides que leur bafe ÔC leur oxygène j Se c'eft cette injuftice ou cette er- reur que je prétends détruire dans le cours de ce chapitre. Suivant M. de la Métherie ( Théorie de la Terre, tome I ) les acides font compofés *' i° c\*ane bafe quelconque , z° d'air pur, SUR LÀ MEBECIN^i 5$ moins une portion de fon calorique j 30 du caUnique combiné ou causticum. *' Il eft éton- nant que ce grand homme n'ait jamais dé- montré une vérité dont il appercevait de î ib es lueurs, ou plutôt qu'il l'ait regardée e >mme douteufe 6c problématique. Pour nous il nous paraît conforme aux opérations de la nature que le calorique ( fans parler du ciufticum, mot dont la fignification eft nulle ici ) rentre dans la combinaifon des acides, c'eft à dire qu'il fe combine chimiquement, c 'mme élément lui-même, avec un radical quelconque ôc une portion d'oxygène» Mais auparavant que d'expofer les faits qui prouvent que le calorique rentre chimiquement dans pi conftitution des acide*, il ne fera peut-être pas inutile de fixer nos idées fur la ma- térialité de fon exiftence. Nous ne faurions comprendre comment il fe peut que le calorique ne foit qu'une qua- lité inhérente aux corps, ou qu'il ne foit qu'un être de raifon ; nous croyons, au con- traire qu'il eft lui-même un amas de matière ou congerie de molécules matérielles, comme la matière de la terre calcaire, magnéfienne, 6cc. : ôc de peur qu'il ne refte quelques doutes fur cette vérité importante, nous allons tacher d'expliquer les phénomènes qui ont ei33:-.J!é. ôc fait naître une erreur cu'il ferait 54 RECHERCHES dangereux de perpétuer 6c de ne pas déraci* ner du cerveau des phyficiens. Le premier phénomène compliqué qui fe prélente, ôc que je crois devoir expliquer, afin de fervir de modèle à tous ceux qui lui font analogues ôc identiques, c'eft la chaleur p o» duite par la friction. C'eft ici Pécueil dan- gereux où tout le monde vient faire naufrage. C'eft de l'égarement qu'il produit que font forties toutes les notions erronées que Pon s'eft formées fur la nature de la chaleur. Pour nous, qui entreprenons la même carrière, nous allons tâcher de faifir le fil qui peut nous faire fortir en fureté de ce labyrinthe. Nous favons, par exemple, qu'un corps poreux, plongé dans un liquide quelconque, fera forcé, par la prefîîon, de rendre ou res- tituer le fluide qui fe fera interpofé dans fes pores, parce qu'un fluide eft plus mobile Se plus fugitif qu'un folide. Pareillement, fi je prends une barre de fer d'une température ordinaire, 6c que je la frappe avec un mar- m, teau jufqu'à ce qu'elle foit d'une température plus chaude, il eft évident que, par le bat- tement répété du marteau, je dois raprocher ou amener de plus près les molécules inté- grantes du fer 3 ( *•) 6c, s'il fe trouve entre ( * ) Si le fer eft dilaté par un grand degré do StrntAMEDEClïTE- 55 celles-ci un corps dont les molécules foient plus mobiles que celles du fer, ce corps, quel qu'il foit, fera forcé de céder àia pres- fion qu'exercent fur lui Us mo écules du fer. Or, comme nous ne connaiffons dans l'univers aucun endroit d'où le calorique foit entière- ment exclu, il s'enfuit qu'il, exifte dans le fer luivant fa capacité pour le contenir, ÔC qu'il doit en fortir chaque fois qu'une caufe, telle que le battement Ôc la friction, v:e t à en diminuer la capacité ; Se que la ienfation de la chaleur doit être plus ou moins fenfible, fuivant la quantité qui s'en dégage. Mais on objectera peut-être que, fi la théo- rie que nous venons de pofer était vraie, il s'enfuivrait que le calorique, venant entière- ment à fortir ou à fe dégager du fer, par le battement du marteau, le froid devrait néccs- fairement fuccéder à la chaleur : ce qui fe trouve contredit par l'expérience. A cela je réponds que l'évolution confiante du calorique, pendant le battement du fer, ne prouve rien contre la théorie que nous venons d'établir -, car nous avons fait voir, dans une lettie fur la fièvre jaune, imprimés à la fuite de cet ouvrage, qu'il était néceffaire chaleur, n'efl-il pas naturel de fuppofer que fes mo- lfccules font fufceptibtes de s'éloigner ou de fe r; ro- cher avec facilité, en r«mon de U lorce qui a^it lur elles ? 5 acides fût incroyable 6c ab- furde, il faudrait avouer que ceux qui nient la combinaifon chimique du calorique avec une bafe quelconque ôc une portion d'oxygène, font plus inconféquens ôc plus abfurdes encore en avouant que ce calorique exifte où ils lui refufen: Pexiftence 3 car on demandera 6% RECHERCHEES toujours, d'où vient fe dég ôc ce fluide, ap« 66 RECHERCHES proche, de trop près, nous fait éprouver 1% fcniation de la chaleur, parce qu'il contient le calorique qui fe dégage durant la combi- naifon de Poxygène. CVft ce mélange con- fiant de lumière ôc de calorique dans la com- buftion qui fait qu'on a toujours eu des i !éc6 bien incertaines fur la couleur du caloriq i' 9 tandis qu'il n'eft pas plus vifible que le gaz carboneux, Ôc que le feul fluide coloré dans la nature eîl la lumière. L'exemple fuivant fera fentir la vérité que j'avance. Lorfque Pon met une barre de fer dans Un fourneau ardent, elle n'acquiert une cou- leur rouge qu'après avoir été chaufée un cer- tain tems j Ôc fi, dès qu'elle eft rouge, on, la retire du feu, elle reprendra graduellement fa couleur primitive. Or pourquoi cette fucceffion de couleurs ? Si ce que nous venons de dire fur la combuftion eft fondé, l'expli- cation de ce phénomène devient facile à concevoir. i° pour que le fer s'oxide il lui faut un certain degré de chaleur 5 1° il n'y a point d'oxidation où il n'y a point de combinaifon d'oxygène ; 30 il n'y a point de dégagement de lumière tant qu'elle eft combinée avec l'oxygène 6c le calorique. L'après ces principes, il faut donc que la barre de fer foit quelque tems expofée au feu avant que fon oxidation commence 5 ôc, dès que, S VU LA MEDECINE. è? Poxygène peut fe combiner avec le fer, il fe. manifefte une couleur rouge, parce que la lumière fé dégage de l'oxygène, 6c lemb ç être permanente ou inhérente au fer, parce que Poxidation eft lente 6c uniforme -, enfin le fer reprend fa couleur primitive auffitôt qu'il eft atTcz froid pour arrêter Poxidation,. ou pour ne plus fe combiner avec l'oxygène» Mais, fi au contraire la combinaifon de l'oxygène eft violente 6c inftantanée, la flamme^ ou pour mieux dire la lum'ère^devicnt alors f rt fenfible 6c bien frapante. L'hydro^è: ç ou le phlogiftique du Dr M'tchill ne.brûle avec flamme que parce que, la combinaifon des gaz oxygène Se hydrogène étant inftan- tanée, il doit y avoir une grande flimme produite, puifque ces deux élémens en con- tiennent leur portion fpécifique, qui fe dégage au moment de leur union chimique. Le gaz électrique ne manifefte auffi de la lumière que parce qu'il fait combiner Poxy- gène qu'il rencontre dans fon paffage, foit avec Pazote ou autre bafe prélente. Cette* vérité paraît bien démontrée par l'expérience où Pon met en combuftion de Pefprit de vin^ en y fefant décharger- une bouteille élec- trique. Les étincelles que Pon voit s'élever, pendant la nuit, d'un corps en putréfaction, prouvent la combinaifon de Poxveène, fo;-C 1 -j. 68 RECHERCHES avec le phofphore ou avec d'autres bafes acidifiables, tandis que fa lumière fe dégage en forme d'étincelles. Le briquet, qui fain fortir du feu de la pierre à fufil ( expreffioi\ qui ne faurait expliquer la nature du phéno- mène qui fe paffe ) ne fait que produire^ par la. friction, un affez grand degré de cha- leur pour fa're combiner l'oxygène foit avec Pazote, qui eft toujours dans la fphère de fon action, ou avec d'autres matières com- bultibles, telles que l'amadoue, ôcc. Les'mouches luifantes, nommées par les x aliens lucciola, que Pon remarque les foirs ei éré, ne donnant de la lumière que parce qu'elles abforbent Poxygène exempt de com- binaifon. Ce phénomène n'eft une merveille aux yeux du vulgaire qu'en ce qu'il n'eft apperçu que dans les ombres de la nuit, fource féconde de fictions 6c d'inepties* engendrées par la crainte ÔC l'ignorance. D'après ce que nous venons de dire fur la nature de la combuftion, on peut formel? plufieurs conjectures plaufibles fur Pembrafe- ment du foleil. Premièrement on pourrait Conjecturer, avec affez de rai fon, que cette maffe énorme de matières nage dans un océan d'oxygène, qui la tient dans un état de con- flagration éternelle. Car, dans Phypothèfe que i'atmofphère du» foleil fût compofé d'uq SUR LA MEBECINZ, 60 tiers d'oxygène ôc de deux d'azote, comme celui de la tjrre, il eft probable que, par le folume énorme de calorique ôç de lumière qui s'élance conftament de fa furface pour remplir Pelpace, fa combuftion devrait bien* îôt ceffer, faute d'oxygène. On peut encore fuppofer que la chaleur exceffive, qufr doit txiftur dans ce corps enflammé, empêche la îéunion de Poxygèie 6c de l'hydrogène pour f rmer de Peau, ôc que ces élémens abnn- t'ans dans la nature fupportent, en grande p'Hie, la combuftion du foleil. Quelle idée p as fublime, que celle qui repréfente deux C rps fefant des efforts continuels pour fe ré- uair, mais qui font fans ceffe repouffés par un trop grand degré de chaleur î Pour don- ner une lueur de mon idée, je n'ai que Pexpreffion éurgique de la fable, qui peint fi expn ffivement le portrait lugubre de Pavare, C'eft Pantale, qu'une foif ôc une faim perpé- tuelles devoreni,6c dont le plus grand tourment eft de ne pouvoir les fatisfaire, au milieu de Ptbondance. Mais, pour ôter tout le ridicule que l'on p iurrait jeter fur cette idée, examinons un inilant ce qui fe paffeiait fi notre globe étak aff.z chaufé pour fe mettre, comme on dit, en feu. L'abord l'océan commencerait par Revenir en vapeur, ou dans un çtat de gaz* 70 RECHERCHES porté à cette forme, fon oxygène ôc fon hy- drogène, obéiffmt à deux forces, l'une qui tendrait à les défunir, 6c l'autre qui favoriie- rait leur combinaifon avec différentes bafes, telh s que le carbone, Pazote, ôcc. formeraient un nouvel ordre de chofes. La lumière, qui, de fon côté, tend peu à fe combiner à une chaude température, paraîtrait fous la forme de flamme. L'oxygèie, forcé d'abandonner fon hydrogène, fe combinerait avec le car- bone, ôc toutes les bafes acidifiables de notre globe, jufqu'à ce qu'elles en fuffent faturées. Mais toutes ces bafes étant bientôt faturéesj ( terme vulgaire que j'emploie pour exprimer le jeu d'affinités qui s'exerce entre les divers élémen!» ) roulerait, en grande partie, entre l'oxygène ôc Phydrogene, qui ne peuvent» comme on le fait, devenir acides. Il y au- rait alors, à cette température, une composi- tion 6c décompofition continuelle de l'eau. Ce phénomène, qui ne faurait ceffer qu'au réfroidiffement de notre planette, pourrait fu- porter ainfi fa combuftion, pour un tems infini. AinCi^ fi l'on confidéré le peu de tems que pourrait biûler notre globe, fans la maffo énorme d'eau qui le rend habitable pour l'cfpèce vivante, je ne vois aucune raifon qui puiffe faire dédaigner une conjecture fondée fur la nature des chofes. C'eft un moyen SUR la médecine; *ff qui nous met àpor ée de comprendre le tems immenfe qui s'eft écoulé depuis Pembrafement du foleil. Mais, fi l'on veut que Pair dans lequel circulent tous les aftres foit le même partout, c'eft-a-dire un compofé d'oxy: ène 6c d'azote, il faut ou fuppofer que notre t foleil doive s'éteindre un jour, ou qu'il y ait un chan- gement continuel dans l'air, pour maintenir la balance entre les deux principes qui le çompofent en plus grande partie. Après toutes ces conjectures, qui s'é:ancent au-delà des faits 8c de l'expérience, on peut néan- moins affurer, avec beaucoup de plaufibilité, que, s'il s'eft éteint des foleils dans le tems, comme Pont obfervé les aftronomes, c'eft fans doute faute d'oxygène, qui eft indifpen- fable à la combuftion de ces vaftes foyers. On peut aufîi conjecturer, avec beaucoup de probabilité, que la queue d'une comète qui vient de tems en tems étonner le vul- gaire cil le réfultat de la combinaifon de l'oxygène avec certaines fubftances combus- tibles inhérentes aux comètes, tandis que la lumière Se le calorique, qui fe dégagent du- rant cette combuftion, font lancés, par fa rotation, à de grandes diftances dans les régions aériennes > telle eft fans doute la for- mation de la queue des comètes en gé 'é I. SECTION ?* *ECHERCrtEÔ SECTION ÏT. De l'effet des acides dans l'économie animale t Réflexions sur la doctrine du Sept on. Si ce que nous avons dit fur la compofi-» tion des acides eft fondé fur la nature des chofes, leur application à la médecine, ott leur effet dws l'économie animale, devient très-facile à concevoir > 6c, fi des divers effets qu'ils produifent on peut remonter aux caufeJ dont nous les croyons fufceptibles, ce moyen de fynthèfe ôc d'analyfe fervira de plus en plus à nous faire connaître leur nature, 6c à fixer nos idées fur la théorie que nous en avons donnée. Si Pon fe rappelle ce que nous avons die fur la caufe des inflammations en général, on s'appercevra aiiément qu'il n'y a aucune difficulté à expliquer l'opération des acides dans un être organifé* Car introduire uri acide concentré dans le fyftême, foit artifi- ciellement ou naturellement, comme quand il exifte dans Patmofphère, c'eft y introduire, d'après notre théorie fur les acides, une quantité furabondante d'oxygène 6c de calo- rique. Ceux-ci, trouvant alors des matières avec lefquelles ils font fufceptibles de fe combiner, commenceront par les décompofer1 ôc les changer en un autre ordre de chofes. Il SUR LA MEDECIWE. 7J Jfl fe paffera, en conféquence, un phénomène analogue ôc identique à celui d'une inflam* mation générale du fyftême, pui'que, dans l'un ôc Pautre cas, ce font les n êmes caufes qui agiffent, feulement fous des modifications difféientes. De là le malade qui a la fièvre jaune, oui une maladie peftilentielle* doit être cruelle- ment travaillé, puifqu'il doit avoir refpiié ou qu'il refpire continuellement un air plus ou moins acidifié, qui doit changer toutes les lois d'affinités qui existaient nagi ères entre les élémens qui compilent fa machine qui tend à fi ruine. Ainfi, foit que i' >n envi- fige les acides de la fiçon que nous les avons confidé es nous-mêmes* foit qu'on exa- mine feulement les effets qi Ms produifent dans , l'économie animale, on fera forcé d'avouer qu'ils font compofés d'une bafe, d'oxygène ôc de calorique, qui fe combine chimiquement avec les premiers puifque, fans celui-ci, l'oxygène deviendrait un agent paffif, ÔC incapable d'opérer ce que noi.j appelons la déforganifation des corps. Ce qui vient d'être dit s'applique à l'opé- ration des acides forts 6c concentrés i n^us .allons parler actuellement de Pufage qu' n en fait en médecine -, mai* nous n'en paru - rons que d'une manière générale, la nature K 74 RECHERCHE* de cet ouvrage ne nous permettant paï d'entrer dans tous les détails. Le bien qui réfulte d'un acide qu'on ad- miniftre ( mitigé avec de l'eau ) provient de ce qu'il tend à rétablir la tranfpiration ôc les fécrétions en général. On admettra volontiers cette théorie, (î l'on fait atten- tion que, lorfque Pacide vient à fe décom- pofer, fon oxygène Ôc fon calorique doivent fe recombiner avec d'autres fubftances, telles que Phydrogène,6cc. 5c former une tranfpiration plus abondante. De là on peut expliquer pourquoi les fruits, qui font plus ou moins acides, accélèrent généralement les fécrétions urinaires ; pour- quoi la limonade qu'on adminittre à un ma- lade eft toujours fuivie d'une fueur falutairè. Le même phénomène fe manifefte dans la Végétation. M. Sennebier a obfervé que les plantes qu'on fait croître dans l'eau légère- ment acidulée d'acide carbonique, tranfpirent beaucoup plus de gaz oxygène, parce que, dans ce cas, ce gaz fe décompofe, ôc le principe carboneux fe combine ÔC fe fixe dans le végétal, tandis que Poxygène eft pouffé au-dehors. D'après ce que nous avons dit fur la com- pofition des acides, ôc leur effet dans l'éco- nomie animale, nous nous permettrons quel- SUR LA MEDECINE. ?£ çues réflexions fur la doctrine du fepton. Malgré tout le génie du Dr. Mitchill, 6c le refpect que nous lui devons pour avoir dit le premier que les maladies peitilentielle§ étaient dues au fepton combiné chimiquement avec Poxygène, nous ofons néanmoins douter qu'il ait é é auffi heureux quand il à é*é queftion d'expliquer fon Ojération dans le corps humain, ôcc. Loin de confidérer le fepton ou Pazote comme un élément paffif, ©a plutôt comme fervant de véhicule à d'autres agens plus actifs, il en a fait l'être le plus malfefant de la nature. La diflolu- fion 6c la déforganifation des êtres animés, nos maladies contagieufès, dont les germes fe développent dans les débris de la nature vivante, les peftes qui, pour-ainfi-dire, n'ont eu d'autres bornes que les extrémités de B>tre globe, toutes font l'ouvrage du fepton impitoyable ( grim septen. ) Voyez fa doc- trine mife en vers, Médical Repository, vol. i, page 189 6c fui vantes. Quoique je fois parfaitement convaincu que Pacide leptique ou nitrique foit la caufe des maladies peitilentielles, je ne faurais némmoins en attribuer la virulence au fepton, qui, fuivant notre célèbre docteur, eft le principe de la putréfaction, ( the élément hostile to life. ) ibidem, vol. 1, page 190, 6c vol. 3, K 3 %Q RECHERCHES page 171, Pour être à même de juger d* l'opération de Pacide feptique dans l'écono- mie animale, je me contenterai de raporter le fait luivant : dans la première fection de ce cha ître, on a vu qu'en mettant de la poudre de charbon dans de l'acide nitrique bien concentré, il s'en fefait fur-le-champ une décompofition -, pareillement, quand on prend de ce même acide, fo t naturellement ou artificiellement, fon oxyc,èie doit non- feulement s'emparer, en abandonnant Pazote ou le fepton, du g.iz carboneux qu'il ren- contre 5 mais encore, à l'aide du calorique qui fe dégage durant fa décompofition, I d )it décompofer la graiffe ou fubftance adi* peufe du fyftême, Ôc fe combiner avec fon carbone. Cela pofé, je demande fi une telle opération n'eft pas capable de porter le plus grand défordre dans notre machine, puifqu'elle fe décompofe, pour-ainfi-diie, inftantanément} ôc n'eft-il pas évident que, dans ce procédé le fepton n'eft qu'un agent paffif, ou qu'ij fert fimplement de véhicule à l'oxygène 6c au calorique, qui feuls ont le droit de réclai mer le titre de desorganisateur de la na- ture vivante ? Sur ce principe on peut expliquer pourquoi les fubftances oléagineufes empêchent ce qu'on appelle la putréfaction des corps. Un ca- SUR LA MEDECINE, 77 davre qu'on aura embaumé ou enduit de giaiffi, à la manière des Gaunches, fe préfer- Vtra dans le mène état, parce qu'à la tem- pérature dans laquelle nous vivons, l'oxygène n'a point d'action fur le carbone folide, s'il eft d.ms un état d'oxide, puifqu'il eft, dans ces c rconftances, parfaitement faturé d'oxy- g>e. De là on voit comment les fumiga- tions fervent à conferver les viandes ; car 1' ur procédé ne fert qu'à fixer la matière ca>tonique lur les corps qui fubiffent cette v opérât on, ce qui les met à l'abri des attaques de l'oxydéae. Mais, fi le carbone eft com- biné avec l'hydrogène, élémens qui forment en g'ande p.irtie les graiffcs, ÔC fi, dans cet. état, on en enduit un corps quelconque, il eft évident qu'a une moyenne température, l'oxy- gène ne l'attaquera que faiblement, 6c qu'en au< mentant cette température, la graiffe, ou le caib ne ôc l'nydrogène, feront premièrement decompofés, ôc enfuite Pazote, Sec. D'après cet aperçu, on voit qu'il y a une grande différence à faire dans la décompofition du carbone, fuivant les degrés de tempéiaturef auxquels il fe trouve expolé. Quant au mot sefton, que le docteur a fub- flitué à celui d'azote, parce que, fuivant lui, il eft fort adapté à la chofe qu'il défigne ' to septon ) " ce qui dispose particulièrement U\ 7$ RECHERCHES corps à putrifler. " ( Ibidem, vol a, page 53.) J'avoue que ce changerrent ne me paraît pas heureux, quoique le mot azAe ne foit pas le meilleur poffibie pour défigner la chofe. Mais ce qu'il y a de certain c'eft que Us corps putiéfiables pourraient fubir le procédé de la putréfaction ( mot qui ne peut ex- primer que le jeu d'affinités qui a lieu dans un corps qui change de manière d'écre ) fans l'intervention ou la préfençe du fepton. L'hydrogène, le carbone, le phofphore, ôcc. auraient, à mon avis, autant de droit au titre de fepton que Pazote, puifqu'ils jouent éga, Lment leur îôle dans les corps qui fe putri- fient ; ôc par conféquent aucun d'eux, ainfi que l'azote, ne pourrait être regarde comme le principe de la putréfaction, puifque les feuls agens capables de les défunir ou de rompre leur alliance, quand ils font combinés enfemble, font l'oxygène ôc le calorique * celui-ci en affaibliffant d'abord leurs liens» ôc celui-là en s'emparant premièrement du carbone, de Phydrgène, ôc ainfi de fuite ; ce qui, comme on le voit, produit une fépara- tion fucceflïve de leurs élémens, Ôc par confé- quent ce qu'on appelle desorganisation. CHAP1TRI SUR LA MEDECINE. CHAPITRE IV. THEORIE DES POISONS. .L/anS les fciences où il eft impoffible de connaître la nature des chofes par Panalyfe ou la féparation de leurs parties, le fcul moyen que nous ayons d'y parvenir c'eft d'étudier fcrupuleufement leurs effets, de les comparer avec ceux qui nous font les plis connu?, d'en remarquer toutes les analogies, ôc d'en déduire toutes les conféquences pos- fibles, qui deviennent elles-mêmes des démon. ftrations, quand elles font appuyées fur un grand nombre de faits analogues ôc iden- tiques. Ainfi, dans la théorie des poifons que je prétends donner, on ne faurait exiger une analyfe exacte ôc parfaite de tous les poifons en particulier : la tâche en eft im- poffible, Ôc deviendrait, par là, ridicule, puifque je regarde le principe vénéneux comme incoercible, ôc que, s'il n'en était point ainfi, comme on aura lieu de le voir, il ne ferait pas poifon. Il fuffira donc de faire voir Pidenrité d'effet qu'ont les poifons qui nous font inconnus, ôc qu'il nous eft impoffible de connaîre, avec ceux que nous connaiffons, pour établir notre théorie, Ainfi je commence 70 &9 RECHERCHES par l'exemple fuivant, qui eft à la portée d« tout le monde. Si Pon applique les mouches cantharides à" l'épaule d'une perfonne que je fuppole afl«- gée d'un rhumatifme aigu, la douleur cclf-ra^ ôc il fe formera une veflie d'eau ou de sérum entre Pépiderme ÔC la peau, durant l'opéra- tion de l'emplâtre. Mais fi, au lieu de Ls appliquer à une partie externe, on en fa;t prendre aune perfonne un fcrupule ou deux, elle fera bientôt la victime malheureufe de cette prefcription, 6c Pon dira, en langage ordinaire, qu'elle eft morte empoifonnée. Voili la même fubftance qui produit deux effet; qui femblent diamétralement oppofés, ôc que l'on devrait par conféquent attribuer, fuivant le jugement de la multitude, à des eau fi. a différentes ; mais, pour détruire cette erreur, hous allons faire voir qu'une même caufe peut produire des effets tout différens, eu égard aux circonftances. Nous favons que ce qui conftitue un rhu- matifme aigu eft une inflammation des mufcles où fe fait fentir la douleur. Nous avons tâché de démontrer qu'une inflammation quel- conque était due à la rétention du calorique dans la partie affectée, 6c que c'était faute de ce qu'il ne pouvait être mis dans un état latent SDR LÀ MEDECINE- tt latent qu'il y devenait nuifible, ou qu'il ten- dait à en détruire Porganifation, à l'aide de Poxygène : nous avons vu auffi que la for- mation de la tranfpiration infenfible était occafionn'e par un deg'é de chaleur néjes faire à cette combinaifon chimique. Or, d'apiès ces principes, nous devons tirer ces conféquences néceff ures $ i° que le calorique^ qui eft combiné chimiquement avec les mouches, devient fenfible lorfqu'elles font en contact avec la peau, ce qui occafionne la fenfation de la chaleur ; i° que la veffie d'eau qui fe forme entre i'épiderme 6c la peau eft l'effet du calorique qui fe dégage des mouches durant leur opération, en fefant combiner Poxygène avec l'.iydrogène j o° que la douleur ceffe, parce que l'accumu- lation du calorique qu'il y avait dans la partie eft mile dans Un érat latent durant la f>im.i:ion de la veffie d'eau, ce qui doit né- ceff iirement produire un effet falutairè. Mais, s'il n'en eft pas ainfi lorfque les mêmes mouches font prîtes intérieurement, dans la qumti'é que pous avons mentionnée, c'eft que leur calorique combiné, qui fe «. é- gage prefque inftantanément, dilp îfe au né ne moment plufieurs bafes ncidifiables à fe com- biner avec l'oxygène. Le degré de chaleur qui doit régner dans le fyftême eft trop puis* 1 8l RECHERCHES fant pour que l'hydrogène fe combine pat* fibiement avec l'oxygène, afin de former de l'eau. L'azote, qui, à ce degré de chaleur, eft porté à l'état de gaz, peut, à cette tem- pérature, devenir acide, ou peut être mène ammoniaque, 6c doit entraîner néctffairement la deitruction du malade. C'eft probable- ment dans le combat de cet acide avec l'al- kali volatil que giflent, en grande partie, les avant-coureurs d'une mort cruelle. Ainfi nous croyons que la mort foudaine, produite par les mouches camharides, eft due à la décompofition du fyftême, qu'elles occafionnent par le calorique qui s'en dégage, ôc qui y joue un rôle analogue à celui qu'il joue dans la fermentation ou la putréfaction. S'il eft naturel de tupofer que les mouches çantharides doivent leur qualité vénéneufe au calorique qui fe trouve chimiquement com- biné avec leur fubftance, nous allons voir que la même chofe a lieu pour le venin d'une vipère, ôcc. Quand une perfonne reçoit une piquure de vipère, dans une partie quelconque du corps, il fe manifefte auffitôt, dans la partie affectée, un gonflement accompagné d'une douleur aiguë j la couleur de la peau fe change à mefure que l'action du venin devient olus longue ou continue 3 enfin la perfonne meurt, SUR LA MEDECINE, STj fi l'on n'y apporte un prompt remède. U sous Punira encore d'analyter l'effet que produit ce venin, pour en faire connaître les principaux ingrédiens. Premièrement la partie affectée fc gonfle ôc cp.c uve une douleur aiguë. Il ne faut pas être bien inftruit en phyfique pour favoir qu'il n'y a que le calorique dans la nature qui puiffe dilater les corps. Or pouiquoî cette partie fe dilaterait-elle, s'il ne s'y en concentrait pas une quantité fuperflue, qui devient fenfible quand le corps é~ran^er qui s'v îuroduit vient à fe décompofer ? D'ail- leurs la douleur aiguë nous avertit qu'i y a un ■ (-.i:abondance de chaleur dans la parti» fouffïante. Mais ce qui prouve de plus en pus cure affertion, c'eft le changement du c mleur qui turvient à. la peau. En effet ce changement pourrait-il avoir lieu fi la par^ tic n'était pas décompofée -, Se cette décom- p. fition pourrait - elle fubvenir 6c s'opérer fins la préiençe du calorique, aflifté pai^ l'oxygène ? Ces exemples nous font affez voir que, fi le principe vénéneux.( exprelfion dont je me> fe;s pour défigner l'effet morbifère du calo- rique, qui, comme on peut facilement le fentir, n'exifte que pour les êtres organiîés > n'était pas incoercible, il n'y aurait point J, 84 RECHERCHES9 poifon dans la nature, puifqu'on pourrait l'enchaîner, 6c par là borner fes effets. Mais, comme il n'en eft point ainfi, Se que le ca- lorique, élément qui commande à la nature eut ère, eft toujours ag^ffint, il s'enfuit, par Une conféquence néceffaire, que, lorfqu'un véhicule quelconque l'introduit dans une machine organifée, il doit en détruire l'har- monie, ôc renverfer bientôt les colonnes fra-? giles fur lelquelles elle repofe. Ainfi nous crayon? que le calorique, qui fe trouve chimiquement combiné avec le venin de la vipère, devient libre* lorfqu'il s'intro- duit dans notre fyftême j qu'il décompofe, avec Poxygène qui fe trouve préfent, la par- lie affectée ; que fon effet devient en peu de tems univerfel, parce qu'il pé .être toute muière-, 8c qu^, durant cette décompofition, il fe forme des acides, Sç furtout de Pacide nitrique ou feptique, qui finiffent par donner la mort au malade, fi Pon n'a pas foin de les neutralifer dans leur état d'embryon. Tel eft à peu près le rôle deftructeur que joue le calorique dans ce phénomène furprenant. Mais, pour appuyer ce .que j'avance, je vais citer le fait fuivant ; Dans l'expédition de la Jamaïque, en 1780, contre le continent efpagnol, un foldat du %$me régiment, en marchant dans les bois SUR LA MEDECINS. 85 prê? du château San Juan, fut piqué, fous l'orbite de l'œil gauche, par un ferpent qui fe tenait fuipendu à la branche d'un arbre $ ce qui lui caufa aulficôt tant de douleur qu'il fut incapible d'aller plus loin. Il mourut quelques heures après ayant le corps confi- dérablement enflé, ôc d'une couleur jaune foncé. I 'ce:l, prè" de la morfure, éfait en- tièrement décompofe. " ( Voyez Moseley on ïropical Di dont ce remède a toujours éié fuivi Pont fait regarder comme un fpécifique. En effet nous favons que toute fubftance huileufe et propre à neutralifer les acides 6c à fus- pendre le progrès de leur formation. Or G, d'apiè> notre principe, il fe forme des acides à la fuite de la piquure d'un animal véné- neux, ce qui eft une conféquence néceffaire de la décompolnion du fyftême, il s'enfuit que les huiles doivent être un fpécifique pour la guéri l'on des piquures vénéneufes. ( Voyez! le Médical Repsitory, vol. i, page 253. ) Aux exemples que je viens de citer je vais enjoindre un autre dont on n'a encore donné aucune explication fatisfefante , faute des données néceffaires. La fubftance dont je vais actuellement m'occuper eft Popium. On dirait que les médecins l'aient affectioné plu? que tout autre remède, par les m^ux qu'il' fait épargner aux malades. Heureux fi Pon eût mieux connu Part de s'en fervir $ car jamais il ne fût devenu pernicieux dans la- pratique de la médecine» SUR LA MEDECINE* U? Tout le monde fair que l'effet mortel de l'opium détruit l'organifation d'un viltèe particulier, tel que l'ellomac, ou en d'autres termes, y occafionne une inflammation, pro- duit une éruption à la peau, plus ou moins marquée, 6c enfin détruit les fonctions vitales dans un êire organifé. A ces earactè es je fuis forcé de reconnaître un agent fubtil 6c inhérent à la fubftance, pour qu'elle produife un effet qui par..ît difproportipné à la caufe. En effet, fi l'opium ne contenait point du calorique qui lui eft chimiquement combii é, comment pourrait-il produire un effet qui dénote ôc prouve fa préfence ? Car, s'il pro- duit une éruption à la peau, quand on le prend en quantité, on ne peut attribuer cette étrange occui rençe qu'à la préfence 6c à l'u&û n du calorique, qui difpofe d'abord les parties e'émentaires du corps à fe décompofer, ôc à celles de l'oxygène, qui en achève 6c perfec- tionne l'ouvrage. Le datura stramonium, ou p'mme épi,neufe, ne manifefte de la mali- gnité que parce qu'il contient auffi une cer- taine quantité de calorique j d'ailleurs ta manière d'epérer dans le fyftême, foit p.>■• fa qualité diurétique, ou par fes autres effe s qui font analogues à ceux de l'opium, dé- montrent certainement la préfence du calo- rique 6c l'effet qu'il produit, foi: en accélé- ît RECHERCHES rant les fécrétions urinaires, Sec* ( Voyeg le Médical Repositêry, vol. a, page 33. ) La cicuta aquatica, décrite pir Wepfer, pro- duit des effets extraordinaires dans l'écono- mie animale. Suivant cet auteur la racine de cette plante occafionne une douf ur vio- lente Ôc une grande chaleur dans l'eftomar, des convulfions terribles, accompagnées de la perte de tous les fens, de la contorfion des yeux, ôc de Pécoulement du fang par les oreilles. Tous ces fymptômes ne démontrent- ils pas une décompofition de la machine, ainfi travaillée ? Si cette plante malfefante, par raport à nous, ne contenait pas du calorique en elle-même, je demanderais d'où peut pro- venir cette feniation de chaleur qui fe ma- nifefte dans Peflomac de celui qui en efl affecté. Comment le fang ferait-il forcé de fortir par les oreilles, s'il n'était point dilaté par le calorique, ôc obligé de céder à la force invincible qui écarte fes molécules ? Mais, fi pon veut analyfer plus fcrupuleu- fement l'effet de l'opium en général, 6c fur- tout fes vertus bienfefantes, on fera forcé* d'après les principes que nous avons établis jufqu'ici, d'avouer qu'il contient une cer- taine portion de calorique qui lui eft chimi. quement combinée. On fait qu'après avoir adminiflré SUR LA MEDECIN©» $£ adminiflré une dofe d'opium à un malade attaqué de la phthifie, fes douleurs femblent d'abord s'évanouir -, une douce tranquilité s'empare de toutes fes faculté? accablées de foucis, d'angoiffes 6c d'.nsiéés cruelles ; un léger fommeil voltige fur fes paupières lan- guiffantes : tel eft l'effet apparent qu'il pro- duit. Mais il fait plus encore. Sa décom- pofition, qui a lieu dans le fyftême, reftaure les différentes fécrétions, en fourniffant un nouveau degré de chaleur capable de faire combiner enfemble l'oxygène ôc l'hydrogène. La tranfpiration 6c l'expeétoration qui fe maniftftent aprè< l'.ivoir adminilbé font des preuves incontcftables de ce que j'ivance. La formation de la tranfpiration infenfible, ôcc. enlève de Ion côé la furabondance de calorique, en le mettant dans une forme latente. D'ailleurs on fait que l'effet falutairè de l'opium dépend, en grande partie, de la façon dont il eft adminiftié. Si l'on en fait ufage, par exemple, quand la graiffe du fyftême ( carbone ôc hydrogène ) eft en dé- compofition, ce qui continue une fièvre inflammatoire, parce qu'il y a peu de calo- rique mis en forme larenre, il devient alors pernicieux, parce que, loin d'arrêter la dé- compofition qui a lieu, on ne fait que Pac* M $ô RECHERCHES céérer, Vu la grande attraction qu'a Poxy- gène pour le carbone. Mais il n'en eft pas ainfi d .ns le cas contraire, parce que l'azote a naturellement moins d'attraction pour Poxygène que n'en a l'hydrogène 5 ôc il ne faut qu'une occafion favorable pour faire combiner enfemble Poxygène ôc l'hydrogène5 ce qui s'effectue par une dofe convenable d'opium, qui, durant fa décompofition, rend fenfible le calorique qui lui était chimique- ment combiné. L^effet tant vanté du digitalis, dans la phthifie, l'hydropifie, Sec. peut s'expliquer de la même manière que celui de l'opium* Cette plante, ayant une certaine portion de calorique combiné chimiquement avec fa fubftance, débarraffe le fyftême de la trop grande quantité d'oxygène ÔC de calorique, en rétabliffant la formation des différentes matières excrémentitielles, qui ne peut avoir lieu qu'au moyen d'un certain degré de chaleur. Car, fans cette nouvelle addition de calorique, elles feraient ftationaires, ôc conféquemment augmenteraient la maladie par leur iéjour dans notre corps. Si nous fommes forcés d'avouer que la formation de la tranlpiration infenfible ôc des autres fécré- tions eft due au calorique qui décide leur combinaifon, nous ferons auffi obligés d'a- / SUR LA MEDECINE. Q| Trouer que tout agent qui les rétablit doit contenir une certaine portion de calorique. Les Turcs ôc les Perfes, qui recherchent l'opium, comme un fur moyen de fe procu- rer l'ivreffe, accompagnée de fes charmes ôc de fes horreurs, feraient bientôt la victime de leur avidité lenfuelle, fi un climat favo- rable n'en rendait l'effet moins actif. On foufcrira volontiers à cette* opinion, fi i'^n Teut examiner un inftant comment la nature des climats que nous habitons peut modifier à l'infini les caufes agiffantes dans l'économie animale. On fait, par exemple, que les cha- leurs font tranfpirer, parce que la chaleur externe ajoute àl'aétion de la chaleur interne, qui, comme nous l'avons dit, eft la caufe de la formation de la fueur, ôcc. ôc maintient de cette manière, l'équilibre dans les m^u- vemens ôc opérations internes de notre ma- chine. Cela pofé, il eft aifé de voir pourquoi l'opium ne faurait empoiloner les Turcs Se les Perfes, qui le mangent pour fortir de leur état fombre ôc taciturne, ôc pour rallurmr en eux les doux feux de l'amour. Cet agent, loin de dôranger les fonctions fécré-. toires du fyftême, ne fait que les ace !é- rer -, ce qui rend fon effet moins malfefant chez ce peuple, dont la conftitution n'eft point affujétie aux influences d'un climat M a pi RECHERCHES inconftant Ôc variable. Les chaleurs qu'ils éprouvent conllament les rendent fufceptibles de luporter un grand degré de chaleur, dont l'effet fe trouve contrebalancé par une trans- piration plus ou moins copieufe. D'ailleurs, fi /effet de l'opium eft de les rendre amou- reux, ou s'il tft un moyen d'exciter ôc d'ali-, menter leur appétit pour les femmes, notre théorie fur la formation de la femence ne devient-elle pas démontrée ? ôc l'affouviffe- ment de leur paffion n'eft il pas auffi un moyen pour confommer la furabondance de chaleur que l'opium leur communique ? Enfin il paraît que les mœurs des Turcs ÔC des Perfes, ainfi que le climat qu'ils habitent, favorifent Pufage d'un aliment qui donnerait une mort certaine aux peuples du Nord, s'ils voulaient en faire un objet de débauche. Indépendament des exemples que je viens de citer, ÔC qui feraient déjà fuffifans pour donner une idée claire ôc précife de la ma- nière dont agiffent les poifons en général dans l'économie animale, je vais les confidé- rer actuellement plus en grand Ôc d'une manière plus générale, ôc répondre, à quelques objections que l'on pourrait faire* La nature ne travaille pas feule à la com- binaifon des élémens qui font capables de nous détruire. L'homme, qui voudrait auffi SUR LA MEDECINE. 9£ tour créer, s'occupe de fon côté à imiter fes ouvrages, ôc eft parvenu à former des poi- fons de la plus grande activité. Le mercure Tif eft un de ceux qui n'acquièrent des qua- 1 i t é > malfefantes 6c deftrudtives qu'en les por- tant à un état d'oxide, ou à celui d'un fel neutre. L'aifenic n'eft un fi grand poifon que p'rce qu'il eft toujours combiné avec l'oxyiè^e ÔC par conféquent avec le calorique. La chaux perd fa cauflicité après avoir été dépouillée de fon calorique. ( * ) Les li- queurs fortes ne montrent de la malignité que pirce qu'elles en contiennent une cer- tiine dofe. Les fubftances réfineufes, qui ont un g ûr âa-e ôc piquant, en font probable- ment chargées. D'ailleurs on a obfervé que les plantes ÔC Us animaux vénéneux fe rencontraient plutôt dans les climats chauds que fous les zones ( * ) Ceux qui ont gratuitement fupofé que la cha- leur qui le mat ifefle duiant l'extinction de la chaux eft produite par le uaffage de i'eau liquide à l'état folide, ou. en d'auires tein-es. qi.e li la matière de l'eau fe fixe dans la chaux, tandis que fa chaleur latente de- vent Icriihle " n'ont pas îenii les difficultés qu'em- braffe cette théorie. Pour v.ir d'abord l'impofubilitê de 'a chofe, il luffit de favoir que l'eau ( corps que j'apelle lecondaire parce qu'il eft compofé de deux corps primitifs ) ne peut exifter que £ Par une autre analogie non moins furpre- nante, le venin des ferpens agit fur nous d'une manière très femblable à la chaux vive. On peut comparer leur direction à un point lumineux dont les rayons divergent en tous fens ôc avec la même vélocité, avec cette différence que la chaux, en perdant fon ca- lorique, devient l'agent propre à contreba- lancer & à décompofer la formation d'un acide ; tandis que la plante ou l'animal vé- néneux eft dénué de cette qualité falutairè. Cela pofë, on me demandera comment concevoir que ce calorique combiné puiffe donner la mort aux animaux d'une manière aufti foudaine i comment une fi petite quan- tité de ce principe deftructeur peut, àl'inftant même, déforganifer un être vivant ; enfin comment concevoir que les ferpens vénéneux puiffent féparer leur venin de la maffe de leurs fluides fans en être eux-mêmes incomodés. Je réponds d'abord à la première objection que nous ne connaiffons nullement l'énergie du calorique, ôc que par conféquent nous ignorons julqu'où peut s'étendre fon pouvoir,, D'ailleurs le calorique deviendrait-il inactif Ôc impuiffant dans ces circonftances feulement ? Si, comme nous l'avons dit plus haut, ce prcédé n'eft qu'une décompolition ôc une génération d'acides dans le fyilême, y a-t-il £? RECHERCHES à s'étonner que la mort foit produite d'une manière fi foudaine, lorfque notre'organifa- tion, d'où réfulte le phénomène de la vie, eft mife en lambeaux par une fermentation rapide ? En outre les fymptômes qui fur- viennent au corps, api es ce genre de mort, font tous analogues à ceux que nous remar- quons dans les cadavres qui ont péri durant une fièvre peftilentielle. Dans ce dernier cas, c'eft un acide qui agit fur notre corps ; tandis que, dans l'autre, ce font des acides qui fe forment, ôc qui entraînent néceffaire- ment notre deftruction. Quant aux animaux qui portent leur venin fans être empoifonés, ce phénomène ceffera de tant nous furprendre, fi l'on veut réflé- chir que la vipère, par exemple, eft munie d'un réfervoir pour le contenir. D'ailleurs la virulence du poifon, ou plutôt la quantité de calorique qui fe trouve combinée avec une bafe quelconque, eft en raifon de la, capacité donnée à chaque efpèce pour le fuporter» Car il s'en faut de beaucoup que tous ces poifons foient doués du même degré de virulence. Un animal peut erre conftitué de manière à fuporter un plus fore poifon s de même qu'un homme peut fupor- ter un plus haut degré de froid qu'un autre. Ainfi une guêpe, une abeille, produifent une piqûre SUR. LA MEDECINE. 97 piqûre vénéneufe, en raifon de leur volume & de leur capacité pour fuporter leur venin. En outre la rage canine, maladie que Pon défigne par le mot d'hydrophobie chez les hommes, démontre que cet animal peut en- gendrer un poifon dont il ne peut lui-même fuporter l'effet funefte. Cette étrange circon- ftance, qui ne fe remarque que chez le chien, eft due, fans doute, à fa con.Htution particu- lière. C'eft un fait fort connu que le chien ne tranfpire point par la peau. Cela pofé, cet animal doit être cruellement travaillé dès qu'il eft malade ; car, étant conftitué de manière à ne pouvoir pas tranfpirer par la peau, il eft dépourvu en con'équence de ce moyen néceffaire pour mettre dans une forme latente le calorique qui s'accumule dans fon corps. Eu conféquence la nature, qui veille toujours à la confervation de fes ouvrages, s'efforce de l'en débaraffer par une falive abondante. Cet effet filutaire, que Pon ferait tenté de regarder comme une compenfation pour fon défaut de conftitution, réuffirait in- failliblement à le mettre hors de danger, fî cette bête fouffrante n'augmentait pas fon mal par fes mou venons ôc les cri fes redou- blées qui l'agitent. Ainfi, le calorique qui s'accumule en lui n'étant plus en proportion du débit qui s'en ferait fi cet animal uans- N « 9$ RECHERCHES pirait, il doit conféquemment en ê^e la vic- time 5 ôc, d'api es ce que nous avons dit5 il doit fe former un vrai poifon durant fa maladie, puifque fa falive, ayant été, pour- ainfi-dire, la feule (ecrétion exiftante, a dû être néceffairement calorifiée, ou contenir une grande quantité de calorique. Cette explication fufSra fans doute pour faire con- naître la nature de ce poifon j ôc, comme perfonne n'ignore fon effet fur le corps hu- main, on me difpenfera d'en parler ici. Sur le même principe on peut expliquer la formation du virus vénérien. Ce poifon, fuivant les historiens, doit fon origine ôc fa naiffance aux chaleurs de la zone torride. Son opération lente fur le fujet qui en eft affecté prouve que ce n'eft point un acide ( * ) dans l'origine, mais que le calorique qui lui eft chimiquement combiné fe déve- loppe petit-à-petit, fe combine, accompagné de Poxygène, avec les bafes acidifiables, ÔC ( * ) Les expériences de l'abbé Fontana, fur le poifon des vipères, tendent à prouver que les poifons, fî l'on en excepte les acides, ne font point originaire- ment acides. En effet, d'apiès ce que nous avons dit fur l'effet des acides dans l'économie animale, & ce que nous avons dit jufqu'ici fur la nature d«s poifons, j'ofe croire que les poifons ne font point originaire- ment acides ; car, fi le poifon de la vipère, par exemple, était acide, ce poifon, par fa virulence, ne pourrait être que de l'acide nitrique. Mais l'animal en ferait bientôt la victime, puifque fon carbone dé- sur la medeciwe; 99 décompofe à la longue, comme on a lieu de Pobferver, certaines parties du fyftême. Les divers fymptômes qui fe manifeftent après Pintroduétion de ce poifon particulier favorifent beaucoup cette affertion ; car, lorfque le malade paffe d'une température modérée à une plus chaude, le mal-aife quM éprouve augmente Se redouble : ôc la rai fon en eft évidente j c'eft que le developement du virus eft accéléré par le iurcroît de cha- leur qui a lieu -, Se qu'alors la décompofition du fyftême eft plus rapide. De là les anxié- té , les infomnies, les maux de tête, Sec. Mais, en admettant que le virus vénérien eft un compofé d'un radical quelconque com- biné chimiquement avec le calorique, on demandera pourquoi le mercure combiné aufîi avec une portion d'oxygène ÔC de calo- t que eft regardé comme le meilleur antidote contre ce poiion. Je dirai d'abord qu'il eft fort douteux que le mercure foit le meilleur remède que nous comnoferait néceflairement l'acide, ce qui entraînerait, comme on l'a déjà dir, fa deftruftion. Le phénomène ne pouvant donc avoir lieu de cette manière, il eft dès- lors naturel de rechercher un moyen d'explication p'us conciliable avec les faits. Or nous avons ia certi-. tude que le calorique fe concentre dans un corps par le moyen de ce que j'appelle attraction, & qu'il n'eft point malfefant dans cet état. Pourquoi donc répéte- ra it-on une thème qui ne renferme rien de contr** dictoirc dans ion enfemble ? N 3 *Û0 RECHERCHES ayons pour guérir cette maladie. Il n'eft pas néceffaire d'être longtems dans la pratique de la médecine pour éprouver l'inefficacité de cet antidote fi vanté. J'ai vu le fublimé corrofif, ôc autres préparations mercurielles, laifT-r périr des perfonnes à la fleur de leur â^e. Ce remède, loin de guérir le mal quand les os font attaqués, ne fait qu'en accélérer la décompofition. En effet quoi de plus fa- cile à concevoir que, lorfqu'on introduit dans le fyftême un agent qui contient de l'oxygène ôc du calorique, il ne puiffe en- gendrer auffitôt un acide fupérieur en acti- vité à Pacide phofphorique qu'il déplace ? C'eft avec rai fon qu'on a dit depuis longtems que " le remède a fait plus de mal au genre humain que la maladie. " Quand le cri public s'élève contre l'inefficacité d'un fpécu fique, il faut avouer alors fon infufHfance ou fa faibleffe. Cependant on ne faurait douter que le ' mercure ne produife de bons effets dans cette maladie, à beaucoup d'égards, fur-tout lorfque les os ne font point endomagés. Car, d'après ce que nous avons dit plus haut, l'effet du mercure doit néceffaire ment accélérer la for- mation des différentes matières excrémenti- tielles, telles que la tranfpiration, la falive, ôcc. Ces faits, en prouvant de plus en plus SUR LA MEDECINE. lot la théorie fur la manière dont l'eau fe forme, démontrent en même tems que l'effet d'un poifon peut devenir nul, en le mettant dans une forme latente. Ainfi il eft évident qu'en augmentant la tranfpiration, ôcc. d'une per- fonne qui eft inoculée d'un poifon d'une opération lente, on peut le rendre nul, en mettant nécdfairement, par ce procédé, Cm principe vénéneux dans un état latent. S'.r le même principe on peut expliquer auffi les bons effets qui réfultent de l'ufage de Pacide nitrique, tant vanté dernièrement dans la cure de cette maladie, qui n'elt danoereufe que pirce qu'on la méconnaît. Mais il ferai»: imprudent de croire que l'acide nitrique fût famtaire dans toutes les circonftances, puis- quil ne IVll q ('autant que fon calorique ô; fon oxygène favorilent la tranfpiration. Ce qui fortifie ce que j'avance ici, c'eft que la syphilis eft plus bénigne ôc moins opiniâtre dans Us climats chauds (*) que dans les climats glaeés. Cette différence ne fauraia venir, fins doute, que de ce que la tranfpi- ration eft plus copieufe dans une circonftance que dans une autre. ( * ) J'ai fou vent connu des maladies vénériennes invétérées, particulièrement celles dont le fiège eft dans les parties glanduleufes, qui n'ayant pu être gué- ries par des remèdes en Angleterre, ont cédé au clim:.t des «les occidentales, fans aucune médecine, ( .13v/.; on Tropical Dis:?.:», pa£e 7e• ) 102 RECHERCHES La petite vérole eft probablement due a un poifon, compolé d'une bafe inconnue avec le calorique. Le Dr. Friend nous dit, dans fon Hift.îire de la Médecine, que cette maladie contagieufe parut premièrement en Egypte, fous le règne d'Omar, fucceffeur de Mahomet. Il dit auffi qu'il eft probable que cette maladie avait paru avant cette époque dans l'intérieur de PAfrique, d'où il en fait venir le poifon originaire. Cette idée nous affermit de plus en plus dans l'opinion que le calorique eft le principe vénéneux de tous les poifons. Indépendament de tou* les faits qui font en faveur de notre théorie, il faut avouer qu'il y a une analogie bien frapante entre les effets que produit le virus vérolique dans le fyftême, ôc les effets du mercure ôc des poifons violens j car on fait que, dans la petite vérole confluente, la faiivation a lieu comme dans les cas où l'on adminiftre le mercure. On fait aufïî que certains poi- fons produifent une éruption plus ou moins. marquée à la peau. Or, en bonne logique, d'une identité d'effets nous devons toujours inférer une identité de caufe. Ainfi, quoique nous ne puiffions pas donner une analyfe rigoureufe du poifon qui produit la petite vérole, nous devons néanmoins ert étudier la caufe par fes effets, ôc la placer dans l'ordre SUR LA MEDECINE: IOJ des maladies qui manifeftent des fympîômes analogues, ôc dont la caufe nous eft plus connue. La rougeole eft due, fans doute, à une modification du même poifon, ou à une différente bafe, incapable de fe combiner avec une auffi grande quantité de calorique que le virus vérolique. Quant à la petite vérole, qui n'attaque qu'une fois dans la vie, j'avoue qu'il me manque les données néceffaires pour donner une foiution fatisfefante de ce phénomène. Peut être fera-t-il poffible de le réfoudre un jour, quand nous connaîtrons mieux les par- ties conftituantes de ce poifon, ôc les modi- fications qu'il fait fubir à notre fyftême. Cependant on pourrait conjecturer que, vu la lenteur ou l'inactivité de ce poifon 3 vu la difficulté qu'il a de produire fon effet fur certains individus 3 vu enfin la longueur du tems qui s'écoule depuis fon introduction dans le fyftême jufqu'au moment où il ma- nifefte de la virulence 3 toutes ces difficultés combinées enfemble doivent diminuer en nous la fufeeptibilité d'en être affectés. En outre, fon premier effet doit beaucoup dimi- nuer fon activité particulière 3 car le corps, comme on le fait, acquiert, par hatmide, le pouvoir de rendre nuls eu ineî;;3ces certains poifons. tO$ RECHERCHE** D*après ce qui vient d'être dit dans le cours de ce chapitre, on pourra facilement fe convaincre que le calorique qui fe trouve chimiquement combiné avec certaines fub- ftances, devient toujours pernicieux ou poifon pour Péconomie animale, quand il vient à s'y dégager : que les poifons font plus ou moins actifs, fuivant la quantité de ce calo- rique qu'ils contiennent. Si Pon nous fait reproche de n'avoir pas examiné en parti- culier tous les poifons, nous répondrons que la chofe eft affez inutile, vu que tous les poifons manifeftent une identité d'action ou d'effet 3 ce qui prouve qu'ils font dus à une même caufe. Et ces effets pourraint-ils pro- venir d'une autre caufe que du calorique affilié de Poxygène, puifqu'ils font dans la nature, les feuls agens capables de déforga- nifer ôc de décompofer les différens corps qui exiftent dans l'univers. Oui, fans le calorique, cet amas énorme de matières n'eût jamais pu fe mouvoir, ôc fans l'oxygène les corps euffent été indécompofables, puis- qu'il eft le principe de la décompofition. Mais, pour fe convaincre de l'influence du calorique fur toute la création, qu'on jette un fimple regard fur les différentes parties de notre globe. On verra une autre nature plus ou moins active, fuivant le degré de chaleur SliR LA MEDECINE. 105 chaleur qu'elle éprouve. Les animaux qui ne font point poifon, mais qui fentent les fayons du foleil d'une façon marquée, montrent plus de férocité que ceux qui vivent fous un climat moins ardent. Le lion, le léopard, qui habitent la zone torride, font, fans doutej continuellement enivrés du feu qui les dévore^ en les rendant féroces ôc farouches. Il y a fans doute une grande analogie entre ces animaux* toujours prêts au combat, ÔC nos fauvages de l'Amérique, enivrés de liqueurs forte?, préfent funefte qui leur fut apporté d'outre mèr, ôc qui leur fit tout le mal qu'un poi- fon peut faire à celui qui en fait ufage fans en connaître la virulence. O nations euro- péennes , les préfens que vous fîtes aux aborigènes d'Amérique n'étaient donc que la boîte de Pandore que vous préfentiez à un peuple qui avait toutes vos vertus fans con- naître vos vices ! ( *) ( * ) Je fais que cette idée fera févèrement critiquée de certaines perfonnes. Mais, fi l'on veut analyfer, tant foit peu, ce qui conftitue la plupart des vices dans les fociétés, on verra que les homrres qui n'ont point encore fubi le procédé qu'on appelle civilisation ne peuvent avoir que peu de vices, puifquMs ignorent les objets qui les engendrent & les font naitre chez les peuples civilifés. Lycurgue, peut-être le plus giund légidjteur qui ait jamais exifte, avait tellement fenti l'importance de cette idée, qu'il tourna entièrement fes foins vers la deftruclion de tout ce qui pouvait contribuer à faire naître des vices. Ainfi il bannit tous les arts & les feiences qui auraient pu amour le 106 RECHERCHES Je terminerai ce chapitre en citant plufieurs fables des anciens, où il fera facile de voir que ces peuples reconnaiffaient l'effet des- tructeur du feu comme le poifon univerfel, Le fens allégorique de la fable de Pro- méthée nous décèle une vérité philofophique, que nous avons, en quelque forte, dédaignée, parce que nous n'en fentions pas affez le prix. Quelle allégorie plus heureufe que celle qui nous repréfente la Providence lan- çant de fon trône l'élément qui devait jouer le plus grand rôle dans le phénomène de l'animation, ôc fervir en même tems àdétrure Pefpèçe vivante ! En effet Prométhée, efca- ladant le ciel pour y chercher le feu néces- saire à animer l'homme qu'il avait formé du limon de la terre, ôc qui eft précipité par Jupiter, pour le vol qu'il y fait, fur le mont Caucafe, où un aigle dévore fon foie à mefure qu'il renaît, n'eft que l'em- biême de la matière ignée, qui tantôt ranime courage & dépraver les mœurs des Lacédémoniens. L'or & l'argent n'eurent plus de prix ; chofe elien- ticlle pour .piévenir la corruption. Il mit une barrière au libertinage, en ordonnant aux jeunes filles de s'exercer & de danccr nues devant les jeunes gens. Les adultères & les jaloufies furent aufïi ignorés, en permettant aux époux incapables d'avoir des enfans avec leurs femmes de folliciter l'afTiflance de leurs amis, fans changer, pour cela, l'ordre des chofes» ^ Voyez PUtarque, Vie de Lycurgue. ) SUR LA MEDECINE. I07 par Ces feux bienfefans la nature languiffante, & qui tantôt la dévore par fes trop vives chaleurs. L'aigle qui lui ronge le foie à melure qu'il renaît lert encore à nous faire comprendre que le feu eft un élément in- detlruaible. Le Python des anciens eft une fable que l'on peut regarder comme l'image exprefîîve d'une grande vérité phyfique. Ce ferpe: t d'une grandeur démefurée, qui, fuivant les mythologittcs, naquit des phanges de la terre, n'eft qu'une belle allégorie des mauvais effets qui réfultent de la putréfaction ou de la dé- compofition des matières végétales ôc ani- males. Malgré le fens myftérieux que l'on ferait tenté d'attacher à cette fable, je n'y vois néanmoins rien qui ne foit très-facile à concevoir. En effet on a connu, dans tous les tems, les effets funeftes de la piqûre d'un ferpent. Or quelle idée plus flmple ôc plus naturelle que celle de défigner par un même nom des objets qui produifent des effets femblables ? De plus, on a donné à ce fer- pent le nom de Python ( mot qu'on a f a t dériver du verbe grec pytho, putréfier ) parce qu'on le regardait toujours comme le r fultat de certaines fubftances mi fes en pu- tréfaction par l'ardeur du foleil. On l'a fait auffi d'ur.e grandeur énorme parce que Ces Ï08 RECHERCHES funeftes effets fe répandaient au loin, & que le lieu de fa naiffance était fans bornes. ( Voyez le Dictionaire Théologique de Broissinière, article Python ). Ainfi voila un phénomène que tout homme éclairé regardera toujours comme exprimé d'une manière très-fimple ôc très-naturelle. Mais ce n'eft pas là toute la fomme des vérités fublimes qu'embraffe cette fable. Ce monttre eft enfuite détruit par Apollon, ou le foleil. C'eft encore une de ces exprefiions énergiques dont on s'eft fervi pour défigner que le foleil, par (es douces chaleurs, diffipe les miafmes putrides qui s'exhalent de la terre, ôc que, dans les faifons où les pluies font les moins fréquentes, notre demeure terreftre eft toujours faine. Ainfi c'eft avec raifon que Pon a donné à Apollon le titre de père de la médecine. C'eft en commé- moration de cette cure univerfelle, ou de là victoire qu'il a remportée fur ce Python ter- rible, qu'on lui a donné le furnom de Pythien. On a fait plus encore -, pour perpétuer la mémoire de cette grande action, on a inftitué des fêtes qu'on a nommées les jeux pythiques. Quant aux divers exploits qu'on attribue à Apollon, je me permettrai d'en faire remar- quer un qui exprime parfaitement la nature de la chofe : les poètes, en le fefant defcendre SUR LA MEDECINE* fo^ aux enfers, ne pouvaient, fans doute, avoir en vue que de nous repréfemer, par là, les défaftres que produifent. les exhalaifons putrides ^occafionées par les chaleurs exceffives du iolfcrl. C'était pour nous avertir que ces vapeurs peftiférées détruifent les hommes, ôc les font defcendre aux enfers, ou dans les ténèbres du tombeau. Pour ce qui eft d'Efculape, que Pon fait fîîs d'ApoLlon Ôc de la nymphe Coronis, fine du roi Phlegyas, cette fable renferme le fens de quelques vérités phyfiques. Efculape eft probablement compofé des mots égyptiens esch, chèvre, ôc cheleph, chien. Cette déri- v ition emblématique exprime, fans doute, les effets falutaires du lait, Se les foins qu'un médecin doit à Ces malades. Mais, luivanc Paufanias ( Voyez fes Voyages en Achaïe ) Efculape fîgnine Pair bien tempéré, qui eft, pour me fervir de l'exprefîîon de Broiffinière, le père 8c l'ouvrier de la fanté. Ainfi on le fupofe fils d'Apollon ôc de Coronis, fille de Phlegyas, parce que Phlegyas, qui eft dérivé du verbe grec phlegin, brûler, ôc Coronis, qui eft aufîi dérivé du mot grec cherannistai, mêler, expriment que la chaleur du foleil, ou d'Apollon, venant à fe rrêler avec l'hu- midité de Pair, le rend plus fain, ôc par conféquent pen pv(^--° ^ engendrer de" HO RECHERCHES maladies. De là il lui naît deux filles, l'une Ilygiée, ou fanté, Pautre laso, ou guérifon. Les anciens lui donnaient auffi un bâton à la main, entortillé d'un ferpent, voulant proba- blement dire, par le bâton, que la médecine «ft le foutient de la fanté, ôc par le ferpent, qui change de peau tous les ans, que la médecine fait rajeunir, ôc dépouille de la vieille peau. Le ferpent du marais de Lerne, fitué dans le territoire argien, auquel on a donné le nom d'Hydre, du mot grec bydor, eau, nous donne encore une preuve bien frapante de l'influence de la chaleur, fur la génération des poifons, ou fur la production des vapeurs morbifères. Les maux que caufaient les exhalaifons qui s'élevaient des matières putré- fiables en ce lieu, ont été fi confîdérables qu'ils ont donné naiffance à ce proverbe, Lerne de maux, pour fignifier un amas de calamités. ( Ibidem, article Lerne ). Il fallait un Hercule pour le percer de fes flèches, parce que fa deflruction ne peut être comparée qu'à celle du Python, que l'influence du foleil a détruit ôc reproduit tant de fois. Mais on a voulu pouffer plus loin le fens de ces allégories philofophiques. On a aufîî exprimé, par des fignes phyfiques, les maux moraux. Médufe, que l'on peint d'abord SUR LA MEDECINE» m comme une grande beauté, Ôc dont les che- veux étaient, par leur éclat, comparables au briliiant de l'or, eft une image bien fra- pante du mal moral qui réfulte fouvent de l'abus qu'on fait des chofes ; car on dit que Minerve, ou la fageffe, punit cette beauté pour avoir reçu dans fon temple les embras- femens de Neptune, qui en était vivement épris, en méthamorphofant * en ferpens fes cheveux, qui captivaient tant d'adorateurs. Ce châtiment cruel nous fait voir, i° que les anciens ont toujours comparé les plus grands maux à la malignité ou au venin des ferpens } i° que cette femme, en abufant de fes appas féducteurs, devint, par fes dé- fordres, un objet hideux Ôc inluportable aux yeux de fes femblables. L'Eternel, ou la fageffe infinie, en dictant Ces volontés à l'Hiftorien facrc, a aufîi voulu, pour fe mettre à la portée de notre concep- tion, enfligner au genre-humain, par une belle allégorie, l'origine de fa dégradation. Il veut que la beauté foit le fymbole de cette inftruciion divine. En effet c'eft un ferpent qui perfuade Eve de manger une pomme qui lui était défendue. Ce fruit, que nous regar- dons comme le plus beau, nous fait voir ici, comme dans la fab'e précédente, combien il efl dangereux de fe laiiîer féduire par les charmes îii Recherches de la beauté, ôc que nos plus grands maux* dérivent bien fouvent du trop grand prix que nous attachons aux chofes périlfables. On fait intervenir un ferpent dans cette déplo- rable chute, pour nous faire comprendre que l'abus que l'on fait du bien ou des objets que nous regardons comme bienfefans efl toujours fuivi de conféquences funeftes. La mort tragique d'Hercule efl encore un phénomène dont le vrai fens n'a été que trop négligé. Hercule qui, d'une flèche enveni- mée du fiel de l'Hydre, perce fon rival Neffus qui enlevait ce dernier cas comme dans les précédens. Quant à l'opinion de M. Coxe, qui attri- bue cette affection gutturale au tuf { fulphate de chaux ) qui eft diffous dans les eaux dont les habitans du Valais font obligés de faire ufage, on verra d'abord que cette affertion eft dépourvue de toute vraifemblance. Car les eaux, en général, contiennent beaucoup de t.rre calcaire j or, fi cette terre était per- nicieufe, il eft clair que nous ne pourrions pas fubfilter longtems, faute d'un breuvage falutairè. Quant à Pacide fulphurique qui pourrait fe trouver combiné avec ces eaux, il ne peut ère que trop faible pour devenir nuifîble à la conftitution. D'ailleurs il ferait, en grande partie, l'agent le plus propre à diffper ces gonflemens 5 ce cy.ii f rait bien loin de les produire, '34 RECHERCHES CHAPITRE VI. de l'effet du froid ( * ) dans l'economie animale: SECTION I. De l'effet délétère du froid sur le corps humain ; de son influence dans l'acouplement de certains oiseaux ; du Spasme dans les fièvres -, examen de l'Excitabilité de Brown, et du Pouvoir Sensitif ( Senforiai Power ) de Darwin. JL/homme, fournis, par la nature des hlCons, à des viciffitudes continuelles, a dû, dès fon origine, s'occuper à fe garantir des effets trop fenfibles du froid ôc du chaud, feuls maux, outre la faim ôc la foif, qu'il eu: à combattre dans fon état fauvage, mais de bonheur. Néanmoins cet ordre de chofes ne dura pas longtemî, ôc changea à mefure fyie ( * ) 11 eft peut-être à propos de dire que, par le mot froid nous n'entendons pas défigner un ê?re par- ticulier ; mais l'effet qui eft produit par l'abfence du calorique libre, tl ferait fans doute abfurde de ctoire en l'exiftence d'un être frigorifique, puifque, indépen- dament de l'impoffibilité de prouver fa matérialité de fon cxiflence, la voix fimple de la nature nous avertit de ne point multiplier les êtres fans néceffi'é, & que qui dit chaleur dit abfence du froid, & vice versa ,• comme qui dit ténèbres, ou noirceur, dit abfence dt lumière, çiuinu'i! n'y ait point d eue noirceur, &c. SUR LA MEDECINE* 13^ les hommes fe recherchèrent pour vivre en focié é. Cette époque efl peut-être la plus mémorable dans les annales immenfes du genre-humain. Les uns fouillèrent les en- trailles de la terre pour y trouver leur fub- fiftance -, les autres, en arbitres fouverains, fixèrent le morceau de terre que chacun de- vait cultiver. Celui-ci entreprit la tâche pénible de faire rentrer dans le devoir celui qui voulait en fortir, pour jouer, au détri- ment de fes femblables, le rôle infâme de brigand ôc de voleur ; celui-là, au contraire, s'afligeant fur les débris Se les ruines de fon efpèce, travailla à prévenir ôc à détourner les maux auxquels notre nature nous affujétit. C'eft ici fans doute où commence le deve- lopement du germe de la médecine. Le froid, ou Pabfence de la chaleur, fut pro- bablement regardé comme la caufe de beau- coup de maladies : on en étudia conféquem- ment les effets morbifères. Faut-il le dire: cette caufe, fi univerfelle ôc fi ancienne, eft peut-être celle dont nous ignorons le plus les effets multipliés qu'elle produit 3 tant il eft vrai que la médecine fera toujours un art arbitraire, fi elle n'eft préalablement e'clairée par le flambeau de la faine phyfique. La caufe la plus générale qui s'oppofe à nos connaiftances, c'eft que bien fouvent nous ÏJ^ RECHERCHES négligeons les faits Se l'expérience qui Cor,X à notre portée, pour nous livrer à l'imagina- tion, qui n'eft jamais un fur guide. Loin de nous faire rencontrer la vérité que nou» cherchons, elle nous jète fouvent dans d'af- freux précipices. Ainfi je pafferai fous filence les différentes opinions qui fe font fuccédées fur l'effet du froid, ou de Pabfence de la chaleur dans Péconomie animale, pour ne m'attacher qu'à des faits qui fe paffent jour- nellement fous nos yeux. Je commencerai donc par expofer un fait bien fimple ôc bien facile à concevoir : Lorfqu'un voyageur, par exemple, mal pourvu contre le froid, eft obligé de par- courir, pendant les rigueurs de l'hiver, les climats glacés du Nord, il éprouve d'abord, dans fa voiture, un friffon ; s'il s'arrête pour fe chaufer, il fe fent, peu de tems après, accablé par le fommeil ; s'il fort à Pair, il rentre dans la maifon tout friffonant -, mais, s'il Ce laiffe entraîner par fa propenfité au fommeil, ôc qu'il fe mette au lit, il s'endormira auffitôt j 6c fa chemife, de fèche qu'elle était au moment de fe coucher, fe trouvera, à fon réveil, toute mouillée par la fueur. Voilà un exemple fort commun, Ôc que je vais tâcher d'expliquer de la manière fui vante: Le friffon qu'éprouve d'abord la perfonne, dans SUR LÀ MEDECINE* 137 dans fa voiture, eft évidament dû au froid oU à Pabfence de la chaleur, qui, en dimi- nuant néceffairement le diamètre ou la capa- cité des vaifTeaux capillaires, doit en confé- quence ralentir dans ces parties la circulation du fang, qui maintient la chaleur dans le Corps. En outre le calorique, qui eft forcé de fe retirer de la* couche extérieure du corps, n'eft plus fuffifant pour faire combiner en- femble l'oxygène ôc l'hydrogène, ôc par con- fluent la tranfpiration infenfible eft fufpendui.' Il exifte donc à la furface du corps un plus grand froid qu'à l'ordinaire. Un friffon, ou une fenfation froide, doit donc avoir lieu. Cependant, s'il exifte un froid affez confi- dérable, dans les couqhes extérieures du corps, celles de l'intérieur doivent être, par Contre, plus chaudes. Car, la refpiration étant toujours la même, il fe prend en cor- féquence la quantité ordinaire d'oxygène ôc de calorique j mais, comme il ne s'en fait pas la même dépenfe par la tranfpiration, qui eft arrêtée, il s'enfuit que leur accumulation dans le fyftême doit avoir lieu. D'ailleurs on fait qu'une perfonne qui s'expofe au froid, ôc qui rentre dans une température plus chaude, éprouve plus de chaleur qu'une autre perfonne qui ferait demeurée, pour quelque rems, dans la même température. Ce qui S igS recherches' démontre l'accumulation du calorique durant fon expofition au froid. Sur ce principe, il nous eft facile d'expl»- quer comment les habitans des régions gla- cées de la terre, tels que les Lapons, les Samoïdes, les Zambliens, les Borandiens, les Groenlandois, les Efquimaux, ont le fang aufii chaud que ceux des contrées tempérées* Car, fi le froid ne mettait pas un obftacle à la formation de la tranfpiration, ôc par con- féquent au dégagement du calorique, qui fe dévelope, ôc devient fenfible dans le corp?, l'homme, d'après fa conftitution actuelle, ne pourrait exifter fous les zones glaciales. De là il eft aifé de voir que, fi le fang des Es- quimaux jouit de la même température que celui du Hottentot, c'eft que la tranfpiration copîeufe de celui-ci met fous une forme latente la furabondance de calorique à laquelle fon climat l'ëxpofe, tandis que le calorique, qu'abforbe celui-là par la rcfpiration, efl forcé de féjourner ôc de s'accumuler dans le fyftême, foit parce que le rétréciffement des vaiffeaux capillaires met obftacle, par le froid, à fon dégagement, ou parce qu'il ne s'en fait pas le même débit pour former )\ tranfpiration, ôc autres fécrtlion?, qui f~nt, par Pi, moins abondante:. E)\ul!';',3^ '"m ne t>'-:ut 33:buev î.'e*pbonroin* SUR LA MEDECINE. I3O, que PEfquimaux poffède à un degré confidé- rable qu'à l'évolution du calorique, qui fë- fait, en grande partie, fans être mis fous une forme latente, foit par la fueur ou autre excrétion -, car l'hydrogène, pouvant, à cette température, fe combiner plus facilement avec le carbone qusavéc Poxygène, forme cet excès d'embonpoint que nous remarquons chez lui i tandis que fort probablement une partie de Poxygène s'échappe du fyftême dans. un état de gaz, ou combiné avec le calorique, vu la difficulté qu'ils éprouvent à former des liaifons avec l'hydrogène, ôcc. Ainfi la graiffe des Efquimaux eft due abfolument à leur climat, qui néceffite fa formation* Plufieurs naiuraliftes orvt reproché aux abo- rigènes d'Amérique, fur-tout ceux qui ha- bitent les latitudes feptentrionales, d'être fourds ou infenfibles à la voix impérieufe de l'amour. Ce reproche, quoique relevé avec amertume, par des philofophes fubféquens, ne me paraît pas néanmoins dépourvu de tout fondement. En effet, fi, comme nous avons tâché de le démontrer, les diverfes fécrétions du fyftême doivent leur formation au calo- rique, il eft clair que, celui-ci s\>ccupan2 toujours àconferver la chaleur dans leur corp5s Se for-tant du fyftême fans combinaifon, la, femence dok co.nféqueminent fe former eu 3 a ?44 recherches moindre quantité, 6c ralentir chez ces peuple^ leur difpofition à l'acte vénérien. En outre, les organes de la génération,, dans l'homme, n'étant qu'un petit corps qui peut être refroidi facilement, il faut fupofer de grands efforts de leur part pour commu- niquer à ces parties le ton ôc l'énergie né- peffiires pour opérer le grand œuvre de U copulation. Il faut avoir recours à Part^ pour mettre ce mécanifme admirable en mouvement ; ce qui ne peut fe pratiquer qu'à des intervalles fort éloignés. Sur le même principe, nous pourrons rendre compte des alliances ou de Pacouplement périodiques de certains oifeaux. En effet, fi le printems eft Pcpoque où le roffignol commence à chmter Ces amours -, Ci toute la nature' reprend une nouvelle dofe d'énergie, quand le foleil, revenant fur Ces pas, lance fur nous fes rayons tout-puiffans, avec un moindre degré d'obliquité y fi enfin l'afpeéfc d'une campagne riante, Ôc les chants har- monieux de fes paifibles habitans, annoncent la belle fa i fon de l'année 5 fi tous ces appas féducteurs appellent le laboureur à exercer fes nobles fonctions, nous ne faurions douter que la chaleur ne foit le grand agent dar$ la nature qui détermine la formation des germes divers, ôc le feul qui invite l'efpècç SUR LA MEDECINE, 14* vivante à s'açoupler, pour louer, dans fes. juftes amours, le dieu de Punivers. Mais, fi le moineau n'eft pas dirigé par les faifons, dans fes amours, on doit attribuer cette circonftance à fa conformation particu- ] ère. Les tefticules de cet oifeau lafcif, étant çPun grand volume, eu égard à fa grofTeur, doivent conféquemment contenir beaucorp, de fang 5 ce qui doit toujours y maintenir un degré confidérable de chaleur. D'ailleurs fa voracité démontre qu'il doit digérer faci- lement ; ôç cette digeftion rapide, en fupr-. fant déjà beaucoup de chaleur dans fon eftomac, doit entretenir la même température, par le calorique qui fe dégage des aiimens durant leur digeftion. Ainfi cette exception à la Joi qui ordonne que les oifeaux s'acouplenr. à une certaine faifon de l'année, loin d'in- firmer notre théorie fur la formation de la femence, ne fait au contraire que nous don? ner de nouvelles preuves fur ce fait important. Mais pour revenir à notre objet principal, fi le voyageur fort au grand air après s'être chaufé, il rentre dans la maifon avec une forte de friffon. Cette étrange occurrence efl due probablement à la grande différence de température qui exifte entre celle du corps * £c celle de l'atmofphère. Nous voyons un phénomène femblable dans une pcrfcnry? qui H* RECHERCHES fe baigne, l'été, dans une rivière. Tant que le corps eft dans Peau, il éprouve peu ou point de froid ; mais auffitôt qu'il efl ho;ç de Peau, il éprouve un friffon, parce qu'il fe fait une évaporation de Peau qui efl à fa furface, ôc par conféquent il s'y produit un grand degré de froid. Le friffon qui a lieu après les repas peut encore s'expliquer fin- ie même principe -, car, durant la digeftion des alimens, il fe dégage une certaine quantité de calorique, qui monte le fyftême à une plus chaude température, ôc nous fait éprou, Ver un friffon en raifon de la différence entre la chaleur du corps ôc celle de Patmofphère. Mai?, quoique cette caufe foit fuffifante pour produire le friffon qui fe remarque or- dinairement après les repas, celui que Pon reffent au commencement d*une fièvre tient,- outre la différence trop marquée entre la température du corps ôc celle de Pair, a des circonftances particulières que nous aurons foin de déveloper plus bas. Je réferve à traiter, dans le 8me chapitre de cet ouvrage, de la propenfité au fammeil occafionée par le froid. Secondement, fi le voyageur fe laiffe vaincre par le fommeil qui Paccable, fa tranfpiration devient très-copieufe. D'après ce que nous -vons d'il p.lus haut, riçn n'ef* ^rus facile à. 4 SUR LA MEDECINE^ i^g expliquer que ce phénomène. En effet, fi Poxygène ôc le calorique fe font accumulés dans le fyftême- durant fon expofition au froid, il efl évident 'eft pas réparti uniformément dans le corps. De là on peut voir encore que le collâpse, ou Paffaiffement des vai fléaux capillaires, 'mis en avant par Darwin, n'eft pas mieux fondé que le fpafme d'Hoffman. Quant à la chaleur ôc au developement du poulx, qui forment le fécond période d'une fièvre, il paraîtra fans doute évident que ce phénomène efl dû à l'accumulation àe Poxygène 6c du calorique, puifque la trans- piration, qui les abforbe ou les met dans un état latent, eft fufpendue > ôc, comme le calorique dilaté tous les corps, le fang doit éprouver fon influence, ôc circuler avec une nouvelle force. Mais le friffon ceffe, parce que la température dévient la même partout le corps. La caufe qui détermine la fueur dans une lièvre, Se qui en forme le dernier période, eft facile à comprendre, en réfléchiffant à ce que nous avons dit antérieurement -, car le calorique Se Poxygène, venant à s'accumuler dans le fyftême, parce qu'il ne s'en fait plus Ia même dépenfe, font enfin forcés de fe combiner avec l'hydrogène 3 ce qui renou- velle ou rétablit la tranfpiration. Mais, fi cette tranfpiration ne fe rétabli? SUR LA MEDECINE* 14*? point, le fyftême fubit alors une inflamma-, ;ion foit générale ou locale. L'inflammation générale; ( qui n'eft, comme nous Pavons vuv que la décompofition du fyftême ) conftitue, ce que les nofologiftes ont appelé synocha* \l fe manifefte dans cette fièvre un plus on moins grand degré de chaleur, parce que non feulement le calorique qu'engendre la. refpiration n'eft plus mis dans une forma latente par la tranfpiration, mais encore parcq que la décompofition du fyftçme doit en pro-, duire un certain degré, comme il, arrive; durant la décompofition des matières ann maies, ôcc. L'inflammation locale a lien quand le calorique ôc l'oxygène s'accumulent dans une certaine partie du fyftêro^e. C'eft! ainfi qu'en hiver les_ pneumonies font plus fréquentes qu'^n été, p?rcî que d^iu cette faifon glacée, la tranfpiration étant moins, abondante, le calorique,- Ôc l'oxygène doivent; ^'accumuler facilement dans ce foyer. Ç'efl encore ainfi que Yinjeritis peut furvenir après avoir çu les pies expofés à Peau, parce, qu'alors la chaleur fe concentre f^cilemcns clans l'abdomen, ô:ç> Ayant expliqué le paroxifme d'une fièvre* régulière, on me demandera fans doute la çaufe des fiqvres quotidiennes, tierces>q.car:£s, l SÙft LA MEDECINE/ 15* pourvu de tout fondement, on a déjà du appercevoir la caufe principale qui a fait naître au Dr, Brown l'idée de fon fyftême, amélioré depuis par le Dr. Darwin» en chan- geant les termes adoptés par le premier. M. Brown nous dit, pair exemple, que le froid produit dans le fyftême une accumulation à'est- citabilité. On verra, du premier coup-d'œil, que ces mots ne font pas fuffifans pour nous faire comprendre les changemens que le froid fait fubir à notre machine. En effet Waccu* mulation d'excitabilité dans le fyftême, ne peut défigner, comme nous Pavons fait voir dans ce chapitre, que l'accumulation du calorique & de Poxygène > d'où il réfulte, par une conféquence néceffaire, que les termes d'ac- cumulation d'excitabilité, que Darwin a changés ÔC exprimés par accumulation de pouvoir sen- iitif, ne donnent, aucune idée du phénomène qui fe paffe, Ôc devraient être pour jamais bannis du langage de la médecine. Cependant il eft néceffaire de faire voir la grande erreur que ce fyftême a fait commettre à M. Girtanner, qui s'en eft: fervi, comme d'un grand argument, pour prouver Pexis^ fence d'un tel principe dans Pefpèce vivante. M. Girtanner dit que les plantes, en généra^ croiffent plus vite au printems qu'en été, parce qu'elles acquièrent pendant l'hiver ce qu'il 152. RECHERCHES appelle accumulation d'irritabilité, mot que Brown défigne par celui d'excitabilité, & Dar- win par celui de pouvoir sensitif. Il eft fingulier de voir que l'efprit de fyftême con- duife toujours à quelques erreurs. Nous favons que les terres acquièrent, en hiver, une nouvelle dofe d'engrais. Perfonne n'ignore que les pluies ôC les neiges, qui font plus ou moins imprégnées de matières nutritives, contribuent beaucoup à leur amélioration. Or eft-il étonnant de vo.ir les plantes croître plus vite au printems qu'en été, puifque le printems eft la faifon où elles trouvent en abondance divers élémens nutritifs, qui ne, demandent qu'un corps organique pour fe fixer? On a obfervé, en outre, que les plantes croiffent rapidement après un orage accom-, pagné de tonerre. Dira-t-on que, durant cet orage, les plantes acquièrent une accumula- tion d'irritabilité ? Non certes : car nous favons que l'acide nitreux, qui fe forme du- rant les pluies accompagnées de tonerre, accélère la végétation -, ôc n'eft-il pas natu- rel d'attribuer l'accroiffement des plantes àf cette caufe connue ? Outre les diverfes maladies que nous attri- buons au froid, nous croyons devoir regar- dcr le fcorbut comme une de fes productions. fndépendament de l'opinion de M. Trotter, qui Sl/B. LA MEDECINE» I53 qui croit que le fcorbut tire fon origihe de PEfclavonie, j'ai oui dire plus d'une fois, par des perfonnes dignes de foi qui vifitèrenc différens forts dans le Haut-Canada, durant la guerre où les anglais conquirent ce pays, que le fcorbut avait paru» pendant l'hiver, dans les garnifons que Port maintenait pour fa défenfe. Ce fait efl bien propre à nous faire fentir combien la trifte alternative du froid ôc du chaud peut influer fur l'ordre ôc l'économie qui doivent ekifter dans un être organifé. En effet le fyftême, dans ces cir- conftances, étant prefque toujours furchargé de calorique ôc d'oxygène, doit Ce décompo- fer à la longue, ôc manifefler les fympiômes d'une diffolution prochaine ; Ôc, fî les fcorbu- tiques, qui ont à fuporter l'afpect hideux de leur déforganifatiort, refpïraient dans un atmos- phère plus tempéré, ils feraient, en peu de tems, moiffonés par la mort, toujours avide de victimes. Si M. Trotter a avancé que (Jette maladie était due à un manque d'oxygène dans le fyftême, parce que ces malades ont le fang plus noir, il n'a pas fans doute réfléchi qu'il devait y avoir auffi une accumulation d'hy- drogène, qui probablement donne au fang cciçc couleur de rouge foncé -, car Ci^ d'après noire opinion, il v a une accumulation U «54- RfcCHEReriE3 ^'oxygène dans le fyftême, l'hydrogène doit s^accumuler dans la même proportion, & con- trebalancer, de cette manière, l'effet que pourrait produire Poxygène fur la nraffe du SECTION lï. -t3e l'effet salutaire du froid dans l*ecô- jNomie animale; Sij comme nous venons de le voir, les gens fcorbutiques font livrés plus longtems aux tour mens -, û la mort, avare de fes coups meurtriers, ne prolonge leurs jours que pour leur préfenter là perfpective effrayante d'une "machine prefque en lambeaux, ôc prête à écrou- ler de dècharhement & de faibleffe, c'efl que le frctfd s'ôppofe alors à la corruption du fyftême * c'eft que la chaleur eft alors infuffi- ïante pour accomplir plus promptement l'œuvre "de là putréfaction ou de la diffolutiori dri fyftênfev Le froid efl donc falutairè pour le 'corps* dans certaines circonftances j ôc Voici comment : Lorfque lé calorique s'accumule dans le fyftême durant un accès de fièvre, la pré- ïe#ce â\î froid abforbe, fi je puis m'expri- mer ïànff, la furatrondance de calorique -, il teiiàf en même tems, à rétablir l'équilibre «■tetre les divers élémens qui fe trouvent dé- 30R LA MEDECINS. *5$ langés, ôc arrête par conféquent les effets malfefans que produirait un trop grand degré de chaleur. -Cette théorie fe trouve confir- mée par le,s fuccçs du Dr. Rodgers de New- York, en traitant des fièvres inflammatoires; par des "bains froids, c'eft-à-dire en adaptant fagement, comme ce doéteur l'a fuggérç lui«j même, la température de Peau à celle du^ corps, pour éviter un trop grand contrafte, Ainfi c'eft avec ralfon qu'on a attribué au froid,des effets falutaires, parce qu*U fulpend» ou contrebalance l'effet dçlé.çre du calorique^ ^prfqu'il s'accumule dans le fyftême. Nous conclurons cette fection, en., difanç . qw.'il y a feulement deux points, effenjiels \ te marquer fur l'effet du froid dans l'économie animale. Premièrement,, lorfque le corps e(| furchargé de calorique, ôc qu'il n'y a point; U.ne libre tranfpiration pour, effectuer fa i". h te, a'ors un certain degré de froid dçvienç, utile ôc filutairç à la conftitution. Seconde- ment, fiVi'oa s'expofe au frcud pendan; qvk§ le ço,rp> tr^nfpire çopieufememy il eft alors; injurieux, par la rai fon que nous en avon$ donnée dans la fe&ian précédente* J$ «HtV» tipUetais. les exemples, fi le plan que }e mç &is prétérit me permettait de npi^suj^ davantage, CHAP1T8J5 *5Ô* RECHERCHES CHAPITRE VII. DE LA CAUSE PHYSIQUE DES MENSTRUES. O'il fut quelques fujets où l'on dut toujours errer fans les lumières de la chimie, celui que j'entreprends de traiter dans ce chapitre peut, je crois, être mis de ce nombre. En effet comment aurait on pu parvenir à dé- veloper la caufe de l'écoulement menftruel chez les femmes, fi elle a toujours été cachée dans les myftères de la chimie, qui n'a pris fon effor que d'hier ? Ainfi qu'un grand nombre d'autres phénomènes, que nous pré- fente le fyftême de la vie, celui-ci ne pourra jamais s'expliquer que^fur des principes chi- xni.iues ; Se quelle que foit ma réuflite, les erreurs que je pourrai commettre à cet égard ne détruiront point les principes fur lefquels on devra fe fonder quand on voudra en raifoner. La caufe qui paraît déterminer les menftrues chez les femmes eft, fans doute, la furabon- dance de calorique ôc d'oxygène qui s'accu- mulent dans le fang, ôc dont l'influence fe fait particulièrement fentir dans la matrice. Dans le fœtus, comme dans l'enfance, le cerveau, eu égard à la maffe du corps, reçoit plus de fang que toute autre partie du fys- tême. Mais, lorfqu'il vient à fe déveloper, SUR la médecine; 157 la circulation devient, dans l'homme, plus égale ou proportionelle au volume entier, tandis que le baffin maternel, qui s'agrandit & acquiert alors toutes fes dimenfions natu- relles, doit recevoir dans cette partie, toutes chofes d'ailleurs égales, un plus grand volume de fang que l'homme, ôc par conféquent doit devenir furchargé de ce fluide. En outre, à mefure que le corps fe dé- velope, s'accroît ôc s'agrandit, il doit engen- drer un degré proportionel de chaleur 5 car, s'il n'en érait pis ainfi, les différentes matières excrémentitielles, devenant plus volumineufes, ne pourraient plus alors avoir lieu, vu que leur formation eft décidée par le calorique, qui fait combiner enfemble les diverfes ma- tières qui les compofent. Il faut donc un degré de chaleur fuflifant, ÔC proportionel au volume du corps, pour maintenir ôc affurer l'exécution des différentes fécrétions ôc ex- crétions du fyftême. On peut donc conjec- turer, avec beaucoup de probabilité, que l'apparition de la femence, à certain période de la vie, eft occaftonée par le eilorique, qui fe fait fentir fortement à cet âge. De plus, quand je porte mes regards fur les zones de notre globe, je vois que les règles, chez les femmes, paraiffent plus ou moins de bonne heure, en raifon de la tem* 15$ ' KSCHKRCUK S pérature des climats où elles vivent : elles font plus précoces entre les tropiques que vers les pôles. Les africaines enfantent dans. un âge où les filles du Nord commencent à, peine à le déveloper. Cette différence dans: l'apparition des règles ôc la, progéniture vient fans doute des différens degrés de cha- leur auxquels les femmes font expofées. Indépendament de cela, les évacuations menftruelles ceffent, quand le furplus de fang, d'oxygène Ôc de calorique, fe débite pour former de nouveaux compofés. C'eft ainfi qu'il eft rare de trouver des femmes qui foient réglées dans leur terns de groffeffe ou. d'allaitement j ce qui prouve, d'une manière évidente, que les menftrues font dues à l'accu- mulation de Poxygène Sç du calorique, puis- qu'elles difparaiffent auffitôt que Poxygène Se le calorique trouvent une autre voie pour fe dégager du fyftême. Mais ce qui fortifie de plus en plus cette ::îertion, ce font les fymptômes affligeans qui fuivent le non-retour des règles. Si elles font fup.rimées, c'eft une inflammation de leur iîège, ou une fièvre plus ou moins à craindre qui fe manifeftent» Si elles font retenues au moment où, elles doivent paraître pour la première fois, elles caufent des langueurs., ^.cççrar>agnçe§ (\q divers fymptômes oui asv*. *UR t'A ftEDÈCtNÉ. i£g norfcenfunediffolution prochaine -, ôc l'époque qui les voit difparaître pour toujours eft fouvent dangereûfe. C'eft une phthifie in- traitable, qui vient à-la-fois faire le défefpoir du malade, Ôc du médecin le plus expérimenté. A tous ces caractères, il eft aifé de recon- naître combien le calorique ÔC l'oxygène con- tribuent à produire de telles infirmités dans la machine. La caufe qui fixe généralement le retour des règles, à chaque révolution de la lune, eft la même qui détermine le retour d'une fièvre quotidienne, tierce, ôcc. c'eftà-dire quil faut i8 ou 30 jours pour qu'il s'accu- mule Une quantité fuffifante de fang, d'oxy- gène ôc de calorique, pour occafloner une décharge de la matrice. Ceux qui en ont attribué l'effet à l'influence de la lune com- binée avec celle du foleil, ont fans doute été guidés par l'efprit de fyftême, ou n'ont pas apperçu la nullité d'effet que pourrait produire la puiffance expanfive fur des fluides qui circulent dans des canaux d'un diamètre extrêmement petit. J'aurais fouhaité que ces perfonnes, en habiles géomètres, euffent préa- lablement fait leur calcul pour s'affurer de la vérité de leur affertion. Ainfi nous pen- fons que l'influence de la lune dans les règles, Se que l'influence diurne dans le* téO RECHERCHE* fièvres, ne font autre chofe, comme nous Pavons déjà dit, que la difpofition ( * ) du fyftême à devenir furchargé d'oxygène ôc de calorique, durant ces différens périodes. D'ailleurs ce qui prouve évidemment que la lune n'a point de part à ce phénomène, c'eft qu'il y a des femmes qui ont leurs règles tous les quinze jours, trois femaines, Se même tous les deux mois. M. Boudelocque, dans fon premier volume fur les accouche- mens, dit : cl Nous avons connu une femme de 45 à 48 ans qui, depuis Page de 15 ans, éprouvait périodiquement, chaque mois, un dévoiement dont la durée était de trois ou quatre jours j elle n'a jamais été réglée. " Ce fait n'eft-il pis fuffifant pour nous con- vaincre de l'accumulation de l'oxygène ôc du calorique dans le fyftême -, ôc cette diarrhée pourrait - elle s'expliquer fans admettre la furabondance de ces élémens, qui feuls font capables de la produire. 11 eft inutile de raporter ici l'effet que produit ( * ) Par disposition nous entendons que l'exercice d'un jour, joint aux alimens que nous prenons, peut augmenter la mafle de l'oxigène & du calorique dans îe fyftême ; ce qui conflitue l'influence diurne. Pa- reillement les exercices & les occupations dans les- quelles nous fommes engagés peuvent augmenter la fomme de l'oxygène & du calorique dans le fyftême, & conftituer, de cette manière, l'influence lunaire, &c. SUR LA MEDECINl- %6t produit Péleétricité fur les menftrues. On feritira facilement que, d'après ce que nous avons dit fur ce chapitre, ce gaz doit accé- lérer l'époque de leur apparition, vu qu'il communique au fyftême un plus haut degré de calorique. Quant à la caufe qui les fait difparaître^ nous la trouverons dans les changemens que le tems fait fubir à toute la création. Nbds avons vu que plus nous approchons dit moment fatal de notre difïolution, plus notre machine s'ufe, s'affaiblit par les frottemehs fans nombre qu'elle éprouve, Ôc devient, par là, incapable de s'acquiter de fes fonc- tions. Les divers élémens fe dceompofant a la longue, le corps n'a plus le pouvoir d'en- gendrer le même degré de chaleur ; Se, devenant plus ou moins oxidé, il pprd cçtta vigueur Se cette énergie qui en font l'orne- ment dans la fleur de Page. Enfin ce dé- labrement de nos organes nous avertit que nous touchons déjà aux portes de la mort, ôc «ne notre maffe refroidie va defeendre pour ♦.:. iours .'.'ans les 3>3brcs du tombeau. CHAPITRE V *fo '- Kechercues CHAPITRE VIII. DU SOMMEIL.. SECTION I. De la cause du sommeil. -L/ans le chapitre précédent, nous avorts fait voir que la caufe des menftrues dépen- dait de l'accumulation de Poxygène ôc du calorique qui avait lieu lorfque le fyftême était parvenu, en grande partie, à fon acmé j ôc que cette accumulation s*opérait parce que* les divers organes ayant alors acquis l'énergie Ôc le ton dont ils font fufceptibles, nos ali- mens devaient leur fournir une dofe fuperflue de calorique, ôcc: ôc que fon dégagement prenait cette voie régulière afin de garder le fyftême contre Ces injures. Nous allons tâcher maintenant de déveloper la caufe qui fait paffer Phomme de l'état de veille à celui de fommeil. Lorfque je paffe en revue les objets divers qui déterminent le fommeil dans Phomme, je vois une analogie, ou plutôt une identité de nature darts les caufes qui le produifent. Car, fi notre phyfique eût pu exifter indé- pendant des" caufes qui nous environnent, SUR. LA MEDECINE. 1^3 aous n'eufîions jamais eu befoin de féparer nos forces par une action qui nous repré- fente l'image de la mort : jamais nous n'eus- Gons cherché dans les ténèbres de la nuit le moyen de nous fouflraire à nos occupations. La caufe du fommeil exifte donc hors de nous, ou tient une place dans celles qui main- tiennent l'ordre ôc l'harmonie de l'univers. Ainfi, ayant reconnu une analogie marquée dans les caufes qui nous font perdre entière-- ment la confeience de notre exiftence, j'ai tâché de découvrir le principe qui joue ce rôle furprenant. En effet j'ai cru pouvoir y parvenir. J'ai vu que le corps, ayant été longtems expofé à une froide température, manifeltait bientôt les fympiômes du fommeil. J'ai obfervé qu'expofé pour quelques tems à. l'influence d'une chaleur modérée, notre corps fe laiffait facilement féduire par les charmes de l'oubli de foi-même. J'ai reconnu qu'après un dîner fucculent, notre machine manifeftait une. douce laffitude, femblable à. celle que nous fait éprouver Morphée, quand il nous couvre de Ces pavots bienfefans. J'ai remar- qué que Pété nous étions plus maîtrifés par cette puiffmee irréliftible. J'ai vu que les liqueurs fortes produifaient cet effet. J'ai vu que Popium poffédait des qualités femblabres - e:;■::* la, révolution diurr.c de notre glo^ |04 RECHERCHES femble affoupir toute la nature par fa rota- tion réglée. Si de cette difparité apparente de caufes il réfulte une fuite d'effets analogues ôc iden- tiques, je dois en conclure qu'il y a un prin- cipe unique qui fe trouve combiné avec ces différentes caufes, ôc qui par conféquent doit produire le même effet dans les différens cas que je viens de citer. En effet nous avons prouvé que, lorfque le corps était ex- pofé au froid, il y avait alors une accumu- lation de calorique. La chaleur externe doit agir fur le corps de la même manière que celle qui s'accumule au-dedans. Nous favons que les alimens contiennent beaucoup de calorique combiné, ôc qu'il fe dégage durant leur digeftion dans Peftomaç. Les liqueurs fortes contiennent aufti beaucoup de calo- rique. L'opium doit, comme nous l'avons dit, contenir une grande quantité du même principe. Du moment de notre lever jufqu'au tems où Pon va ordinairement fe coucher, on ne faurait douter qu'il s'accumule du ca- lorique dans, le fyftême. Or G, comme o.n peut s'en convaincre, le fyftême devient fur- chargé de calorique, par les différentes caufes qui déterminent le fommeil, ne doit-on pas en conclure que le fommeil eft dû à l'accu- mulation de ce prinçipe? SUR LA MEDECINE» 165 Ainfi, quelle que foit l'accumulation du calorique dans le fyftême, pour produire le fommeil, foit.par fa force expanfive ou autre- ment, je me contenterai de dire que la caufe qui l'engendre eft i'accumulation du calo- rique dans le fyftême, ôc que fon retour noc- turne provient de ce qu'il y a une accumu- lation de la matière ignée, produite par les divers exercices que le corps prend durant le jour. SECTION II. De l'effet du sommeil Jans l'économie animale* Dans la feétion précédente, nous avons vu que le fommeil était dû à l'accumulation du calorique dans le fyftême -, nous allons voir \ à prélent l'effet filutaire qu'il produit dans l'économie animale. Dès que le fommeil bienfefant vient ape- fantir nos paupières, nos douleurs fe calment, nos foins, nos foucis, nos inquiétudes cruelles, femblent s'éclipfer pour toujours ? une douce tranquilité s'empare de notre am? ; nos forces vaincues par le travail, & nos facultés émous- fée> par l'ennui, fe renouvellent, ÔC recom- mencent leurs fonctions avec une nouvelle vigueur. Tel eft l'effet du fcmùicil en gé- r-érai, Mais le bien cu'il nevs fait pendant *&> RECHERCHE!) une fièvre provient de ce que l'oxygène 8ç le calorique ne font plus abforbés, en auffi grande quantité, dans le fyftême^ que pendant le réveil. D'ailleurs les mufcles fe relâchent, les pores s'ouvrent, Ôc P^vaporation de ces deux principes, qui fe fait en forme d'eau, parce qu'il fe combine avec l'hydrogène, devient par là plus copieufe. Ainfi il n'y a pis à s'étonner que le fommeil ait été re- gardé de bonne heure comme un puiffant antiphlogiftique, parce que c'eft un moyen, fans doute, dont la nature fe fert pour em- pêcher que notre corps ne foit promptement décompofe. De là vient que l'enfant au berceau, qui dort beaucoup plus qu'il ne veille, eft ordinairement plus gras que dans un âge plus avancé. C'eft encore ainfi que l'ours, qui paffe l'hiver dans le centre ou le creux d'un arbre, ne prenant aucune nourriture, efl plus gras le printems que l'automne, parce que le peu d'oxygène qu'il refpire ne faurait décompofer les matières dont il eft formé. CHAPITRE SVR LA MEDECINE. l&f S—■——————————— i CHAPITRE IX. DES CATHARTIQUES. SECTION I. De l'opération des cathartiques dans l'économie animale : de l'influence des saisons dans le phé- nomène de la vie. ÛI ce que nous avons dit jufqu'ici fur la formation de Peau Se des acides eft fondé fur la nature des chofes } fi les poifons contiennent une certaine dofe de calorique qui leur eft chimiquement combinée, nous Croyons, d'après ces données, pouvoir avan- cer quelque chofe de fondé fur l'opération immédiate des cathartiques, Ôc calculer leur effet avec beaucoup de précifion. Mais, pour procéder d'une manière méthodique, nous allons commencer par examiner l'effet d'une fubftance dont nous connaiffons affez l'ana- lyfe dans le canal alimentaire. L'analyfe nous apprend que les raifins font Compofés, en grande partie, d'oxygène, d'hy- drogène ôc de carbone. Sachant à peu pi es la compofition de cette fubftance, un jour que j'étais évidemment conftipé, je fus cu- rieux d'effayer l'effet qu'elle produirait. Je t6*4 RECHERCHES mangeai, dans le cours de la foirée, environ le tiers d'une livre de raifins. Ils prodiii- firent l'effet défirè. Le lendemain matin j'eus deux telles, affez fortes pour me débar- raffer des incommodités que j'éprouvais par mon état refferré. Or comment ces raifins ont-ils pu produire l'effet d'un cathartique f C*eft ce que je vais tâcher d'expliquer. Quelle que foit l'énergie de l'ellomac fur les alimens, les raifins que je mangeai dans la vue de me relâcher le corps durent fe dé- compofer, Ôc voici comment : la chaleur intérieure du fyftême éiant fuffifante pour écarter les molécules intégrantes des raifins, leur décompofition a dû néceffairement s'opé- rer, puifque les bafes de Poxygène, de l'hy- drogène ôc du carbone, étant portées à Pétat de gaz par cette addition de calorique, ont dû agir l'une fur Pautre, ôc former, au lieu de raifins, de Peau ôc de l'acide carboneux ou carbonique j ôc, s'il exifte dans Peflomnc d'autres bafes acidifiables, comme nous avons tout lieu de le fupofer, Poxygène, qui eft un des principaux ingrédiens des raifins, doit fans doute former d'autres oxides ou acides, outre ceux que nous venons de mentioner. Ainfi, ayant toutes raifons de croire que non feulement il fe forme des oxides ou acides dans Peftomac, mais encore dans les divers inteftins, SUR LA MEDECINE* 169 inteftins, en raifon de la précipitation de nos alimens, nous devons en conclure, fuivant ies principes que nous avons dévelopés anté- rieurement, qu'il doit y avoir une décharge, plus ou moins parfaite^ de la capacité du canal alimentaire, vu que ces compofés de- viennent infenfibles aux attractions qu'exerce fur eux Yanimalisation, ( * ) puifqu'ils ont leur fuffifance d'oxygène, ôc qu'ils ne peuvent par conféquent Ce décompofer que par les affinités chimiques *, ce qui d'ailleurs ne changerait pas la tendance qu'ont ces compofés à fortir dit fyftême, puifqu'ils feraient, dans tous les cas, furchargés d'oxygène, qui s'ôppofe toujours aux attractions animales. ( * ) Cette idée eft fi vraie que, four qu'un élément s'animalife avec notre tout, il doit être exempt de combinaifon, ou former ce que j'ai appelé plus haut un corps primitif, (* ) Par les mots animalisation, végétation & nutrition, 6n ne peut entendre q;.;e les procédés qui ont lieu pour rendre les alimens, tels que le pain, l'eau, &c.à leurs élémens primitifs, pour qu'ils puiifent. dans cet état, fe combiner & fe fixer delle pas expoféc par les variations con- tinuelles de l'atmofphère, tandis que l'efpèce aquatique éprouve une température prefque toujours égale ! Combien de fois, nous autres habitans du nord, fommes nous expofés à un degré de froid au-deffus de la congellation i Mais, s'il n'en eft pas ainfi pour les habitans des eaux, c'eft que la chaleur centrale de notre globe met obftacle à la congellation de cette maffe énorme de fluides ( * ) CYft a nfi que les poiffons vivent plus longtems que les animaux qui refpirent le grand air. ( * ) Ainfi la longueur de la vie, pour les animaux de notre globe, dépend, en grande partie, de la température plus ou moins un - forme à laquelle ils font expofés» On verta que cette fupofition n'eft pas gratuite, fi l'on fait attention qu'un animal des zones gla- ciales doit, en vertu des différentes tempé- ratures qu'il éprouve, être fujet à divers changemens durant le cours d'une année. De là la maigreur qu'éprouvent au printems les bêtes fauves. De la vient fans doute la caufe de la mue. C'eft encore ainfi qte ( * ) Voye2 mon effai fur la vapeur qui s'élève, en îiiver, de lu furface du fleuve Saint-Laurent. ( Mrdical llrpositor; vol. o, page *'\. ) f * ) La carpe, qui eft un poiffon d'eau douce; \{{, f"iv:i"t I-** natmaliftés, environ un fiêcle. I76 RECHERCHÉS l'homme occupé de pénibles travaux, & celui qui ne s'occupe que du foin honteux de fatisfaire fes pafîions déréglées, abrègent leur durée, parce que l'un ôc l'autre font éprouver à leur machine des changemens multipliés. Mais, fi nous nous raprochons vers Péquateur, nous y trouverons l'éléphant, d'une groffeur prodigieufe, ôc qui vit un tems confidérable, parce que le climat qu'il habite eft peu variable, ôc que par confé- quent il fait éprouver peu de changemens à fa machine -, ce qui doit prolonger chez lui Panimalifation. Mais j'entends, du fond des Indes Occi- dentales, une voix qui me crie : ô faible mortel* viens, tranfportes-toi au milieu de nos habitations : examine ces nombreux ca- lons qui habitent une terre continuellement brûlée par les ardeurs du foleil ; Se tu veras ton fyftême détruit. Il n'eft pas vrai que l'efpèce humaine vive aufli longtems dans nos climats brûlans, que lorfqu'elle refpire un air plus tempéré. Ici la mort eft toujours avide de victimes -, ôc, pour moiffoner les individus, elle n'attend pas que leurs têtes foient blanchies par les années. " Je réponds que cette objection ne détruit point mon fyftême, ôc que Phomme, dans fon état dénature, pourrait fans doute vivre* long- SUR LA MEDECINE! 177 longtems dans ces climats. Mais, fi Pon veut rechercher la vraie caufe d'une mort prématurée dans ces régions où règne l'abon- dance, on la trouvera dans les habitudes ôc les mœurs de leurs habitans. C'eft dans le luxe Mellructeur des uns, ôc la mifère lan- guiffante des autres, qu'il faut chercher la caufe de ce phénomène. C'eft dans Pabîme de leurs paffions déréglées qu'il faut creufer, pour en déterrer le gerrne. Ainfi qu'on ne vienne pas nous dire qiic le climat de la zone torride s'ôppofe à la durée de la vie hu- maine 3 ce font les vices, les débauches, les intempérances de toute efpèce, qui détruifent promptement une multitude d'hommes, qu'Ûft climat moins cruel aurait corifervés. Mais, fi ce qui vient d'être dit laiffait en- core des doutes fur la pofîibilité de notre hypothèfe, il fuffirait d'interroger Phiftoire du genre-humain, pour nous faire comprendre que les premiers habitans de la terre ont pu vivre plus longtems que les générations ac- tuelles, ôc qu'ils ont été d'une plus grande ftature. Ce qui paraîtra peut-être fïngulier, c'eft que cette idée fupofe la vérité de la théorie de la terre donnée par M. de Buffon, En admettant que lus êtres étaient autrefois d'une plus h-iute ftature, ôc qu'ils vivaient plus longtems qu'à préfent, il faut auffi ad- ï^fr R ECtiERCHEJ mettre que notre globe s'eft refroidi, ou qu'il jouiffait jadis d'une température plus unito.me que celle dont nous jouiffons actuellement. Celui qui contemple la nature en grand venà facilement la liaifon de ces deux idees, que des faits nombreux femblent affermir. Indépendament de Phiftoire facrée ôc de Phiftoire profane, qui s'accordent à dire qu'il a exifte des hommes d'une ftature gigan- tefque, nous fommes néanmoins portée à croire que notre pianette jouiffait, dans des tems plus reculés, d'une température p.us uniforme que celle qu'elle a acquife par ils révolutions phvfiques, les délaftres ôc les ca- taftrophes fans nombre qu'elle a dû fubir en différens tems. Les annales ôc les monu- rrie'ns immuables de notre globe àtteftent qu'il a dû être ÔC fera encore fuccefîivement ébranlé, culbuté, altéré, inondé, embrafé. Tantôt c'eft un déluge deftructeur, qui vient fubmerger les malheureux habitans de la terre* Tantôt c'eft Une mer ou un fleuve qui fe retire de fon lit, pour mettre des terres nou- velles à découvert. Quelquefois c'eft une montagne énorme qui s'écroule, ÔC qui détruit tout ce. qu'elle rencontre dans fa chute. C'eft encore un feu dévorant, oU la foudre célefte, qui femble s'élancer de Pempirée, tJour embrafer une partie de notre fphère. SUR LA MEDECINE. 179 Ç'eft quelquefois enfin l'éruption d'un vol- can, & un tremblement de terre, qui ouvrent de> goufres de feu, pour engloutir dans ces torrens de flammes Phomme ôc fès troupeaux^ également malheureux. Tels font à peu près les changemens que la nature fait fubir à notre demeure. Mais, l'homme voulut, pour fon malheur, imiter la nature dans fes défordres. Le tendre gazon devint trpp dur pour lui fervir de lit. L'ombre d'un hêcre fut infuffifant pour le mettre à l'abri des injures de Pair. il porta enfin fon bras deftructeur fur les arbres des forêts. Il fit des ahatis, Se dé- fricha du terrein, pour fe bâtir une demeure plus commode que celle qu'il avait héritée de fes pères. La charue fut dès-lors defti- née à déchirer le fein de la terre. Enfuite parurent les remparts de ces villes célèbres, creu'és par l'ambition, élevés par la folie, 8c renverfés par la cruauté. Tous ces chan- gemens innpmbrables qu'a éprouves la fur* f*ce de notre globe, ont dû dêguifer la na- ture à nos yeux, Se en former un fpectre de défordres, Ainfi il nous eft impoffible de juger le paffé par le préfent ; ce les çircon- fiances, ayant changé, ont dû, par leur ré- volution, établir un nouvel ordre de chofes, Pe J'influence des faifons Se de nos mœ:!sj 1Ï3 RECHERCHES fur notre être phyfique, je retourne à mon, sujet principal. Peut-être trouvera-t-on à redire de ce que j'ai traité dans un même chapitre «-le deux objets qui femblent différer beaucoup. l'un de l'autre y mais le phyficien, dégagé de préjugés, verra la difficulté qu'il y avait de les fépar.er, en réfléçhiffant que l'opération dys cathartiques fera toujours un myftère pour nous, fi nous ignorons le phénomène «ie l'animalifation ; ôc, pour en traiter, pou- vùis-je. ne pas le confidérer en grand, ôc paffer i?us filence les caufes qui en favorifent ou n retardent, les progrès ? Cependant l'effet du mercure dzvts le can^l alimentaire fortifie fingulièrement notre théo- rie fur l'opération des, cathartiques. On fait que le vif argent ne cathartise point dans ion état métallique > il faut qu'il foit oxidé pour produire cet effet. Cela pcfc, il paraîtra «J'abord évident que ce métal n'agit fur les luteftins qu'autant qu'il eft lui-même combiné ivec l'oxygène Se le calorique y car, comme îous l'avons dit, ceux-ci, en fe dégageant au mercure, ferment certains compofés, dans .s premières voies, qui, étant impropres à la combinaifon animale, font forcés, d'en fortir cour ne pas eau fer de plus grands défordres. Sur ce principe, il nous eft facile d'expli- quer la caufe de cette maladie nommée par SUR LA MEDECINE- l8l ^es nozologiftes choiera. Ce défordre, qui fe manifefte ordinairement dans, les mois de juillet ôc d'août, efl dû au changement fubit des affinités chimiques du fyftême. En effet le malade, ayant pris le ferein du foir, qui dans cette faifon eft toujours dangereux, par. raport aux rofées abondantes, efl attaqué la nuit d'une choiera, dont la caufe efl l'humi- dité, qui, en produifant un certain degré de froid à la furface du corps, fufpend la com- binaifon de Poxygène avec l'hydrogène 5 ce qui décide auffitôt l'oxidation ou l'acidifi- cation de certaines bafes dans le canal ali- mentaire, ôc enfin l'évacuation précipitée des matières qu'il contient. ïndépendament des faits que nous venons de citer, il en eft d'autres qui ne méritent pas moins notre attention. On fait que les fruits, en général, qui font plus ou moins acides, produifent une décharge des inteftins plus ou moins accélérée. On fait qu'une perfonne qui a la diarrhée eft plus ou moins incommodée par l'ufage de liqueurs fortes, parce que le calorique qui s'en dégage non feulement favorife la formation d'oxides ou acides, mais encore celle de la tranfpiration qui eft déterminée vers les premières voies. La t difîenterie n'eft Ci dangercuie ôc C\ cruelle par l?s tourmens qu'elle cnuie au malade, que ^fia RECHERCHES parce que la fubftance même des inteftins eft glus ou moins corrodée par les oxides ou acides qui s'y forment. Les fubftances hui- leufes ne relâchent le corps que parce qu'elles fe decompofent, ôc que,,de cette décompofi- tion, il en rçfulte différens composés qui ne peuvent s'affimiler avec notre corps. Ainfi, fi ce que nous avons dit dans le cours d,e cette fection eft fondé j s'il eft vrai qu'une fubftance ne peut fe combiner avec notre maffe que dans ton état élémen- taire ; fi l'analyfe nous démontre que les é'émens exiftent, dans un être organifç, da^s leur état de première combinaifon, il s'enfuit, par une conféquence néceffaire, que ces or- ganes ne peuvent fe décompofer que par Poxygène ôc le calorique, puifqu'il efl clair qu'il n'y a que ces agens qui puiffent fépa- rer le carbone de Pazote, Ôcc. pour en for- mer différens compofés, tels que les acides carboneux, nitreux, ôcc. qui ne peuvent être nous ; dès-lors notre théorie fur le dépériffe- ment ôc la mort des êtres, ôc fur la nature d.s poifons, devient démontrée. Ainfi, quoiqi e nous ne puiffions pas démontrer par Panalyle Pexiflence du calorique dans Paloes Ôc le jalap, nous fommes autorifés à croire que ces fub- ftances en contiennent une certaine quantité, en vertu duquel elles évacuent le canal ali- SUR LA MEDECINE» 183 mentaire. C'eft de leur décompofition que réfultent certains compofés, qui, ne pouvant s'afîïmiler avec notre tout, font obligés d'en fortir pour ne pas le détruire. SECTION il. De l'effet bienfesant des cathartiques dans la étire des maladies. Dans la fection précédente, nous avons tâché de fixer nos idées fur ce que l'on devait entendre par càthartique -, nous allons actuel- lement faire voir les bons effets que nous devons en attendre, dans la cure des mala- dies j Se, pour éviter une trop longue dis- fertation, nous donnerons pour exemple un fait général que Pon pourra appliquer aux différentes circonftances. Lorfqu'un malade éprouve ce que nous avons appelé plus haut une inflammation générale, ou synocha? les matières excrémen- titielles, telles que la tranfpiration, lesfœces% ôcc. font alors moins abondantes. Cette oc- currence a lieu, parce qu'alors la loi des affinités entre les élémens qui compofent le fyftême eft remplacée par une nouvelle, qui conftitue l'inflammation. Si l'on nous demande la caufe deladiminù* t\on des fécrétions ôc ^x^vétions durant tes 1&4 RECHERCHES premiers jours d'une fièvre fynochaïde, nous repondrons que la caufe de ce phénomène nous paraît affez facile ?.concevoir. Nous avons dit plus d'une fois que le fyftême éprouvait une inflammation parce que l'hydrogène ne ïe combinait plus régulièrement avec l'oxygène. Cela pofé, les urines, dans cette maladie, doivent être moins abondantes* puifque Peau, qui forme une grande partie de leur lubftance, ne fe forme plus. Quant à la conftipation, cela provient fans doute dé ce que les intes- tins, devenant, comme la peau, fecs ôc arides, parce qu'il ne fe forme plus d'eau, font, pari là. impropres à tranfmettre ou évacuer les fœces. Car, outre le mouvement periftaltique des inteftins, qui contribue beaucoup à la force expultrice qui leur eft inhérente, Peau, qui vient humecter leur furface interne ôc externe, doit faciliter fingulièrement le pas- fage de la matière fécale. D'ailleurs cette âffertion fe trouve vérifiée par la diarrhée- que le froid produit, puifque, dans ce cas, elle eft occafionnée par la matière tranfpirable, comme nous l'avons vu, qui fe forme abon* dament vers cette partie. Mais fi, au lieu de laiffer agir la nature, on âdminiftre de bonne heure une cathartique à une perfonne attaquée d'une fynocha, le cathartique étant, comme nous Pavons dit dans SliR LA MEDECiNEf ^85 dans la fedtion précédente, capable d'engen- drer de Peau, ôc d'autres acides, dans les premières voies, on rétablit conféquemment les affinités primitives dû fyftême, c'eft-à-diré que la tranfpiration ôc les autres excrétions reprennent leur cours 5 ce qui ramène entière- ment la fanté. Cependant, fî cette fièvre eft entièrement laiffée aux foins de la nature, elle fe terminé fouvent par une synochus oU typhus mitior, accompagnée d'une diarrhée plus ou moins compofée, fuivant les éirconflances qui auront eu lieu durant le eours de la maladie. Un moment de réflexions fuffira pour nous faire comprendre ce phénomène. D'abord cette synocha devient lucceffivement une synochus* typhus, Ôcc. parce que, comme nous l'avons dit plus haut, cette marche eft due à la dé- compofition fucceffive du fyftême. Quant à la diarrhée qui fe manifefte dans les derniers tems de cette fièvre, elle eft auffi facile à concevoir -, car les faces, étant de vraies bafes acidifiables, doivent plus où moins s'acidifier à la longue, ce qui doit en conféquence produire une diarrhée. Mais fi cette diurrhée, ainfi produite, eft poufféc trop loin^ l'expérience nous a mis à portée de • faire uiage de remèdes propres u en arrêter les pmetès. L'opium: adminiflrê fous diffé* Z ±^___«t i$Ô* RECHERCHES rentes formes, eft le remède auquel on a ordinairement recours pour guérir cette ma* ladie, quand elle eft opiniâtre. Cet agent, en répandant une température uniforme dans le fyftême, rétablit dans tout le corps la formation de Peau ou la tranfpiration, ôc empêche, par cette nouvelle combinaifon^ que la furabondance d'oxygène ne fe porte fur les différentes bafes acidifiables, qui, par leur féjour dans le canal alimentaire, pour- raient devenir pernicieufes. Mais, fi Popium produit quelquefois un effet cathartique, c'eft que fon calorique, venant à fe dégager dans l'eftomac, ou dans les inteftins, doit faire combiner Poxygène avec certaines bafes -, ce qui, comme nous Pavons vu, doit produire un effet purgatif. Cependant les fudorifiqueS, en général, ne font fi utiles dans certaines maladies, telles que les typhus, &c. que parce que leur calorique, en procurant au fyftême une tem- pérature convenable, fait combiner l'oxygène avec l'hydrogène, ôc empêche, par là, les mauvais effets qui pourraient réfulter de la combinaifon de Poxygène avec des bafes acidifiables. Nous réduirons à deux principaux chefs le choix des cathartiques dans le traitement des maladies : i° dans les cas ordinaires de SUR LA MEDECINE, 187 maladies, tels que dans les fièvres fynochaïdes, les pneumonies, ôcc. où il exifte une confti- pation fans fymptômes évidens de la préfence de certains acides dans les premières voies, les cathartiques ordinaires, fagement admi- niftrés, peuvent effectuer une guérifon ; iQ dans les typhus, les fièvres peftilentielles, ÔC les fièvres intermittentes d'automne, où il peur déjà exifter des acides dans le canal alimentaire, les meilleurs cathartiques font alors les fels neutres, dont la bafe ait peu d'affinités avec les acides, tel que le carbo- nate de foude, ôcc. parce qu'on neutralifefl par ce procédé, des acides affez puiffans pour corroder ou déforganifer non feulement les i iteftins, mais même la machine ent'ère. Au contraire, dans les cas où il n'exifte point d'acides déjà formés, il vaut mieux évacuer, par un puiffant cathartique, la matière fécale, qui, par fon féjour dans les inteftins, ne manquerait pas de devenir nuifible. " ( le 14 juin 1800, jour où l'on imprimait cette feuille , j'éprouvai un effet cathar- tique, que je vais raporter, tant pour les circonftances curicufes qui Pont fait naître, que pour confirmer la doctrine fur la caufe des cathartiques. Ayant l'habitude de porter un gilet de flanelle, je l'ôtai le matin, pour jne talraîchir, vu qu'il fefait bien chaud* Z a. tS§ Recherches N'ayant pas fait attention que Patn.ofphère fe chargeait de vapeurs, je fortis le foir, pour prendre de l'exercice, fans remettre mon gilet de flanelle. Mais je m'apperçus, dans ma promenade, que je Re tranfpirais point, ôc que ma peau devenait exceffivemenc ebaude. Je revins en conféquence à la maU fon, où je ne fus pas plutôt arrivé, que j'éprouvai deux felles des plus copieufes ; ce qui, après avoir remis mon gilet de flanelle, me rendit la peu d'une température ordi- naire. Voici les conféquences que je prétends tirer de ce fait : premièrement, mon corps ayant paffé fuhitement d'une température chaude à, une plus froide, la formation des matières tranfpirables du; fe ralentir 5 fe- condement l'exercice que j'avais pris, tendant à accumuler Poxygène ôç le calorique, ôc la tranfpiration étant, en quelque forte, fupr:- rpéff, leur action dut fe faire fentir vers * l'intérieur du cerps, y former divers oxides ou acides, ôc produire ainfi un effet, cathar- tique ; rro.ifièmement, la chaleur, qui difpa- rut auffitôt après les felles que j'éprouvai, démontre que, non feulement le calorique détermine la formation des oxides ou acides, mais encore qu'il emre dans leur ccmpofition.), CHAPITRE SUR LA MEDECINE.' 180, CHAPITRE X. DES EMETIQ^UES. SECTION I, De L'opération des émétiques dans l'économie animale. Ol ce que nous avons dit dans le chapitre précédent n'eft pas dépourvu de tout fonde- ment ; s'il eft bien établi qu'un corps ne produit en nous un effet cathartique que parce qu'il a le pouvoir de former divers compofés, qui deviennent impropres ou in- capables de s'animalifer avec notre tout, il nous fera facile de voir qu'un corps n'eft pour nous un émétique, que parce que les compofés qu'il forme dans notre eftomac font auffi incapables de fe combiner avec notre maffe -, Ôc, pour mettre notre âffertion au- delà de toute efpèce de doute, nous nous fervirons de l'exemple fuivant : Perfonne n'ignore que les liqueurs fpiri- tueufes, prifes en trop grande quantité, pro- duifent un effet émétique. Or comment ces ipftrumens d'ivreffe peuvent-ils forcer notre eftomac à rciliruer ce qu'il contient ? Cette çuciV.c.n p-.'u: facilement 3 réfoudr*. L'ef^o- X£3 RECHERCHES mac devenant trop faible, ou ne pouvant, d'après fon énergie naturelle, que décompo- fer une certaine quantité de fluides ou de folides, pour fervir a Panimalifation, il s'en- fuit qu'il doit reftituer, lorfqu'il eft furchargé foit par un fluide ou par un folide. Pare: - lement une chute, en affaibliffant l'énergie de i'eftomac, eft fuivie du vomiffement. Teila eft une des caufes qui produifent en nous un effet émétique. Il en eft encore d'autres que nous allons confidérer, ôc qui peuvent toutes s'expliquer fur le même principe. On fait qu'une perfonne d'une faible fanté eft fujète au vomiffement après fes repas. Cela dépend ou de ce que fon eftomac tft incapable de décompofer les alimens qu'el e prend, peut-être trop abondament, ou de ce que cette mauvaife digeftion engendre dans l'ellomac des oxides ou acides qui, en dé- çompofant, à leur tour, les alimens, dVne manière trop rapide, les rendent incapables de s'animalifer, puifqu'ils font combinés avtc l'oxygène, qui s'ôppofe à l'action des affinités -.nima&s. C'eft ainfi qu'on eft fouvent obligé de reftituer le lait qu'on prend en été, parce qu'il fe décompofe trop facilement, ôc qu'il devient trop acide. C'eft ainfi qu'une femme, dans fes premiers mois de groffeffe, eft forcée die reftituer fouvçnt Ces alimens, parce que^ SUR LA MEDEClNfe. ïpt Pécoulement menftruel étant alors fuprimé chez elle, il doit fe manifefler dans fon es- tomac une grande chaleur, qui doit, décom- pofer les alimens avec rapidité, les furcharger d'oxygène, Ôc par conféquent les rendre im- propres à la combinaifon animale» Quant aux émétiques dont on fe fêrt en médecine, on verra aifément qu'ils produifent leur effet en vertu du même principe, ôc que leur action rapide détermine leur effet fur l'eftomac. Perfonne ne doute que le tartre émétique, le vitriol blanc ( fulphate de zinc ) Sec. ne contiennent beaucoup d'oxygène ÔC de calorique. Cela pof-, il,n'eft pas furpre- nant de voir que ces fubftances produifent promptement un effet émétique, parce que non feulement elles fe decompofent facilement, mais encore . leur oxygène, affilié du calo- rique, fe porte fur les différentes bafes aci- difiables qui fe rencontrent dans Peftomac, ôc qui, en les oxidant ou acidifiant, forcent en peu de tems Peftomac à reftituer ces ma- tières nuifibles. C'eft ainfi que le commen- cement d'une fièvre efl toujours accompagné du vomiffement, parce qu'alors il exifte fans doute, dans Peftomac, certains acides. Telle eft vraisemblablement la manière dont aeiffcnt les émétiques actifs. On aura lieu de s'en convaincre de plus en pîn«, p*r les dévelo- ÏÇpk RECHERCHES pemens que nous allons encore faire dans la jfeétiôn fuivante. SECTION II; "De l'effet salutaire des émétiques dans l'économie animale. Nous avons confidéré fuccintemcnt ia càùfe prochaine qui produit un effet émétique $ nous avons vu que cet effet tenait aufîi à la caufe qui produit un effet cathartique dans .^économie animale 5 avec cette différence feulement que, dans le premier cis, cette éauCe agit plus particulièrement dans Pefto- mac, tandis que,* dans le fécond cas, elle agit dans toute la capacité des inteftins ; nous allons voir actuellement combien la médecine peut compter fur ce remède dans la cure des maladies qui affligent notre efpèce. Quand on adminiftre un émétique dans Une fynocha, les fymptômes que manifeffait cette fièvre diminuent auffitôt après fon effets c'efl-à-dire que le poulx n'eft plus fî élevé, ôcc. Or comment ce phénomène peut-il avoir lieu ? La tranfpiration copieufe qui fe ma- nifefte durant le vomiffement prouve qu'un émétique fait combiner Poxygène avec l'hy- drogène, ôc doit conféquemment ralentir la circulation du fang, puifque, durant cette tranfpi^ SUR LA MEDECINE, |pj tranfpiration, il fe met une grande quantité de calorique dans un état latent 5 ce qui tend à rétablir les affinités primitives du fyftême. Ainfi l'effet falutairè d'un émétique n'eft per- manent qu'autant qu'il rétablit ces affinités primitives } ôc, fi cet effet n'eft point effec- tué, fon opération n'eft que paffagère, ôc le malade retombe dans fon état de mal-aife. D'après cela, on verra facilement combien eft vague ôc inintelligible ce que les méde- cins ont appelé révulsion -, on verra combien il importe à la médecine d'élaguer tous les termes qui font plus faits pour nous induire en erreur que pour nous éclairer. Car la précifion de langage doit toujours fuivrc celle des idées qui compofent une feience. Cependant il y a certaines maladies où les émétiques doivent avoir la préférence fur tous les autres remèdes. C'eft dans les ma- ladies du fyftême glanduleux. Dans les bu- bons, l'engorgement d'un fein, les écrouelles, ôcc. nous fommes portés à croire que les émétiques, fagement adminiftrés, pourraient: devenir, dans ces cas, de la plus grande utilité. En effet un émciiquc, en fermant beaucoup d'eau^ ou en accélérant la forma- *ion de la u.ciipiracion, débourbe, il je puis aintî m'evprin;er, Ls canaux infinis des gb.n^es Se met, ■ en même tems, dans un éta: A. a 194 RECHERCHES latent le calorique qui s'y concentre, ôc qûï eit, dans ces circonftances, l'agent le plus pernicieux. Nous concluerons cette fe&ion en difant que la fante, dans un être organifé, confifle - dans la régularité d'action entre les élémeni qui le compolent, telle qu'elle a été établie, dans l'origine des chofes, par le créateur j que la mort confifle dans la deftruction ou Panéanriflement de cette première Ôc grande loi, qui eft remplacée par une autre auffi invariable, 5c en vertu de laquelle s'opère le phénomène de notre diffolution. La maladie confifle dans les nuances qui exiftent entre ces deux extrêmes, ôc dans l'effort que fait l'une pour vaincre Pautre. O médecins de la terre, votre miffion efl donc d'écarter tout Ce qui tend à renverfer la loi fublime en vertu de laquelle nous vivons. Pour remplir cette noble fonction, vous devez en étudier jufqu'à la moindre partie. En vain voudrfez-vous vous acquiter de cet emploi facré, fi vous ignorez Penfemble des décrets qu'elle contient. Tous vos efforts doivent concourir à faire obferver cette loi, qui feule fuporte la vie. Si vous en pervertiffez le fens, ce ne fera pas impunément. Les êtres qui périront entre vos mains feront des mo- numens immuables, de votre faibleffe ou de SUR LA MEDECINE! !££ votre ignorance. En un mot, l'économie animale efl femblable à une république, ou à. un vafte empire, qui s'écroule dès que les lois qui le gouvernent font abufées ou ren- veriées. Mais fi, de même qu'un monarque feitnfefant, vous rempliffez votre fonction avec fageffe, l'humanité reconnaiffante vous placera au rang des dieux. Elle n'oublirra ni vos foins, ni vos bienfaits. Elle vous feindra toujours comme une puiffance fupé- neure, envoyée dans des tems de calamités par une divinité fecourable. L'air, écho fiVèle de vos exploits, retentira fans ceffe de chants d'allégreffe, diètes par la recon- uaiffance. ™<^t^i®.§*~«*.. A a 3 CHAPITRE Z9$ RECHERCHES CHAPITRE XL De l'influence chimique des comètes, des volcans, . de l'électricité, sur l'air atmosphérique ; de la formation des pluies périodiques entre les tropiques. JL/ans les recherches précédentes, nous avons vu, en partie, l'influence qu'a le calorique fur les différentes matières j nous avons tâché de démontrer, dans le quatrième chapîrre de cet ouvrage, que fa combinaifon chimique avec certaines fubftances formait ce que nous appelons poifon -, nous allons actuellement le confidérer comme voyageant d'un corps célefte à un autre, ôc fuivre, s'il nous eft pofîible, les traces empoifonées qu'il laiffe quelquefois dans les régions aériennes. Les hiftoriens, tant anciens que modernes, nous ont tranfmis des calamités, des épidé- mies ôc des peftes qui ont défolé certaines parties de notre globe, à la fuite de l'appa- rition d'une comète Se de ces globes lumi- neux qui, de tems en tems, viennent étoner le vulgaire, ôc répandre l'épouvante dans tous les cœurs. L'homme, que tout msnaçait, ôc qui fe fentait cruellement travaillé par ces prodiges deftructeurs, chercha en vain, dans un Cive courroucé, la caufe de fes mal* METEOROLOGIQUES. ï^p heurs. Il ne voulut pas voir qu*une nature toujours active, ôc toujours féconde en pro- diges, pouvait, d'après les lois qui lui font affignées, opé-rep ces phénomènes, dont l'afpecc bigarré le rempliffait à-la-fois de crainte, de terreur ôc de fuperflition. Un moment de réflexion furfifait néanmoins pour lui faire comprendre qu'il fe paffait en grand, dans l'univers, ce qui fe paffait en petit fous fe-i yeux. Lorfqu'une comète, d'après l'ordre ôc l'har- monie merveilleufe qui régnent dans la- nature, efl forcée de s'approcher à peu de diftance du foyer commun de notre fyftême; planétaire, comme pour lui rendre hommage, les fubftances combuftiblcs qui entrent dans la conftitution de ces ma fies énormes de matières, s'enflamment ou fe dçcompcfenn dans leur rotation rapide, tandis que le ca- lorique ôc la lumière qui s'élancent de leur furface, durant ce procédé, forment ce que les aftronomes ont appelé queue de comète. Cela pofé, lorfqu'une comète s*.ipproche de» notre globe, ôc qu'elle menace, de fa queue flamboyante, les humains épouvantes, elle doit, par la chaleur excefîivc de fon atmos- phère, influer fortement fur le volume im-> men\~*i d'air qui enveloppe notre planète, ôc y occafioacr d-e grands c'ianç^m^ns En effet, IO& RECHERCHES Pair atmofphérique étant compofé, en grande partie, d'azote Ôc d'oxygène, qui font méca-* niquement combinés enfemble, nous devons préfumer que Paccumulation du calorique, dans Pefpace, occafionée par la queue d'une comète, doit produire un effet femblable à celui qui fe paffe dans un ballon, qui con- tient de Poxygène ôc de l'azote, par le calo- rique que laiffe échaper l'étincelle électrique dans fon paffage. ( * ) Dans le laboratoire de l'univers, comme dans celui de l'homme, les réfuitats doivent être les mêmes. Ainfi, lorfque de cette opération en petit on obtient de l'acide nitreux ou nitrique, & que, par le changement d'état dans les deux airs contenus dans le ballon, il y a une diminution de leur volume, on doit en in- férer, i° qu'il fe forme de Pacide nitreux ou nitrique dans Patmofphère quand le ca- lorique, qui fe dégage durant la combuftion d'une comète, vient à s*y répandre ; 1° que le calorique fe combine chimiquement avec les acides, puifqu'il y a une diminution de volume des airs qui s'acidifient j ce qui n'arriverait certainement point fans cette occurrence. L'acidification de Pair atmos- phérique, par le calorique qui fe dégage ( * ) Voyez Chapitre 3 de cet ouvrage. METEOROLOGIQUES. 199 d'une comète, prouve donc inconteflablement notre théorie fur les acides. Mais, pour lui donner toute l'a folidité qu'elle eft fufceptible d'acquérir, qu'on exa- mine ce qui fe paffe v journellement dans l'atmofphère -, qu'on jète fes regards fur l'effet d'un volcan Ôc de l'électricité j on verra que ces phénomènes font autant de preuves de la vérité de notre doctrine fur les acides. On fait que l'éruption d'un vol- can eft accompagnée de vents impétueux, de grêle, d'éclairs, de pluies abondantes. On fait que, Pété, les orages, où le tonerre gronde avec furie, défolent fouvent les laboureurs, en foudroyant de grêie leurs campagnes ornées de fuperbes moiffons. Tous ces phénomènes, qui agitent fi fortement les humains, tiennent aune feule caufe. En effet, lorfque le calo- rique s'élance, par torrens, des flancs d'un volcan, il doit produire un effet femblable à celui qu'il produit dans un ballon rem- pli d'air atmofphérique. En conféquence Patmofphète qui environne un volcan doit plus ou moins s'acidifier j ôc, comme Pair qui s'acidifie diminue en volume, des oura. gans affreux doivent s'enfuivre, ôc, s'ils font accompagnés de grêle, on doit en attribuer la caufe à la fixation du calorique dans Pair qui s'acidifie -, c*r, fi Je calorique nC-0 RECHERCHES ne. fe fixait point chimiquement dans l'air, qui devient acide, comment concevoir ia formation de la grêle ? Comment pourrait-il exifter un degré de froid fuffifant pour opé- rer la congellation dans un atmofphère con- tinuellement réchaufé par le calorique qui fe répand au loin ? Si, comme l'a fupofé !e Dr. Mitchill ( * ) la grêle eft produite par la fonte de la neige dans Pacide nitreux, ou nitrique, qui fe forme dans Patmofphère, foit par le calorique qui fe dégage de l'élec- tricité, ou de l'éruption d'un volcan, Ôcc. comment expliquer, la formation primitive dé la neige, pour pouvoir enfuite être fondue dans l'acide nitreux, afin de produire un degré de froid fufîilant pour former la grêle ? 'Dans un orage accompagné de tonerre, où il tombe de la grêle, les nuages ne fauraient être à une grande diftance au-deffus de la terre ; parce qu'en fupofant qu'ils en fuffent beaucoup éloignés, le gaz électrique ne vien- drait point, comme il le fait, brifer, ren- verfer, embrafer nos maifons, ôcc, mais il ferait arrêté dans fa chute, par des conduc- reurs intermédiaires. Ainfi, la température des nuages devant être, à peu de diftance de ( * ) Théorie do- la grêle. ( Me .'.'.cal Repository, vol. 3, rpage Si. ) METEOROLOGlQ.tf tf'SV 2b t de la terre, affez uniforme^ eft trop chaude pour qu'il s'y congèle de Peau, ou qu'il s'y forme de la neige. D'ailleurs le volume d'eau qui fe précipité tout-à-coup démontre encore que l'électricité a dû en former une partie. Cette circon- ftance, en mettant le calorique dans une forme latentej doit fingulièrement contribuer à re-' froidir la température de Pair, ôc par eonfé- quent favorifer.la formation de la grêle. Ainfi le calorique, fe fixant non feulement dans l'eau qui fe forme par l'électricité, mais encore dans l'acide nitreux qui a lieu aufîi dans l'atmofphère, doit fans doute être rem- placé par un froid affez confidérable pour former de la grêle, ôc donner lieu, par le vide qui fe fait, à des vents des plus impé- tueux. ■ ■ .■ Tels font à peu près les changemens que produifent la queue d'une comète, l'éruption d'un volcan ôc l'électricité, fur Pair atmos- phérique ; mais Pacide nitreux ou nitrique, qui s'y forme par leur influence* produit des effets bien plus hmeftes encore, fur l'écono- mie animale Ôc végétale. C'eft ainfi qu'après Papparition d'une comète, des villes, des .peuples, des nations, ont péri par une pefte -ics plus meurtrières. C'eft ainfi que, durant irruption d'Un volcan, les hommes, les ani«- q.g% *ms c h « a c hbi maux 8c les plantes qui l'environnent, fubifferri une mort prématurée» C'eft ainfi encore que ces globes de feu qui parcourent, de tems en tems, la voûte azurée du ciel, font toujours les augures certains de quelques calamités prochaines ( * ). O homme, ceffe de voir dans un dieu vengeur la caufe de tes malheurs, de tes craintes, de tes -maladies ôc de tes faibleffes. Crois que fa main paternelle, en te donnant Pexiftence, ne faurait armer contre toi les élémens divers qui t'agitent tour-à-tour. C'efl toi, c'eft ta témérité, qui fouVent te pouffe fur -des armes qui ne furent jamais faites pour refpecter ton exiftence. Penfes que le dieu des mifértcàrdes* en manifeftant fes bontés infinies envers ton être périffable, ne faurait anéantir, pour épargner ta machine, les lois immuables de 1 "univers. Il veut que tout s'exécute, dans une nature où la non-ex i.'* tence d'un feul élément pourrait tout détruire. Nous avons vu jufqu'ici comment le ca- lorique, en fe dégageant de la queue d'une (• * ) Par constitution particulière de l'atmof prière, tou>- jours mife en avant par certains auteur», pour tran-. cher toute difficulté, on ne peut entendre que l'aci- dification de l'air atmofphérique, foit par l'influence d'une comète, d'un nutéore, de l'élc£tricité. en un mot, par toute caufe qui produit un degré furabon- dant de chaleur dans l'air, ou foit encore par le» acides qui s'éwhapent des matières en putréfaction. comète, d'un météore, d'un volcan & du gaz électrique pouvait détériorer Pair atmofphé- rique, en l'acidifiant, ôc caufer, par là, les plus grands défordres fur notre globe -, nous allons à préfent le confidérer comme voya- geant de fon centre jufqu'à nous, ôc voir comment fa préfence peut influer fur certains phénomènes dont la caufè phyfique femble «ncore demeurer dans Poh-fcurité : Ainfi nous allons examiner ce qui produit les pluies périodiques entre les tropiques.. Suivant M. Hutton, les pluies périodiques qui fe manifeftent fur la péninfule de l'Inde font dues à la raréfaction ôc à la condenfa» tion de l'air faturé d'eau, ou en d'autres termes, Pair atmofphérique, étant dilaté par |es chaleurs brûlantes de Péquateur, devient faturé d'eau, ôc fe condenfe enfuite par le froid de? pôles qui s'éiance vers le-point de raréfaction. Quelque ingénieufe que paraiffe d'abord cette idée, on reconnaîtra facilement fon in- fuffifance. pour nous mettre en état de com- prendre ce. phénomène. En effet, en fupofant que la chaleur d'un foleil vertical difpofe Pair qui fe raréfie à.fe faturer. d'une certaine quantité d'eau, le degré de raréfaction étan; toujours le même, il s'enfuivra néceffaire* ment que Peau, t^ntï" en diffblution d&n:. *°4 .* R E C H E R C H D S l'air, ne pourra jamais fe condenfer pour • former de la pluie, vu Pabfence du froid ou le même degré de chaleur dans ces lieux -, car, dans Phypothèfe que lair imprégné du froid des pôles fût conftament pouffé vers le point ch.aufé, fa raréfaction, s'opérant à me- fure qu'il approcherait de Péquateur, ne changerait point Pordrc des chofes, ôc par conféquent, Pair ne pouvant fe condenfer, il n'y aurait jamais de pluies ennre les. tro- piques Ainfi, la théorie de la pluie donné? par M. Hutton étant infuffifante pour expli- quer toutes les circonftance.s qui ont raport à ce phénomène, nous allons Penvifager fous. un autre v point de vue, qui peut-être fera difparairre les .difficultés qu'il nous préfente. Si l'explication que nous avons donnée fur la formation de l'eau ( * ) efl fondée fur la nature des chofes -, fi cette idée s'accorde ce coincide parfaitement avec divers phéno- mènes que nous préfente l'économie animale, nous n'aurons aucune diPiiculté à expliquer ii formation de L'eau qui fe fait en grand ilan? ia nature. D'après le volume i m mente d'eau qui exifte fur notre globe, il eft probable que, les affi- nité* chimiques étant toujours en action, fa (M Yçyes le c3.p:?re if qe cet cuvr?^, METEOROLOGIQUES. flU>£ décompofîtion Ôc récompofition doit être plus fréquente qu'on ne l'imagine. De là on peut conjecturer, avec beaucoup de fondement que les régions fupérieures de l'atmofphère font, en grande partie, compolées de gaz hydrogène, vu que fa gravité fpécifique eft naturellement moindre que celle de l'azote, ôcc. & que par là il tend toujours à s'éloigner de la terre, ôc à chercher les zones les plus chaudes» Cela pofé, la caufe des pluies périodiques dans la péninfule de l'Inde devient fort in- telligible. En effet, fi la côte de Malabar efl une des parties du globe qui reçoivent le plus de chaleur au folftice d'été ; fi cette chaleur fe propage fur celle de Coromandel, à mefure que le foleil dépaffe l'équateur, nous crevons attribuer les pluies qui régnent fuc- cefiivement fur ces côtes à la combinaifon de Poxygène Ôc de l'hydrogène qui fe fait par Pintenfité de chaleur dont les différentes couches de Patmofphèrc doivent être im-* prégnées. Ce qui fortifie de plus en plus, cette théo- rie, ce font les différentes circonftances qui les accompagnen:. On fait que les vents foufient alors avec plus ou moins d'i-mpétuo- fité. On fa:.t que bien fouvent ç'eii un petit nuage qui paraît d'abord fort éloigné de la rurf.ice de h 3Te, Se qui tout-Ti-coup vieni 9-^è RECHERCHAS , Pmonder. Dans le premier cas, c'eft le ca* lonqne qui fe met dans une forme latente en formant l'eau -, ce qui produit un vide dans Pumofphère, ou en d'autres termes, ce oui occafionne les vents. Dans le fécond cas, r'eil l'eau qui, s'étant formée dans-les. régiors. Supérieures de Patmofphère, efl forcée de fortir d*'-in corps qui ne peut plus la çonr « pir. Sur ce principe, on peut expliquer la caufe des grains de vents que les marins renc>ntrent fréquemment fur mer. Le mêrrc phénomène qui a fouvcnt lieu fur terre, n'a p s échapé à la fagacité du prophète Elie. ( * ) Les ouragans, les pluies, qui fe manifeftent f * ) Il eft p'onant de voir combien certains pro- t3c'"s étaient inHruits en phyfique. Elic, qui prédit l'orage fur le Mont-' armel ; Elifée, fon élève, qui purifie les eaux malfefantes de la ville de Jerichc, avec du fel, qui n'était probablement que le carbo- nate rie fourps une température femblable à celle par laquelle nous vivonc, O médecins, donnes à vos malades rette même température, Ce vous n'aurez jamais torté Car c'cfl de te'le ou telle température que réfulte tel ou tel jeu d'aiTsnités. ( Voyez, 1er & 2d Livres tirs Rois, y METëôR*e*L6rJTQ.tTtest ?**f ail fems des équinoxe*, entre les tropiques & fur les zones tempérées, font auffi dus à la lumière, qui, par la rétraction que lui fait ftibir Patmofphère, doit répandre fa chaleur au loin, & occafioner, dans cette faifon, des C ms fort orageux. D'ailleurs on fait qu'il ne pleut jamais dans le Pérou. Cette occurrence eft due fais doute aux Cordillières, qui maintiennent tou- jours un trop grand degré de froid dans les régions aériennes, pour qu'il s'y forme de Peau. On a de plus obfervé que les pluies, qui font le bonheur des climats tempérés, font prefque toujours le fl.au des tropiques. Ce phénomène eft vraifemblablement dû aux changemens que produit une trop vive cha- leur fur Patmofphère. Car il eft naturel de fupofcf que, s'il exilte une chaleur fuffifante pour faire combiner l'oxygène avec l'hy- drogène, il doit auffi fe faire une combinaifon d'azote avec l'oxygène ; ce qui, comme nous P.vons vu plus haut, rend toujours délétère 1 tir atmofphérique. De là il fera facile de voir que, fi notre globe fût joui partout de la même tempéra- ture, l'air atmofphérique, Sec. venant à s'aci- difier, la terre eût été inhabitable, 5c par conséquent fut refiée déferte. Le froid di*s *o8 recherches pôles- eft donc efTentiel Se indifpenfable au but de la nature. Il fallait donc un certain degré de froid pour contrebalancer les mau- vais effets qu'aurait produit un trop grand degré de chaleur. L'ordre ou la co-ordina- tion des chofes terreflres efl donc la meilleure qui puiffe exifter; CHAPITRE SUR LA LUMIERE, CHAPITRE XII. DE LA LUMIERE. ^1 ce que nous avons dit fur la combus*. •tion en général ( * ) n'eft point dénué de tout fondement j s'il eft vrai que, durant la combinaifon de Poxygène avec les bafes combuflibles, le calorique & la lumière, qui lui font mécaniquement combinés, font mis dans un état de liberté } s'il efl évident qu'ils foient deux corps effentiellement différens, il nous fera facile d!expliquer plufieurs phé- nomènes intéreffans, qui ont raport à la lu- mière. . - -. . . ( . .. Le premier, phyficien qui paraît avoir eu des notions juftes fur la. lumière eft, fans contredit, le célèbre Moïfe. Je fais que cer- tains philofppbes modernes ont révoqué en doute la narration de l'auteur facré.' fur la création, parce que, difent-ils, le grand ar- chitecte ne peut pas avoir créé la lumière avant le foleil, vu que la lumière eft une émanation du foleil. Mais ces philofophes étaient-ils bien inftruits fur la combuftion folaire ? favaient-ils que c'était nier un fait qu'ils ne comprenaient pas en:>mêmcs ? Un (*) Vovez le chapitre III, C c fcl& RfctffcR-tHfi* mortieht ât réflexion fuffita pour fnMK YnèWc à portée de juger -que le créateur a pu, fans déroger à l'ordre actuel des chofes, créer la matière *che la lumière, indépendâment du foleil, Sec. car, s'il eût dit qu'il créa le foteii & enfu te lu lumière, il eût dit une chofë qui n'exifte pas dans la nature, puitquM t*ut lu, pré-exiftence de la lurinère pour connaître i'exiftence d'un globe particulier qu'on iîomme foreri, ôc que c'eft durant la décom* çofîtion des matières combuftibles par Poxy*- gène, que la lurbière devient libre, & reflué dans l'efpacie. Ce qu'il y à encore de fin*- gulier, c*eft que les matières combuftibles pourraient brûler, ou fe d compofer, fart* i'exfftence 'même de la lumière * mais alors tout fe pafferart dans les ténèbres. Amfi les philofophie s qui t>m contredit ce 'grand foomme doivent non feulement fendre hôm* inage à fon mérite iperfonel, mais encore 4 Prnteliigence fuprérrfe qui daignait Pinfpirer. De ce fage, 3e ipaffe an fameux Defcarte * Cet homme, que Pon doit admirer par 1* Sagacité rëtonante de fon génie, paraît avot eu des idées affez exactes fur la lurnrère. Jl a foutenu non feulement que la lumière était un corps répandu dans l'efpace, maft encore il a pu calculer le premier les réfrac- tions Se les réflexions que fubiffait la-lumière pour produire Parc-en-ciel. SUR *4 LUMIïP. $>fe C^pendant^ pour appuyer ces deux opinions,. ^ont l'une a la divinité pour garant, & Pautre Un. génie des plus rares, je me permettrai tncore quelques raifonemens. Les Nevyto? Siens nous difent ( ce qui n'eft après tout que l'opinion de Démocrite Se d'Epiçure ) que lia lu m ère paffe du foleil à nous par des émanations fuccefîïves, dans environ huit minutes Se douze fécondes. Ce calcul, fait, pour la première fois, par Roemer, eft probablement erroné. Première- ment, fî tout ce que nous appelons fluidcs g.iz, Sec, acquiert cette manière d'être, pi\F pMtervention du calorique, comment peut-il fc faire que la lu m.ère pénètre la matière plus ripide-nenr que le calorique, qui eft, 4anv U nuture, le feul agent dont la courfe ç'Lit interrompue par aucune fubftance ? D'ail'eurs on fait que le mouvement eft dû a une impulfkm quelconque. Or quelle eft li force d'impulfïon dans un corps qui brûle, ptur communiquer à des molécules impal- pables, un degré ae vélocité inconcevable ? Secondement, fi la lumière émanait d'un fluide particulier qui fe détache de la maffe du foleil, il en réfuterait ces conféquences ré- Çfffaires : que la lu m'ère eft ou une modi- fication ù«u feu j ce qui, d'après la propa- gation ou le n^uveraent connu de la chaleur^ C-C 3 \ fcl'i RECHERCHES détrairait celui qu'on accorde à la lumière ( * ) y ou, s'ils font deux corps effentiellement différens, la lumière ne faurait paraître fur la terre pendant la nuit ; ce qui fe trouve contredit par l'expérience journalière des feux de cheminées, &c. D'après ces difficultés infurmontables, il faut donc rechercher un moyen plus fimple pour rendre raifon de ce phénomène. C'eft un fait généralement connu, que Pintenfâté ( * ) En fupofant, avec M. Martin & beaucoup d'autres, ,f que la chaleur, le feu, la flamme, Sec. ne font que des effets differens & des modifications des molécules de la lumière, " il vaudrait autant fupofer, pour avoir plutôt fini, que les fluides & les folides que nous connaîtrons font aufïi des modifications d'un- folide ou d'un fluide particuliers. M. Martin dit en- core que " le feu diffère de la chaleur en ce que ia chaleur confifle dans le mouvement des molécules. d'un corps avec un moindre degré de vélocité, & le feu dans le mouvement des molécules avec un plus grand degré de vélocité. ( Martin's Philosophia Britannica. ) Cette idée, qui a été modernisée par le comte de Rumford, me paraît inconcevable ; car comment prou- ver que les molécules d'une pièce de granit puiffent fe mouvoir entre elles pour produire la fenfation de la chaleur. D'ailleurs qui dit mouvement implique l'éloignement des molécules du corps en mouvement. Or quel eft le pouvoir employé pour produire cet effet ? De plus, qui dira que la chaleur confifle dans ïe mouvement on l'éloignement des molécules d'un corps, dira la même chofe. De là il s'enfuivrait que, loin de produire la chaleur, en fefant converger les rayons du foleil par une lentille, on devrait plutôt produire cet effet en les fefant diverger ; ce qui fe- trouve contredit par l'expérience journalière. Ainfi il ferait à défirer, pour les feience*, que tout homme- oui avance une nouvelle théorie pût l'appliquer fans cîiSicultô à tous les cas ou'elie cmbraSe. * * S'irit LA LTTMrKftE. 2IJ de la lumière efl en rai fon des fubftances en combuftion, 5c qu'elle décroît aufîi en raifon de la diftance du feu. Cela pofé, le foleil, étant infiniment plus gros que la terre, doit produire un volume de lumière en raifon de la quantité d'oxygène qu'il abforbe. De là' la maffe énorme du fluide lumineux qui fe dégage de ce foyer en combuftion efl incal- culable. De là Pefpace qui ne comprend p-oint de bornes doit être conflament rempli de ce fluide. Ainfi il efl abfurde de fupofer que la lu- mière vienne, tous les matins, des environs du foleil, pour nous éclairer. Car, fî notre planète était flationaire, les habitans au-defius de Phorifon n'auraient jamais connu les té- nèbres ; mais, comme il n'en eft point ainfi, & que notre globe, en décrivant une élipfe autour du foleil, eft forcé aufîi de tourner une fois fur fon axe dans environ 24 heures j les régions qui font éclairées devant varier conflament par les deux mouvemens auxquels il eft affujeti, le jour Se la nuit ne doivenc jamais être fixes ftir aucune de Ces parties. Loin donc que la lumière vienne , tous les matins, des environs du foleil, pour nous éclairer, c'eft nous qui nous trouvons expofés, par la rotation de la terre fur fon axe, au torrent de lumière, qui fe dégage %*4t REÇHERCH RS» de l'oxygçne, lorfqu'ilfe combine avec Içs ftip* ft-inces combuftibl.es du foleil, & qu'il vient augmenter la mafTe qui exitle déj£ dans \\s9 pace. Or, cet ordre de chofes, ayant ex-ifài depuis la co - ordination de notre fyllèm^ planétaire, n'eft-il pas évident que tous les calculs qu'on a faits fur la vélocité de la lumière font imaginaires ? Car, de quelle man ère que Pon envifkge îes éclipfes des fatellites de Jupiter, il efl confiant que le fatellite qui devient éclipfé par rap t oxide, en empêchant, par fa nature, le calorique de s'y combiner chimiquement à un plus haut degré, demeure en conféquence dans la condition d'eau, ou ne faurai: jamais parvenir à Pétat d'acide. Si quelques penfeurs ont eu la fotte témé- rité de s'élever contre les effets meurtriers 5 f 3- » 2.36 'Lettre de Peau ôc du feu, ils ignoraient fans doute que la nature tire fa plus grande énergie de Ces élémens. Oui, fans eux, tout ce que nous appelons ordre n'eût été qu'un cahos m mftrueux. De plus, ne pourrait - on pas trouver la caufe finale de la pénétrabilité de tous les c >rps par le calorique. Car, fi celui - ci n'eût pas pénétré toute matière, avec toute la facilité dont il eft fufceptible, la nature vi- vante eût fouffert confidérablement, puifque fa préfence partout ( car il eft difficile de trouver un endroit où il ne foit pas ) prépare, foit en grand ou en petit, les alimens qui fervent à la vie dans la nature. En outre, fi ces matières eufient occupé un grand efpace dans l'univers, ce globe n'eût pas uniformé- ment éprouvé, comme il arrive, l'influence des pluies : il eût été éternellement à Cec dans certains endroits, ôc toujours inondé dans d'autres. La pénétrabilité de toute matière par le calorique eft donc néceffaire Se indifpenfable à Péconomie merveilleufe de cet univers. Mais, dès que l'affinité entre l'oxygène Ôc l'hydrogène eft détruite, ou en d'autres termes, lorfque des exhalaifons putrides ou r acide nitrique viennent à s'introduire dans le fyftême par l'organe de la refpir-uion, Se SUR LA FIEVRE JAUNE. £37 que, d'après leur nature, ils doivent nêces- fairement augmenter la quantité fpécifique de Poxygène ôc du calorique qui s'y trouvé déjà, l'affinité ou la combinaifon chimiq; e des deux premiers fe détruira , Se Pox;. - gène, ayant alors une plus grande affinité pour Pazote, fe combinera avec celui-ci, ôc de cette manière décompofera le fys- tême, ou en d'autres termes, fera mourir la perfonne ainfi affectée. Mais fi, par une faignée, j'enlève ou diminue la maffe du fang, ôc conféquemment la quantité d'oxygène ôc de calorique qui s'accumule alors dans le fyftême, il doit néceffairement en réfulter un changement favorable au malade, puifqu'on diminue la caufe de la maladie, ôc, qui plus eft, que ce moyen facilite le rétabliffement d'affinité entre Poxygène ôc l'hydrogène, Ôc fouvent celui de la tranfpiration , chofe fi importante dans l'économie animale. On a remarqué que, dans la fièvre jaune, le malade perdait d'abord fon énergie natu- relle, ou que l'excitabilité du Dr. Brown, ôc la pui (Tance fenfîtive du Dr. Darwin, étaient extrêmement diminuées. 11 eft bien furprenant que ces homme?, d'ailleurs de génie, aient créé des mots fans créer ou comporter des idées au cerveau. Ces mots vagues, en trompant leurs créa- £38 LETTRE teurs, ne font-ils pas faits auffi pour induire leurs partifans en erreur ? Car demandez leur ce qu'ils entendent par les mots excitabilité? sensibilité nu puissance sensitive : ils vous ré- pvidront que c'ell pour exprimer une opéV ration de Péconomie animale, qui doit fe p- êtcr à ces mots, ou de laquelle ils ignorei t 1 ègle d'action. De forte que, fi vous vo> • lez appliquer ces mots à un objet, vous ferez a;iîî obligé de le créer, comme ces mot*. Alors vnus aurez fait une belle chofe, quand vous aurez créé un être chimérique pour préfider ou pour, gouverner les opérations du corps humain. Et c'eft pourtant devant des idoles aufîi ridicules, qu'une médecine xeligieufe fe profterne fervilement ! Mais analyfons plus fcrupuleufement le fens de ces mots excitabilité Ôc sensibilité. Ces mé- decins célèbres nous difent que l'opium, le vin, ôcc. produifent une débilité directe, où ? une accumulation d'excitabilité ôc de fenfibilité dans le fyftême. Sur le même principe, ils diraient que Pacide feptiqué, lorfqu'il eft in- troduit dans Peftomac, produit auffi une débilité directe, ou accumulation d'excitabi- lité, ôcc, ou en d'autres termes, plus le fys- tême tend vers fa décomporfition, plus il eft excitable Se fenfible. N'efl-ce pas là une contradiction évidente, fuivant Pordre des SUR LA PIEVRE 'JAUNE. <Ï$Ç chofes, ôc dire clairement Pinverfe ? En effet, fi Phomme, comme toute la nature vivante^ Ct-fle de fentir ou d'agir fpontanement, dès que Ion organifation fe dérange, ou que fa machine fe décompofe, n'eft-il pas alors dé- montré que plus il approche de cet état, plus fon corps doit venir infenfible ou moins p >pre à l'action ? Ainfi, lorfqu'attaqué d'une fièvre pellilentielle, ou pour éviter Pambi- guite dans les termes, lorique l'acide nitrique, Sec. s'introduit dans le fyftême, ôc que, d'après fa nature, il doit néceffairement le décom- pofer, n'eft il pas évident que le corps doit perdre fes forces, fon énergie ôc le degré d'action dont il était naguères fufceptible ? L'oxygène ôc le calorique, ces agens toujours actifs, deviendraient - ils nuls ou impuis- fans loriqu'ils s'accumulent, dans le fyftême? Croira-t-on que, s'ils ne refpectent aucunes fubftances dans la nature, ils n'attaqueront point nos organes, lorfque, faibles par eux- mêmes, ils en deviennent furchargés ? O homme, ne crois-pas que ces élémens, qui nous environnent de toute part, puiffent perdre à chaque inflant leur effence pour épargner ton être phyfique ? S'ils changent. ôc decompofent tous les êtres qui fe trouvent dans la fphère de leur action, crois qu'ils ne fauraient non plus refpecter ta machine, ÔC 1i{0 LETTRE qu'ils font la caufe des plus grands change- mens qui s'y paffent. Un objet abfolument effentiel pour remplir ici ma tâche, fe préfente maintenant à ma confédération. C'eft la couleur jaune qui furvient à la peau durant la fièvre, qui lui a fait donner le nom de fièvre jaune. Comme ce fujet eft encore dans Pobfcurité, je vais tâcher de le déveloper de la manière fuivante : Prefque tout le monde fait que le fer, à un premier degré d'oxidation, donne une couleur d'un rouge foncé, ou fe combine avec l'oxygène de manière à pouvoir aufîi être combiné avec les rayons de lumière propre à produire cette couleur. Mais, fi le fer devient plus faturé d'oxygène, fa couleur devient alors ocreufe ou d'un jaune pâle, ou en d'autres termes, l'oxygène, ayant plus d'affinité avec le fer que n'en a la lumière, force certains rayons à fe dégager, ôc conferve le rayon jaune ( * ). Or nous favons que le fang; contient une certaine quantité de fer, Ôc qu'il y eft à un premier degré d'oxidation, puifqu'il y produit une couleur d'un gros rouge, ou plutôt qu'il contient, dans cet état, (*) Peut-être trouvera-ton un jour la loi des affinités chimiques des rayons lumineux, comme on a trouve )a foi de leur réfrangibilité. SUR LA FIEVRE ; JAUNE. SAf état, plus de lumière que d'oxygène, propor- tion toujours gardée. Mais, fi la quantité fpécifique d'oxygène vient à augmenter, quel doit en être le réfultat ? Le fer changera fans doute de couleur, fuivant fon degré de Maturation, par l'oxygène, ôc deviendra jaune fi la quantité d'oxygène eft fuffifante pour le porter vers le point de faturation. Ainfi nous croyons que, durant la fièvre jaune, il s'opère dans le fyftême un effet analogue, ôc que la couleur jaune qui furvient enfuite au cor^s eft due à un oxide de fer plus fur- ciargé d'oxygène que de lumière* Mais, fi Pon croyait que cette caufe fût infuffifante pour opérer ce phénomène, il pourrait fe faire aufîi que la fubftance adi- peufe changeât aufîi de couleur, par l'action de l'oxygène. Car nous favons que le lard qu'on expofe à l'air atmofphérique prend une couleur jaune, ou attire certains rayons de lumière : ôc qui empêcherait que ce phénomène eût lieu dans le fyftême ? On peut donc inférer que l'effet combiné des deux caufes ci-deffus eft fufîilant pour donner à la peau u ie couleur jaune, durant cette fièvre. Nous allons parler maintenant de l'effet des cathartiques dans le traitement de cette fièvre. Il paraît que l'évacuation des premières voies, dans la fièvre jaune comme dans les C-4* " .....fc-B T T R E autres maladies, fait une partie effentielle d'ti traitement. Mais ce qui paraît avoir le plus* occupé les praticiens, c'eft le choix des ca* thartiques. Il me femble qu'au commence- ment de la maladie, les purgatifs draltiqueS font préférables à tout autre, parce qu'ils -enlèvent foudainement des inteftins d«s fub- ftances qui, par leur rétention, fe décompofe- raient & deviendraient ( indépendament de Pacide feptiqué ou nitrique qui travaille ce fon côté à renverfer l'ordre ou l'harmonie du fyftême ) plus ou moins pernicieufes, en rai- fon du degré de putréfaction qu'elles pour- raient fubir, par leur féjour dans les premières voies, p'ailleurs il faut imaginer la diffi* c ilté, pour ne pas dire Pimpoflibilité, de neu* tralifer un acide qui s'alimente, avec la plus grande rapidité, des bafes acidifiables du fyftême. Le plus fur moyen de le fubjugutr eft donc de diminuer la quantité ou la force des agens qui peuvent favorifer fa génération, favoir Poxygène ôc le calorique ; ce qui peut s'effectuer par la faignée ôc des purgatifs ji'une prompte opération. Ayant ainfi accompli ces deux indications { ce qui doit être fuivant l'état du malade ) il paraîtra évident que Pufage des injections alkalines peut devenir même un point effen- tiel du traitement. Le carbonate de potaffe, sur la fiBVRB Jaune; $4$ pris intérieurement, par doCes répétées, pro» • duirait fans doute un bon effet. Le phos- phate de foude, par fon goût agréable, ferait peut-être préférable à tout autre fel neutre. Car, outre que Pacide abandonnerait facile* ment fon alWali, fa bafe pourrait fe combi- ner avec le fyftême ; ce qui ne contribuera ç pas peu à réparer les forces, qui s'ufent, dans cette maladie, avec beaucoup de rapidité. 1.'huile de Ricin eft un remède qui ne de- vrait jamais être négligé, lorfque Peftom c du malade eft en état de le fuporter. Ce remède réunit en lui-feul les qualités d'un purgatif ôc d'un alkali. Quant au vomiffement qui furvient dans cette fièvre, rien ne femble plus propre à l'arrêter que le vin. Après s'être affuré qu'il n'exifte rien, dans Peftomac qui puifife favo* ri fer la génération de certains acides, on peut alors, même dans les cas où il y a vomiffement mir, employer le vin ; ôc voici comment j'explique fon modus eperandi. Lefr vins-qui ne font point falfîfiées font compofés, en grande pirtie, de carbone ôc d'hydrogène: Or fi, dans un cas de vomiffement, on in- troduit cette fubftance dans un eftomac qui tend à reftituer tout ce qu'il contient, on neutralife Pagent qui excite le vomiffement^ c'eft-à-dire que le vin devient eau ôc acide G g a *44 LETTRE carboneux, en décompofant Pacide fepteux ou nitreux qui, dans cette maladie, doit exifter dans Peftomac ou le canal alimentaire, ( Voyez la décompofition de cet acide, par le carbone, dans le Chap. III, Sec. H ).. Vous me direz peut-être que le vin doit être un remède dangereux en pratique, mal- gré qu'on puiffe expliquer fort opération d'une manière raffonée. Point dutout. Les anciens en fefaient ufage dans les vomifTemens bi- lieux, avec avantage, Praterea vomitiones sistif, dit Pline, dans (on hiftoîre naturelle, fis employaient encore ce remède contre certain» poifons. Merum est eontrà cicutam, aconit a emnia qua réfrigérant remedtum, dit te même auteur. Plutarque, dans la vie. d'Antoine, dit expreffément que c'eft faute de vin que ce général perdit une partie de fon armé-, par le vomiffement bilieux, dans fon expé- dition contre les Pannes Ainfi, monfîeur, vous voyez que le vin, bien adminiftré, peut fervir d'alkali. Quant aux boiffons ordinaires, on pourrait très-bien leur affocier l'ufage du lait. Car on fait que le lait, en vertu de fa partie huileufe, eft très-propre à corriger l'acidité qui règne dans les premières voies. Mais, avant que d'en faire ufage, il ferait à propos de le faire bouillir, jufqu'à ce qu'il ne gon- SUR LA *ÏÉVR1S JAUNE.^ 2$$ flât plus j parce qu'étant, par cette opération* dégagé de fon air atmofphérique, il ne fau- rait plus fe décompofer, dans Peftomac, avec la même facilité. De plus on ne devrait jamais le fucrer, vu que. le fucre contient, beaucoup d'oxygène, qui, fans doute, ne fe- rait qu'accélérer fa décompofition , ôc le, rendre, par. là, impropre au but propofé. Il m'eft inutile de vous obferver que le ma- lade doit être placé dans un lieu fain, ou exempt de toutes exhalaifons putrides. Tels font, monfieur, en racourci, les moyens que je crois les plus propres pour fauver les victimes d'un poifon aufîi funefte à l'hu- manité. Mais il faut toujours fe perfuader qu'il eft plus facile de prévenir le mal que de le guérir. Si, dans cette lettre, il fe trouve des idées qui paraîtraient peut être*un peu hafardées, aux yeux de ceux qui fe font accoutumés à voir la nature comme une maffe toujours dans un profond fommeil, je ne crains pas de m'être rendu coupable au tribunal de celui qui a la force de remonter, par la penfée, à l'origine des chofes. Je ne crains point de heurter les opinions de celui qui s'eft fait une loi rigoureufe de les foumettre confla- ment aux faits ôc à l'expérience. Enfin vos connaiffances, tant phyfiques que morales, 04$ L E T T 11 e excuferont volontiers les écarts que j'aurai pu faire dans un chemin défert ôc peu fré« quenté. Pénétré de la plus vive eftime, je fuis, Votre três-aflfectioné, ôcfc. Françcis BLANCHET* F I N. ERRATA. Dîfcours Pré-imin. page xj, ligne 15 : fluides, lisez folides. Idem, page xv, ligne 2,4 : la nature, lisez fa nature. Page 19, au bas de la note : d'une formation, Usée d'une conformation. Page 36, lignes 4 & 5 : compofition, lisez décompofition. Page 69, ligne 19 : fi expreffivemcnt, lisez d'une ma- nière fi expreflive. Page 70. ligne 13 ; mais toutes ces bafes «tant bientôt faturées, ajoutez la combuftion. Page 101, au bas de la note : des Iles Occidentales, lisez des Indes Occidentales. Page 112, ligne 20 : te fent confomé, lisez fe fent confumé. Page 117, lignes 12 & 13 : n'eurent pas le tems, lisez n'eurent pas le courage. Page 118, ligne 8 : Iles Occidentales, lisez Indes Oc- cidentales. Page 129, ligne 23 : fud-eft, lisez fud-ouefl. ^age 223, Hgne pénultième : feu, lisez fer ; Sancheril, liiez Sancherib. S. 3 ,, *«"' >.L 3*>» 3«3V-e^3 :&•'**, "i3*; '^ 3^m«-' ïl- «**333 3c«jfc 3 ?&3&S& (M^'ity *:-d:m ft ». •■%■ . -.33 «33 «5; c ^ •# " fëKÀ i/ - " a * 3* 3 ;3 ^^* * ° " .\ 3 3 __. -ors: = °, ^... s 33 3, *#>;% >t3.. 3- ■• V :%,,3 » 3«L * - T-.V., ©7 ■. * ■o9-*'v r * '"'- j3-V 3te* #%3..,_. 3 o yx>-3 ''VO T "™ 3\ ' A mi ;™ ^^33'^ >;3v> ^ n - a'Aaa'A ^2m«ôkm iftôA^/ ^■?^' * * ^ A A