LA LAME SPIRALE DU LIMAÇON DE L’OREILLE DE L’HOMME ET DES MAMMIFÈRES RECHERCHES MICROSCOPIQUE Par B. LŒWENBERG Docteur en médecine des Facultés de Berlin et de Paris. PLANCHES XXV et XXVI. (Fin.) CHAPITRE V. LE CANAL DE LA LAME SPIRALE ET L’ORGANE DE CORTI. § 1. — Considérations générales. Tandis que trois des quatre canaux que nous distinguons dans le tube cochléen (voyez ce journal, 1866, pages 605-651) ne con- tiennent autre chose que le liquide labyrinthique, le quatrième, le canal de la lame spirale, renferme, en outre, un ensemble d’or- ganes d’une complication sans pareille, désigné généralement sous le nom de l’organe de Corti. On a voulu changer dernièrement cette dénomination, alléguant que M. Corti n’aurait pas découvert tous les organes qui compo- sent cet ensemble; mais, outre que cet auteur a découvert la plu- part des parties en question, il a le premier porté la lumière dans ce chaos de cellules, de fibres et de noyaux, et il n’est par consé- quent que juste d’attacher son nom à l’ensemble de ces parties. Nous nommerons donc « Organe de Corti » tout l'ensemble de parties qui repose sur la zone lisse et la zone striée de la lame basilaire. L’organe de Corti se compose de différents groupes de parties à la plupart desquelles on a donné le nom des auteurs qui les ont 627 B. LOEWENBERG. — LA LAME SPIRALE découvertes, tandis que d’autres ont reçu leurs noms de certaines particularités de forme ou de position. Nous conserverons toutes ces dénominations autant que faire se pourra. § 2. — lies procédés utiles pour obtenir des préparations de l’organe de Corti. Lorsqu’il s'agit d’obtenir des vues de face, on n’a qu’à ouvrir le canal cocbléen en perçant l’enveloppe osseuse du limaçon à n’importe quel endroit. Une fois l’accès frayé, on isole la lame spirale en coupant sa partie osseuse avec des pinces tranchantes ou des ciseaux très-forts, et en séparant ensuite avec beaucoup de délicatesse les parties molles qui attachent la lame spirale à la paroi extérieure du tube cochléen. Cette opération présente beau- coup de difficultés, et les premières tentatives de ce genre don- nent toujours des préparations où l’organe de Corti se trouve en- levé, soit par l’instrument lui-même, soit par des esquilles d’os. Les vues de profil s’obtiennent de deux façons différentes. Il arrive quelquefois qu’en préparant des vues de face, on imprime, par hasard, à une partie de l’organe de Corti, une secousse telle qu’elle se tourne suffisamment pour être vue de profil. D’autres fois, on obtient le même effet par des mouvements qu’on fait faire à la plaque de verre mince qui couvre la préparation. C’est principa- lement sur des vues pareilles que Deitersa pu faire ses recherches. L’autre procédé, trop peu cultivé jusqu’ici et qui est plus délicat en même temps que plus sûr, consiste à faire des coupes de ces parties, et c’est ici que ma méthode (décrite dans la première partie de ce mémoire, pages 608-610) m’a paru singulièrement utile, en ce quelle permet de faire sur ces organes délicats les coupes les plus minces, et où la position mutuelle des parties est admirablement conservée. Je conserve mes préparations soit dans du baume, soit dans un liquide aqueux (glycérine étendue d’eau ou eau pure). Ces der- niers liquides nécessitent l’emploi d’un mastic pour empêcher l’évaporation de l’eau, et j’ai substitué avec avantage au bitume qui se fendille facilement un simple vernis pour tableaux qui ne présente pas cet inconvénient. DU LIMAÇON DE L’OREILLE DE l’iIOMME, ETC. 628 Je recommande pour préparer les vues de face les limaçons du chat, du chien, du lapin et du cochon d’Inde; pour obtenir de bonnes coupes, je préfère l’oreille de l’enfant nouveau-né. §3. — lies arcades de Corti. L’organe de Corti repose sur la lame basilaire (fig. 20). Il se compose de plusieurs groupes de formation, dont l’un, « les arcades de Corti (ibid., 3 et h) », bien qu’excessivement fragile lui-même, diffère néanmoins des autres, en ce que la fragilité de ces derniers est telle qu’un attouchement imprudent ou un com- mencement de décomposition rendent leur étude impossible. Nous traiterons d’abord des arcades de Corti. Les arcades de Corti occupent toute la longueur de la lame spi- rale, de la base du limaçon jusqu’au sommet. En largeur, elles y couvrent l’espace compris entre 7 et 12 de la figure 7 (pl. XX de l’année 1866 de ce journal), c’est-à-dire à peu près toute la zone lisse de la lame basilaire, à partir des ouvertures supérieures des canalicules nerveux {ibid., 6) jusqu’au commencement de la zone striée de la lame basilaire. L’arcade se trouve placée en sens transversal ou radiaire. Elle se compose d’un pilier interne et d’un pilier externe (fig. 20, 3 et h). Un pilier interne et un pilier externe réunis s’appelaient jus- qu’ici « un organe de Corti ou une dent de la deuxième rangée » ; mais beaucoup d’auteurs nommaient en même temps « organe de Corti » tout ce que renferme le canal de la lame spirale ! Un or- gane de Corti se composait, d’après les uns, d’une fibre externe et d’une fibre interne; d’après les autres, d’un bâtonnet externe et d’un bâtonnet interne. En somme, presque autant de dénomi- nations que d’auteurs. Je crois opportun d’adopter les noms dont je me suis servi plus haut, d’une part pour couper court à toute confusion de noms, d’autre part parce que mes dénominations, empruntées seulement à la position des parties les désignent clai- rement et ne préjugent en rien la décision que des études ulté- rieures seront appelées à porter concernant leur nature. 629 B. LOEWENBERG. — LA LAME SPIRALE §4. — l. Jj litJz. Anatomie du Limaçon de l’Oreille .