SUR LA COAGULATION DU SANG APRÈS LA SECTION OU NERF GRAND SYMPATHIQUE. cRappoti PRÉSENT!! A l'académie ROYALE dp. BELGIQUE, LE 15 DÉCEMBRE 1S5S Par le Dr GLUGE, IMambre do l'.lcndémio. Extrait du t. XXIII, nos 11 et 12, des Bulletins de l’Aca- démie royale de Belgique. « La physiologie, parla complexité des phénomènes qu’elle doit examiner, a demandé un temps plus long pour se constituer que d’autres sciences, comme, par exemple, la géologie à peine née vers la fin du dernier siècle. En outre, la différence des phénomènes que présentent les corps organisés avait fait assigner à ces derniers des forces spéciales vitales, dénominations vagues qui ont longtemps empêché l’application de la méthode d’observation propre aux sciences naturelles à la physiologie. On doit à Magendie l’introduction de l’expérimentation méthodique dans la physiologie; plus tard de brillants chimistes ont appliqué la chimie à l’analyse des phénomènes du corps vivant; mais il en est résulté une erreur grave (1) à côté des faits importants : de vouloir identifier la chimie organique et la physiologie. Après la découverte de M. Schwann sur le rôle que joue la cellule dans le développement des tissus, il fallait nécessairement recommencer à étudier l’influence que l’organisation en général exerce sur les phénomè- nes chimiques et physiques du corps, étude dont les ré- sultats sont souvent différents de ceux constatés dans le (1) Je rappellerai qu’un célèbre chimiste avait assigné un rôle important dans la nutrition à la gélatine, comme substance azotée, opinion suffisam- ment réfutée par les expériences de Magendie. 4 laboratoire. C’est sur cet ordre de recherches, inaugurées si heureusement en France, par M. Claude Bernard, que l’Académie a voulu attirer l’attention des observateurs, en leur proposant « d’étudier, au moyen de nouvelles expé- riences, l’influence que le nerf grand sympathique exerce sur les phénomènes de la nutrition. » Un seul mémoire, rédigé en latin, vous est parvenu, et je regrette que l’organisation de notre enseignement supé- rieur, presque exclusivement formée en vue des examens, ne nous ait pas permis d’espérer un travail fait par un des nombreux docteurs sortis de nos universités. Mes savants collègues vous ont déjà suffisamment fait connaître le tra- vail qui est soumis à votre jugement. Ce qui distingue ce mémoire plein d’érudition et de vues ingénieuses, c’est l’an- nonce d’une découverte importante qui servirait de base aux vues théoriques de l’auteur.D’après lui, la section des nerfs sympathique et pneumogastrique au cou, détermine la coagulation plus rapide du sang revenant de la tête, et en conséquence, soustrait à l’action du nerf sympathique. L’auteur lui-même a fait cinq expériences sur de grands animaux (deux chevaux et trois veaux); mais il n’a réussi que trois fois. Pour se permettre un jugement sur une telle découverte dont notre savant collègue M. Spring a fait ressortir,avec sa sagacité ordinaire, l’influence possible sur la patholo- gie, il fallait répéter les expériences de l’auteur, ce que M. Schwann a fait. Ses résultats sont négatifs; mais comme ces expériences ont été faites sur de petits animaux, notre honorable collègue n’en conclut rien contre l’auteur, seu- lement il demande avec raison des preuves plus complètes, plus décisives. J’ai donc pensé que je remplirais le mieux mon devoir comme troisième rapporteur, en répétant les 5 expériences de l’auteur dans des conditions identiques. Mon ami M. Thiernesse, professeur d’anatomie à l’École vétérinaire, a bien voulu les entreprendre avec moi. M. Didot, directeur de l’école, a eu l’obligeance de mettre à notre disposition les animaux nécessaires. Toutes les observations ont été faites au lieu même des opérations. Voici le résultat de nos expériences. lre expérience sur un cheval, faite le 1er décembre I85G. Les nerfs sympathique et pneumogastrique sont cou- pés au milieu du cou, au côté gauche, à 10 h. 17 m. Tem- pérature de l’oreille avant l’opération -t-350,25; après l’opération -+- 34°. Transpiration de la tête du côté opéré, que couvre une sueur abondante. Deux ligatures sont ensuite placées sous la jugulaire gauche; l’inférieure est serrée, une piqûre y est pratiquée à 10 h. 25 m., le sang est recueilli dans un verre de -h 10° G., la ligature supérieure est ensuite serrée pour prévenir l’hémorragie. A 10 h. 31 m., une saignée est faite à la veine jugulaire droite, et le sang recueilli dans un verre d’égale dimension et d’égale température. Voici maintenant l’état du sang : Côté opéré gauche : 10 h. 25 m., le Sang s’épaissit rapidement, de ma- nière que déjà le doigt n’y pénètre qu’avec difficulté, 2 m. après l’opé- ration. A 10 h. 43. m , le caillot est formé et a pris la forme du vase. Côté sain droit : le sang commence seulement à s’épaissir à 10 h. 55 m., 4 m. après l’opération. A 10 h. 45 m., le doigt pénètre encore avec facilité dans le sang in- complètement coagulé, qui ne forme pas encore une masse cohérente. a. 6 A 11 h. 26 m., le caillot est cou- vert d’une couche