ARMY MEDICAL^IBRARY WASHINGTON Founded 1836 Section. Number U^3M Form 113c, W. D., S. G. O. 3—10543 (Eevised June 13, 1936) îM\ Mi I 7 .uà ELEMENS ' +ù 3 1 h -.., DE CHIMIE MÉDICALE; Par M.fP.)ORFILA, Médecin par quartier de Sa Majesté LOUIS XVIIÏ 5 Membre correspondant de l'Institut de France 5 Membre y de la Société médicale d'Emulation, de l'Université de Dublin, de l'Académie de Barcelonne, de Murcie, etc.5 Professeur de Chimie et <^e Médecine légale. TOME PREMIER. n, de manière à avoir le composé CD. Ce composé peut encore être sans action sur AB ; mais il peut souvent en exercer une très-remarquable. 11 peut, en se décomposant, décomposer AB. AB CD. En effet, il peut en résulter deux nouveaux composés AD, CB , ou bien deux autres A C, B D, etc. Nous croyons inutile de répéter que ces diverses décom- positions ont lieu en vertu de deux, trois ou un plus grand nombre des forces dont nous avons parlé; notre intention ici est d'énoncer simplement le fait, parce qu'il nous sera utile par la suite. Nous reviendrons, à la fin de cet ouvrage, sur chacune de ces forces, sur leur degré DE LA CRISTALLISATION. >j d'énergie, et sur les lois qui président à la composition et a la décomposition des corps. Nous croyons pouvoir le faire alors d'une manière assez simple, et nullement abstraite j avantage que nous n'aurions pas dans ce moment. De la Cristallisation*. La cristallisation est une opération dans laquelle les mo« lécules des corps liquides ou aériformes se rapprochent de manière à donner naissance à un solide régulier que l'on nomme cristal; d'où il suit que la cohésion , ou l'attraction des molécules intégrantes , joue un très-grand rôle dans la cristallisation. Si le rapprochement de ces molécules se fait d'une manière brusque et irrégulière , loin d'obtenir un cristal, il ne se forme qu'une masse confuse à laquelle on donne quelquefois le nom de précipité. i°. On n'est pas encore parvenu à faire cristalliser tous les corps ; mais un très-grand nombre de ceux que l'on ne peut pas obtenir sous cet état se trouvent parfaitemenj; cristallisés dans la nature. 2°. Si la substance que l'on veut faire cristalliser est solide, il faut la rendre liquide ou aériforme, au moyen du feu, de l'eau , de l'esprit-de-vin ou d'un autre liquide. 3°. La cristallisation par \efeu peut avoir lieu de deux manières différentes ; ou la substance se transforme en vapeurs, se volatilise et ne cristallise qu'à mesure que ces vapeurs se condensent et passent à l'état solide ; ou bien, après avoir été fondue, elle se refroidit lentement et donne des cristaux réguliers; dans ce cas, lerefroidissenientcom- mence par la surface du liquide qui forme une espèce de croûte : on doit percer celle-ci aussitôt qu'elle se produit, et décanter les parties internes encore liquides, pour obtenir sous la forme de cristaux réguliers, celles qui restent dans le vase où la fusion a été opérée. S PREMIÈRE PAnTIE. 4°. La cristallisation par les liquides peut également se faire par deux procédés distincts : ou bien le solide est dissous dans le liquide bouillant, et alors il peut cristal- liser par refroidissement ; ou bien la dissolution est aban- donnée à elle-même ou soumise à une douce chaleur; par ce moyen le liquide s'évapore, les molécules solides se rapprochent et donnent des cristaux réguliers. En général, les solides qui cristallisent dans l'eau en retiennent une portion. 5°.Le même corps peut, en cristallisant, donner des so- lides dont la forme varie ; ainsi, le corps A B pourra cris- talliser en rhombes, en prismes hexaèdres , en dodécaè- dres , etc. On désigne ces formes sous le nom déformes secondaires. Chacun de ces cristaux maintenant pourra être transformé, par la division mécanique, en une forme qui sera la même pour tous , et que l'on connaît sous le nom déforme primitive; ainsi, on pourra retirer, dans quelques cas, un rhomboïde du prisme hexaèdre , du do- décaèdre, et du rhomboïde dont nous venons de parler. Le cristal qui constitue la forme primitive peut encore être subdivisé, et fournir de plus petits cristaux que l'on appelle molécules intégrantes : la forme de ces molécules peut être différente de celle de la forme primitive. C'est dans l'ouvrage de M. Hauy, l'illustre auteur de la cristallogra- phie , que l'on trouvera des détails sur celte belle partie do ['histoire naturelle. Après ces notions préliminaires , nous devons commencer l'histoire des corps élémentaires, que nous diviserons en pondérables et en impondérables. DU CALORIQUE. 3 CHAPITRE PREMIER. Des Fluides impondérables. Ces fluides sont : i°. Le calorique; 20. La lumière; 3°. Le fluide électrique : 4°. Le fluide magnétique. Si nous préférons commencer par l'exposition des phé- nomènes développés par ces fluides impondérables , cela doit être attribué à l'influence qu'ils exercent sur les autres corps de la nature , et surtout à ce que leur histoire, qui est plutôt du ressort de la physique que de la chimie, établit un passage naturel de la première à la dernière de ces sciences. L'impossibilité de peser et de saisir ces fluides en a fait nier l'existence à quelques physiciens ; mais la plupart d'entre eux s'accordent à l'admettre, parce qu'elle facilite l'élude des phénomènes qui composent leur his- toire. Nous sommes loin de vouloir entretenir le lecteur sur les discussions établies à cet égard entre les physiciens; les détails dans lesquels nous serions obligés d'entrer se- raient déplacés dans un ouvrage de ce genre, et peu pro- pres à répandre quelque jour sur le fond de la question. Aussi allons-nous aborder individuellement leur histoire, en nous réservant cependant de faire connaître, à la fin de 'l'article Calorique, les principales hypothèses sur la cause de la chaleur. ARTICLE PREMIER. Du Calorique. i. Le calorique est un fluide extrêmement subtil, faisant partie constituante de tous les corps , et dont les caractères IO PREMIÈRE PARTIE. principaux sont : i° de se mouvoir sous forme de rayons lorsqu'il est libre; 2° de produire, par son accumulation sur tous les corps , une dilatation plus ou moins sensible, suivie quelquefois de décomposition ; 3° d'agir par consé- quent en sens contraire de l'attraction ; 4° de nous faire éprouver, lorsqu'il est en contact avec nt>s organes , une sensation particulière connue sous le nom de chaleur; 5° enfin, de déterminer, par sa soustraction, des effets in- verses aux précédens, savoir , la contraction elle sentiment de froid. Nous allons donner quelque développement à chacun de ces cinq caractères. Le calorique se meut sous la forme de rayons lorsqu'il est libre. On peut démontrer la certitude de cette propo- sition à l'aide de deux réflecteurs concaves. Expérience ( Voyez pi. 5, fig. 4^. ). Si l'on place, à cinq ou six pieds de distance l'un de l'autre, les deux miroirs concaves de cuivre A et 2?, dont la concavité est parfaitement polie, et dont les parties concaves sont en regard, on remarquera, si les axes D D se confondent, qu'un morceau d'amadou placé au foyer ^du miroir B s'allumera presqu'aussitôt après que l'on aura rempli de charbons incandescens un réchaud placé au foyer F du miroir-^. Ce fait ne peut s'expliquer que par l'une ou l'autre de ces hypothèses : ou le calori- que émané des charbons rouges disposés en F1 se com- munique de proche en proche jusqu'à l'amadou, par le moyen des couches d'air intermédiaires, ou bien il s'é- lance de ces mêmes charbons sur le miroir A , sous la forme de rayons , est réfléchi par ce même miroir qui le renvoie sur l'autre B, d'où il est de nouveau réfléchi pour se porter en f, foyer où se trouve l'amadou. La première de ces hypothèses n'est pas admissible ; car les points P P, beau- coup plus proches des charbons incandescens que le foyer f, ne sont pas à beaucoup près aussi chauds que l'est ce foyer, ce qui devrait être si on l'admettait : nous de- DU CALORIQUE. II vous donc embrasser la seconde hypothèse, celle qui sup» pose le rayonnement du calorique. Voici maintenant comment se comporte un des rayons calorifiques émanés des charbons incandescens : ce que nous dirons de celui-ci doit s'entendre de tous ceux qui tombent près de l'axe DD. Le rayon F s tombe sur le point S du miroir A, sous un angle F s g fait avec la tangente tg. Si la face concave de ce miroir n'était pas très-polie, ce rayon serait absorbé par lui et y resterait en combinaison ; mais, en vertu du brillant dont elle est douée, ce rayon est réfléchi parallè- lement à l'axe D D, sous un angle tso égal à l'angle d'in- cidence F s g. Parvenu sur le point O de la face concave du miroir B, où il ne peut pas être absorbé parce que cette surface est très-polie , il est de nouveau réfléchi en/-, sous un angle^O r fait avec la tangente e ret égal à l'angle eOs. Si, au lieu de charbons incandescens, on place au foyer F un boulet métallique que l'on a fait chauffer, un vase con- tenant de l'eau bouillante ou tout autre corps chaud, on remarque des phénomènes analogues ; la substance disposée en/*, moins chaude que celles dont nous parlons, s'é- chauffe par degrés et à mesure qu'elle reçoit les rayons ca- lorifiques réfléchis. Nous aurons occasion de revenir sur l'emploi de ces miroirs. Propriétés du Calorique rayonnant. i°. Comme nous venons de le prouver, le calorique rayonnant est susceptible de se réfléchir lorsqu'il tombe sur la surface de certains corps, principalement de ceux qui sont polis; alors il ne se combine pas avec eux : si la surface des corps est raboteuse, loin d'être réfléchi par elle, il est absorbé et l'échauffé. 2° Il traverse l'air avec rapidité et ne se combine pas sensiblement avec lui. Schéele fit des expériences avec des miroirs concaves dans un ap- partement très-froid, et il observa que l'haleine des ani- 12 PREMIÈRE PARTIE. maux placés à peu de distance du foyer du miroir où l'on avait enflammé le soufre au moyen du calorique rayon- nant, était visible ; ce qui ne serait pas arrivé si l'air se fût échauffé. 3°. La marche des rayons calorifiques n'est pas gênée dans son mouvement par un courant d'air. En effet, ce même physicien observa que la combustion du soufre placé au foyer d'un miroir avait constamment lieu, quelles que fussent l'intensité et la direction du vent, pourvu que la porte du poêle allumé qui devait fournir le calorique rayonnant fût ouverte. 4°- Le calorique rayonnant paraît susceptible d'être réfracté, d'après les expériences de Hers- chell. Le calorique produit, par son accumulation sur tous les corps organiques et inorganiques, une dilatation plus ou moins sensible. Plusieurs expériences viennent à l'appui de cette proposition. A ( Voyez pi. 6, fig. 43 ). Si l'on prend un poids métal- lique P, et qu'on le fasse rougir, on observera qu'il ne peut plus entrer dans l'anneau G, tandis qu'il parcourait libre- ment cet anneau avant d'avoir été chauffé, et qu'il pourra y entrer également lorsqu'il sera refroidi ; le poids" métal- lique a donc éprouvé une dilatation de la part du calorique ; mais cette dilatation n'a pas été portée assez loin pour que ses molécules soient devenues fluides. L'instrument qui sert à faire cette expérience porte le nom d'anneau de S'Grave s onde. B. Si l'on accumule du calorique (au moyen de char- bons ardens ) sur une petite quantité d'éther liquide placé à la partie supérieure d'une longue cloche remplie de mer- cure , et renversée sur une cuve du même métal, de ma- nière à ce que l'ouverture de cette cloche soit en bas, on remarque que l'éther se dilate, chasse le mercure qui rem- plissait la cloche dans la cuve, perd l'état liquide et res- semble à de l'air ; mais si on cesse d'accumuler du calo- DU CALORIQUE. l3 rique, bientôt l'appareil et l'éther se refroidissent, le mercure rentre de nouveau dans la cloche, et l'éther con- tracté reprend sa forme liquide. Ici, la dilatation a été portée assez loin pour que les molécules de l'éther soient devenues aériformes. On donne à ce nouvel état des molé- cules le nom d'état gazeux. G. Le thermomètre, instrument connu de tout le monde, est une nouvelle preuve de la dilatation que le calorique fait éprouver aux liquides ; en effet, la quantité de mercure ou d'esprit-de-vin renfermée dans cet instrument est la même, qu'il fasse très-chaud ou très-froid ; elle paraît seu- lement plus grande lorsqu'il fait chaud, parce que le ca- lorique agit sur elle et la dilate plus qu'il ne dilate le verre qui la contient. D. Si l'on chauffe avec précaution une vessie renfermant une certaine quantité d'air, et dont le col est parfaitement serré, on observera que ce fluide aériforme se dilate par degrés, la vessie se distend et peut même se déchirer si l'on accumule assez de calorique. Nous venons d'établir, à l'aide d'expériences décisives, que l'accumulation du calorique dans un corps en déter- mine la dilatation. Nous prouverons bientôt que cette dila- tation diffère pour les corps solides , liquides ou gazeux, soumis au même degré de chaleur. Le calorique agit en sens inverse de l'attraction. Il suffit ici du plus léger raisonnement pour être convaincu. L'attraction est une force qui tend sans cesse à rapprocher les molécules ; le calorique, au contraire , cherche cons- tamment à les éloigner : c'est du rapport qui existe entre ces deux forces que dépendent les états solide, liquide et gazeux sous lesquels tous les corps se présentent. Le calorique nous fait éprouver, lorsqu'il est en con- tact avec nos organes, une sensation particulière connue sous le nom de chaleur. Ainsi l'on ne confondra pas ce i4 Première partie. deux expressions. La chaleur est un effet produit par lé calorique, que nous devons regarder comme la cause de cet effet. Plus cette cause agit avec force, plus l'effet est marqué, toutes choses égales d'ailleurs. On appelle tem- pérature le degré appréciable de cette chaleur. On dit que la température d'un corps est plus élevée que celle d'un autre lorsqu'il produit sur nous une plus vive sen- sation de chaleur. Le calorique détermine par sa soustraction des effets inverses aux précédens, savoir, la contraction et le sen- timent de froid. La contraction des corps qui perdent du calorique est prouvée par toutes les expériences qui précèdent. Quant au sentiment de froid, quelques phy- siciens pensent devoir l'attribuer à un fluide particulier qu'ils nomment frigorifique, plutôt qu'à l'absence du ca- lorique : nous admettons , au contraire, cette dernière hypothèse , parce qu'elle rend raison de tous les phéno- mènes , et qu'elle nous dispense d'adopter sans nécessité l'existence d'un nouveau fluide impondérable. Après avoir exposé les divers caractères du calorique, nous allons donner une idée de plusieurs instrumens propres à nous faire connaître la différence qui existe entre la température de deux corps inégalement chauffés. Ces instrumens sont appelés thermomètres. Des Thermomètres. » 2. Puisque tous les corps sont dilatés ou contractés paF les variations de température , ils pourraient tous servir, à la rigueur, à indiquer ces variations, et par conséquent à la construction des thermomètres ; mais les uns sont peu dilatables, et ne nous permettent pas d'observer facilement le changement que leur volume éprouve lors de ces varia- tions : tels sont les solides ; les autres se dilatent telle- ment par les plus légères variations de chaleur , qu'ils DU THERMOMÈTRE. l5 seraient d'un usage trop incommode quand la température serait très-élevée : tels sont les gaz. Les liquides sont de tous les corps ceux qui offrent le plus d'avantage ; car ils se dilatent plus que les solides et moins que les gaz: aussi les emploie-t-on de préférence pour la construction de ces instrumens. Il en est un surtout, le mercure, qui réunit & l'avantage d'être sensible aux légères variations de tem- pérature , celui de se dilater régulièrement, et à-peu-près d'une manière proportionnelle à celle des corps solides et gazeux placés dans les mêmes circonstances. Il peut en outre supporter un assez grand degré de chaleur sans bouillir , et un froid assez marqué sans se geler. Du Thermomètre à mercure. 3. Manière de faire ce thermomètre. On prend un tube de verre cylindrique dont l'ouverture soit capillaire ou n'ait qu'un très-petit diamètre; on attache avec soin l'une de ses extrémités à l'ouverture d'une bouteille dégomme élastique; l'autre extrémité est chauffée à la flamme de la lampe jus- qu'à ce que le verre soit ramolli ; on l'arrondit en bouton au moyen d'une petite tige métallique ; on la chauffe j usqu'au rouge blanc ; on dispose le tube de manière à ce que le bou- ton se trouve en haut, et on presse avec la main sur la bouteille de gomme élastique : par ce moyen, le tube se trouve soufflé en boule, sans contenir d'humidité, comme cela arriverait s'il avait été soufflé avec la bouche. Ce premier objet étant rempli, on doit s'occuper de chas- ser une grande partie de l'air du petit appareil et d'y intro- duire le métal : pour cela, on fait chauffer la boule, et l'on plonge l'extrémité du tube dans du mercure parfaitement pur et bien sec. A mesure que l'appareil se refroidit, la petite quantité d'air qui le remplissait et qui avait été dilaté par. la chaleur se contracte, et il s'y forme un vide : alors, en vertu de la pression atmosphérique, le mercure s'élance l6 PREMIÈRE PARTIE. pour remplir ce vide, et parvient peu à peu jusque dans la boule : on chauffe de nouveau la boule et le mercure qu'elle contient; on porte même celui-ci jusqu'à l'ébullition : la vapeur mercurielle formée chasse une nouvelle quantité de l'air qui restait dans l'appareil ; en sorte que l'on peut de nouveau remettre l'extrémité du tube dans le mercure pour faire entrer une nouvelle quantité de ce métal : on répète ces opérations deux ou trois fois, jusqu'à ce que toute la capacité du petit appareil en soit remplie; dans cet état, on s'occupe de chasser celui qui est superflu ; pour cela, on chauffe de nouveau la boule jusqu'à ce que les deux tiers du mercure contenu dans le tube soient expulsés à l'état de vapeur; alors, le mercure étant encore bouillant, on fait fondre l'extrémité du tube à la lampe, on l'effile et on le ferme hermétiquement ; par ce moyen, il ne reste plus d'air dans l'appareil, et les deux tiers supérieurs, presque vides, peuvent permettre la dilatation du métal soumis à l'action du calorique. Si l'on ne peut pas se procurer un tube cylindrique, on choisira celui qui approchera le plus de cette forme, et on le partagera en divisions d'égale capacité, d'après la méthode de M. Gay-Lussac ( Voyez les ouvrages de physique). Graduation du Thermomètre. On entoure de glace fondante la boule et la partie du tube qui contient le mer- cure ; on marque le point où celui-ci s'arrête au bout de quelques minutes ; on retire l'appareil de la glace et on le plonge dans la vapeur de l'eau distillée bouillante. Pour cela, on fait chauffer un peu d'eau dans un vase métallique plus long que le thermomètre, muni d'un couvercle percé de deux trous, dont l'un donne issue à la vapeur de l'eau, et l'autre sert à laisser passer la partie supérieure du tube, de manière que la partie à laquelle on soupçonne le pçint d'ébullition soit juste en vue. Le mercure, enveloppé -de DU THERMOMÈTRE. ' 17 vapeurs aqueuses, s'élève graduellement dans le tube , et lorsqu'il devient stationnaire, on marque la place où il s'arrête. Il importe beaucoup que la hauteur du baromètre qui indique la pression de l'atmosphère soit de soixante- seize centimètres ( 28 pouces ). Ces deux points étant don- nés , savoir, celui de la glace fondante et celui de l'eau bouillante, on divise l'intervalle en cent parties égales que l'on nomme degrés, si l'on veut avoir le thermomètre centi- grade ; et en quatre-vingts, si l'on veut obtenir le thermo- mètre de Deluc, vulgairement dit de Béaumur. Le point qui correspond à la glace fondante est le o° du thermomètre ; l'autre est le ioo°, ou le 8o°. La longueur d'un degré étant connue par ce moyen, on peut pousser la division au-dessous de zéro, et au-dessus du point donné par l'ébullition. On exprime par le signe — les degrés au-dessous de zéro ; et par le signe -}- ceux qui sont au-dessus. On voit, par ce qui précède, que des thermomètres gradués ainsi dans différentes parties du monde doivent être comparables entre eux, puisque la glace fond par-tout à la même température, et que l'eau entre toujours en ébullition au même degré, si toutefois la pression de l'atmosphère est comme nous l'avons in- diqué. 4- Les points fixes du thermomètre de Fahrenheit sont, d'une part, l'eau bouillante, et de l'autre le froid produit par un mélange de sel marin et de neige. Le nombre de degrés compris entre ces deux points est de deux cent douze : 90 de ce thermomètre équivalent à 5° du ther- momètre centigrade, et à 4° de celui de Deluc, dit de Réaumur. Enfin, le o° correspond au point donné par le froid artificiel, et le 32° au o° du thermomètre centigrade. 5. Le thermomètre de Delisle est aussi à mercure; mais il n'a qu'un point fixe, celui de la chaleur de l'eau bouillante, désigné par o° ; au-dessous de ce point l'on r. 2 t8 PRPMtÈRÈ PARTIE. observe cent cinquante divisions qui sont les degrés ;le iSo0 répond au o° du thermomètre centigrade ; 7°,5 de ce thermo- mètre équivalent à 5° du thermomètre centigrade, et à 4° de celui de Deluc. 6. Les thermomètres à mercure ne sont pas les seuls employés ; on est quelquefois obligé de faire usage de l'alcool ( esprir-de-vin ), par exemple , lorsque la tempé- rature que l'on cherche à connaître est bien au-dessous de zéro , car alors le mercure tend à se solidifier, tandis que l'esprit-de-vin ne se gèle pas, même lorsqu'on l'expose à l'action de mélanges frigorifiques très-intenses. En général, ces deux sortes d'instrumens ne s'emploient que pour les températures moyennes ; trop peu sensibles à l'action des petites quantités de calorique, ils ne peuvent rien indiquer lorsque la température est peu élevée; tandis qu'ils seraient brisés et leurs liquides vaporisés si on les mettait en con- tact avec des corps dont la température fût très-élevée. 7. Pyromètres, instrumens solides propres à faire connaître les températures les plus élevées. Celui de Wedg- Vvood est fondé sur la propriété qu'a l'argile de se con- tracter par l'action de la chaleur, 1 ° parce qu'elle se des- sèche, 20 parce que les élémens qui la composent se com- binent plus intimement. Cet instrument est tellement défectueux que nous ne croyons pas devoir en faire la description ; en effet M. Hall a prouvé que l'argile se contractait autant lorsqu'on la chauffait pendant long- temps jusqu'au rouge cerise, que lorsqu'elle était soumise, pendant un temps beaucoup plus court, à l'action d'une température plus élevée , par exemple, au rouge blanc. On ne connaît pas de corps plus propres à mesurer les hautes températures des fourneaux que les métaux. On peut voir, dans l'ouvrage de physique de M. Biot, une description détaillée du pyromètre métallique de Lavoisier et de M. Laplace (tome 1) ; nous nous bornerons ici à DU PYROMÈTRÉ. ig faire connaître celui dont fait usage M. Brogniard à la manufacture de porcelaine de Sèvres, et qui ne sert qu'à déterminer des termes fixes dans les hautes températures (fig. fâ). DD est une barre métallique qui s'appuie suc un obstacle fixe CC par une de ses extrémités; l'autre extrémité pousse le bout L d'un levier coudé LEB, mobile autour du centre fixe 2s, et dont la branche EB sera cent fois plus longue que EL. AA est une division circulaire placée à l'extrémité du bras EB. Supposons maintenant que l'on échauffe la barre DD de manière à la dilater d'un millimètre; le bout du levier L marchera de cette quantité, et par suite l'extrémité B de l'aiguille parcoUrera cent millimètres ou un espace cent fois plus grand. Si l'on suppose maintenant que la chaleur soit assez forte pour opérer dans la barre DD une dilatation double, l'aiguille B parcourera un espace de deux cents millimètres. On peut en dire autant des autres degrés de chaleur auxquels la barre est soumise. Il est donc évident que toutes les fois que la chaleur sera telle que nous venons de l'indiquer, l'aiguille B reviendra à la même division. 7. Thermomètre à air. Le plus avantageux de tous ceux qui sont connus est le thermomètre différentiel de M. Leslie. Pour le construire , on prend deux tubes dont la longueur peut être inégale, d'un diamètre un peu plus grand que celui des thermomètres ordinaires, terminés chacun par une boule creuse de quatre à sept dixièmes de pouce de diamètre ; on introduit dans l'une des boules une petite quantité d'acide sulfurique teint avec du carmin ; on joint ensemble les deux tubes à la flamme d'un chalumeau, et on les recourbe de manière à leur faire prendre la forme de la lettre ÏT (Voyez pi. 6, fig. 45 )• La distance d'une boule à l'autre est d'environ 2 à 4 pouces ; le tube plus court D G, auquel on fixe l'échelle, doit avoir un diamètre intérieur bien égal et d'un quin- zième, même d'un seizième de pouce ; l'autre tube E F n'a 30 PREMIÈRE PARTIE. pas besoin d'être aussi régulier , mais il doit être plus large i leur hauteur peut être de trois à six pouces. La boule B prend le nom de boule focale; E représente le niveau des liquides dans la boule B, et Mie représente dans le tube D C. 8. Graduation de ce thermomètre. Les deux boules étant à la même température, on note le point où s'arrête le liquide dans le tube D C: ce point est le o° ; on entoure de glace fondante la boule D; on place l'instrument dans une chambre à io°, ou à tout autre degré; on sépare l'une de l'autre les deux boules au moyen d'un écran : alors la boule B se trouve à io°; l'air qu'elle renferme, plus di- laté que Celui de la boule Z), pousse le liquide en avant, et le fait élever dans la branche D C jusqu'à une certaine hauteur que l'on note. L'intervalle compris entre ce point et le o° est divisé en cent parties égales. Si l'on voulait avoir des degrés au-dessous de o°, on ferait une opération inverse, en entourant la boule B de glace et en chauffant la boule D. Dix degrés de ce thermomètre correspondent à un degré du thermomètre centigrade. En se servant de cet instrument, on doit avoir présent à l'esprit que le liquide coloré montera d'autant plus dans la branche CD, que l'air de la boule B sera plus échauffé par rapport à celui que contient l'autre boule : ce thermomètre indique donc la différence de température des deux espaces occupés par les boules B D .' c'est ce qui lui a valu le nom de ther- momètre différentiel : il sert à mesurer les températures très-basses. Rumford inventa, après M. Leslie, un ins- trument qu'il appela thermoscope , et qui n'est que le ther- momètre différentiel construit sur de plus grandes propor- tions, et dans lequel l'alcool ( esprit-de-vin) fut substitué à l'acide sulfurique. DU CALORIQUE. ai De la Dilatation des corps par le calorique. 9. Nous avons prouvé que les corps sont tous dilatés par le calorique. Nous devons maintenant examiner si la dila- tation est la même pour les corps solides, liquides ou gazeux, soumis aux mêmes températures. La dilatation des corps solides est peu marquée, et dif* fère à-peu-près dans chacun d'eux ; ainsi le fer et le charbon, chauffés au même degré, se dilatent inégalement. Mais si Ton considère isolément un de ces corps, savoir, le fer, on observe que sa dilatation , entre les termes de la glace fondante et de l'eau bouillante, est sensiblement proportionnelle à celle du mercure ; ce n'est guère qu'au moment où le métal est prêt à fondre que ce rapport cesse d'exister, et que la dilatation prend un accroissement sensible. La dilatation dans les métaux paraît d'autant plus grande qu'ils sont plus fusibles. 10. La dilatation des liquides de différente nature, sou- mis à la même température, varie comme celle des solides > pour le prouver on prend plusieurs boules de verre vides et surmontées de tubes de la même matière; on introduit dans l'une d'elles de l'esprit-de-vin, et dans les autres de l'eau , de l'huile ou du mercure; on note la hauteur du tube à laquelle chacun de ces fluides correspond, puis on les ex- pose dans un vase contenant de l'eau chaude : on ne tarde pas à observer que la dilatation éprouvée par ces substances est inégale. Mais il y a cette différence entre les coips solides et les corps liquides ( si toutefois on en excepte le mercure), que ceux-ci ne se dilatent pas d'une manière uniforme, surtout lorsqu'ils approchent du point de l'é- bullition ou de celui de la congélation : ainsi, par exemple, l'eau ne se jflilatera pas de la même quantité pour passer- de io° à 200 que lorsqu'elle montera de 700 à 8o°. i2 PREMIÈRE PARTIE. n. Dilatation des gaz. Il résulte des expériences faites par MM. Gay-Lussac et Dalton, que tous les gaz se dilatent également : ainsi l'air atmosphérique et la vapeur de l'éther, chauffés à un même degré, se dilateront d'une quantité égale. Indépendamment de cette propriété commune , les dilatations de chacun d'eux, entre les termes de la glace fondante et de l'eau bouillante, sont sensiblement propor- tionnelles à celles du mercure, comme nous l'avons dit en parlant des solides. L'expérience prouve qu'une partie d'un gaz quelconque, chauffée depuis le degré de glace fondante jusqu'à celui de l'ébullition de l'eau, se dilate de 0,375 de son volume. Nous tirerons parti de cette proposition, que nous nous contentons d'indiquer ici, en nous réservant d'y revenir à l'article Analyse des gaz. Causes de l'état et du changement d'état des corps. 12. Nous avons vu, i° que les molécules intégrantes des corps tiennent entre elles en vertu de la force de co- hésion ou d'attraction ; 20 qu'on peut les éloigner les unes des autres en les soumettant à l'action du calorique, de manière à opérer dans les corps dont elles font partie une plus ou moins grande dilatation. Nous avons conclu de ces faits que l'état solide , liquide ou gazeux des différentes substances dépend du rapport qui existe entre ces deux forces : ainsi, supposons pour un instant que la chaleur du globe est extrême ; la dilatation sera telle que tous les corps seront gazeux; si elle est nulle ou presque nulle, l'attraction deviendra tellement prépondérante qu'il n'y iiura que des solides ; enfin si chacune de ces forces agit modérément, nous pouvons concevoir quil y aura des substances solides, liquides et gazeuses. Ces considérations nous permettent d'établir que le passage d'un corps solide à l'état liquide d'abord, puis à l'état gazeux, ne peut DU CALORIQUE. a3 avoir lieu sans que le corps absorbe le calorique néces- saire pour vaincre sa force de cohésion, et vice versa ; que lorsque de gazeux il devient liquide ou solide, il doit perdre du calorique, puisque ses molécules se rapprochent. Nous devons maintenant étudier les phénomènes que pré- sentent les corps dans ces différens passages. 13. Fusion des corps par le calorique. Lorsqu'on sou- met à l'action du calorique un corps solide susceptible de fondre, tel que le plomb, on remarque qu'il s'échauffe de plus en plus jusqu'à ce qu'il commence à fondre ; dès cet instant la température reste la même, et ce n'est que lorsque toute la masse a été fondue qu'elle commence de nouveau à s'élever. Voici un fait qui met cette vérité hors de doute: Que l'on chauffe une livre de glace dont la tem- pérature est à i o" au-dessous de zéro, sa température s'é- lèvera ; si lorsqu'elle est parvenue à zéro, degré auquel elle commence à fondre, on la mêle avec une livre d'eau à 75°-|- o, la livre de glace absorbe le calorique de l'eau chaude, passe de l'état solide à l'état liquide, et la tempé- rature reste toujours à o°. Les physiciens ont désigné sous le nom de calorique latent cette quantité de calorique qui n'est pas sensible au thermomètre, et qui, dans ce cas, est employée à opérer le passage de l'état solide à l'état liquide, tandis qu'ils ont donné le nom de calorique libre ou sen- sible à celui qui agit sur le thermomètre, élève la tempé- rature des corps et nous échauffe. On est loin de pouvoir affirmer que tous les corps se dilatent en passant de l'état solide à l'état liquide ; en effet, plusieurs d'entr'eux occupent un volume plus petit après ce passage : tels sont la glace, le fer, le bismuth, l'antimoine, presque tous les sels qui cristallisent en prismes , etc. On a observé depuis long-temps que tous ces corps se dilatent sensiblement en passant de l'état liquide à l'état solide, au point que les vaisseaux de verre remplis de ces liquides se »4 PREMIÈRE PARTIE. brisent ordinairement lorsque la solidification a lieu. On a expliqué ce phénomène en disant que les molécules de ces corps à l'état solide sont disposées entre elles de manière à occuper un plus grand espace que lorsqu'elles sont li- quides. i4- La fusion des divers corps solides s'opère à des tem- pératures différentes : on a appelé très-fusibles ceux que la plus légère chaleur suffit pour fondre, et on a donné le nom à?infusibles à ceux dont la fusion ne peut s'obtenir dans le meilleur feu de nos forges ; mais il est évident qu'il n'existe point de corps infusibles. Ceux qui ont été regardés comme tels fondent facilement si on les soumet à un degré de chaleur supérieur à celui de nos forges : c'est ainsi que, dans ces derniers temps , on est parvenu à en fondre un très-grand nombre au moyen d'un chalumeau inventé par Brooks, et dont nous donnerons la description à l'article Hydrogène. De la transformation des liquides en gaz. 15. Nous avons dit que les molécules d'un très-grand nombre de corps pouvaient être assez éloignées par le calorique pour passer à l'état aériforme ou de gaz. On ap- pelle gaz permanent celui qui ne change point d'état, lors même qu'il est soumis à un refroidissement et à une pres- sion considérables : tel est, par exemple , l'air atmosphé- rique. On donne le nom de gaz non permanent ou de va- peur à celui qui devient liquide ou solide lorsqu'on le refroidit ou qu'on le soumet à une pression convenable. Nous ne devons nous occuper ici que des vapeurs, et nous croyons devoir exposer leurs propriétés avant d'examiner les phénomènes de leur formation, DES VAPEURS. 25 Des Propriétés des vapeurs. A Les vapeurs parfaitement formées sont pour la plu- part invisibles (i). On peut se servir, pour prouver ce fait, de la vapeur de l'eau qui se trouve constamment dans l'air., Il ne restera aucun doute sur son invisibilité si nous dé- montrons qu'elle existe dans l'atmosphère lorsque celle-ci n'offre aucun nuage, etque l'air est invisible et parfaitement transparent (2). Expérience. Que l'on fasse un mélange de sel commun et de neige ou de glace pilée ; qu'on l'expose à l'air dans une terrine, bientôt la surface externe de celle-ci, se recouvrira d'une couche blanche qui n'est autre chose que la vapeur aqueuse de l'air solidifiée ; en effet, le mélange dont nous parlons a la faculté de produire un refroidissement de plusieurs degrés au-dessous de zéro, et par conséquent d'enlever du calorique à tous les corps environnans, parmi lesquels se trouve la vapeur contenue dans l'air. Ce fait nous permet d'expliquer un phénomène connu , savoir, que les caves fument en hiver. La température de ces lieux est constamment de io°-r-o; en hiver, l'air de la cave , plus chaud et plus dilaté que celui de l'atmosphère, cherche à en sortir, et se trouve en contact avec de l'air froid; celui-ci absorbe du calorique à la vapeur qu'il con- (1) Nous disons pour la plupart, car la vapeur de l'iode est violette , et la vapeur nitreuse est jaune orangée. (2) Rigoureusement parlant, on ne peut pas dire que l'air soit invisible, car il est bleu; mais cette couleur n'est sensible que lorsqu'il est en masse , comme, par exemple, dans ce que l'on appelle ciel. Il est même probable que l'air qui se trouve dans une chambre nous paraîtrait bleu si la lumière réfléchie par les autres corps ne nous empêchait pas de voir sa couleur, qui est excessivement faible. 26 PREMIÈRE PARTIE. tient, la condense et la fait paraître sous la forme d'un nuage ou de fumée. a°. Lorsqu'on expose à l'air parfaite- ment transparent des substances sèches et avides d'eau , elles ne tardent pas à s'humecter et à se dissoudre : la pierre à cautère ( potasse ), le chlorure de calcium ( muriate de chaux) , la terre foliée de tartre ( acétate de potasse ) sont dans ce cas. B. La vapeur occupe un espace beaucoup plus grand que celui du liquide qui a servi à la former : ainsi, un pouce cube d'eau liquide à 4° 4-0 occupe 1698 pouces cubes lorsqu'il est à l'état de vapeur. Expérience. M. Gay-Lussac a prouvé ce fait en réduisant en vapeur une quantité dé- terminée d'eau contenue dans un petit tube qu'il avait placé dans une cloche graduée pleine de mercure et renversée iur un bain de ce métal. Il est évident qu'au moment de la vaporisation de l'eau, le tube a été brisé, et le mercure de la cloche refoulé en bas : alors on a pu déterminer quel était l'espace occupé par la vapeur, puisque la cloche était graduée. G. La vapeur a exactement la même température que celle du liquide qui la fournit et qui est en ébullition. On peut s'en convaincre en plongeant un thermomètre dans la vapeur qui se forme lorsque l'on fait bouillir un peu d'eau dans un grand vase. D. La vapeur jouit d'une force expansive extraordinaire que l'on a appelée tension. Vauban a trouvé, par des expé- riences qui demanderaient à être répétées, que i4o livres d'eau en vapeur produisent une explosion capable de faire sauter une masse de 77,000 livres; tandis que i4o livres de poudre ne produisent le même effet que sur une masse de 3o,ooo livres. La tension ou la pression de la vapeur varie suivant les températures. D'après M. Dalton , celle de l'eau à o thermomètre centigrade n'est que de o,oo5o8 mètre, tandis qu'à Jo° elle esUo,o3o73 mètre. DES VAPEURS. 2 7 E. La vapeur contient une très-grande quantité de calo- rique. MM. Clément et Désormes on fait voir qu'un kilo- gramme de vapeur d'eau à ioo°, mis en contact avec 5kil., 66 d'eau à o°, élève la température des 6 kil., 66 résultans à ioo°, pourvu qu'il n'y ait point de perte. F. La vapeur peut aussi passer à l'état liquide par la compiession. Supposons qu'un espace rempli de vapeur soit diminué de moitié, la moitié de la vapeur se condensera ; si l'espace est réduit au tiers, les deux tiers de la vapeur seront condensés ; enfin, si la compression a lieu dans le vide, et qu'elle soit assez forte, la condensation sera totale. G. 11 n'en est pas de même lorsque la vapeur est mêlée à l'air ; quelque grande que soit alors la force comprimante, la vapeur n'est jamais condensée en entier. De la Formation des vapeurs dans le vide. 16. Si l'on place un liquide dans un espace vide, par exem- ple, sous le récipient de la machine pneumatique (i) , il se forme aussitôt une certaine quantité de vapeur, quelle que soit la température de ce liquide. La quantité de va- peur produite sera d'autant plus grande , i° que l'espace dans lequel elle se forme sera plus considérable , 2° que la température du liquide sera plus élevée. Ainsi de l'eau à io° 4" o fournira, dans un espace E , moitié moins de (i) On fait le vide au moyen d'une machine que l'on nomme pneumatique , dont on trouve la description dans tous les ou- vrages de physique. Il y a beaucoup de rapport entre la manière dont on vide l'air d'une cloche au moyen de cette machine, et- la manière dont on vide l'eau d'un vase au moyen d'une serin- gue : lorsqu'on tire à soi le piston d'une seringue , le corps de pompe se remplit d'eau ; dans la machine pneumatique , lors- qu'on fait mouvoir le piston, le corps de pompe se remplit d'air, qui s'échappe dans l'atmosphère par des ouvertures mu- nies de soupapes. 28 PREMIÈRE PARTIE. vapeur que dans un espace double 2 L\ pourvu que la température soit la même. D'un autre côté, de l'eau à 120 fournira plus de vapeur que celle qui n'est qu'à io°, si toutefois l'espace dans lequel elle se forme ne varie pas. Nous devons encore ajouter que la quantité de vapeur formée augmente dans un plus grand rapport que la tem- pérature : ainsi il s'en formera davantage de io° à 200 qu'il ne s'en produit de o°à io°. La nature des liquides influe aussi sur la quantité de vapeur formée : l'acide sulfurique, l'éther et l'eau, par exemple, placés dans un espace de même grandeur et à la même température, fourniront des quantités inégales de vapeur. On a cru pendant un certain temps qu'il s'en for- mait d'autant plus , ou que la vapeur était d'autant plus dense, que le liquide entrait plus difficilement en ébulli- tion ; mais cette loi, qui est vraie pour un grand nombre de liquides , se trouve en défaut lorsqu'on l'applique au car- bure de soufre , liquide moins volatil que l'éther, et ce- pendant dont la vapeur est plus légère. Comment se fait-il que de l'eau à io°, placée dans le vide, donne de la vapeur qui, comme nous l'avons dit, renferme une si giande quantité de calorique ? quel est le corps qui fournit ce calorique ? L'eau elle-même. Sup- posons , pour concevoir ce phénomène , que l'on em- ploie' 100 grains d'eau à io°, et qu'il y en ait 20 grains de vaporisés, les 80 autres ont fourni le calorique nécessaire pour former la vapeur , en sorte qu'au bout d'un certain temps leur température se trouvera à 6° ou à 4° » et même à un degré inférieur. M. Leslie a fait dans ces derniers temps une application fort intéressante de ces données. Expérience. On place sous le récipient de la machine pneumatique deux capsules éloi- gnées l'une de l'autre : la première contient de l'eau, l'autre renferme de l'acide sulfurique concentré, qui a beaucoup DÈS VAPEURS. 2f) d^affinîté pour ce liquide. On fait le vide ; une partie de l'eau s'évapore , occupe l'espace auparavant vide , mais ne tarde pas à être absorbée par l'acide qui s'échauffe ; le récipient se trouve vide de nouveau ; l'évaporation et l'absorption re- commencent jusqu'à ce que l'eau de la capsule ait assez cé- dé de calorique à celle qui s'est vaporisée pour passer à l'état solide^ Dans cette expérience l'acide sulfurique s'échauffe et s'affaiblit. M. Configliachi, professeur de Pavie, est parvenu dépuis à congeler de l'eau dont il avait imbibé une éponge, en faisant le vide et sans ajouter d'acide sulfurique : la tempé- rature de l'air extérieur était à 18° thermomètre centigrade; elle était, sous le récipient, à 3° — o. Il a remarqué que cette congélation était précédée d'un abaissement du thermo- mètre de quelques degrés au-dessous de zéro ; mais que lorsqu'elle commençait le mercure montait à zéro , point auquel il restait pendant tout l'acte de la congélation. De la Formation des vapeurs à l'air libre. 17. Muschenbroek,Leroy de Montpellier, et plusieurs autres savans , avaient imaginé que la vapeur se forme dans Pair en vertu de l'affinité de ce gaz pour l'eau ; dans ce cas, il devrait s'en former davantage dans un espace rempli d'air que dans celui qui est vide : or, l'expérience prouve le contraire, comme l'a fort bien étabji M. Dalton. Expérience. On prend un ballon à deux tubulures *dB (pi.6, fig. 46 ); l'une d'elles livre passage à un baro- mètre EF; à l'autre sont adaptés deux robinets CD , sé- parés l'un de l'autre par un petit espace. Après avoir fait le vide dans le ballon , on ouvre le robinet G ; on intro- duit de l'eau dans l'espace compris entre les deux robinets ; on ferme le robinet G et on ouvre le robinet D; l'eau tombe dans le ballon : or, comme celui-ci est vide , une ÎO PREMIÈRE PARTIE. portion du liquide se vaporise, presse la surface du mer- cure E, qui était presqu'au niveau de celui que contenait la branche F, et celui-ci monte : on note avec soin le degré auquel il parvient. On répète la même expérience après avoir rempli le ballon d'air parfaitement sec ou d'un autre gaz qui soit sans action sur l'eau, et l'on voit que l'éléva- tion du mercure dans la branche F, déterminée par la vapeur qui s'est formée, est la même que dans le cas où le ballon était vide, si toutefois on y ajoute celle que produit l'air dont le ballon est rempli. La quantité des vapeurs formées dans l'air dépend donc également de l'espace, de la température et de la nature du liquide. Il n'y a d'autre différence entre ce mode de for- mation et celui qui a lieu dans le vide, si ce n'est que dans celui-ci la vaporisation est plus prompte ; d'où il suit que la pression de l'air, ou de tout autre gaz, n'exerça aucune action sur la vapeur qu'il peut contenir. Del'Ebullition des liquides. 18. Les liquides soumis l'action du calorique se dilatent, s'échauffent, et lorsque la température est arrivée à un certain degré, qui varie peur chacun d'eux , et suivant les circonstances où ils sont placés, se transforment rapide- ment en vapeur et s'agitent ; leurs molécules sont soulevées, heurtent les parois des vases qui les contiennent, et font entendre un bruit plus ou moins remarquable : c'est l'en- semble de ces phénomènes qui constitue Vebullition. i°. Aussitôt qu'un liquide entie en ebullition, sa tem- pérature cesse de s'élever, quel que soit le degré de cha- leur du fourneau sur lequel le vase est placé ; tout le ca- lorique alors ejst employé à transformer l'eau en vapeur; il se combine avec elle et devient latent. D'après les ex- périences, de M. Gay-Lussac , la vapeur de l'eau, comme nous l'avons dit, occupe un espace 1698 fois plus con- DES VAPEURS. 3S sidérable que celui qu'elle offrait à l'état liquide : l'on concevra donc sans peine qu'il faut une quantité prodi- gieuse de calorique pour opérer une pareille dilatation. Voici un fait qui prouve évidemment que la vapeur for- mée absorbe beaucoup de calorique : que l'on mêle en- semble 2 livres d'eau à ioo° et 16 livres de limaille de fer à i5o°, la température du mélange sera de ioo°, et il se formera un très-grande quantité de vapeur : or, les 16 li- vres de limaille ont perdu beaucoup de calorique , puis- que, de i5o°, elles ont baissé à ioo° , et l'on voit qu'il ne peut y avoir que la vapeur qui ait absorbé ce calorique. 2°. L'ébullition des liquides a lieu d'autant plus facile- ment que la pression à laquelle ils sont soumis est moindre : ainsi l'eau ne bout qu'à la température de ioo° lors- qu'elle supporte tout le poids de l'atmosphère; dans le vide, elle peut bouillir à 4o° , et même au-dessous ; et l'on sait parfaitement qu'elle exige beaucoup moins de ioo° pour bouillir lorsqu'on fait l'expérience sur la cime d'une montagne , où la pression de l'atmosphère est moindre qu'à la surface de la terre. Un effet inverse a lieu si on soumet le liquide à une pression très-forte. Que l'on introduise de l'eau dans un cylindre de fer ou de laiton, dont le couvercle est assujetti par une forte vis , le liquide pourra supporter une chaleur rouge sans entrer en ebullition ; mais si on supprime la pression , tout-à-coup il se réduit en vapeurs. Ce cylindre porte le nom de mar- mite de Papin. 3°. La nature des vases influe aussi sur le degré de chaleur nécessaire pour faire bouillir les liquides, comme l'a prouvé Achard. M. Gay-Lussac a remarqué que l'eau, qui n'exige que ioo° pour entrer en ebullition dans un vase métallique, ne bout qu'à ioi°,3 dans un vase de verre, à moins qu'on ne mette dans celui-ci des métaux pulvé- risés. 3î PREMIÈRE PARTIT7. 4°. Enfin l'ébullition des liquides est presque cons- tamment retardée par les substances salines, sucrées ou autres qu'ils tiennent en dissolution. Maintenant que nous connaissons les principales pro- priétés du calorique rayonnant, les degrés de dilatation qu'il détermine lorsqu'il pénètre les corps, et les instrumens propres à mesurer les températures, nous devons étudier les phénomènes que présentent ces mêmes corps lorsqu'on veut les échauffer : or, ces phénomènes varient suivant qu'ils sont plongés dans le foyer d'où émane le calorique, ou qu'ils en sont à une certaine distance. § Ier. Effets du Calorique sur les corps qui sont immé- diatement en contact avec le foyer d'où il émane. 19. On sait que des corps de différente nature , mis pen- dant un temps donné dans un fourneau rempli de char- bons ardens, s'échauffent d'une manière différente : ainsi, que l'on recouvre de charbons ardens une des extré- mités de deux cylindres égaux, l'un de fer, l'autre de résine ; au bout de deux minutes le premier paraîtra très- chaud dans tous les points de sa surface, tandis que l'autre le sera à peine. En général, les corps s'échaufferont d'au- tant plus vite qu'ils seront meilleurs conducteurs du calo- rique , et que leur capacité pour cet agent sera moindre. De la Faculté conductrice des corps pour le calorique. Il existe des corps qui laissent passer facilement le ca- lorique , d'autres qui ne le propagent qu'avec la plus grande difficulté : les premiers portent le nom de conducteurs ; les autres sont appelés mauvais conducteurs. Nous allons examiner cette faculté dans les corps solides, liquides et gazeux. 20. Faculté conductrice des corps solides. La plupart des métaux sont d'excellens conducteurs du calorique. D'après DES CORPS CONDUCTEURS. 33 Ingenhouz, l'argent est meilleur conducteur que l'or ; celui-ci l'est plus que le cuivre et l'étâin, qui sont à-peu- près égaux; enfin viennent le platine , le fer , l'acier et le plomb, qui sont bien inférieurs aux autres. Ces expériences, qui ont sans doute besoin d'être répétées , ne s'accordent guère avec les sentimens des physiciens qui pensent que plus les métaux sont pesans , et plus , à quelques exceptions près, ils sont bons conducteurs du calorique. Le verre , lé bois , le charbon, les résines , etc. , sont mauvais conduc- teurs du calorique : si l'on prend deux tiges d'égale longueur et d'égale épaisseur , l'une de verre , l'autre de fer; si l'on recouvre dé cire une de leurs extrémités, On observe, en accumulant du calorique sur les extrémités non couvertes , que la cire portée par la tige de verre rie commence pas encore à entrer en fusion lorsque l'autre est entièrement fondue ; ce qui prouve combien la faculté conductrice du fer est supérieure à celle du verre ; d'ailleurs , personne n'ignore que l'artiste qui souffle le verre tient impunément ce corps entre les doigts , près de la partie qui est rouge , tandis qu'il serait brûlé s'il touchait une barré de fer près du point rougi. Les corps solides conducteurs du calorique le trans- mettent dans toutes les directions , de bas en haut, de haut en bas, et latéralement sans qne leurs moléctdes soient sen- siblement déplacées. Ainsi, quelle que soit la partie d'une barre de fer soumise à l'action dii calorique, elle ne tardera pas à être échauffée dans tous ses points ; et il noua aura été impossible d'apercevbir le rhdindre changement dans la position des molécules intégrantes : il n'en est pas de même des liquides. Plus les corps Solides sont bons conducteurs du calo- rique , plus ils nous paraissent froids quand nous les tou- chons , parce que, dans un temps donné , toutes choses égales d'ailleurs , ils enlèvent à nos organes une plus 34 PREMIÈRE PARTIE. grande quantité de calorique. A la vérité, la densité de* corps influe aussi sur cette sensation. Plus ils sont denses , plus ils nous paraissent froids, parce qu'ils nous touchent par un plus grand nombre de points, et nous enlèvent par conséquent plus de calorique. 21. Faculté conductrice des corps liquides. Rumford pensait que ces corps ne sont pas conducteurs du calo- rique ; mais cette opinion a été combattue avec succès par MM. Thomson etMurray ; et aujourd'hui on s'accorde géné- ralement à les regarder comme des conducteurs lents et imparfaits. Que l'on introduise, par exemple, du mercure dans un vase de verre, et que l'on verse par-dessus une certaine quantité d'eau chaude; celle-ci restera à la surface en raison de sa légèreté, et le mercure ne s'échauffera que len- tement , tandis qu'il ne devrait pas s'échauffer du tout si l'opinion de Rumford était exacte. Si l'on fait geler dans le fond d'un tube de verre une certaine quantité d'eau, et que l'on remplisse le tube avec de l'eau liquide et à la température ordinaire , on observera que l'on peut faire bouillir fortement le liquide qui est à la partie supérieure , sans que la glace fonde ni s'échauffe sensiblement. Ces deux expériences suffisent pour prouver combien l'eau est mauvais conducteur du calorique ; mais,objectera- t-on, de l'eau placée sur le feu s'échauffe et bout en quelques minutes: peut-on concevoir ce phénomène sans admettre la conductibilité de ce liquide ?Nous répondrons par l'affirma- tive. L'eau etles liquides en général,placés dans cette circons- tance , s'échauffent en vertu du déplacement qu'éprouvent leurs parties : ainsi la première couche,occupant le fond du vase, est échauffée, se dilate, devient plus légère, s'élève, et est remplacée par une autre plus froide, qui à son tour deve- nue première, est dilatée et élevée; d'où l'on voit qu'il s'éta- blit deux courans , l'un de couches dilatées et chaudes qui «élèvent, l'autre de couches froides qui descendent. C'est DU CALORIQUE SPÉCIFIQUE. 35 Je premier courant qui échauffe principalement la masse du liquide, en communiquant une portion de son calorique aux molécules d'eau moins chaudes qu'il traverse^ Il est donc évident que cette masse est échauffée, i° par l'élé- vation non interrompue des couches chaudes ; 2° par une quantité de calorique excessivement faible, transmise directement de bas en haut, en rapport avec le peu de con- ductibilité de l'eau ; d'où il résulte qu'il est impossible d'échauffer rapidement un liquide dont la surface supé- rieure seule est échauffée : en effet, la couche supérieure se dilate, devient plus légère, et, loin de pouvoir descendre pour échauffer les couches soujacentes, se transforme en vapeur et se répand dans l'air. Il ne reste donc plus, pour échauffer ces couches, que le calorique transmis directement de haut en bas, et qui est en très-petite quantité, parce que les liquides sont de mauvais conducteurs. 22. Faculté conductrice des corps gazeux. Plus mauvais conducteurs encore que les liquides , les gaz s'échauffent pourtant rapidement, parce qu'ils ont peu de capacité" pour le calorique, et que leurs molécules , excessivement mobiles , permettent facilement la circulation des courans ascendans chauds et dès courans descendans froids; De la: Capacité des corps pour le calorique* 23. Deux corps de différente nature, égaux en poids, par exemple, une livre d'étain et une livre de cuivre à zéro, placés dans un vase contenant de l'eau bouillante, ne tardent pas à être à la même température que l'eau , c'est- à-dire , à i oo° thermomètre centigrade ; mais il est aisé de prouver que ces deux corps , pour arriver à la même température, absorbent des quantités de calorique diffé- rentes. En effet, si immédiatement après les avoir retirés de l'eau bouillante , on les entoure de glace fondante , ils reviennent à o° , et perdent le calorique qui avait élevé 36 PREMIÈRE PARTIE. leur température depuis o° jusqu'à ioo°. Or, ce calorique, devenu libre , fondra une quantité de glace qui n'est pas la même pour l'un que pour l'autre de ces deux corps , ce qui devrait arriver si le calorique qu'ils émanent était en égale quantité. On désigne sous le nom de calorique spécifique cette quantité de calorique que deux corps de poids égal exigent pour passer d'un degré à un autre ; et l'on nomme capacité des corps pour le calorique la fa- culté qu'ils ont d'absorber une plus ou moins grande quantité de cet agent pour s'élever à la même tempéra- ture. Un corps à o° parvient d'autant plus vite à ioo° , ou s'échauffe d'autant plus rapidement, que sa capacité pour le calorique est moindre, toutes choses égales d'ail- leurs. Peut-on déterminer qu'elle est la capacité des différens corps pour le calorique ? On a proposé plusieurs mé- thodes propres à remplir cet objet : nous allons faire connaître les principales, en commençant par celle de Cravvford. Corps de nature différente n'exerçant pas entre eux une action chimique. Si ces corps sont liquides, on les mêle deux à deux sous des poids égaux , et à des tempéra- tures différentes ; on note la température du mélange , et on juge par là de leur capacité pour le calorique : par exemple , un mélange fait avec une livre de mercure à o° et une livre d'eau à 34°, marque au thermomètre 33°; le mercure passe donc de o° à 33° , tandis que l'eau des- cend de 34° à 33° , d'où l'on doit conclure qu'il n'a fallu à la livré de mercure, pour passer de o° à 33°, que la quan- tité de calorique capable de faire monter l'eau d'un degré , c'est-à-dire , de 33û à 34° : donc la capacité du mercure est ^ de celle de l'eau. Corps de nature différente exerçant entre eux une ac- tion chimique. Il est impossible de parvenir à un résultat exact si on mêle des corps qui, par leur action réci- DU CALORIQUE SPÉCIFIQUE. 37 proqtie, dégagent ou absorbent du calorique; dans ce cas, il faut les mêler avec d'autres corps sur lesquels ils n'exer- cent aucune action, et dont la capacité pour le calorique soit connue. Les vases dans lesquels on opère et l'air am- biant doivent être à la même température que le mélange ; et celui-ci doit être fait promptement afin qu'il n'y ait point de calorique absorbé ou cédé par lui. Lavoisier et M. de Laplace ont inventé un instrument, le calorimètre, à l'aide duquel on a déterminé la capacité des corps de nature différente pour le calorique. Le prin- cipe sur lequel repose l'opération est fondé sur un fait que nous avons déjà indiqué : savoir, que lorsqu'on mêle une livre de glace à o° , qui par conséquent est sur le point de fondre, avec une livre d'eau à 75° thermomètre centi- grade , la glace passe de l'état solide à l'état liquide, en absorbant le calorique qui avait élevé la livre d'eau de- puis o° jusqu'à 75°, et l'on obtient deux livres d'eau li- quide à o°. Maintenant, si l'on a trois corps , A, B,C, chauffés également à 75° thermomètre centigrade , et pesant chacun une livre ; si on les entoure de glace fondante, et que A fonde deux livres de glace en se refroidissant jus- qu'à o°, que B en fonde trois, G quatre, on en conclura, en regardant la capacité de la livre d'eau comme 1, que celle de A sera 2, celle de B 3, et celle de G 4- Nous ne donnerons pas la description de cet appareil, parce qu'il est fort peu employé , et qu'il ne fournit de résultats un peu satisfaisant qu'autant que l'on a pris un très-grand nombre de précau- tions qui le rendent d'un usage trop incommode. Rumford a imaginé un autre calorimètre pour parvenir avec facilité à déterminer le calorique qui se dégage pen- dant la combustion du bois, des huiles et de quelques autres corps ; il s'agit de faire passer les produits provenant de cette opération dans un serpentin aplati placé dans une caisse de fer-blanc , de manière à pouvoir être entouré 38 PREMIÈRE PARTIE. d'eau distillée froide: il est évident que ces produits échauf- feront l'eau différemment, suivant qu'ils seront fournis par tel ou par tel autre corps; et l'on pourra déterminer, au moyen d'un calcul très-simple, la quantité de calorique dégagé par la combustion du corps. La température de l'eau de la caisse doit être au-dessous de celle de l'air ambiant. 24- Les expériences tentées jusqu'à ce jour nous permettent d'établir: i° que les capacités pour le calorique varient dans les différens corps ; i° qu'elles varient encore dans le même corps suivant qu'il est à l'état solide, liquide ou gazeux : ainsi la capacité de l'eau liquide n'est pas la même que celle do l'eau à l'état solide ; 3° qu'elle est à-peu-près la même pour un corps qui ne change pas de forme; par exemple, une livre d'eau à 2o°4"0 et une autre à 5o0-f-o, mêlées, donne- ront deux livres d'eau à 35°; 4° enfin, que la capacité des gaz pour le calorique diffère dans chacun d'eux. § II. Effets du calorique sur les corps qui sont à une certaine distance du foyer d'où il émane. 25. Tout le monde sait que les corps placés à une certaine distance d'un foyer chaud finissent par s'échauffer. Exa-* minons , i° la manière dont le calorique lancé par le foyer chaud se comporte dans l'air jusqu'à ce qu'il soit ar- rivé près de la surface de ces corps; i° les phénomènes qu'il présente par son action sur ces surfaces. i °. Le calorique est lancé parle foyer chaud sous la forme de rayons qui traversent l'air avec beaucoup de vitesse, sans se combiner avec lui. Si le foyer est incandescent , rouge, les rayons calorifiques sont mêlés avec les rayons lumineux : dans le cas contraire, il n'y a que les premiers. Cependantles couches d'air qui entourent immédiatement le foyer échauffé s'échauffent elles-mêmes , sont dilatées , s'é- DU CALORIQUE. 89 lèvent, et communiquent ainsi, de proche en proche, une portion de calorique à d'autres couches ; en sorte qu'au bout d'un certain temps toute la masse d'air qui se trouve entre le foyer et les corps que nous supposons placés à une certaine distance est échauffée ; mais cet effet ne s'opère que len- tement , et l'on peut affirmer que l'élévation de tempéra- ture des corps éloignés du foyer doit être principalement attribuée aux rayons calorifiques lancés par le foyer. 20. Phénomènes que le calorique rayonnant émané du foyer présente, par son action, sur les surfaces de ces corps. A. Il existe des corps doués à un très-haut degré de la faculté de réfléchir les rayons calorifiques ; ces corps , dès l'approche de ces rayons, les rejettent en quelques sorte , s'échauffent à peine, ou ne s'échauffent pas du tout : les métaux éminemment polis sont dans ce cas ; nous pou- vons en donner une preuve en rappelant l'expérience faite avec les deux réflecteurs parfaitement polis (Voy. pag. 10 ); Aucun de ces réflecteurs ne s'échauffe sensiblement, quoi- que leurs foyers soient occupés par des corps très-chauds. On observe encore une très-grande force réfléchissante parmi les corps blancs : Francklin étala sur la surface de la neige quatre morceaux de drap de dimensions égales, mais d'une couleur différente : l'un était blanc, les autres étaient brun , bleu et noir ; le premier, doué d'une grande force réflé-, chissante, absorba à peine des rayons calorifiques, ne s'é- chauffa que très-peu et resta à la surface de la neige, tandis que les autres , principalement le morceau non , absor- bèrent du calorique, fondirentde la neige et s'enfoncèrent beaucoup au-dessous de la surface. M. H. Davy varia cette expérience en substituant aux morceaux de drap six feuilles de cuivre différemment colorées, et obtint des résultats analogues. Si la réflexion des rayons calorifiques dans les corps doués de cette faculté suit, comme il est probable , la même loi que celle de la lumière, elle sera a son n*w*. 4° PREMIÈRE PARTIE. mum lorsque le corps sera dans une position perpendi- culaire. B. Ces corps blancs, polis, doués d'une grande force réfléchissante, perdent cette faculté, en totalité ou en partie, si on les noircit ou qu'on les rende raboteux par un moyen quelconque. Expérience. i°. Les réflecteurs enduits de suie noire, et placés d'ailleurs dans les mêmes circonstances qu'au- paravant , absorbent un très-grand nombre de rayons calori- fiques, s'échauffent et jouissent à peine de la faculté ré- fléchissante : il en est de même si on les dépolit en les rayant avec du sable. i°. Si l'on couvre d'encre de la Chine la boule d'un thermomètre, et qu'on l'expose au soleil lorsque cette couche noire sera sèche, le thermomètre s'é- lèvera de 5° à 6° de plus qu'un autre thermomètre dont la boule n'aura été recouverte d'aucune matière noire. Ces faits nous portent à conclure que plus le pouvoir réflé- chissant d'un corps est augmenté, plus son pouvoir absor- bant est diminué ; et vice versd. Du Refroidissement des Corps. 26. Après avoir exposé en détail les circonstances qui influent sur réchauffement des corps que l'on plonge dans un foyer ardent, et de ceux qui en sont à une certaine distance, nous devons examiner celles qui agissent sur un corps échauffé par l'un ou l'autre de ces moyens , et qui vient à se refroidir. Ces circonstances sont : i° la capacité de ce corps pour le calorique ; 20 sa faculté conductrice ; 3° l'état poli ou terne de sa surface ; 4° sa couleur ; 5° enfin, l'état tranquille ou agité de l'air qui l'entoure. Capacité du corps pour le calorique et faculté conduc- trice. Toutes choses égales d'ailleurs, le corps se refroidira d'autant plus vite qu'il aura moins de capacité pour le ca- lorique , et qu'il sera meilleur conducteur. Etat poli ou terne de sa surface. Les corps excessive- DU REFROIDISSSEMENT. 41 ment polis émettent difficilement le calorique qu'on leur a accumulé, et par conséquent se refroidissent difficilement. Expériences : i° deux vases de même nature et de même dimension , l'un bien poli , l'autre raboteux , remplis d'eau bouillante, se refroidissent dans des temps inégaux ; celui qui est poli est encore chaud lorsque l'autre est déjà refroidi ; 20 un vase cubique de fer-blanc dont une des faces reste brillante et dont les trois autres sont recouvertes, l'une de papier, L'autre de noir de fumée, l'autre enfin d'une couche de vernis, présentent des phénomènes analogues : en effet, lorsqu'on le remplit d'eau bouillante, on observe que le rayonnement du calorique diffère dans chacune de ces faces : il est tellement abondant du côté noir, qu'il est même «ensible à la main ; tandis que le thermomètre placé à côté de la face brillante monte à peine. La face recouverte d'une couche de vémîs se refroidit plus vite que la face brillante, parce que le vernis la rend moins polie. Si l'on applique sur cette face deux autres couches de vernis, le refroidisse- ment est encore plus rapide ; enfin, si le nombre des couches s'élève jusqu'à huit, le refroidissement est plus prompt qu'il ne l'est par la face brillante ; mais il est plus lent que lors- qu'il n'y avait que six couches, ce qui dépend de la nature des substances qui composent les vernis ; en effet, ces sub- stances sont résineuses, peu conductrices du calorique, et doivent finir, lorsqu'on les accumule, par s'opposer à l'é*- mission de ce fluide. Ces faits nous portent à conclure que, plus le pouvoir refléchissant d'un corps augmente, plus son pouvoir émissif diminue, et vice versa. Couleur. Les corps blancs se refroidissent beaucoup plus lentement que les corps noirs ; en effet, l'expérience prouve que leur pouvoir réfléchissant l'emporte de beaucoup sur leur pouvoir émissif. Etat tranquille ou agité de Voir. M. Leslie remplit d'eau à 200 deux globes creux de métal, d'un diamètre 4^ PREMIÈRE PARTIE. égal : l'un de ces globes A était brillant, l'autre B était noir. 11 les exposa à un léger vent frais ; le globe brillant était à io° au bout de quarante-quatre minutes, tandis que l'autre n'avait besoin que de 35 min. Exposés à une bise assez forte, tétait à io° au bout de 23 min., et B au bout de 20 min. 15 secondes ; enfin, soumis à l'action d'un vent violent, A n'était à io° qu'au bout de 9 m. £ ; tandis que B était à cette température au bout de 9 minutes ; d'où l'on doit con- clure, i°que, pour l'un et l'autre globe, le refroidisse- ment est d'autant plus rapide que l'air est plus agité ou re- nouvelé ; 20 que le globe noirci se refroidit plus vite que celui qui est brillant. De VEquilibre du calorique. 27. Nous avons établi qurun corps chaud placé dans l'air lançait un certain nombre de rayons de calorique : or, nous pouvons considérer tous les corps de la nature comme étant chauds par rapport à d'autres plus froids ; en effet, une livre d'eau bouillante est chaude si on la compare à une livre d'eau liquide à io°; mais cette dernière devra être regardée comme chaude si on la compare à une livre de glace à o° ; d'où nous devons conclure que tous les corps rayonnent ou émettent un certain nombre de rayons de calorique. Si le corps est très-chaud, l'émission sera con- sidérable ; tandis qu'elle sera faible si sa température est peu élevée ; et l'expérience prouve que ces deux corps inégalement chauffés , mis en contact, ou placés à une certaine distance, ne tardent pas à acquérir la même tem- pérature : on dit alors qu'ils contiennent des quantités de calorique qui se font équilibre. L'équilibre au contact s'opère par le passage immédiat du calorique du corps plus chaud dans celui qui l'est moins, passage dont la rapidité varie suivant la capacité des corps DU CALORIQUE. 43 pour le calorique et leur faculté conductrice : on ignore si, dans ce cas, il y a rayonnement. Il n'en est pas de même de l'équilibre à distance. Imagi- nons deux corps inégalement chauffés , A et B ; tous les deux émettent des rayons calorifiques. A, dont la tempé- rature est plus élevée, absorbe le peu de rayons lancés par B ; mais il en émet un très-grand nombre que B absorbe ; en sorte qu'au bout d'un certain temps , la température de B se trouve égale à celle de A ; alors les quantités émises et les quantités absorbées par le même corps sont égales, et l'équilibre est établi. Il est évident qu'un pareil rayonnement s'établirait dans un appartement où il y au- rait 3o , 5o corps inégalement chauffés , et que ces corps finiraient par être à la même température, dans lequel cas le rayonnement continuerait encore. Des principales Hypothèses sur la cause de la chaleur. 28. Aristote et les Péripatéticiens définissaient la chaleur (calorique) une qualité ou un accident qui réunit ou ras- semble des matières homogènes, et qui dissocie ou sépare des matières hétérogènes. Suivant les Epicuriens, la cha- leur ( calorique ) n'est que la substance volatile du feu, émanée des corps ignés par un écoulement continuel et réduite en atomes. Démocrite, Boerhaave, Homberg, Lemery, Gravesande pensaient que le feu est une matière créée dès l'origine du monde, inaltérable dans sa nature, uniformément répandue dans toutes les parties de l'espace , et formée d'une multitude de petits ballons comprimés qui cherchent à s'étendre de toutes parts. D'autres physiciens, à la tête desquels on doit placer Bacon, Macquer, Rum- ford et Scherer nient l'existence du calorique ; ils pensent que la chaleur n'est autre chose qu'une modification des corps, une de leur manière d'être, un simple mouvement excité dans leurs parties constituantes par une impulsion 44 PREMIÈRE PARTIE. quelconque que Rumford attribue à un étlier particulier. Voici ce qui se passe suivant eux lorsqu'un corps chaud A est en présenced'un corps froid B. Les vibrations plus rapides des molécules de A transmises par l'éther qui, suivant* Rumford, se trouve dans l'atmosphère, aux molécules du corps B, accélèrent leurs vibrations ; et, par un effet con- traire, les vibrations plus lentes des molécules du corps B, auxquelles l'éther sert aussi de véhicule, ralentissent celles des molécules du corps A. Les températures sont égales lorsque les vibrations de part et d'autre sont devenues isochrones. Cette hypothèse a aujourd'hui un assez grand nombre de partisans. Les physiciens qui ne l'adoptent pas ont cherché à déterminer la matérialité du calorique au moyen de la balance ; mais il faut avouer qu'on n'est ja- mais parvenu à le peser. Tout ce que Boyle a écrit dans son article de Ponderabilitate flammœ est loin de pouvoir établir le poids de cet agent ; il en est de même des expé- riences faites dans ces derniers temps avec l'eau et l'huile de vitriol (acide sulfurique). Schéele et Bergman ne se bornent pas à regarder le calorique comme un fluide par- ticulier ; ils le croient composé de phlogistique et d'oxi- gène. Deluc pense qu'il est formé de lumière et d'une base particulière ; mais ces opinions nous paraissent un peu trop hasardées. Applications des faits précédemment établis à plusieurs phénomènes connus. 29. Lorsqu'on veut préserver de l'action du froid les fleurs et les fruits, on les recouvre d'un corps mauvais conduc- teur du calorique, tel que la paille ; il en est de même de la neige ou de la glace que l'on renferme dans des souter- rains et qui doivent être à l'abri de l'action du calorique extérieur. La laine que nous mettons sur la peau est éga- .DU CALORIQUE. 45 lemcnt un mauvais conducteur et s'oppose à l'émission du calorique dans les parties recouvertes. Une personne qui sort du bain éprouve du froid parce que l'humidité qui est à la surface du corps passe de l'état liquide à l'état de vapeur, passage qui s'opère aux dépens d'une portion du calorique de notre corps : par la même raison, on éprouve une sensation analogue lorsqu'on verse sur la main un liquide facilement vaporisable, tel que l'éther, l'esprit-de-vin, etc. Nous conservons de l'eau fraîche en Espagne au moyen de vases très-poreux nommés alcarazas, dont la surface externe est mouillée ; on place ces vases à l'ombre au milieu d'un courant d'air ; l'eau appli- quée à cette surface est vaporisée aux dépens du calo- rique de l'air ambiant, et de l'eau contenue dans le vase. . L'art de faire de bonnes cheminées repose en entier sur ce que nous avons établi : en effet, une cheminée remplira d'autant mieux son but, toutes choses égales d'ailleurs, qu'elle enverra , dans un temps donné , une plus grande quantité de calorique à la personne qui se chauffe : or, on peut disposer cette cheminée de manière à offrir une plaque métallique parfaitement polie , d'une Couleur blanchâtre , inclinée de manière à réfléchir la plus grande quantité de calorique possible; alors la personne recevra non- seulement les rayons directement lancés par le foyer enflammé , mais encore beaucoup d'autres qui auraient été perdus pour elle, et qui, au moyen de cette disposition très-favorable ,• seront réfléchis de son côté. Les bonnes cheminées doivent encore remplir deux conditions ; celle de ne pas fumer, et celle de chauffer aussi également que possible.^. On les empêchera de fumer, i° en activant la combustion du bois au moyen de l'air que l'on fera arriver par deux tuyaux qui viendront aboutir aux parties latérales de la cheminée^ car le bois ne fume que parce qu'il est 46 PREMIÈRE PARTIE. imparfaitement brûlé , comme nous le démontrerons plus1 tard ; 2° en diminuant le diamètre du tuyau par lequel s'élève la fumée produite. B. Un autre inconvénient des cheminées mal construites consiste dans la manière dont l'air parvient au foyer qu'il alimente. En effet, à mesure que les rayons de calorique lancés par ce foyer arrivent au- devant de la personne qui se chauffe, l'air extérieur froid s'introduit par les portes ou par les fissures, et glace les par- ties postérieures qu'il touche : on peut obvier à cet incon- vénient au moyen des deux tuyaux dont nous avons parlé, et qui sont placés aux parties latérales de la cheminée. Les cheminées bien construites doivent encore offrir plusieurs tuyaux dans lesquels la fumée puisse circuler ; ces tuyaux s'échauffent par ce moyen et rayonnent à leur tour, ce qui contribue nécessairement à élever la température de la masse d'air au milieu de laquelle on est plongé. Sources du Calorique. 3o. Le calorique, comme nous le dirons à l'article lu- mière, fait toujours partie des rayons lumineux lancés par le soleil, qui jouissent à un très-haut degré de la faculté de dilater et d'échauffer les corps ; mais , indépendamment du soleil, tous les corps placés dans des circonstances con- venables peuvent dégager une plus ou moins grande quan- tité de calorique : ce dégagement a tantôt lieu par leur compression, tantôt par leur combinaison entre eux. Compression. On sait qu'il suffit de frotter un corps contre tin autre, de le percuter, pour élever sa température, et quelquefois même pour l'enflammer; le rapprochement des molécules, et par conséquent le dégagement du calo- rique , sont la suite nécessaire de toute compression ; si cette assertion avait besoin d'appui, nous pourrions citer un fait généralement connu : l'usage du briquet avec lequel on percute le caillou pour allumer l'amadou. DU CALORIQUE. 47 Combinaison. Dans une multitude de circonstances , les molécules des corps qui se combinent intimement se rap- prochent , et dégagent une plus ou moins grande quantité de calorique, et souvent même de la lumière. La combus- tion du bois et des autres corps inflammables n'est autre chose qu'un phénomène de ce genre, dans lequel deux, trois, ou un plus grand nombre de corps s'unissent entre eux et donnent naissance à divers composés. Action du Calorique sur t économie animale. 3i. Le calorique doit être rangé parmi les substances excitantes ; il peut être employé à l'intérieur ou à l'exté- rieur : dans le premier cas, on l'introduit à l'aide de cer- tains corps liquides ou solides, tels que les boissons et les alimens. Nous devons seulement nous occuper ici de son emploi extérieur. Effets du calorique appliqué extérieurement. S'il agit sur toute la surface du corps, par exemple, lorsque l'in- dividu est placé dans une étuve sèche à 75° thermomètre centigrade, on éprouve un sentiment de cuisson dans plu- sieurs parties, mais principalement aux mamelons, aux paupières et aux narines ; la peau se tuméfie et rougit lé- gèrement ; la chaleur cutanée augmente; le pouls s'accélère; il survient une anxiété générale ; la respiration est plus ou moins gênée ; la surface de la peau se couvre de sueur ; la chaleur générale devient plus intense; on éprouve de la soif; la face est gonflée ; les yeux sont saillans ; la céphalalgie, des étourdissemens et même la syncope, viennent quel- quefois se joindre à ces symptômes. Si le calorique agit seulement sur une partie, on observe la rubéfaction, la vé- sication et même l'escharification. On applique tantôt le calorique sans lumière, tantôt il est combiné avec la lumière. Application du calorique non lumineux. i°. A l'aide de briques chaudes, de pla- 48 PREMIÈRE PARTIE. ques métalliques et de linges secs. Pouteau, Fabrice de Hildenet quelques autres praticiens ont employé ce moyen avec succès dans certains rhumatismes chroniques, dans des engorgemens froids des articulations , et dans certains cas de colique flatulente. 2°. A l'aide du sable et d'autres substances pulvérulentes. Le bain de sable général est en usage dans les départemens maritimes de la France : on s'en sert dans certains cas d'cedème , d'anasarque , de para- lysie, de rhumatisme chronique, etc. 3°. A l'aide de l'eau liquide ou en vapeur, ce qui constitue les bains (V. art. Eau). 4°« A l'aide de l'air, par exemple, dans les étuves sèches : ce moyen est peu usité parce qu'on lui préfère les étuves humides :il paraît cependant exciter davantage la toni- cité et l'action des vaisseaux capillaires de l'organe cutané, sans agir autaut sur l'excrétion qui s'y opère. Application du calorique lumineux, i °. A l'aide des rayons du soleil. Ces rayons peuvent tomber directement sur les parties , ou bien on peut les concentrer au moyen d'une lentille : dans ce cas , il faut agir avec prudence , car l'activité des rayons solaires concentrés est assez forte pour déterminer l'es- chare. Faure et M. Lapeyre rapportent des exemples de vieux ulcères guéris par l'insolation ; et M. Leeomte as- sure avoir employé avec succès les rayons solaires con- centrés dans un ulcère cancéreux à la lèvre. On fait par- ticulièrementusage de l'insolation datis les affections lentes du système lymphatique, dans les maladies scrophuleuses, l'anasarque et les suppressions atoniqués. 2°. A l'aide d'un charbon ardent que l'on approche et que l'on éloigne al- ternativement de la partie que l'on veut exciter. On l'em- ploie particulièrement dans les engelures et dans certaines néyralgies de la face. Faure a guéri, par ce moyen, plusieurs anciens ulcères , un engorgement glanduleux du sein , une dartre fort ancienne , purement locale. En- fin, on peut s'en servir dans les contusions , les ecchy- DU FROID. 49 moses , etc. 3°. A l'aide du fer rouge blanc y ou du cau- tère objectif: ce moyen est d'autant moins douloureux que le fer est plus chaud; il a été employé avec succès par Hippocrate dans les caries humides des os spon- gieux , dans les tophus osseux, et pour an êter le sang après l'excision des hémorrhoïdes. Faure en a retiré des avan- tages dans certains cas de tumeurs cancéreuses, et d'autres qui étaient molles, fongueuses et indolentes. Petit rapporte des observations d'exostoses vénériennes qui n'ont cédé qu'au fer rouge. On remploie pour arrêter l'hémoi phagie des artères sous-linguales, celle qui provient des petits vaisseaux qui avoisinent les os cassés et déplacés. Il a été quelquefois utile dans, l'épilepsie, en convertissant en escharele siège de Vaura epileplica. On 6'en sert fréquemment pour cau- tériser les plaies venimeuses, les anthrax, les charbons et les bubons pestilentiels. Fabrice de Hilden et plusieurs autres praticiens en ont retiré des avantages dans la gan- grène humide , etc., etc. 4°-Aï'aide du moxa. Indépendam- ment des diverses maladies où le cautère transcurrent est utile, le moxa est encore avantageux dans certaines cépha- lalgies chroniques, dans certains cas de surdité et de mutité accidentelles ; mais principalement dans les sciatiques in- vétérées, dans la. gibbosité vertébrale, vulgairement connue sous le nom de maladie de Pott ; dans les névralgies , les tumeurs blanches des articulations, etc. En général, le moxa doit être appliqué sur les endroits les plus voisins du «iége delà maladie. Du Froid. 32. D'après l'hypothèse que nous avons adoptée , le froid est une sensatiou produite parla soustraction du calorique de nos organes- plusieurs physiciens ont pensé qu'il était le résultat de l'action d'un fluide particulier qu'ils ont ap- pelé frigorifique. z. 50 PREMIÈRE PARTIE. Voici l'expérience sur laquelle ils ont cherché à ap- puyer cette opinion. ( Voyez pi. 5 , fig. 43. ) Si au lieu d'un corps chaud on place de la neige au foyer F, un thermomètre à air disposé à l'autre foyer/"descendra et la neige fondra : il existe donc , disent ces physiciens, un fluide frigorifique dont les rayons émanent de la neige, se réfléchissent sur le miroir A, sont réfléchis de nouveau sur le miroir B et ensuite sur/1 Mais nous pouvons nous dispenser d'admettre ce fluide pour expliquer le phéno- mène. En effet, le thermomètre et la neige lancent des rayons calorifiques , qu'ils s'envoient mutuellement ; le premier de ces corps en émet beaucoup plus qu'il n'en absorbe, parce que sa température est plus élevée, donc il doit baisser : du reste , la majeure partie des rayons émis par le thermomètre n'arrive à la neige qu'après avoir été réfléchis par les miroirs. De la Lumière. 33. i°. La lumière tend toujours à se mouvoir en ligne droite sous la forme de rayons et avec une vitesse pro- digieuse , puisqu'elle parcourt plus de quatre millions de lieues par minute. 2°. Les rayons lumineux traversent cer- tains corps que l'on nomme milieux : ceux qui tombent obliquement d'un milieu rare dans un milieu dense, par exemple, de l'air dans le verre , changent de direction, et se rapprochent de la perpendiculaire élevée au point d'im- mersion : le contraire a lieu s'ils passent d'un milieu dense dans un milieu rare. Cette déviation de la lumière est connue sous le nom de réfraction, et c'est sur elle que sont basées les théories dés lentilles , des miroirs ardens, des microscopes, des lunettes, des télescopes, etc. Soit A B le rayon lumineux qui tombe sur une lame de verre G D ( Voyez fig. 4? ) ? ce rayon , loin de suivre la direction EE) se réfractera en traversant la lame, et se rappro- DE LA LUMIÈRE. 5l chera de la perpendiculaire P R. Les milieux ne se bor- nent pas à dévier le rayon lumineux, ils le décompo- sent en sept rayons différens , comme on peut s'en assurer en le faisant tomber sur l'angle réfringent d'un prisme. Ce rayon ira toujours projeter sur un écran le spectre so- laire composé des sept rayons suivans , rouge, orangé, jaune , vert, bleu , indigo, violet. Il y a des corps qui font éprouver à la lumière une double réfraction. 3°. Les rayons lumineux sont réfléchis par la surface de tous les corps , et, dans ce cas, l'angle d'incidence est égal à l'an- gle de réflexion. Nous aurons occasion d'appliquer ces données par la suite. La lumière solaire , comme le calorique, détermine la dilatation et réchauffement des corps, phénomènes qui depuis long-temps ont conduit les physiciens à admettre qu'elle renfermait du calorique. Aujourd'hui on s'accorde à regarder un rayon lumineux solaire comme formé , i ° de plusieurs rayons lumineux ; i° de rayons calorifiques ob- scurs susceptibles d'échauffer et de dilater les corps; 3° d'autres rayons capables de produire des effets chi- miques , tels que la coloration en violet du chlorure d'ar- gent (muriate). Les rayons calorifiques obscurs susceptibles d'échauffer et de dilater les corps , ne jouissent pas des mêmes pro- priétés que ceux qui émanent des corps terrestres non incandescens ; en effet, ils traversent une lame de verre sans se combiner avec elle, sans l'échauffer sensiblement 5 tandis que le calorique émané des corps terrestres l'é- chauffé , comme l'a prouvé depuis long-temps Mariotte. ( Traité des couleurs. ) Expérience. Si l'on dispose un miroir métallique concave à quelque distance d'un poêle allumé dont la porte est ouverte , et que l'on place au foyer de ce miroir un morceau de soufre, celui-ci ne tarde pas à s'enflammer par l'action des rayons calorifiques ré- 5a PREMIÈRE PARTIE. fléchis; mais si l'on met une lame de verre entre le foyer et la porte du poêle, on s'aperçoit que cette lame s'échauffe, et le soufre ne s'enflamme plus ; il se ferme seulement au foyer un.point lumineux : la lame de verre opère l'analyse du.ca- lorkjue lumineux , retient le calorique et livre passage à la lumière, qui , réfléchie par le miroir , forme au foyer le point lumineux dépourvu de calorique. Ce ca- lorique obscur est en outre réfracté par le prisme, comme on. peut s'en assurer en plaçant un tliermomètre au de- là de la portion,rouge du spectre solaire , tandis qu'il n'est pas prouvé que le calorique émané des corps ter- restres jouisse de cette propriété. , Quant aux rayons obscurs susceptibles de produire des effets chimiques, on...sait qu'ils sont également réfractés par le prisme ,.-qu'ils ne produisent point de chaleur, et qu'ils se trouvent au-delà de la portion violette du spectre solaire. Du Fluide électrique. 34- La plupart des physiciens admettent, pour expliquer les pliénorhènes , électriques , deux espèces de fluides; fun que l'on appelle fluide électrique vitré ; l'autre qui porte le nom de fluide électrique résineux. i°. Tous les, corps de la nature contiennent à-la-fois dri "fluide vitré et du fluide résineux. Ces deux fluides sont combinés et se neutralisent tellement, qu'au pre- mier abord on ne se douterait pas de leur existence dans ïes corps. 20. * On connaît plusieurs moyens propres à détruire leur combinaison : alors l'un deux ou tous les deux à-la-fois Reviennent sensiblesl Ces moyens sent le frottement , la chaleur et le contact. 3°, Quel que soit le mode employé pour les mettre en liberté , ils jouissent toujours des mêmes propriétés, savoir , celle d'attirer d'a- bord et de repousser ensuite les corps légers. Le fluide DU FLUIDE ÉLECTRIQUE. 53 vitré attire en outre le fluide résineux et en est attiré, tandis que les fluides de même nom se repoussent. 4°- Ces fluides peuvent être transmis par certains corps que l'on appelle conducteurs, par exemple, les métaux, les animaux, etc. ; d'autres au conu*aire ne leur livrent point passage , et portent le nom d'idioélectriques , ou non conducteurs : tels sont les huiles, les résines, le verre , etc. 5°. Les fluides vitré ou résineux élèvent assez la température de certains corps pour les fondre et les enflammer. Le fluide électrique joue un très-grand rôle en chimie; c'est un des agens les pluspuissans que l'on connaisse pour opérerla décomposition des corps : aussi cette science a-t-ellc fait des progrès immenses depuis que son application est de- venue plus générale. On a principalement employé la pile électrique, instrument précieux, dans lequel le fluide élec- trique est développé par le contact de deux corps de nature différente.. La pile ordinaire doit être regardée comme une série d'élémens A A ( Voyez fig. 48j , formés chacun d'une plaque circulaire ou cariée de zinc et de cuivre soudés entre eux : ces élémens sont placés de champ et horizonta- lement dans une caisse de bois BBBB, à une certaine distance les uns des autres : ils doivent être séparés iufé- rieurement et latéralement par des corps non conduc- teurs et du mastic, de manière à ce que la pile soit iso- lée , et à produire des auges o o, dans lesquelles on met de l'eau acidulée avec de l'eau forte (acide nitrique) y qui est un excellent conducteur. Pour concevoir les effets de la pile, voyons d'abord ce qui se passe dans un de ses élémens. Par le contact des deux métaux différens, la combinaison de leurs fluides électriques, vitré et rési- neux , est détruite ; chacun d'eux devient libre; le zinc est électrisé vitreusement ; le cuivre l'est résineusement ;, mais comme la pile se compose d'un certain nombre d'é- lémens communiquant entre eux au moyen de l'eau aei- 54 PREMIÈRE PARTIE. dulée , il est aisé d'admettre que la plaque de zinc Z est très-chargée de fluide vitré , tandis que celle de cuivre G l'est fortement de fluide résineux (voyez les ou- vrages de physique pour la manière dont la pile par- vient à se charger) : on dit alors que la pile a deux pôles , l'un vitré et l'autre résineux , correspondans aux plaques zinc et cuivre dont nous parlons ; en sorte que si l'on plonge deux conducteurs métalliques T T, ter- minés par des lames de laiton , d'un côté dans les auges extrêmes de la pile , et de l'autre dans une capsule E , un corps placé dans cette capsule sera soumis à l'in- fluence des deux fluides vitré et résineux. Si l'effet que l'on cherche à produire ne pouvait pas être obtenu avec une seule pile , on en réunirait plusieurs au moyen de conducteurs : l'appareil serait alors connu sous le nom de batterie. Dans tous les cas., il faut renouveler de temps en temps l'eau acidulée qui remplit les auges , .sans quoi la pile perd de sa force. Nous aurons le plus grand soin de faire connaître par la suite l'action que ces fluides exercent sur les différens corps simples ou composés ; mais nous pouvons énoncer d'une manière générale que si , dans un corps A B, les molécules de A peuvent se constituer dans un état d'électricité vitrée, et celle de B dans un état d'électri- cité résineuse, il sera possible de les séparer les unes des autres au moyen de la pile, quelle que soit leur affinité réciproque : en effet, le fluide vitré de la pile attirera les molécules résineuses B , tandis que les molécules A se- ront attirées par le fluide résineux. 35. Le fluide électrique est rangé parmi lesexcitans. On l'a employé avec succès dans un très-grand nombre de cas : i° dans certaines paralysies ; 2° dans le rhumatisme simple et goutteux; 3° dans la surdité qui n'est pas de naissance • 4° dans l'amaurosej 5° enfin dans la suppression des rè- DU FLUIDE MAGNÉTIQUE. 53 gles... Il faut pourtant convenir que ce moyen n'a été suivi d'aucun succès chez plusieurs individus atteints des mala- dies que nous venons de nommer. Les observations médi- cales relatives à l'emploi de ce moyen ne sont pas assez nombreuses pour nous permettre de déterminer les cas où il faut s'en servir. Le fluide électrique peut être commu- niqué au corps , i ° au moyen du bain ; 2° par les pointes ; 3° par frictions à travers la flanelle ; 4° par déchargeau moyen de la machine électrique; 5° par la bouteille de Leyde ; 6° par la pile. « Du Fluide magnétique. 36. On a été obligé, pour expliquer les propriétés extraor- dinaires de l'aimant, d'admettre dans les corps magné- tiques l'existence de deux fluides, l'un boréal, l'autre austral, dont les propriétés sont analogues à celles des fluides électriques vitré et résineux : ainsi, le fluide boréal repousse le fluide du même nom et en est repoussé; tandis qu'il attire le fluide austral et en est attiré. Parmi les corps simples, le fer, le nickel et le cobalt sont seuls suscep- tibles d'être attirés par l'aimant, et de le devenir eux- mêmes. Nous reviendrons sur cette propriété, qui est en- tièrement du ressort de la physique, en parlant de ces mé- taux. CHAPITRE IL Des Substances simples pondérables. 37. Ces substances, au nombre de quarante-sept, sont divisées en métalliques et en non métalliques. 56 PREMIERE PARTIE. Substances simples non métalliques m 1° Oxigène; 6° Seufre; 2° Hydrogène; j° Iode; 3° Bore; 8° Chlore; 4° Carbone; 9° Azote. 5° Phosphore ; Substances simples métalliques. lo° le Silicium; 29° le Columbium j 11° le Zirconium; 5o° l'Antimoine; 12° l'Aluminium; 5i° l'Urant; l5° l'Yltrium; 32° le Cérium; l4° le Gluciuium; i5° le Magnésium; ï6° le Calcium ; 33" le Cobalt; 34° le Titane; 35° le Bismuth; 17° le Strontium; 36° le Cuivre; 18° le Barium; 370 le Tellure; 19° le Sodium ; 38° le Plomb; 20° le Potassium ; 39° le Mercure ; 21° le Manganèse; 32° le Zinc; 4o° le Nickel; 4i° l'Osmium ; 23° le Fer ; 34° l'Étain; 25° l'Arsenic; 42° l'Argent ; 43° l'Or; 44° le Platine; 260 le Molybdène; 27° le Chrome ; 45° le Palladium ; 46° le Rhodium; 28° le Tungstène; 47° l'Iridium. Avant de faire l'histoire de ces substances, nous allons exposer les principes de Ja nomenclature chimique ac- tuelle. De la Nomenclature. 38. Les noms de la plupart de ces substances simples sont insignificatifs, et l'on est tellement habitué aies employer, DE LA NOMENCLATURE. jn qu'il serait inconvenant de leur en substituer d'autres qui exprimassent quelques-unes de leurs propriétés. Nous di- rons même plus ; il est de la plus haute importance, si Ion veut avoir une bonne nomenclature , de faire disparaître un certain nombre de noms significatifs généralement adoptés , qui, comme nous le ferons voir , sont plus pro- pres à induire en erreur qu'à donner au langage chimique toute la précision qu'il devrait avoir. 11 n'en est pas de même des composés auxquels ils donnent naissance; ces composés sont trop nombreux pour que la mémoire la plus heureuse puisse se rappeler les dénominations arbitraires, insignifiantes et absurdes par lesquelles les anciens chi- mistes les désignaient. Tout esprit juste sentira la néces- sité dé leur donner des noms qui expriment, autant que possible, la nature des élémens qui entrent dans leur com- position , ainsi que les proportions dans lesquelles ces élé- mens sont combinés. On est convenu d'appeler oxides les composés formés par l'oxigène et par une substance simple, qui ne rougissent point l'infusum de tournesol et qui sont en général insipides, ou du moins qui n'ont pas une saveur aigre. On a appelé acides les composés d'oxigène d'une , de deux ou de trois substances simples qui rougissent l'infusum de tournesol et qui ont une saveur aigre. Oxides. Comme l'oxigène peut se combiner en diffé- rentes proportions avec la même substance simple , on a désigné les produits sous les noms de protoxide , de deu- toxide ou de tritoxide, suivant-qne l'oxigène y entre en une , en 4eux ou en trois proportions ; et on a appelé peroxide celui qui était le plus oxide : ainsi le premier oxide de plomb ( massicot ) est le protoxide ; le second (minium) est le deutoxide , et le troisième (oxide puce) est le tritoxide ou le peroxide. Si la Substance simple ne peut former avec l'oxigène qu'un seul oxide , on la désigne 58 PREMIÈRE PARTIE. alors sous le simple nom d'oxide. Lorsque l'oxide est corn* biné avec l'eau , on donne au composé le nom d'hydrate. Si l'oxigène, en se combinant avec une ou plusieurs sub- stances simples, forme un seul acide , on le désigne par le nom de cette substance, auquel on a j oute la terminaison ique : ainsi on dit acide carbonique, acide borique. S'il peut, au contraire, donner naissance à deux acides en se combinant en diverses proportions avec la même substance , le plus oxigéné est terminé en ique, et celui qui l'est moins en eux: ainsi lorsqu'on dit acide chlorique et acide chloreux, on indique que les deux acides sont formés par le chlore et par l'oxigène , mais que le dernier est moins oxigéné que le premier. L'hydrogène jouit, comme l'oxigène, de la propriété de se combiner avec un certain nombre de substances simples, et de donner naissance à des produits qui, tantôt sont acides , tantôt ne le sont pas. Produits acides. Pour les distinguer des précédens on les a désignés par le mot hydro, auquel on a ajouté le nom de la substance simple, que l'on a également terminé en ique : c'est ainsi que l'on appelle acide hydro-chlorique l'acide qui résulte de la combinaison de l'hydrogène avec le chlore. Nous nous servirons de ces dénominations, parce qu'elles sont géné- ralement reçues ; mais nous devons faire sentir qu'elles sont loin d'être exactes. En effet, en analysant le mot hydro-chlorique, on le trouve composé de vSvp, qui signifie eau, et de chlorique, qui désigne un acide formé d'oxigène et de chlore ; or, dans l'acide hydro-chlorique sec, il n'y a ni eau ni acide chlorique. Nous pouvons en dire autant des acides hydro-sulfuriq\ie, hydro-iodique, etc. La plus légère attention suffira pour prouver que le vice de ces dénominations disparaîtrait si, au lieu de conserver à l'hy- drogène un nom qui rappelle l'eau , on lui en substituait un autre, quand même il serait insignifiant, et si l'on chan-* DE LA NOMENCLATURE. 5CJ geait la terminaison en ique. Un pareil changement, quoique léger en apparence , fournirait à une multitude de compo- sés des noms rigoureux qui faciliteraient singulièrement l'étude de la chimie. Produits non acides formés par l'hydrogène et une substance simple. Si ces produits sont solides , on les appelle hydrures ; s'ils sont gazeux, on indique d'abord le nom du gaz hydrogène , puis celui de la substance simple que l'on termine en é: ainsi on dit gaz hydrogène carboné, phosphore, arsénié, etc. Lorsque deux autres substances simples se combinent entr'elles , le nom du composé est terminé en ure. Par exemple , on dira chlorure de phosphore, de fer, de plomb ; sulfure d'iode, d'arsenic de mercure ; et si le chlore ou le soufre peuvent se combiner en deux propor- tions avec ces substances. on désignera les composés par les noms de protochlorure , protosulfure , deutochlorure , deutosulfure, etc. , suivant qu'ils renferment plus ou moins de chlore ou de soufre. Ce principe de nomencla- ture ne s'étend pas cependant aux produits que donnent les métaux en se combinant entre eux : ainsi on ne dit pas argenture d'or, etc. ; on conserve à ces composés le nom général d?alliage, que l'on désigne plus particulièrement sous celui d'amalgame lorsque le mercure en fait partie. Les sels , produits très-nombreux , composés d'un acide et d'un ou de deux oxides métalliques, sont désignés par des noms qui expriment leur nature. Si l'acide est terminé en ique , on change sa terminaison en ate , et en iVe s'il est terminé en eux : ainsi les sels formés par les acides sulfu- rique et sulfureux porteront le nom de sulfates et de sul- fites , noms auxquels on ajoutera celui de l'oxide , par exemple , sulfate de protoxide, de deutoxide ou de trit- oxide de fer, et, pour abrévier, proto-sulfate, deutosulfate, trito-sulfate de fer; proto-sulfite de plomb, etc. Les sels composés par uu des acides formés par l'hydrogène, dont 60 PREMIÈRE PARTIE. la terminaison est toujours en ique , seront également terminés en ate : par exemple , proto-hydro-chlorate de fer, deuto-hydro-chlorate, etc. Si les sels sont avec excès d'acide, on les appelle sur- sels : ainsi on dit sur-deutosulfate de deutoxide de potas- sium. On désigne , au contraire , sous le nom de sous-sels ceux qui sont avec excès d'oxide. Nous ne dirons rien de la nomenclature des matières végétales et animales , parce qu'elle n'est pas fondée sur des principes rigoureux. Guyton de Morveau eut la gloire de créer cette belle nomenclature dont l'objet principal est de donner aux composés des noms qui indiquent les élémens qui entrent dans leur composition. Lavoisier, Fourcroy et M. Berthol- let y firent quelques changemens , de concert avec l'au- teur. Long-temps après, M. Thompson proposa les déno- minations de protoxide , de deutoxide , etc. ; enfin, dans ces derniers temps, M. Thenard en a fait de nombreuses et belles applications à des corps inconnus à l'époque où Morveau conçut cette idée heureuse. ARTICLE PREMIER. Des Substances simples non métalliques. 39. Ces substances simples sont, comme nous l'avons déjà dit, au nombre de neuf: l'oxigène, l'hydrogène, le bore, le carbone, le phosphore, le soufre, l'iode, le chlore et l'azote. La plupart des chimistes ont regardé, jusque dans ces der- niers temps, l'oxigène comme le seul principe pouvant servir à la combustion , et lui ont conservé l'épithète de com- burent, qui lui avait été donnée par les créateurs de la no- menclature chimique , tandis qu'ils ont continué à appeler combustibles toutes les autres substances élémentaires. Suivant eux , la combustion est une opération dans la- quelle l'oxigène se combine avec une ou. plusieurs des DES SUBSTANCES SIMPLES. 6x substances appelées combustibles , toujours avec dégage- ment de calorique , et quelquefois avec dégagement de lumière. L'état actuel de nos connaissances ne nous permet plus d'admettre de pareilles divisions. En effet, on observe tous les phénomènes de la combustion dans la formation d'une multitude de produits où l'oxigène n'entre pas: ainsi, que l'on introduise de l'arsenic pulvérisé dans une cloche remplie de chlore gazeux, ces deux substances simples se combineront même à froid ; il y aura dégagement de calorique et de lu- mière , et formation d'un liquide qui sera le chlorure d'ar- senic. Des phénomènes analogues auront lieu si l'on substi- tue le phosphore à l'arsenic, etc. D'un autre côté, on n'ob- serve aucun phénomène de combustion dans un grand nom- bre de cas où l'oxigène se combine avec des substances sim- ples : citons pour exemple l'oxidation du fer que l'on expose à l'air: on ne remarque aucun dégagement sensible de calori- que ni de lumière ; le fer se combine pourtant avec l'oxigène. Nous regardons donc la combustion comme un phéno- mène très-général qui a lieu toutes les fois que deux ou plusieurs corps se combinent avec dégagement de calorique et de lumière : nous avouons cependant que l'oxigène est, parmi les substances connues, celle qui donne le plus souvent lieu à ce dégagement lorsqu'elle s'unit à d'autres. Nous allons éuidier chacune des neuf substances simples non métalliques dans l'ordre suivant : oxigène, hydro- gène , bore , carbone , phosphore , soufre , iode, chlore et azote. Cet ordre est propre à rappeler un fait impor- tant, savoir : que l'affinité dont chacune d'elles est douée pour l'oxigène est d'autant plus grande, en général, qu'elle est plus immédiatement placée à côté de lui : ainsi l'hy- drogène occupera le premier rang, l'azote le dernier. 62 PREMIÈRE PARTIE. De VOxigène. 4o. L'oxigène est, parmi les substances simples dont nous parlons, celle qui est le plus généralement répandue dans la nature : à l'état solide, il entre dans la composition des sub-, stances végétales et animales solides , et d'une multitude de produits minéraux ; plusieurs liquides sont également formés par une plus ou moins grande quantité de ce principe : tels sont l'eau , l'acide nitrique ( eau forte ), etc. Enfin il fait partie constituante d'un très-grand nombre de gaz, tels que l'air atmosphérique, le gaz acide carbonique, le gaz acide sulfureux, etc., etc. Jusqu'à présent il a été im- possible d'obtenir l'oxigène pur autrement qu'à l'état de gaz : il est donc important de l'étudier sous cet état. Du Gaz oxigène. 41 • Propriétés. Le gaz oxigène est incolore, inodore et insipide ; sa pesanteur spécifique, d'après MM. Biot et Arago, est de i,io36, celle de l'air étant prise pour l'unité. Lors- qu'on le comprime fortement dans un cylindre de verre creux, dont les parois sont très-épaisses , on remarque qu'il s'é- chauffe comme tous les autres gaz, et il se dégage une très- grande quantité de lumière. Il ne partage cette dernière propriété, suivant M. Saissy, qu'avec le chlore gazeux et l'air atmosphérique, qui ne la possèdent pourtant qu'à un degré 'moindre. Quelque violens que puissent être les moyens compressifs qui ont été mis en usage jusqu'à ce jour, on n'est jamais parvenu à solidifier le gaz oxigène, propriété qu'il partage avec tous les autres gaz permanens. La lumière le traverse et se réfracte ; la puissance réfrac- tive de l'air atmosphérique étant ï, celle du gaz oxigène est de0,86161. Soumis à l'action de la pile , l'oxigène se porte au pôle vitré. Caractères essentiels. i°. Tous les corps simples ou. de l'oxigène. 63 tomposés*, tels que le soufre, le fer, le bois, la cire, dont la température a été élevée, plongés dans le gaz oxigène, l'absorbent rapidement et avec un grand dégagement de calorique et de lumière ; il suffit même qu'ils présentent un de leurs points en ignition pour que ce phénomène se vérifie. C'est en vertu de cette propriété que l'oxigène a été regardé, jusque dans ces derniers temps, comme un agent indispensable à la combustion ; 2°. Le gaz oxigène est très-peu soluble dans l'eau. Il fut découvert en 1774 par Priestley. Les usages de l'oxigène sont excessivement nombreux : nous en parlerons à mesure que nous ferons l'histoire des corps avec lesquels on le combine. Il doit être regardé comme un excitant ; lorsqu'on le respire pur, il détermine à-peu-près les effets dont nous avons parlé à l'article Calo- rique. Lors de sa découverte, plusieurs médecins conçurent l'espoir de diminuer l'intensité des symptômes delaphthisie pulmonaire en le faisant respirer ; mais il détermina une excitation telle dans les organes pulmonaires, qu'on fut obligé d'y renoncer. Il paraît agir avantageusement dans l'asthme humide, dans la chlorose, dans les affections scro- phuleuses, les empâtemens du bas-ventre , dans certaines affections lentes des poumons et des viscères abdominaux, dans le commencement durachilis , le scorbut; mais prin- cipalement dans l'asphyxie par défaut d'air, et par les gaz nuisibles à cause de leur non respirabilité. De l'Hydrogène. 42. L'hydrogène se trouve très-abondamment dans la na- ture ; il entre dans la composition de toutes les substances végétales et animales, de l'eau, des acides hydro-chlorique, hydriodique et hydro-sulfurique, de l'ammoniaque et de tous les sels ammoniacaux, etc. Son existence dans les régjons supérieures de l'atmosphère est loin d'être prouvée, puisque (54 P R E M I i: RE PARTIE. M. Gay-Lussac , qui a fait l'analyse de l'air qu'il avait recueilli à une très-grande hauteur, n'en a p;is trouvé un atome. Les assertions des physiciens qui ont admis ce prin- cipe gazeux dans l'atmosphère sont donc prématurées et sans appui. L'hydrogène, isolédes divers corps avec lesquels il est uni, est toujours gazeux : nous devons par conséquent l'examiner sous cet état. Du Gaz hydrogène [airinflammable), 43. Propriétés. Le gazhydrogènepur est incolore, insipide et inodore; sa pesanteur spécifique, comparée à celle de l'air, n'est que de 0,07321 ; la lumière le traverse et se réfracte considérablement; la> puissance réfractive de Tair étant 1,00000 , celle du gaz hydrogène pur est 6,61436, toutes les circonstances étant égales d'ailleurs. Cette grande force de réfrangibilité dépend de ce que l'hydrogène est un corps très-avide d'oxigène ; en. effet, on a parfaitement démontré que la puissance réfractive est en général en rapport avec la densité des corps et avec leur degré d'affi- nité pour l'oxigène. Le fluide électrique n'altère point le gaz hydrogène. Le gaz oxigène exerce une action remarquable sur le gaz: hydrogène lorsque la température est élevée. Expérience. i°. On remplit de gaz hydrogène une vessie à laquelle on a adapté un tube de cuivre terminé par un très-petil trou ; on presse la vessie et on enflamme le gaz ; alors on intro- duit le petit tube dans une cloche parfaitement sèche et pleine de gaz oxigène ; cette cloche est placée sur la cuve à mercure , et penchée de manière à ce que l'un de ses bords soit hors an métal ; on né tarde pas à remarquer qu'il se forme de l'eau par là combinaison de ces deux gaz , car elle tapisse le&paroisde la cloche et ruisselle bientôt après. 28. On commence par remplir d'eau un flacon à l'ëmerî, en le.plongeant dans la partie inférieure d\me cuve pneu- DEL' HYDROGÈNE. 65 mato-chimique; lorsqu'il est plein on le renverse, et on le porte à la surface du liquide, jusqu'à ce que les cinq sixièmes environ se trouvent dans l'atmosphère; on y introduit assez de, gaz oxigène pour que le tiers de l'eau dont il est rempli soit expulsé ; on y fait entrer un volume double de gaz hy- drogène , qui chasse l'eau qui y restait encore ; on le bouche en le tenant toujours plongé dans le liquide, puis on le re- tire ; on enveloppe d'un lingetoute sa surface, excepté l'ex- trémité du goulot ; on le débouche et on approche aussitôt son ouverture d'une bougie enflammée : à peine le mé- lange des deux gaz est-il en contact avec le calorique, que l'on entend une vive détonnation , et que l'on aperçoit une lumière plus ou moins intense. 3°. Si le mélange de deux parties de gaz hydrogène et d'une de gaz oxigène se trouve dans une vessie munie d'un robinet auquel on a adapté un bouchon percé pour recevoir un tube de verre effilé à la lampe, et que l'on comprime la vessie, afin défaire passer le gaz à travers» une dissolution de savon épaisse, préalablement disposée dans un mortier de fer, on remarque que les bulles du gaz font mousser le savon, le dilatent et lui donnent une forme plus ou moins globuleuse. Si dans cet état on retire la vessie et le tube, et qu'on approche une allumette enflammée de la surface du savon , on détermine une vive détonnation. 4°. Lorsqu'on dispose dans l'eudiomètre de Volta le mé- lange de ces deux gaz dans le rapport indiqué ci-dessus , on observe plusieurs phénomènes propres à jeter du jour sur la cause de leur production. Nous allons d'abord dé- crire l'instrument. ( Voyez fig. f\\) ). On peut le regarder comme formé de trois parties, une moyenne, une infé- rieure et l'autre supérieure ; la partie moyenne se com- pose d'un tube de verre très-épais T T, terminé infé- rieurement et supérieurement par une virole /^attachée avec du mastic et se vissant au robinet R. La partie infé- i. 5 66 PREMIÈRE PARTIE. rieure est formée d'un pied de verre ou de cuivre jaune P , qui est constamment creux , d'une virole V et d'un ro- binet R, dont la tige creuse se visse à la virole V'. La partie supérieure offre la même disposition que l'infé- rieure , excepté que le bassin B est moins large que le pied P. Vers l'extrémité supérieure du tube T T, se trouve une petite tige de cuivre horizontale CH, attachée à la virole dont nous avons parlé, et se terminant inté- rieurement très-près de la surface interne de la virole. Cette tige est en partie contenue dans un petit tube de verre 11, dont la surface externe est enduite de résine : elle est par conséquent isolée de manière à pouvoir trans- mettre une certaine quantité de fluide électrique dans l'intérieur du tube T T. L'intérieur de l'instrument pré- sente des ouvertures tellement disposées , que lorsque les robinets sont ouverts , l'eau que l'on ferait entrer par le bassin B sortirait par le pied P. Si après avoir rempli d'eau cet instrument plongé per- pendiculairement dans la cuve pneumato-chimique , on ferme le robinet supérieur, on pourra, en ouvrant le ro- binet inférieur , introduire dans le tube T T deux par- ties d'hydrogène et une partie d'oxigène en volume. Si l'on fait passer alors l'étincelle électrique à travers le mélange, en approchant de la tige de cuivre G H, préalablement essuyée , une bouteille de Leyde chargée , ou le plateau de l'électrophore électrisé par le frottement, on remar- quera une lumière et une détonnation plus ou moins vives ; la colonne d'eau contenue dans le tube T T sera refoulée en bas et remontera subitement, en sorte que le tube se trouvera rempli de liquide ; enfin les deux gaz auront dis- paru. Si au lieu de laisser le robinet inférieur R ouvert, on le ferme avant de faire passer l'étincelle électrique, il se formera un vide qui sera immédiatement rempli par Teau si on rouvre le robinet. Théorie. Il se forme de DE L'HYDROGÈNE. 67 l'eau par la combinaison de l'hydrogène avec l'oxigène : cette eau est transformée en vapeur par la grande quantité de calorique dégagé dans l'expérience : or, la vapeur ré- sultante occupe un espace plus grand que celui qu'occu- paient les deux gaz ; elle doit donc refouler en bas le li- quide contenu dans le tube T T ; mais comme la vapeur se trouve alors en contact avec un corps froid, elle passe à l'état liquide ; presque tout l'espace qu'elle occu- pait se trouve vide, et l'eau doit remonter pour rem- plir ce vide. Ces deux effets étant presque instantanés , on conçoit qu'il résulte un double choc capable de rendre • raison de la détonnation qui les accompagne. La même théorie peut être appliquée aux expériences 2e et 3e, avec cette différence que c'est l'air atmosphérique qui est re- foulé , d'abord en avant , puis en arrière. 5°. M. Biot a prouvé qu'un mélange de deux parties de gazhydrogènet et d'une de gaz oxigène, comprimé fortement dans une seringue métallique très-épaisse, garnie d'un verre au fond, se combinaient, formaient de l'eau, et il y avait dé- tonnation et dégagement d'une lumière très - vive : dans cette expérience, qui n'est pas sans danger, le verre est projeté au loin. L'action du gaz hydrogène sur le gaz oxigène, à la tem- pérature ordinaire, est loin d'offrir des phénomènes aussi complexes : les deux gaz , d'une pesanteur spécifique très- différente , se mêlent intimement et forment un tout ho- mogène. Expérience. Lorsqu'on prend deux fioles d'égale capacité, munies chacune d'un bouchon percé d'un trou , et qu'on les remplit, l'une de gaz oxigène et l'autre de gaz hydrogène, on remarque , en les faisant communiquer ensemble à l'aide d'un tube de verre d'en- viron un pied de long , et en les tenant dans une direction perpendiculaire, que la fiole pleine de gaz oxigène, qui est la plus inférieure , cède une portion de gaz à la fiole supé- 68 PREMIÈRE PARTIE. rieure, et qu'une partie de l'hydrogène de celle-ci passe à son tour dans la fiole inférieure , en sorte qu'au bout de deux ou trois heures les gaz sont mêlés , et l'on peut enflammer le mélange dans chacune des fioles , en les sé- parant et en les approchant d'une bougie allumée. M. Dal- ton , à qui nous devons un travail sur cet objet, a conclu, après avoir fait un très-grand nombre d'expériences, qu'un fluide élastique plus léger ne peut rester sur un autre plus pesant sans s'y mêler. Caractères essentiels, i °. Lorsqu'on approche une bou- gie allumée du gaz hydrogène contenu dans une éprou- vette dont l'ouverture est en bas, le gaz se combine avec l'oxigène de l'air, et il se produit une flammeblanche d'au- tant plus bleue que le gaz hydrogène est moins pur ; il y a aussi une légère détonnation, et il ne se forme que de 'l'eau; car, après l'expérience , l'eau de chaux n'est point troublée par son agitation avec l'air de la cloche, ce qui arriverait s'il s'était formé du gaz acide carbonique. 2°. Si au lieu de laisser la bougie à la surface de la cloche, on la plonge dans l'intérieur, elle s'éteint après avoir mis le feu aux premières couches de gaz. 3°. Ce gaz est très- léger. Expérience. i°. Que l'on prenne deux cloches à-peu- près égales, l'une remplie d'air atmosphérique et dont l'ou- verture sera en haut; l'autre pleine de gaz hydrogène et dont l'ouverture sera en bas ; que l'on adapte l'une à l'autre ces deux ouvertures , puis que l'on change la position en renversant les cloches, afin que celle qui contient le gaz. hydrogène se trouve inférieure à l'autre ; quelques instans après on pourra s'assurer, à l'aide d'une bougie allumée, que la majeure partie de l'hydrogène a passé dans la cloche auparavant remplie d'air atmosphérique. 4°« Si on remplit une éprouvette de gaz hydrogène, et qu'on la ren- verse de manière à ce que son ouverture soit en haut, en approchant immédiatement après une bougie allumée , on DE L'HYDROGÈNE. 69 observera que la détonnation sera plus vive, et le dégage- ment de calorique et de lumière plus intense que lorsque l'ouverture de Féprouvette était en bas : dans le premier cas le gaz hydrogène , à raison de sa légèreté et de la position de- la cloche, s'élance subitement dans l'air; celui-ci, au con- traire, beaucoup plus pesant, se précipite dans la cloche, en sorte que les gaz sont parfaitement mêlés. On se sert du gaz hydrogène pour faire l'analyse de l'air et pour remplir les ballons aéroslatiques. M. Clarke, professeur de minéralogie à Cambridge, vient de prouver, par une nombreuse série d'expériences , que lorsqu'on met le feu à un mélange de deux parties en vo- lume de gaz hydrogène, et d'une de gaz oxigène pur, préala- blement condensés dans un réservoir, il se produit une chaleur capable de fondre en quelques instans les sub- stances regardées jusqu'à ce jour comme les plus infusibles. Déjà , en 1802 , Robert Haie, physicien d'Amérique, avait publié quelques données sur cet objet. M. Clarke s'est servi dans ses expériences du chalumeau de Brooks, dont voici la description ( Voyez fig. 5o ). E est une vessie contenant le mélange gazeux avant la condensation. F est une espèce de corps de pompe dans lequel se meut le piston D, qui sert à condenser les gaz. G est un réservoir pour le gaz condensé. AB est un petit tube de verre , et mieux de métal, de ^ de pouce de diamètre et de trois pouces de longueur, qui sert à donner issue au gaz condensé. On enflamme ce gaz à. mesure qu'il sort par l'orifice A. La flamme ne se produit qu'à une certaine dis- tance de cet orifice, sans cela le tube serait rapidement fondu. Il est' évident que si le diamètre de ce tube était considérable, il se produirait une vive détonnation suivie de beaucoup de danger. Suivant M. Chaussier, la respiration du gaz hydrogène communique une teinte bleuâtre au sang et aux autres ^O PREMIÈRE PARTIE. parties ; on peut le respirer pendant quelques instans sans danger ; mais il finit par déterminer l'asphyxie. On ne l'a jamais employé en médecine. Du Bore. 44? Le bore est un corps simple qui ne se trouve ja- mais pur dans la nature, mais qui fait partie de trois com- posés naturels, savoir : de l'acide borique ( boracique ), du borax ( sous-borate de soude ) et du borate de magnésie. Le bore est une substance solide, pulvérulente, très- friable , insipide, inodore, d'un brun verdâtre et plus pesante que l'eau. Le calorique ne lui fait éprouver aucun changement; la lumière et le fluide électrique n'exercent sur lui aucune action marquée. PE. Lorsqu'on le met en contact avec le gaz oxigène et qu'on le chauffe jusqu'un peu au-dessous de la chaleur Touge, il se combine avec ce gaz, et forme de l'acide borique qui entre en fusion; il se dégage dans cette opération une partie du calorique et de la lumière qui tenaient l'oxigène à l'état de gaz ; cependant tout le bore ne se transforme pas en acide borique, parce qu'à mesure que celui-ci est pro- duit , il recouvre les couches intérieures de bore qui ne se trouvent plus en contact avec le gaz. Si on dissout dans l'eau l'acide borique formé , il reste une poudre d'une couleur plus foncée que celle du bore, que M. Davy regarde tomme de loxide de bore. A la température ordinaire, le bore n'éprouve aucune altération delà part du gaz oxigène ni du gaz hydrogène: ilest'sans usage. M. Davy observa en 1807 que l'acide borique pouvait être décomposé, au moyen de la pile, en oxigène et en une matière brune. MM. Gay- Lussac et Thenard , en 1809 , décomposèrent le même acide au moyen du potassium, décrivirent les propriétés du bore, et prouvèrent qu'on pouvai t le transformer en acide borique au moyen du gaz oxigène. DU CARBONE. 71 Du Carbone. Le carbone est très-répandu dans la nature : tantôt on le trouve pur, comme dans le diamant ; tantôt il est uni à d'autres principes, comme dans toutes les substances vé- gétales et animales , dans le charbon ordinaire, dans la plombagine, l'antracite, etc. : cette dernière est quelquefois formée de carbone presque pur ; enfin, il existe souvent dans l'atmosphère combiné avec l'oxigène ou avec l'hy- drogène , à l'état de gaz acide carbonique ou de gaz hydro- gène carboné. 45. Le diamant ou le carbone pur se trouve dans les Indes orientales, principalement dans le royaume de Gol- conde et de Visapur; on en a aussi découvert dans la Serra do Frio, district du Brésil. Le diamant se présente ordinai- rement sous la forme de cristaux très-brillans, limpides , transparens , incolores , qui sont des octaèdres ou des dodécaèdres , ou des sphéroïdes à 4& faces triangulaires f curvilignes ; quelquefois ces cristaux sont roses, orangés , jaunes, verts , bleus ou noirs ; leur pesanteur spécifique varie depuis 3,5 jusqu'à 3,55 ; leur dureté est telle qu'ils ne sont rayés que par leur propre poudre. Soumis à l'action du calorique dans des vaisseaux fermés > le diamant n'éprouve aucune altération ; il réfracte forte- ment la lumière : la puissance réfractive de l'air étant 1,0000, celle du diamant est 3,1961. Le diamant s'électrise vitreu- sement lorsqu'on le frotte. P E. Le gaz oxigène n'exerce aucune action sur lui à froid ; mais si on élève la température, le diamant se com- bine avec ce gaz , et donne pour produit de l'açidë car- bonique. En 1797 , Guyton de Morveau exposa au foyer d'une très-forte lentille un diamant placé sous une cloche remplie de gaz oxigène pur; il fit tomber les rayons so- laires , et il remarqua que la surface du diamant ne tarda J2, PREMIÈRE PARTIE. pas à noircir : on voyait çà et là des points brillans en cfat d'ébullilion. Il intercepta la lumière au moyen d'un corps opaque; alors le diamant parut rouge et transparent; son poids était évidemment diminué ; deux jours après , l'ex- périence fut continuée, et le diamant disparut en entier en moins de 20 minutes. Le gaz contenu dans la cloche fut analysé, et l'on vit qu'il était composé de gaz acide carbo- nique , dont les élémens sont l'oxigène et le carbone ; en outre, son volume était le même que celui du gaz oxigène employé. On peut encore varier cette expérience en faisant passer à plusieurs reprises du gaz oxigène pur à travers le diamant contenu dans un tube de porcelaine que l'on fait rougir en le plaçant dans un fourneau à réverbère ; âl suffit pour cela d'adapter à l'une des extrémités du tube une vessie pleine de gaz oxigène , et à l'autre extrémité une vessie vide. On n'a pas encore déterminé si le gaz hydrogène peut dissoudre le carbone pur ou le diamant ; on sait ce- pendant qu'il existe plusieurs variétés d'un gaz formé d'hy- drogène et de carbone dont nous ferons l'histoire, et que l'on obtient sans le secours du diamant. On ne connaît pas l'action du bore sur le carbone pur. Le diamant est un objet de luxe ; on peut s'en servir pour rayer les autres corps , et surtout pour couper le verre. Du Charbon. 46. Le charbon ordinaire renferme du carbone , de l'hy- drogène , un peu d'oxigène et une plus ou moins grande quantité de substances salines quij constituent les cendres. Le charbon est toujours solide , noir , inodore , insipide , fragile, et plus ou moins poreux ; les molécules dont il est formé sont assez dures pour servir à polir les métaux ; sa pesanteur spécifique est un peu plus considérable que celle de l'eau : cependant il surnage assez ordinairement ce liquide, à raison de l'air contenu dans ses pores. Si on le DU CHARBON. 73 laisse pendant quelque temps en contact avec l'eau , la majeure partie de l'air se dégage , et alors le charbon se précipite : cette expérience se fait très-bien avec une cloche^ remplie d'eau et renversée sur la cuve pneumato- chimiquc. Le charbon est très-mauvais conducteur du calorique. Guyton de Morveau a démontré que le calorique tra- verse le charbon plus lentement que le sable dans le rapport de trois à deux : lorsqu'on le chauffe fortement dans des vaisseaux fermés , il donne une certaine quantité d'un gaz qui paraît> être composé d'hydrogène, d'oxi- gène et de carbone. M. Berthollet a prouvé qu'il se dé- gage aussi de l'azote ; du reste il n'y a ni fusion ni vola- tilisation du charbon. Il agit sur la lumière comme tous les corps opaques noirs ; exposé à l'action dufluide électrique, il devient plus dur ; mais il ne se transforme pas en dia- mant , comme l'avait annoncé il y a quelque temps un chimiste allemand. Mêlé à de l'eau et à de l'acide nitri- que (eau forte), le charbon a la faculté de dégager une certaine quantité de fluide électrique: aussi peut-on cons- truire une pile avec ces trois substances. Gautherot en a formé une avec du charbon et de la pyrite de fer ( com- posé de soufre et de fer ). Si après avoir fait rougir du charbon de buis, on l'éteint dans le mercure et qu'on le plonge dans du gaz oxigène contenu dans une cloche placée sur la cuve hydrargiro- pneumatique (cuve à mercure)-, on remarque qu'il y a dégagement de calorique, absorption d'oxigène et formation de gaz acide carbonique , quelque basse que soit la tem- pérature. Une mesure de charbon de buis absorbe , selon M. Théodore de Saussure, 9,20 mesures de gaz oxigéné. On observera le même phénomène si, au lieu de faire rougir le charbon, on le prive de tout l'air qu'il renferme par la machine pneumatique. Plusieurs des gaz dont nous 74 PREMIÈRE PARTIE. parlerons par la suite sont également susceptibles d'être absorbés par le charbon , et en général l'absorption est d'autant plus grande que la température est plus basse, la pression plus forte, le charbon moins pulvériséi plus sec et plus dense, à moins cependant que la densité ne soit telle que les gaz ne puissent plus pénétrer dans leurs pores. PE. Lorsqu'on introduit du charbon qui présente un ou deux points en ignition dans une éprouvette rem- plie de gaz oxigèhe, ces deux corps se combinent ; il y a dégagement de calorique et de beaucoup de lumière, et il se forme du gaz acide carbonique, qui occupe précisé- ment le même volume que celui qu'occupait le gaz oxi- gène qui entre dans sa composition ; il y a aussi forma- tion d'une petite quantité d'eau qui provient de l'union de l'oxigène avec l'hydrogène du charbon. Si le charbon employé était en excès , et que la température fût très-éle- vée, on obtiendrait un mélange de gaz acide carbonique et de gaz oxide de carbone , produits dont nous ferons l'histoire en parlant des corps oxides. 47- Le gaz hydrogène est absorbé par le charbon. Une mesure de charbon de buis peut, d'après M. de Saussure, absorber 1,75 mesures de ce gaz qui, du reste , n'éprouve d'autre altération qu'une condensation plus ou moins mar- quée. Lorsqu'on fait passer du gaz hydrogène à travers du charbon rouge contenu dans un tube de porcelaine, une portion du charbon est dissoute par le gaz, et il en résulte du gaz hydrogène plus ou moins carboné. L'action du bore sur le carbone n'est point connue. Le charbon a fait par- ticulièrement l'objet des recherches de Lavoisier. Usages. Il fait partie de la poudre à canon , de l'encre d'imprimerie , de l'acier ; on s'en sert beaucoup dans les mines pour enlever l'oxigène aux oxides métalliques ; on DU CHARBON. 75 polit avec lui plusieurs métaux : les peintres se servent du charbon de fusain pour esquisser leurs dessins. Le charbon ordinaire est employé avec succès pour priver les substances végétales et animales qui commencent à se pu- tréfier , de leur odeur et de leur saveur désagréables ; on peut rendre potable l'eau de marre chargée de débris d'ani- maux au moyen des fontaines, épuratoires de MM. Smith et Ducommun, qui ne sont autre chose que des filtres de charbon ; les tonneaux charbonnés à l'intérieur conservent l'eau pour les marins ; la viande faisandée perd son mau- vais goût lorsqu'on la fait bouillir dans de l'eau avec une certaine quantité de charbon. Un très-grand nombre de liquides peuvent être décolorés par cette substance, phéno- mène dont on doit la découverte à M. Lowitz. Plusieurs médecins emploient le charbon comme anti - putride. M. Récamicr, qui l'a quelquefois administré avec succès dans des fièvres bilieuses rémittentes , a observé qu'il avait la propriété de détruire la mauvaise odeur des ma- tières excrémentitielles. Réduit en poudre et mêlé avec du sucre, il est un très-bon dentrifique ; uni à un mucilage et à un aromate , il est propre à former des pastilles qui cor- rigent la mauvaise haleine ; on le conseille pour absorber la matière des flatuosités et de la tympanite; on peut l'em- ployer pour mondifier les ulcères de mauvais caractère , quoique le quinquina jouisse de cette propriété à un degré supérieur. Il a été utile dans la teigne : on l'applique sur la tête du malade préalablement débarrassée des croûtes, et nettoyée au moyen de l'eau de savon. En général, le char- bon doit être lavé et tamisé avant son administration : la dose est de [20, 3o, 4° grains , un gros, etc. ; on le fait prendre aux malades sous le nom de magnésie noire. j6 . rREM1ÈRE PARTIE. Du Phosphore. Le phosphore n'a jamais été trouvé pur dans la nature ; il entre dans la composition de plusieurs produits minéraux et animaux ; combiné avec l'oxigène , le carbone, l'azote et l'hydrogène, il constitue la laitance de carpe et une partie de la matière cérébrale et des nerfs ; uni à l'oxigène et à la chaux , il fait la base de la portion dure du squelette des animaux et de toutes les parties ossifiées. Le phos- phate de chaux, que l'on rencontre si abondamment en Estramadure , province méridionale de l'Espagne, et plu- sieurs autres phosphates métalliques que l'on trouve dans la nature , contiennent également du phosphore. 48. Propriétés. Le phosphore est un corps solide, trans- parent ou demi-transparent, incolore, légèrement bril- lant , flexible, et assez mou pour céder au couteau ; on le raie facilement avec l'ongle ; il a une odeur d'ail très- sensible ; il paraît insipide lorsqu'il est pur ; sa pesanteur spécifique est de 1,770. Une contient pas de carbone s'il a été bien purifié. Si on met du phosphore au fond d'une fiole contenant de l'eau, et qu'on élève la température jusqu'au 43e degré du thermomètre centigrade , il entre en fusion et il est transparent comme une huile blanche ; si on le laisse re- froidir très-lentement, il conserve sa transparence , et se solidifie : quelque brusque que soit le refroidissement, il ne devient jamais noir s'il est pur; si on rompt la pellicule qui se forme à sa surface au moment où il va se figer, et que l'on fasse écouler les parties encore liquides , les autres cristallisent en aiguilles ou en octaèdres. Si lorsqu'il est fondu dans l'eau chaude , on agite pendant quelque temps la fiole qui le contient, il se convertit en une poudre plus ou moins fine que l'on a employée en médecine. Soumis DU PHOSPHORE. nj à une température plus élevée, le phosphore se volatilise et peut être distillé. Cette expérience se fait dans une cor- nue à laquelle on adapte un récipient contenant de l'eau; on introduit un peu de phosphore et de l'eau dans la cor- nue , et on la dispose de manière à ce que son bec plonge dans Je liquide du récipient: par ce moyen le phosphore volatilisé peut se condenser sans avoir le contact de l'air, qui l'enflammerait. La lumière solaire change en rouge la couleur blanche du phosphore pur, renfermé dans de l'eau privée d'air, dans de l'huile d'olive , de l'esprit-de-vin , ou de l'é- ther , etc. , sans que le phosphore passe à l'état d'acide. Le même phénomène a lieu lorsque le phosphore est placé sous une cloche vide , ou dans le vide d'un baromètre : dans ce dernier cas , il se dépose en paillettes brillantes contre les parois de l'instrument. Parmi les divers rayons qui composent le spectre prismatique de la lumière solaire , le violet est celui qui produit le plus promptement ce phénomène : aussi le phosphore rougit-il plus vite dans des verres violets que dans des verres rouges. M. Vo- gel a prouvé que , dans ces différentes circonstances, le phosphore passe à l'état d'oxide rouge. Mais comment con- cevoir l'oxidation du phosphore dans le vide ? La flamme bleue du soufre brûlant et la flamme blanche du feu blanc des Indiens ne produisent rien de semblable sur lui. Le fluide électrique agit sur le phosphore qui a le contact de l'air comme le calorique. 49« Le gaz oxigène n'exerce aucune action sur lui à la température ordinaire , ce qui dépend de la grande force de cohésion qui unit ses molécules entre elles ; mais si on le fait fondre dans une petite coupelle , et qu'on l'in- troduise dans une éprouvette à pied remplie de gaz oxi- gène , il se dégage beaucoup de calorique et de lumière: l'oxigène est absorbé et solidifié par le phosphore , et il *g PttF. M 1ÈRE PARTIE. en résulte un nuage dense d'une couleur blanche , qui n'est autre chose que de l'acide phosphorique suscep- tible de rougir la teinture de tournesol. Une portion du phosphore employé passe à l'état d'oxide rouge, et ta- pisse l'intérieur de la coupelle. Cet acide et cet oxide sont les seuls produits qui résultent de l'action directe du phosphore sur le gaz oxigène : on connaît cependant plusieurs autres composés de phosphore et d'oxigène que l'on obtient par des moyens indirects : tels sont les acides hypophosphoreux, phosphoreux, et phosphatique. Le phosphore , mis en contact avec le gaz hydrogène, passe rapidement au rouge, et les parois' des flacons qui le contiennent se tapissent de cristaux rouges étoiles ; une portion de phosphore est dissoute par le gaz, qui se trans- forme en gaz hydrogène phosphore ; les cristaux rouges sont de l'oxide de phosphore formé aux dépens de l'oxi- gène de l'eau contenue dans le gaz (Vogel). L'action du bore sur le phosphore n'est pas connue ; il en est de même de celle du carbone pur. 5o. Le charbon ne se combine pas directement avec le phosphore ; cependant il existe un composé de ces deux élémens, d'une couleur rouge , que l'on peut ob- tenir en distillant du phosphore impur , celui , par exem- ple , qui contient du carbone. Le phosphore a été décou- vert par Brandt, en 1669. Usages. Il est employé pour faire l'analyse de l'air, et pour la construction des briquets phosphoriques. Parmi les moyens proposés pour faire ces briquets , le plus sim- ple consiste à remplir d'eau à 700 ou à 8o° un petit fla- con de cristal, et à y introduire de petits fragmens de phosphore : ceux-ci fondent, occupent la partie infé- rieure du flacon , et chassent l'eau. Lorsque la majeure partie de celle-ci est expulsée, le petit appareil se trouve presque rempli de phosphore fondu : alors on le laisse DU PHOSPHORE. jg refroidir en tenant le flacon dans l'eau , et on le bouche lorsqu'il est froid. Chaque fois que l'on veut se servir de cet instrument, on introduit dans le flacon l'extrémité d'une allumette soufrée afin de détacher quelques molécules de phosphore ; on frotte cette extrémité sur un bouchon de liège : par ce moyen la température se trouve élevée, et Je phosphore s'enflamme. Action du Phosphore > sur Véconomie animale. Le phosphore , à petite dose , doit être regardé comme un excitant volatil puissant , dont l'action est très-prompte, très-intense , mais peu durable ; il augmente l'activité de tous les systèmes de l'économie animale , et principale- ment du système nerveux. Les expériences d'Alphonse- Leroy , Pelletier et Bouttatz prouvent qu'il irrite les or- ganes de la génération , et éveille singulièrement l'ap- pétit vénérien. Administré convenablement, il peut être utile dans les maladies asthéniques aiguës ou chroniques, où il ne faut exciter que momentanément , mais d'une manière très-intense : ainsi son emploi a été suivi de suc- cès dans les fièvres ataxiques et adynamiques avec pros- tration extrême des forces vitales , dans les différentes complications de ces mêmes fièvres, dans les fièvres in- termittentes opiniâtres , les affections rhumatismales et goutteuses , la suppression des règles , la chlorose et les infiltrations avec atonie de la fibre ; mais particulière- ment dans les maladies nerveuses , telles que l'apo- plexie , la syncope , la paralysie , les convulsions épi- leptiques , la manie , la céphalalgie opiniâtre , la goutte sereine et la cardialgie. La dose de ce médicament ne doit pas être portée au-delà d'un grain dans les vingt- quatre heures , et l'on doit rejeter les préparations où il n'est que suspendu , telles que les pilules, les looehs, les électuaires , les émulsions , les conserves , etc., etc. La manière la plus convenable de l'administrer est de 80 PREMIÈRE P\RTIE. le faire dissoudre dans de l'éther sulfurique , en y ajou- tant un peu d'huile distillée aromatique. On doit sus- pendre son usage s'il fait éprouver une ardeur à l'esto- mac , ou s'il occasionne des vomissemens. Pris à forte dose , le phosphore détermine tous les symptômes d'une vive inflammation , qui ne tardent pas à être suivis de la mort. Du Soufre. Le soufre doit être rangé parmi les substances simples. Les expériences ingénieuses de H. Davy et de Berthollet fils , tendent à prouver qu'il renferme de l'hydrogène , de l'oxigène et une base particulière qui n'a pas encore été séparée ; cependant comme ces données né sont pas encore généralement admises , nous continuerons à le regarder comme un élément. 5i. Le soufre est une substance très-répandue dans la nature ; on le trouve à l'état natif, principalement aux environs des volcans ; tantôt il est critallisé en octaèdres , tantôt il est en masse ou en poussière fine ; on le rencontre aussi combiné avec des métaux, comme dans les pyrites de fer, de cuivre , etc. Il fait partie des sulfates de chaux (plâtre), de magnésie (sel d'Epsom) et de tous les autres sulfates , sels excessivement communs ; enfin il entre dans la composition de la matière cérébrale et de quelques eaux minérales. Le soufre est solide , d'une couleur jaune citron, ino- dore , insipide , transparent ou opaque, suivant qu'il est cristallisé ou non. Il est dur, et tellement fragile que le plus léger choc suffit pour le briser ; sa cassure est luisante; sa pesanteur spécifique est de 1,93. Lorsqu'on le sou- met à l'action d'une douce chaleur, ou qu'on le presse entre les mains, il craque et souvent se rompt. Il fond à la température de 1700 centigrades, et devient rou- BU SOUFRE.' 8l ge&tre. Si cette opération se fait dans un alambic de verre placé sur un bain de sable, le soufre ne tarde pas à se sublimer, et vient se condenser dans le chapiteau sous la forme de petits cristaux soyeux, d'un beau jaune, qui portent le nom de fleurs de soufre non lavées : on doit les agiter avec de l'eau pour séparer l'acide sulfureux; soluble qu'elles renferment, et qui provient de la com- binaison d'une portion de soufre avec l'oxigène de l'air contenu dans l'alambic. Si le soufre a été fondu dans un creuset, et qu'on l'ait laissé refroidir lentement, on ob- serve qu'il se forme une pellicule à la surface ; en per- çant d'un trou cette croûte solidifiée, on peut vider les por- tions intérieures qui sont encore fluides ; alors toutes les parties adhérentes au creuset se trouvent cristallisées en aiguilles jaunâtres. Si, lorsque le soufre est fondu dans le creuset, on continue à le chauffer sans le contact de l'air, et qu'on le décante dans l'eau froide pour le figer , il acquiert une couleur rouge hyacinthe , devient tenace comme de la cire, et on peut l'employer pour prendre des empreintes de pierres gravées : en effet, il se durcit beaucoup par le refroidissement. La lumière qui traverse les cristaux de soufre éprou\ e une double réfraction. Par le frottement il se développa dans le soufre du. fluide électrique résineux, et il acquiert de l'odeur ; il est probable que c'est au développement de ce fluide dans les molécules du soufre qu'il faut attribuer la difficulté que l'on éprouve à les détacher du mortier qui a servi à les triturer et auquel elles adhèrent : l'eau qui, dans ce cas, favorise leur détachement, agirait en> 'em- parant du fluide électrique. 52. Le gaz oxigène n'exerce sur le soufre aucune action marquée à la température ordinaire ; mais si l'on introduit un morceau de soufre qui présente un ou deux points vu ignition, dans une éprouvette à pied remplie de c* 82 PREMIÈRE TARTIE. gaz, il l'absorbe avec dégagement de calorique et d'un** lumière blanche-bleuâtre, et passe à l'état «le gaz acide sulfureux, facile à reconnaître à son odeur piquante , qui est la même que celle du soufre que l'on fait fondre avec le contact de l'air. Le gaz hydrogène peut dissoudre le soufre à l'aide du caloricme et donner naissance à du gaz acide hydro-sul- furique (gaz hydrogène-sulfure). Ce fait peut être démon- tré en remplissant une cloche de gaz hydrogène , et en y introduisant du soufre que l'on place au foyer d'nn miroir ardent sur lequel tombent les rayons lumineux , ou bien encore en faisant passer du gaz hydrogène à travers du soufre placé dans un tube de porcelaine rouge : aucun de ces moyens n'est cependant usité pour préparer le gaz acide hydro-sulfurique dont nous ferons l'histoire plus tard. Le bore se combine lentement avec le soufre fondu qui acquiert une couleur olive. 53. L'action du carbone pur sur le soufre n'est pas con- nue. Il n'en est pas de même de celle qu'exerce le charbon calciné. Ces deux corps peuvent se combiner et former un liquide transparent, incolore, doué d'une odeur fétide, d'une saveur acre etdontla pesanteur spécifique est de i ,263 ; il bout à 45° du thermomètre centigrade , et il n'est point décomposé parle calorique, quelle que soit la température à laquelle il ait été soumis ; il n'a point la faculté de faire passer au rouge le phosphore pur avec lequel on le met en contact, ce qu'il faut attribuer à la présence du soufre qui entre dans sa composition (Vogel); il est très-avide d'oxigène ; car lorsqu'on le réduit en vapeur et qu'on le mêle avec ce gaz, il s'en empare aussitôt qu'on fait passer un courant de fluide électrique , s'enflamme vivement , détonne et se transforme en gaz acide carbonique et en gaz acide sulfureux. M. Vauquelin , qui a fait une analyse très-exacte de ce produit, l'a. trouvé formé de i4 à 15 par- DU SOUFRE 83 lies de carbone et de 86 à 87 de soufre. Il a été découvert en 1796 par Lampadius , et décrit depuis sous le nom de liquide de Lampadius. Il existe encore d'autres com- posés de soufre et de carbone qui sont solides, et dans lesquels ce dernier principe n'entre que pour une très- petite partie. " v, 54- Le phosphore peut se combiner avec le soufre en di- verses proportions, et il en résulte des produits qui sont plus fusibles que le phosphore. Pour obtenir ces phos- phures on commence par faire fondre un peu de phosphore" dans un tube, puis on y introduit un peu de soufre ; lors- que la combinaison est opérée, ce que l'on reconnaît au bruit qui l'accompagne , on y ajoute un nouveau frag- ment de soufre. Si l'on agissait sur quelques grammes de phosphore et de soufre aussi desséché que possible , il y aurait une vive détonnation avec dégagement de chaleur et de gaz acide hydro-sulfurique, et le phosphure formé rou- girait la teinture de tournesol. Ces faits se concevront faci- lement en réfléchissant que le phosphore retient toujours de l'eau qui se décompose ; son hydrogène se porte sur une partie du soufre pour former du gaz acide hydro- sulfurique ; tandis que l'oxigène s'empare d'une portion de phosphore et forme de l'acide phosphorique. M. \ ogel a remarqué que le phosphure de soufre exposé au soleil sous l'eau, ne devient rouge qu'à l'époque ou la plus grande partie du soufre s'est combinée avec l'hydrogène de l'eau qui se décompose. Usages. Le soufre fait partie constituante de la poudre à canon ; on l'emploie pour soufrer les allumettes et pour faire les acides sulfureux et sulfurique, dont on fait une grande consommation dans les arts. Le soufre parait être un exci- tant des fonctions du système exhalant : aussi l'emploie-t-on avec succès dans le traitement de la gale, des dartres , de la teigne : on l'applique sous la forme d'onguent préparé avec 84 PREMIÈRE PARTIE. de la graisse de porc ou avec du cérat ; quelquefois aussi,' pour guérir la gale, on se sert d'un Uniment fait avec parties égales de soufre et de chaux vive parfaitement triturés et incorporés dans de l'huile d'olive ou d'amandes douces. Administré à l'intérieur, le soufre est regardé comme pur- gatif à la dose d'un à trois gros ; mais à petite dose on doit le considérer comme excitant, spécialement dans les affections chroniques du poumon et des viscères abdominaux. On le donne avec des extraits, ou bien sous la forme de bols , de pastilles, d'électuaire, ou en suspension dans du lait: la dose est de 12 , 20, 4o , 72 grains par jour; on l'emploie aussi sous la forme de baumes, qui ne sont autre chose que du soufre dissous dans des huiles essentielles : ainsi on donne de 20 à 24 gouttes de baume de soufretérébenthiné,de baume de soufre anisé; enfin il fait partie des fameuses pilules de Morton, si souvent employées par cet auteur dans la phthisie pituitaire, et qui ne paraissent réussir que dans les catarrhes chroniques. De l'Iode. L'iode, dérivé de tofoç, violaceus , qui ressemble à la violette , est un corps simple, découvert dans ces derniers temps par M. Courtois , et que l'on n'a pas encore trouvé pur dans la nature : il fait partie des eaux mères de la soude , fournie par certains fucus, et que l'on appelle soude devarec. 55. L'iode est solide à la température ordinaire : il se présente sous la forme de petites lames d'une couleur grise noirâtre , d'un éclat métallique , d'une faible téna- cité , et ayant l'aspect de la plombagine ; son odeur est analogue à celle du chlorure de soufre (liqueur de Thomp- son ) ; sa pesanteur spécifique est de 4>94^ '•> *l détruit les couleurs végétales , et il colore la peau et le papier en jaune ; mais cette couleur ne tarde pas à disparaître. le l'iode. 85 P E. L'iode, mis en contact avec lé calorique, fond : la température de 1070 thermomètre centigrade suffit pour produire ce phénomène; il se volatilise à environ 1^5°, et il répand des vapeurs violettes très-belles, que l'on peut aper- cevoir facilement en mettant une certaine quantité d'iode sur une plaque de fer ou dans un ballon de verre que l'on a fait chauffer. Lorsqu'on recueille ces vapeurs dans une clocheou dans un récipient, on remarque qu'elles se condensentpour former de nouveau les lames cristallines dont nous venons de parler. La lumière n'altère point l'iode. Soumis à l'action de la pile électrique, il se porte, comme l'oxigène, au poleposi- tif. Le gaz oxigène ne peut pas se combiner directement avec lui ; cependant il existe un produit que nous ferons con- naître sous le nom d'acide iodique , qui est formé d'oxi- gène et d'iode. Le gaz hydrogène n'exerce aucune action sur l'iode à froid ; mais à une température rouge il peut se combiner avec lui , et donner naissance à du gaz acide hydriodique. L'action du bore et du carbone pur sur l'iode n'est pas connue : le charbon n'en exerce au- cune. 56. Le phosphore s'unit à l'iode en diverses proportions : tantôt il y a dégagement de chaleur et de lumière , tantôt il se produit seulement de la chaleur. Lorsqu'on met en- semble , dans un tube de verre, une partie de phosphore et 8 parties d'iode, on obtient un phosphure d'un rouge orangé brun , fusible à environ 1000, et volatil à une tem- pérature plus élevée : nous emploierons ce phosphure en parlant de la préparation de l'acide hydriodique. 57. Le soufre forme avec l'iode, à l'aide d'une légère cl. alcur, une combinaisonfaible, d'un gris noir, fusible, cris- tailisable, et dont on dégage l'iode enla distillant avec de l'eau. L'iode n'a point d'usages. A la dose d'un gros, un gros et demi , il détermine l'ulcération de la membrane mu» queuse de l'estomac , et la mort. m PREMIÈRE PARTIE. Du Chlore ( gaz muriatique oxigéné). Le chlore est un corps simple , qui a été regardé h tort , jusque dans ces derniers temps , comme formé d'acide muriatique et d'oxigène. Il ne se trouve jamais pur dans la nature, mais fin le rencontre souvent uni à des métaux à l'état de chlorure et d'hydrochlorate. Lorsqu'on cherche à séparer le chlore des composés qui le renfer- ment , on l'obtient gazeux : il est donc important de l'exa- miner sous cet état. Du Chlore gazeux. 58. Le chlore est un gaz d'une couleur jaune verdâtre, d'une saveur désagréable , d'une odeur piquante et telle- ment suffocante , qu'il est impossible de le respirer, même lorsqu'il est mêlé à l'air , sans éprouver un senti- ment de strangulation et un resserrement dans la poitrine, suivis de vives douleurs, quelquefois d'bémopiysie, et "toujours del'épaissîssement des mucosités qui tapissent les voies aériennes. Sa pesanteur spécifique est de 2,470: loin de rougir la teinture de tournesol , comme le font les acides , il la détruit en la jaunissant ; il éteint les bou- gies allumées après avoir fait prendre à la flamme un as- pect pâle d'abord, ensuite rouge. Exposé à l'action du calorique dans des vaisseaux fer- més , le chlore gazeux n'éprouve aucune altération lors- qu'il est parfaitement sec. Expérience ( fig. 5i ). Si 1 on introduit dans une grande fiole A, placée sur un fourneau F, le mélange nécessaire pour qu'il se dégage du chlore gazeux (voyez à la fin de l'ouvrage, article Pré' paradons) ; si l'on adapte A cette fiole , à l'aide d'un bou- chon percé , un tube convenablement recourbé Z\ qui se rend dans un long cylindre de verre G, rempli de chlo- rure de calcium ( muriate de chaux desséché) , matière ca- DU C IT L O R E. 8 j pable d'absorber toute l'humidité contenue dans le chlore ; si de l'extrémité T de ce cylindre part un autre tube S, recourbé de manière à pouvoir se rendre dans un tuyau de porcelaine vide placé dans un fourneau à réverbère M, et que l'on entoure de charbon ; enfin , si de l'extrémité E du tuyau de porcelaine part un troisième tube jR qui va se rendre dans une cloche P , disposée sur la cuve pneu-' mato-chimique, on pourra démontrer l'assertion que nous venons d'établir. En effet, que l'on commence par allu- mer le charbon contenu dans le fourneau à réverbère afiri de faire rougir le tuyau de porcelaine ; lorsque ce tuyau sera rouge, que l'on chauffe légèrement la fiole A, lé chlore se dégagera , traversera le cylindre G, cédera sou humidité au chlorure de calcium, à travers lequel il pas- sera pour se rendre dans le tuyau de porcelaine rouge de feu, puis se dégagera par le tube R pour remplir la cloche P sans qu'il ait subi la moindre altération. Lorsqu'au lieu de chauffer ce gaz , on le refroidit, il ne change point d'état s'il est parfaitement sec, du moins il résiste à im froid de 5o° au-dessous de zéro ; mais s'il est humide , il se congèle au-dessus de zéro, et ressemble, par ses ramifications, à la glace qui se dépose sur la surface des carreaux pendant la gelée. Le chlore gazeux parfaitement sec n'éprouve aucune action de la part de la lumière ; s'il contient de l'eau, celle- ci est décomposée , le chlore s'unit à l'hydrogène pour for- merde l'acide hydro-chlorique (acide muriatique), et l'autre, principe constituant de l'eau, l'oxigène, se dégage en partie, tandis qu'une autre partie forme avec le chlore de l'acide . chlorique (M. Gay-Lussac). La pile électrique la plus forte n'altère point le chlore ; le gaz oxigène n'exerce aucune action sur lui ; il existe cependant deux combinaisons do- xigène et de chlore, connues sous les noms d'acide chlo- reux et à1 acide chlorique, que noua ferons connaître. 88 PREMIÈRE PARTIE. 59. Le gaz hydrogène peut se combiner avec le chlore,' et donner naissance à un acide que nous désignerons sous le nom d'acide hydro-chlorique ( muriatique ). L'expérience doit se faire ou à la lumière diffuse, ou à une température élevée, car elle ne réussit pas à la température ordinaire et dans un lieu obscur. A la lumière diffuse. Que l'on fasse arriver du chlore gazeux desséché au moyen du chlorure de calcium, dans un flacon tubulé rempli d'air, bientôt le chlore, à raison de son poids, se précipitera dans le flacon et en chassera tout l'air ; qu'on le bouche après en avoir re- tiré peu à peu le tube ; qu'on remplisse de gaz hydrogène desséché par le même moyen , un ballon tubulé plein de mercure , et dont la capacité est égale à celle du flacon ; si, après avoir débouché celui-ci, on introduit dans son gou- lot le col du ballon usé de manière à ce qu'il s'adapte par- faitement à sa tubulure, et que l'on entoure de mastic fondu les parties qui établissent la communication de ces deux instrumens, on remarquera qu'au moyen de la lumière diffuse, le mélange des deux gaz ne tardera pas à s'effec- tuer; au bout de quelques jours le chlore sera décoloré, et l'appareil ne contiendra plus qu'un volume de gaz acide hydro-chlorique égal à celui des deux gaz employés ; il sera transparent, incolore, fumant à l'air et rougira la tein- ture de tournesol ; la décoloration du chlore ne saurait être complète si, vers le deuxième ou le troisième jour, l'appa- reil n'était exposé pendant 20 ou 25 minutes à l'action di- recte des rayons solaires. A une température élevée. Si on remplit un flacon contenant de l'eau d'un mélange fait aveO parties égales de chlore et d'hydrogène gazeux, et qu'on l'enflamme à l'aide d'une bougie allumée, il y a sur-le-champ détonnation et formation d'une fumée blanche qui indique l'existence du gaz acide hydro - chlorique ( muriatique ). Si le mélange de ces deux gaz est renfermé dans un flacon bouché et qu'il soit exposé à la lumière solaire, tout à-coup DU CHLORE. 8g il se produit une vive détonnation ; le flacon est brisé et l'opérateur court les plus grands dangers , à moins que le flacon ne soit presque entièrement enveloppé dans une ser- viette , ou mieux encore qu'il ne soit disposé dans un local que l'on puisse éclairer à volonté par une lumière diffuse ou par une lumière solaire. Nous devons les détails de ces expériences intéressantes à MM. Gay-Lussac et Thenard. Le bore et le carbone pur n'exercent aucune action sur le chlore gazeux sec, quelle que soit la température : on peut s'en convaincre en plaçant du bore ou du carbone pur dans un tuyau de porcelaine, et en y faisant passer un courant de chlore au moyen de l'appareil décrit en parlant de l'action du calorique sur ce corps, pag. 86. Si au lieu de carbone pur on met dans le tuyau de porcelaine du charbon ordinaire , le chlore s'empare de l'hydrogène que celui-ci contient, et il se forme du gaz acide hydro-chlorique jusqu'à ce que le charbon ne renferme plus d'hydro- gène ; le même phénomène a lieu, à la température or- dinaire , si l'on introduit dans un flacon plein de chlore des fragmens de charbon ordinaire. 60. Lorsqu'on met dans une éprouvctte remplie de chlore gazeux un petit morceau de phosphore , on remar- que , quelques instans après , qu'il y a dégagement de calo- rique et de lumière, et production de vapeurs blanches , épaisses, formées par du chlorure de phosphore au maxi- mum de chlore ; en effet le chlore passe de l'état de gaz à l'état solide, et se combine avec le phosphore ; le calorique et la lumière qui le tenaient à l'état de gaz doivent donc se dé- gager. Il existe un autre chlorure de phosphore dans lequel il y a moins de chlore. Il est liquide, incolore, transparent, fumant, nullement acide lorsqu'il est pur, récemment pré- paré et qu'il n'a pas absorbé l'humidité de l'air ; le fer le dé- compose à une température élevée , s'empare à la fois du chlore et du phosphore, et il se forme du phosphure et du QO PREMIÈRE PARTIE. chlorure de fer. Un morceau de papier Joseph imbibé de cette liqueur brûle comme le phosphore aussitôt qu'on l'expose à l'air. Si on le mêle avec de l'eau, celle-ci est subitement décomposée ; son hydrogène s'empare du chlore pour former de l'acide hydro-chlorique ; tandis que l'oxigène se porte sur le phosphore et le fait passer à l'état d'acide phos- phoreux ; on observe les mêmes phénomènes s'il est exposé à l'air humide et qu'il en attire l'humidité : dans ce cas il rougit le papier de tournesol ; mais il ne le rougit pas s'il est parfaitement privé d'eau et que le papier ait été bien desséché. 61. Le soufre divisé se combine avec le chlore à toutes les températures, et il en résulte constamment un chlorure liquide, connu sous le nom de liqueur de Thompson, qui l'a découvert : il est d'un rouge brun , très-volatil, doué d'une odeur piquante, excessivement désagréable ; il ne rougit pas le papier de tournesol parfaitement desséché ; mais si on l'agite avec de l'eau , il la décompose , passe h l'état d'acide hydro-chlorique et d'acide sulfureux ou sulfurique, susceptibles de rougir fortement cette couleur: sa pesanteur spécifique à io° est de 1,7. 62. Le chlore gazeux et sec peut se combiner avec l'iode en deux proportions , et former deux chlorures : si l'iode prédomine , le produit est rouge ; dans le cas contraire il est jaune. La découverte du chlore est due à Schéele , qui l'appela acide muriatique déphlogistiqué. On s'en sert principalement pour blanchir , et pour \desinfecter l'air corrompu par des miasmes : nous renvoyons à la chimie vé- gétale et animale pour les détails relatifs à son emploi dans ces circonstances. Respiré pur, le chlore gazeux est exces- sivement irritant, et ne tarde pas à occasionner la mort. Mêlé avec de l'air, il provoque la toux , et détermine une affection catarrhale , suivie quelquefois d'hémoptysie , d'où il résulte qu'on ne l'emploie jamais dans cet état. Dis- dé l'azote. 9r sous dans l'eau , il agit encore comme irritant si la dis- solution est concentrée : aussi les animaux qui en ont pris une certaine quantité ne tardent-ils pas à périr, et l'on trouve après la mort une vive inflammation des tissus du canal digestif avec lesquels il a été en contact. Il paraît cependant qu'il peut être utile dans certaines circonstances, s'il est convenablement administré : M. Braithwate dit l'avoir employé avec succès dans la scarlatine et dans d'au- tres phlegmasics cutanées aiguës ; il faisait prendre dans la journée deux gros de chlore liquide étendus de huit onces d'eau ; mais il préférait encore l'employer en fric- tions sur la gorge. M. Estribaut s'en est servi avec avan- tage , à la dose de six à huit gros , chez des prisonniers espagnols atteints de fièvre' putride. M. Nysten l'a ad- ministré avec succès et à l'état liquide dans des diarrhées et des dysenteries chroniques qui paraissaient entretenues par l'état d'atonie de la membrane muqueuse intestinale. Enfin , MM. Thenard et Cluzel ont reconnu que les im- mersions des mains dans ce liquide suffisaient pour guéri» la gale la plus invétérée. De l'Azote. L'azote est un corps simple très-répandu dans la nature: à l'état solide, il fait partie de presque toutes les substances animales, d'un très-grand nombre de substances végétales, de tous les nitrates et de tous les sels ammoniacaux ; il se trouve à l'état de gaz dans l'atmosphère dont il fait à-peu- près les quatre cinquièmes , et dans le gaz ammoniac : lorsqu'il est pur , il est toujours gazeux. Du Gaz azote. i 63. Le gaz azote est incolore, inodore, transparent, et plus léger que l'air atmosphérique ; sa pesanteur spé- cifique est de 0,96913. La lumière est réfractée par ce ^2 CREMIERE PARTIE.' gaz ; sa puissance réfractive est de i,o34o8. Le fluide électrique n'exerce point d'action chimique sur lui. Le gaz oxigène ne peut se combiner directement avec le gaz azote que lorsqu'on fait passer à travers le mélange une grande quantité d'étincelles électriques , et il se forme de l'acide azoteux , désigné improprement sous le nom d'acide ni- treux ; il se produit au contraire de l'acide nitrique si l'on a ajouté de l'eau ou du deutoxide de potassium, substances avec lesquelles l'acide nitrique a beaucoup d'affinité. On peut encore obtenir deux autres produits composés d'oxigène et d'azote , le protoxide et le deutoxide ; mais ils ne résultent jamais de l'action directe des deux gaz qui les composent. Le gaz hydrogène ne peut pas se com- biner directement avec le gaz azote : cependant il est des circonstances particulières où ces deux corps s'unissent intimement et forment le gaz ammoniac. On croit que le bore a la faculté d'absorber le gaz azote. Le carbone pur n'a point d'action sur lui ; le charbon ordinaire, au contraire, l'absorbe avec dégagement de calo- rique ; selon M. Théodore de Saussure , une mesure de charbon de buis absorbe 7,5 mesures de gaz azote. M. Gay- Lussac a fait connaître dans ces derniers temps un gaz composé de carbone et d'azote , auquel il adonné Je nom de cyanogène (générateur de bleu) , et que nous décrirons à l'article Acide hydro-cyanique ( prussique ). 64* Le phosphore parfaitement blanc passe au rouge dans le gaz azote , fond facilement, et les parois du flacon se tapissent de cristaux rouges étoiles ( Mémoire de M. Vo- gel); il se forme du gaz azote légèrement phosphore. Six litres de gaz azote peuvent dissoudre cinq centigrammes de phosphore. Le gaz azote phosphore, mis en contact avec le gaz oxigène , se décompose sur-le-champ, cède le phos- phore à l'oxigène pour former de l'acide phosphoreux , et repasse à l'état d'azote. Le soufre ne se combine pas- de l'azote.' g3 avec lui ; il en est de même de l'iode et du chlore : ce- pendant il existe des combinaisons d'iode et d'azote, de chlore et d'azote, connues sous les noms d'iodurè et de chlorure d'azote , mais qui ne doivent pas nous occuper ici , parce qu'elles ne sont pas le résultat de l'action di- recte de ces deux corps sur l'azote. (Voyez article Ammo- niaque. ) On pourra facilement distinguer le gaz azote de tous ceux que l'on connaît aujourd'hui aux caractères suivans : i° Il est incolore; 2° il éteint les corps enflammés 5 3° il ne rougit pas la teinture de tournesol; 4° il ne se dissout pas dans l'eau ; 5° il ne trouble point l'eau de chaux* Le gaz azote est employé pour conserver certaines substances qui absorbent facilement l'oxigène de l'air, par exemple , le potassium et le sodium. 11 asphyxie les animaux qui le respirent en s'opposant à la transformation du sang veineux en sang artériel ; la respiration devient gênée ; on éprouve des vertiges et de la céphalalgie ; les lèvres et le visage prennent une teinte livide : ces sym- ptômes ne tardent pas à être suivis de la mort si on continue à le respirer. L'asphyxie des fosses d'aisance, connue sous le nom de plomb, est quelquefois occasionnée par ce gaz. On a conseillé de faire respirer le gaz azote mêlé à de l'air dans les maladies caractérisées par une très-grande actpvité de la circulation et de la respiration ; mais on ne sait pas encore jusqu'à quel point ce moyen peut être avantageux. Après avoir fait l'histoire des corps simples non métal- liques , nous devons examiner les produits qu'ils peuvent former en se combinant entre eux. 94 PREMIÈRE PARTIE. ARTICLE II. De la Combinaison des Corps simples non métalliques entre eux. 65. L'oxigène peut s'unir avec chacun de ces corpj simples et former des oxides ou des acides. Les premiers sont au nombre de cinq : l'oxide d'hydrogène (eau) , le gaz oxide o\e carbone, l'oxide rouge de phosphore et les gaz protoxide et deutoxide d'azote ; les autres, au nombre de treize, sont : les acides borique, carbonique , hypo- phosphoreux, phosphoreux phosphatique , phosphorique , sulfureux , sulfurique , jodique , ehloreux, chlorique , azoteux (nitreux) et azotique (nitrique). L'hydrogène peut se combiner avec quelques-uns de ces élémens et former des composés binaires : tels sont les acides hydro - chlorique , hydriodique et hydro - sulfu- rique , l'oxide d'hydrogène (eau ) , les gaz hydrogène, carboné, phosphore et azoté : ce dernier est l'ammoniaque» En examinant l'action des élémens non métalliques les uns sur les autres, nous nous sommes bornés à indi- quer l'existence des composés dont nous venons de parler, en nous réservant de consacrer à leur histoire, qui est de la plus haute importance, deux sections particulières. Il n'en est pas de même des autres composés-binaires dans lesquels l'oxigène ou l'hydrogène n'entren* pas : la plupart d'entre eux offrent peu d'intérêt, et nons ayons cru devoir les décrire en parlant de chaque corps, simple. Nous allons cependant en faire rémunération. Le bore peut se combiner avec le soufre. (Voyez pag. 82.) Le charbon s'unit dan s certaines circonstances avec le phos- phore, avec le soufre et avec l'azote. ( V. pag. 78, 82 et 92.) Le phosphore se combine avec le soufre, l'iode, le chlore et l'azote. ( Voyez pag. 83 , 85 , 89 et 92. ) Le soufre s'unit au chlore et à l'iode. (Voyez p. 85 et 90.) de l'air atmosphérique. 9J Ij'iode peut se combiner avec le chlore et avec l'azote. ( Voyez pag. no et 93. ) Enfin le chlore peut également s'unir à l'azote. ( Voyez pag. g3. ) Nous devrions maintenant décrire les composés formés par l'oxigène et chacun des autres corps simples ; mais, comme l'air atmosphérique joue un grand rôle parmi les agens chimiques, et qu'il est considéré par quelques physiciens comme un simple mélange presqu'entièrement formé de gaz oxigène et de gaz azote , il nous paraît utile de placer ici son histoire , d'autant mieux que nous con- naissons déjà les principaux élémens qui le constituent. De l'Air atmosphérique. 66. L'air atmosphérique ne se trouve dans la nature qu'à l'état gazeux ; comme son nom l'indique, il constitue l'atmosphère dont la hauteur parait être d'environ quinze à seize lieues; on le voit aussi dans des lieux souterrains et dans les fissures de plusieurs minéraux. L'analyse la, plus sévère n'a démontré jusqu'à présent dans l'air pur que du gaz azote , du gaz oxigène , du gaz acide carbonique , de l'eau, du fluide électrique, et le calorique et la lumière nécessaires pour tenir ces substances à l'état gazeux. ( Voyez Analyse de l'air à la fin de l'ouvrage. ) Cependant il est facile de prévoir que l'on doit rencontrer souvent dans l'atmosphère des-malières étrangères à celles dont nous venons de parler, par exemple , toutes celles qui se vo- latilisent journellement à la surface de la terre. 67. Propriétésphysiques.Li'air atmosphérique est fluide, invisible lorsqu'il est en petite masse, insipide, inodore, pesant , compressible et parfaitement élastique. Fluidité de l'air. Cette propriété, qui n'a pas besoin d'être prouvée, est le résultat de la dissolution des principes constituans de l'air dans le calorique. Invisibilité de l'air. Les molécules de ce fluide sont tellement ténues, qu'elles ne peuvent pas 96 PREMIÈRE PARTIE. réfléchir une assez grande quantité de rayons lumineux pour devenir sensibles à côté d'objets qui, au contraire , en réfléchissent beaucoup ; lorsque plusieurs couches d'air sont accumulées, cette réflexion est plus marquée et ce fluide devient visible, comme, par exemple, dans la portion bleue que l'on appelle Ciel. Défaut de saveur et d'odeur. Nous ne pouvons pas affirmer que l'air pur soit insipide et inodore ; peut-être a-t-il de la saveur et de l'odeur, dont les impressions sur nos organes deviennent nulles par l'effet de l'habitude. Pesanteur de l'air. Aristote observa un des premiers qu'une vessie pleine d'air pèse davantage que lorsqu'elle est vide. Galilée fit voir long-temps après, en injectant de l'air dans un vase, que le poids de celui-ci était plus considérable lorsqu'on avait injecté beaucoup d'air, que dans le cas contraire; enfin Torricelli , disciple de Galilée , et l'illustre Pascal firent des expériences ingé- nieuses qui mirent la pesanteur de l'air hors de doute. Après ce court exposé sur l'historique de la découverte de la pesanteur de l'air, nous allons prouver, i° que l'air est pesant ; 20 qu'il pèse en tous sens. Expériences. A. Que l'on fasse le vide dans un grand ballon de verre et que l'on note son poids ; qu'on pèse de nouveau le ballon après l'avoir rempli d'air : il pèsera davantage. B. lorsqu'on a fait le vide dans une cloche posée sur le plateau de la machine pneumatique, on voit qu'il est impossible de l'enlever , parce que l'air extérieur pèse avec force sur les parois externes de la cloche ; si on laisse rentrer l'air, la cloche se remplit et on,peut l'enlever avec la plus grande facilité ; le fluide aériforme de l'intérieur établissant alors par son ressort l'équilibre avec la colonne extérieure. G. si l'on prend un tube de verre scellé hermétiquement à l'une de ses extrémités , long d'environ trente pouces et de six à huit lignes de largeur, et qu'on le remplisse de mercure par l'extrémité ouverte B on remarquera, en bouchant celle- de l'air Atmosphérique. 97 ci avec le doigt et en renversant l'instrument dans une cuve pleine du même métal, que le mercure s'écoule en partie aussitôt qu'on enlève le doigt ; que la majeure partie reste, oscille pendant quelque temps ; enfin qu'il s'arrête à-peu- près à la hauteur de 28 pouces : dans cet instrument le poids de la colonne de mercure fait équilibre au poids de la colonne d'air; celui-ci, par une cause quelconque, devient- il plus pesant, le mercure monte dans le tube d'une, deux, trois, quatre lignes ; le poids de l'air , au contraire , dimi- nue-t-il, la colonne de mercure descend. Si au lieu d'em- ployer ce métal on se servait d'un liquide environ quatorze fois plus léger ., tel que l'eau, celle-ci monterait quatorze fois autant, ce que l'on concevra facilement en faisant at- tention que le poids de la colonne d'air qui détermine l'ascension reste le même : c'est d'après ces principes que l'on a construit le baromètre , instrument fort utile, et dont l'objet principal est de déterminer les variations qu'éprouve le poids de l'air. D. Nous pouvons encore fournir, comme preuve de la pesanteur de l'air, le fait suivant : le mercure que contient le tube barométrique dont nous parlons s'élève moins sur la cime qu'au pied des montagnes,, par ce que , dans ce dernier cas , la couche d'air qui comprime le métal est beaucoup plus considérable. Perrier fit le premier celte expérience sur le Puy-de-Dôme , d'après l'invitation de son ami le célèbre Pascal. On a trouvé , par des expé- riences exactes , qu'un litre d'air à la température de zéro et à la pression correspondante aune colonne de vingt-huit pouces de mercure environ, était de i,3oo gramme. Voici maintenant une expérience qui établit la pression de l'air dans tous les sens : si l'on prend un tube de/verre semblable à celui dont nous venons de parler, qui présente en outre une ouverture latérale vers la moitié de sa longueur ; si on bouche parfaitement cette ouverture avec un morceau de vessie mouillée attaché tout autour du tube, on verra, 1» 7 98 PREMIÈRE PARTIE. après avoir rempli celui-ci de mercure et l'avoir disposé comme dans l'expérience précédente, qu'en perçant la vessie avec une épingle , l'air s'introduira avec force dans le tube , exercera une pression latérale, partagera la colonne de mercure en deux portions: l'une, pressée de bas en haut, ira frapper la partie supérieure du tube ; et l'autre, refoulée de haut en bas, se précipitera dans Ja cuve. Compres- sibilité de Vair. L'air peut être comprimé : alors il se resserre et diminue d'autant plus de volume que le poids dont il est chargé est plus grand , en sorte que lé vo- lume de l'air est en raison inverse de la pression à la- quelle il est soumis. Expérience. Que l'on prenne un tube de verre A B C ( fig. 52 ) , recourbé en B, ouvert en A, fermé hermétiquement en G, et fixé sur une planche con- venablement graduée de l'un et de l'autre côté du tube ; Jme l'on introduise par l'ouverture A un peu de mercure qui remplira la courbure et dépassera lés branches du tube en se mettant au niveau : dans cet état, l'air contenu dans la branche B G fait équilibre par son ressort à la co- lonne d'air de toute l'atmosphère qui pèse sûr le mercure de la branche A B. Supposons que cette pression soit égale à celle que déterminerait une colonne de mercure dont le diamètre serait le même , et qui aurait vingt-huit pouces de hauteur; si on ajoute dans la branche A B du mercure jusqu'à ce qu'il ait atteint la hauteur de vingt-huit pouces, l'air de la branche B C, pressé alors, i° par les vingt- huit pouces de mercure , 2° par l'atmosphère, qui repré- sente le même poids, n'occupera que la moitié du volume primitif. Si l'on verse du mercure jusqu*à la hauteur de quatre-vingt-quatre pouces ( c'est-à-dire trois fois vingt- huit ) , l'air de la branche B G, pressé quatre fois autant qu'il l'était d'abord , puisqu'il faut y ajouter le poids de l'atmosphère , n'occupera que le quart de son volume pri- mitif, et lé mercure sera remonté dans la petite branche de l'air atmosphérique. 99 jusqu'en F. Cette belle expérience est due à Boy le et à Ma- riotte. Elasticité de Tair. Si après avoir fait l'expérience précédente on fait sortir une portion du mercure con- tenu dans la branche AB, on verra que l'air qui avait été comprimé dans la branche B C se dilate : donc il est élastique. 68. Propriétés chimiques de l'air. Exposé à l'action du calorique, l'air atmosphérique se dilate dans le rapport indiqué § n ; mais il ne subit aucune décomposition. La lumière le traverse et se réfracte : on a désigné par 1,00000 sa puissance réfractive, et on lui a comparé la force ré- fringente des autres fluides élastiques. L'air sec n'est point conducteur du fluide électrique ; il lui livre passage au contraire lorsqu'il est humide. Soumis pendant long-temps à l'action des étincelles électriques , il se transforme en acide azotique ( nitrique ) , qui n'est qu'une combinaison d'oxigène et d'azote : cette expérience ne réussit qu'autant que l'on ajoute de l'eau ou un autre corps avec lequel l'acide puisse se combiner. 69. Le gaz oxigène ne fait que se mêler à l'air atmo- sphérique. Presque tous les corps étudiés précédemment le décomposent à froid ou à chaud, lui enlèvent l'oxigène, et l'azote reste libre. Le gaz hydrogène ne lui fait éprouver aucune altération à froid; mais si on élève la température, il s'empare de l'oxigène, avec lequel il forme de l'eau, et l'azote est mis à nu. Ce fait peut être prouvé en fai- sant les expériences rapportées à l'article Hydrogène, avec cette différence qu'on substituera au gaz oxigène de l'air atmosphérique ; et comme celui-ci ne contient que 21 p. | de gaz oxigène , il faudra , pour obtenir des effets analogues , employer trois ou quatre parties d'air contre une partie de gaz hydrogène : par ce moyen, le gaz oxigène se trouvera toujours dans le rapport de un à deux, rapport nécessaire pour qu'il se forme de l'eau. 100 PREMIÈRE PARTIE. On peut encore ajouter l'expérience suivante : que l'on place dans une petite fiole munie d'un bouchon percé , qui donne passage à un long tube tiré à la lampe par sort extrémité supérieure , le mélange propre à fournir du gaz hydrogène (voyez Préparations); au bout de deux ou trois minutes, lorsque tout l'air contenu dans la fiole se sera dégagé , que l'on approche une bougie allumée du gaz qui sort par l'extrémité effilée du tube , ce gaz s'enflammera, et produira un jet lumineux qui durera au- tant que le dégagement du gaz hydrogène aura lieu : cet appareil est connu sous le nom de lampe philosophique. Il y aurait du danger à mettre le feu au gaz hydrogène avant que l'air atmosphérique ne fût expulsé, car celui-ci ferait détonner le gaz qui serait contenu dans la capa- cité de la fiole. 70. Lorsqu'on met du bore en contact avec l'air atmo- sphérique à une chaleur rouge, celui-ci cède son oxigène; l'azote est mis à nu, et il se forme de l'acide borique solide : aussi y a-t-il dans cette expérience dégagement de calo- rique et de lumière (voyez pag. 3.) ; à froid, il n'y a point d'action entre ces deux corps. Le carbone pur ou le dia- mant ne subit aucune altération de la part de l'air à la température ordinaire ; mais si on expose des diamans au foyer d'un miroir ardent, dans des cloches pleines d'air, ou qu'on les chauffe fortement avec le contact de ce fluide, ils en absorbent l'oxigène , et se transforment en gaz acide carbonique ; l'azote de l'air est mis à nu. La consomption du diamant placé au foyer des rayons lumineux avait été aperçue, dès l'année 1694, par les académiciens de Florence, chargés par Cosme III, grand duc de Toscane , d'exa- miner ce phénomène. Le charbon absorbe l'air atmo- sphérique à la température ordinaire, et il y a déga- gement de calorique et formation d'acide carbonique. L'inflammation spontanée des charbonnières qui a lieu de l'air atmosphérique. iot quelquefois auprès de l'eau , reconnaît pour cause prin- cipale l'absoiption de l'air atmosphérique et de l'humidité qu'il contient. Lorsqu'on élève la température du char- bon exposé à l'atmosphère, il en absorbe l'oxigène, se consume et ne laisse que des cendres : il y a pendant cette opération dégagement de calorique et de lumière, et formation de gaz acide carbonique ; l'azote de l'air est mis à nu. Si la température était très-élevée , et qu'il y eût un excès de charbon , il se produirait une très-grande quantité de gaz oxide de carbone. 71. Le phosphore, qiri n'exerce, à la température ordi- naire , aucune action sur le gaz oxigène , est attaqué par l'air atmosphérique sec ou humide. Expérience. Que l'on introduise dans une éprouvette remplie de mercure et renversée sur la cuve hydrargiro-pneumatique , ioo par- ties d'air atmosphérique ; que l'on y fasse passer ensuite mi petit fragment de phosphore humecté; dans le même instant une petite partie de phosphore sera dissoute par le gaz azote ( pag. 92 ) , et l'oxigène s'en emparera pour for- mer de l'acide phosphatique qui paraîtra sous la forme de vapeur que l'eau ne tardera pas à dissoudre ; si l'ex- périence se fait dans l'obscurité , on apercevra une faible lumière, et lorsqu'elle sera terminée , il ne restera dans la cloche que les 79 parties de gaz azote de l'air em- ployé , contenant un atome de phosphore en dissolution. On peut maintenant concevoir pourquoi le gaz oxigène pur ne transforme pas le phosphore en acide phospha- tique à la température ordinaire , tandis que Tair atmo- sphérique jouit de cette propriété ; c'est que celui-ci est mêlé à du gaz azote qui éloigne les molécules de phos- phore, les dissout, et favorise leur union avec celles du gaz oxigène. Si l'air atmosphérique était sec , il serait également décomposé par le phosphore à la température ordinaire ; mais la décomposition s'arrêterait au bout d'ua 102 PREMIÈRE PARTIE. certain temps, parce que l'acide phosphatique formé, ne pouvant pas être dissous, recouvrirait le phosphore non attaqué , et l'empêcherait de se trouver en contact avec l'air, comme l'a démontré M. Thenard. Il résulte des expériences récentes faites par M. Vogel, qu'il ne se forme jamais de gaz acide carbonique dans l'opération que nous venons de décrire. L'action de l'air sur le phosphore à une température élevée est la même que celle du gaz oxigène , excepté qu'elle est moins vive, et qu'il y a du gaz azote mis à nu ( § 49 )• ' 72. Le soufre n'agit sur l'air atmosphérique que lors- qu'il a été fondu : alors il s'empare de son oxigène, répand une flamme bleuâtre, et se transforme en gaz acide sulfu- reux , doué d'une odeur excessivement piquante, et le gaz azote est mis à nu. L'iode est inaltérable à l'air. Le chlore et l'azote gazeux peuvent se mêler avec l'air atmosphéri- que en toutes proportions , sans exercer sur lui la moindre action chimique. ARTICLE II. Des Combinaisons de l'oxigène avec les corps simples précédemment étudiés. Les composés dont nous devons étudier les propriétés sont des oxides ou des acides : nous allons commencer par les premiers , qui sont au nombre de cinq : savoir, l'oxide d'hydrogène ( eau ) , le gaz oxide de carbone, l'oxide rouge de phosphore, le protoxide et le deutoxide d'azote. DES OXIDES. io3 Des Oxides non métalliques. Ces oxides ne rougissent point l'infusum de tournesol ; ils n'ont point de saveur et ne peuvent point former des sels lorsqu'on les unit avec les acides. Nous allons étudier d'abord ceux dont le corps simple a plus d'affinité pour l'oxigène. i°. De VOxide d'hydrogène (Eau). L'eau est un liquide très-répandu dans la nature; à l'état solide il constitue la glace ou la neige , que Ton trouve constamment sur les hautes montagnes et sous les pôles : à l'état liquide , il recouvre une assez grande partie de la surface du globe, mais il n'est jamais pur; l'eau de la mer, des rivières, etc. contient toujours des substances étran- gères ; enfin, à l'état de vapeur , l'eau fait partie de l'at- mosphère. 73. Propriétés physiques. L'eau pure est un liquide transparent, incolore, inodore, susceptible de mouiller et de dissoudre une quantité innombrable de corps ; sa pesanteur a été déterminée avec soin : à la température de 4*M~o th. cenlig., un centilitre pèse un gramme. L'eau est-elle compressible ? Cette question ne nous paraît pas parfaitement décidée ; en effet, nous allons rapporter quatre faits dont les deux premiers semblent prouver son in- compressibilité , tandis que les deux autres ne peuvent être expliqués qu'en la supposant compressible. ï0. Les académiciens de Florence, après avoir rempli d'eau une sphère d'or, la pressèrent tellement qu'elle se déforma, et sa capacité fut diminuée : loin de se comprimer-, l'eau , ne pouvant plus être contenue en totalité, suinta à travers les pores du métal et se rassembla à la surface. 20. Si ou met de l'eau dans la branche B C du tube de Mariottc . J04 PREMIÈRE PARTIE. ( fig. 53 ) et que l'on verse du mercure dans la bran- che AB , le liquide n'éprouvera aucune compression , lors même que la colonne de mercure sera de 7 pieds ; son volume ne sera pas diminué, phénomène opposé à celui que nous avons fait connaître pag. 98 , en parlant de l'air. 3°. L'eau transmet les Sons : donc elle est élastique; mais l'élasticité ne suppose-l-Êlle pas la compressibilité ? 4°. Que l'on introduise de l'eau privée d'air dans un corps de pompe de cristal dont les parois sont excessi- vement épaisses ; que l'on abaisse subitement et fortement le piston afin que l'eau reçoive un choc violent ; si l'ex- périence se fait dans l'obscurité on apercevra de la lu- mière : ce fait, communiqué par M. Desaignes , s'explique aisément en admettant que l'eau a été comprimée , et que le calorique dégagé par le rapprochement des molécules est devenu lumineux.... Avant de parler des propriétés chimiques de l'eau , nous allons démontrer, à l'aide d'une expérience compliquée et rigoureuse , qu'elle est formée d'oxigène et d'hydrogène, et par conséquent que l'opinion d'Aristote et des anciens philosophes, qui la regardaient comme un élément, est erro- née. Nous emprunterons à M. Tlienard la description de l'appareil dans lequel l'expérience doit être faite. ( Voyez planche 8 B, fig. 1 , ballon de verre de 10 à 12 litres. ce, virole en cuivre mastiquée au col du ballon; c' c', pièce de cuivre vissée sur la virole c c ,'et à laquelle se trouvent soudés trois conduits de cuivre munis chacun d'un robinet, savoir : i°. Le conduit d df, terminé par une petite boub? percée d'un trou , dans lequel passerait à peine une ai- guille très-fine ; 20. Le conduit d' d' ; 3°. Enfin , le conduit d" d" , fig. 2. m m', tige de cuivre recourbée inférieurement, termi- DES OXIDES. ïo5 née par une petite boule de cuivre m', et destinée à faire passer des étincelles électriques de m*enf. o o , bouchon de cuivre rodé, entrant à frottement dans la pièce de cuivre c' c', et traversé par le tube de verre P P, fig. 3 , qui l'est lui-même par la tige m m' k laquelle il sert d'isoloir. On consolide la lige m m' dans le tube r et le tube dans le bouchon, avec du mastic. v v', v v', fig. ire, tubes creux de verre , communiquant avec les tubes dd et d' d', et contenant de l'eau de manière que leurs boules en soient à moitié pleines. n n , colonnes eu bois servant à maintenir les trois eonduits soudés à la virole c c du ballon , au moyen de vis u'1 u" aussi en bois. h h', fig. 2, tuyau flexible de cuir verni que l'on adapte au tuyau d" d" par son extrémité h', et à la platine de la machine pneumatique, par son extrémité de verre h. C A C, fig. i, gazomètre destiné à mesurer la quantité de gaz oxigène que l'on introduit dans le ballon, et composé des pièces suivantes. L, grande cloche graduée de verre mobile et soutenue par le contre-poids K, au moyen d'une corde passant sur les poulies i i. E, cylindre intérieur de fer verni, arrondi supérieure- ment et fermé de tous côtés. G G, cylindre extérieur séparé du cylindre E par un intervalle g g d'environ 12 centimètres, que l'on remplit d'eau pour faire l'expérience. g'g', fond de la cavité circulaire g g. a a, rebord du cylindre extérieur servant à recevoir l'eau dont le niveau s'élève à mesure que la cloche L descend entre les deux cylindres. y , robinet placé immédiatement au-dessus du fond g'g', et servant à vider l'er.u contenue dans la cavité circu- laire g g. I06 PREMIÈRE PARTIE. y', tuyau horizontal muni d'un robinet, et servant à in- troduire le gaz oxigène dans la cloche L, au moyen du tuyau vertical u avec lequel il communique. y', autre tuyau horizontal muni d'un robinet, et s'adap- tant d'une part au tuyau vertical u! et de l'autre au tuyau S S qui se rend dans le conduit d'd'. PP, montant de cuivre fixé au cylindre extérieur par la vis n n , et servant de support aux poulies i i. zz, vis destinées à mettre l'instrument de niveau. a, fig. 4 5 extrémité conique du tubezz, rodée et en- trant à frottement dans une cavité b également conique et rodée, où elle est maintenue par une vis circulaire creuse G. C'est ainsi que s'adaptent le tube S S' avec les tubes^", d' d'; le tube T T'avec les tubes x , dd, fig. i ; et le tube hh' avec le tube d"d", fig. 2. C'A'C, fig. 1 , gazomètre semblable en tout au gazo- mètre CA C, destiné à conduire le gaz hydrogène, et com- muniquant avec le ballon B par le conduit x" T T". D'après cette disposition , on concevra facilement la ma- nière de faire l'expérience. On remplit la cloche L de gaz oxigène, ce qui se fait très-facilement eu adaptantau tuyaujy7 le tube d'une cornue d'où l'on fait dégager ce gaz , et te- nant le robinet y" fermé. On a soin de mettre des poids dans le bassin K, pour élever la cloche L à mesure qu'elle se remplit de gaz, et maintenir l'équilibre entre la pression intérieure et celle de l'atmosphère. Après avoir rempli de la même manière la cloche L' de gaz hydrogène, on fait le vide dans le ballon B en adaptant l'extrémité h' dû. tuyau flexible h h' au tuyau d"d", et l'extrémité h du même tuyau à la platine de la machine pneumatique. Le vide étant fait, et les robinets e" e" et y' étant fermés, on ouvre peu à peu les robinets e et y" : à l'instant même le gaz de la (loche L passe dans le ballon et le remplit. A mesure que cet effet a DES OXIDES. I07 lieu , on abaisse la cloche ; puis après on la remplit de nouveau gaz oxigène, comme nous venons de le dire. Cela étant fait, et les robinets ^" et e étant ouverts, ou fait passer continuellement des étincelles électriques de m'enf, en mettant la partie supérieure de la tige m m'en communica- tion avec la machine ; ensuite, après avoir fermé le robinet x', on ouvre les robinets je" et e', et l'on presse assez fortement avec les mains sur la cloche L' : de cette manière le gaz hy- drogène qu'elle contient se rend dans le ballon par l'extré- mité fdn. tuyau dd, et s'enflamme par l'effet de l'étincelle électrique. Alors on cesse d'exciter des étincelles et on di- minue la pression jusqu'à ce qu'elle ne soit plus égale qu'à trois à quatre centimètres d'eau : on eu exerce une en même temps sur le gaz oxigène de la cloche L ; mais celle-ci ne doit être que de sept à huit millimètres. Ces pressions cons- tantes s'obtiennent en retirant de temps en temps des poids des bassins K et K', et se mesure par l'ascension de l'eau dans les branches v', v', des tubes vv', vv'. En satisfai- sant à toutes ces conditions , l'expérience se fait très-bien ; la combinaison du gaz hydrogène avec l'oxigène est conti- nue; elle n'est ni trop rapide ni trop lente, et l'eau qui en est le produit se condense toute entière dans le ballon. Lorsque la cloche L ou L' est presque pleine d'eau, on arrête l'opération en fermant le robinet e'; on remplit cette cloche du gaz qu'elle est destinée à contenir, et on allume de nouveau l'hydrogène par l'étincelle, etc., en se conformant à tout ce qui a été dit précédemment. L'expérience étant entièrement terminée, on ferme le robinet e', et on mesure ce qui reste de gaz oxigène et hy- drogène dans les cloches LL', en notant avec soin la tem- pérature et la pression. On détermine également ce que le ballon peut renfermer de gaz oxigène ; et retranchant les quantités d'hydrogène et d'oxigène restantes, des quantités d'hydrogène et d'oxigène sur lesquelles on a opéré à une I08 PREMIÈRE PARTIE. température et à une pression données , on a Celles qui ont été consumées ; enfin , l'on pèse exactement l'eau pro- duite : l'on trouve ainsi, i° qu'il se consume deux fois au- tant de gaz hydrogène que de gaz oxigène en volume ; 2° que ces gaz, en raison de leur pesanteur spécifique, se combinent en poids dans le rapport de 11,71 d'hydrogène à 88,29 d'oxigène; 3° que le poids de l'eau produite est égal au poids d'oxigène et d'hydrogène consumés , et que par conséquent l'eau n'est formée que d'hydrogène et d'oxigène dans les rapports que nous venons d'établir en volume en poids. On peut encore prouver par l'analyse que l'eau est formée d'oxigène et d'hydrogène. ( Voyez Analyse de l'eau , à la fin de l'ouvrage. ) Propriétés chimiques. Si l'on fait chauffer de l'eau à io° -j- o, elle se dilate, comme nous l'avons établi en parlant de la dilatation des liquides (Voyez pag. 10); sa température s'élève , et lorsqu'elle est parvenue à ioo° thermomètre centigrade , la pression de l'air étant de vingt - cinq pouces environ, elle passe rapidement à l'état de vapeur, bout, et son volume devient 1698 fois plus grand. En faisant l'expérience dans des vais- seaux fermés, la vapeur peut être recueillie, et l'on voit que l'eau n'a subi aucune décomposition. Lors- qu'au lieu de soumettre l'eau à io° à l'action du calo- rique , on la place dans un lieu froid , on remarque quelle se refroidit et se contracte jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à environ 4° -f* o thermomètre centigrade ; alors elle reste stationnaire pendant quelques instans, et si on continue à la refroidir , elle se dilate et se congèle après avoir perdu l'air qu'elle contient , en sorte qu'au moment de la congélation, elle se trouve au-dessus de son premier niveau : elle porte alors le nom de glace, qui, suivant M. Blagden, occupe un septième de plus en volume que l'eau liquide à zéro : DES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES. 109 d'où il résulte que la glace doit être plus légère que Feau liquide. La lumière est en partie réfléchie par l'eau sur laquelle elle tombe : aussi ce liquide peut - il servir jusqu'à un certain point de miroir ; la quantité de rayons réfléchis varie suivant le degré d'obliquité sous lequel ils tombent ; ceux qui ne sont pas réfléchis et qui tombent oblique- ment sur l'eau, la traversent et sont réfractés en se rap- prochant de la perpendiculaire. L'eau pure n'est point conducteur du fluide électrique. Il n'en est pas de même lorsqu'elle contient un peu d'acide ou de sel : dans ce cas, elle le conduit très-bien, et peut même être décomposée en oxigène et en hydrogène. MM. Dieman et Van Troostwick ont opéré cette décomposition au moyen de décharges électriques multipliées ; mais elle réussit beaucoup plus facilement à l'aide de la pile voltaïque. Expérience. On prend un entonnoir de verre B (pi. 9 fig. 54) dont on ferme le sommet du pavillon et du bec avec un bouchon qui offre deux trous à travers lesquels passent deux fils d'or FO convenablement recourbés pour communiquer, l'un avec le pôle vitré de la pile, l'autre avec le pôle résineux; ces deux fils pénètrent dans l'entonnoir et dépassent le bou- chon de trois ou quatre lignes. On recouvre de cire à ca- cheter la partie interne et la partie externe du bouchon ; on met de l'eau dans l'entonnoir jusqu'à la moitié de sa hauteur, puis on place au-dessus des deux fils deux petites cloches CD remplies d'eau et renversées; les fluides élec- triques vitré et résineux ne tardent pas à se dégager de la pile avec laquelle on fait communiquer les fils FO ; ces fluides traversent l'eau contenue dans l'entonnoir, Ja dé- composent , et il en résulte du gaz oxigène qui se rend à l'extrémité du fil vitré, et du gaz hydrogène qui se porte sur l'autre fil. 74» Cent mesures d'eau à la température de 180 ther- 110 PREMIÈRE PARTIE. momètre centigrade, et à la pression de vingt-huit pouces de mercure, peuvent dissoudre 5 , 6 mesures de gaz oxigène, d'après M. Théodore de Saussure : dans le vide elle n'en dissout pas un atome. Le gaz hydrogène peut égale- ment se dissoudre dans ce liquide ; ioo mesures d'eau absorbent, à la même température, 4 •> 6 mesures de ce gaz. Le bore placé dans un tuyau de porcelaine rouget décompose l'eau, lui enlève l'oxigène, se transforme eu acide borique, et il se dégage du gaz hydrogène : du reste, le bore est insoluble dans l'eau. On ne connaît point faction du carbone pur sur ce liquide. Le charbon ordi- naire est insoluble dans l'eau; mais il peut en absorber,. et les gaz contenus dans le charbon se dégagent : ce déga- gement est d'autant plus marqué que les gaz sont moins solubles dans l'eau. Si l'on fait passer de l'eau en vapeur à travers du charbon rouge, l'eau est décomposée, et il en résulte du gaz açjde carbonique ou du gaz oxide de car- bone , et du gaz hydrogène carboné. Cette expérience peut aussi être faite en plongeant des charbons rouges dans des cloches pleines d'eau et renversées sur la cuve. Lcpliosphore, mis en contact avec de l'eau distillée par- faitement privée d'air et exposée au soleil pendant une heure, devient rouge et s'oxide, comme nous l'avons déjà dit : suivant M. Vogel, l'eau est décomposée, et l'on obtient, outre l'oxide rouge de phosphore, du gaz hydrogène phos- phore qui reste en dissolution : il ne se forme pas un atome d'acide phosphoreux ; mais si l'eau dans laquelle on met le phosphore contient de l'air, il se produit entre ces corps un acide formé par le phosphore et par l'oxigène. Si au lieu de faire cette expérience à la lumière solaire, on couvre avec un papier noir le flacon contenant le phosphore et l'eau distillée qui a bouilli, ce liquide se décompose lente- ment, et il se forme du gaz hydrogène phosphore qui reste en dissolution, et un acide composé de phosphore et d'oxigène : DES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES. III le phosphore conserve sa couleur et sa transparence. Lors- qu'on expose à la lumière diffuse un flacon contenant dn phosphore et rempli d'eau ordinaire aérée, le phosphore devient opaque, d'un blanc terreux, et se transforme, sui- vant quelques chimistes , en oxide blanc : en même temps l'eau devient acide , et il paraît se former un peu d'hydro- gène phosphore , phénomènes faciles à expliquer par la décomposition de l'air contenu dans l'eau et d'une partie de ce liquide. Le soufre est insoluble dans l'eau et n'agit sur elle à au- cune température ; mais lorsqu'on met ensemble trois gram- mes de soufre , deux grammes de phosphore et de l'eau, et que l'on chauffe jusqu'à 4°° ou $o° •> celle-ci se décom- pose; l'oxigène se porte sur le phosphore pour former de l'acide phosphoreux ou phosphorique qui reste dans la li- queur, et l'hydrogène s'unit au soufre, avec lequel il forme du gaz acide hydro-sulfurique. 75. L'iode est à peine soluble dans l'eau, à laquelle il communique une légère teinte de jaune d'ambre; il la dé- compose à froid , suivant M. Gay-Lussac, et il se forme d'une part de l'acide iodique, et de l'autre de l'acide hydrio- dique : lorsqu'on chauffe le mélange d'eau et d'iode , celui- ci se volatilise au-dessous de 1000, par conséquent avant de fondre. L'eau dissout une fois et demie son volume de chlore gazeux à la température de 200 thermomètre centi- grade , et à la pression de vingt-huit pouces de mercure : elle porte alors le nom de chlore liquide (acide muriatique oxigéné liquide.) ( Voyez Préparation du chlore. ) Le chlore liquide a l'odeur , la couleur et la saveur du chlore gazeux; comme lui il détruit les couleurs végé- tales et animales; exposé à l'action du calorique dans un tuyau de porcelaine, il se décompose ; l'hydrogène de l'eau se combine avec le chlore et forme du gaz acide hydro - chlorique, tandis que l'autre principe de 112 ' PREMIÈRE PARTIE. l'eau, l'oxigène, se dégage. Celte expérience réussit très- bien en faisant passer à travers le tuyau de porcelaine de l'eau en vapeur et du chlore gazeux , pourvu que le tuyau soit bien rouge, que la vapeur d'eau soit assez abondante, et que le courant de chlore ne soit pas très-rapide. Si au lieu d'accumuler du calorique sur la dissolution de chlore on en soustrait, elle fournit des cristaux lamelleux d'un jaune foncé, même lorsque la température est à 2° -f- o° : ces cristaux contiennent plus de chlore et moins d'eau que la solution. La lumière décolore le chlore liquide et agit sur lui comme sur le chlore gazeux humide ; il faut donc le conserver à l'abri de cet agent. Si on fait chauffer l'iode avec une dissolution de chlore, l'eau est décomposée ; son oxigène forme avec l'iode de l'acide iodique, tandis que l'hydrogène transforme le chlore en acide hydro-chlorique. Le gaz azote est presqu'insoluble dans l'eau : cent mesures de ce liquide privé d'air absorbent, à la température de 18° thermomètre centigrade, f\, 2 mesures de gaz. 76. L'eau exerce sur l'air une action remarquable ; cent mesures absorbent cinq mesures d'air, dont la composi- tion diffère de celle de l'air atmosphérique : en effet, il est formé de 32 parties de gaz oxigène et 68 de gaz azote, tandis que dans l'air atmosphérique il n'y a que 21 par- ties de gaz oxigène; ce phénomène dépend de ce que l'eau dissout plus facilement le gaz oxigène que le gaz azote. Expérience. On prend une grande fiole munie d'un bouchon percé pour donner passage à un tube re- courbé qui doit se rendre sous une cloche pleine d'eau, et renversée sur la table de la cuve pneumato-chimique ; on remplit la fiole et le tube d'eau ; on bouche le vase et on le lute , puis on chauffe graduellement jusqu'à l'ébullition : l'air contenu dans l'eau ne tarde pas à se dégager et à se rendre dans la cloche; on en fait l'ana- lyse après avoir mesuré son volume* ( Voyez Analyse. ) Il DES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES.' Ïi3 est évident que l'air obtenu par ce moyen était tenu en dissolution dans l'eau, puisque la fiole et le tube étaient entièrement remplis par ce liquide; les premières portions dégagées sont moins oxigénées que les dernières, phénomène qui dépend de la plus grande solubilité de l'oxigène que de l'azote. On peut encore démontrer l'existence de l'air dans l'eau, en plaçant sur la machine pneumatique un vase qui contient une certaine quantité de ce liquide; à mesure qu'on fera le vide, l'air se trouvera moins comprimé et se dégagera de l'eau sous la forme de bulles. 77. L'eau est potable lorsqu'elle offre les caractères sui- vans : elle doit être fraîche, vive , limpide, inodore et aérée; elle doit dissoudre le savon sans former de gru- meaux et bien cuire les légumes (1) ; elle ne doit se trou- bler que très-légèrement par le nitrate d'argent et par l'hy* dro-chlorate de baryte (2). L'eau distillée est lourde , parce qu'elle est privée d'air et d'une petite portion de sel. L'eau de pluie est celle qui approche le plus de l'état de pureté» M. Chaptal a observé que celle qui accompagne les orages est plus mélangée que celle d'une pluie douce , et que cette dernière devient plus pure pendant la durée de la pluie. L'eau de rivière tient en dissolution plusieurs ma- tières salines , et en particulier des molécules calcaires ; celle qui coule dans le sein de la terre forme des incrus- tations de ces mêmes molécules , tantôt à l'intérieur des canaux qui la reçoivent, tantôt autour des corps orga- nisés qui y sont plongés. (1) Les eaux qui contiennent du plâtre ( sulfate de chaux) rre cuisent pas bien les légumes, et décomposent le savon , comme nous le démontrerons plus tard. (2) Réactifs dont nous ferons l'histoire : si l'eau est fortement troublée par eux, c'est parce qu'elle contient des hydro-chlo- rates et des sulfates , sels qui allèrent sa pureté. I. S n4 PREMIÈRE PARTIE. De l'Eau à l'état solide. 78. En parlant de l'action du calorique sur l'eau liquide, nous avons exposé les phénomènes qui précèdent la for- mation de la glace obtenue par le simple refroidissement del'eau,page 108 ; il importe maintenant défaire connaître les causes qui empêchent l'eau liquide à zéro de se soli- difier ; pour les apprécier il faut avoir égard au degré de pureté du liquide , et à l'état d'agitation ou de repos dans lequel il se trouve. ï0. Le degré de pureté. M. Blagden a remarqué que l'eau distillée que l'on avait fait bouillir peut descendre, sans se congeler, jusqu'à 5°—o R , et jusqu'à 10—o si on couvre sa surface d'une couche d'huile ; tandis que l'eau distillée qu'on n'a pas fait bouillir ne se conserve liquide que jusqu'à 3 |— o. L'eau non distillée , mais limpide , se solidifie tantôt à 20 \—o, tantôt à 20 .—o°, tantôt à i°—o° ; enfin celle qui est chargée de par- ticules limoneuses se congèle toujours à zéro. Ce savant a conclu de ces faits que plus l'eau est pure, plus elle peut s'abaisser au-dessous de zéro sans se congeler. On pourra cependant objecter que l'eau ordinaire qui a bouilli se solidifie plus facilement que celle qui n'a point été exposée au feu. M. Blagden répond à cela que si l'eau or- dinaire contient du carbonate de chaux en dissolution , comme cela a souvent lieu, ce carbonate se précipite par l'effet de l'ébullition , trouble la transparence de l'eau, qui alors se trouve à-peu-près dans le même cas que l'eau li- moneuse , et a une plus grande tendance à se congeler. 20. Le repos. L'influence du repos et de l'agitation sur l'eau prête à se solidifier est connue depuis long-temps. M. Blagden a remarqué qu'en frappant légèrement sur une table avec le fond du vase qui contient l'eau , ou en frottant les parois intérieures de ce vase avec un tube ou avec DE L'EAU. IlS «ne plume, l'eau liquide au-dessous de zéro se solidifie sur- le-champ ; mais de tous les excitateurs de la congélation, celui qui manque le plus rarement son effet est un petit morceau de cire avec lequel on frotte les parois du vase dans quelques points inférieurs au niveau de l'eau , de manière à faire naître des espèces de vibrations sonores ; on voit paraître à l'instant une croûte de glace à l'endroit du vase situé au-dessous de la cire : le mouvement im- primé par l'un ou par l'autre de ces moyens favorise le rap- prochement des molécules par les faces qui se conviennent le mieux, et par conséquent la cristallisation. 11 est encore un autre moyen de hâter la congélation de l'eau , c'est de la mettre en contact avec un petit morceau de glace , que l'on peut considérer comme un noyau qui attire à lui les molécules aqueuses. 79. La glace pure est transparente , incolore et douée d'une saveur vive ; elle réfracte fortement la lumière , et on peut la faire servir à la construction des lentilles ar- dentes : sa transparence et sa force de réfrangibilité sont d'autant plus grandes que l'eau d'où elle provient était plus pure ; elle est très - élastique, comme on peut s'en convaincre en la jetant sur un plan, car alors elle se réflé- chit ; sa dureté et sa ténacité sont très-considérables. Lors- qu'elle est bien cristallisée, elle offre un assortiment d'ai- guilles qui ont une grande tendance à se réunir sous l'an- gle de 1200 ou de 6o° ; elle est plus légère que l'eau : aussi avons-nous dit que l'eau liquide augmente de volume en passant de 4°-f" o à l'état solide : ce phénomène ne peut être expliqué sans admettre que la disposition des molé- cules de la glace est telle qu'elles ne peuvent plus être con- tenues dans l'espace qui les renferme lorsqu'elles sont liquides ; il faut même supposer que ce changement dans la disposition des parties commence à avoir lieu à 4°+°- L'augmentation du volume de l'eau qui se solidifie nous Iï6 PREMIÈRE PARTIE. permet d'expliquer l'expérience suivante , rapportée par M. Biot. On remplit d'eau un canon de fer épais d'un doigt, on le ferma exactement et on l'exposa à un froid très - vif ; douze heures après on le trouva cassé en deux endroits : nous pourrions accumuler un très-grand nom- bre de faits de ce genre. On avait attribué pendant quelque temps à l'air atmosphérique retenu par l'eau qui se congèle, la cause de cette dilatation ; mais l'expérience prouve que l'eau qui a bouilli et qui par conséquent est privée d'air, occupe un plus grand espace à l'état solide qu'à l'état liquide. Exposée à l'air la glace s'évapore. Cavendish est le premier chimiste qui ait annoncé d'une manière positive que l'eau est formée d'oxigène et d'hydrogène. Les usages de Feau solide , liquide et à l'état de vapeur sont tellement nombreux et si généralement connus , que nous croyons inutile de les énumérer. De l'Eau considérée sous le rapport médical. Nous nous bornerons à donner quelques aperçus sur les bains d'eau douce. Bains froids de o° à 190 thermomètre centigrade. En entrant dans l'eau très-froide on éprouve un saisissement universel plus ou moins désagréable , un tremblement général et un resserrement spasmodique de la peau : celle-ci, d'abord pâle , devient d'un rouge li- vide ; elle offre des aspérités ; les bulbes des poils se mon- trent à travers Fépiderme , en sorte que la peau ressemble à de la chair de poule ; la respiration , d'abord pénible , fréquente et courte , se ralentit quelques instans après ; le pouls est précipité au moment de l'immersion ; mais il ne tarde pas à devenir plus lent et plus petit ; la trans- piration est supprimée ; la sécrétion de l'urine augmente ; on entend un claquement des mâchoires : les individus faibles éprouvent en outre des crampes, des engourdis- semens , de la pesanteur de tête ; enfin les lèvres se déco- lorent , l'engourdissement devient général, et la mort peut DE L'EAU. ÏI^ être le résultat de l'administration d'un bain froid trop prolongé. Si ce bain est de peu de durée, il jouit en général d'une vertu tonique et fortifiante ; si son action se prolonge davantage, il détermine une sédation plus ou moins forte du système nerveux et le ralentissement de la circulation. On l'a employé avec sucées , i° pour prévenir ou pour détruire les épanchemens séreux dans la fièvre cérébrale ; 20 dans les typhus ; 3° Samoïlowits s'est servi de la glace en friction dans la peste de Mos- cou ; 4° dans certaines douleurs de tête opiniâtres et sans inflammation ; 5° dans plusieurs maladies nerveuses , telles que la manie, l'hypochondrie, l'hystérie; 6° dans quelques» cas de débilité générale ; 70 enfin dans certains spasmes > et dans quelques maladies convulsives qui sont l'écueil des praticiens. Le corps peut être mis en contact avec l'eau froide par des moyens différens que le médecin varie suivant les circonstances: ces moyens sont l'immer- sion , l'affusion, les douches et des serviettes contenant de la glace , que l'on applique plus particulièrement sur la tête, sous la forme de bandeau. Bains tièdes de 3o° à 36° thermomètre centigrade. Parmi les effets produits par les bains tièdes, les plus remarquables sont le ralentissement de la circulation et de la respiration , la plus grande activité de l'absorption cutanée, de la perspiration et de la sécrétion de Purine* On emploie les bains tièdes locaux ou généraux dans les phlegmasies des reins, de la vessie , du péritoine, de !a plèvre et des poumons ; 20 dans les phlegmasies chro- niques de la peau, telles que les dartres , la gale, etc. : 3° pour faciliter l'éruption de la petite-vérole ; 4° comme un des meilleurs anti-spasmodiques dans une infinité de maladies nerveuses ; 5° dans les douleurs des voies uri- naires occasionnées par des calculs de vessie , la go- norrhée, etc., etc. Il8 PREMIÈRE PARTIE. Bains chauds au-dessus de 36° thermomètre centigrade. Les effets produits par cette espèce de bain ont le plus grand rapport avec ceux que détermine le calorique lors- qu'il est appliqué sur toute la surface du corps ( voyez pag. 47 ) '•> ce bain est en effet un irritant très-actif et un puissant sudorifique ; il peut déterminer la mort, i° par apoplexie , 20 par les troubles du cœur , 3° par brû- lure. Le bain chaud général n'est guère employé en mé- decine ; on en fait usage cependant pour favoriser cer- taines éruptions à la peau et dans quelques engorgemens chroniques. Il n'en est pas de même du bain chaud par- #tiel, connu sous le nom de pédiluve ou bain de pied , dont les succès autorisent chaque jour davantage l'emploi. Les pédiluves simples, ou ceux qui sont rendus plus irritans par l'addition de la moutarde, d'une certaine quantité de sel commun ou d'acide hydro-chlorique (muriatique) sont recommandés i° dans tous les cas où il faut rappeler aux extrémités inférieures la goutte, qui s'est déplacée et portée sur quelqu'un des organes essentiels ; 20 lorsqu'il faut opérer une dérivation, comme dans certains maux de tête , de gorge , dans quelques cas de suppression des règles qui ne dépend pas d'un engorgement sanguin de la matrice, etc. Bains de vapeurs. Ces bains peuvent être rangés parmi les médicamens sudorifiques les plus énergiques : aussi les emploie-t-on avec succès pour augmenter la transpi- ration cutanée ; ils sont utiles dans les maladies cutanées chroniques , dans certains cas d'endurcissement de la peau, dans les scrophules indolens, dans quelques engourdis- semens des membres, dans certains rhumatismes chro* niques, etc. DUGAZOXmE. Ug 2°. Du Gaz oxide de carbone. 80. L'oxide de carbone est un produit de l'art : jusqu'à présent il n'a été obtenu qu'à l'état gazeux; il est incolore, transparent, élastique, insipide, sans action sur l'infusum de tournesol et plus léger que l'air ; sa pesanteur spécifique est de 0,9069 ; il n'est point décomposé par le calorique , la lumière ni le fluide électrique. 81. Le gaz oxigène n'a d'action sur lui qu'à une tempé- rature rouge : que l'on fasse passer un courant de fluide électrique à travers un mélange de 100 parties de gaz oxide de carbone et de 5o parties de gaz oxigène en volume, placé dans l'eudiomètre à mercure , on obtiendra i5o parties de gaz acide carbonique. Le gaz hydrogène ne le décompose point; on ne connaît point l'action qu'exercent sur lui le bore et le carbone pur. Le charbon ordinaire ne lui fait éprouver aucune altération ; cependant une mesure de charbon de buis peut en absorber 9,42 mesures. Il n'est décomposé ni par le phosphore, ni par le soufre, ni par l'iode. 82. Le chlore gazeux exerce une action remarquable sur le gaz oxide de carbone : on prend un ballon d'une ca- pacité déterminée, on y fait le vide et on y introduit suc- cessivement parties égales de ces deux gaz parfaitement secs ; on bouche le ballon et on l'expose au soleil ; 15 ou 20 mi- nutes après, l'expérience étant terminée, on débouche le ballon dans une cuve à mercure, et l'on remarque que le métal pénètre dans l'intérieur et remplit la moitié de la ca- pacité du ballon : donc, par l'action que les gaz ont exercée l'un sur l'autre, leur volume a été diminué de moitié, et la pesanteur spécifique du produit doit être très-consi- dérable. Ce produit gazeux, découvert par le docteur John Davy, qui l'a appelé phosgène( engendré par la lu- mière), rougit fortement l'infusum de tournesol, et paraît porter aujourd'hui le nom de chlorure d'oxidc de carbone* HO PREMIÈRE PARTIE. Il est incolore et doué d'une odeur suffocante ; il irrite la conjonctive et augmente la sécrétion des larmes; il éteint les corps enflammés; sa pesanteur spécifique est de 3,3894 ; il n'est point décomposé par les corps simples étudiés pré- cédemment ; l'étain, le zinc , etc., lui enlèvent le chlore à une température élevée, forment des chlorures (muriates secs ) , et le gaz oxide de carbone est mis à nu ; il ne répand point de vapeurs à l'air ; mis en contact avec l'eau, il est dé- composé , même à la température ordinaire : en effet, le chlore s'unit à l'hydrogène de l'eau et donne naissance à de l'acide hydro-chlorique ( muriatique ) ; tandis que l'oxide de carbone, saturé par l'oxigène de l'eau, passe à l'état d'a- cide carbonique. L'azote n'agit point sur le gaz oxide de • carbone. P. E. Lorsqu'on approche une bougie allumée de l'ou- verture d'une cloche remplie de ce gaz et exposée à l'air atmosphérique, il absorbe l'oxigène de celui-ci, produit une flamme bleue et se change en gaz acide carbonique : aussi l'eau de chaux versée dans la cloche après l'évaporation. est-elle troublée. Il n'est pas sensiblement soluble dans l'eau. Le gaz oxide de carbone a été découvert par Cruick- sanck en Angleterre, et par MM. Clément et Désormes en France; il est formé de 43 parties de carbone et de 57 d'o- xigène en poids, ou de 100 de gaz oxide de carbone et de 5o d'oxigène en volume ; il est sans usages. Injecté dans les veines il brunit beaucoup plus le sang que le gaz acide carbonique ; il asphyxie les animaux qui le respirent. 3°. De VOxide rouge dephospore. 83. Cet oxide de phosphore est constamment un produit de l'art ; il est d un rouge foncé ; sa pesanteur spécifique est inférieure à celle du phosphore ; il est beaucoup moins fu- sible que ce corps, car il exige pour, sa fusion une tempe- DE L'OXIDE. IÎI rature bien au-dessus de i oo° thermomètre centigrade ; il est insoluble dans le carbure de soufre, tandis que le phos- phore s'y dissout rapidement. ( Voyez §. 53. ) Il n'est point lumineux lorsqu'on l'expose à l'air dans l'obscurité , et il ne s'enflamme pas au-dessous de la température de l'eau bouil- lante ; chauffé dans une capsule de platine , il absorbe len- tement l'oxigène de l'air, produit une belle flamme jau- nâtre ; mais il cesse d'être lumineux aussitôt qu'on retire la capsule du feu. Plusieurs chimistes regardent comme un oxide blanc de phosphore la croûte blanche terne qui recouvre les cy- lindres de phosphore que l'on a laissés pendant quelque temps dans l'eau et à la lumière. L'expérience n'a pas encore prononcé sur la véritable nature de cette matière, consi- dérée par quelques savans comme du phosphore divisé. 4°. Du Protoxide d'azote (oxidule d'azote). 84« Le protoxide d'azote est un produit de l'art : il est or- dinairement à l'état de gaz ; cependant on peut le dissoudre dans l'eau et l'avoir liquide. Le protoxide d'azote gazeux est incolore et inodore ; il a une saveur douceâtre ; sa pe- santeur spécifique est de i,52o4- Il est décomposépar le calorique et par le fluide électrique, qui le changent en azote et en deutoxide d'azote. Il est sans action sur le gaz oxi- gène ; cependant lorsqu'on fait passer un mélange de ces deux gaz à travers un tuyau de porcelaine rouge , on ob- serve que le protoxide est décomposé par le calorique comme s'il eût été seul ; et alors le deutoxide d'azote résul- ta nt s'unit avec l'oxigène pour former de l'acide nitreux. Lorsqu'on fait passer une étincelle électrique à travers un mélange de protoxide d'azote et de gaz hydrogène contenus dus un eudiomètre à mercure , l'oxigène du protoxide se combine avec l'hydrogène, forme de l'eau, et l'azote est mis a nu ; il y a dégagement de calorique et de lumière.* **4 PREMIÈRE PARTIE. Le bore s'empare de l'oxigène du protoxide d'azote, pourvu que la température soit élevée; il se forme de l'acide borique, et l'azote est mis à nu. On ne connaît point l'action du car- bone pur sur ce gaz. Le charbon rouge et éteint dans le mercure l'absorbe, et le décompose en partie en lui enlevant son oxigène ; en sorte qu'on peut retirer de ce charbon du gaz acide carbonique, du gaz azote et du protoxide d'azote non décomposé; la décomposition du gaz sera complète si on le met en contact avec du charbon rouge ; il se for- mera du gaz acide carbonique et il y aura dégagement de caloriqueet de lumière. Le phosphore allumé enlève presque tout l'oxigène au protoxide d'azote, passe à l'état d'acide phosphorique, et il se dégage aussi beaucoup de calorique et de lumière; tandis que le phosphore fondu et non enflammé n agit point sur lui. Le soufre , fondu et enflamme par le moyen du gaz oxigène, décompose le protoxide d'azote, se transforme en gaz acide sulfureux et met l'azote à nu ; il n'y a pas un plus grand dégagement de calorique et de lumière que lorsque le soufre fondu est en contact avec l'air. L'iode, le chlore et l'azote n'exercent aucune action sur ce gaz. L'air atmosphérique agit sur lui comme le gaz oxigène. Cent mesures d'eau bouillie peuvent absorber 77 mesures de ce gaz à la température de 18 degrés. P.E. Lorsqu'on plonge dans une cloche remplie de gaz protoxide d'azote une bougie qui présente quelques points en ignition, elle se rallume avec éclat; le gaz est dé- composé, et l'azote est mis à nu. Cette propriété, jointe à la faculté qu'il a de se dissoudre dans l'eau , ne permet pas de le confondre avec aucun autre gaz. Le proteridr d'azote a été découvert par Priestley en 1772. Il est formé de ;oo parties d'oxigène et de 175,63 d'azote en p~ias, ou de 5o parties d'oxigène et de 100 d'azote envoîum0 il st sans usages. On a souvent remarqué chez les indiv, ' '.s qui l'ont respiré un rire insolite et une gaUé extraenunaire qui DU DEUTOXIDE. 123 lui ont fait donner le nom de gaz hUariant ; mais souvent aussi il a déterminé chez d'autres individus des vertiges, la céphalalgie, la syncope , etc. ; et il finirait par asphyxier si on continuait à le respirer pendant quelques minutes. 5°. Du Deutoxide d'azote (gaznitreux). 85. Le deutoxide d'azote est toujours un produit de l'art : il est constamment à l'état de gaz ; il est incolore, transparent, élastique et plus pesant que l'air ; sa pesanteur spécifique est de i,o388 ; il ne rougit point l'infusum de tournesol ; il éteint tous les corps enflammés, excepté le phosphore ; on ne sait pas s'il est odorant. Si on le fait passer à travers un tube de verre dépoli dans lequel on ait mis préalablement des fils de platine afin d'augmenter la surface, le gaz deutoxide d'azote sera décomposé et trans- formé en gaz azote et en gaz acide nitreux, si la tempéra- ture du tube est rouge; le poids du platine n'augmente pas. ( M. Gay-Lussac. ) Il est également décomposé par le fluide électrique lorsqu'il est placé sur le mercure ; l'oxigène se porte sur le métal et l'azote est mis à nu. 86. Uni avec deux fois son volume de gaz oxigène bien sec il se transforme en acide nitreux liquide si la tempé- rature est à 20° — o ; il se produit au contraire une vapeur rouge d'acide nitreux si l'on agit à la température ordinaire : cette dernière expérience ne saurait être faite dans des cloches placées sur l'eau ou sur le mercure, car l'eau dis- sout l'acide nitreux à mesure qu'il se forme, et le mercure le décompose. On prend un grand ballon en cristal dont la capacité est connue et dont le col est muni d'un robinet également en cristal ; on en retire l'air au moyen de la ma- chine pneumatique ; on introduit dans une cloche graduée pleine de mercure, et renversée sur la cuve hydrargiro-pneu- matique, assez de gaz oxigène pour pouvoir remplir la moi- tié du ballon ; la partie supérieure de cette cloche se trouve 124 PREMIÈRE PARTIE. disposée de manière à ce que le ballon puisse y être vissé; elle offre en outre un robinet; on visse le ballon sur la cloche, et on ouvre les robinets pour que le gaz oxigène passe dans le ballon ; ceci étant fait, on ferme les robinets et on in- troduit dans la cloche, qui se trouve de nouveau remplie de mercure, quatre ou cinq fois autant de deutoxide d'azote sec que l'on a employé de gaz oxigène ; on rouvre les robinets d'une très-petite quantité , et aussitôt on aperçoit des va- peurs rouges formées par l'union du gaz oxigène avec le deutoxide d'azote qui a pénétré dans le ballon : à mesure que ce phénomène se produit, le mercure monte dans la cloche en vertu de la pesanteur de l'atmosphère ; mais il cesse de s'élever dès l'instant où l'oxigène du ballon est saturé de deutoxide d'azote ; alors on ferme les robinets ; on mesure le deutoxide d'azote qui reste dans la cloche, pour savoir combien il y en a eu d'absorbé. Si au lieu d'agir ainsi on met du gaz deutoxide d'azote en contact avec un excès de gaz oxigène sur l'eau, il en absorbe la moitié de son volume et passe à l'état d'acide azotique (nitrique) solubledans l'eau. 87. Le gaz hydrogène n'agit point sur le deutoxide d'azote à une chaleur rouge cerise ; mais si l'on ajoute au mélange une assez grande quantité rde gaz protoxide d'a- zote et qu'on l'électrise, la décomposition a lieu. L'action du bore et du carbone pur sur ce gaz est inconnue. Il est décomposé par le charbon rouge ; son oxigène forme avec ce corps simple du gaz acide carbonique ou du gaz oxide de carbone, et l'azote est mis à nu. Le phosphore enflammé absorbe l'oxigène de ce gaz et passe à l'état d'acide phos- phorique; il y a dégagement de calorique et de beaucoup de lumière. Le soufre allumé s'éteint dans le gaz deutoxide d'azote. L'iode et l'azote ne se combinent pas avec lui. 31 en est de même du chlore gazeux si les deux gaz sont par- faitement secs ; mais s'ils contiennent de l'eau, celle-ci est décomposée ; le chlore s'empare de son hydrogène pour DES ACIDES. 125 former de l'acide hydro-chlorique , tandis que le deutoxide d'azote s'unit avec l'oxigène et passe à l'état d'acide azoteux ou nitreux. P. E. L'air atmosphérique agit sur lui comme le gaz oxigène; il le fait passer à l'état d'acide azoteux (nitreux) rougeâtre et odorant; plusieurs chimistes ont attribué à tort cette odeur au deutoxide d'azote, tandis qu'elle appar- tient à l'acide qui se forme. Cent mesures d'eau bouillie absorbent, suivant M. Davy , 11,8 mesures de ce gaz. 11 a été découvert par Haies , et il est formé de ioo parties d'oxigène et 87,815 d'azote en poids, ou de parties égales de l'un et de l'autre de ces deux gaz en volume. 11 est employé pour faire l'analyse de l'air; il asphyxie sur-le-champ les animaux qui le respirent ; mais c'est au gaz acide nitreux que l'on doit attribuer les effets que détermine la respiration du gaz deutoxide d'azote toutes les fois qu'il a été mêlé avec l'air. ARTICLE iv. Des Acides composés d'oxigène et d'un des corps simples précédemment étudiés. On donne le nom d?acide à des substances solides , liquides ou gazeuses , douées en général d'une saveur aigre , de la propriété de faire disparaître en tout ou en partie les caractères de certains oxides appelés alcalis, de la faculté de rougir l'infusum bleu de tournesol et la teinture de violette, ainsi que de jaunir ou de rougir l'hé- n atine. Il y a des substances regardées comme acides qui pourtant ne jouissent pas de tous ces caractères ; cepen- dant il n'en est aucune qui ne puisse se combiner avec les alcalis. En général, les chimistes regardent le tournesol comme le réactif des acides ; cette teinture est. en effet, composée d'une couleur rouge et de sous-carbonate de Ji6 PREMIÈRE PARTIE. potasse que l'on peut regarder comme un alcali : or, l'acide s'empare de l'alcali et met la couleur rouge à nu. Tous les acides ont la plus grande tendance à se porter vers les surfaces électrisées vitreusement ; ceux qui sont formés par l'oxigène et par un corps simple sontdécomposés par la pile voltaïque ; l'oxigène se porte au pôle vitré, et le corps simple au pôle résineux. Ils sont presque tous solu- bles dans l'eau ; ils peuvent se combiner avec un plus ou moins grand nombre d'oxides métalliques et donner nais- sance à des sels. 11 n'y a pas encore long-temps que les chimistes, pensant que l'oxigène entrait dans la composition de tous les acides, le regardaient comme le seul principe acidifiant ; cette opi- nion n'est plus admissible depuis que l'existence d'un cer- tain nombre d'acides sans oxigène est parfaitement établie. Ces acides sans oxigène sont au nombre de sept; cinq d'en- tr'eux sont formés par l'hydrogène et par un ou deux corps simples : tels sont les acides hydro-cblorique, hydriodique, hydro-sulfurique , hydro-phtorique (fluorique) et hydro- cyanique (prussique) ; les deux autres sont composés l'un de phtore et de bore, et l'autre de phtore et de silicium (i). Mais peut-on regarder actuellement comme seuls prin- cipes acidifians l'oxigène, l'hydrogène et le phtore, les deux premiers parce qu'ils entrent dans la composition d'un très-grand nombre d'acides, et le dernier parce qu'il en forme deux ? Nous croyons que la dénomination de prin- cipe acidifiant est inutile, et doit être rejetée parce qu'elle peut induire en erreur. Il suffit de la plus légère attention pour voir que, lorsque deux, trois ou quatre corps simples se réunissent pour former un acide , celui-ci ne doit pas ses propriétés à un de ses élémens exclusivement ; elles résultent (i) Le phtore est un corps particulier dont nous parlerons k l'article Acide fluorique ou hydro-phtorique. DES ACIDES. I27 de la réunion de tous , et de la manière dont les molécules sont arrangées. Les acides dont nous devons nous occuper dans cet article sont au nombre de douze , savoir : les acides borique, carbonique , hypo-phosphoreux , phosphoreux , phospho- rique, sulfureux, sulfurique, iodique, chloreux, chlorique, nitreux, nitrique. Action des Acides sur l'économie animale. 88. Les acides affaiblis doivent être considérés comme des toniques qui, loin d'augmenter la température organique comme les huiles volatiles, donnent lieu à un sentiment de fraîcheur générale ; ils sont en outre anti-putrides et astrin- gens. Administrés convenablement, ils ralentissent la cir- culation, étanchent la soif, augmentent la sécrétion de l'urine et le ton de l'estomac ; cependant les individus qui en abusent éprouvent des symptômes fâcheux, tels que la destruction de l'émail des dents , un sentiment de constriction et d'àcreté dans la gorge , la cardialgie , la toux , l'amaigrissement qui est la suite de l'altération des digestions, et le racornissement du canal digestif, des glandes ly mphatiques et de quelques autres organes. On les emploie avec le plus grand succès dans les fièvres bilieuses, principalement celles qui sont continues ou ré- mittentes, dans les fièvres adynamiques et putrides, dans le scorbut avec ou sans dévoiement, dans les diarrhées bilieuses très-considérables , dans celles qui sont anciennes, dans les hémorrhagies passives du poumon, de l'utérus, de la vessie urinaire, du conduit alimentaire ; dans les catarrhes chroniques de ces divers organes , dans les hydropisies atoniqués. Sydenham et quelques autres auteurs en ont obtenu de très-bons effets dans la petite-vérole, lorsque la suppuration languit, qu'elle est d'un mauvais caractère, et qu'il se développe des pétéchies dans l'intervalle des Ï28 PREMIÈRE PARTIE. boutons. Ils sont contre-indiqués au début de la phthîsie pulmonaire et dans les phlegmasies aiguës , principale- ment dans celles du thorax. Pour les administrer on les mêle avec de l'eau jusqu'à ce que celle-ci ait un degré d'acidité agréable au goût, et on fait prendre plusieurs verres de ce liquide dans la journée. Les acides affaiblis sont eniployés à l'extérieur comme astringens, dans les hémorrhagies des petits vaisseaux, et dans les écoulemens passifs ou par relâchement; on s'en sert aussi quelquefois comme répercussifs dans certaines éruptions cutanées ; mais la répercussion qu'ils déterminent peut souvent être dangereuse. Les acides concentrés agissent tous comme de puissans escharotiques ; ils irritent, enflamment, ulcèrent les par- ties avec lesquelles on les met en contact, et donnent lieu aux symptômes de l'empoisonnement produit par les poi- sons corrosifs et acres. ( Voyez ma Toxicologie générale. ) Cependant les médecins les prescrivent quelquefois avec succès à l'extérieur : ainsi ils sont avantageux pour dé- truire les poireaux, les verrues , la pustule maligne , etc. ; ils entrent dans la composition de certains onguens dont on se sert pour exciter la peau dans quelques maladies chroniques de cet organe. De XAcide borique. L'acide borique se trouve pur dans la nature : on le rencontre dans les lacs^de Castelnuovo , de Montecerboli , et de Cherchiajo en Toscane ; il se trouve aussi dans plu- sieurs lacs des Indes ; mais alors il est uni à la soude. 89. L'acide borique pur est solide, et peut être obtenu sous deux jétats, i°. fondu et privé d'eau; 20. combiné avec ce liquide à l'état d'hydrate. Acide borique privé d'eau. H est sous la forme d'un verre transparent, inco- lore , inodore, et doué d'une légère saveur acide ; sa pe- des Acides. 129 santeur spécifique est de i,8o3. Il est fusible et n'éprouve aucune autre altération de la part du calorique. Exposé à l'action d'une forte pile électrique , il est décomposé en petite quantité ; l'oxigène se rend au pôle vitré, et le bore au pôle résineux. Aucun des corps simples pré- cédemment étudiés n'a d'action sur lui, tant l'affinité qui réunit ses élémens est considérable. Il attire assez fortement l'humidité de l'air, et se recouvre d'écaillés opaques pulvérulentes, composées d'acide borique et d'eau. Il ne se dissout que dans cinquante parties environ d'eau bouillante : ce solutum dépose par le refroidisse- ment une grande partie de l'acide hydraté sous la forme d'écaillés blanches ; si on le fait évaporer, il cristallise en lames hexagonales ; il rougit l'infusum de tournesol et n'a aucune action sur la teinture de violette. Acide borique combiné avec l'eau. Il est formé , sui- vant M.'Davy, de 100 parties d'acide, et de i32,55 par- ties d'eau ; il est sous la forme de petites paillettes ou d'écaillés blanches , douces au toucher ; sa pesanteur spé- cifique est de i,479 '-> lorsqu'on le chauffe, il se fond et perd l'eau qui, en se vaporisant, entraîne une portion d'acide ; la volatilisation de cet acide au moyen de ce li- quide peut être encore plus facilement démontrée, en mettant dans une cornue une pâte faite avec de l'acide hydraté et un peu d'eau : à mesure que l'on chauffe le vase, l'acide vient cristalliser dans le récipient. Il ne se combine avec aucun des oxides dont nous avons parlé jusqu'à présent. Il a été découvert en 1702 par Hom- berg. Il est quelquefois employé dans l'analyse des pierres. Plusieurs médecins l'ont préconisé comme un très-bon calmant dans les spasmes, les douleurs nerveuses, l'épi- lepsie, la manie, etc. , et l'ont administré en poudre, en pilules ou dissous dans l'eau à la dose de 3,7 ou 10 grains; mais il est aujourd'hui presqu'entièrement abandonné. J. 9 i3o PREMIÈRE PARTIE. De VAcide carbonique. L'acide carbonique existe très-abondamment dans la nature : à l'état de gaz il entre pour une très-petite partie dans la composition de l'air atmosphérique; on le rencontre aussi sous cet état dans certaines grottes des pays volcaniques, comme, par exemple, dans la grotte du chien, près de Pouzzole, dans le royaume de Naples ; à l'état liquide il se trouve dans un très-grand nombre d'eaux minérales ; enfin il fait partie d'une multitude de substances solides, principalement des carbonates , des enveloppes des mo- lusques, des crustacés , etc. Lorsqu'il est dégagé des corps avec lesquels on se le procure , il est gazeux : nous allons donc l'étudier sous cet état. Du Gaz acide carbonique. 90. Le gaz acide carbonique est incolore, élastique, transparent, doué d'une saveur légèrement aigrelette et d'une odeur piquante ; sa pesanteur spécifique est de 1,5196 : il éteint les corps enflammés; que l'on prenne deux éprouvettes , l'une pleine de gaz acide carbonique et dont l'ouverture soit en bas, l'autre remplie d'air atmo- sphérique , et dans une position opposée ; que l'on adapte l'une à l'autre les deux ouvertures ; quelques instans après on remarquera que le gaz acide carbonique s'est précipité en vertu de son poids dans la cloche inférieure , tandis que la cloche supérieure contiendra de l'air atmosphérique : aussi une bougie allumée continuera-t-elle à brûler dans celle-ci, et elle sera éteinte dans l'autre. 91. Il n'est point décomposé par le calorique. Il ré- fracte la lumière; sa puissance réfractive est de 1,00476. Soumis à un courant d'étincelles électriques , il est décomposé suivant M. Henry, et il fournit du gaz oxi- gène et du gaz oxide de carbone. Il n'éprouve aucune de l'acide CARBONIQUE. ï3$ altération de la part du gaz oxigène. Lorsqu'on fait passer à travers un tube de porcelaine rouge un mélange de deux parties de gaz hydrogène et d'une partie de gaz acide carbonique, celui-ci est décomposé, et il se forme de l'eau et du gaz oxide de carbone. L'action du bore sur ce gaz est inconnue. 92. Le charbon que l'on a éteint dans le mercure après l'avoir lait rougir, absorbe trente-cinq fois son volume de gaz acide carbonique. Si l'on fait passer à plusieurs reprises ce gaz à travers du charbon rouge, placé clans un tube de porcelaine, il perd une partie de son oxigène qui se porte sur le charbon , et l'on n'obtient que du gaz oxide de car- bone. Expérience. On prend une vessie que l'on remplit de gaz acide carbonique; on l'adapte à l'une des extrémités d'un tuyau de porcelaine disposé dans un fourneau à réver- bère et contenant du charbon ; lorsque celui-ci est rouge, on presse doucement la vessie afin de faire passer le gaz à travers le charbon et le faire rendre dans une vessie vide qni se trouve à l'autre extrémité du tuyau ; aussitôt que celle-ci est remplie par le gaz on la presse pour le faire repasser dans la première, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on ait obtenu du gaz oxide de carbone. 93. Le soufre, 1'iode, le chlore ell'azote n'exercent sur lui aucune action chimique. L'air atmosphérique peut se mêler avec lui. P. E. L'eau dissout son volume de gaz acide carbo- nique à la température et à la pression ordinaires ; elle en dissout cinq à six fois autant lorsqu'on augmente con- venablement la pression, pourvu que la température reste la même: dans tous les cas, le produit est de l'acide car- bonique liquide , incolore , inodore, et doué d'une saveur aigrelette ; chauffé, il bout promptement et perd le gaz qui peut être recueilli dans des cloches pleines d'eau ©u de mercure ; le même phénomène a lieu lorsqu'on le l32 PREMIÈRE PARTIE. place dans le vide. Les oxides précédemment étudiés, et l'acide borique,- n'exercent aucune action sur le gaz acide carbonique. Il est formé de 27,376 de carbone, et de 72,624 d'oxigène. L'acide carbonique n'est guère employé qu'en médecine. Les animaux qui le respirent sont asphyxiés au bout de quelques minutes : aussi voit-on les accidens les plus graves se manifester quelquefois chez les brasseurs, dans les cel- liers au-dessus des cuves en fermentation, dans les fours à chaux, et par-tout où il est mis à nu. On a proposé de le faire inspirer dans certains cas d'irritation pulmonaire où il serait utile de ralentir la conversion du sang veineux en sang artériel, mais on s'en sert rarement. Les eaux miné- rales acidulés, naturelles et factices, sont formées par cet acide liquide que l'on doit regarder comme un excellent diurétique ; il est aussi rafraîchissant et anti-spasmodique. Il peut être employé avec le plus grand succès pour pré- venir la formation du gravier et pour favoriser la disso- lution de celui qui est déjà formé. Nous avons vu souvent certaines douleurs néphrétiques , calculeuses, très-aiguës, diminuer singulièrement d'intensité par l'usage de ce mé- dicament. Il convient encore dans tous les cas où les acides affaiblis sont indiqués ( Voyez p. 127). La dose est d'un ou de deux verres par jour. De l'Acide hypo-phosphoreux. Cet acide vient d'être découvert par M. Dulong ,• il est constamment le produit de l'art ; lorsqu'il est concentré, il est sous la forme d'un liquide visqueux fortement acide et incri*tallisable. Soumis à l'action d'une température élevée dans un vaisseau de verre, il se décompose ; l'hydrogène de l'eau qu'il renferme s'empare d'une portion de phosphore, forme du gaz hydrogène phosphore ; un peu de phosphore se sublime,et l'acide hypo-phospaorenx ayant perdu par ce DE l'àCIDE PHOSPHOREUX. l33 moyenune assez grande quantité de phosphore et ayant ab- sorbé , d'ailleurs, l'oxigène de l'eau décomposée , se trouve transformé en acide phosphorique qui se combine en grande partie avec le verre. Il forme avec les oxides métalliques des sels excessivement solubles. Il paraît composé de i oo par- ties de phosphore et de 37,44 d'oxigène. Il est sans usages. De V Acide phosphoreux. 94. Cet acide a été découvert par M. Davy dans ces derniers temps ; il ne se trouve pas dans la nature. Il paraît formé de 100 parties de phosphore et de 74>88 d'oxigène. M. Dulong a prouvé qu'il forme avec les oxides métalliques des phosphites , sels particuliers dis- tincts des phosphates et des hypo-phosphites. Il est sans usages. De l'Acide phosphorique. 95. L'acide phosphorique n'a jamais été trouvé pur dans la nature. Il y existe souvent combiné avec des oxides métalliques, par exemple , dans le phosphate de chaux, de plomb, etc. L'acide phosphorique est solide, incolore , inodore T très-sapide et plus pesant que l'eau. Soumis à l'action du calorique dans un creuset de platine, il fond, se vitrifie et se volatilise si la température est assez élevée : ce der- nier phénomène n'aurait pas lieu si l'on faisait usage d'un creuset de terre, parce qu'alors l'acide se combinerait avec quelques-uns des élémens du creuset et formerait des com- posés fixes. Ainsi vitrifié l'acide phosphorique contient une quantité d'eau dont l'oxigène est le tiers de celui qui entre dans la composition de l'acide. Il est parfaitement transparent et réfracte la lumière. Lorsqu'on l'humecte légèrement et qu'on l'expose à un courant de fluide électrique , il est décomposé en oxigène et en phosphore qui se rendent, le premier au pôle vitré, et le dernier au pôle résineux.. l34 PREMIÈRE PARTIE. 96. Le gaz oxigène n'exerce aucune action sur lui. Si l'on fait passer du gaz hydrogène à travers un tuyau de porcelaine incandescent, contenant de l'acide phospho- rique , celui-ci est décomposé ; il se forme de l'eau , du gaz hydrogène phosphore , et il y a du phosphore mis à nu. On ne connaît point l'action du bore sur cet acide. 97. Le charbon lui enlève son oxigène à une tempé- rature élevée, et il en résulte du gaz acide carbonique, du gaz oxide de carbone et du phosphore. Cette expé- rience peut être faite dans un creuset avec une partie d'acide vitrifié en poudre , et trois parties de charbon ; on ne tarde pas à voir le phosphore s'enflammer ; mais on la pratique ordinairement dans une cornue de grès à laquelle on adapte une allonge , un récipient contenant de l'eau, et un tube qui se rend dans la cuve pneumato d'une saveur fort aigre et astringente ; il rougit d'abord les couleurs bleues vé- gétales et les détruit ensuite. Si on élève sa température jusqu'à 2000 environ, il se décompose entièrement et se transforme en iode et en gaz oxigène. Chauffé ayec du charbon ou du soufre, il est décomposé, cède son oxigène ^44 PREMIÈRE PARTIE. à ces corps simples, et il se produit une détonnation. Il est inaltérable dans un air sec, légèrement déliquescent dans un air humide et très-soluble dans l'eau. Sa dissolution évaporée devient pâteuse , et donne de l'aéide iodique solide privé d'eau. 110. L'acide borique solide se dissout à l'aide de la cha- leur dans la dissolution de cet acide. L'acide phosphoreux le décompose en partie, et passe à l'état d'acide phospho- rique , pourvu qu'on élève un peu la température ; il se dégage de l'iode , et la portion d'acide non décomposée se combine avec l'acide phosphorique produit. Si l'on verse de l'acide sulfurique ou phosphorique goutte à goutte dans une dissolution concentrée et chaude d'acide iodique, il. se forme un précipité solide, composé d'eau , d'acide iodi- que, et de l'un ou de l'autre des acides ajoutés ; ce préci- pité est fusibje par la chaleur, et donne par le refroidis- sement des cristaux d'une couleur jaune pâle. P. E. L'a- cide suif ureux, versé dans la dissolution de cet acide , le décompose, lui enlève son oxigène et en sépare l'iode instantanément. L'acide iodique est sans usages. Il a été découvert en 1814 par M. Gay - Lussac ; mais ce savant ne l'avait obtenu qu'à l'état liquide et combiné avec un peu d'acide sulfurique. M. H. Davy a décrit le premier les propriétés de l'acide ipdîque pur, privé d'eau. De l'Acide chloreux. 11 t. Cet acide n'existe dans la nature ni libre ni combiné; îl est désigné dans différens ouvrages sous les noms d'eu- chlorine, d?oxide de chlore et d? acide muriatique suroxi- géné. Obtenu par l'art, il se présente sous la forme d'un gaz d'une couleur jaune verdàtre très-foncée qui le caractérise, doué d'une odeur qui tient en partie de celle du chlore et du sucre brûlé ; il rougit l'infusum de tournesol ; mais il ne de l'acide chloreux. 145 tarde pas à en détruire la couleur : sa pesanteur spéci- fique est de 2,41744- 11 '.*,. P. E. Le calorique le décompose et le transforme en chlore et en gaz oxigène; ce phénomène a lieu avec détonnation et à une température très-basse ; la chaleur de la main suffit quelquefois pour le produire ; ioo parties de ce gaz décomposé donnent 8o parties de chlore et 4o parties de gaz oxigène ; d'où il résulte que son volume est moindre que celui des gaz qui entrent dans sa composition. 113. Le gaz acide chloreux est décomposé lorsqu'on en fait détonner une partie avec deux parties de gaz hydrogène; celui-ci s'empare de son oxigène pour former de l'eau; tandis que le chlore , en s'unissantà une autre portion d'hy- drogène, donne naissance à de l'acide hydro-chlorique. L'action du bore sur ce gaz est inconnue. Le charbon rouge lui enlève l'oxigène et ne tarde pas à s'éteindre : il en résulte du chlore et du gaz acide carbonique. Le phos- phore s'empare aussi de son oxigène avec explosion et avec un grand dégagement de lumière ; il se forme de l'a- cide phosphorique et du chlorure de phosphore ( chlore et phosphore). Le soufre plongé dans ce gaz ne produit d'abord aucun phénomène; mais tout-à-coup l'action l.t plus violente semauifeste, et il y a formation de gaz acide sulfureux et de chlorure de soufre (chlore et soufre). L'iode le décompose., même à froid, s'empare de son oxigène, passe à l'état d'acide iodique anhydre blanc, et le chlore, en se combinant avec une portion d'iode, forme un composé orangé volatil. Le chlore n'exerce sur lui aucune action. L'eau , à la température de 20° et à la pression de 28 pouces, peut dissoudre huit à djx fois son volume de ce gaz; le solutum constitue l'acide chloreux 1 i quide. 11 est probable que les acides sulfureux et phophoreux dissous dans l'eau passent à l'état d'acide sulfurique et phosphorique au moyen de l'oxigène de l'acide chloreux. l46 PREMIÈRE PARTIE. La possibilité d'obtenir cet acide avec les chlorates (mu- riates suroxigénés) avait été pressentie par M. Berthollet ; mais c'est M. Davy qui l'a préparé le premier. Il est com- posé, d'après ce chimiste, de ioo parties de chlore et de 32,79 d'oxigène en poids. Il est sans usages. 114- M. Davy a fait connaître, en mai 1815, un autre gaz composé aussi d'oxigène et de ciilore, auquel il n'a pas donné de nom ; il offre une couleur plus brillante que le précédent; il est plus soluble dans l'eau; sa dissolution aqueuse est d'un jaune foncé et a une saveur extrêmement astringente et corrosive ; il a une odeur particulière beau- coup plus aromatique ; il ne rougit point les couleurs bleues, mais les détruit ; sa pesanteur spécifique paraît être de 2,3i44") ^ &** explosion avec plus de violence que le précédent lorsqu'on le chauffe à-peu-près jusqu'à la température de l'eau bouillante. Le phosphore parait être ,q>armi les corps simples non métalliques , le seul qui puisse le décomposer à froid. De l'Acide chlorique. L'acide chlorique, découvert par M. Gay-Lussac en 1814, ne se trouve jamais dans la nature , mais il fait partie constituante des chlorates, sels préparés par l'art, et connus jusqu'à ce jour sous le nom de muriates suroxigénés. n5. L'acide chlorique pur est toujours liquide et inco- lore; il n'a pas sensiblement d'odeur, à moins qu'on ne le chauffe un peu; quand il est concentré sa consistance est un peu oléagineuse; sa saveur est très-acide; il rougit for- tement l'infusum de tournesol, et en détruit la couleur au bout de quelques jours. Par une douce chaleur on peut le concentrer sans qu'il se décompose et sans qu'il se vola- tilise; chauffé plus fortement, une partie se décompose et donne de l'oxigène et du chlore ; l'autre se volatilise sans changer de nature. La lumière'ne l'altère pas ; il ne paraît DE L'ACIDE NITREUX. J^n pas éprouver de changement à l'air. P. E. L'acide sulfu- reux le décompose même à froid, lui enlève son oxigène, et le chlore est mis à nu. Il est formé, d'après M. Gay- Lussac , de i de chlore et de 2,5 d'oxigène en volume ; ou de ioo de chlore et de 113,95 d'oxigène en poids; il ne sert qu'à former les chlorates. De l'Acide nitreux. Cet acide est constamment le produit de l'art ; on peut l'obtenir sous deux états différens, i° à l'état liquide, sans eau ou anhydre ; 2° à l'état gazeux , et alors il est mêlé avec quelques gaz. 116. De l'Acide nitreux liquide sans eau. Cet acide a été remarqué pour la première fois par M. Berzelius , étu- dié ensuite par M. Gay-Lussac ; enfin M. Dulong vient de faire sur lui un travail très-intéressant. 11 se présente sous la forme d'un liquide dont la couleur varie suivant la température ; il est jaune orangé entre les limites de i5°à 28°-f-o th. c. ; il est jaune fauve à o° ; il est presque incolore à — io° ; il est sans couleur à — 200 ; au- dessus de 28°+o il devient rougè, et cette couleur est encore plus foncée si on élève davantage sa température ; sa pe- santeur spécifique est de i,45i ; il est doué d'une saveur caustique très-forte et d'une odeur désagréable. 117. Il entre en ebullition à la température de 280, la pression de l'air étant égale à 76 centimètres de mercure, et il se transforme en gaz acide nitreux d'un rouge très- foncé ; soumis à un froid artificiel de <— io°, il se congèle en une masse blanche parfaitement transparente qui répand des vapeurs orangées lorsqu'on la met en contact avec J air dont la température est à 4° ou 5° -f- o (1). En le faisant (1) Nous avons constaté ce phénomèneavecde l'acide nitreux anhydre préparé en décomposant le nitrate de plomb. l48 PREMIÈRE PARTIE. passer à travers des fils de fer ou de cuivre très - fins chauffés jusqu'au rouge, il se décompose, cède son oxigène à l'un ou à l'autre de ces métaux, et il se dégage du gaz azote; on obtient à peine du gaz hydrogène; ce qui prouve que cet acide ne renferme pas d'eau. 118. Lorsqu'on l'agite avec une grande quantité d'eau , il se décompose, perd une grande partie de gaz nitreux qui se dégage , et passe à l'état d'acide nitrique blanc. Si au contraire on verse un peu de cet acide goutte à goutte dans une masse d'eau , le mélange acquiert une couleur verte foncée, sans qu'il se dégage du gaz nitreux (deutoxide d'a- zote); voici ce qui se passe dans ce cas : une partie d'acide nitreux sec se décompose en acide nitrique qui se dissout dans l'eau, et en gaz nitreux qui se combine avec l'autre portion d'acide sec non décomposé ; en sorte que le mé- lange vert doit être considéré comme formé, i ° d'acide ni- trique blanc, 20 d'acide nitreux sec combiné avec du gaz nitreux. Enfin, si l'on verse dans une quantité déterminée d'eau diverses portions d'acide nitreux sec, on remarque d'abord que le mélange se colore en bleu verdàtre, et il se dégage beaucoup de gaz nitreux ; puis il passe au vert, qui devient de plus en plus foncé , et le dégagement de gaz ni- treux diminue ; enfin il devient jaune orangé, et alors il ne se dégage plus de gaz nitreux. Vice versa, si on prend * de l'acide nitreux liquide sec, jaune orangé , et qu'on y verse de l'eau, il passera successivement au vert foncé , au vert clair, au bleu, au bleu verdàtre, et enfin au blanc si on a mis assez d'eau : dans cette expérience le dégagement du gaz nitreux (deutoxide d'azote) ira toujours en dimi- nuant de plus en plus. Il suit de tout ce qui vient d'être établi qu'on ne doit considérer comme de l'acide nitreux pur que celui qui est jaune orangé et qui ne contient pas d'eau; les variétés bleues, vertes ou jaunes orangées qui ont été préparées en ajoutant de l'eau à l'acide anhydre, DE L'ACIDE NITREUX. 149 sont formées par une plus ou moins grande quantité d'acide nitrique, d'eau, d'acide nitreux et de gaz nitreux. 119. Lorsqu'on mêle l'acide nitreux liquide sans eau avec l'acide sulfurique concentré ou même un peu délayé, à une température peu élevée , on obtient des prismes qua- drilatères allongés, qui sont assez volumineux; ces cris- taux, formés par les deux acides , donnent, lorsqu'on les met dans de l'eau , du gaz acide nitreux. Cet acide est sans usages; il est formé, suivant M. Dulong, de 100 parties d'azote et de 233,8 d'oxigène en poids. Du Gaz acide nitreux ( vapeur nitreuse, gaz rutilant ). 120. Ce gaz est constamment le produit de l'art; il esttou- jours mêlé avec d'autres gaz ; il a une couleur rouge orangée qui le caractérise; son odeur est forte et nauséabonde , et sa saveur très-acre; il rougit sur-le-champ et avec énergie l'in- fusum de tournesol ; sa pesanteur spécifique est de 3,1764, d'après M. Gay-Lussac. Il éprouve de la part du calorique une action difficile à constater ; on ignore si cet agent le décompose en oxigène et en gaz deutoxide d'azote ; mais toujours est-il vrai que si cette décomposition a lieu, les deux gaz qui en résultent se réunissent au-dessous de la chaleur rouge cerise pour reformer du gaz acide nitreux. Exposé à un froid de 200—o , après avoir été parfaitement desséché, il se con- dense en un liquide jaune orangé qui n'est autre chose que l'acide nitreux sans eau ou anhydre ; cette condensation est d'autant plus difficile à obtenir que le gaz acide se trouve mêlé avec une plus grande quantité de gaz oxigène ou de gaz nitreux ; ce qui explique pourquoi il ne se condense pas à la température ordinaire ; on ne doit donc plus re- garder ce produit comme un gaz permanent (M. Dulong). Il n'éprouve aucune altération de Ja part du gaz oxigène l5o PREMIÈRE PARTIE. parfaitement sec ; mais si le mélange est en contact avec l'eau, il absorbe la quatrième partie de son volume de ce gaz et forme de l'acide nitrique. 121. Le gaz hydrogène lui enlève de l'oxigène et le ra- mène à l'état de deutoxide d'azote ou d'azote. Le soufre et même le phosphore exigent pour s'y enflammer une tem- pérature plus élevée que dans l'oxigène pur. Liode peut être sublimé dans ce gaz sans lui faire éprouver la moin- dre altération. Il est très-soluble dans l'eau. 122. Le gaz acide sulfureux n'a aucune action sur lui, pourvu que l'un et l'autre soient parfaitement secs ; mais si on ajoute une petite quantité d'eau , on observe plusieurs phénomènes remarquables : le gaz acide sulfu- reux enlève une certaine quantité d'oxigène à une por- tion de gaz acide nitreux , et le ramène à l'état de gaz deutoxide d'azote, tandis qu'il passe à l'état d'acide sul- furique ; celui-ci absorbe alors l'acide nitreux non décom- posé , et il se produit dans le même instant une multitude de flocons blancs qui s'attachent aux parois du ballon sous la forme d'aiguilles cristallines ; ces flocons sont for- més d'acide sulfurique concentré et d'acide nitreux an- hydre ; veut-on les faire disparaître, on n'a qu'à les mettre en contact avec l'eau, qui s'empare de l'acide sulfurique et met l'acide nitreux à nu. Ces faits nous serviront à expliquer la théorie de la préparation de l'acide sulfu- rique. L'acide nitreux est sans usages. Respiré pur , il irrite fortement la poitrine, détermine un sentiment pénible de constriction, suivi très - promptement de la mort. De VAcide nitrique ou azotique ( eau forte ). L'acide nitrique n'a jamais été trouvé pur dans la nature ; on le rencontre cependant combiné avec la chaux , la po- de l'acide nitrique. ï5l tasse et la magnésie. Il est composé d'azote et d'oxigène ; cependant il nous sera commode, dans plusieurs circons- tances, de le regarder comme formé de protoxide d'azote et d'oxigène, ou bien de deutoxide d'azote et d'une moindre tjiiaiitité d'oxigène, ou bien encore de gaz acide nitreux et d'une plus petite quantité d'oxigène. Comme pour l'a- cide sulfurique, on n'a jamais pu l'obtenir privé d'eau. 123. Il est liquide, incolore, transparent, doué d'une odeur particulière désagréable et d'une saveur excessive- ment acide ; il rougit l'infusum de tournesol avec la plus grande énergie, et tache la peau en jaune avant de la dé- sorganiser; sa pesanteur spécifique, lorsqu'il est très-con- centré, est de 1,554- 124. A la température de i5o° thermomètre centigrade, l'acide nitrique entre en ebullition et donne des vapeurs qui, étant condensées dans un récipient, constituent l'acide nitrique distillé ; mais si, à l'aide d'un appareil convenable, on fait passer ces vapeurs à travers un tube de porcelaine ou de verre luté etincandescent, on les décompose etl'on obtient du gaz deutoxide d'azote et du gaz oxigène : ces deux gaz se combinent de nouveau pour former du gaz acide nitreux lorsque la température est sensiblement diminuée. Exposé à un froid de 5o° à 55° — o, l'acide nitrique le plus concen- tré peut être golé, comme il résulte des expériences faites en l'an 6 par M. Vauquelin ; alors il jaunit, acquiert la consistance du beurre , et laisse dégager quelques vapeurs orangées. La lumière solaire décompose en partie l'acide nitrique ; la portion décomposée se transforme en gaz oxi- gène qui se dégage, et en gaz acide nitreux qui reste dissous dans l'acide nitrique non décomposé et qu'il colore d'abord en jaune, puis en orangé foncé. 125. Le gaz oxigène n'exerce aucune action sur cet acide ; il n'en est pas de même de la majeure partie des corps simples non métalliques précédemment étudiés; près- l52 PREMIÈRE PARTIE. que tous le décomposent, et lui enlèvent d'autant plus d'oxigène que leur affinité pour cet agent est plus lortc , la température plus élevée, et que l'acide est plus concentré. Si l'on fait passer ensemble et avec précaution de la ^apeur d'acide nitrique et un excès de gaz hydrogène dans un tube de porcelaine rouge, on obtient de l'eau et du gaz azote ; si la quantité du gaz hydrogène employé est moindre, il n en résulte que de l'eau et du gaz deutoxide ou protoxide d'a- zote. En chauffant doucement une fiole dans laquelle on a mis du bore et de l'acide nitrique, il se forme de l'acide borique, et l'acide nitrique se trouve réduit h de l'azote, ou à du gaz protoxide ou deutoxide d'azote. P. /T.En subs- tituant le charbon au bore , on obtient du gaz acide carbo- nique , et du gaz deutoxide d'azote incolore; mais celui-ci ne tarde pas à absorber l'oxigène de l'air , passe à l'état de gaz acide nitreux orangé, en sorte que la fiole se trouve remplie par des vapeurs de cette couleur. Parmi les acides incolores, l'acide nitrique seul donne des vapeurs orangées lorsqu'il est chauffé avec le charbon pulvérisé. L'action du phosphore sur l'acide nitrique est analogue à celle du bore et du charbon ; seulement elle est plus vive, parce que le phos- phore fond avec la plus grande facilité et présente plus de surface ; il en résulte de l'acide phosphorique et du gaz azote-, deutoxide d'azote, etc. Le soufre chauffé avec cet acide passe à l'état d'acide sulfurique, et il se dégage du gaz deutoxide d'azote. Ce corps simple agit avec moins d'éner- gie sur l'acide nitrique que ceux dont nous venons déparier. L'iode n'exerce aucnne action à froid sur l'acide nitrique ; si on élève la température , il se volatilise sous la forme de vapeurs violettes, et l'acide n'est point décomposé. Le chlore et l'azote n'agissent point sur cet acide Exposé à l'air hu- mide, il répand des vapeurs blanches. 126. Lorsqu'on mêle une partie d'eau et deux parties d'acide nitrique concentré, la température s'élève de 4°° DE L'ACIDE NITRIQUE. I&J à 46° th. cent. ; en ajoutant une plus grande quantité d'eau, la température baisse : dans tous les cas l'acide se trouve affaibli, et peut être ramené à son degré primitif de con- centration par la chaleur. Le gaz oxide de carbone et l'oxide de phosphore enlèvent une certaine quantité d'oxigène à l'acide nitrique.Lowitz a mis cette propriétéà profit pour priver le phosphore d'une certaine quantité d'oxide : en effet, si l'on traite ce phosphore en partie oxidé par l'acide nitrique , les molécules oxidées se trou- vant très-divisées , sont plutôt attaquées par l'acide et trans- formées en acide phosphorique que celles du phosphore •pur. Le gaz deutoxide d'azote exerce sur lui une action re- marquable. Si l'on fait arriver pendant plusieurs jours ce gaz bulle à bulle dans de l'acide nitrique pur, très-concen- tré et à la température ordinaire, on remarque que celui-ci est en partie décomposé; la liqueur devient bleue, passe ensuite au vert, et si l'opération est continuée, finit par devenir jaune orangée. Ces liquides diversement colorés sont formés par une plus OÙ moins grande quantité d'a- cide nitrique, d'èau, d'acide nitreux' et de gaz nitreux ( deutoxide d'azote). Théorie. L'acide nitrique décomposé peut être considéré comme formé d'acide nitreux -f- oxigène. On y fait arriver du gaz.....,...,.;.■ deutoxide d'azote. ce gaz s'empare de l'oxigène, au-dessous duquel nous l'a- vons placé, ramène l'acide nitrique à l'état d'acide nitreux et y passe lui- même; l'acide nitreux résultant reste uni avec l'eau, avec l'acide nitrique non décomposé , et avec une partie du gaz nitreux ajouté. 127. Les acides borique, carbonique et phosphorique goût sans action sur l'acide nitrique. L'acide sulfurique l54 PREMIÈRE PARTIE. concentré le décompose à la température decentet quelques degrés, s'empare de son eau, et l'acide nitrique ne pouvant pas rester seul se transforme en gaz acide nitreux et en gaz oxigène ; l'expérience peut être faite en mêlant dans une cornue 4 parties d'acide sulfurique et Une d'acide nitrique. Les acides phosphoreux et sulfureux, chauffés avec l'acide nitrique, se combinent avec une portion de son oxigène et passent à l'état d'acide phosphorique et sulfurique. L'acide nitrique , versé dans une dissolution concentrée d'acide iodique, forme des cristaux rhomboïdaux aplatis, composés des deux acides. Raimond Lulle découvrit cet acide en 1225 ; il estformé, suivant M. Gay-Lussac, de ioo parties en volume de gaz azote , et de 25o d'oxigène. Usages. Il est employé pour dissoudre les métaux, pour laver les boiseries , et comme réactif. Il a été regardé pen- dant quelque temps comme un puissant anti-vénérien, et administré comme tel à la dose d'un à 4 gros par jour dans une pinte d'eau; mais l'expérience n'a pas tardé à prouver qu'il était inférieur à un très - grand nombre d'autres préparations anti-vénériennes. Il entre dans la composition de la pommade oxigénée , que l'on a également préconisée comme anti-vénérienne. ( Voyez Graisse. ) Uni à l'alcool, il constitue l'esprit de nitre dulcifié; du reste il peut être utile dans tous les cas où nous avons conseillé les acides. ( Voyez § 88. ) C'est, parmi les acides, celui qui donne le plus sou- vent lieu à l'empoisonnement ; les symptômes qu'il dé- termine sont les mêmes que ceux qui sont développés par les autres substances corrosives et acres ; mais il colore souvent en jaune la peau des lèvres et quelques par- ties du canal digestif; cependant ce caractère manque quel- quefois , surtout dans l'estomac , dont les membranes for- tement enflammées offrent une couleur rouge de sang. Parmi les remèdes proposés pour neutraliser l'acide et DES HYDRACIDF. T-. 1DJ combattre l'empoisonnement , le plus efficace et le moins dangereux est la magnésiecalcinée et délayée dans une grande quantité d'eau ; en effet, elle forme avec l'acide un nitrate qui exerce à peine de l'action sur l'économie animale. On peut, à défaut de magnésie, employer avec succès l'eau de savon , le carbonate de chaux, les yeux d'écrevisse, etc. (Voyez ma Toxicologie générale, tome n , ire édition.) ARTICLE V. Des Combinaisons de l'hydrogène avec les corps simples précédemment étudiés. Les composés dont nous devons étudier les propriétés sont au nombre de huit : quatre sont acides, savoir : l'acide hydro-chlorique, l'acide hydriodique, l'acide hydro-sulfu- rique et l'acide hydro-phtorique : on les désigne sous le nom général d'hydracides ; les quatre autres sont les gaz hydro- gène carboné, hydrogène proto et deuto-phosphoré ; enfin le gaz hydrogène azoté ( ammoniac ). Nous allons com- mencer par les hydracide's , afin de ne pas interrompre la série des acides formés par les corps simples non métal- liques. Des Hydracides. De l'acide hydro-chlorique ( muriatique). L'acide hy- dro-chlorique se rencontre dans un assez grand nombre d'eaux thermales de l'Amérique; mais il se trouve princi- palement combiné avec des oxides métalliques à l'état d'hydro-chlorate. Séparé des substances qui peuvent le four- nir , il est gazeux. 128. Gaz acide hydro-chlorique. Il est incolore, trans- parent , élastique , doué d'une odeur suffocante , et d'une saveur acre, caustique; il rougit fortement l'infusum de l56 PREMIÈRE PARTIE. tournesol et éteint les bougies : avant que la flamme dispa- raisse , la partie supérieure devient verdàtre. Sa pesanteur spécifique est de 1,2474* Il n'est point décomposé par le calorique, et il ne change point d'état lors même qu'il est exposé à un froid de 5o° — o. Il réfracte la lumière; son pouvoir réfringent est de 1,19625. Soumis à un courant d'étincelles électriques , il est décomposé en hydrogène et en chlore gazeux. Quelle que soit sa température, il est sans action sur le gaz oxigène et sur les substances simples non métalliques pures. Une mesure de charbon de buis absorbe 85 mesures de gaz acide hydro-chlorique. P. E. Exposé à. l'air humide, il se com- bine avec l'eau suspendue dans l'atmosphère, et répand des vapeurs blanches assez épaisses , douées d'une odeur piquante. 129. P. E. Si l'on débouche un flacon rempli de gaz acide hydro-chlorique , après l'avoir plongé perpendicu- lairementdans de l'eau contenue dans une terrine, le liquide s'élance avec force dans le flacon, dissout en un clin d'ceil la totalité du gaz et remplit le flacon. Un morceau de glace introduit dans une cloche pleine*de ce gaz est fondu avec autant de rapidité que par des charbons rouges, et le gaz se trouve absorbé en quelques instans. On a prouvé que l'eau, à la température de 200 et à la pression de 28 pouces de mercure, pouvait dissoudre 464 fois sou volume de gaz acide hydro-chlorique , ou les — de son poids. Ainsi dis- sous dans l'eau , il constitue l'acide hydro-chlorique li- quide , incolore, dont la pesanteur spécifique, d'après M. Thompson , est de r,2o3 lorsqu'il a été saturé à i5°.5. Exposé à l'air, cet acide liquide concentré perd une por- tion du gaz et répand des vapeurs blanches; il en perd davantage lorsqu'on le chauffe : dans l'un et dans l'autre • as il s'affaiblit. Les oxides de carbone, de phosphore et d azote sont sans action sur le gaz acide hydro - chlo- DSS HYDRACIDES. l57 rique; il en est de même des acides borique, carbonique, phosphorique et phosphoreux. 13o. L'acide sulfurique très-concentré, mêlé avec l'acide hydro-chlorique liquide également très-concentré, s'empare de l'eau qu'il renferme, la température s'élève, et il en résulte une vive effervescence due au dégagement du gaz acide hydro-chlorique.. L'acide iodique le décompose sur-le- champ en se décomposant lui-même ; l'oxigène de l'un s'empare de l'hydrogèue de l'autre, tandis que l'iode se combine avec le chlore. Les acides cldorique et chloreux décomposent cet acide à froid ; l'oxigène se porte sur l'hy- drogène de l'acide hydro-chlorique , forme de l'eau, tan- dis que le chlore des deux acides est mis à nu. : 31. L'action de l'acide nitrique sur ce corps est très-im- portante. Si les deux acides sont affaiblis , ils ne font que se mêlera froid ; mais s'ils sont concentrés ils se décomposent en partie même à froid, soit qu'on les emploie à l'état liquide, ou que l'acide hydro-chlorique soit à l'état de gaz, et il en résulte un acide liquide d'un rouge jaunâtre, connu depuis long-temps sous le nom d'eau régale , parce qu'il dissout l'or, que l'on appelait autrefois le roi des métaux. Les pro- duits de cette décomposition sont de l'eau, du chlore et du gaz acide nitreux. Théorie. L'acide nitrique est formé d'oxigène + acide nitreux. et l'acide hydro-chlorique d'hydrogène -f- chlore. l'oxigène de l'un se combine avec l'hydrogène de l'autre et forme de l'eau ; une partie du chlore mis à nu se dégage à l'état de gaz, l'autre partie reste dans le liquide ; il en est de même dé l'acide nitreux ; mais la quantité de cet acide qui reste en dissolution dans le liquide est d'autant plus grande que l'on a employé plus d'acide nitrique, d'où il l58 PREMIÈRE PARTIE. résulte que l'eau régale est formée d'acide nitreux, de chlore, d'eau , et des acides nitrique et hydro-chlorique non dé- composés. Le gaz acide nitreux n'exerce aucune action sur l'acide hydro-chlorique. La découverte de cet acide parait être due à Glauber. Il est formé de parties égales en volume de gaz hydrogène et de chlore gazeux. Usages. On emploie cet acide pour, faire l'eau régale et plusieurs hydro - chlorates , pour analyser un très- grand nombre de minéraux , et pour séparer la chaux de l'indigo que l'on retire du pastel, etc. On s'en sert en médecine, i° dans tous les cas où les acides sont indi- qués .; 2° pour préparer des pédiluves irritans ; 3° pour toucher les aphthes gangreneuses : on le mêle à cet effet avec deux fois son poids de miel, et on applique une petite quantité du mélange à l'aide d'un pinceau fait avec du linge effilé ; 4° on l'emploie encore , dans cette même ma- ladie , sous la forme de gargarisme : dans ce cas il doit être étendu d'eau ; 5° enfin, on prétend avoir traité la teigne avec succès à l'aide d'un onguent fait avec l'axonge et cet acide. De l'Acide hydriodique. L'acide hydriodique , découvert en i8i4 par M. Gay- Lussac , se présente sous la forme d'un gaz incolore, dont l'odeur ressemble à celle du gaz acide hydro-crilorique ; sa saveur est très-acide, piquante et astringente ; sa pesanteur spécifique est de 4,44^°? ^ rougit l'infusum de tournesol et éteint les corps enflammés. Il se décompose en partie à une température rouge ; mais sa décomposition est com- plète s'il est mêlé avec le gaz oxigène : alors il -se forme de l'eau, et l'iode est mis à nu. P. E. Le chlore le décompose sur-le-champ, lui enlève l'hydrogène, avec lequel il produit de l'acide hydro-chlori- que , et l'iode paraît sous la forme de belles vapeurs pour- deshydracides. i5g près , qui se précipitent peu à peu et qui se redissolvent dans un excès de chlore. L'eau dissout une très - grande quantité de ce gaz, ce qui constitue l'acide liquide. Cet acide, comme l'acide sulfurique , perd une portion de son eau et se concentre par l'action de la chaleur; au-delà de 125° th. c., il commence à distiller, et il bout à 1280. Ex- posé à l'air , cet acide liquide, concentré , répand des va- peurs comme l'acide hydro-chlorique, se colore en rouge brun, et s'altère ; en effet, l'oxigène de l'air est absorbé par l'hydrogène avec lequel il forme de l'eau, et l'iode, au lieu de se précipiter, se dissout dans la portion d'acide non dé- composée et la colore , d'où il suit que l'iode a beaucoup d'affinité pour l'acide hydriodique. L'acide sulfureux ne lui fait éprouver aucune altération. L'acide iodique le dé- compose en se décomposant lui-même ; il cède son oxigène à l'hydrogène de l'acide hydriodique pour former de l'eau, et l'iode appartenant aux deux acides se précipite. Les acides sulfurique , nitrique et nitreux concentrés le décom- posent également et en précipitent l'iode. Suivant M. Gay- Lussac, il est formé en poids de 100 parties d'iode et de 0,849 hydrogène. Il est sans usages. De VAcide hydro - sulfurique ( hydrogène sulfuré). L'acide hydro-sulfurique se trouve dans certaines eaux minérales; il se produit souvent dans les lieux où il y a des matières animales en putréfaction; enfin il se rencontre dans les fosses d'aisance. Obtenu par l'art, il est gaz» ux. i32. Gaz acide hydro-sulfurique. Il est incolore, transparent, élastique , doué d une odeur fétide irès-désa- gréable, analogue à celle des oeufs pourris ; il éteint les corps enflammés et rougit l'infusum de tournesol ; il décolore une multitude de substances végétales, telles que la dissolu- tion d'indigo dans l'acide sulfurique, l'orseille, plusieurs l6o PREMIÈRE PARTIE. décoctions , l'infusum de tournesol lui-même qu'il rougît d'abord , etc. : dans toutes ces circonstances la couleur est masquée et non détruite, puisqu'il suffit de volatiliser le gaz en le chauffant pour faire reparaître la couleur primi- tive. Sa pesanteur spécifique est de 1,1912. Lorsqu'on le fait passer à travers un tube de porcelaine rouge, il est en partie décomposé en hydrogène et en sou- fre ; il est probable qu'il le serait complètement si on le soumettait à l'action d'un feu très-viL Lumière : son pou- voir réfringent est inconnu. Un courant d'étincelles élec- triques , suivant M. Henry, en sépare l'hydrogène et il se précipite du soufre. : i33. Le gaz oxigène n'agit pas sur lui à froid; mais si on élève la température, il s'empare à la fois de l'hydro- gène, avec lequel il forme de l'eau, et du soufre qu'il trans- forme en gaz acide sulfureux : cette expérience peut être faite dans l'eudiomètre à mercure. L'hydrogène et le bore sont sans action sur cet acide. Une mesure de charbon de buis peut absorber 55 mesures de gaz acide hydro-sulfurique. Le soufre ne peut pas se combiner directement avec lui ; il existe cependant un liquide de consistance oléagineuse , connu sous le nom d'hydrure de soufre, qui paraît résulter de la dissolution du soufre extrêmement divisé dans ce gaz acide. P. E. L'iode le décompose, s'empare de son hydrogène pour former de l'acide hydriodique, et met le soufre à nu. P. E. Si l'on mêle à la température ordinaire parties égales en volume de chlore gazeux et de ce gaz, la décomposition a lieu sur-le-champ avec dégagement de calorique et sans lumière ; il se forme de l'acide hydro-chlorique, et le soufre se précipite; si le chlore est plus abondant, on obtient, outre ces produits, une certaine quantité de chlorure de soufre. L'azote est sans action sur lui. P. E. Lorsqu'on approche une bougie allumée de l'ouverture d'une cloche remplie de gaz acide hydro-sulfurique, celui-ci s'enflamme, J DES nYDRACIDES. l6l et les parois de la cloche ne tardent pas à être tapissées de soufre d'une couleur jaune ; l'oxigène de l'air se combine de préférence avec l'hydrogène, forme de l'eau; il s'unit aussi avec une portion de soufre qu'il fait passer à l'état d'acide sulfureux ; l'autre portion de soufre se dépose. 134* L'eau, à la température ordinaire, peut dissoudre trois fois son volume de ce gaz, ce qui constitue l'acide hydro-sulfurique liquide. On n'a pas encore déterminé s'il exerce quelque action sur les acides borique, carbonique , phosphorique, phosphoreux et sulfurique ; il est probable qu'il en décompose quelques - uns à une température éle- vée, principalement ceux dont le corps simple a peu d'af- finité pour l'oxigène. Si l'on introduit dans une cloche placée sur le mercure 2 parties et j environ de gaz acide hydro-sulfurique, et une partie de gaz acide sulfureux , ces deux acides se décompo- sent sur-le-champ s'ils sont humides , et très-lentement s'ils sont parfaitement secs ; l'oxigène de l'acide sulfureux forme de l'eau avec l'hydrogène de l'acide hydro - sulfu- rique , et le soufre faisant partie de l'un et de l'autre de ces gaz se précipite. Il enlève de l'oxigène à l'acide nitreux, et le soufre se précipite , même à la température ordinaire. Il est formé de 93,855 parties de soufre, et de 6,i45 d'hy- drogène en,poids. Usages. Cet acide est employé dans les laboratoires pour distinguer les unes des autres plusieurs dissolutions mé- talliques , et quelquefois même pour en séparer les métaux. Son action sur l'économie animale est des plus nuisibles ; il asphyxie et lue subitement les animaux qui le respirent, même lorsqu'il est mêlé avec beaucoup d'air. Suivant MM. Dupuytren et Thenard, il suffit de 7—^ de ce gaz dans l'atmosphère pour faire périr les oiseaux qu'on y Dlonse ; — et souvent r^r donnent la mort aux chiens les Jf 07)00 jOO plus robustes. L'asphyxie connue sous le nom de plomb, à il l62 PREMIÈRE PARTIE. laquelle sont exposés les vidangeurs qui entrent dans les fosses d'aisance, doit être principalement attribuée à ce gaz. Il suffit, comme l'a prouvé M. Chaussier, d'exposer une partie quelconque de la surface du corps à son action pour en éprouver les effets délétères ; il en est de même lors- qu'on l'injecte dans le tissu cellulaire, l'estomac, les gros intestins, la plèvre, les vaisseaux, etc. ; dans ces différentes circonstances , le gaz acide hydro-sulfurique plonge tous les organes dans un état adynamique. Il n'est jamais em- ployé en médecine à l'état de gaz. Le meilleur moyen pour désinfecter une atmosphère où il est répandu consiste à f; ire des fumigations de chlore ( acide muriatique oxigéné ), q îi, comme nous l'avons dit, a la propriété de le trans- former en gaz acide hydro-chlorique , et d'en précipiter le soufre. Son action sur l'économie animale est beaucoup moins forte lorsqu'il est à l'état liquide : dans ce cas il se borne à exciter la peau et à modifier ses propriétés vitales : aussi l'emploie-t-on avec le plus grand succès dans une foule d'exanthèmes chroniques. Les eaux minérales sulfu- re uses de Barège, de Coterets, de Bagnères , de Luchon , de Bonnes , etc., doivent leurs principales propriétés à cet a- ide, et l'on sait combien leur usage a été avantageux aux personnes atteintes de maladies chroniques de la peau , de scrophules, de rhumatismes chroniques, d'engorgemens rhumatiques , de paralysie, d'anciens ulcères opiniâtres, d'hydropisie des articulations, de suppurations internes , et principalement de celles des organes du bas-ventre. IVa-t-on pas vu dans le début de certaines phthisies , dans quelques cas d'oppressions nerveuses de la poitrine, l'ad- rniniytration de ces eaux couronnée du plus grand succès? On les fait prendre à l'intérieur coupées avec du lait ou avec une décoction émolliente ; on commence ordinairement par une pinte de cette boisson ; ou bien on les emploie sous la forme de bains ou de douches. Les eaux sulfureuses DES HYDRACIDES. l63 artificielles, convenablement préparées, remplissent les mêmes indications. De t Acide fluorique ou hydro-phtorique. La plupart des chimistes s'accordent aujourd'hui à re- garder cet acide, d'après les expériences de M. H. Davy, comme formé d'hydrogène et d'un radical particulier au- quel on a donné le nom de fluor. M. Ampère, qui a indiqué le premier la composition de l'acide fluorique, a proposé d'appeler son radical phtore , de l'adjectif grec «pQôpioç délétère , qui a la force de ruiner, de détruire , de cor- rompre ; en effet ce corps, que l'on suppose simple, jouit exclusivement de la propriété de détruire tous les vases où l'on veut le renfermer, et de former avec l'hydrogène l'acide hydro-phtorique (fluorique), dont l'action caustique est excessivement intense. Il a été impossible d'obtenir jusqu'à présent lé phtore à l'état de pureté , tant il agit sur les vases qui le contiens nent ; cependant nous allons exposer un certain nombre de faits propres à donner une idée de son histoire. Le phtore se trouve dans la nature combiné avec le calcium ou avec l'aluminium; ces phtoruTesont été connus sous les noms defluate de chaux , ou de spath fluor et defluate d'alu- mine ; tous les composés que les chimistes ont appelés fluates secs sont formés de phtore et d'un métal. Uni au bore par des moyens particuliers, il constitue un acide que l'on doit appeler phtoro-borique , et que l'on a connu jusqu'à présent sous le nom d'acide fluo-borique ; il forme avec le silicium un autre acide appelé phtoro-silici- que (acide fluorique silice). Ces acides ne contiennent ni oxigène ni hydrogène. Le phtore paraît avoir moins d'af- finité pour plusieurs métaux que le chlore ; cependant il s'y unit avec énergie et forme des composés binaires neu- tres. Comme le chlore et l'oxigène il jouit de propriétés l64 PREMIÈRE PARTIE. électriques résineuses , et par conséquent est attiré par le fluide vitré de la pile. 11 est inaltérable à l'air. M. Am- père croit devoir le ranger entre le chlore et l'iode. i35. L1'acide hydro-phtorique (fluorique) n'a jamais été trouvé dans la nature. Préparé par l'art, il se présente sous la forme d'un liquide incolore , d'une odeur très- pénétrante , et d'une saveur caustique insupportable ; il rougit l'infusum de tournesol avec beaucoup d'énergie ; on ignore quelle est sa pesanteur spécifique. Il entre en ebullition à environ 3o° , et il ne se congèle pas à 4°° — °* Le gaz oxigène et les substances simples non métalliques n'exercent sur lui aucune action. Ex- posé à Tair , il répand des vapeurs blanches très-épaisses. L'eau se combine avec lui en toutes proportions ; chaque goutte d'acide que l'on fait tomber dans ce liquide dé- veloppe une chaleur telle , que l'on entend un bruit semblable à celui qui se produirait si l'on y plongeait un fer rouge , en sorte qu'il y aurait du danger à verser dans de l'eau une certaine quantité d'acide hydro-phto- rique à-la-fois. Il n'agit point sur les oxides de carbone, de phosphore et d'azote , ni sur les acides précédemment étudiés. Si l'on soumet à l'action de la pile voltaïque l'acide hydro-phtorique liquide privé d'eau , il répand des vapeurs épaisses et se décompose; le gaz hydrogène se porte vers le pôle résineux, tandis que le phtore , attiré par le fluide vitré, se combine avec le fil de platine qui est à l'extrémité de ce pôle , le corrode, et forme une pou- dre couleur de chocolat, composée sans doute de phtore et de platine. Schéele est le premier chimiste qui ait parlé de l'acide fluorique ; mais il n'avait pas été obtenu concentré avant les recherches de MM. Gay-Lussac et Tlienard. M. Ampère a indiqué qu'il était formé par l'hydrogène et un radical, et M. Davy a fait un très-grand nombre d'expériences à de l'acide fluorique. i65 l'appui de cette assertion. Il est employé pour graver sur le verre. ( Voyez Verre. ) article vi. Des Produits non acides formés par l'hydrogène et par un des corps simples précédemment étudiés. Du gaz hydrogène carboné. Le gaz hydrogène peut se combiner avec des quantités différentes de carbone , et former pi usieurs gaz plus ou moins carbonés ; nous nous occuperons seulement de celui qui contient le plus de carbone ; on ne le trouve jamais dans la nature; celui que l'on rencontre dans la vase des marais et des eaux sta- gnantes n'est pas saturé de carbone, et il est constamment mêlé avec i4 ou i5 centièmes d'azote. Le gaz hydrogène percarboné, connu aussi sous le nom de gaz oléfiant, est incolore, insipide, doué d'une odeur empyreumatique désagréable, et sans action sur l'in- fusum detournesol ; il éteint les corps enflammés ; sa pesan- teur spécifique est de 0,9784. 136. Soumis à l'action du calorique dans un tube de porcelaine , il est décomposé , perd une portion de car- bone et augmente de volume : l'augmentation de volume et le dépôt de carbone sont d'autant plus .considérables que la température est plus élevée, en sorte qu'en gra- duant la chaleur, on peut obtenir une série de gaz plus ou moins carbonés ( Berthollet ). Lumière. Son pouvoir réfringent est de 1,81860 ; s'il est moins carboné, il est de 2,09270. Le fluide électrique agit sur lui comme le calorique. 137. Le gaz oxigène ne l'altère pas à froid ; mais si on élève la température d'un mélange d'une partie en volume de ce gaz et de cinq parties en volume de gaz oxigène, celui-ci est absorbé avec dégagement de calorique et de î66 PREMIÈRE PARTIE. lumière, et il se produit de l'eau et du gaz acide carbo- nique ; on peut s'assurer par cette expérience , qui peut être faite dans un eudiomètre à mercure, que le gaz hy- drogène percarboné , pour être complètement décomposé, exige trois fois son volume de gaz oxigène ; il faut cepen- dant mettre un excès de ce dernier pour éviter la rupture de l'instrument , qui aurait lieu à raison de l'expansion et de la prompte condensation de l'eau formée. Une me- sure de charbon de buis absorbe 35 mesures de ce gaz. Le chlore lui enlève l'hydrogène, forme de l'acide hydro- clilorique, et le carbone est mis à nu , pourvu toutefois que le mélange soit placé dans les circonstances que nous avons indiquées en parlant de l'action du gaz hydrogène sur le chlore. ( Voyez § 59. ) Si l'on fait arriver dans un ballon du chlore gazeux et du gaz hydrogène percarboné à la température ordinaire, on remarque, au bout d'un certain temps, qu'il se forme un liquide plus ou moins coloré qui ruisselle de toutes parts en stries fort déliées et qui va se réunir à la partie inférieure du ballon ; ce liquide, regardé parles chimistes hollandais comme une huile, a le plus grand rapport avec l'éther hydro-chlorique ; il est formé , suivant MM. Collin et Robiquet, de parties égales en volume de chlore et d'hydrogène percarboné , et porte aujourd'hui le nom d'éther du gaz oléfiant. ( Voyez Ether hydro-chlorique, tome n. ) On ignore quelle est l'action des autres substances simples non métalliques sur le gaz hydrogène percarboné. P. E. Si l'on approche une bougie allumée d'une cloche remplie de ce gaz , il s'enflamme lentement et donne naissance à de l'eau et à du gaz acide carbonique. 11 peut être regardé comme insoluble dans l'eau. Si on le fait passer à travers un tube de porcelaine rouge avec de la vapeur d'eau, celle-ci est décomposée ; on concevra facilement ce phénomène en se rappelant que dans cette de l'hydrogène perphosphoré. 167 opération le gaz dépose du charbon qui s'empare de l'oxi- gène de l'eau. Ceux des acides formés par l'oxigène qui sont susceptibles d'être décomposés par l'hydrogène ou par le carbone, le sont également par le gaz hydrogène percarboné. Ce gaz a été découvert par les chimistes hol- landais. Il est formé, suivant M. Théodore de Saussure, de 86 parties de carbone et de 14 parties d'hydrogène en poids. Il agit sur l'économie animale à-peu-près commele gazhydro- gène et le gaz azote. On ne s'en sert pas en médecine. On emploie aujourd'hui avec succès dans l'éclairage, un gaz dans la composition duquel entre une des variétés du gaz hydrogène carboné. ( Voyez, t. 11, Action du calorique sur les matières végétales. ) Du Gaz hydrogène perphosphoré. Le gaz hydrogène perphosphoré est constamment un produit de l'art. On suppose pourtant qu'il y en a quel- quefois dans l'atmosphère près des cimetières humides, et qu'il produit les feux follets en s'enflammant spontané- ment; il proviendrait dans ce cas de la putréfaction des matières animales ; mais cette assertion est loin d'être prouvée. i36. Ce gaz pur est incolore, sans action sur l'infusum de tournesol, d'une odeur semblable à celle des oignons et d'une saveur amère ; sa pesanteur spécifique, d'après M. Thomas Thompson, est de 0,9022. Si on le fait passer à travers un tube de porcelaine rouge, il se décompose et laisse déposer du phosphore. Le même phénomène a lieu si on le soumet à un cornant d'étincelles électriques : dans ce cas on obtient un volume de gaz hydrogène parfaitement égal au volume primitif de gaz hydrogène phosphore employé, et tout le phosphore est séparé. Lumière. On ignore quelle est sa puissance réfractive- 139 Mêlé dans un tube de verre étroit avec la moitié de l68 PREMIÈRE PARTIE. son volume de gaz oxigène, à la température ordinaire, il est décomposé, l'oxigène se combine avec le phosphore ; on aperçoit une fumée blanche acide ; le volume des gaz diminue , et il reste à la fin de l'expérience un volume de gaz hydrogène égal à celui du gaz hydrogène phosphore employé ; il ne se produit point de flamme ; mais si ces deux gaz sont mêlés en toute sorte de proportions dans un vase large et à la température ordinaire , la décomposition est beaucoup plus rapide et accompagnée d'une lumière très- blanche , comme on peut s'en assurer en introduisant bulle à bulle du gaz hydrogène perphosphoré dans une cloche contenant du gaz oxigène. Si l'on a employé un volume de gaz oxigène contre un volume de gaz hydrogène phosphore, il se forme de l'eau et de l'acide phosphoreux ; on obtient au contraire de l'eau et de l'acide phosphorique si l'on s'est servi d'un volume et demi de gaz oxigène : dans tous les cas il est évident que le gaz oxigène se combine à la fois avec l'hydro' gène et avec le phosphore. L'air atmosphérique agit de la même manière sur ce gaz, mais avec moins d'intensité ; lors- qu'on le laisse échapper bulle à bulle dans l'atmosphère, il se produit, outre la flamme, une fumée blanche circulaire, ayant la forme d'un anneau horizontal qui s'élargit à mesure qu'elle s'élève, si toutefois l'atmosphère est tranquille; cette fumée est composée de l'eau et de l'acide phosphorique qui résultent de l'action qu'exerce l'oxigène de l'air sur le gaz hydrogène et sur le phosphore. M. Thomas Thompson , à qui nous de- vons une partie de ces résultats, assure que la combinaison des deux gaz n'est accompagnée de flamme qu'autant qu'il se produit assez de chaleur pour que la température soit au moins à 64° f thermomètre centigrade. Le soufre fondu décompose le gaz hydrogène perphos- phoré , forme avec l'hydrogène de l'acide hydro-sulfurique, et le phosphore mis à nu se combine avec une portion de soufre. (Voyez Phosphure de soufre, § 54 •) de l'hydrogène perphosphoré. 169 Lorsqu'on mêle sur l'eau trois volumes de chlore gazeux et un volume de gaz hydrogène perphosphoré, celui-ci est décomposé, et l'on obtient de l'acide hydro-chlorique, et une substance brune qui est du chlorure de phosphore au ma- ximum de chlore. ( Voyez § 60. ) L'iode décompose aussi le gaz hydrogène perphosphoré. Suivant M. Dalton , 100 mesures d'eau privée d'air peuvent dissoudre 3,7 mesures de ce gaz ; le liquide ob- tenu est jaune, doué d'une saveur très-amère, de la même odeur que le gaz et sans action sur le tournesol. M. Th. Thompson assure que le gaz hydrogène perphosphoré pur n'est point décomposé par sôn'contact avec de l'eau dis- tillée quia bouilli; tandis qu'il l'est avec rapidité par l'eau imprégnée d'air. Nous n'avons j>as répété ces expériences avec le gaz préparé avec le phosphure de chaux et l'acide hy- dro-chlorique , comme l'indique M. Thompson ; mais nous pouvons affirmer que celui que l'on obtient par les procédés ordinaires est décomposé par l'eau distillée qui a bouilli. Ainsi, que l'on prenne trois cloches à moitié pleines de ce gaz et renversées sur la cuve à mercure ; que l'on introduise dans l'une d'elles de l'eau aérée, et dans une autre de l'eau distillée qui a bouilli ", le gaz qui est en contact avec l'eau aérée sera décomposé en très-peu de temps , déposera du phosphore, et ne s'enflammera plus spontanément au bout de 18 à 20 heures ; la décomposition sera moins avancée dans le gaz qui est en contact avec l'eau privée d'air ; elle aura pourtant lieu; du phosphore sera déposé, mais le gaz conservera encore la faculté de s'enflammer spontanément à l'air , au bout de 18 ou 20 heures. Enfin, le gaz placé sur le mercure sans addition d'eau, conservera sa transparence et la propriété de s'enflammer spontanément, même quel- ques jours après avoir été préparé. i4o. Si l'on mêle trois volumes de gaz protoxide d'azote ou de gaz deutoxide d'azote ( gaz nitreux ), et un volume de Ï70 PREMIÈRE PARTIE. gaz hydrogène perphosphoré, et que l'on fasse passer une étincelle électrique, il se produit une forte explosion ac- compagnée d'une vive lumière ; l'oxigène des gaz oxides transforme l'hydrogène en eau et le phosphore en acide phosphorique ; l'azote est mis à nu ; mais il en reste trois vo- lumes si l'on a employé le protoxide d'azote, et un volume et demi si l'on s'est servi de gaz nitreux. Si l'on introduit dans une petite cloche 20 mesures de gaz hydrogène per- phosphoré , et 52 mesures de gaz nitreux, et qu'on fasse arriver dans le mélange 4 mesures de gaz oxigène, il se pro- duit immédiatement une vive explosion accompagnée d'une belle lumière , et il y a formation d'eau et d'acide phos- phorique ; dans cette brillante expérience, que l'on doit toujours fane avec de petites quantités, le gaz nitreux cède son oxigène au gaz hydrogène perphosphoré, et l'azote est mis à nu. Ce gaz a été découvert par Gengembre en 1783 ; il est composé, d'après M. Thomas Thompson, d'une partie d'hydrogène et de 12 parties de phosphore en poids. Injecté dans les veines il occasionne la mort des animaux ; il agirait encore avec plus d'énergie s'il était respiré : on ne lui con- naît aucun usage. Du Gaz hydrogène proto-phosphoré. Les propriétés physiques de ce gaz sont les mêmes que celles du précédent; on peut le conserver plusieurs jours dans des cloches sans qu'il laisse déposer du phosphore. On ignore l'effet que produit sur lui l'action d'une tempé- rature élevée. i4i. P. E. Mis en contact avec le gaz oxigène ou avec l'air à froid, il ne s'enflamme pas spontanément comme l'hydrogène perphosphoré ; mais si on approche une bougie allumée de l'ouverture de la cloche qui le renferme, il ah- DE L'HYDROGÈNE AZOTÉ. I7I sorbe l'oxigène de l'air avec dégagement de calorique et de lumière ; il se décompose, et donne, comme le précédent, de l'eau et de l'acide phosphorique. Le chlore lui enlève également son hydrogène. 11 a été étudié par MM. Gay-Lus- sac et Thenard; il. est sans usages. De l'Hydrogène azoté ( ammoniaque ). L'ammoniaque ne se trouve jamais pure dans la nature, on la rencontre souvent combinée avec des acides, dans l'urine de l'homme , dans les excrémens des chameaux, dans les produits de la putréfaction d'un très-grand nom- bre de substances animales ; enfin , dans quelques mines ^ d'alun. Séparée par l'art des composés qui la renferment, l'ammoniaque se présente à l'état gazeux (i). 142. Le gaz ammoniac est incolore , doué d'une odeur forte, pénétrante qui le caractérise, et d'une saveur assez caustique ; il est beaucoup plus léger que l'air, sa pesan- teur spécifique est de 0,596 ; il verdit le sirop de violette avec beaucoup d'énergie et éteint les corps enflammés. Le gaz ammoniac parfaitement sec ne se congèle pas par un froid de 48° — o. Si après l'avoir bien desséché au moyen du chlorure de calcium ( muriate de chaux ), on le fait passer dans un tube de porcelaine chauffé au-dessus du rouge cerise , verni intérieurement, luté extérieurement, et qui ne renferme dans sa capacité aucun fragment de (1) Quelques chimistes ont pensé que l'ammoniaque est for- mée d'oxigène et d'un métal particulier qu'ils ont appelé am- monium , et ont proposé de la ranger parmi les oxides métal- liques : cette opinion est loin d'être généralement reçue , parce qu'elle n'est pas appuyée sur des preuves décisives; c'est ce qui nous engage à faire ici l'histoire de ce produit dont on obtient, par l'analyse , de l'hydrogène et de l'azote. 1^2 PREMIÈRE PARTIE. bouchon, une très-petite quantité du gaz se décompose et donne du gaz hydrogène et du gaz azote ; si le tube de porcelaine dans lequel le gaz doit passer contient des fils métalliques de fer, de cuivre , d'argent, de platiné ou d'or, il se décompose en totalité ou en grande partie ; la portion décomposée est également transformée en hydrogène et en azote dans le rapport de 3 à ï. et l'expérience prouve , i° que le poids des métaux employés n'augmente ni ne diminue s'ils sont purs ; 2° que le fer et le cuivre jouissent de cette propriété à un plus haut degré que les autres , puis- qu'il faut huit fois plus de platine que de fer pour produire le même effet ; 3° que plusieurs d'entre eux changent de pro- priétés physiques : le fer, par exemple, et le cuivre devien- nent cassans ; 4° qu'il ne se forme aucun composé solide ni liquide; 5° enfin, que leur action est d'autant plus grande que la température est plus élevée. Quelle est l'action exercée dans cette circonstance par les métaux?On l'ignore , mais il est probable qu'ils favorisent la décomposition du gaz, d'abord en augmentant la surface ; l'on sait effectivement que cette décomposition s'opère à merveille en substituant aux métaux du sable, des fragmens de cailloux , de porcelaine, etc. ; ou bien en faisant passer le gaz à travers cinq ou six tubes longs , dont l'intérieur est parfaitement poli, et ne contient aucun corps étranger ; on pense en outre que ces différens corps métalliques cèdent au gaz ammoniac le ca- lorique nécessaire pour séparer ses élémens. Lumière. Le pouvoir réfringent de ce gaz est de 2,i685i. En faisant passer, au moyen de la bouteille de Leyde , deux ou trois cents décharges électriques à travers une pe- tite quantité de gaz ammoniac , on le décompose en gaz hydrogène et en gaz azote. i43. A la température ordinaire, le gaz oxigène n'agit point sur lui ; mais si on chauffe le mélange au moyen d'une bougie allumée ou d'une étincelle électrique, il est DE L'HYDROGÈNE AZOTÉ. 173 décomposé ; l'oxigène s'empare de son hydrogène pour for- mer de l'eau ; une petite partie du gaz azote s'unit aussi avec 1 oxigène pour former de l'acide nitrique ; mais la majeure partie du gaz azote est mise à nu. L'hydrogène estsans action sur le gaz ammoniac. On ignore comment le bore agit sur lui. Une mesure de charbon de buis en absorbe 90 mesures à la température ordinaire; mais si le charbon est rouge, il le décompose et donne naissance à du gaz hydrogène carboné, à du gaz azote et à du gaz acide hydro-cyanique ou prussique ( acide formé d'hydrogène, de carbone et d'azote). Si l'on fait arriver dans un tube de porcelaine rouge du gaz ammoniac et du soufre en vapeur, celui-ci le décompose également et il en résulte , i° un mélange de gaz hy- drogène et de gaz azote ; 20 un composé d'acide hydro- sulfurique ( hydrogène -f- soufre ) et d'ammoniaque non décomposée; 3° ce dernier composé contenant du soufre. i44« Si l'on met en contact de l'iode et du gaz ammo- niac parfaitement secs, ces deux substances se combinent, et l'on obtient sur - le - champ un liquide visqueux, d'un aspect métallique , qui est de l'iodure d'ammoniaque ; cet iodure ne tarde pas à s'emparer d'une nouvelle quantité de gaz ammoniac, et donne naissance à un liquide moins vis- queux, d'un rouge brun, qui est un iodure avec excès d'am- moniaque. Aucun des deux n'est détonnant ; mais si on les verse dans l'eau, on obtient de Viodure d'azote sous la formed'une poudre fulminante, et de l'hydriodate d'ammo- niaque. Théorie. Nous pouvons représenter les élémens de l'iodure d'ammoniaque par Ammoniaque -f- hydrogène -f- azote. (1) iode -f- iode. Acide hydriodique iodure d'azote. (1) 11 est indifférent de représenter l'ammoniaque par ce nom, 1^4 PREMIÈRE PARTIE. L'eau détermine la décomposition d'une portion d'am- moniaque ; l'hydrogène provenant de cette décomposition s'unit à une partie de l'iode et donne naissance à de l'acide hydriodique, dont l'ammoniaque non décomposées'empare pour former l'hydriodate, tandis que l'autre portion d'iode se combine avec l'azote qui résulte de la décomposition de l'ammoniaque et forme l'iodure d'azote. Cet iodure desséché détonne spontanément ; il détonne même lorsqu'il est humide ou qu'il est sous l'eau, pourvu qu'on le presse légèrement : ces détonnations sont accom- pagnées de lumière que l'on aperçoit très-bien dans l'obscu- rité. Il est aisé de concevoir, d'après ce que nous venons de dire, qu'on doit former cet iodure avec facilité en ver- sant sur l'iode de l'ammoniaque liquide. (Note de M. Collin, Annales de Chimie, t. xci. ) Si l'on introduit quelques bulles de chlore gazeux dans une cloche presque pleine de gaz ammoniac parfaitement sec, dis- poséesur la cuve à mercure, celui-ci est rapidement absorbé et décomposé en partie; il y a dégagement de calorique et de lumière ; l'hydrogène de la portion de gaz ammoniac dé- composée forme avec le chlore de l'acide hydro-chlorique , qui, se combinant dans le même instant avec l'ammoniaque non décomposée, donne naissance à des vapeurs blanches, e^awseyd'hydro-chlorate d'ammoniaque ; l'azote provenant du gaz ammoniac décomposé est mis à nu et reste dans la cloche. On obtient les mêmes produits si l'on met ensem- ble l'ammoniaque et le chlore, l'un et l'autre à l'état li- quide; seulement, dans ce cas, il n'y a aucun dégagement de lumière , et l'hydro-chlorate d'ammoniaque reste en dissolution dans l'eau ; enfin on peut déterminer cette ou par ses élémens hydrogène -f- azote ; il l'est également de représenter la quantité d'iode qui se trouve dans l'iodure d'am- moniaque par iode-f- iode. DE L'HYDROGÈNE AZOTÉ. l~5 décomposition, et la formation des mêmes produits, en faisant passer du chlore gazeux à travers un flacon plein d'ammoniaque liquide, et pour peu que le lieu soit ob- scur , on aperçoit un dégagement de lumière assez mar- qué. L'azote est sans action sur le gaz ammoniac. Exposé à l'air, ce gaz ne subit aucune altération à froid et ne répand point de vapeurs, quoiqu'il soit excessi- vement soluble dans l'eau. Si la température est élevée, on observe les mêmes phénomènes que ceux que produit sur lui le gaz oxigène, mais à un degré plus faible. L'eau, à la température et à la pression ordinaires, peut en dissoudre 43o fois son volume , ce qui fait à-peu-près le tiers de son poids. On peut prouver cette grande solubilité du'gaz ammoniac par les moyens employés pour prouver celle du gaz acide hydro-chlorique. ( Voyez page i56. ) Il est aisé de prévoir qu'un morceau de glace doit être li- quéfié par ce gaz aussi vite que par des charbons ardens. L'ammoniaque liquide, connue aussi sous les noms d'alcali volatil, d'alcali fluor, d'esprit de sel ammoniac, est in- colore ; son odeur , sa saveur et son action sur le sirop de violette sont les mêmes que celles du gaz. Si elle est très-concentrée on peut la solidifier et l'obtenir cristallisée en aiguilles, en la soumettant à un froid de 56° — o ( Vau- quelin ) ; chauffée, elle laisse dégager presque tout le gaz et s'affaiblit; sa pesanteur spécifique est de 0,9054 lors- qu'elle est formée de 25,37 ^e §az ammoniac et de 74*63 parties d'eau; elle est, au contraire, de 0,9713 si le ga# ammoniac dissous n'est que 7,17 , et l'eau 92,83. L'action de l'oxide de carbone et de l'oxide de phos- phore sur ce gaz est inconnue. Le protoxide et le deu- toxide d'azote le décomposeraient probablement à une température élevée. Les acides précédemment étudiés peuvent se combiner tous avec l'ammoniaque et donner naissance à des pro- 1^6 PREMIÈRE PARTIE. duits qui, par leur analogie avec ceux qui sont formés d'un acide et d'un oxide métallique , portent le nom de sels. M. Gay-Lussac a prouvé que les combinaisons du gaz ammoniac avec les acides gazeux avaient lieu dans des rapports très - simples , comme nous le dirons en parlant des proportions dans lesquelles les corps peuvent s'unir. Priestley et M. Berthollet sont les premiers qui ont fait connaître la composition de l'ammoniaque. On l'em- ploie dans les laboratoires comme réactif. L'ammoniaque exerce sur l'économie animale une action t>^ es-énergique ; elle enflamme fortement les tissus avec les- quels on la met en contact, et paraît agir comme un puissant stimulant du système nerveux. Respiré à l'état de gaz , ou introduit dans l'estomac , ce corps ne tarde pas à déve- lopper des symptômes inflammatoires et nerveux qui sont bientôt suivis de la mort, s'il a été employé en assez grande quantité et à un certain degré de concentration. Son action est beaucoup moins vive lorsqu'on le prend affaibli: dans ce cas, il augmente la chaleur généra'e , la fréquence du pouls et la transpiration ; il provoque la sueur, et fait souvent reparaître des phlegmasies qui étaient supprimées. Les médecins peuvent, par conséquent, s'en servir avec succès lorsqu'il est administré avec prudence. Tantôt on l'introduit dans l'estomac, tantôt on l'applique à l'exté- rieur , tantôt enfin on l'emploie à l'état de gaz. On le fait prendre intérieurement dans certaines fièvres putrides ac- compagnées d'affaissement, afin de déterminer la crise par les sueurs ; dans certaines fièvres ataxiques lentes , dans les maladies éruptives rentrées ou dans celles dont l'éruption est difficile , dans les affections rhumatismales lentes , dans les piqûres de divers reptiles et insectes ve- nimeux ; on l'associe, suivant l'indication que l'on veut remplir, à des potions toniques ou sudorifiques, et on en met 20 ou 3o gouttes dans 5 ou 6 onces de potion que DE L ACIDE PHT0R0*B0RIQUË. 17-1 l'on fait prendre par cuillerées ; il vaudrait même mieux , attendu la grande volatilité de ce médicament, ne le mêler à la potion qu'au moment où le malade doit en prendre une cuillerée. On l'applique à l'extérieur dans les brû- lures récentes , afin d'empêcher l'inflammation et lesphlyc- tènes de se développer ; dans plusieurs maladies lentes dés muscles , des glandes lymphatiques ; dans le rhumatisme chronique; dans les engorgemens laiteux des mamelles qui ne sont pas anciens ; dans la gale, les dartres, l'oedème. On l'injecte quelquefois dans lé vagin pour exciter la membrane muqueuse et rappeler une phlegmasie locale supprimée : dans ces circonstances on emploie l'ammo- niaque liquide étendue d'eau , ou bien un Uniment pré- paré avec une partie d'ammoniaque et dix d'huile ; ou bien enfin on se sert de sachets remplis d'une poudre composée de trois parties de chaux et d'une de sel ammo- niac , mélange dont il se dégage de l'ammoniaque. On fait usage de ce médicament liquide concentré pour brûler les morsures des reptiles venimeux et les piqûres de certains insectes. A l'état de gaz , il a été employé dans l'amaurose imparfaite, sous la forme de fumigations; on le fait respirer dans la syncope, l'asphyxie > pour prévenir les attaques d'épilepsie, etc. En général , dans la plupart des cas , il suffit d'approcher du nez un flacon contenant de l'ammoniaque liquide , et il faut suspendre l'emploi de ce médicament aussitôt que le malade revient à lui-même , crainte d'enflammer par l'action trop pro* longée du caustique la membrane muqueuse pulmonaire- De V Acide phtoro-borique (fluo-borique. ) Outre les acides formés par un des corps simples pré-» Cédemment étudiés et l'oxigène ou l'hydrogène, on en ad- met aujourd'hui un autre composé de phtore et de bore, qui r. ia 1^8 PREMIÈRE PARTIS. a été connu jusqu'à présent sous le nom d'acide fluo-bori- que, et que nous appellerons phtoro-borique. Le gaz acide phtoro-borique est constamment un produit de l'art ; il est incolore, doué d'une odeur piquante et suffocante, ana- logue à celle du gaz acide hydro-chlorique ; il rougit l'infu- sum de tournesol avec énergie, et éteint les corps enflammés ; sa pesanteur spécifique est de 2,371. Il n'est altéré par aucun des fluides impondérables, ni par l'oxigène, ni par aucun des corps simples étudiés jus- qu'ici. P. E. Exposé à l'air ou à l'action de tout autre gaz humide, il s'empare avec avidité de l'eau qu'ils contiennent et produit des vapeurs excessivement épaisses, en sorte qu'il peut servir avec le plus grand succès pour déterminer si un gaz est sec ou humide. L'eau, à la température et à la pression ordinaires, peut dissoudre, d'après M. John Davy, 700 fois son volume de ce gaz, ce qui fait environ deux fois son poids; d'où il résulte qu'il est beaucoup plus soluble que le gaz acide hydro-chlorique. L'acide phtoro-borique liquide concentré est limpide, fumant et très-caustique ; il perd un cinquième du gaz qu'il renferme lorsqu'on le chauffe. Les oxides de carbone, de phosphore et d'azote, ainsi que les acides précédemment étudiés, n'agissent point sur lui. Il a été découvert en 1809 par MM, Gay-Lussac et Thenard. Il est sans usages. CHAPITRE III. 'Des Substances simples métalliques, ou des Métaux. On donne le nom de métal à toute substance simple solide ou liquide , presque complètement opaque , en général beaucoup plus pesante que l'eau(i), douée d'un (1) Nous disons en général, car on n'en connaît que deux qui soient plus légères que ce liquide. DES MÉTAUX. !--*q brillant considérable, à moins qu'elle ne soit en poussière excessivement ténue , susceptible d'un grand degré de poli, conductrice du calorique et du fluide électrique, pouvant se combiner, en une ou en plusieurs proportions avec l'oxigène, et donner naissance tantôt à des produits acides qui rougissent l'infusum de tournesol, mais le plus souvent à des oxides qui n'altèrent point cette couleur ni celle de la violette, ou bien à d'autres qui verdissent le sirop de violette. Les métaux se trouvent dans la nature, i° à l'état natif 2° combinés avec l'oxigène ou à l'état d'oxide, 3° unis au soufre , au chlore ou à d'autres métaux , 4° à l'état de sel produits qui, comme nous l'avons dit, sont presque tou- jours formés d'un acide et d'un oxide métallique. Les métaux parfaitement connus aujourd'hui Sont ait nombre de trente-deux ; on en admet six autres par analogie* Plusieurs classifications ont été proposées pour faciliter leur étude; aucune, à notre avis, n'a rempli cet objet d'une manière aussi satisfaisante que celle du professeur Thenard, qui se compose de six classes fondées sur le degré d'affinité de ces substances pour l'oxigène. Les caractères de plusieurs de ces classes ont le grand avantage d'apparte- nir à tous les métaux qui les composent, et d'être choisis parmi ceux qu'il importe le plus de retenir , en sorte qu'en se les rappelant , les histoires particulières des substances métalliques sont beaucoup plus courtes et moins fastidieuses ; c'est ce qui nous engage à adopter cette classification. Noms des Métaux. PREMIÈRE CLASSE. Admis par analogie^ Silicium. Yttrium. Zirconium. Glucinium. Aluminium. Magnésium. i3o PREMIÈRE PARTIE. U* CLASSE. Calcium. Strontium. Sodium. Potassium. Barium. III9 CLASSE. Blanganèse. Zinc. Fer. Etain. IV* CLASSE. Arsenic. Urane. Molybdène. Chrome. Cérium. Cobalt. Tungstène. Columbium. Titane. Bismuth. Antimoine. Plomb. Tellure. Cuivre Ve CLASSE. Nickel. Osmium. Mercure. VI* CLASSE. Argent. Or. Palladium. Rhodium. Platine. Iridium. Les métaux de la première classe, admis seulement par analogie, sont caractérisés par . la grande affinité qu'ils ont pour l'oxigène; cette affinité est tellement forte qu'il a été impossible jusqu'à présentdel'enlever à leurs oxides (i). Les métaux de la seconde classe absorbent le gaz oxigène à toutes les températures ; ils décomposent rapidement l'eau, même à froid, s'emparent de son oxigène, et l'hydrogène est mis à nu avec effervescence. Dans la troisième classe on range les métaux qui ne dé- (i) Si, comme on l'a annonce' dans ces derniers temps , on peut séparer le silicium et le magnésium, de leurs oxides, il audra ranger ces deux métaux dans une autre classe. DES MÉTAUX. iBl composent pas l'eau à froid, ou qui ne la décomposent que très-lentement, mais qui en opèrent la décomposition aune chaleur rouge : ils absorbent l'oxigène à froid et à la tempé- rature la plus élevée (i). On place dans la quatrième classe les métaux qui ne dé- composent l'eau ni à chaud ni à froid lorsqu'ils agissent seuls, mais qui absorbent le gaz oxigène à toutes les tem- pératures. La cinquième classe est formée par les métaux qui ne décomposent l'eau à aucune température, et qui n'absorbent le gaz oxigène qu'à un certain degré de chaleur, passé lequel ils abandonnent celui avec lequel ils s'étaient combinés. Enfin les métaux de la sixième classe sont ceux qui ne peuvent opérer la décomposition de l'eau, ni absorber l'oxigène à aucune température : toutefois il faut en excep- ter l'argent, qui, à l'état de vapeur, peut se combiner avec ce gaz. i45. Propriétés physiques des métaux. La couleur et l'é- clat des métaux varient presque dans chacun d'eux. Ils ne sont pas parfaitemento/?aai/es, d'après les expériences de Newton, puisque la lumière passe à travers une feuille très - mince d'or, qui, après le platine, est le métal le plus pesant ; ce- pendant leur opacité est très-grande. Leur densité varie de- puis 0,86507, la Pms faible que l'on connaisse, celle du potassium, jusqu'à 20,98, la plus forte de toutes, celle du platine. Il en est de même de la ductilité et de la malléa- (1) L'objection qui a été faite à M. Thenard , relativement à cette classe , n'a aucune valeur ; on aurait voulu que le man- ganèse et le fer eussent été placés ailleurs , parce que leurs oxi- des au maximum perdent de l'oxigène lorsqu'on les chauffe au-dessus du rouge cerise; mais M. Thenard ne dit pas que ces métaux peuvent se saturer d'oxigène à toutes les tempéra- tures; il dit seulement qu'ils peuvent en absorber, ce qui est extrêmement exact. |l82 PREMIÈRE PARTIE. bilitè, propriétés que certains métaux partagent à un très- haut degré, et dont plusieurs autres ne jouissent pas : on dit qu'ils sont ductiles lorsqu'on peut en faire des fils plus ou moins minces en les passant à la filière ; ils sont malléables s'ils se laissent aplatir et donnent des lames par le choc du marteau, ou par la pression du laminoir : l'une et l'autre de ces propriétés augmentent si on chauffe les métaux. La ténacité, cette faculté qu'ont les fils métalliques d'un petit diamètre de supporter un certain poids sans se rompre, varie aussi dans les différens métaux. Il en est de même de la dureté.L'élasticitéet la sonorité des métaux sont en rap- port avec leur dureté. Ils sont tous bon conducteurs du ca- lorique et du fluide électrique , et susceptibles d'être plus dilatés par cet agent que les autres corps solides. Ils ont une structure lamelleuse, fibreuse, ou granuleuse. Enfin quelques-uns d'entre eux sont odorans, principalement lorsqu'on les frotte. i46. Propriétés chimiques. L'action du calorique sur les métaux varie : les uns sont facilement fusibles, les autres le sont difficilement ; ceux-là seulement cristallisent assez ai- sément. Il y en a qui sont volatils, d'autres qui sont fixes. Le fluide électrique agit sur eux comme le calorique. Le gaz oxigène peut se combiner directement avec tous les métaux, excepté les cinq derniers de la sixième classe : cette combinaison a lieu tantôt à froid, tantôt à chaud ; elle est souvent accompagnée d'un grand dégage^ ment de calorique et de lumière. Les métaux peuvent s'unir à l'oxigène en une , en deux , ou en trois pro- portions , et donner naissance à un protoxide, à un deuto- xide, ou à un tritoxide ; il y en a qui ne forment qu'un seul oxide , d'autres qui en donnent deux, d'autres enfin qui en forment trois. L'hydrogène , le bore et le carbone ont fort peu de ten- dance à s'unir avec les métaux ; le premier ne se combine DES METAUX. l83 qu'avec le potassium, le tellure et l'arsenic; le second, avec le fer et le platine, et le troisième, avec le fer. 11 n'en est pas de même du phosphore, qui peut se com- biner avec un très-grand nombre d'entre eux, tantôt par des moyens directs , tantôt par des moyens indirects. Tous les pliosphures sont solides , inodores , et plus ou moins fusibles ,* aucun ne se trouve dans la nature. Le soufre peut également s'unir avec beaucoup de métaux, et don- ner des sulfures solides , cassans , inodores, plus ou moins fusibles, susceptibles d'absorber le gaz oxigène ou l'air atmosphérique à une température élevée, et de se décom- poser en donnant naissance à différens produits. L'iode se combine, à l'aide de la chaleur, avec tous les métaux, et forme des iodures que l'on peut décomposer au moyen du chlore, qui s'empare du métal et met l'iode à nu. Le chlore gazeux s'unit à tous les métaux , même à la température ordinaire, et donne des chlorures que l'on a regardés , jusque dans ces derniers temps, et que quel- ques chimistes continuent encore à regarder comme des muriates secs. Les phénomènes qui accompagnent la formation de ces chlorures diffèrent : tantôt elle a lieu avec dégagement de calorique et de lumière ; tantôt elle n'est accompagnée d'aucune flamme. Parmi les chlo- rures métalliques il en est un certain nombre qui n'exer- cent aucune action sur l'eau et ne s'y dissolvent pas ; mais la majeure partie la décomposent, s'y dissolvent, et don- nent un sel composé d'acide hydro-chlorique et de l'oxide du métal. Théorie. On peut représenter le chlorure pai chlore -4- métal. L'eau peut être représen- tée par........... hydrogène -j- oxigène. Acide h\d»o-chlorique -|- oxide métallique. La décomposition de l'eau est sollicitée, d'une part, par l84 PREMIÈRE PARTIE. le chlore, qui tend à se combiner avec l'hydrogène , et dw l'autre , par le métal , dont l'affinité pour l'oxigène est plus ou moins grande (i). Le gaz azote n'exerce aucune action sur les métaux ; on peut cependant, par des moyens indirects et à l'aide de l'ammoniaque , le combiner avec le potassium ou le so- dium. L'aiV atmosphérique agit sur eux comme le gaz oxigène , mais avec moins d'énergie ; en outre , comme l'air contient un peu d'acide carbonique, l'oxide métal- lique formé l'absorbe dans certaines circonstances et passe à l'état de carbonate. Les métaux sont insolubles dans l'eau ,* plusieurs la décomposent, comme nous l'avons dit «n exposant les caractères de chacune des six classes. Les acides formés par l'oxigène et un radical quelconque, par exemple, les acides borique, carbonique, phosphorique, sulfurique, sulfureux, nitrique, etc., ne peuvent se combiner avec les métaux qu'autant que ceux-ci sont oxides à un degré déterminé. Il est des acides qui peuvent oxider un certain nombre de métaux à toutes les températures ; par exemple , l'acide nitrique ; quelques-uns n'en déterminent l'oxidation qu'à un certain degré de chaleur; enfin il en est qui n'agissent point sur ces substances. Lorsqu'un de ces acides, privéd'eau, cède de l'oxigène à un métal, cet oxigène provient nécessaire- ment d'une portion d'acide qui a été décomposée; tandis que si l'acide contient de l'eau, l'oxigène qui se porte sur le métal peut appartenir à l'acide, à l'eau , ou à tous les deux à-la-fois. (i) Quelques chimistes pensent que les chlorures métalliques solubles se dissolvent dans l'eau sans la décomposer, et par conséquent ils n'admettent pas la formation d'un hydro-chlo- rate; mais nous croyons qu'il y a plus de probabilité en faveur de la théorie que nous avons donnée , parce qu'elle explique, «neux les fai& DES OXIDES MÉTALLIQUES. l85 L oxide résultant de ces actions diverses peut être au pre- mier , au second ou au troisième degré d'oxidation , et être susceptible ou non de se combiner avec la portion d'acide non décomposée. Il est des acides liquides formés par l'oxigène, par exemple, certains acides végétaux , qui dissolvent quelques métaux sans leur céder de l'oxigène ; mais alors le métal s'oxide aux dépens de l'air atmosphé- rique. On donne le nom de sel à tout corps composé d'un ou de deux acides et d'un ou de deux oxides métalliques ; d'où il résulte qu'il n'y a que des sels métalliques , si toute- fois l'on en excepte les sels ammoniacaux. Nous indique- rons incessamment tout ce que nous Croyons devoir dire de général sur les sels. Les acides gazeux formés par l'hydrogène et un radical non métallique, par exemple, les gaz acides hydro-chlo- rique , hydriodique et hydro-sulfuriqué, ne peuvent pas oxider les métaux, puisqu'ils ne contiennent pas d'oxigène lorsqu'ils sont parfaitement secs : aussi ne forment-ils ja- mais avec eux des sels métalliques ; cependant, chauffés avec certains métaux, ils se décomposent ; l'hydrogène est mis a nu, et le chlore, l'iode ou le soufre se combinent àveé les métaux pour former des chlorures, des iodures ou des sulfures. Il n'en est pas de même quand ces acides sont dissous dans l'eau : alors celle-ci peut être décomposée par quelques métaux qui s'emparent de son oxigène pour se combiner ensuite avec l'acide, et donner naissance à un sel métallique. Plusieurs métaux peuvent s'unir entre euX et former des alliages. Des Oxides métalliques. i47« Les oxides appelés chaux par les anciens sont des composés solides, d'une couleur variable, presque toujours î86 PREMIÈRE PARTIE. différente de celle du métal qui entre dans leur composition. Ils sont en général ter u es et pulvérulens. Chauffés dans des vaisseaux fermés, quelques oxides abandonnent tout leur oxigène; d'autres n'en perdent qu'une portion et passent à un degréd'oxidation inférieur; enfin il en est qui ne se décomposent pas. La lumière n'en décompose qu'un très-petit nombre. Soumis à l'action de la pile \ cita ique, ils sont tous décomposés, excepté ceux de la première classe ; l'oxigène se porte au pôle vitré ou positif, et le métal est attiré par le pôle résineux. Ceux qui sont déjà saturés d'oxigène n'éprouvent aucune altération de la part de cet agent ni de celle de l'air,- un très-grand nombre de ceux qui sont peu oxides absorbent l'oxigène à des tempéi atures variables. Le gaz hydrogène, le carbone et le chlore peuvent dé- composer un plus ou moins grand nombre d'oxides à l'aide de la chaleur ; les deux premiers s'emparent en général de l'oxigène, donnent naissance à de l'eau , à du gaz acide carbonique, ou à du gaz oxide de carbone, et le métal est mis à nu ; le chlore en dégage l'oxigène, et s'unit au métal qu'il transfoi me en chlorure. Tantôt le soufre se combine avec le métal pour former un sulfure, et l'oxigène se dégage à l'état de gaz acide sulfureux ; tantôt il s'unit à l'oxide et forme un oxide sulfuré ; tantôt enfin il se produit un sulfate. Il existe un certain nombre d'oxides qui se combinent avec le phosphore et donnent naissance à des oxides phos- phures (phosphures). Plusieurs oxides peuvent absorber l'eau, se combiner avec elle, et former des hydrates secs et pulvérulens dont la couleur diffère presque tou- jours de celle des oxides : ainsi l'hydrate d'oxide de calcium ( chaux ) est blanc, tandis que l'oxide sec est d'un blanc grisâtre; l'hydrate de protoxide de cobalt est rose , et l'oxide pur est bleu ; celui de deutoxide de cuivre est bleu, tandis que le deutoxide sec est brun noirâtre. DES SELS. 187 Il existe un très-grand nombre d'oxides qui se combinent avec les acides sans éprouver ni leur faire éprouver la moindre décomposition ; d'autres, trop oxides, ne peuvent , se combiner avec cette classe de corps sans perdre de l'oxi- gène; enfin il en est qui, étant peu oxides, absorbent de l'oxigène à l'acide ou à l'eau qu'il renferme pour passer à l'état d'oxidation convenable pour entrer en combinaison. En général, la tendance des oxides pour s'unir avec les acides est d'autant plus grande qu'ils sont moins oxides : dans tous les cas, ces combinaisons portent, comme nous l'avons déjà dit, le nom de sel. L'ammoniaque a la propriété de dissoudre un certain nombre d'oxides métalliques des quatre dernières sections. Le produit, appelé ammoniure , jouit quelquefois de la propriété de cristalliser. Plusieurs oxides peuvent se combiner entre eux ; quel- ques-uns peuvent même être dissous par d'autres : c'est ainsi que les deutoxides de potassium ou de sodium dissol- vent à merveille les oxides d'arsenic, de zinc, de titane, etc. Enfin il existe des métaux doués de la faculté de décompo- ser certains oxides en s'emparant de leur oxigèue. Des Sels. Les sels admis aujourd'hui par les chimistes sont ou ammoniacaux ou métalliques : les premiers , peu nom- breux , sont formés par un acide et par l'ammoniaque ; les autres sont composés, comme nous venons de le voir , d'un acide et d'un ou de deux oxides métalliques, que l'on désigne généralement sous le nom de base. On ap- pelle sel double celui qui renferme deux oxides; sel neutre celui qui ne rougit peint l'infusum de tournesol et ne verdit pas le sirop de vloletie ; sur-sel celui qui rongit l'infusum de tournesol; enfin, sel avec excès de base „ ou ï88 PREMIÈRE PARTIE. sous-sèl, celui qui verdit le sirop de violette et ramène au bleu l'infusum de tournesol rougi par un acide. Nous exa- minerons ailleurs jusqu'à quel point ces caractères sont propres à établir la neutralité, l'acidité ou l'alcalinité des sels. ( Voyez Lois de composition , etc., à la fin dû tom. n. ) Propriétés physiques des sels. On ne connaît aucun sel gazeux; il y en a un petit nombre de liquides ; mais la plupart sont solides, d'une couleur et d'une cohésion variables, cristallisés ou pulvérulens, inodores , excepté cinq, sapides ou insipides, et plus pesans que l'eau. i48. Propriétés chimiques. Action de l'eau sur les sels. Les sels sont solubles ou insolubles dans l'eau: en général ceux-ci sont insipides , les autres ont de la saveur. La so- lubilité d'un sel dans l'eau dépend de son affinité pour ce liquide et de sa cohésion ; il sera d'autant plus soluble que celte affinité sera plus grande et la cohésion moins forte, et vice versa. De deux sels ayant Ja même affinité pour l'eau , le plus soluble sera celui qui a moins de co- hésion. Il arrive quelquefois qu'un éel qui â moins d'af- finité polir l'eau qu'un autre se dissout plus facilement, parce que sa force de cohésion est beaucoup moindre. Lorsqu'un sel a été dissous dans l'eau , celle-ci perd en général la propriété d'entrer en ebullition à ioo° ( la pres- sion de l'air étant à 76 centimètres) , et en exige 1020, io4°, 106, 1080 , etc. Plus l'affinité du sel pour l'eau est grande, plus la température doit être élevée pour que le liquide entre en ebullition ; on peut donc déterminer l'affinité de plusieurs sels pour l'eaû en en mettant quan- tités égales dans ce liquide, et en examinant le degré au- quel il bout. L'eau qui est déjà saturée d'un sel peut en- core dissoudre une certaine quantité d'un autre sel so- luble , pourvu que les deux sels ne se décomposent pas. 149. Presque toujours la dissolution d'un sel s'opère; DES SELS. 189 plus facilement et plus abondamment dans l'eau chaude que dans l'eau froide : aussi lorsqu'on a dissous dans de l'eau bouillante tout le sel dont elle pouvait se charger , une partie cristallise-t-elle par le refroidissement, si ce sel est cristallisante ; mais il est presque impossible d'ob- tenir par ce moyen des cristaux réguliers. Voici comment on doit procéder pour avoir de beaux cristaux: i° on fera dissoudre 7 à 8 livres de sel dans une assez grande quantité d'eau bouillante pour qu'il ne s'en dépose pas beaucoup par le refroidissement ; 20 après avoir décanté la dissolution , on la déposera dans des vases à fond plat, sur lesquels elle ne puisse exercer aucune action chimique, et qui soient dans un lieu tranquille ; 3° lorsque, par l'évaporation spontanée de l'eau, il se sera formé des cris- taux au bout de quelques jours, on choisira les plus gros et les plus réguliers, et on les placera dans un autre vase pareil dans lequel on mettra une , nouvelle disso- lution de sel préparée de la même manière ; on les retour- nera chaque jour, et on les verra grossir par toutes leurs faces et d'une manière régulière. 11 faudra recom- mencer la même opération jusqu'à ce que les cris- taux aient acquis un volume assez considérable; alors on n'en mettra qu'un dans chaque vase contenant la dis- solution : quelques semaines suffiront pour obtenir des cristaux très-volumineux. Ce procédé est dû à M. Leblanc. Il arrive quelquefois que les dissolutions salines , même les plus concentrées, ne cristallisent qu'autant qu'on les agite ou qu'on les renferme dans un vase lorsqu'elles sont en- core très-chaudes. On a donné le nom d'eau mère à lu dissolution saline qui reste sur les cristaux après leur formation : cette eau contient encore du sel, mais elle n'en est pas saturée. Les cristaux salins renferment très-souvent de l'eau : tantôt elle est combinée avec chacune des molécules in- I90 PREMIÈRE PARTIE. tégrantes du sel, et porte le nom d'eau de cristallisation} elle fait quelquefois la moitié du poids du cristal, et celui- ci lui doit sa transparence, puisqu'il suffit de la lui faire perdre pour le rendre opaque ; tantôt elle est libre , pla- cée entre les molécules intégrantes , et n'influe en aucune manière sur la transparence : on peut l'absorber facile-1 ment en pressant le cristal pulvérisé entre deux feuilles de papier Joseph. Les cristaux ainsi formés sont-ils composés des mêmes principes que la dissolution qui les a fournis? On peut re- pondre par l'affirmative pour tous les sels , excepté peut- être pour quelques hydro-chlorates et pour un certain nombre d'hydriodates , qu'il suffit de faire cristalliser, suivant M. Gay-Lussac , pour les transformer en chlorures ; ce qui ne peut s'expliquer sans admettre qu'au moment de la formation des cristaux, l'hydrogène de l'acide hydro-chlorique se combine avec l'oxigène de l'oxide pour former de l'eau, et que le chlore s'unit avec le métal provenant de l'oxide décomposé : tel serait , par exemple, l'hydro-chlorate de soude (dissolution de sel commun ). Ce fait n'est pas encore généralement admis. Action de la glace sur les sels solubles. Lorsqu'on mêle promptement et dans des proportions convenables, de la glace pilée ou de la neige avec un sel soluble cris- tallisé on peu desséché, le mélange devient liquide et il se produit un froid plus ou moins considérable ; d'où il suit qu'il y a eu du calorique absorbé aux corps environ- nans pour liquéfier les deux solides, phénomène qui ne peut dépendre que de l'affinité qui existe entre ces deux corps à l'état liquide. On peut, en mêlant trois parties d'hydro-chlorate de chaux et une partie de neige, faire descendre le thermomètre jusqu'à 58°,33 — o ; tandis que deux parties de neige et une partie d'hydro- chlorate de soude (sel commun) ne produisent qu'un DES SELS. I9I froid de 20°,55 au-dessous de zéro. Il est évident que le refroidissement sera d'autant plus considérable , toutes choses égales d'ailleurs, que le sel employé aura plus d'affinité pour l'eau. i5o. Action du gaz oxigène sur les sels. Les sels dont l'acide et l'oxide sont au summum d'oxidation n'éprouvent aucune altération de la part de cet agent : parmi ceux qui ne sont pas dans ce cas , il en est qui l'absorbent. L'air atmo- sphérique agit de la même manière. i5i. Action hygrométrique de l'air à la température ordinaire. Indépendamment de l'action dont nous venons de parler, l'air en exerce une autre qu'il nous importe beaucoup de connaître. Les sels insolubles sont inaltérables à l'air; ceux qui sont solubles et placés dans un air très- humide, en attirent l'humidité, et passent a l'état liquide: on les appelle déliquescens. Si l'air dans lequel se trouvent les sels solubles est peu humide, il en est qui sont encore déliquescens ; par exemple, ceux qui ont beaucoup d'affi- nité pour l'eau, d'autres Cpui n'éprouvent point d'altéra- tion , d'autres enfin qui perdent leur transparence , leur eau de cristallisation, et se transforment en une poudre blanche. Ces sels , que l'on appelle improprement efflo- rescens, ont peu d'affinité pour l'eau, et n'ont presque pas de cohésion, ce qui explique leur grande solubilité. En général, les sels déliquescens ou efïlorescens contiennent une très-grande quantité d'eau de cristallisation. i52. Action du calorique sur les sels solides. Les sels effhrescens, et ceux qui sont très-déliquescens fondent dans leur eau de cristallisation lorsqu'on les chauffe : on dit alors qu'ils éprouvent la fusion aqueuse ; mais comme cette eau ne larde pas à être entièrement volaùlLée , ils se dessèchent ; si on continue à les chauffer, plusieurs d'en- tre eux sont de nouveau fondus par le feu : on désigne cette fusion sous le nom d'ignée. Les sels qui ne sont ni eiiio- 192 PREMIÈRE PARTIE. rescens ni déliquescens dans un air peu humide, el qui cependant contiennent un peu d'eau , décrépitent, pé- tillent, ou font entendre un bruit que l'on attribue à la vaporisation de l'eau , et à la séparation des petites molé- cules salines; il y a cependant quelques sels qui décré- pitent et qui ne contiennent pas d'eau : tel est, par exem- ple, le sulfate de deutoxide de potassium : dans ce cas la décrépitation doit être attribuée à la séparation brusque des molécules opérée par le calorique. Plusieurs de ces sels peuvent éprouver après la fusion ignée. Il existe des sels qui peuvent être fortement chauffés sans éprouver la moindre décomposition et qui ne se volatilisent que très - difficilement; d'autres qui sont volatils et qui ne tardent pas à se sublimer ; enfin d'autres qui se décom- posent avant ou après avoir éprouvé l'une ou l'autre des fusions dont nous avons parlé. i53. Action du fluide électrique sur les sels. Tous les sels peuvent être décomposés par le courant de fluide élec- trique qui se produit dans la pile de Volta , pourvu qu'ils s '.tient humides ou dissous ; mais tous ne donnent pas les mêmes produits. Quelquefois l'oxide métallique est attiré par le pôle résineux ou négatif, et l'acide par le pôle vitré ou positif; mais le plus souvent le métal seul se porte sur le pôle résineux , et l'oxigène et l'acide sur le pôle vitré : dans ce cas si le métal que l'on doit obtenir a de la ten- dance à s'amalgamer avec le mercure, on favorise singu- lièrement la décomposition du sel en le mettant en contact avec ce métal. Dans quelques circonstances, Irès-rares à la vérité, les acides et les bases sont décomposés. L'eau qui humectait les sels ou qui les tenait en dissolution, est également décomposée ; l'hydrogène est attiré par le pôle résineux et l'oxigène par le pôle vitré. La décomposition par le fluide électrique peut s'opérer sang que les fils de la pile soient en contact avec le sel : ainsi, que DES SELS. 198 l'on introduise une dissolution de sulfate de potasse (1) dans un vase; que l'on fasse communiquer ce liquide, à l'aide de deux fils d'amiante, avec de l'eau contenue dans deux tubes de verre placés aux parties latérales et à une certaine distance du vase où se trouve le sulfate de potasse ; que l'on soumette l'eau des deux tubes à l'action de la pile de Volta , de manière à ce qu'elle soit en contact, d'un côté avec le pôle vitré, et de l'autre avec le pôle résineux, on observera au bout de quelque temps que cette dernière contient de la potasse, tandis que l'autre renferme de l'acide sulfurique. Pour que cette expérience réussisse il faut que le niveau de l'eau dans les deux tubes soit au-dessus du niveau de la dissolution de sulfate de potasse. i54. Action de la lumière et du fluide magnétique. La lumière n'agit que sur quelques sels de la cinquième et de la sixième section dont elle change la couleur. L'action du barreau aimanté est nulle. 155. Action des corps simples non métalliques. Plusieurs d'entre eux peuvent décomposer un très-grand nombre,de sels à l'aide de la chaleur ; mais en général ils agissent peu sur leurs dissolutions. i56. Action des acides sur les sels. Les sels peuvent être décomposés par certains acides, à des températures va- riables : tantôt l'acide s'empare en totalité de l'oxide métal- lique , et forme un nouveau sel ; alors l'acide du sel dé- composé se dégage à l'état de gaz, ou reste dissous, ou se précipite, suivant qu'il est gazeux, liquide ou solide, et qu'il est plus ou moins soluble dans l'eau ; tantôt l'a- cide décomposant ne s'empare que d'une portion d'oxide : (1) Nous emploierons souvent les mots chaux, baryte , stron- tiane, potasse et soude, comme synonymes d'oxide de calcium, de protoxide de barium , d'oxide de strontium , et des deu- toxide* de potassium et de sodium. 1. i3 ig4 PREMIÈRE PARTIE. alors on obtient deux sels ; tantôt enfin il y a décompo- sition de l'acide décomposant et de l'oxide du sel; c'est ce qui arrive lorsqu'on verse les acides hydro-sulfurique et hydriodique dans certaines dissolutions salines : éclair- cissons ce dernier fait par un exemple : supposons que l'on verse de l'acide hydro-sulfurique dans une dissolution de nitrate de protoxide de plomb ; nous pouvons représenter ce sel par Acide nitrique. + (oxigène -J-plomb). et l'acide hydro-sulfurique, par................. hydrogène -\- soufre. eau. sulfure de plomb. L'hydrogène de l'acide hydro-sulfurique forme de l'eau avec l'oxigène du protoxide de plomb, tandis que le soufre s'unit avec le plomb et donne naissance à un sul- fure insoluble. L'acide sulfurique décompose en totalité ou en partie tous les sels connus, excepté les sulfates ; quant aux autres acides , nous ne pouvons rien dire de général ; il en est qui décomposent certains sels et qui ne peuvent pas en dé- composer d'autres. Presque tous les sels insolubles dans l'eau peuvent se dis- soudre dans les acides nitrique, hydro-chlorique , etc. ; ce- pendant dans la plupart des cas, la dissolution ne s'opère que parce qu'il y a décomposition du sel; nous citerons deux exemples pour éclaircir ce fait : le carbonate de chaux ne se dissout dans l'acide nitrique qu'après avoir été dé- composé et transformé en nitrate de chaux soluble ; le phosphate de chaux se dissout également dans le même acide, après avoir été changé en phosphate acide de chaux et en nitrate, tous les deux solubles dans l'eau. 157. Action de l'ammoniaque sur les sels. L'ammo- niaque décompose en totalité ou en partie tous les sels DES SELS. igS formés par les métaux de la première et des quatre der- nières classes ; elle s'empare de l'acide avec lequel elle forme un sel soluble, tandis que l'oxide métallique est précipité ; souvent cet oxide est redissous par un excès d'ammoniaque, et il se produit alors un sel double soluble; quelquefois aussi on obtient un sel double insoluble. i58. Action des métaux sur les sels desséchés. Cette action est trop variée pour pouvoir être détaillée dans les généralités. Si le métal et le sel appartiennent à l'une des quatre dernières classes, et que le sel soit en dissolution , il arrive souvent qu'il est décomposé, par exemple, lors- que le métal dont on se sert n'a pas beaucoup de cohésion , et qu'il a plus d'affinité pour l'oxigène et pour l'acide que n'en a celui qui entre dans la composition du sel ; alors le métal de la dissolution est précipité, et le Inétal pré- cipitant forme avec l'oxigène et avec l'acide un nouveau sel métallique ; tantôt le métal précipité se dépose seul sous la forme d'une poudre terne, ou de cristaux brillans ; tantôt il s'unit au métal précipitant, et produit quelquefois des cristallisations métalliques plus ou moins belles ; tantôt enfin il se combine avec l'hydrogène de l'eau de la dissolution ou avec l'oxigène de l'acide : nous reviendrons sur ces divers phénomènes en faisant l'histoire particulière des sels. 159. Action des oxides métalliques ou des bases. Les sels peuvent être décomposés par certains oxides à des tem- pératures variables; tantôt l'oxide décomposant s'empare en totalité de l'acide, et il en résulte un nouveau sel ; alors l'oxide du sel décomposé se précipite, ou reste en dissolution, ou se volatilise ; tantôt il ne s'en empare qu'en partie et il se forme un sel double ou à double oxide. Il n'existe pas un seul oxide qui puisse décomposer tous les sels , en sorte qu'on ne peut établir rien de général à cet égard. 160. Action des sels solubles les uns sur les autres» Toutes les fois qu'on met ensemble deux sels dissous, et 196 PREMIÈRE PARTIE. que ces sels renferment les élémens capables de donner naissance à un sel soluble et à un sel insoluble, ou bien à deux sels insolubles, leur décomposition a nécessairement lieu , à moins qu'il ne puisse se former un sel double; on observe le même phénomène s'il peut se produire un sel so- luble et un corps insoluble qui ne soit pas un sel; celait, dont nous devons la découverte à M. Berthollet, est de la plus haute importance ; l'art de formuler peut en tirer de grands avantages ; ainsi l'on se gardera bien de prescrire ensemble de Vhydro-chlorate de baryte ( muriate) et un sulfate so- luble , par exemple , celui de soude, car les deux sels se- raient décomposés et transformés en sulfate de baryte inso- luble , et en hydro-chlorate de soude soluble ; la même dé- composition aurait lieu si l'on prescrivait à-la-fois y acétate de plomb ( sel de Saturne ) et un sulfate soluble, ou bien le nitrate d'argent et un hydro-chlorate soluble, par exem- ple , celui de potasse ( muriate de potasse }. Si les deux sels solubles que l'on a mêlés ne sont pas de nature à pouvoir donner un sel soluble et un sel inso- luble , la dissolution n'est pas troublée ; il peut même arriver qu'il n'y ait eu aucune décomposition. Si l'on évapore la liqueur, il se forme des cristaux, ou il se dépose un précipité, et si on continue à évaporer, on obtient encore des cristaux qui peuvent être d'une autre nature que les premiers ; la même chose a lieu si on pousse encore plus loin l'évaporation : dans ces cas , les deux sels peuvent finir par se décomposer : ainsi, par exemple, que l'on mêle parties égales de sulfate de potasse et <£hydro-chlorate de magnésie en dissolution, la liqueur ne se troublera pas ; si l'on fait évaporer, il se déposera d'abord des cristaux de sulfate de potasse ; en continuant l'évaporation on obtiendra de l'hydro-chlorate de potasse, du sulfate de potasse, et du sulfate de potasse et de magnésie; enfin, si l'on commue à faire évaporer, U DES SELS. IQ7 se formera de l'hydro-chlorate de potasse et du sulfate de magnésie, et l'eau mère contiendra un peu de chaque sel. Ce fait' et une multitude d'autres que nous passons sous silence, nous permettent d'affirmer que les phénomènes que présentent les deux sels solubles , dans ce cas particulier, varient suivant la concentration de la liqueur , les propor- tions dans lesquelles les sels sont mêlés, et l'action qu'ils exercent entre eux. 161. Action des sels solubles sur les sels insolubles. Toutes les fois qu'un sel soluble et un sel insoluble ren- ferment les élémens propres à donner naissance à deux sels insolubles, la décomposition est forcée. Tous les sels insolubles récemment précipités, ou ré- duits en poudre impalpable, sont en partie décomposés par les carbonates, ou les sous-carbonates dépotasse ou de soude dissous dans l'eau, pourvu qu'on fasse bouillir le mélange pendant une heure : ainsi le sulfate de baryte, sel très-insoluble, sera décomposé par le sous-carbonate de potasse, et il en résultera du sous-carbonate de baryte in- soluble et du sulfate de potasse soluble ; mais on ne pourra jamais décomposer la totalité du sulfate de baryte employé. 162. Action des sels à l'état solide les u/is sur les au- tres. Lorsqu'on chauffe ensemble deux sels , dont les élé- mens peuvent donner lieu à un sel fixe et à un sel volatil, la décomposition est forcée; ainsi, par exemple, l'hydro- chlorate d'ammoniaque et le sous-eaibonatc de chaux se transforment, à une température élevée, en sous-carbonate d'ammoniaque volatil, et en hydro - chlorate de chaux fixe (1) ; cette décomposition a même lieu dans le cas où il peut se former un ou deux sels fusibles. Après avoir examiné l'action des divers agens étudiés jus- qu'ici sur les sels en général, nous devons faire connaître la (1) Celui-ci passe à l'état de chlorure lorsqu'il a été fondu. ^9^ PREMIÈRE PARTIE. marche que nous nous proposons de suivre dans leur histoire particulière. On a remarqué depuis long-temps que les sels formés par un même acide jouissaient d'un certain nom- bre de propriétés communes, et pouvaient former un groupe plus ou moins naturel auquel on a donné le nom de genre. Nous allons exposer succinctement les caractères de chacun de ces groupes , avant de parler de chaque sel en particulier. Caractères du genre sous-borate. Soumis à l'action du calorique, la majeure partie des sous-borates fondent et se vitrifient sans se décomposer. Il en est un certain nombre dont l'oxide se décompose : tels sont ceux de la sixième classe et celui de mercure. L'ac- tion de l'eau sur les sous-borates varie ; mais ils sont en général peu solubles. Tous les acides précédemment étu- diés , excepté les acides carbonique et borique , et peut- être l'acide chloreux, décomposent les sous-borates à la température de l'ébullition ; l'acide employé s'empare de l'oxide du borate, et l'acide borique est mis à nu ; si le borate est soluble dans l'eau, on verse l'acide dé- composant sur le solutum, et l'on obtient des écailles d'acide borique ; si le borate est peu soluble, on le réduit en poudre et on le traite par l'acide étendu d'eau. A une température rouge, les borates ne sont décomposés que par les acides fixes , tels que l'acide phosphorique. Caractères du genre sous-carbonate. Tous les sous-carbonates sont décomposés par le feu, ex- cepté trois, ceux de potasse, de soude et de baryte, dont on peut obtenir la décomposition par le feu au moyen de la va- peur de l'eau ; les produits que l'on obtient sont, le gaz acide carbonique. le métal ou l'oxide métallique, ou bien cet oxide, du gaz oxide de carbone et de l'oxigène. Tous les DES SELS. I99 sous-carbonates sont insolubles dans l'eau, excepté ceux de potasse , de soude et d'ammoniaque ; plusieurs de ceux qui sont insolubles dans l'eau se dissolvent dans l'acide carboni- que liquide. Tous les acides contenant de l'eau décomposent les carbonates à froid, et en dégagent le gaz acide carbo- nique avec effervescence et sans vapeur (1). Les sous-car- bonates insolubles sont tous décomposés à chaud par les sels à base de potasse ou de soude dont l'acide peut former un sel insoluble avec la base de ces carbonates : citons pour exemple le sous-carbonate de baryte et le sulfate de potasse ; il se forme dans, ce cas du sulfate de baryte insoluble et du sous-carbonate de potasse soluble , mais cette décomposition n'est pas complète. ( M. Dulong. ) Caractères du genre sous-phosphate. Les phosphates se comportent au feu comme les borates. Si l'on chauffe ceux des quatre dernières classes avec du charbon, ils sont décomposés ; l'oxigène de l'acide et celui de l'oxide transforment le charbon en gaz acide carbonique, ou en gaz oxide de carbone, et il se forme un phosphure métallique ; ceux des deux premières classes ,dont les oxides ne sont pas réductibles par le charbon , ne se décomposent pas en totalité; il n'y a qu'une partie de l'acide qui cède son oxigène au charbon. On ignore quelle est l'action des autres corps simples sur les phosphates. L'eau ne dissout facilement que les phosphates de potasse, de soude et d'am- moniaque ; mais l'acide phosphorique dissout tous les phos- phates insolubles. Presque tous les acides forts ont la pro- priété de transformer les phosphates en phosphates acides , en se combinant avec une portion de leur oxide ; quelques- (1) Quelquefois on observe une légère vapeur formée par l'acide qui décompose le carbonate. 200 PREMIÈRE PARTIE. uns des ces acides peuvent même enlever tout l'oxide à cer- tains phosphates. L'acide nitrique dissout presque tous les phosphates insolubles, après les avoir décomposés. ( Voyez pag. 194. ) Caractères du genre phosphite et hypo-phosphite. Les phosphites, exposés à l'action d'une température élevée, se décomposent et donnent du gaz hydrogène phos- phore, un peu de phosphore qui se sublime, et de l'acide phosphorique. Ils sont ou solubles ou insolubles dans l'eau. Les hypo-phosphites fournissent les mêmes produits lors- qu'on les chauffe ; mais ils sont remarquables par leur ex- trême solubilité dans l'eau. Caractères du genre sulfate. Soumis à l'action du calorique les sulfates se comportent d'une manière variable ; ceux de la seconde classe et celui de magnésie ne se décomposent pas ; tous les autres se dé- composent et se transforment en acide sulfurique et en oxide , ou en acide sulfureux, en oxigène et en oxide, ou bien en acide sulfureux et en oxide plus oxidé ; quelquefois aussi l'oxide est entièrement réduit. Le carbone et l'hydro- gène enlèvent l'oxigène à l'acide de tous les sulfates à une température élevée ; ils s'emparent en outre de l'oxigène des oxides des sulfates des quatre dernières classes ; le soufre résultant de la décomposition de l'acide s'unit quelquefois au métal misa nu comme, par exemple, dans les sulfates des quatre dernières classes ; il se combine au contraire avec l'oxide si le sulfate appartient à la deuxième classe, tandis qu'il reste mêlé avec l'oxide des sulfates de la première sec- tion, si toutefois on en excepte la magnésie, avec laquelle il peut former un oxide sulfuré. Tous les sulfates sont solubles dans Veau, exceptéceux de baryte, d'étain, d'antimoine, DES SELS. 201 de plomb , de mercure et de bismuth, qui sont insolubles , et ceux de strontiane, de chaux, de zircone, d'ytlria, de cérium et d'argent, qui sont peu solubles. Tous les sulfates sensiblement solubles sont troublés par le protoxide de barium (baryte) dissous dans l'eau ; le précipité est insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique pur. Aucun sulfate n'est complètement décomposé à la température ordinaire par les acides, excepté le sulfate d'argent, qui l'est par l'acide hydro-chlorique. Les acides phosphorique et borique so- lides peuvent au contraire les décomposer tous à une cha- leur rouge et former des phosphates et des borates. Caractères du genre sulfite. Tous les sulfites sont décomposés au feu ; la plupart d'entre eux se convertissent en acide sulfureux et en oxide métallique ou en métal ; ceux de la seconde classe et celui de magnésie se transforment en sulfate, et il se volatilise du soufre. Les sulfites exposés à l'air en attirent l'oxigène, et passent à l'état de sulfate d'autant plus promptement, toutes choses égales d'ailleurs, qu'ils sont plus solubles dans l'eau et plus divisés. Il n'y a guère que les sulfies de potasse, de soude et d'ammoniaque qui soient très-solubles dans l'eau. Les sulfites sont décomposés avec effervescence parun grand nombre d'acides, le! •> que les acides sulfurique, hydro-chlorique, etc., et il se dégage du gaz acide sulfu- reux dont l'odeur est caractéristique. Plusieurs sulfites peuvent se combiner avec le soufre très-divisé et donner naissance à des sulfites sulfurés, Sulfites sulfurés. Les sulfites sulfurés sont aussi décomposés par le feu; l'air ne les transforme en sulfates qu'.iv-c la plus grande 202 PREMIÈRE TARTIE. difficulté. L'eau ne dissout guère que ceux de potasse , de soude et d'ammoniaque ; les autres se dissolvent dans un excès d'acide sulfureux et peuvent même cristalliser. Ils sont décomposés par les acides qui décomposent les sulfites, et il se forme, outre le gaz acide sulfureux qui se dégage, un dépôt de soufre et un nouveau sel. Caractères du genre iodate. Tous les. iodates sont décomposés à une chaleur rouge obscure ; il n'y en a qu'un très-petit nombre qui fusent sur les charbons ardens. Ils sont en général peu solubles dans l'eau. Les acides sulfureux et hydro-sulfurique les décomposent, s'emparent de l'oxigène de l'acide iodique et en séparent l'iode. Caractères du genre chlorate. Tous les chlorates sont décomposés par le feu et trans- formés en gaz oxigène et en sous-chlorure métallique, ou en gaz oxigène et en chlorure métallique , plus une portion d'oxide du chlorate : il est évident que dans cette décomposition l'oxigène provient et de l'acide chlorique et de l'oxide métallique. La plupart des chlorates étudiés jusqu'à présent fusent sur les charbons ardens , et pro- duisent une flamme d'une couleur variable; l'acide chlo- rique dans ce cas cède de l'oxigène au charbon. Mêlés, avec des substances avides d'oxigène , telles que le char- bon , le phosphore, le soufre , les sulfures d'antimoine, d'arsenic , etc., certains chlorates, et principalement celui de potasse , forment des poudres que l'on désigne sous le nom de fulminantes , qui détonnent toutes avec plus ou moins de violence par l'action de la chaleur, et que le choc seul suffit le plus souvent pour enflammer : la plus forte de toutes ces poudres est sans contredit celle que l'on fuit avec le phosphore. On emploie généralement pour les DES SELS. 20Î préparer 3 parties de chlorate et une partie du corps avide d'oxigène; on triture ces matières séparément pour ne pas courir le risque de produire la détonnation par le choc du pilon ; ensuite on les mêle(i) ; l'acide chlorique des chlo- rates se décompose lorsque la température du mélange est un tant soit peu élevée , cède son oxigène au corps avec lequel il est uni, et il en résulte des produits qui va- rient suivant la nature de ce corps, mais qui , en géné- ral , sont solides et gazeux, ce qui explique la détonna- tion. Tous les chlorates connus sont solubles dans l'eau, excepté le proto-chlorate de mercure. Les acides forts pa- raissent pouvoir les décomposer tous , mais à des tempé- ratures diverses et avec des phénomènes variables. Caractères du genre nitrate. Soumis à l'action du calorique , tous les nitrates sont décomposés : tantôt on obtient l'oxide et l'acide nitrique ; tantôt l'oxide et les élémens de l'acide ; tantôt enfin l'oxide peu oxidé du nitrate absorbe une certaine quantité d'oxi- gène à l'acide nitrique et s'oxide davantage. Mis sur les charbons ardens, les nitrates fusent, et l'oxigène de l'a- cide est absorbé par le charbon. La plupart des corps sim- ples et plusieurs corps composés avides d'oxigène , décom- posent les nitrates à une température élevée, s'emparent de l'oxigène de l'acide, et donnent lieu à des produits variables ; en général, l'absorption de l'oxigène a lieu avec dégagement de calorique et de lumière. L'eau dissout lous les nitrates ; quelques-uns cependant ne se dissolvent que dans un excès d'acide. L'acide sulfurique décompose com- (i) Pour faire la poudre à base de phosphore, on prend le phosphore pulvérisé ( voyez ^ 48)» on le recouvre d'essence de térébenthine, et on le mêle avec le chlorate. 204 PREMIÈRE PARTIE. plèlement tous les nitrates à froid, et il se dégage de très- légères vapeurs blanches d'acide nitrique, si le nitrate est pur. Les acides phosphorique , fluorique et arsenique opè- rent également cette décomposition à des températures différentes; enfin l'acide hydro-chlorique ne les décompose qu'en partie et forme de l'eau régale. ( Voyez § 131. ) Caractères du genre nitrile. Tous les nitrites sont décomposés par le feu et donnent des produits variables. L'air atmosphérique n'agit pas sur eux à la température ordinaire ; il paraît au contraire les transformer en nitrate et en sous-nitrate si on les chauffe. Tous les nitrites connus sont solubles dans l'eau. Plu- sieurs acides liquides décomposent les nitrites , et en dé- gagent du gaz acide nitreux jaune orangé : tels sont les acides sulfurique, nitrique, phosphorique, hydro-chlo- rique , hydro-phtorique, etc. Les corps simples et composés avides d'oxigène agissent sur les nitrites comme sur les nitrates. Caractères du genre hydro-chlorate. Il existe un certain nombre d'hydro-chlorates décom- posâmes par le feu en oxide et en acide hydro-chlorique, et qui, par conséquent, ne se transforment pas en chlo- rures lorsqu'on les chauffe : nous citerons pour exemple l'hydro-chlorate de magnésie. Tous les autres passent à l'état de chlorure lorsqu'on les chauffe fortement; plusieurs de ces chlorures sont volatils. Enfin , Suivant M. Gay- Lussac , il en est qu'il suffit de faire cristalliser pour les changer en chlorures : tels sont les hydro-chlorates de ba- ryte , de potasse et de soude ; nous les regarderons cepen- dant comme des hydro-chlorates tant qu'ils n'auront pas été fortement chauffés. Voici comment on peut concevoir DES SELS. 205 la formation d'un de ces chlorures : on peut représenter un hydro-chlorate par hydrogène + chlore (acide). •t par................ oxigène -f- métal ( oxide ). eau. chlorure métallique. A mesure que l'on dessèche le sel, l'hydrogène de l'acide hydro-chlorique s'unit avec l'oxigène de l'oxide pour for- mer de l'eau qui se vaporise, et le chlore se combine avec le métal. L'action des corps simples sur les hydro-chlorates est trop variée pour pouvoir être exposée d'une manière géné- rale. L'eau dissout tous les hydro-chlorates ; les chlorures d'argent, les proto - chlorures de mercure et de cuivre, que l'on a regardés jusqu'à présent comme des muriates et qui sont insolubles dans ce liquide, ne sont pas de véritables sels. Les hydro-chlorates de bismuth, d'anti- moine , de tellure, etc. , sont décomposés par l'eau. Les acides privés d'eau n'altèrent aucun hydro-chlorate solide ; plusieurs acides liquides les décomposent au con- traire , s'emparent de l'oxide , et le gaz acide hydro-chlo- rique se dégage sous la forme de vapeurs blanches assez épaisses , d'une odeur piquante : tel est l'acide sulfurique, par exemple. Tous les hydro-chlorates liquides sont décom- posés à froid par la dissolution du nitrate d'argent, sel for- mé , comme son nom l'indique, d'oxide d'argent et d'acide nitrique ; il en résulte un nitrate soluble, et du chlorure d'ar- gent ( muriate d'argent ) blanc, caillebotté, lourd , noircis- sant à la lumière, insoluble dans l'eau, dans l'acide nitri- que, et soluble dans l'ammoniaque. Nous allons exposer la théorie de ce phénomène, l'un des plus importans de l'his- 200 PREMIÈRE PARTIE. tpire de ce genre de sels. On peut représenter l'hydro- chlorate par (hydrogène-j-chlore) -}- base. et le nitrate d'arg. par (oxigène -f-argent) -f-acide nitrique. eau. chlorure d'arg. nitrate de la base de l'hydro-chlorate. Les deux sels solubles mêlés peuvent donner naissance à un sel soluble et à un corps insoluble : la décomposition est donc forcée (voyez § 160 ) ; l'hydrogène de l'acide hydro- chlorique se combiné avec l'oxigène de l'oxide pour former de l'eau, tandis que l'argent s'unit avec le chlore et donne naissance au chlorure insoluble ; il est évident que l'acide nitrique doit se porter sur la base de l'hydro-chlorate : c'est en vertu de ces affinités et de la cohésion du chlorure d'ar- gent que la décomposition a lieu. Caractères du genre hydriodate. Les hydriodates se comportent au feu, suivant M. Gay- Lussac, comme les hydro-chlorates. Tous les hydriodates formés par les métaux qui décomposent l'eau, paraissent être solubles ; les autres paraissent insolubles ; mais comme ces derniers sont considérés par M. Gay-Lussac comme des iodures, on pourrait dire qu'il n'y a point d'hydriodate in- soluble. Le chlore décompose tous les hydriodates , s'em- pare de l'hydrogène de l'acide, et met l'iode à nu. Les acides sulfurique et nitrique opèrent aussi cette décompo- sition. Le nitrate d'argent précipite tous les hydriodates en blanc; mais le précipité, composé d'iode et d'argent, est insoluble dans l'ammoniaque. Tous les hydriodates dis- solvent l'iode, se colorent en rouge brun et passent à l'état d'hydriodates iodurés. DES HYDRIODATES. 20^ Hydriodates iodurés. Ces sels, d'un rouge brun, ne retiennent l'iode qu'avec peu de force; ils l'abandonnent par l'tbullition et par leur exposition à l'air quand ils sont desséchés; l'iode n'idière point leur neutralité. Caractères du genre hydro-sulfate ( hydro-sulfure ). ' Soumis à l'action du calorique, tous les hydro-sulfates sont décomposés et donnent des produits qui varient sui- vant la nature de l'oxide. U n'y a que ceux formés par les oxides de la seconde classe, celui de magnésie et celui d'am- moniaque qui soi entsolubles dans l'eau. Le soufre, surtout à l'aide de la chaleur, peut se combiner avec plusieurs hydro- sulfates et former des hydro-sulfate s sulfurés. Tous les hydro-sulfates solubles dans l'eau sont décomposés, et trans- formés en hydro-chlorates par le chlore qui s'empare de l'hy- drogène de l'acide hydro-sulfurique et précipite le soufre. L'air atmosphérique décompose les hydro-sulfates ; son action est surtout très - marquée sur ceux qui sont dissous. Théorie. L'oxigène commence par s'emparer d'une portion d'hydrogène pour former de l'eau, alors le soufre se trouve prédominer, et l'hydro-sulfate passe à l'état d'hydro-suîfute sulfuré jaune soluble ; bientôt après l'oxigène se porte non- seulement sur l'hydrogène, mais encore sur le soufre, et il se forme, outre l'eau, de l'acide sulfureux qui, en se com- binant avec du soufre et une portion de la base de l'hydro- sulfate , donne un sulfite sulfuré incolore , qui reste en dissolution s'il est soluble dans l'eau, et qui cristallise ou se précipite s'il est peu soluble; en sorte que l'hydro-sulfate qui d'abordavait jauni, est in colore lorsque Je sulfite sulfuré a été formé ; il y a aussi une portion de soufre en excès qui se précipite. Tous les hydro-sulfates solubles sont d<'com- posés par les acides un peu forts, qui s'emparent de la ba$e 308 P B E M I È a E PARTIE. et mettent à nu le gaz acide hydro-sulfurique, sans préci- piter du soufre ; les acides nitrique et nitreux employés en trop grande quan tité pourraient cependant céder une portion de leur oxigène à l'hydrogène de l'acide hydro-sulfurique et en déposer du soufre. Les sels des deux premières classes, excepté ceux de zircone et d'alumine, n'exercent aucune action sur les hydro-sulfates ; tous les autres décomposent les hydro-sulfates solubles , donnent des produits divers, et il se forme constamment un précipité blanc ou coloré, qui est tantôt un hydro-sulfate plus ou moins sulfuré, tantôt un sulfure. Examinons d'abord le cas le plus simple, celui dans lequel il y a formation d'un hydro- sulfate insoluble. On peut représenter les deux sels par acide hydro-sulfurique + potasse. oxide de zinc + acide nitrique. hydro-sulfate de zinc insol. nitrate dépotasse sol. Il est évident qu'il y a ici échange de base et d'acide, par cc!a même que ces deux sels solubles mêlés peuvent donner naissance à un sel soluble età un sel insoluble ( voy. § 160) ; quelquefois l'hydro-sulfate précipité contient un excès de soufre. Examinons maintenant le cas le plus compliqué, celui où le précipité est un sulfure. Nous pouvons repré- senter les deux sels par ■ (hydrogène -f- soufre) -j- potasse. (oxigène -{- cuivre) -{- acide nitrique. eau. sulfure de cuivre. nitrate de potasse. On voit que l'acide nitrique du nitrate de cuivre s'empare de la potasse, tandis que l'acide hydro-sulfurique et l'oxide de cuivre mis à nu se décomposent mutuellement ; l'hydro- gène du premier forme de l'eau avec l'oxigène du second, et le soufre s'unit au cuivre. ÛKS HYDRO-SULFATES. aog Hydro-sulfates sulfurés. Les hydro-sulfates sulfurés qui contiennent beaucoup de soufre, ont été appelés à tort sulfures hydrogènes ; ils ont une couleur jaune beaucoup plus foncée que ceux qui renfer- ment peu de soufre. Tous les hydro-sulfates sulfurés sont dé- composés avec effervescence par les acides un peu forts • il se dégage du gaz acide hydro-sulfurique et il se précipite du soufre mêlé quelquefois d'hydrure de soufre. L'acide hydro- sulfurique dissous dans l'eau (hydrogène sulfuré) jouit également de la propriété de décomposer ces corps ; il en précipite du soufre et les change en véritables hydro-sul- fates. Caractères du genre hydro-phtorate. M. Davy regarde les corps que l'on a appelés jusqu'à présent fluatesprivés d'eau, comme des composés de phtore et d'un métal ; il ne les considère donc plus comme des sels ; vient-on à dissoudre dans l'eau ceux de ces phto- rures qui y sont solubles, le liquide est décomposé comme par les chlorures, et il se produit de l'acide hydro-phto- rique et un oxide métallique qui se combinent et forment un véritable sel. ( Voyez Action de Veau sur les chlorures, pag. i83.) Quoi qu'il en soit, nous allons exposer les carac- tères des phtorures et des hydro-phtorate s. Les phtorures (nu&tes anhydres ou secs ) sont indécompo- sables par le feu ; quelques-uns d'entre eux peuvent être décomposés s'ils sont humides, phénomène qui dépend de ce que l'eau est également décomposée ; en effet, l'hydrogène se combine avec le phtore pour former de l'acide hydro-phto_ rique , tandis que l'oxigène se porte sur le métal et l'oxide. L'acide borique vitrifié est le seul, parmi ceux qui ne con- tiennent pas d'eau, susceptible de décomposer les phtorures *4 210 PREMIÈRE PA II TÎE. à une température élevée ; mais il se décompose lui-même ; le bore et le phtore s'unissent pour former de l'acide phtoro-borique ( fluo-borique. Voy. page 177), tandis que l'oxigène de l'acide borique se combine avec le métal qui entre dans la composition duphtorure (fluate sec). Les acides sulfurique, phosphorique et arsénique contenant de l'eau , décomposent les phtorures (fluates secs); il se dégage de l'acide hydro-phtorique sous la forme de vapeurs blanches, piquantes , ayant de l'action surle verre ; on voit que dans ce cas l'eau de l'acide employé est décomposée , son hy- drogène transforme le phtore en acide hydro-pli torique, l'oxigène oxide le métal, et l'oxide formé se combine avec l'acide sulfurique, phosphorique ou arsénique. On ne connaît que quatre hydro-phtorates neutres ( fluates ) solubles dans l'eau, ceux de potasse, de soude, d'ammoniaque et d'argent 3 les autres se dissolvent dans un excès d'acide. Les hydro-phtorates solubles décomposent tous les sels calcaires et les précipitent en blanc ; le précipité, regardé jusqu'à présent comme du fluate de chaux, est du phtonue de calcium. On peut concevoir sa formation en représentant l'hydro-phtorate, que nous supposons être celui de potasse, par ( hydrogène -f- phtore ) -f- potasse. et le sel calcaire, par... oxigène -f- calcium -f- acide. eau. phtorurede seldepo- calcium. tasse. L'acide du sel calcaire se combine avec la potasse pour former un sel soluble, tandis que l'oxigène de l'oxide s'unit à l'hydrogène, et le calcium au phtore ; ce caractère peut servir. à distinguer les hydro-phtorates des hydro-clorates. Les hydro-phtorates sont décomposés par les acides sul- furique , phosphorique et arsénique, qui s'emparent de l'oxide et mettent l'acide à nu. DES MÉTAUX. 31 r On n'a pas encore assez de données pour établir les ca- ractères du. genre phtoro-borates ( fluo-borates. ) Des Métaux de la première classe. Ces métaux , au nombre de six , ne sont encore admis que par analogie ; ils ont une telle affinité pour l'oxigène qu'il a été impossible de décomposer leurs oxides. Les travaux de MM. Davy , Berzelius , Stromeyer et C'arke nous permettent de soupçonner que l'on peut en obtenir deux , le silicium et le magnésium. Mais en attendant que de nouvelles expériences confirment ces résultats , nous continuerons à les ranger dans la classe de ceux que l'on-n'a pas pu séparer de leurs oxides. Des Oxides de la première classe. Ces oxides, au nombre de six , la silice, la zircone, l'alumine, laglucine, l'yttria et la magnésie, sont dé- signés dans plusieurs ouvrages sous le nom de terres, ils sont tous solides, insipides , insolubles ou presqu'inso- lubles dans l'eau , et sans action sm l'infusum de tournesol ; ils ne verdissent pas le sirop de violette , si toutefois l'on en excepte l'oxide de magnésium ( magnésie ). Ils ont beaucoup moins d'affinité pour la plupart des acides que les oxides de la seconde classe ; la magnésie en a plus qu'aucun des autres ; la glucine et l'yttria paraissent devoir occuper le deuxième et le troisième rang; mais on a fait fort peu d'expériences sur cet objet. Des Sels de la première classe. Ils sont tous décomposés par les oxides de la seconde < classe; ils le sont en totalité ou en partie par l'ammo- niaque liquide ; le précipité est constamment formé par l'oxide de la première classe que l'acide a abandonné. Les sous - carbonates de potasse , de soude et -d'aminc»- 212 PREMIÈRE PARTIE. niaque pouvant donner lieu, avec les sels de cette classe, à un sel insoluble et à un sel soluble, les décomposent à l'aide de la chaleur et forment des précipités blancs qui sont des sous-carbonates d'alumine , de magnésie , de zircone , etc. (Voyez § 160). Du Silicium. i63. Suivant M. Clarke, ce métal aurait été obtenu en fondant la silice au moyen du chalumeau à gaz de Brooks ; il aurait un grand éclat métallique , et il serait plus blanc que l'argent. On a connu jusqu'à présent, sous le nom de gaz fluo- rique silice, un acide qui, suivant M. Davy, doit être regardé comme formé de phtore et de silicium , et que l'on appelle aujourd'hui acide phtoro-sïlicique. Ce com- posé ne se trouve jamais dans la nature ; il se présente sous la forme d'un gaz incolore, transparent, doué d'une odeur analogue à celle du gaz acide hydro - chlorique , d'une saveur très-acide , rougissant l'infusum de tournesol , et éteignant les corps enflammés ; sa pesanteur spécifique est de 3,574' U n'est pas décomposé par le calorique , ni par les corps simples précédemment étudiés. Il répand des vapeurs blanches épaisses lorsqu'il est exposé à l'air. L'eau peut en absorber 265 fois son volume ; mais elle le décompose et le transforme en hydro-phtorate acide de silice soluble , et en sous-hydro-phtorate insoluble , qui se précipite sous la forme de gelée ; d'où il suit que l'eau est également décomposée ; son hydrogène s'unit au phtore avec lequel il forme de l'acide hydro-phtorique , tandis que l'oxigène se combine avec le silicium qu'il fait passer à l'état de si- lice. L'acide phtoro-silicique, analysé par M. John Davy à l'époque où il était regardé comme composé de silice et d'acide fluorique, fournit 61,4 de silice et 38,6d'acide fluorique. Il n'a point d'usages. DU SILICIUM. 2l3 Oxide de silicium (silice). 164. Cet oxide constitue presqu'àlui seul les différentes espèces de quartz , telles que le cristal de roche , la pierre à fusil, les cailloux, les sables, etc., substances excessive- ment répandues dans la nature; il fait partie de toutes les pierres gemmes ; on le trouve dans certaines eaux d'Is- lande , dans la plupart des végétaux ,• etc. Lorsqu'il est pur, il est d'une couleur blanche , rude au toucher et inodore; sa pesanteur spécifique est de 2,66. Soumis à une température élevée, par exemple, à celle que l'on peut produire au moyen du chalumeau de Brooks , il fond dans le même instant, et donne un verre de couleur orange qui paraît se volatiliser en partie. Les autres fluides impon- dérables , les corps simples précédemment étudiés , et l'air, n'exercent sur lui aucune action, L'eau en dissout une très-petite quantité , d'après les expériences de Kirwan et de M. Barruel. Aucun des acides précédemment étudiés, excepté l'acide hydro-phtorique (fluorique), ne peut se combiner avec cet oxide à la tem- pérature ordinaire. Les acides borique et phosphorique so- lides s'y combinent à une température rouge. On l'emploie dans la fabrication du verre, de la poterie et des mortiers ; le sable sert à filtrer les eaux, et le cristal de roche à faire de très-beaux lustres. Des Sels de silice. i65. Les sels de silieeontété fort peu étudiés ; il n'y en a qu'un très-petit nombre de connus, et, par conséquent, on ne peut pas établir leurs caractères d'une manière générale. Nous dirons cependant que la silice, fondue avec deux fois son poids de potasse ( hydrate de deutoxide de po 3 .sium), donne une masse qui, étant dissout* dmi* une trcs-gran-dxi 2l4 PREMIÈRE PARTIE.'-' "~ ' quantité d'eau, peut être combinée avec divers acides et former des sels doubles de potasse et de silice solubles dans beaucoup d'eau ; ces sels doubles ont pour caractère de se décomposer, et de laisser précipiter la silice sous forme de gelée, lorsqu'on les concentre par l'évaporation. Le borate et le phosphate de silice sont lé produit de l'art; ils sont vitrifiés , transparens , insipides , inaltérables à l'air, insolubles d'ans l'eau, indécomposables parles acides et par les oxides des métaux de la deuxième classe. Hydro-phtorate acide de silice (fluate). Ce selgestso- luble dans l'eau; il est décomposé par l'acide borique qui en précipite la silice ; les oxides des métaux de la 2e classe le décomposent également et y font naître un précipité blanc gélatineux, qui est presque toujours un sel double formé par l'hydro-phtorate de silice et l'oxide employé. Il est sans usages. Du Zirconium. 166. Ce métal est inconnu. Oxide de zirconium ( zircone ). On n'a encore trouvé cet oxide que dans le zircon , pierre dé couleur variable, que l'on rencontre dans le sable de quelques rivières, à Ceylan et à Expailly. Il est blanc et insipide ; sa pesanteur spécifique est de 4,3. On ignore s'il est fusible à une haute température ; mais le zircon a été fondu au moyen du cha- lumeau à gaz de Brooks. Il est sans action sur les autres fluides impondérables, sur les corps simples précédemment étudiés. Il peut se combiner avec plusieurs * acides , lors- qu'il n'a pas été calciné; il n'agit point sur la silice. 11 a été découvert en 1789 par M. Klaproth et n'a point d'usages. Des Sels de zircone. 167. On ne connaît qu'un très-petitnombredesels de zir- cone; ils sont insolubles ou peu solubles dans y eau, ex- DU ZIRCONIUM. 2ID cepté l'hydro-chlorate. Ils sont tous décomposés par la po- tasse ; la zircone déposée est insoluble dans un excès de po- tasse. Lesolutum de sous-carbonate d'ammoniaque, qui les précipite à l'état de sous-carbonate blanc, redissout le pré- cipité lorsqu'il est employé en assez grande quantité. Les hydro-sulfates de potasse, de soude et d'ammoniaque les décomposent et y font naître un précipité blanc de zircone, taudis que l'acide hydro-sulfurique se dégage. Aucun des sels de zircone n'est employé. Sous-carbonate de zircone. Il est le produit de l'art ; il est insoluble dans l'eau, insipide, inaltérable à l'air et décom- posable au feu. * Le phosphate de zircone ne se trouve pas dans la nature ; il est insipide, insoluble dans l'eau et inaltérable à l'air. Le sulfate de zircone est un produit de l'art ; il est blanc, pulvérulent, insipide, inaltérable à l'air, insoluble daus l'eau, soluble dans l'acide sulfurique et susceptible de don- ner par l'évaporation des cristaux transparens ; il est dé- composable au feu. Nitrate de zircone. Ce sel est un produit de l'art ; il cris- tallise en aiguilles, mais très-difficilement; sa Saveur est astringente, stypti que; il rougit l'infusum de tournesol; chauffé, il se transforme en acide nitrique et en zircone ; il est peu soluble dans l'eau, et il s'y dissout d'autant mieux qu'il contient plus d'acide. Hydro-chlorate de zircone (muriate de zircone). On ne le trouve pas dans la nature ; il cristallise en aiguilles blanches , douées d'une saveur astringente r rougissant Yinfusum de tournesol ; il se décompose au feu en aride hydro-chlorique et en zircone, en sorte qu'il ne se trans- forme pas en chlorure ; il est très-soluble dans l'eau. 2l6 PREMIÈRE PARTIE. De l'Aluminium. 168. Ce métal est inconnu. On rencontre dans la nature un produit auquel on a donné le nom defluate d!alumine, et *que l'on croit être composé de phtore et d'aluminium. Oxide d'aluminium ( alumine. ) L'alumine paraît se trou- ver en petite quantité en Saxe , en Silésie, en Angleterre et près de Véronne ; elle entre dans la composition des ar- giles ; on la trouve aussi combinée avec l'acide sulfurique. L'alumine pure est blanche , douce au toucher, insi- pide , mais elle happe à la langue ; sa pesanteur spécifique est de 2,00. Exposée à l'action du chalumeau à gaz, elle fond très-rapidement en globules d'un verre transparent ti- rant sur le jaune. Les autres fluides impondérables, les corps simples précédemment étudiés, et l'air, n'exercent sur l'alumine aucune action ; elle forme pâte avec l'eau et la retient très-fortement. L'hydrate d'alumine est blanc, pulvérulent, et paraît formé de cent parties d'alumine et de cinquante-quatre parties d'eau. U ammoniaque caustique dissout l'alumine en quantité sensible ( Berzelius ). Plu- sieurs acides peuvent se combiner avec elle, surtout lors- qu'elle n'a pas été calcinée. Un mélange d'alumine et de zircone est susceptible d'être fondu. On n'emploie l'alu- mine à l'état de pureté que dans les laboratoires ; les usages de l'argile, au contraire, sont très-nombreux. Des Sels d'alumine. 169. On est loin d'avoir étudié tous les sels d'alumine; leurs dissolutions sont précipitées en blanc par la potasse ; l'alu- mine déposée se dissout dans un excès de potasse ; elles ont en général une saveur styptique astringente. Le sous-car- bonate d'ammoniaque ne redissout pas le précipité qu'il forme dans leurs dissolutions. Les hydro-sulfates solubles se comportent avec elle comme avec les sels de zircone. DE L'ALUMINIUM. - 217 L oxalate d'ammoniaque ne les précipite pas (1). Aucun de ces sels, excepté le sulfate, n'est employé. Borate d'alumine. Il est presque insoluble dans l'eau. ^ Sous-carbonate d'alumine. Il est blanc, insoluble dans l'eau, insipide, inaltérable à l'air et décomposable au feu. Phosphate d'alumine. Il est le produit de l'art, d'une couleur blanche, pulvérulent, insoluble dans l'eau, et donne un verre transparent lorsqu'on le fond au chalu- meau. Sulfate acide d'alumine. Il est constamment le produit de l'art ; .il rougit l'infusum de tournesol ; on peut l'obte- nir cristallisé en houppes soyeuses, ou en lames flexibles, nacrées et brillantes, douées d'une saveur aigre, styptique, attirant l'humidité de l'air, et se dissolvant dans un poids d'eau moindre que le sien ; chauffé, il perd l'excès de son acide, devient neutre, et peut même être décomposé en totalité si la chaleur est très-intense ; uni au sulfate de po- tasse ou d'ammoniaque, il forme de l'alun (voyez Sulfate d'ammoniaque) ; on ne lui connaît pas d'autre usage. Sous-sulfate d'alumine. Il existe dans les mines de la Tolfa; il est blanc , insipide et insoluble dans l'eau. Sulfite d'alumine. Il est incristallisable, insoluble dans l'eau, et fort peu soluble dans l'acide sulfureux ; il est dé- composé par le feu. Nitrate acide d'alumine. On ne le trouve pas dans la nature. On peut l'obtenir cristallisé en lames ductiles et peu consistantes, mais ce n'est qu'avec la plus grande diffi- culté; il a une saveur aigre, très-astringente; il est déli- quescent et excessivement soluble dans l'eau ; chauffé, il se transforme en acide nitrique et en alumine. (1) L'acide oxalique est un acide végétal dont nous ferons l'histoire plus tard ; il forme avec l'ammoniaque un «el soluble que nous emploierons souvent comme réactif. 4l8 PREMIÈRE PARTIE. Hydro - chlorate acide d'alumine. Il est le produit de l'art ; il a une saveur salée, acide , styptique ; il rougit Yinfusum de tournesol ; il est incristallisable, et donne par l'évaporation, une masse gélatineuse, demi-transparente, attirant fortement l'humidité de l'air, excessivement so- luble dans l'eau, et se transformant par l'action du feu en gaz acide hydro-chlorique et en alumine., Hydro-phtorate d'alumine (fluate ). On ne le trouve pas dans la nature ; il a une saveur acide, astringente, et forme avec la silice et la soude des sels doubles. De Vl'ttrium. 170. Ce métal est inconnu. Oxide d'yttrium (yttria ou gadolinite ). On n'a ren- contré cet oxide qu'à Ytterby en Suède; il entre dans la composition de l'ytterbitè et de l'yttro-tantalite, pierres dont la première est noire j d'une cassure vitreuse éclatante, et l'autre grise et sous la forme de morceaux de la grosseur d'une noisette. L'yttria est blanche et insipide ; sa pesanteur spéci- fique est de 4,842 ;on ignore si elle est fusible, mais l'ytter- bitè fond rapidement et donne un verre noir, luisant comme du jais, d'un éclat très-vif, lorsqu'on la soumet à l'action du chalumeau à gaz de Brooks ; les autres fluides impondérables, les corps simples précédemment étudiés , et l'eau, n'exer- cent aucune action sur elle : peut-être faut-il en excepter le soufre et le gaz acide hydro-sulfurique. Exposée à l'air elle en absorbe l'acide caibonique. Elle est sans usages, et a élé découverte en 1794 par M. Gadolin. Des Sels d'yttria. 171. Ces sels, pour la plupart inconnus , ont une saveur sucrée lorsqu'ils sont solubles dans l'eau ; leurs dissolutions se comportent avec la potasse et avec le sous- ccroonate d'ammoniaque comme celles de zircone ( Voyez DU GLUCINIUM. 2IC) p. 215) ; les hydro-sulfates solubles ne les troublent point. Ils n'ont point d'usages çt ne se trouvent pas dans la nature. Le carbonate d'yttria est insipide, insoluble dans l'eau, inaltérable à l'air, et décomposante au feu. Sulfate d'yttria. On l'obtient cristallisé en petits grain9 brillans, d'une saveur sucrée , astringente, d'une couleur blanche, solubles dans quarante ou cinquante parties d'eau, plus solubles dans un excès d'acide. Nitrate acide d'yttria. Sa saveur est douce et astrin- gente ; il rougit l'infusum de tournesol, attire l'humi-< dite de l'air et se dissout très-bien dans l'eau ; on ne peut le faire cristalliser qu'avec la plus grande difficulté; il est décomposé par le feu ; l'acide sulfurique' transforme sa dis- solution en sulfate , qui se précipite sous la forme de petits cristaux.* Hydro-chlorate d'yttria. Son histoire est la même que celle du nitrate. Du Glucinium. 172. Ce métal n'a pas encore été obtenu. Oxide de glucinium ( glucine ). Il ne se trouve que dans trois pierres gemmes, l'émeraude , l'aigue-marine et l'euclase. On a découvert près de Limoges une mine très- abondante d'aigue-marine. Il est blanc et insipide; sa pe- santeur spécifique est de 2,967. Il n'a pas encore été fondu, mais il est probable qu'il le sera au moyen du chalumeau à gaz de Brooks : la fusion de l'émeraude du Pérou a été opérée avec la plus grande rapidité à cette température. Il n'a point d'action sur les autres fluides impondérables, ni sur les corps simples précédemment étudiés, exccptJ peut -être sur le soufre. Exposé à l'air , il en attire le gaz acide carbonique; il se combine avec tous les acides ; l'eau ne le dissout p?« ; il a été découvert en 1798 par M. Vau- quelin ; il est sans usages. iîO PREMIÈRE PARTIE. Des Sels de glucine. 173. Les sels de glucine solubles ont une saveur sucrée ; leurs dissolutions sont précipitées par la potasse et par le sous-carbonate d'ammoniaque ; le précipité de glucine ou de sous-carbonate de glucine se redissout dans un excès de l'un ou de l'autre de ces réactifs. Ils ne sont pas trou- blés par les hydro-sulfates solubles. Aucun de ces sels n'est employé ; ils sont tous le produit de l'art. Le sous - carbonate de glucine est insipide, insoluble dans l'eau, inaltérable à l'air et décomposable au feu. Phosphate de glucine. Il est également insipide , inal- térable à l'air et insoluble dans l'eau ; il se dissout dans un excès d'acide phosphorique. Il fond au chalumeau et donne un globule vitreux qui conserve sa transparence même après le refroidissement. Sulfate de glucine. Il est cristallisé en aiguilles douées d'une saveur sucrée astringente ; il attire légèrement l'humi- dité de l'air et se dissout très-bien dans l'eau. Exposé au feu, il fond dans son eau de cristallisation , se boursouffle, se dessèche et finit par se décomposer ; sa dissolution est pré- cipitée en blanc jaunâtre par l'infusum de noix de galle (1). Nitrate acide de glucine.Il a la même saveur que le sul- fate; il mugit l'infusum de tournesol; évaporé, il donne une masse pâteuse , incristallisable , qui attire fortement lhumidité de l'air, est très-soluble dans l'eau, et qui se dé- compose au feu ; sa dissolution est précipitée en jaune gri- sâtre par la noix de galle. Hydro-chlorate acide de glucine. On peut l'obtenir cris- tallisé; sa saveur est sucrée ; il rougit l'infusum de tourae- (1) Uinfusum de noix de galle est principalement formé par deux matières végétales connues sous les noms d'acide gallique et de tannin ; il suffit pour l'obtenir de verser de l'eau bouil- lante sur la noix de galle concassée. DU MAGNÉSIUM. 221 sol, se dissout très-bien dans l'eau, et se transformejpar l'action du feu en acide hydro-chlorique et en glucine. Du Magnésium. Ce métal n'est pas encore connu. M. Davy a cependant annoncé l'avoir obtenu en décomposant le sulfate de magné- sie au moyen de la pile voltaïque et du mercure. 174^ Oxide de magnésium ( magnésie ). On ne le trouve jamais pur dans la nature ; il y est toujours combiné avec un acide à l'état de sel, ou avec d'autres oxides. Il est blanc, doux au toucher, insipide et verdit le sirop de violette ; sa pesanteur spécifique et de 2,3. Soumis à l'action d'une température élevée à l'aide du chalumeau de Brooks, cet oxide fond avec flamme et donne un verre poreux, si léger, qu'il est emporté par le gaz. Les autres fluides impondé- rables , l'oxigène, l'hydrogène, le bore, le carbone, le phosphore et l'azote ne lui font éprouver aucune altération. Le soufre peut se combiner avec lui et donner naissance à un oxide sulfuré. Mis en contact avec l'iode et de l'eau, il se forme de l'iodate de magnésie peu soluble qui se préci- pite , et de l'hydriodate de magnésie soluble ; d'où il faut conclure que l'eau a été décomposée, et que l'iode s'est transformé en acide iodique et en acide hydriodique. Si l'on fait passer du chlore gazeux à travers de la magnésie chauffée jusqu'au rouge, il se produit du chlorure de magné- sium et il# se dégage du gaz oxigène. Exposé à l'air il en absorbe l'acide carbonique. Cent parties de cet oxide peu- vent absorber quarante-quatre parties d'eau et donner nais- sance à un hydrate blanc pulvérulent, insoluble dans l'eau. 11 se dissout très-bien dans les acides. Ce n'est qu'avec la plus grande difficulté qu'on parvient à fondre dans nos fourneaux un mélange de magnésie et de silice. L'alumine n'a aucune action sur la magnésie. La magnésie n'est employée qu'en médecine. On s'en 222 PREMIÈRE PARTIE. sert, i° comme contre-poison des acides : un assez grand nombre d'observations et plusieurs expériences faites sur les animaux prouvent que la magnésie est le meilleur anti- dote des acides; en effet, elle se combine avec eux, les neutralise, et par conséquent les empêche d'agir comme caustiques ; on peut, dans ces sortes de cas, Ja donner, à la dose de plusieurs gros, délayée dans de l'eau ; 2° pour com- battre les calculs vésicaux d'acide urique, et même pour en prévenir la formation ; les succès obtenus dans ces derniers temps par MM. Home et Bran de ne laissent aucun doute sur l'avantage que l'on peut retirer de ce médicament dans ces sortes d'affections ; la dose est de 15 à 20 grains deux fois par jour ; 3° pour neutraliser les acides qui se déve- loppent souvent dans les premières voies, surtout chez les femmes enceintes et les jeunes enfans : la dose, dans ce cas, est depuis 6 jusqu'à 3o grains ; 4° comme purgatif chez les individus qui sont à l'usage du lait, ou qui ont éprouvé de violeps accès de goutte ou de rhumatisme : on l'administre dans ce cas jusqu'à la dose d'une demi-once. En général, les médecins ne doivent prescrire que la magnésie calcinée, parfaitement débarrassée d'acide carbonique. Des Sels de magnésie. 175. Les sels de magnésie sont entièrement décomposés par la potasse (hydrate de deutoxide de potassium) et parles sous- carbonates de potasse et de soude ; la magnésie , ouïe sous- çarbonate de magnésie, précipités, ne se dissolvent pa^s dans un excèsduréactif décomposant.Les dissolutions demagnésie nesontpas précipitées à froid par le carbonate saturé dépo- tasse ni par le sous-carbonate d'ammoniaque, parce que ces carbonates renferment assez d'acide carbonique pour tenir la magnésie en dissolution ; mais si on chauffe le mélange , l'excès d'acide carbonique se dégage , et le sous-carbonate de magnésie blanc se précipite. L'ammoniaque ne décom- DU MAGNÉSIUM. 223 pose jamais complètement ces dissolutions; elle n'en pré- cipite qu'une portion de magnésie ; l'autre portion reste dans la liqueur et forme avec l'ammoniaque un sel double soluble. Les hydro-sulfates ne précipitent pas les dissolutions de magnésie. Il en est de même de Yoxalate d'ammoniaque. • Borate de magnésie. On le trouve près de Lunebourg. Il est en petits cristaux cubiques dont les arêtes et quatre angles solides opposés sont remplacés par des facettes. Ils sont tantôt transparens, tantôt opaques : dans ce cas ils con- tiennent delà chaux ; ils sont très-durs, insipides, insolubles dans l'eau et inaltérables à l'air ; chauffés au chalumeau, ils se boursoufflent et donnent un émail jaunâtre, hénssé de petites pointes qui sautent par l'action du feu. Si on élève convenablement la température de ces. cristaux, ils de- viennent électriques dans huit points : quatre sont élec- trisés vitreusement, les quatre autres résineusement. Le borate de magnésie est sans usages. Sous-carbonate de magnésie. On rencontre ce sel à l'état solide en Moravie ; il paraît aussi enuer dans la com- position de quelques pierres queles minéralogistes appellent magnésites. On le trouve dans le commerce sous la forme de pains légers, d'un blanc de neige, et doux au toucher; chauffé , il perd l'acide carbonique, et le résidu porte le nom de magnésie calcinée; il est insipide, inaltérable à l'air et insoluble dans l'eau; mais il peut se dissoudre dans un excès de gaz acide carbonique , et former lé carbonate de magnésie saturé. Il sert à préparer la magnésie. M. Edmund Davy a annoncé dans ces derniers temps que le carbonate de magnésie bien mêlé avec les farines nom -lies, dans la proportion de 20 à 4° grains par Livre de farine , leur com- munique la propriété de faire un meilleur pain : on ignore comment il agit dans cette circonstance. Carbonate de magnésie. Il existe dans certaines eaux. Il est sous la forme de cristaux prismatiques très-transpareus ; 224 PREMIÈRE PARTIE. il s'effleurît à l'air; chauffé, il décrépite et perd l'acîd« Carbonique ; il est peu soluble dans l'eau, et se précipite à mesure que l'on chauffe la dissolution, parce que l'acide carbonique se volatilise. Il est sans usages. • Phosphate de magnésie. On trouve ce sel dans quelques graines céréales. Il cristallise en prismes hexaèdres irrégu- liers terminés par des extrémités obliques , ou en aiguilles très-fines qui, par leur entrelacement, ressemblent à des étoiles; il est efflorescent, insipide, très-peu soluble dans l'eau; chauffé, il donne un verre qui conserve sa transpa- rence , même après qu'il a été refroidi. Il est sans usages. Phosphite de magnésie. Il est peu soluble dans l'eau, no se trouve pas dans la nature, et n'a point d'usages. Sulfate de magnésie ( sel d'Epsom, sel d'Egra, de Sedlitz, sel cathartique amer , vitriol demagnésie). On le trouve en dissolution dans les eaux de la mer, de plu- sieurs fontaines salées , et dans les eaux mères de l'alun ; on le rencontre aussi quelquefois effleuri dans certains terrains schisteux. Il cristallise en prismes à quatre pans , terminés par des pyramides à quatre faces, ou par un sommet dièdre ; quelquefois aussi il est sous la forme de masses composées d'une multitude de petites aiguilles ; sa saveur est amère , désagréable et nauséabonde. Exposé à l'air sec , il s'effleurit si la température est élevée. L'eau à i5° dissout son poids de sulfate de magnésie; deux par- ties d'eau bouillante en dissolvent trois parties ; chauffé, il éprouve successivement la fusion aqueuse et la fusion ignée. Traité par le charbon à une chaleur rouge, il se décompose et se transfonne en sulfure qui passe à l'état d'hydro-sulfate sulfuré soluble, lorsqu'on le met dans l'eau. ( Voyez Action du soufre sur les oxides de la deuxième classe, pag. 227. ) On l'emploie pour préparer la magnésie et le carbonate de magnésie. Il est souvent administré comme purgatif, à la dose de 4> 6,8 gros dissous dans deux ou DU MAGNÉSIUM. 225 trois verres de liquide; il fait partie d'une multitude d'eaux minérales naturelles et artificielles , dont on fait un très-grand usage pour exciter modérément les évacua- tions alvinés. Sulfite de magnésie. Il est le produit de l'art ; il cris- tallise en tétraèdres ; il a une saveur terreuse et sulfu- reuse ; il s'effleurit légèrement à Tair et ne se transforme en sulfate que très-lentement. Vingt parties d'eau froide dissolvent une partie de ce sel ; il est décomposé par le feu, et n'a point d'usages. Chlorate de magnésie. On ne le trouve pas dans la na- ture ; il est amer , déliquescent, très-soluble dans l'eau, difficile à cristalliser et sans usages. Nitrate de magnésie. Il n'existe jamais pur dans la nature ; il entre dans la composition des eaux mères du salpêtre ; il cristallise en prismes rhomboïdaux à quatre faces, terminés par des pointes obliques et tronquées, ou en aiguilles très-fines , groupées en faisceaux. Il a une saveur très-amère et piquante ; il attire l'humidité de l'air , et se dissout à froid dans la moitié de son poids d'eau. Chauffé , il donne du gaz oxigène , du deutoxide d'azote, de l'acide nitrique et de la magnésie. U est sans usages. Hydro-chlorate de magnésie. Ce sel ne se trouve jamais pur dans la nature ; il existe mêlé à d'autres dans certaines eaux salées , dans les matériaux salpêtres, etc.; il a une saveur amère, désagréable ; il attire l'humidité de l'air, se dissout très-bien dans l'eau, et ne cristallise qu'avec la plus grande difficulté : chauffé, il se décompose, perd l'acide hydro-chlorique , et l'on obtient de la maguésie. Il est sans usages. Hydriodate de magnésie. Il est le produit de l'art, cristallise difficilement et attire l'humidité de l'air : chauffé jusqu'au rouge sans le contact de l'air, la magnésie abandonne l'acide, comme cela a lieu avec l'hydro-chlorate. U est sans usages» i. i5 22$ PREMIÈRE PARTIE. Hydro-sulfate de magnésie* On sait qu'il existe, qu'il est soluble dans l'eau et sans usages. ^ Hydro-phtorate de magnésie ( fluate). Il est le produit de l'art, et cristallise, suivant Bergman , en prismes hexaè- dres, terminés par une pyramide composée de trois rhom- bes. Il est soluble dans un excès d'acide hydro-phtorique et sans usages. Des Métaux de la deuxième classe. Ces métaux sont au nombre de cinq : le calcium, le stron- tium , le barium , le sodium et le potassium. Ils offrent des propriétés communes que nous avons exposées en énu- mérant les caractères des six classes. (Voyez pag. 180.) Des Oxides de la deuxième classe. 176. Ces oxides sont au nombre de dix ; savoir : l'oxide de calcium , celui de strontium , deux de barium , trois de potassium et trois de sodium. Ils sont tous solides , doués d'une saveur acre, plus ou moins caustique. Cinq d'entre eux se dissolvent dans l'eau sans éprouver ni faire éprouver à ce liquide la moindre décomposition : tels sont les oxides de calcium et de strontium , le protoxide de barium et les deutoxides de potassium et de sodium. On les appelait autre- fois alcalis, groupe auquel on ajoutait encore l'ammoniaque. Deux de ces oxides ne peuvent se dissoudre dans l'eau qu'a- prèsl'avoir décomposée et lui avoir enlevé de l'oxigène : tels sont lesprotoxides de potassium et de sodium , qui passent alors à l'état de deutoxide ; enfin les trois autres, savoir , le deutoxide de barium, et les tritoxides de potassium et de sodium , ne se dissolvent dans ce liquide qu'autant qu'ils perdent de l'oxigène et se changent, le premier en protoxide de barium, et les deux autres en deutoxide de potassium et de sodium. 177. Ainsi dissous et transformés en alcalis, ils verdissent DES ALCALIS. 227 le sirop de violette, rougissent la couleur jaune du curcuma, et ramènent au bleu la couleur de l'infusum de tournesol rougie par les acides. Ils ont la plus grande tendance à s'unir avec les acides, dont ils font disparaître, en tout ou en partie, les caractères ; et on peut dire que les cinq d'entre eux qui constituent les alcalis enlèvent complètement, ou presque complètement, les acides à toutes les dissolutions salines formées par les oxides métalliques de la première et des quatre dernières classes, et par l'ammoniaque. Ceux qui constituent les alcalis, et que l'on connaît sous les noms de potasse , de soude, de baryte, de stron- tiane et de chaux, sont susceptibles de se combiner avec le soufre, et de former des produits que l'on a appelés foies de soufre, parce que leur couleur ressemble assez à celle du foie de certains animaux : on ne peut les obtenir que par la voie sèche en faisant chauffer le soufre et l'alcali. 178. Foies de soufre faits par la voie sèche. On n'est pas d'accord sur la composition de ces produits; plusieurs chi- mistes les regardent comme formés de soufre et de l'oxide employé , et les désignent sous le nom d'oxides sulfurés; d'autres pensent qu'ils ne renferment que du soufre et le métal: dans ce cas l'oxide aurait été désoxidé par l'action de la chaleur et du soufre, et on devrait les appeler sulfures de potassium, de sodium, etc.; d'autres enfin croient qu'ils renferment du soufre et un oxide métallique moins oxidé que celui dont on s'est servi pour les obtenir : par exemple, celui que l'on prépare avec la potasse ( deutoxide de potas- sium ) serait composé de soufre et de protoxide de potassium. Les foies de soufre alcdlins préparés par la voie sèche sont d'une couleur jaune , plus ou moins rougeâfcré et même brune. Ils sont indécomposables par la chaleur. Mis en contactavecl'eau, ils la décomposent, se dissolvent plus ou moins facilement, la colorent en jaune rougeâlre , et se trans- forment en hydro-sulfates sulfurés solubles ( voy. pag. 209), 228 PREMIÈRE PARTIE. et en sulfites sulfurés ou en sulfates de l'oxide, qui sont so- lubles ou insolubles dans l'eau (i). 11 est évident que, dans ce cas, l'acide hydro-sulfurique a été formé aux dépens de l'hydrogène de l'eau ; mais qu'est devenu l'oxigène de ce li- quide ? En regardant les foies de soufre comme formés de soufre etde métal, celui-ci absorbe l'oxigèneet passeàl'état d'oxide,qui se combine avec l'acide hydro-sulfurique : dans ce cas, le sulfite sulfuré se produit pendant leur préparation et aux dépens du soufre, de l'oxigène de l'oxide, et d'un peu d'oxide. Si on les considère, au contraire, comme composés de soufre et de l'oxide employé, l'oxigène de l'eau se porte alors sur le soufre et le transforme en acide sulfureux ou en acide sulfurique, en sorte que, dans cette hypothèse, le sulfite sulfuré, ou le sulfate dont nous avons parlé plus haut, ne se formerait qu'au moment où l'on mettrait le foie de soufre en contact avec l'eau. 179. Lorsqu'on fait bouillir de l'eau, du soufre et un de ces alcalis, on obtient un véritable hydro-sulfate sulfuré, et un sulfite sulfuré soluble ou insoluble. 180. Si l'on fait passer du chlore gazeux parfaitement desséché à travers un tube de porcelaine contenant l'un ou L'autre de ces dix oxides , il se formé une chlorure métal- lique et l'oxigène de l'oxide se dégage. Les phénomènes varient si on fait arriver le courant de gaz dans de l'eau tenant l'oxide en dissolution ou en suspension à la tempé- rature ordinaire; il se produit alors un chlorate etunhydro- chlorate, ce qui peut s'expliquer aisément en admettant la décomposition de l'eau, dont l'oxigène se porte sur le chlore pour former de l'acide chlorique, tandis que l'hydrogène donne naissance à de l'acide hydro-chlorique. (x) On doit cependant excepter le sulfure de chaux, qui est très-peu soluble dans l'eau, et qui se change en hydro-sulfate in. colore, et en une très-petite quantité de sulfite sulfuré insoluble. DU CALCIUM. 229 181. L'action de l'iode sur ces oxides dissous ou sus- pendus dans l'eau est analogue à celle du- chlore ; il se forme del'iodate peu soluble, et de l'hydriodale très-so- luble. Exposés à l'air , ces oxides alcalins en attirent ra- pidement l'humidité et passent à l'état d'hydrate; bientôt après ils absorbent le gaz acide carbonique , et se transfor- ment en sous-carbonates. Ils se combinent à merveille avec tous les acides, et forment des sels qui sont solubles ou insolubles dans l'eau. Ils n'ont point d'action sur l'ammo- niaque. Des Sels de la deuxième classe. 182. Les dissolutions des sels de la seconde classe ne sont décomposées ni troublées par l'ammoniaque, ni par les hydro-sulfates solubles , ni par l'hydro-cyanate de po- tasse et de fer (prussiate de potasse et de fer): ces ca- ractères suffisent pour les distinguer des sels des autres classes. Du Calcium. i83. Le calcium ne se trouve jamais pur dans la na- ture; on le rencontre à l'état d'oxide combiné avec divers acides, c'est-à-dire, à l'état de sel. Ce métal n'a été ob- tenu qu'en très-petite quantité , en sorte qu'il a été impo; - sible d'étudier ses propriétés : on ^sait seulement qu'il est blanc, très-brillant, et qu'il absorbe l'orxigène avec beaucoup de rapidilé pour passer à l'état d'oxi le. Il pa- raît n'être susceptible que d'un seul degré d'oxidation. Il forme avec le chlore un chlorure désigné jusqu'à présent sous le nom de muriate de chaux fondu. Ce chlorure, chauffé dans un creuset, entre en fusion, et constitue le phosphore de Homberg : on l'a appelé ainsi parce qu'a- près avoir été fondu et refroidi, il devient lumineux par le frottement, surtout dans l'obscurité ; dans cet état il est demi-transparent, lamelleux, fixe,, et ne conduit point l'élee- 23o PREMIÈRE PARTIE. tricité; il se dissout dans le quart de son poids d'eau à i5° , et il n'exige que la moitié de son poids du même liquide à o° ; il attire puissamment l'humidité de l'air, ce qui le rend d'un très-grand usage pour dessécher les gaz : liquéfié par l'un ou par l'autre de ces moyens , il se trouve trans- formé en hydro-chlorate, d'où il suit qu'il a décomposé l'eau. Il paraît formé de i o o parties de chlore et de 61,29 de calcium. ( Voyez Action de l'eau sur les chlorures, pag. 183.) Le cal- cium a été découvert par M. Davy ; il n'a point d'usages. De VOxide de calcium. i84- La chaux est un des produits que l'on trouve le plus abondamment dans la nature , quoiqu'on ne la ren- contre jamais pure : le plus souvent elle est combinée avec les acides carbonique, sulfurique, phosphorique et nitrique. La chaux pure , privée d'eau, est une substance d'une couleur blanche grisâtre, et blanche lorsqu'elle contient de l'eau , douée d'une saveur acre , caustique ; verdis- sant fortement le sirop de violette, et rougissant la couleur du curcuma. Sa pesanteur spécifique est de 2.3. Si on élève fortement la température au moyen du cha- lumeau à gaz de Brooks, elle fond et donne des globules vitrifiés qui ont la couleur de la cire jaune ; cette fusion est accompagnée d'une flamme de couleur pourpre. Sou- mise à l'action de la pile voltaïque, la chaux se décom- pose en oxigène et en calcium, surtout à l'aide du mer- cure, qui s'empare du calcium. Elle est sans action sur les gaz oxigène et hydrogène, sur le bore et sur le charbon. A une température rouge , elle se combine avec le phosphore , 1 et donne un oxide de calcium phosphore d'un rouge brun (phosphure de chaux), susceptible de décomposer l'eau et de se transformer en phosphate de chaux insoluble, en hypo- phosphitede chaux soluble, et en gaz hydrogène perphos- phoré, qui se dégage et s'enflamme spontanément lors- DE LA CHAUX. 23l qu'il est en contact avec l'air , #où il suit que le phos- phore du phosphure s'empare à-la-fois de l'oxigène et de l'hydrogène de l'eau. Le soufre se combine également avec la chaux que l'on a fait rougir , et dotine un pro- duit que l'on a appelé sulfure de chaux , contenant à-peu- près 25 parties de soufre et 75 de chaux ; il a aussi la faculté de décomposer l'eau et de donner un hydro-sul- fate de chaux soluble , nullement sulfuré , tandis que celui que l'on obtient en faisant bouillir la chaux et le soufre avec de l'eau est un véritable hydro-sulfate sul- furé , et renferme par conséquent beaucoup plus de soufre. La chaux se combine avec l'iode sans donner du gaz oxi- gène; il en résulte un sous-iodure de chaux qui verdit fortement le sirop de violette. Si l'on fait passer du chlore gazeux parfaitement sec à travers de l'oxide dé cal- cium , dont la température a été élevée dans un tube de porcelaine, on obtient du gaz oxigène et du chlorure de calcium ( muriate de chaux sec ). L'azote est sans action sur la chaux. Exposée à Y air , la chaux vive commence par se combiner avec l'humidité, puis elle absorbe le gaz acide carbonique, et se transforme en sous-carbonate mêlé d'hydrate (chaux éteinte). Si l'on verse sur de la chaux vive quelques gouttes d'eau, celle-ci est rapidement absorbée, sans que la chaux paraisse mouillée; le mélange s'échauffe; il s'exhale de la vapeur ; la chaux se fendille, acquiert un plus grand volume, blanchit et se réduit en poudre : on dit alors que la chaux est délitée ou éteinte ; elle est à l'état d'hy- drate. Dans cette expérience la température s'élève jusqu'à 3oo°; c'est à l'aide de cette chaleur qu'une portion d'eau se réduit en vapeur au centre même du morceau de chaux, et c'est à l'effort que fait cette vapeur pour se dégager qu'il faut attribuer la division de cet oxide ; la température du mélange est plus que suffisante pour déterminer la fusion 232 PREMIÈRE PARTIE. du soufre qui recouvre l'extrémité des allumettes soufrées : aussi quelques-unes de ces allumettes, plongées dans le sein d'un morceau de chaux divisé par l'eau , s'enflamment aussitôt qu'on les met en contact avec l'air, pourvu que le morceau sur lequel on opère soit assez gros. Lorsque la chaux a été réduite en poudre parce moyen, on peut la faire dissou- dre dans 4oo à 45o parties d'eau à io° ; la dissolution porte le nom d'eau de chaux. On distingue dans les pharmacies l'eau de chaux première, seconde, etc. ; ordinairement celle-ci est moins caustique que l'autre, parce qu'elle ne contient pas de potasse, tandis que la première en renferme 7 pour ioo, suivant M. Descroizilles (i); mais il est évi- dent que si la chaux est pure et dissoute en assez grande quantité pour saturer l'eau, ces liqueurs ne doivent pas dif- férer entre elles. L'eau de chaux enfermée dans un récipient de verre et placée à côté d'un vase contenant de l'acide sul- furique concentré, donne de petits cristaux transparens qui sont des hexaèdres réguliers , coupés perpendiculairement à leur axe. On ne pourrait obtenir que très-difficilement l'hydrate de chaux cristallisé , en faisant évaporer la disso- lution à l'air, parce que l'eau de chaux en attirerait l'acide carbonique et se transformerait en carbonate (crème de chaux) insoluble. On peut aussi faire cristalliser parfaite- ment la chaux hydratée en décomposant un sel calcaire au moyen de la pile électrique (Riffault et Chompré ). P. E. L'acide sulfurique concentré ne trouble pas l'eau de chaux, phénomène qui tient à ce que le sulfate de chaux formé est plus soluble que la chaux, et par conséquent trouve assez d'eau pour être tenu en dissolution. Les oxides de carbone, de phosphore et d'azote sont sans action sur la chaux. Il n'en est pas de même des acides ; tous peuvent se (i) Les 7^ de potasse proviennent du bois qui a servi à la préparation de la chaux. DE LA CH AUX. 233 combiner avec la chaux et donner naissance à des sels calcaires. On ignore quelle est l'action des métaux de la première classe sur cet oxide. Lorsqu'on fait chauffer dans un creuset parties égales de chaux et de silice, on obtient, si la température est assez élevée, une masse blanche, fondue , demi-transparente sur ses bords , tenant le milieu entre la porcelaine et l'émail, et faisant feu avec le briquet, quoique faiblement (Kirwan). Si l'on verse de l'eau de chaux dans une dissolution de po- tasse silicée (liqueur de cailloux), il se forme un précipité composé de silice et de chaux (stuc). On peut également fondre complètement à une température élevée, un mélange de 33, de 25 , ou de 20 parties de chaux , avec 66, j5, ou 80 parties d'alumine ( Herman ). Si l'on chauffe fortement dans un creuset de terre un mélange de 3o parties de chaux et de 10 parties de magnésie, on obtient un beau verre jaune verdàtre ; mais le creuset est corrodé de toutes parts. On peut aussi faire fondre un mélange de 3 parties d'alumine, de 2 parties de magnésie, et d'une ou de 2 par- ties de chaux: le produit est de la porcelaine. Suivant M. Berzelius , la chaux est formée de 100 parties de calcium et de 3g,86 d'oxigène ; l'hydrate est composé de 100 parties de chaux et de 32,1 d'eau. On emploie la chaux pour préparer la potasse, la soude et l'ammoniaque caustiques , pour chauler le blé et pour boucher les fissures qui se forment quelquefois dans les bassins pleins d'eau. Unie au sable et à de l'eau, elle cons- titue les mortiers dont on fait usage comme ciment dans la bâtisse, et qui ont la propriété de se durcir en se séchant, et par conséquent d'adhérer fortement aux surfaces des pierres auxquelles ils servent seuls de liaison ; on se sert encore de la chaux comme engrais et comme réactif. Son action sur l'économie animale mérite de fixer notre atten- tion. Avalée en poudre , à la dose d'un ou de deux gros, elle i34 PREMIÈRE PARTIE. détermine l'empoisonnement, à la manière des substances acres et corrosives ; les animaux ne tardent pas à succomber, et l'on trouve après la mort une vive inflammation des.tissus du canal digestif. On employait autrefois la chaux à l'état solide pour cautériser ; mais on l'a abandonnée depuis que l'on fait un si grand usage de la pierre à cautère, de la pierre infernale, etc. L'eau de chaux est souvent administrée avec succès, suivant Whytt, pour combattre la formation de la gravelle. M. Andry l'a vu réussir dans certaines tympanites ; on en a retiré des avantages dans la diarrhée, le hoquet, les éructations , et dans tous les cas où il se développe un acide dans l'estomac; on en donne 6,8, 10 onces par jour avec autant de lait ou d'une décoction mucilagineuse. Injectée dans l'anus, dans le vagin ou dans l'urètre , elle a été quel- quefois utile pour arrêter les anciennes dysenteries mu- queuses , certaines diarrhées, des gonorrhées passives, vi- rulentes , les flueurs blanches, les suppurations de la ves J sie, etc. On l'a employée extérieurement pour laver les ùl- eères sordides , dont les bords sont mous et infiltrés, et pour résoudre les engorgemens des articulations. M. Giuli dit avoir obtenu le plus grand succès des bains d'eau de chaux dans les rhumatismes aigus et dans la goutte ; la tempéra- ture de ces bains doit être plus élevée que celle des bains tièdes. On se sert avec avantage d'un mélange d'eau de chaux, et d'acétate de plomb ( sel de Saturne ) contre les brûlures. Enfin l'eau de ehaux paraît avoir réussi dans la gale, la teigne et dans quelques autres maladies de la peau. Elle entre dans la composition de l'eau phagédénique. Des Sels calcaires. m i85. Les dissolutions calcaires sont toutes précipitées par ies sous-carbonates de potasse, de soude ou d'ammoniaque ; le précipité obtenu en vertu de la loi dont nous avons parlé § 160, est du sous-carbonate de chaux blanc qu'il sutht de DES SELS CALCAIRES. 235 sécher et de calciner pour en obtenir la chaux vive. L'a- cide oxalique décompose toutes les dissolutions des sels calcaires, et se précipite avec la chaux; leprécipité, incolore, insoluble dans un excès d'acide oxalique , se décompose par la calcination et laisse de la chaux vive ; l'oxalate d'am- moniaque opère encore mieux cette décomposition. Sous-Borate de chaux. Le sous-borate de chaux est un produit de l'art ; il est insoluble dans l'eau et sans usages. Sous-Carbonate de chaux. Ce sel se trouve très-abondamment dans la nature ; il constitue la craie, la pierre à chaux, les marbres, les sta- lactites, les albâtres, et une foule de variétés de cristaux qui ornent les cabinets de minéralogie; il fait partie de tous les terrains cultivés, des enveloppes des mollusques, des crustacés, des radiaires, et des nombreux polypiers; enfin il entre dans la composition de quelques eaux de source , où il est tenu en dissolution par un excès d'acide carbonique. Il est insoluble dans l'eau, et par consé- quent insipide ; soluble dans un excès d'acide carbonique, inaltérable à l'air, et décomposable, par la simple action de la chaleur, en gaz acide carbonique et en chaux. Il partage avec les autres carbonates les propriétés déjà exposées ( voy. pag. 198 ) ; on s'en sert pour préparer la chaux vive , pour bâtir, etc. ; tout le monde connaît les nombreux usages du marbre et de l'albâtre. Le carbonate de chaux doit être regardé comme absorbant ; les yeux d'écrevisses, les écailles d'huîtres , les coquilles d'oeufs, les coraux, etc., tant vantés par les anciens médecins, et que l'on emploie aujourd'hui encore pour absorber les acides qui se développent dans l'estomac , ne doivent leurs vertus qu'au carbonate de chaux qui entre dans leur composition ; on peut faire usage a36 PREMIÈRE PARTIE. de ces substances dans les cas où la magnésie est indiquée. ( Voyez pag. 221.) Phosphate de chaux. Ce sel existe dans les os de tous les animaux, et dans toutes les matières végétales et animales; il constitue la chrysolite; il fait quelquefois partie des calculs vésicauX; on le rencontre très-abondamment à Logrosan dans l'Es- trémadure, où il est employé comme pierre à bàiir ; enfin il se trouve à Schlagenwald sous la forme de masses rayon- nées. Le phosphate de chaux pur peut être fondu en un verre transparent, tandis que, s'il contient un excès de chaux, il ne donne après la fusion qu'une masse opaque. Il est inïoluble dans l'eau et par conséquent insipide. Traité à froid par l'acide sulfurique concentré, il cède à cet acide la majeure partie de la chaux qu'il renferme, et se trans- forme en phosphaté acide de chaux soluble que l'on peut séparer du sulfate de chaux au moyen de l'eau. Le phos- phate de chaux sert à la préparation du phosphate acide que l'on emploie dans l'extraction du phosphore. On n'em- ploie jamais ce sel à l'état de pureté. On administrait autre- fois dans l'angine Yalbumgrœcum ou l'excrément des chiens auxquels on avait fait ronger des os, et qui est principale- ment composé de phosphate de chaux ; ce sel fait partie de la poudre de James ; il constitue presque à lui seul la corne de cerfcalcinée au blanc, avec laquelle on prépare le plus souvent la décoction blanche de Sydenham employée avec tant de succès comme adoucissant dans les anciens dévoie- mens , les ténesmes, les épreintes de la dysenterie , la phthisie , etc. Sur-phosphate de chaux (phosphate acide). Il est constamment le produit de l'art ; il est déliques- cent et par conséquent très-soluble dans l'eau ; il cristallise DES SELS CALCAIRES. 237 en lames micacées. Exposé à l'action du calorique, il se des- sèche , se boursouffle et donne un verre insipide, insoluble, sans action sur l'infusum de tournesol. Le charbon le décom- pose à une température élevée , s'empare de l'oxigène de l'a- cide etle phosphore est mis à nu. L'ammoniaque, la potasse, la soude et leurs sous-carbonates versés dans une dissolution de ce sel, en saturent l'excès d'acide, et le phosphatede chaux se précipite. L'eau de chaux le transforme entièrement en phosphate insoluble. On fait usage de ce sel pour extraire le phosphore. Phosphite de chaux. Ce sel est le produit de l'art ; il est peu soluble dans l'eau; il cristallise par évaporation spon- tanée , et si on chauffe sa dissolution, il se transforme en sous-phosphite insoluble qui se présente sous la forme de petits cristaux nacrés, et en phosphite acide soluble qui cristallise plus difficilement (Dulong). Il est sans usages. Hypo-phosphite de chaux. Il est très-soluble dans l'eau, sans usages et ne se trouve jamais dans la nature. Sulfate de chaux ( plâtre , gypse , sélénite , etc. ). Ce sel se trouve très-abondamment dans Ja nature ; tantôt il est cristallisé, tantôt amorphe ; les cristaux de sulfate de chaux contiennent ordinairement 20 à 21 pour cent d'eau de cristal- lisation; il en est cependant qui n'en renferment pas un atome ; on rencontre assez souvent ce sel en dissolution dans les eaux de puits. Lorsqu'il a été purifié, il se présente sous la forme d'aiguilles blanches , satinées, peu consistantes , presqu'insipides , solubles dans 3oo ou 35o parties d'eau, » plus solubles dans de l'eau chargée d'acide sulfurique. Sou- mis à l'action du calorique, les cristaux de sulfate de chaux: décrépitent, et deviennent opaques. Chauffé dans un creuset, le sulfate de chaux fond et donne un émail blanc. Exposé à l'air , il en attire l'humidité, s'il a été préalablement des- séché ; mais il ne tombe pas en deliquium. Usages. Il sert pour faire le plâtre. Lorsque celui-ci est 238 PREMIÈRE PARTIE. destiné aux objets de sculpture, il suffit de calciner le sul- fate de chaux pur pour le priver de l'eau qu'il renferme, et de le tamiser ; mais si l'on veut s'en servir pour les objets de construction , il faut, après l'avoir calciné , le mêler avec un dixième de son poids environ de chaux, si toutefois le sulfate dont on se sert ne contient pas de carbonate de chaux ; par ce moyen le plâtre absorbe plus d'eau en se solidifiant, acquiert plus de dureté et de ténacité. Le sulfate de chaux sert encore pour faire le stuc, composition qui imite parfaitement le marbre; on la prépare en gâchant le plâtre avec une dissolution de gélatine ( colle forte) et en ajoutant au mélange encore en bouillie des substances colorées : on l'applique lorsqu'elle est sèche, et on la polit après l'avoir appliquée sur les objets que l'on veut en recou- vrir. Le sulfate de chaux dissous dans l'eau est laxatif: on sait que les eaux de puits ou de sources chargées de sélénite sont crues, pesantes, et occasionnent quelquefois le dévoie- ment. Sulfite de chaux. H est constamment le produit de l'art ; il est insoluble dans l'eau ; on s'en sert pour muter le marc de raisin ou en arrêter la fermentation. lodate de chaux. Il ne se trouve jamais dans la nature ; il est ordinairement pulvérulent ; mais on peut l'obtenir cris- tallisé en petits prismes quadrangulaires, lorsqu'il a été mêlé avec l'hydro-chlorate de chaux, qui augmente sa solubilité. Cent parties d'eau à 18° dissolvent 22 parties de ce sel (Gay- Lussac). Il est sans usages. Chlorate de chaux. Il est le produit de l'art ; il ne cris- tallise qu'avec la plus grande difficulté ; il attire l'humidité de l'air, et se dissout parfaitemenfdans l'eau ; sa saveur est acre et amère. Il n'a point d'usages. Nitrate de chaux. Ce sel fait partie des plâtras et des divers matériaux salpètrés dont on se sert pour faire le nitrate de potasse. 1} est déliquescent et par conséquent DES SELS CALCAIRES. 23$ très-soluble dans l'eau ; une partie de ce liquide Suffit pour en dissoudre 4 ou 5 parties ; cette dissolution cristallise très dif* ficilement ; on peut cependant obtenir le nitrate de chaux cristallisé en le faisant dissoudre dans l'alcool .(esprit-de- vin) , ou en agissant comme nous l'avons dit (pag. 189) ; sa saveur est très-âcre. Le plwsphore de Baudouin, qui a la propriété de luire dans l'obscurité, n'est autre chose que ce sel parfaitement desséché. Il ne sert qu'à la formation du salpêtre. Hydro-chlorate de chaux (muriate). Ce sel se trouve dans les eaux de plusieurs fontaines , et dans les matériaux salpêtres ; il a une saveur acre, très-piquante et amère ; il est très-déliquescent. L'eau à o° en dissout deux partes; à i5°, elle en dissout quatre parties. Evaporé, il fournit des cristaux qui ont la forme de prismes à six pans , striés et terminés par des pyramides aiguës. Chauffé dans un creu- set, il perd l'eau qu'il renferme , éprouve la fusion ignée et se transforme en chlorure de calcium. (Voyez pag. 2o5.) La grande affinité de ce sel pour l'eau le fait employer pour obtenir des froids artificiels et pour dessécher un très.-grand nombre de gaz. Fourcroy l'a proposé comme fondant, et il a été depuis employé dans les engorgemens et les tu- meurs squirrheuses ; mais il est rarement administré aujour- d'hui. Hydriodate de chaux. Ce sel est un produit de l'art ; il est extrêmement déliquescent. Desséché, il se tranforme en iodure de calcium qui fond au-dessus de la chaleur rouge (Gay-Lussac); il est sans usages. Hydro-sulfate de chaux (ftydfa-sulfure). Ce sel ne se trouve pas dans la nature ; on ne l'a obtenu que sous la forme d'un liquide incolore. Nous verrons, en parlant du sulfure de potasse, que le sulfure de chaux qui se trans- forme en hydro-sulfate par l'action de l'eau peut être sou- vent empl oyé en médecine avec succès,. 240 PREMIÈRE PARTIE. Fluate de chaux ( phtorure de calcium, spath fluor ). On le rencontre très-abondamment dans la nature ; tantôt il est pur , incolore, cristallisé en cubes ou en octaèdres ; mais le plus souvent il est combiné avec du silex, de l'ar- gile, etc. : alors il est coloré en bleu, en violet, en jaune ou en rose; on le trouve en France, en Saxe et en Angle- terre. Il est insoluble dans l'eau, insipide et inaltérable à l'air ; il se dissout dans l'acide hydro-phtorique. Si l'on jette sur des charbons rouges les cristaux cubiques fournis par la nature, ils décrépitent légèrement ; chauffés plus fortement ils fondent et donnent un verre transparent. On l'emploie dans la préparation des acides hydro-phtorique, phtoro-borique et phtoro-silicique, etc. Suivant M. Davy, il ne doit plus être rangé parmi les sels ; il doit au contraire être considéré comme un composé de phtore et de calcium. ( Voyez, pour les autres propriétés de ce corps, les carac- tères des phtorures, pag. 209. ) Du Strontium. 186. Le strontium ne se trouve dans la nature qu'à l'é- tat de sel. La difficulté qu'il y a à le séparer des produits qui le renferment fait que l'on n'a pas encore pu l'étudier avec soin ; il est brillant et conserve son éclat pendant plu- sieurs heures ; cependant il finit par absorber l'oxigène de l'air, et former un oxide terreux connu sous le nom de strontiane. Combiné avec le chlore, il donne du chlorure de strontium solide (muriate de strontiane) qui, mis dans l'eau, la décompose et passe à l'état d'hydro-chlorate soluble ; il a été découvert par M. Davy. De VOxide de strontium (strontiane). La strontiane n'existe pas dans la nature à l'état de pu- reté ; mais elle s'y trouve combinée avec les acides sulfu- rique, carbonique, ou avec le carbonate de chaux; dans ee DE LA STRONTÎANÈV 24l dernier cas elle constitue un très-grand nombre de variétés d'aragonite. 187. Privéed'eau,lastrontianeest d'une couleur grisâtre; elle est blanche lorsqu'elle a absorbé ce liquide ; sa saveur est plus caustique que celle de la chaux; elle verdit forte- ment le sirop de violette et rougit la couleur du curcuma ; sa pesanteur spécifique est de 4« Si on élève sa température au moyen du chalumeau à gaz de Brooks, la slronliane produit une belle flamme on- doyante de couleur pourpre ; le centre du morceau est en pleine fusion ; le reste n'est qu'à demi fondu. Le fluide électrique la décompose et agit sur elle comme sur la chaux. L'oxigène, l'hydrogène, le bore et le charbon ne lui font éprouver aucune altération. Elle se comporte avec le phosphore, 1iode, le chlore, l'azote, et l'air atmosphérique comme la chaux. Le soufre agit sur elle comme nous l'avons dit (§ 178). Mise en contact avec une petite quantité d'eau, elle se boursouffle comme la chaux, donne lieu aux mêmes phénomènes ; mais avec un plus grand dégagement de calorique, et il en résulte un hydrate sec; 4° parties de ce liquide à io° dissolvent mie partie de strontiane, tandis qu'il n'en faut que i5 ou 20 d'eau bouillante : aussi une dissolution concentrée de cet oxide faite à chaux donne-t-elle par le refroidisse- ment des cristaux de strontiane sous la forme de lames minces, à bords terminés par deux facettes qui se joignent et forment un angle aigu ; quelquefois l'on obtient des cubes. Les cristaux de strontiane paraissent formés de 68 parties d'eau et de 32 de strontiane. P. E. Une goutte d'acide sulfurique versée dans de l'eau saturée de strontiane y fait naître un précipité blanc de sulfate de strontiane insoluble dans l'eau. Si la dissolution de strontiane est très-aflaiblie , il n'y a point de précipité, parce que le sulfate qui en résulte trouve assez d'eau pour 1. xG 2fo PREMIÈRE PARTIE. être dissous. L'iode agit sur cette dissolution comme sur l'eau de chaux. Les oxides de carbone, de phosphore et d'azote sont sans action sur la strontiane. Il n'en est pas de même des acides : tous peuvent se combiner avec elle et donner des sels. On ignore comment la strontiane agit sur les métaux précédemment étudiés. Chauffée fortement dans un creuset avec le quart de son poids de silice, elle se trans- forme en une matière d'un vert pâle, fondue sur les bords, et tenant le milieu entre la porcelaine et l'émail. L'eau de strontiane , versée dans une dissolution de potasse silicée (liqueur de cailloux), donne un précipité composé de stron- tiane et de silice (Morveau). La strontiane n'est employée que dans les laboratoires de chimie, comme réactif. Des Sels de strontiane. 188. Les sels de strontiane, solubles dans l'eau, précipitent par les sous-carbonates de potasse, de soude ou d'ammo- niaque; le précipité de carbonate de strontiane est décom- posé par une chaleur rouge, et fournit de la strontiane facile à reconnaître. ( Voyez pag. 241 • ) Les sels de strontiane co- lorent en pourpre la flamme d'une bougie. 189. Sous-borate de strontiane. Il ne se trouve pas dans la nature ; il est insoluble dans l'eau et sans usages. 190. Sous-carbonate de strontiane. On le rencontre, sous la forme de fibres convergentes, à Strontiane en Ecosse , au Pérou, etc.; il est insoluble dans l'eau, inaltérable à l'air, décomposable, à une température au-dessus du rouge cerise, en gaz acide carbonique et en strontiane. Il est sans usages : on pourrait s'en servir pour préparer la strontiane s'il était plus abondant. 191. Sous-pJiosphate de strontiane. Il est constamment le produit de l'art. Il est insoluble dans l'eau, inaltérable à l'air et sans usages. 192. Phosphite de strontiane. On ne le rencontre pas DES SELS DE STRONTIANE. 2/J dans la nature.,Comme le phosphite de chaux, il est peu soluble dans l'eau , et donne, par l'évaporation , de petits cristaux de sous-phosphite de strontiane insoluble, et du phosphite acide soluble , qui cristallise plus difficilement ( Dulong). 11 est sans usages. ip3. Hypo-phosphite de strontiane. Il est constamment le produit de l'art; il est très-soluble dans l'eau, et ne cris- tallise que tfès-difficilement. Il est sans usages. 194. Sulfate de strontiane. On le trouve en masses opa- ques à Montmartre, àMenilmontant près Paris , et en beaux cristaux prismatiques en Sicile ; on Je rencontre encore à Saint-Médard et à Beuvron, déparlement de la Meurthe. Il est blanc, fusible à une haute température, insipide' et presque insoluble dans l'eau; en effet, une partie exige près de 4000 parties de ce liquide pour se dissoudre. L'acide sulfurique concentré le dissout mieux que l'eau et on peut l'obtenir cristallisé en faisant évaporer la dissolu- tion. On l'emploie pour préparer la strontiane. 195. Sulfite de strontiane. Il est insoluble dans l'eau sans usages, et ne se trouve jamais dans la nature. 196. Iodate de strontiane. Il est le produit de l'art : on l'obtient en petits cristaux qui, vus à la loupe, paraissent être des octaèdres ; il est décomposé par la chaleur et donne de l'oxigène, de l'iode et de la strontiane sensiblement pure. Cent parties d'eau à 15° dissolvent 24 parties de ce sel ( Gay-Lussac ). Il est sans usages. 197. Chlorate de strontiane. On ne le rencontre jamais dans la nature; il a une saveur piquante et un peu astringente- il ne cristallise que quand sa dissolution est très-concentrée ;' sa solubilité est très-grande ; il est même déliquescent ; il fuse sur les charbons ardens avec beaucoup de rapidité, et donne une flamme purpurine très-belle. ( Vauquelin.) 198. Nitrate de strontiane. Il ne se trouve pas dans la na- ture ; il cristallise en octaèdres ou en prismes irréguliers ; ila 244 PREMIÈRE PARTIE. une saveur âpre, piquante ; la chaleur rouge suffit pour le fondre; si on continue à le chauffer il se décompose comme tous les nitrates ; il s'eJlleurit à l'air. L'eau à i5° en dissout environ son poids ; à ioo° elle en dissout le double. Il suffit de le calciner pour en avoir la stron- tiane. 199. Hydro-chlorate de strontiane. Il est le produit de l'art ; il cristallise en aiguilles longues qui sont des pris- mes hexaèdres, doués d'une saveur acre et piquante. Chauf- fé jusqu'au rouge, il se décompose et se transforme en chlorure de strontium. ( Voyez pag. 2o5. ) Une partie et demie d'eau à 15° peut dissoudre une partie de ce sel ; 4 par- lies d'eau bouillante peuvent en dissoudre 5 parties , etc. Il est sans usages. 200. Hydriodate de strontiane. Il est le produit de l'art ; il est très-soluble dans l'eau; il fond au-dessous de la tem- ératurc rouge , et se trouve transformé en iodure de stron- tium. Il est sans usages. 201. Sous-hydro-sulfate de strontiane. On ne le trouve jamais dans la nature. Il cristallise en lames blanches sem- blables à des écailles ; il se dissout beaucoup mieux à chaud qu'à froid, et se transforme en hydro-sulfate neutre par l'addition d'une suffisante quantité d'acide hydro-sulfu- rique. Il est sans usages. 202. Fluate de strontiane. Il est le produit de l'art, sans usages, et insoluble dans l'eau. Suivant M. Davy, ce produit est composé de phtore et de strontium. Du Barium. 2o3. Le barium ne se trouve' dans la nature qu'à l'état de sel. Il est solide, plus brillant qu'aucun autre métal, et aussi ductile que l'argent ( Clarke ) ; sa pesanteur spéci- fique est de 4, celle de l'eau étant prise pour unité. Exposé à l'air il s'oxide dans l'espace de trois minutes ; mais on DES OXIDES DE BARIUM. 245 en renouvelle l'éclat métallique par l'action de la lime. Il est fixe : il parait s'allier avec lV.rgent, le palladium et le platine. M. Clarke, qui annonce avoir obtenu ce m-'ial au moyen du chalumeau à gaz de Brooks , a proposé de l'ap- peler plutonium. Des Oxides de barium. 204. On connaît deux oxides de ce métal, le protoxide et le deutoxide. Protoxide de barium , baryte, barote ou terre pesante. La baryte ne se trouve pas dans la nature à l'état de pureté; mais on la rencontre combinée avec l'acide carbonique , et principalement avec l'acide sulfurique. Elle est solide , po- reuse , d'une couleur grise, plus caustique que la stron- tiane; elle verdit le sirop de violette, et rougit la couleur de curcuma; sa pesanteur spécifique est de 4- Soumise à l'action du chalumeau à gaz de Brooks, la baryte donne une sorte de scorie métallique qui ressemble au plomb ; suivant M. Clarke elle est décomposée, et le barium est mis à nu. On peut également en opérer la dé- composition au moyen de la pile électrique ; il suffit pour cela de l'humecter légèrement et de la mêler avec le quart de son poids de peroxide de mercure ; on creuse dans le mélange une petite cavité dans laquelle en met du mercure métallique ; aussitôt que la pile est en activité, l'oxigène des deux oxides est altiré par le pôle rilré. tandis que le barium, uni au mercure, se porte vers le pôle résineux. Le gaz oxigène est absorbé par le protoxide de barium soumis à une chaleur rouge, et il en résulte du deutoxide. L'hydrogène, le bore et le chai bon sont sans action sur la baryte. Le phosphore se combine avec elle à une chaleur rouge, et donne un phosphure d'un rouge brun qui jouit, comme celui de chaux et de strontiane, de la propriété de décomposer l'eau. Le soufre s'y unit aussi à une tempéra- 246 PREMIÈRE PARTIE. ture élevée et forme un sulfure jaune qui se change en sulfate lorsqu'on le chauffe avec le contact de l'air. Si l'on fait passer de Y iode sur de la baryte rouge de feu f l'on obtient un sous-iodure de baryte. Si, au lieu d'iode, on fait passer du chlore gazeux, le protoxide de barium est décomposé, et l'on obtient du gaz oxigène et du chlorure de barium incolore, transparent, fixe, doué d'une saveur amère, et formé, suivant M. Davy, de 100 parties de barium et de 5i,53 de chlore. Soumis à l'action d'une chaleur rouge, ce chlorure entre en fusion, et donne par le refroidissement des lames brillantes; mis en contact avec l'eau, il se dissout et se transforme en hydro-chlorate de protoxide. Exposé à l'air à la température ordinaire, le protoxide de barium en attire d'abord l'humidité, puis l'acide car- bonique passe à l'état de proto-carbonate, augmente de volume, acquiert une couleur blanche, et se réduit en poudre. Si on élève sa température, il absorbe à-la-fois l'oxigène et l'acide carbonique de l'air, passe en partie à l'état de deutoxide de barium et en partie à l'état de proto- carbonate; mais si on continue à le chauffer, le deutoxide de barium formé se décompose et redevient protoxide qui s'unit encore avec l'acide carbonique de l'air, en sorte que le tout finit par se transformer en proto-carbonate de ba- rium indécomposable par la plus haute chaleur. La baryte se boursouffle et donne lieu aux mêmes phé- nomènes que la strontiane lorsqu'on la met en contact avec une petite quantité d'eau ; l'hydrate blanc qui en résulte , exposé à une chaleur rouge , fond sans se décom- poser. Il suffit de cinquante parties d'eau à i5°, et de dix parties d'eau bouillante pour dissoudre une partie de ba- ryte ; plusieurs chimistes prétendent même qu'il ne faut que 2 parties d'eau à ioo° pour opérer cette dissolution; quoi qu'if en soit, il est évident que le solutum con- DES OXIDES DE BARIUM. ^7 centré de baryte fait à chaud doit déposer par le refroi- dissement une certaine quantité de ce protoxide hydraté ; il se sépare alors*sous la forme de cristaux indétermina- bles ou de prismes hexagones, terminés à chaque extrémité par une pyramide tétraèdre ; quelquefois aussi on obtient des octaèdres : ils paraissent formés de cinquante-trois par- Lies d'eau et de quarante-sept de baryte ; ils fondent dans leur eau de cristallisation à une température peu élevée, et se dissolvent dans dix-sept parties et \ d'eau froide. L'iode agit sur l'eau de baryte comme sur l'eau de chaux. P. E. Une goutte d'acide sulfurique versée dans une dis- solution très-étendue de baryte la trouble sur-le-champ, et ne tarde pas à y former un précipité blanc de sulfate de Baryte insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique, ce qui n'arriverait pas avec une faible dissolution de strontiane. Les oxides de carbone, de phosphore et d'azote sont sans action sur la baryte. Les acides , au contraire, se combinent tous avec elle, et donnent des sels dont nous nous occu- perons après avoir fait l'histoire du deutoxide. La baryte est formée, suivant M. Berzelius, de 100 par- ties de barium et de 11,732 d'oxigène. Schéele en fit la découverte en 1774* Elle n'est employée que dans les la- boratoires de chimie, comme réactif. Son action sur l'éco- nomie animale est très-meurtrière; elle est rapidement absorbée lorsqu'on l'applique sur le tissu cellulaire, agk sur le système nerveux, et ne tarde pas à déterminer la mort. 2o5. Deutoxide de barium. Il est constamment le pro- duit de l'art; sa couleur est grise verdàtre ; il est caustique, et verdit le sirop de violette ; si on le chauffe fortement, *1 se décompose en oxigène et en protoxide. Tous les corps simples non métalliques , excepté l'azote, le décomposent à une température élevée, lui enlèvent une portion de son oxigène, et le transforment en protoxide (baryte). Que 248 PREMIÈRE PARTI F.. l'on fasse chauffer, par exemple , ee deutoxide avec du gaz hydrogène, il y aura dégagement de chaleur et de lumière , absorption du gaz et formation d'un hydrate de' protoxide ; d'où il suit que l'hydrogène s'est combiné avec une portion d'oxigène du deutoxide pour former de l'eau, qui s'est unie au protoxide résultant. L'eau, à raison de son affi- nité pour le protoxide de barium, agit sur lui de la même manière, avec cette différence que le gaz oxigène aban- donné par le deutoxide se dégage. Ces caractères suffisent pour distinguer ce corps de tous les autres. Il est sans usages. Les deux oxides de barium agissent sur la silice comme la strontiane. Des Sels de baryte. 206. Les sels de baryte sont formés par un acide et par le protoxide de barium ( baryte) ; le deutoxide ne peut se com- biner avec les acides sans se transformer en protoxide. Les sels de baryte solubles dans l'eau précipitent en blanc par les sous-carbonates dépotasse, de soude ou d'am- moniaque; le carbonate de baryte déposé est indécom- posable par la chaleur seule , mais il se décompose parfai- tement si on le fait chauffer avec du charbon, et donne de la baryte ; l'acide sulfurique et les sulfates solubles y font également naître un précipité de sulfate de baryte blanc, insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique. Aucun de ces sels ne colore en pourpre la flamme d'une bougie. 207. Sous-borate de baryte. 11 est le produit de l'art, ne se dissout pas dans l'eau, et n'est d'aucune utilité. 208. Sous-carbonate de baryte. Ce sel se trouve en .Angleterre, dans la haute Styrie , en Sibérie et dans le pays de Galles ; il est tantôt sous la forme de masses cel- luleuses ou rayonnées, tantôt translucide et d'un gris jaunâtre. Il est indécomposable par le feu, insoluble dans DES SELS DE BARYTE. 24g l'eau et inaltérable à l'air. Il est sans usages. Introduit dans l'estomac , il .se transforme, à la faveur de l'acide con- tenu dans les voies digestives, en acétate ou du moins en un sel soluble, et agit comme la baryte. r>.(H). Sous-phosphate de baryte. Ce sel est un produit de l'art; il est insoluble dans l'eau, inaltérable à l'air, et sans usages. 210. Phosphite de strontiane. On ne trouve jamais ce sel dans la nature : comme les phosphites de chaux et de strontiane , il est peu soluble dans l'eau , et donne, par l'évaporation, de petits cristaux de sous-pho->phite de ba- ryte insoluble, et du phosphite acide soluble qui cristal- lise plus difficilement. (Dulong.) Il est sans usages. 211. Hypo-phosphite de baryte. Il est constamment le produit de l'art; il est très-soluble dans l'eau, et ne cris- tallise que très-difficilement. Il est sans usages. 212. Sulfate de baryte. Il se trouve assez abondamment dans la nature; on le rencontre en France dans les dépar- temens du Puy-de-Dôme et du Cantal, en Hongrie et près de Bologne; tantôt il est cristallisé, tantôt il est en masses compactes, tuberculeuses ou sous la forme de rognous, 11 est insoluble dans l'eau , insipide, inaltérable à l'air , et sus- ceptible de fondre lorsqu'il est fortement chauffé. Il se dissout dans l'acide sulfurique concentré", et le solutum est décomposé par l'eau , qui s'empare de l'acide et pré- cipite le sulfate ; on peut, en évaporant cette dissolution , en obtenir des cristaux. Mêlé avec de l'eau et de la farine , il peut former une pâte que l'on réduit en gâteaux minces, et qui a la propriété de luire dans l'obscurité lorsqu'on l'a chauffée jusqu'au rouge: on la désignait autrefois sous le nom de phosphore de Bologne. On ignore quelle est au juste la composition du produit de cette calcination , ainsi que la cause de sa phosphorescence. On emploie ce sel pour préparer la baryte, et connue fondant dans les fou- 25o PREMIÈRE PARTIE. deries de cuivre de Birmingham. En Angleterre, on s'en sertcommemort aux rats. Nous l'avons souvent fait prendre à des chiens à la dose de deux onces sans qu'ils aient éprouvé la moindre incommodité. 213. Sulfite de baryte. Il est insoluble dans l'eau, in- sipide, sans usages, et ne se trouve jamais dans la nature. 214. Iodate de baryte. Ce sel est constamment le pro- duit de l'art ; il est sous la forme pulvérulente ; il ne fuse point sur les charbons ; il fait seulement apercevoir quel- quefois une légère lueur ; il est décomposé par le feu en oxigène, en iode, et en baryte sensiblement pure. Cent parties d'eau à 180 n'en dissolvent que 3 parties; la même quantité d'eau bouillante en dissout 16 parties. Il est sans usages. 215. Chlorate de baryte. On ne le trouve pas dans la nature. 11 est sous la forme de prismes carrés , terminés par une surface oblique , et quelquefois perpendiculaire à l'axe du cristal ; sa saveur est piquante et austère ; il se dissout dans 4 parties d'eau à io°. Si après l'avoir des- séché on le chauffe jusqu'à ce qu'il soit entièrement dé- composé , on obtient les -^ de son poids d'oxigène : le résidu de cette décomposition est du chlorure de barium (muriate de baryte), plus de la baryte (Vauquelin). U est employé pour préparer l'acide chlorique. 216. Nitrate de baryte. On n'a jamais trouvé ce sel dans la nature. Il cristallise en octaèdres demi-transparens ; sa sa- veur est acre ; chauffé jusqu'au rouge dans un creuset, il décrépite , se décompose comme tous les nitrates , et se transforme en gaz oxigène, en gaz acide nitreux , et en baryte ou en deutoxide de barium. Douze parties d'eau à i5° en dissolvent une partie, tandis qu'il ne faut que 3 ou 4 parties d'eau bouillante. On s'en sert pour préparer la baryte , et comme réactif. 217. Nitrite de baryte. Il est peu connu ; on sait qu'il DES SELS DE BARYTE. 25l est" soluble dans l'eau, et qu'on ne le rencontre pas dans la nature. Il est sans usages. 218. Hydro-chlorate de baryte. Ce sel est un produit de l'art; il cristallise en prismes à quatre pans très-larges et peu épais, doués d'une saveur amère très-piquante. Pro- jeté sur les charbons ardens, il décrépite , se dessèche et finit par fondre : alors il se trouve transformé en chlorure de barium. ( Voyez pag. 2o5.) Suivant M. Gay- Lussac , il suffit de le faire évaporer et cristalliser pour opérer cette décomposition : dans ce cas , l'hydro-chlo- rate n'existerait qu'à l'état liquide. Il se dissout dans deux parties et demie d'eau à i5°, tandis qu'il n'en faut que deux d'eau bouillante ; on l'emploie dans les laboratoires comme réactif. L'hydro-chlorate de baryte est un des poisons les plus vio- lens ; appliqué sur le tissu cellulaire à la dose de quelques grains , il est rapidement absorbé , et détermine des convul- sions qui ne tardent pas à être suivies de la mort; il exerce, indépendamment de cette action, une irritation locale capable de produire l'inflammation des parties avec les- quelles il a été en contact. Le meilleur antidote de ce sel et des autres préparations de baryte est sans contredit la dissolution d'un sulfate, tel que celui de soude , de mag- nésie ou de potasse ; en effet, ces sels ont la propriété de décomposer tous ces poisons et de les transformer en sulfate de baryte insoluble qui est sans action sur l'économie ani- male. L'hydro-chlorate de baryte a été prôné par M. Craw- ford comme un excellent remède contre les scrophules : nous l'avons souvent employé et vu employer sans succès ; il peut cependant être utile dans quelques circonstances : on doit l'administrer à la dose de 4 5 6, 8 gouttes dans une tasse d'eau distillée. 219. Hydriodote de baryte. On n'a pas encore trouvé ce sel dans la nature. Il cristallise en prismes très-fins , 252 PREMIÈRE PARTIE. semblables aux piécédens. A une température rouge et t même au-dessous il est converti en iodure de barium : quoique irès-soluble dans l'eau, il n'est que faiblement déliquescent. Exposé à l'air , il se décompose en partie, et se transforme en hydriodate coloré par l'iode; il est évi- dent que l'oxigène de l'air s'empare de l'hydrogène de , l'acide hydriodique. Il est sans usages. 220. Sous-hydro-sulfate de baryte. Il est constamment le produit de l'art. Il cristallise en lames blanches, comme le sous hydro-sulfate de strontiane ; il se dissout beaucoup mieux à chaud qu'à froid , et se transforme en hydro-sul- fate neutre par l'addition d'une suffisante quantité de gaz acide hydro-sulfurique. Il est sans usages. 221. Fluate de baryte. On ne l'a pas encore trouvé dans la nature : il est insoluble dans l'eau, insipide et sans usages. M. Davy le regarde comme formé de phtore et de barium. Du Potassium. 222. Le potassium ne se trouve jamais pur dans la na- ture ; on le rencontre combiné avec l'oxigène dans certains sels et dans quelques produits volcaniques. Il est solide, très-ductile, plus mou que la cire : lorsqu'on le coupe on voit que la section est lisse, et qu'il est doué d'un grand éclat métallique qu'il perd par le contact de l'air; sa tex- ture est cristalline ; sa pesanteur spécifique est de o,865 à la température de i5°. 2a3. Si l'on chauffe le potassium placé dans de l'huile de naphte, il fond à la température de 58°, th. c. ; si on le met dans une petite cloche de verre et qu'on le chauffe jusqu'au rouge, il se volatilise et donne des vapeurs vertes. Mis en contact avec le gaz oxigène il s'en empare subi- tement, même à la température ordinaire; il passe d'abord DU POTASSIUM. 253 à l'état de protoxide bleuâtre, puis à l'état de deutoxide blanc; enfin il finit par se transformer en tritoxide d'un jaune verdàtre ; celte oxidation s'observe principalement à la surface du métal. Si on élève sa température jusqu'à le faire fondre, l'absorption de l'oxigène est rapide et se fait avec dégagement de calorique et de lumière; il en résulte du tritoxide de potassium. L'air atmosphérique agit sur lui à chaud, à-peu-près comme le gaz oxigène, mais avec moins d'énergie : il le fait passer à l'état de deuto-carbonate à la température ordinaire. 224. Lorsqu'on élève un peu la température du potassium, et qu'on l'agite dans du gaz hydrogène, on obtient un hydruro de potassium solide, gris, sans apparence métallique, in- flammable à l'air et au contact du gaz oxigène. Cet hydrure est sans usages. Suivant M. Sementini, on doit admettre deux autres composés d'hydrogène et de potassium; ils sont gazeux : le premier est le gaz hydrogène per-po- tassié; il est incolore, plus pesant que le gaz hydrogène, s'enflamme spontanément à l'air, exhale une odeur de lessive, et se transforme en eau et en deutoxide de potas- sium; il perd celte propriété au bout d'une heure parce qu'il laisse déposer un peu de potassium ; l'eau le change en gaz hydrogène proto - potassié. Ce dernier gaz ne s'enflamme que par l'approche d'une bougie allumée ; mais il fournit les mêmes produits que le précédent ; d'où l'on voit qu'il y a beaucoup d'analogie entre la manière dont ces deux gaz et les gaz hydrogène per et proto- phosphoré se comportent l'un par rapport à l'autre. ( Voy. S'38.) 225. Le bore et le charbon n'exercent point d'action sur le potassium. Le ''phosphore, chauffé avec ce métal dans des vaisseaux fermés, donne un phosphure caustique, terne, brun marron, et facile à réduire en poudre. On peut aussi combiner directement le soufre et le potassium au »54 PREMIÈRE PARTIE. moyen de la chaleur ; cette combinaison se fait avec un grand dégagement de calorique et de lumière; le sulfure qui en résulte est solide, d'une couleur jaune ou rougeâtre, semblable au foie de soufre fait par la voie sèche; cepen- dant lorsqu'on le met dans l'eau, il ne fournit pas de sul- fi:e sulfuré de potasse ; il passe seulement à l'état d'hydro- sulfate sulfuré. ( Voy. pag. 209. ) L'iode s'unit au potassium avec beaucoup de chaleur et avec dégagement de lumière ; l'iodure qui en résulte a une apparence nacrée et cristal- line; il paraît formé de 100 de potassium et de 319,06 d'iode. 226. Lorsqu'on agite le potassium dans un flacon plein de chlore gazeux, celui - ci est absorbé et solidifié, d'où il résulte qu'il y a dégagement de calorique et de lumière. 11 se forme du chlorure de potassium. Ce chlorure, appelé jusque dans ces derniers temps muriate de potasse, est solide, blanc, fusible, soluble dans trois parties d'eau froide et dans deux parties d'eau bouillante ; ainsi dissous il esta l'état d'hydro-chlorate. L'azote est sans action sur le potassium, en sorte que l'on peut très-bien conserver ce métal si oxidable dans ce gaz ; cependant il existe une combinaison d'azote, d'ammoniaque et de potassium que l'on prépare par des moyens particuliers. Si l'on introduit un peu d'eau dans une éprouvette pleine de mercure , renversée sur la cuve de ce métal, et qu'on y fasse entrer un petit fragment de potassium, la décomposition de l'eau aura lieu dans l'instant même où le métal sera en contact avec elle ; le gaz hydrogène sera mis à nu , et le potassium, en s'emparant de l'oxigène, passera à l'état de deutoxide susceptible de verdir le sirop de vio- lette. Si au lieu de faire réagir ces deux corps sans le contact de l'air, on jette quelques fragmens de potassium dans une terrine pleine d'eau, le métal tourne, s'agite en tous sens, court à la surface du liquide, le décompose et fait une DU POTASSIUM. 255 petite explosion. Il se dégage assez de chaleur dans cette expérience pour que le gaz hydrogène qui provient de la décomposition de l'eau s'enflamme. Les oxides de carbone, de phosphore et d'azote, sont décomposés, à une tempéra- ture élevée, parle potassium, qui s'empare de leur oxigène et passe à l'état d'oxide. Les acides solides et gazeux, parfaitement desséchés, formés par l'oxigène et par un corps simple, lels que les acides borique , phosphorique , sulfureux , etc. , sont décomposés en totalité ou en partie , à une tempéra- ture élevée , par le potassium , qui leur enlève tout l'oxi- gène qu'ils renferment. Il en résulte des produits va- i iables : l'acide borique, par exemple, donne du bore et du sous-borate de deutoxide de potassium ; avec l'a- cide carbonique on obtient du carbone et du deutoxide de potassium; l'acide phosphorique fournit du deutoxide de potassium phosphore si le potassium est en excès; dans le cas contraire, du phosphate de deutoxide de potassium et du phosphore ; le gaz acide sulfureux transforme le potassium en deutoxide et le soufre est mis à nu ; le gaz acide nitreux donne du deutoxide de potassium et du gaz azote, etc. Si les acides formés par l'oxigène contien- nent de l'eau, celle-ci est décomposée, même à la tem- pérature ordinaire, et il se forme du deutoxide de potas- sium hydraté (potasse), qui se combine avec l'acide non décomposé. Les gaz acides hydro-chlorique, hydriodique et hydro- sulfurique sont décomposés à chaud par le potassium ; l'hydrogène est mis à nu, tandis que le chlore, l'iode ou le soufre forment avec le métal un chlorure , un iodure ou un sulfure : ce dernier absorbe, à la vérité, une quantité variable d'acide hydro-sulfurique. Si l'on met peu à peu l'acide hydro-phtoiiijue liquide sur du potassium,-Teau qu'il renferme est décomposée ; le gaz hydrogène se dé- 256 PREMIÈRE PABTIE. gage, et il se forme de l'hydro-phtorate de deutoxide dé potassium ; la quantité d'hydrogène et de calorique dégagés est tellement grande et subite , qu'il y aurait une vive déton- nation si on employait beaucoup d'acide. Le potassium, à une température élevée, décompose le gaz phtoro-borique (fluo-borique ) , et il en résulte du bore et du phtorurede potassium. On ignore quelle est l'action de ce métal sur le gaz hydrogène carboné; il décompose à chaud le gaz hydrogène phosphore, met l'hydrogène à nu, et forme avec le phosphore un phosphure de couleur chocolat. En faisant fondre du potassium dans une petite cloche courbe de verre contenant du gaz ammoniac, on observe que celui-ci est en partie décomposé, et en partie absorbé; l'hydrogène de la portion décomposée est mis à nu , tandis que l'azote s'unit au potassium : c'est cet azoture de po- tassium qui, en absorbant le gaz ammoniac non décompo- sé , forme l'azoture ammoniacal de potassium d'une cou- leur verte. On ne connaît pas l'action de ce métal sur le calcium, le strontium ni le barium. Il est employé pour analyser plu- sieurs corps oxiiiés, et pour préparer l'acide borique. Il a été découvert par M. Davy. Des Oxides de potassium. Ces oxides sont au nombre de trois. 227. Le protoxide est constamment le produit de l'art 5 il est gris bleuâtre, terne, caustique, et verdit le sirop de violette. Chauffé avec le gaz oxigène , il s'enflamme et passe à l'état de tritoxide; cette oxidation a lieu même à froid, mais plus lentement. L'air atmosphérique, à la tem- pérature ordinaire , lui cède de l'oxigène et de l'acide carbonique, et le transforme en carbonate de deutoxide déliquescent. Il ne se dissout dans les acides qu'après avoir DES OXIDES DE POTASSIUM. 25j passé à l'état de deutoxide. Il est formé de ioo parties de potassium et de 10 parties d'oxigène. 228. Deutoxide de potassium (1). Ce deutoxide ne se trouve jamais pur dans la nature; on le rencontre toujours combiné avec des acides ou avec d'autres oxides métal- liques , comme dans certains produits volcaniques. Lors- qu'il a été convenablement purifié et fondu, il est solide, d'une belle couleur blanche, très-caustique et plus pesant que le potassium ; il verdit fortement le sirop de violette, et rougit la couleur du curcuma. Il fond un peu au- dessus de la chaleur rouge, et ne peut être décomposé à aucune température. On peut en séparer l'oxigène et le potassium à l'aide du fluide électrique de la pile, surtout si l'on ajoute un peu de mercure , qui tend à s'emparer du potassium. Le gaz oxigène le transforme en tritoxide de potassium à une haute température. L'hydrogène, le bore et le carbone n'exercent aucune action sur lui. Le phos- phore et le soufre s'y unissent, et donnent un oxide de potassium phosphore ou sulfuré, dont les propriétés sont analogues à celles du phosphure de chaux. Si l'on fait passer de la vapeur d'iode ou du chlore gazeux parfaitement sec à travers ce deutoxide chauffé jusqu'au rouge obscur, il est décomposé, et l'on obtient du gaz oxigène, et de l'iodure, ou du chlorure de potassium. Si l'on fait un mélange d'eau, d'iode et de ce deutoxide, l'eau se décompose ; il se forme de l'acide iodique et de l'acide hydriodique , qui, en se combinant avec le deu- toxide , donnent naissance à de l'iodate et à de l'hydriodate (1) Le deutoxide de potassium dont nous allons faire l'histoire est parfaitement sec, tandis que la potasse la plus pure et la mieux fondue contient toujours le quart de son poids d'eau j c'est ce qui lui a fait donner le nom d'hydrate de deutoxide de potassium {potasse ). 1. ij 258 PREMIÈRE PARTIE. dépotasse. L'eau saturée de deutoxide de potassium est également décomposée par le chlore ; son hydrogène forme avec ce corps de l'acide hydro-chlorique, tandis que son oxigène donne naissance à de l'acide chlorique, et l'on ©btient par conséquent du chlorate et de l'hydro-chlorate de potasse. (Voyez § 180. ) L'uzote est sans action sur le deu- toxide de potassium. L'air atmosphérique, à la température ordinaire, lui cède de l'eau et de l'acide carbonique, en sorte qu'il se forme du carbonate de deutoxide de potassium déliquescent ; mais si la température est élevée , il passe à l'état de tritoxide qui ne tarde pas à être décomposé par l'acide carbonique, et il se produit encore le même sel. L'eau est absorbée par ce deutoxide avec dégagement de chaleur, et il en résulte de l'hydrate de deutoxide de po- tassium ( potasse ) qui retient le quart de son poids d'eau lors même qu'il a été fondu. Le deutoxide de potssium sec est formé de ioo parties de potassium et de 19,94s d'oxigène. De la Potasse (hydrate de deutoxide de potassiumj. 229. La potasse jouit des mêmes propriétés physiques que le deutoxide de potassium ; elle fond au-dessous de la chaleur rouge. Chauffée à l'air, elle perd une portion de son eau, et passe à l'état de tritoxide. Le charbon, à une température rouge cerise , décompose l'eau qu'elle ren- ferme , et donne du gaz hydrogène carboné et du gaz acide carbonique qui s'unit à la potasse ; si la chaleur est rouge blanc, la potasse est également décomposée, et l'on obtient du gaz hydrogène carboné, du gaz oxide de carbone et du potassium. Si l'on chauffe du phosphore et de la potasse, l'eau que celle-ci renferme est décomposée, et il se forme de l'hydrogène phosphore et de l'acide phosphoreux ou phosphorique, qui s'unit avec l'alcali. DES OXIDES DE POTASSIUM. 25g 23o. Le soufre se combine avec la potasse à la chaleur rouge brun , et donne un oxide de potassium sulfuré solide, connu sous le nom de foie de soufre. Cet oxide sulfuré est d'une couleur brune ; il est dur, fragile , et vitreux dans sa cassure ; il est doué d'une saveur acre , caustique et amère ; il verdit le sirop de violette ; exposé à l'air, il en attire l'humidité, la décompose, devient jaune ou jaune verdàtre, et passe à l'état d'hydro-sulfate sulfuré de potasse, et de sulfite sulfuré. Il est très-soluble dans l'eau, et il éprouve subitement, de la part de ce liquide , la même altération que de la part de l'air ; d'où il suit qu'il ne peut exister qu'à l'état solide. ( Voyez § 178. ) Le sulfure de potasse doit être regardé comme un des médicamens les plus importans ; pris à petite dose, il aug- mente la chaleur générale et les sécrétions muqueuses, qui deviennent plus fluides ; il produit souvent des nausées, des vomissemens, etc. ; à la dose de deux ou trois gros , il r.git comme un des plus violens caustiques s'il n'est pas vomi ; il irrite, enflamme , ulcère et perfore les tissus du, canal digestif; par conséquent son administration exige beaucoup de prudence. Il est employé avec le plus grand succès dans une foule de maladies cutanées, dartreuses j psoriques et autres ; dans les scrophules , dans le croup , l'asthme et la coqueluche : la dose est de quatre , six cri huit grains , deux fois par jour. On l'administre rarement dissous dans l'eau, à cause de son odeur et de sa saveur désagréables. M. Chaussier a faitpréparer un sirop qui peut être très-avantageux : on dissout deux gros de ce sulfure dans huit onces d'eau distillée de fenouil; on filtre la dissolution, et on y ajoute quinze onces de sucre : une once de ce sirop contient six grains de sulfure. On peut aussi donner le sulfure de potasse dans du miel. On l'emploie souvent à l'extérieur; il fait la base du Uniment sulfureux antipsori- que de M. Jadelot; il sert à préparer les douches et les bains s.60 PREMIÈRE PARTIE. sulfureux; il suffit, pour cela, d'en faire dissoudre une partie sur mille parties d'eau. Navier l'avait proposé comme contre-poison des dissolutions d'arsenic, de plomb, de cuivre , de mercure, etc. ; mais nous avons prouvé que non-seulement il ne s'opposait pas aux effets de ces poi- sons, mais qu'il était dangereux de l'administrer, à raison de ses propriétés caustiques. L'expérience nous démontre chaque jour que l'hydro-sulfate sulfuré de chaux, obtenu en faisant bouillir parties égales de soufre et de chaux vive dans l'eau , peut remplacer à merveille celui de potasse dont nous venons de faire l'histoire, surtout pour les ap- plications externes ; son emploi devrait donc devenir plus général puisqu'il est moins dispendieux. Le sulfure de soude agit sur l'économie animale comme le sulfure de potasse, et peut être employé dans les mêmes circonstances et aux mêmes doses : c'est avec lui que l'on prépare les eaux artificielles de Barèges pour les bains. 231. La potasse absorbe l'eau avec dégagement de calo- rique et s'y dissout en très-grande quantité ; la dissolution est incolore, caustique, et très-difficile à faire cristalliser ; elle s'empare subitement du gaz acide carbonique de l'atmo- sphère, et se transforme en sous-carbonate. Les acides peuvent se combiner avec elle , et former des sels de po- tasse que nous examinerons après avoir fait l'histoire du tritoxide. Le potassium ramène la potasse à l'état de pro- toxide* 232. Lorsqu'on chauffe dans un creuset trois parties de potasse et une partie de silice divisée (sable fin), l'eau de la potasse se dégage, et l'on obtient une masse très-fusible, vitrifiable , déliquescente, et par conséquent très-soluble dans l'eau : cette dissolution de potassé silicée portait au- trefois le nom de liqueur de cailloux. Etendue d'une cer- taine quantité d'eau , et abandonnée à elle-même dans un vase fermé par une simple feuille de papier , elle est sus- DES OXIDES DE POTASSIUM. 261 ceptible de produire à sa surface et au bout de quelques années, une croûte transparente qui renferme de la silice cristallisée en pyramides tétraèdres groupées, parfaitement transparentes, et assez dures pour faire feu avec le briquet. (Seigling.) Si au lieu de trois parties de potasse et d'une de silice, on fait chauffer un mélange d'une partie de potasse et de trois parties de silice, on obtient une niasse fusible , transpa- rente, insoluble dans l'eau,etjnattaquable par l'air : cette masse est le verre. Nous indiquerons , en faisant l'histoire des préparations, celle que l'on doit suivre pour obtenir les diverses espèces de verre blanc, le cristal, les verres co- lorés , etc. ; nous devons maintenant nous occuper de l'ac- tion qu'exerce l'acide hydro-phtorique (fluorique) lors- qu'il est employé pour graver sur le verre. On met dans un petit vase de plomb le mélange propre à dégager cet acide (fluate de chauxet acide sulfurique) ; d'une autre part, on applique sur la lame de verre sur laquelle on veut gra- ver , une couche de mastic composé de 3 parties de cire et d'une partie de térébenthine ; aussitôt que cette couche est refroidie , on trace avec un burin le dessin que l'on se pro- pose d'obtenir ; pour cela on enlève une portion de mastic, afin de mettre à nu les parties du verre qui doivent donner ce dessin ; alors on recouvre avec la lame de verre le vase de plomb d'où se dégagent les vapeurs d'acide hydro-phto- rique y celui-ci n'attaque que les portions de verre décou- vertes ; il les dépolit et les décompose y on fait fondre le mastic pour le détacher , et l'on achève les traits du desrin avec le burin. Théorie. Si l'on considère l'acide fluorique comme un corps indécomposé , on. dira qu'il s'empare de la silice du verre, la dissout et se transforme en fluate acide de silice ; maïs si l'on regarde cet acide comme composé d'hydrogène et de phtore, on sera obligé d'admettre que son hydrogène se combine avec ro:àgène 262 PREMIÈRE PARTIE. delà silice pour former de l'eau, tandis que le phtore-, s'unissantau silicium, donne naissance à de l'acide phtoro- silicique. ( Voyez § i63. ) 233. L'alumine se dissout à merveille dans la dissolu- tion de potasse ; ce solutum, mêlé et agité avec celui de potasse silicée, ne tarde pas à donner une gelée consistante composée de silice et d'alumine ; si on la fait sécher et calciner à une très-forte chaleur , on obtient une espèce d'émail. La porcelaine , la poterie , les briques , les tuiles, etc., sont principalement formées par des composés de cette espèce , dans des proportions variables. On peut également combiner l'alumine et la potasse solides, en les faisant chauffer dans un creuset. En ajoutant de l'eau de chaux , de l'eau de baryte, ou de l'eau de strontiane au mélange de potasse silicée et de potasse aluminée, on obtient des précipités composés de silice , d'alumine et de chaux, ou de baryte, ou de stron- tiane. 234- La glucine se dissout très-bien dans la potasse ; il n'en est pas de même de la zircone, de l'yttria, de la mag- nésie , de la chaux , de la strontiane et de la baryte. 235. La potasse pure est composée de 100 parties de deutoxide de potassium et de 25 parties d'eau; elle est souvent employée dans les laboratoires comme réactif. Son action caustique est tellement forte qu'on ne l'emploie jamais en médecine; celle dont on se sert pour ouvrir les cautères, et qui, par cela même , porte le nom de pierre à cautère, contient : i° potasse pure ; 20 sous-carbonate, sulfate et hydro-chlorate de potasse ; 3° silice ; 4° oxide de fer et de manganèse. 236. Du tritoxide de potassium. Il est constamment le produit de l'art ; sa couleur est jaune verdàtre ; il est caus- tique et verdit le sirop de violette; tous les corps simples jion métalliques, excepté l'azote, le décomposent à une tem- DES SELS DE POTASSE. $63 pérature élevée, se combinent avec une portion de son oxigène, et le ramènent à l'état de deutoxide. L'eau, même à la température ordinaire , lui fait perdre une portion d« son oxigène , et se combine avec le deutoxide résultant, avec lequel elle a beaucoup d'affinité, comme nous l'avons déjà dit. Ces caractères suffisent pour distinguer ce corps de tous les autres. Il est sans usages» Des Sels de potasse. 237. Les sels de potasse sont constamment formés parle bereiner, le bore. Le borax, employé autrefois eu méde- cine comme fondant dans les engorgemens de la matrice, dans la suppression des règles, etc., n'est plus administré à l'intérieur. Il entre dans la composition des gargarismes détersifs, principalement du linctus ad aphtas, composé d'une once de sirop de mûres et d'un gros de borax. On emploie aussi quelquefois sa dissolution pour toucher les ulcères rongeans, les verrues, les condylômes. On peut s'en servir pour rendre la crème de tartre soluble. 267. Sous-carbonate de soude. Presque toutes les cen drcs des plantes qui croissent sur les bords de la mer, et parti- culièrement le salsola soda dé L., contiennent ce sel ; il entre pour beaucoup dans la composition du natron , pro- duit salin que l'on trouve dans quelques lacs d'Egypte , de Hongrie , etc. ; il constitue presque à lui seul l'urao , matière très-abondante , qui se trouve dans les eaux d'un lac de l'Amérique du sud ( province de Maracaybo ) ; on le rencontre efïleuri sur les murs de plusieurs souter- rains; enfin , il existe dans quelques eaux minérales. U est solide, d'une couleur blanche ; sa saveur est acre , légèrement caustique ; il verdit le sirop de violette; convenablement évaporé , il fournit des cristaux qui sont des prismes rhomboïdaux, ou des pyramides quadrangu- laires appliquées base à base et à sommets tronqués. Ex- posés à l'air, ces cristauxs'effleurissent ; chauffés dans un creuset, ils éprouvent successivement la fusion aqueuse et la fusion ignée sans se décomposer , à moins quxon ne les mette en contact avec de la vapeur aqueuse. Deux par- ties d'eau à 1 o° suffisent pour en dissoudre une partie ; l'eau bouillante en dissout beaucoup plus : à une tem- pérature élevée le phosphore le décompose, s'empare de l'oxigène de l'acide carbonique, passe successivement k l'état d'acide phosphorique et de phosphate de soude, et le charbon est mis à nu. Il est susceptible d'absorber une assez &80 PREMIÈRE PARTIE. grande quantité de gaz acide carbonique qui sature la soude et lui fait perdre presque toute sa causticité. On ne l'emploie que dans les laboratoires et en médecine ; mais les diverses soudes d'Alicante, de Carthagène ,'de Ma- laga, deNarbonne (salicor),d'Aigue-mortes (blanquette), de Normandie ( varec), et celles que l'on prépare artifi- ciellement, le contiennent en plus ou moins grande quan- tité , et ont des usages nombreux. On se sert de ces soudes dans la fabrication du savon dur, du verre, pour couler les lessives et pour diverses opérations de teinture. On em- ploie particulièrement la soude de varec pour préparer Viode j on l'administre en médecine dans les mêmes circons- tances que le sous-carbonate de potasse ; mais on le donne ordinairement à l'état solide avec des extraits à la dose de 6, 8 , 10 ou 12 grains par jour. 268. Carbonate de soude. Son histoire est la même que celle du carbonate dépotasse. ( Voyez pag. 264. ) 269. Sous-phosphate de soude (sel microscomique ou fu- sible , sel admirable perlé ). Ce sel se trouve dans l'urine , dans le sérum du sang, et dans quelques autres matières animales. Il cristallise en rhomboïdes oblongs, ou en pris- mes rhomboïdaux , ou en petites lames brillantes et na- crées ; il est blanc , doué d'une faible saveur salée , nul- lement amère ; il verdit le sirop de violette ; il s'effleurit rapidement à l'air et se dissout très-bien dans l'eau. Trois parties de ce liquide en dissolventune partie à la température ordinaire ; l'eau bouillante en dissout beaucoup plus. Les acides sulfurique, nitrique et hydro-chlorique s'emparent d'une portion de la soude qu'il renferme, et le transfonnent en phosphate acide de soude. Chauffé dans un creuset, il éprouve successivement la fusion aqueuse et la fusion ignée, et donne un verre opaque et laiteux. Il est employé dans les laboratoires pour préparer les divers phosphates inso- lubles , et en médecine , comme purgatif ; on l'administre DES SELS DE SOUDE. 28l ordinairement à la dose d'une ou de deux onces dans une pinte de bouillon aux herbes : cette boisson purge très-bien, et n'est point désagréable. 270. Phosphate acide de soude ( acide perlé de Bergman, acide ourétique de Morveau). Il est le produit de l'art. On peut l'obtenir en écailles fines , semblables à l'acide bo- rique hydraté ; il est plus soluble dans l'eau que le précé- dent et cristallise moins facilement. Il n'a point d'usages. 271. Phosphite de soude. Il est constamment le produit de l'art, très-soluble dans l'eau, et cristallise en rhomboïdes voisins du cube. Il est sans usages (Dulong). 272. Hypo-phosphite de soude. Son histoire est la même que celle de l'hypo-phosphite de potasse , excepté qu'il est moins déliquescent. 273. Sulfate de soude (sel de Glauber, sel admirable, soude vitriolée, alcali minéral vitriolé ). On rencontre ce sel dans certaines eaux de source, par exemple, à Dieuze, à Château-Salin , etc., dans les cendres des plantes marines, enfin combiné avec le sulfate de chaux , en Espagne. Il est sous la forme de prismes à six pans, cannelés, termi- nés par un sommet dièdre, transparens, excessivement dia- phanes , d'une belle couleur blanche, doués d'une saveur amère, fraîche, salée, efflorescens et très-solubles dans l'eau. Trois parties de ce liquide à 15° dissolvent une partie de ce sel, tandis que l'eau bouillante en dissout un peu plus que son poids : d'où il résulte qu'il doit se former des cris- taux par le refroidissement de la liqueur. Cependant si la dissolution , ainsi saturée et bouillante, est enfermée dans un tube de verre d'où l'on ait chassé l'air , elle ne cris- tallise plus, lors même qu'elle est agitée ; mais il suffit d'y faire entrer une bulle d'air ou d'un gaz quelconque pour que la cristallisation ait lieu ; on ignore quelle peut être la cause de ce phénomène. Chauffé dans un creuset, le sulfate de soude éprouve successivement la fusion S§2 PREMIÈRE PARTIE. aqueuse et la fusion ignée ; si on le refroidit après l'avoir fondu,il a l'aspect d'un émail. On l'emploie pour préparer la soude artificielle , et, suivant Gehlen , on peut s'en ser- vir avec avantage dans la fabrication du verre. On l'ad- ministre en médecine comme purgatif, à la dose d'une once ou d'une once et demie, dans trois verres de bouillon aux herbes ou d'une autre tisane; il est très-usité , comme apéritif et fondant, dans les maladies cutanées , dans les jaunisses de longue durée, etc. 274. Sulfite de soude. Ce sel est un produit de l'art ; on l'obtient cristallisé en prismes transparens à quatre ou à six pans , plus larges les uns que les aulres , terminés par un sommet dièdre, d'une saveur fraîche et sulfureuse , efflo- rescens, se dissolvant dans 4 parties d'eau à i5° , tandis que l'eau bouillante en dissout'plus que son poids. Chauffé, il éprouve la fusion aqueuse et se décompose. Il est sans usages. 275. Iodate de soude. On n'a pas encore trouvé ce sel dans la nature; il cristallise en petits prismes, ordinaire- ment réunis en houppes ou en petits grains qui paraissent cubiques. Il fuse sur les charbons ardens ; si on le chauffe jusqu'au rouge obscur , il se décompose. Centparties d'eau à i4° j en dissolvent 7,3 ; il est inaltérable à l'air; la soude le transforme en sous - iodate qui cristallise en petites aiguilles soyeuses, réunies en houppes. Ce sous-ic- date peut pourtant être obtenu en mettant de l'iode dans une dissolution de soude ; alors il est sous la forme de prismes hexaèdres, coupés perpendiculairement k leur axe ( Gay-Lussac ). II est sans usages. 276. Chlorate de soude ( muriate sur-oxigéné de soude ). Il est constamment le produit de l'art : il ne cristallise que lorsque sa solution a une consistance presque siru- peuse ; les cristaux qu'il fournit sont des lames carrées , d'une saveur fraîche et piquante , non déliquescens et très- DES SELS DE SOUDE. «83 solubles dans l'eau ; ils fusent rapidement sur les char- bons allumés, produisent une lumière jaunâtre , et se fon- dent en globules. Chauffé dans une cornue , ce sél fournit beaucoup de gaz oxigène mêlé d'un peu dé chloré , et se transforme en chlorure de sodium sensiblement alcalin; (Vauquelin.) 277. Nitrate de soude. Il est constamment lé produit de l'art ; on l'obtient cristallisé en prismes rhomboïdàuX inco-* lores, d'une saveur fraîche, piquante et amère, légèrement déliquescens, solubles dans 3 parties d'eau à i5°, tandis que l'eau bouillante en dissout à-peu-près son poids; il est moins fusible que le nitrate de potasse. Il est sans usages. 278. Nitrite de soude. Il est peu connu ; on sait qu'il est soluble dans l'èau > et qu'on ne le rencontre pas dans la nature. 11 n'est pas employé. 279. Hydro-chlorate de soude (muriate dé soudé, sel de cuisine, sel gemme, sel commun, sel gris). On le rencontre abondamment dans les eaux de la mer,défcertainS lacs et d'un très-grand nombre de sources ; on en trouve des masses en Pologne, en Hongrie , en Russie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, etc.; dans ces cas, il est presque toujours coloré en jaune , en rouge , en brun, en violet, etc. Il cristallise en cubes qui, suivant M. Gây- Lussac, sont formés de chlore et de sodium. (Vôy. pag. 204 •) Il a une saveur fraîche, salée ; il est inaltérable à l'air lors* qu'il est pur ; chauffé, il décrépité , fond un peu au- dessus de la chaleur rouge , et se transforme en chlorure. ( Voy. pag. 2o5. ) Une partie d'eau à i5° en dissout 2 par* ties et demie ; il n'est guère plus soluble dans l'eau bouil- lante. On l'emploie pour saler les viandes et les mets , pour préparer la soude artificielle, l'acide hydro-chlo- rique, le chlore, le sel ammoniac ; on s'en sert aussi comme engrais , comme vernis pour certaines poteries, etc. On l'administre en médecine comme fondant, à la dose d'un 284 PREMIÈRE PARTIE. gros ou d'un gros et demi dans une pinte d'eau ; il a été utile dans les engorgemens du foie, delà rate, du mésen- tère, et dans une foule d'affections scrophuleuses, dans les maladies cutanées, etc. Nous l'avons vu quelquefois réussir, sous la forme de lavemens , dans les douleurs rhumatis- males des lombes. 280. Hydriodate de soude. Il est constamment le produit de l'art ; on l'obtient cristallisé en prismes rhomboïdaux y aplatis , striés et assez volumineux. Il est très-déliques- cent. Cent parties d'eau à 140 en dissolvent 173 ; chauffé dans un creuset, il fond, devient un peu alcalin, et se transforme en iodure de sodium , suivant M. Gay-Lussac. Il est sans usages. 281. Hydro-sulfate de soude. Il cristallise moins facile- ment que l'hydro-sulfate de potasse ; du reste son histoire est la même. 282. Hydro-phtorate de soude ( fluate ). Ce sel est un produit de l'art ; il est sous la forme de petits cristaux très- durs , inaltérables à l'air, peu sapides , plus solubles dans l'eau chaude que dans l'eau froide ; il décrépite lorsqu'on le chauffe, et fond au-dessous de la chaleur rouge ; ainsi fondu , il est transformé en phtorure de potassium. Il est sans usages. On trouve dans le Groenland un produit que l'on a ap- pelé fluate d?alumine et de soude, qui est sous la forme de masses translucides , d'un blanc laiteux et d'une cassure lamelleuse ; il est insoluble dans l'eau, mais ce liquide le rend transparent ; il est très-fusible et n'a point d'usages. Ce corps paraît être formé de phtore , d'aluminium et de sodium. Des Sels ammoniacaux. Les sels ammoniacaux étant les seuls qui ne soient pas composés d'un acide et d'un oxide métallique, devraient DES SELS AMMOSIACAUX. 285 faire une classe à part ; cependant nous les rangeons ici pour ne pas interrompre la série des sels formés par les alcalis, et pour nous conformer à l'usage généralement reçu de faire leur histoire après celle des sels de potasse et de soude. 283. Les sels ammoniacaux sont en général solubles dans l'eau ; leurs dissolutions ne sont pas précipitées par les sous- carbonates de potasse , de soude et d'ammoniaque, ni par les hydro-sullates, ni par le prussiate de potasse ( hydro- cyanate ) ; comme ceux à base de potasse , ils sont tous pré- cipités en jaune serin nax Y hydro-chlorate de platine (voy. § 237 ) ; ils se troublent aussi comme eux lorsqu'on les agite avec une dissolution concentrée de sulfate acide d'alumine et forment de l'alun ; triturés avec de tapotasse, de la soude, de la chaux , de la baryte ou de la strontiane, ils sont décomposés et laissent dégager de l'ammoniaque facile à re- connaître à son odeur. Quelques-uns d'entre eux sont très- volatils; mais la majeure partie sont décomposés par le feu. 284. Sous-borate d'ammoniaque. Il est constamment le produit de l'art ; il a une saveur acre, piquante, urineuse j il verdit le sirop de violette ; on peut l'obtenir cristallisé ; ses cristaux brunissent à l'air et perdent leur forme ; ils se décomposent à une chaleur rouge et laissent dégager toute l'ammoniaque; ils se dissolvent beaucoup mieux dans l'eau chaude que dans l'eau froide. Ce sel est sans usages. 285. Sous - carbonate d'ammoniaque ( alcali volatil concret , sel volatil d'Angleterre ). On ne le trouve que dans certaines matières animales pourries ; il se développe quelquefois dans l'urine soumise encore à l'influence de la vie ; nous avons vu chez deux individus atteints d'ic- tère symptomatique, cette liqueur excrémentitielle , loin d'être acide, contenir du sous-carbonate d'ammoniaque au moment même où elle était rendue. Ce sel est solide et «ous la forme de petits cristaux qui imitent en se réunissant 286 PREMIÈRE PARTIE. les feuilles de fougère ou les barbes d'une plume ; il a une saveur caustique , piquante , urineuse ; son odeur est am- moniacale ; il verdit le sirop de violette ; il est tellement volatil, qu'il se transforme en gaz lorsqu'on l'expose à l'air à la température ordinaire , et à plus forte raison lorsqu'on le chauffe dans une cornne, ou qu'on cherche à le dissoudre dans de l'eau bouillante; d'où il suit qu'il ne peut être dissous dans ce liquide à la température de l'ébul- lition. Deux parties d'eau à io° en dissolvent une partie, et beaucoup plus si elle est à 4o° ; cette solution, évaporée avec ménagement, fournit des cristaux octaédriques ; elle peut absorber du gaz acide carbonique et se transformer en carbonate ; elle dissout à merveille les sous-carbonates de zircone, d'yttria et de glucine, et les laisse précipiter lors- qu'on la fait bouillir. On emploie ce sous-sel comme réac- tif. Son action sur l'économie animale est à-peu-près la même que celle de l'ammoniaque, excepté qu'elle est moins forte. Peyrilhe le regardait à tort comme un puis- sant anti - syphilitique ; on l'a employé dans ces derniers temps avec succès dans le croup ; tantôt on l'a fait respirer pour provoquer la toux ; tantôt on l'a appliqué au cou comme rubéfiant; tantôt enfin on l'a administré à l'in- térieur. M. Réchou, qui s'en est servi souvent dans cette maladie, fait prendre de temps en temps , et par cuillerées, un sirop préparé avec une partie de ce sel et 24 parties de sirop de guimauve; il administre en même temps une boisson adoucissante ou de l'eau de chiendent pour étancher la soif, et il évite avec raison l'emploi des acides, qui décompose- raient le sous-carbonate. Indépendamment de l'adminis- tration dont nous venons de parler, M. Réchou applique sur les parties latérales et antérieures du cou , un mélange fait avec un gros de sous-^carbonate d'ammoniaque et deux onces de cérat ; il met sur ce mélange un sachet de cendre chaude, et il le renouvelle toutes les quatre heures ; la DES SELS AMMONIACAUX. 287 peau se couvre de boutons ; on éprouve un sentiment de prurit et de cuisson pendant deux ou trois jours ; l'épi- démie se détache et tombe promptement en desquama- tion. En général, on ne doit donner à-la-fois que 6, 8 ou 1 o grains de sous-carbonate d'ammoniaque à l'in- térieur ; car il agit comme un violent poison lorsqu'il est imprudemment administré. 286. Carbonate d'ammoniaque. Il est constamment le produit de l'art; il est inodore , suivant M. Berlhollet ; du reste, son histoire est la même que celle des carbonates de soude et de potasse. Il est sans usages. 287. Phosphate d'ammoniaque. On le trouve dans l'urine de l'homme, combiné avec le phosphate de soude, dans cer- tains calculs vésicaux, uni au phosphate de magnésie ; en- fin dans les concrétions intestinales des animaux. Il cris- tallise en prismes à quatre pans, terminés par des pyra- mides à quatre faces, ou en aiguilles ; sa saveur est salée , piquante et urineuse ; il est inodore ; il verdit le sirop de violette ; il est décomposé par le feu en ammoniaque qui se dégage, et en acide phosphorique qui se vitrifie si la tem- pérature est assez élevée ; cependant ce verre retient tou- jours un peu d'ammoniaque. Il est inaltérable à lair; quatre parties d'eau froide suffisent pour le dissoudre ; l'eau bouillante le dissout mieux. On l'emploie en miné- ralogie comme fondant ; il sert aussi dans la fabrication des pierres précieuses artificielles. 288. Phosphate ammoniaco - magnésien. Il se trouve dans quelques calculs de la vessie de l'homme , où il est souvent parfaitement cristallisé. Il est insipide , presque insoluble dans l'eau , inaltérable à l'air, et décomposable au feu. Il est sans usages. 289. Phosphate ammoniaco-de-soude (sel microsco- mique). Il existe dans l'urine , verdit le sirop de violette, se dissout très-bien dans l'eau, et peut être obtenu cristal- 288 PREMIÈRE PARTIE. lise; il s'effleurit à l'air, perd l'ammoniaque et se transforme en phosphate acidulé de soude. Il est sans usages. 290. Phosphite d'ammoniaque. Il est constamment le produit de l'art, très-solùble dans l'eau et sans usages (Dulong). 291. Hypo-phosphite d'ammoniaque. On ne le trouve jamais dans la nature. Il est excessivement soluble dans l'eau et dans l'alcool très-rectifié. Il est sans usagés. 292. Sulfate d'ammoniaque ( sel ammoniacal secret de Glauber). On ne le trouve qu'en petite quantité , combiné avec le sulfate d'alumine. Il cristallise en petits prismes hexaèdres, terminés par des pyramides à six faces , ou en lames , ou en filamens soyeux, ou en aiguilles , d'une sa- veur très-amère et très-piquante ; chauffé , il décrépite lé- gèrement ; il éprouve ensuite la fusion aqueuse, perd une portion d'ammoniaque, et se transforme en sulfate acide ; à une chaleur voisine du rouge cerise, il se décompose complètement, et ne donne que des produits volatils ; il se dégage du gaz azote, de l'eau formée aux dépens d'une portion de l'oxigène de l'acide sulfurique, et de l'hydro- gène de l'ammoniaque , et des vapeurs blanches de sulfite acide d'ammoniaque. Il est inaltérable à l'air, à moins que celui-ci ne soit très-humide : dans ce cas, il se ramollit un peu; il se dissout dans deux parties d'eau à i5°, et beau- coup plus dans celle qui est bouillante. On l'emploie, dans le commerce, pour préparer l'alun. 293. Sulfate ammoniaco-de soude. Il cristallise régu- lièrement , n'éprouve aucune altération à l'air, et décrépite légèrement lorsqu'on l'expose au feu ; sa saveur est un peu piquante et amère. (Link. ) 294. Sulfate ammoniaco-de-potasse. Suivant Link , on peut obtenir ce sel en saturant le sur-sulfate de potasse par l'ammoniaque. Il est en lames brillantes, d'une saveur amère , inaltérable à l'air. des sels Ammoniacaux/ agq 2g5. Sulfate ammoniaco-rhagnésien*. Il est constamment le produit de l'art ; ;il cristallise ordinairement en octaèdres d'une saveur acre et amère ; il est inaltérable à l'air, soluble dans l'eau., mais moins que chacun des sels dont il est composé; il éprouve, lorsqu'on le chauffe, la fusion aqueuse, et se décompose ensuite. Il est sans usages. 296. De l'Alun. L* composition de l'alun varie: tantôt ce sel est un sulfate acide d'alumine et dépotasse, tantôt un suifate acide d?alumine et d'ammoniaque, tantôt enfin et le plus souvent un sulfate acide d'alumine, dépotasse et d'ammoniaque : dans ce dernier cas, il constitue vérita- blement un sel triple : cette diversité dans sa composition nous engage à lui. conserver le nom d'alun. On ne le rencontre guère tout formé qu'en dissolution dans cer- taines eaux minérales et aux environs des volcans, prin- cipalement à la Solfatara ; mais on trouve très-abondam- ment du sous-sulfate d'alumine et de potasse; il eonsti-* tue des collines entières à la Tolfa, près de Civita«Vec- chia et à Piombino* * • !■ L'alun cristallise en octaèdres réguliers, transparens, incolores, et légèrement efflorescens ; quelquefois aussi on l'obtient en'cubes : il porte alors le nom d'alun cubique. Ce phénomène paraît- dépendre de ce qu'on a mis un excès dépotasse dans le liquide qui a cristallisé. L'alun octaé- drique a une saveur douceâtre et très - astringente j il rougit Yinfusum de tournesol. Chauffé, il fond très- facilement dans son eau de cristallisation et donne une masse connue autrefois sous le nom d'alun de roche. Si la température est plus élevée, il se boursouffle, perd son eau et devient opaque : il constitue alors l'alun calciné ou brûlé, que d'on emploie quelquefois comme corrosif, et qui, étant plus fortement chauffé, se décompose et donne du gaz oxigéné; du gaz acide sulfureux, de l'alumine et du sulfate de potasse si l'alun est à base de potasse; aucon- 1. 19 2QO PREMIÈRE PARTIE. traire , il ne laisse que de l'alumine s'il est à base d'amma- niaque, phénomène dont on se rendra facilement compte en se rappelant que le sulfate d'ammoniaque est entière- ment transformé par la chaleur en produits volatils. (Voyez Sulfate d'ammoniaque). L'alun se dissout dans quatorze ou quinze fois son poids d'eau à i5°, tandis qu'il n'exige pas même son poids d'eau bouillante ; s'il est à l'état d'alun calciné, il résiste long-temps à l'action de l'eau. Chauffé jusqu'au rouge avec du cîiarbon très-divisé, l'alun à base de potasse se décompose et se transforme en une matière connue depuis long-temps sous le nom de pyrophore de Homberg, qui parait formée de sulfure de potasse, d'alumine et de charbon ; d'où il suit que l'acide sulfu- rique a été décomposé par le charhon ( voyez Sulfates, page 200 ) : l'alun à base d'ammoniaque ne fournit pas ce produit, comme Schéele la prouvé. Le pyrophore est so- lide, d'un brun jaunâtre ou noirâtre, suivant qu'il a été plus ou moins chauffé; sa saveur est analogue à celle des œufs pourris. Il est inaltérable à. l'air sec j mais il prend feu à la température, ordinaire lorsqu'il est en contact avec Voir humide : dans, ce cas le sulfure de potasse s'empare de la vapeur aqueuse, la solidifie et s'échauffe; alors: le charbon et le soufre absorhent l'oxigène de l'air avec dégage- ment de calorique et de lumière et se transforment en gaz acide carbonique, en gaz acide sulfureux et en acide sulfurique; ce dernier se combine même avec une portion d'alumine et de potasse pour former de nouveau de l'alun. Traité par Y eau, le pyrophore est décomposé; le sulfure de potasse seul est dissous et transformé en hydro-sulfate sulfuré de potasse (voyez § a3o) , tandis que le char- bon et l'alumine restent à l'état pulvérulent. Il est égale-* ment décomposé par tous les acides ; la vapeur nitreuse ( gaz acide nitreux) lui cède facilement de l'oxigène etl'en-i flamme comme l'air. Le pyrophore n'est guère employé Des sels ammoniacaux. sçjt depuis que l'on a introduit l'usage des briquets phos- phoriques et des allumettes oxigénées. Si on fait bouillir une dissolution d'alun avec de Y alumine pure, il se précipite une poudré blanche,insipide, insoluble dans l'eau, inalté- rable à l'air et incristallisable, qui est connue sous le nom d'alun saturé de sa terre. L'alun a de nombreux usages : on s'en sert souvent comme mordant dans la teinture; il rend le suif plus dur, propriété qui le fait rechercher Dar lés chandeliers; il est employé pour passer les peaux et les pré- server des vers, etc. Il doit être regardé comme un excellent astringent dont on peut tirer parti dans les hémorrhàgîes abondantes, continues et passives, principalement dans celles de l'utérus ; dans les écoulemens atoniqués muqùéùx et séreux ; on l'administre à l'intérieur depuis un jusqu'à 8 grains par jour, associé à quelque extrait astringent ou dans une potion, et on augmente la dose jusqu'à un demi-gros, Un gros, etc. ; les' pilules teintes anti-liémorrhagiques d'Helvétius sont corn-posées d'alun et de sang-dragoù. Ou emploie quelquefois1 l'alun en injection ; il entré dans la composition de certains gargarismés toniques propres à raffermir les geneiVés et k faire cesser les angines catàrrh'âles et atoniqués; il fait aussi partie de quelques collyres. ' 297. Sulfite d'ammoniaque.On ne trouve pas cesel dans la nature; il cristallise en prismes hexaèdres terminés par des pyramides hexaèdres/ ou en tables carrées avec des bords taillésen biseaux, d'Une saveur fraîche ,J piquante et comme sulfureuse, s'hurrrectant à l'air et se transformant rapide^ ment eh sulfate d'ammoniaque beaucoup moins déliques- cent que le sulfite ; il est soluble dans son poids d'eau à 120, et beaucoup plus à" la température de ioo01; chauffé dans des vaisseaux fermés, il donne de l'èau j de l'ammoniaque, et passe à l'état de sulfite acide volatil; la magnésie le trans- forme , à la température ordinaire, en sulfite ammoniaco* magnésien. Ces deux sels sont sans usages. 292 PREMIÈRE PARTIE» 298. Iodate d'ammoniaque. Il n'existe pas dans la nature ; on l'obtient sous la forme de petits cristaux grenus. Chauffé sur une plaque de fer, ou mis sur les charbons ardens, il détonne avec sifflement et donne une faible lumière violette et des vapeurs d'iode. Il est sans usages. (Gay-Lussac. ) 299. Chlorate d?ammoniaque (muriate sur-oxigéné d'am- moniaque). Il est constamment le produit de l'art, et cris- tallise en aiguilles fines douées d'une saveur extrêmement piquante ; il paraît être volatil» Chauffé, il se décompose et donne du chlore, du gaz azote etfortpeude gaz oxigène ; il se forme en même temps de l'eau et de l'acide hydro-chlorique qui s'unità une portion d'ammoniaque non décomposée. Ces résultats sont faciles à expliquer, en admettant que l'acide chlorique, composé d'oxigène et de chlore, est entièrement décomposé, et que l'ammoniaque,formée d'hydrogène et d'azote, ne l'est qu'en partie. Il fulmine sur un corps chaud et produit une flamme rouge. Il est sans usages. ( Vauquelin. ) 3oo. Nitrate d'ammoniaque (nitrurn flammans). On ne le trouve pas dans la nature; il cristallise en aiguilles prismatiques ou en longs prismes à six pans, flexibles, satinés et cannelés, terminés le plus souvent par des py- ramides à six faces , doués d'une saveur fraîche, acre, pi- quante, urineuse , légèrement déliquescens et solubles dans deux parties d'eau à i5° : ce liquide , à la température de ioo°, peut en dissoudre deux foâs-son poids. Si on le chauffe dans une cornue de verre munie d'un tube re- courbé, propre à recueillir les gaz, il fond dans son eau de cristallisation, perd une portion d'ammoniaque, et se transforme en eau et en gaz protoxide d'azote. Théorie. Nous pouvons représenter les élémens de ce sel par : Oxigène -j- oxigène -f- azote = (acide nitrique y Hydrogène ••] -f- azote == (ammoniaque). Eau. Gaz protoxide d*azote. DES SELS AMMONIACAUX. 298 La majeure partie de l'oxigène de l'acide nitrique s'em- pare de l'hydrogène de l'ammoniaque , forme de l'eau ; tandis que les deux quantités d'azote appartenant à l'acide et à l'ammoniaque s'unissent avec l'autre portion d'oxi- gène de l'acide nitrique, et donnent naissance à du gaz protoxide d'azote, qui paraît pourtant contenir un peu d'azote, de deutoxide d'azote et de gaz acide nitreux. Si le nitrate d'ammoniaque est projeté dans un creuset rouge , il s'enflamme, se décompose , et donne de l'eau, du gaz azote et du gaz deutoxide d'azote ( gaz nitreux ). On n'emploie ce sel qu'à la préparation du protoxide d'azote. 3o i. Nitrate ammoniaco-magnésien. Il est constamment le produit de l'art ; il estmoins déliquescent et moins soluble que les sels qui le composent. Il est sans usages. 3o2. Nitrite d'ammoniaque. Il est peu connu , sohiblo dans l'eau, sans usages, et n'existe pas dans la nature. 3o3. Hydro-chlorate d'ammoniaque ( sel ammoniac ). On le rencontre dans l'urine de l'homme, dans la fiente des chameaux et de quelques autres animaux , aux envi- rons des volcans, dans quelques montagnes de la Tartarîe et du Thibet; enfin, dans quelques lacs. Il est solide, blanc , doué d'une saveur acre, piquante, urineuse ; il est un peu élastique, ductile et inaltérable à l'air. U se dissout dans un peu moins de 3 parties d'eau à 15°; l'eau bouillante en dissout beaucoup plus. En évaporant cette dissolution on obtient des prismes aiguillés , groupés comme les barbes d'une plume. Exposé à l'action du calorique, U fond et se sublime sous la forme de rhomboïdes si l'opération se fait lentement; dans le cas contraire, il se condense en une masse plus ou moins épaisse. Si après l'avoir pulvé- risé on le mêle avec une partie et demie de carbonate de chaux réduit en poudre, et qu'on introduise le mélang» dans une cornue de grès lutée, à laquelle on a adapté un long récipient en verre ou en terre, et qui est placée dans 294 PREMlÈnE PARTIE. un fourneau à réverbère, on remarque, en chauffant la cornue, que les deux sels se décomposent : l'acide car- bonique forme avec l'ammoniaque du sous - carbonate volatil qui se dégage sous la forme de vapeurs blanches, et dont on facilite la condensation dans le ballon en entou- rant celui-ci de linges mouillés : la chaux s'unit avec l'acide hydro-chlorique, passe à l'état d'hydro-chlorate , qui, à cette température, se décompose et se change en chlorure de calcium fixe ( muriate de chaux fondu ). Le sous-carbo- nate obtenu sera d'autant plus blanc que le sel ammoniac employé sera moins coloré. Un kilogramme de ce sel peut fournir 7 à 800 grammes de sous-carbonate d'ammoniaque. 3o4« Si l'on fait arriver du chlore gazeux dans une solution de sel ammoniac préparée avec une partie de sel et 20 par- ties d'eau, le chlore est d'abord absorbé ; quelque temps après la dissolution se trouble ; il se dégage une multitude dé petites bulles de gaz et il se forme des gouttes d'un li- quide oléagineux d'une couleur fauve, d'une odeur pi- quante, insupportable, dont la pesanteur spécifique est de i,653. Ce liquide a été découvert par M. Dulong; il est com- posé de chlore et d'azote; il est très-volatil et détonne avec la plus grande violence et avec dégagement de calorique et de lumière, lorqu'on l'expose à la température de 3o°, ou qu'on le met en contact avec du phosphore. Théorie de sa formation. Une portion de l'ammoniaque du sel employé est décomposée par le chlore qui s'empare de son hydrogène ; l'azote mis à nu s'unit à une certaine quantité de chlore et produit ce liquide détonnant. On ne pourrait pas l'obtenir si on se bornait à saturer de chlore une solution de sel ammoniac contenue dans une éprouvette, parce que ce sel le décompose. On doit disposer l'appareil de manière à ce que le chlorure soit séparé de la solution à mesure qu'il se forme. ( Voyez Préparations. ) 3o5. Si l'on introduit dans une cornue de verre parfaite- DES SELS AMMONIACAUX. 2

,.ioiJ.u:irir!;,o fiO Chauffé et mis en contact avec du chlcftè gazeux r il l'ab- sorbe , rougit, et se^ransforme en chlorure de manganèse squammeux, brillant, composé de 100 parties de manga- nèse et de 85 de chlore-j susceptible; de décomposer l'eau y et de passer, à l'état, de ;prote-hydi'Orchlorate soluble. Le manganèseestsans action sur l'azote'. ( >)/[,y, > Il dépomppser^ou, à toutes les températures et s'oxide; la décomposition- fie, ce^ liquide, s'opère att bout de .quel-r ques minutes,.même, à froid» si le,,métal est finement pulvérisé. Il n'agit point sur le gqa)ox-ide de carbone ; mais il enlève. l'oxigène au prçtoxidey d'azote, et. il exerce probablement la [même action sur le deutoxide d'a- zote. Il ne paraît point décomposer l'acide borique, On ignore comment il, agit sur le gaz acide carbonique ;;'il s'empare, de l'qxig^ de l'acide phosphorique aune tem- pérature élevée. Il ne décompose l'açidé sulfurique concen- tré qu'à l'aide de la chaleur ;, et il en résulte du gaz. acide sulfureux et du proto-sulfate de manganèse,*,On obtient le même sulfate en employant l'acide sulfurique affaibli ; mais dans ce cas l'e^u est décomposée, et par conséquent il y a dégagement de. gaz hydrogène. On ignore comment les acides sulfureux, ^iodique et, cAfonoue agissent sur ce mé- tal ; l'acide nitrique est en partie décomposé par lui, et le transforme en protoxide qui se dissout dans la portion 30jl PREMIÈRE PARTIE. d'acide non décomposée. Le gaz acide Irydro-chlorique eut également décomposé par ce métal à une température éle- vée; il se forme du chlorure de manganèse, et l'hydrogène est mis à nu. Si l'acide est dissous dans l'ean, celle-ci est décomposée ; le métal s'oxide pour se dissoudre dans l'a- cide, et l'hydrogène Se dégage à l'état de gaz. Le manganèse est sans usages. jr> >. f ,;:j!)'';: : Des Oxides de Manganèse. On connaît trois oxides de mangianèsei "0l 3i3. Protoxide. Il est le produit de Part'; il est vert quand il est see, mais il ne> tarde pits à passer au brun; sa conleur est blanche lorsqu'il est uni à l'eau ; il absorbe facilement le gaz oxigène et brunit; on peurle réduire ett oxigène et en manganèse au moyen du chalumeau à gafc de Brooks (Clarke ). Il se dissout dans les''acides sulfurique, hitvique et hydre^cnloriquè, et fërfné^djps sels. Il est com- posé , suivant M. Berzelius ,'de ]ioo parties de métal et de 28,1077 d'oxigène. Il n'a point d'usages; E"Ji'' 1 i 314» Deutoxide. On ne le trouve pas dans la nature ; il est d'unrouge btfùn, décomposable par la chaieur qui se produit au moyen' dti éhàiumeau de Brooks'( suivant M. Clarke) , «susceptible d'absorber dé l'oxigène et' dé passera l'état de tritoxide à une chaleur voisine du rouge brun; traité par l'acide sulfurique o« nitrique, il se déëèmjkise', se transforme en protoxide qui "se dissout dans les acîdés pour former du proto-Sulfate on dit proto-nitrate, et fJCn peroxide qui se précipite. L'acide hydro-chlorique est en partie décomposé par lui, etlé décompose ; l'hydrogène de l'acide se combiné avec une porticm'de l'oxigène du deutoxide podr former de l'eau ; le chlore se dégagé^'et lé protoxide résultant se dissout dans Tacide non décomposé. Il sest! formé , suivant M.Berzelïus^ de roô parties démétalet de 4^16 d'oxigénd On ne remploie qùè dans les laboratoires. "*. \ DU MANGANÈSE. 3o3 3i5. Tritoxide de manganèse. Cet oxide est très-ré- pandu dans la nature. Il existe sous la forme d'aiguilles brillantes dans le département de la Moselle, en Bohême, en Saxe, au Hartz ; sous la forme de masses près de Péri- gueux , dans le département des Vosges, près de Màcon, etc. ; il est rarement pur; les substances qui l'accompagnent le plus souvent sont les carbonates de chaux, de fer, la silice, quelquefois la baryte, l'eau et le fluate de chaux. Il est brun noirâtre , sans action sur l'air et sur le gaz oxigène ; il se transforme en deutoxide et en gaz oxigène au-dessus du rouge cerise, et, d'après M. Clarke, en man- ganèse et en oxigène s'il est exposé à l'action du chalumeau à gaz. Il est décomposé par le soufre à une température élevée, et il se forme du gaz acide sulfureux et du sulfure de manganèse. Il se dissout à froid dans l'acide sulfurique concentré ou peu délayé. Traké par l'acide hydro-chlorique, il passe à l'état de protoxide comme le précédent, et se dis- sout dans l'acide non décomposé. Schéele a prouvé le premier que lorsqu'on fait chauffer une partie de peroxide de manganèse avec 7 ou 8 parties de potasse, le mélange fond, et donne, au bout de 20 ou 25 minutes, une masse verte qu'il a appelée caméléon minéral. Cette masse, obtenue avee l'oxide de manga- nèse pur, n'est pas entièrement soluble dans Peau ; il y a toujours une quantité assez considérable d'oxide qui ne se dissout pas ; la portion dissoute donne au liquide une cou- leur verte; conservée dans des flacons fermés, cette liqueur passe au bleu et laisse déposer une poudre fine jaune. Si, lorsqu'elle est encore verte, on la mêle avec l'eau froide, ou, mieux encore, avec l'eau bouillante ou avec l'acide carbonique . le carbonate de potasse ou le sous-carbonate d'ammoniaque, elle passe au rouge et présente une série de couleurs qui sont dans l'ordredes anneaux colorés, savoir : le vert, le bleu , le violet, l'indigo, le pourpre et le rouge 3o4 PREMIÈRE PARTIE. ( M. Chevreul ). Si , quand elle est rouge , on la met eri contact avec l'air pendant quelques jours , elle devient incolore , et laisse déposer de l'oxide de manganèse noir; lorsqu'elle est verte ou rouge , les acides la rendent ton-- jours rose. Jusqu'à présent les chimistes ont pensé que le camé- léonétait composé dé potasse et d'un oxide de manganèse beaucoup moins oxidé que le peroxide■< dont on se sert pour le préparer ; ils ont même cru pouvoir expliquer les divers changemens qu'il éprouve à l'air en admettant que l'oxide peu,oxidé s'emparait de l'oxigène de ^atmosphère. Des.expériencesréçentes et inédites, faites par MM. Edwards et. Chevillqt, prouvent que cette opinion.est dénuée de fondement. Voici quelques-uns de leurs principaux ré- sultats : i°. Lorsqu'on chauffe dans un tube recourbé de la. potasse pure et du,'peroxide de manganèse également pur ,, et sans le contact de Y air ou du gaz oxigène, il ne se forme que peu ou point de caméléon vert. 2°. Si l'on chauffe dans une; petite cloché courbé , contenant du gaz oxigène , de la potasse caustique à l'alcool, et du peroxide de manganèse pur, le caméléon se forme de suite à une douçe^çhaleur ; il y a absorption de gaz oxigène , et l'eau de la,potasse se,.dégage, ; la quantité d'oxigène absorbé augmente jusqu'à, de; certaines limites, à mesure que l'on augmente la quantité de;peroxide de,;man^anèse (i). Le caméléon e$t donc. form,é, dé peroxide 4e manganèse , d'oxigène, de potasse et , il se forme, d'une part, du nitrate de potasse soluble et du sous-trito- carbonate de fer, qui se précipite et qui peut être dissous en totalité ou en partie par un excès de sous-carbonate de potasse ; la liqueur qui en résulte et qui est composée de nitrate de potasse -f- de sous-trito-carbonate de fer dissous par du sous-carbonate de potasse, portait autrefois le nom de teinture martiale alcaline de Stahl. Cette teinture ne tarde pas à laisser déposer une grande partie du sous- carbonate de fer qui entre dans sa composition. 356. Trito-hydro-chlorate acide de fer. Il est le produit de l'art; sa dissolution a une couleur jaune foncée, une saveur très-styptique, et fournit, par l'évaporation, de pe- tites aiguilles d'un jaune serin qui attirent l'humidité de l'air ; lorsqu'on les chauffe jusqu'au rouge, on obtient du gaz acide hydro-chlorique, des cristaux qui se subliment sous la forme de paillettes et qui paraissent être du chlorure de fer ; enfin un produit fixe formé probablement de chlore et de fer en d'autres proportions. Si au lieu de chauffer seul cet hydro-chlorate, on le mêle avec du sel ammoniac solide (hydro-chlorate) , il se sublime une matière jaunâtre, connue sous le nom de fleurs martiales ( ens martis) y qui est formée de sel ammoniac et d'une petite quantité de cblorure de fer.On ne l'emploie que dans la préparation de ces fleurs. 357. Propriétés médicinales du fer. Les préparations ferrugineuses doivent être regardées comme toniques , as- tringentes et apéritives ; elles déterminent la plénitude et la turgescence des vaisseaux , accélèrent la marche des humeurs, paraissent rendre la bile plus fluide , la couleur de la peau plus intense, et£. : aussi ne les emploie-t-on DES SELS DE FER. 331 jamais dans les maladies aiguës des individus pléthoriques, principalement de ceux qui ont des affections de poitrine ou qui sont sujets à l'hémoptysie. Elles sont très - utiles , i° dans les débilités d'estomac ; 20 dans les engorgemens scrophuleux ou laiteux des glandes; 3° dans certaines hy- dropisies passives et dans la plupart des leucophlegmaties ; 4° dans les hémorrhagies passives et dans les écoulemens atoniqués du vagin , de l'urètre , des intestins , etc. : ainsi le flux abondant des menstrues occasionné par le relâche- ment de l'utérus et la faiblesse de tous les organes .lesflueurs blanches, certaines diarrhées cèdent facilement à ces sortes de préparations ; 5° dans la chlorose , désignée par les auteurs sous le nom d'ictère blanc, où la vitalité de toutes les parties est singulièrement diminuée ; 6° dans l'ansemie ou privation de sang, maladie qui a beaucoup de rapport avec la précédente; 70 dans la suppression des règles pro- venant d'un défaut de ressort de la matrice; car elles seraient dangereuses dans le cas où il y aurait pléthore, pesanteur de la matrice , irritation, etc. ; 8° dans les vomissemens abondans et spasmodiques : elles sont inutiles lorsque ce symptôme dépend d'une affection organique du pylore, du foie, etc. ; 90 dans les affections vermineuses , suivant M. Alibert. Parmi les préparations dont nous venons de faire l'his- toire, les plus employées sont le deutoxide noir (éthiops martial), les safrans de mars astringent et apéritif (tritoxide et carbonate de tritoxide ), et les dissolutions de carbonate ou de sulfate de fer (eaux ferrugineuses artificielles) : les deux premières s'administrent depuis 4 jusqu'à 12 ou 18 grains, sous forme sèche, et associées à divers extraits ou à des conserves toniques. Les eaux ferrugineuses se compo- sent ordinairement avec 12 ou i5 grains de carbonate ou de sulfate de protoxide de fer, que l'on fait dissoudredans de l'eau privée d'air : on a soin d'opérer la dissolution du 332 PREMIÈRE PARTIE. carbonate à la faveur du gaz acide carbonique : l'eau ferrée est une préparation de ce genre. Des expériences récentes prouvent que la dissolution de 18 à 24 grains de sulfate de protoxide de fer dans une pinte d'eau, peut être excessi- vementutile pour faire cesser certaines fièvres intermittentes ; mais on ne doit jamais perdre de vue, dans l'administra- tion de ce médicament, qu'il est vénéneux quand il est donné à forte dose. M. Smith a fait voir qu'il détermine l'insen- sibilité générale et *la mort lorsqu'il est introduit dans l'estomac ou appliqué sur le tissu cellulaire à la dose de 2 gros. Les fleurs martiales de sel ammoniac sont adminis- trées en bols ou dans un bouillon, depuis 2 jusqu'à 12 grains ; on emploie aussi , mais rarement, l'hydro-chlorate de fer (muriate), et la teinture martiale alkaline de Stahl. On fait souvent usage de la limaille de fer. De l'Etain. L'étain se trouve en Allemagne , en Angleterre , à Banca, à Malaca ; il existe dans le département de la Haute- Vienne une mine d'étain assez riche pour pouvoir être exploitée avec succès ; du moins tels sont les résultats de l'analyse qui en a été faite par Descostils. L'étain se ren- contre toujours à l'état d'oxide ou à l'état de sulfure. 358. Il est solide, d'une couleur semblable à celle de l'ar- gent ; il est plus dur et plus brillant que le plomb ; il est assez malléable pour qu'on puisse en obtenir des lames minces ; mais il se tire mal en fil. Sa pesanteur spécifique est de 7,291 ; il a la singulière propriété de craquer lorsqu'il est plié, phénomène que l'on désigne sous le nom de cri de l'étain. Chauffé dans des vaisseaux fermés , il fond à 2 io°, et ne se volatilise pas ; mais s'il a le contact de l'air ou du gaz oxi- gène, il s'oxide avec dégagement de calorique et de lumière si la température est assez élevée. A froid, ces gaz n'agissent de l'étain. 333 pas sur ce métal, que nous supposons parfaitement pur ; car s'il contient du plomb , il ne tarde pas à être terni par leur contact. 35g. Le gaz hydrogène, le bore et lé carbone n'exercent aucune action sur lui. Le phosphore se combine avec l'étain, et donne un phosphure mou , de la couleur de l'argent, moins fusible que l'étain, susceptible de se transformer en acide phosphorique et en phosphate d'étain lorsqu'on le fait chauffer à l'air; il paraît formé de 82 parties d'étain et de 18 parties de phosphore. Le soufre s'unit directement avec l'étain et donne deux sulfures. Leproto-sulfure, formé de 100 parties de métal et de 27,2 de soufre, existe dans la nature combiné avec du sulfure de cuivre ; il est d'un gris noirâtre, brillant, cristallisable en lames, indécom- posable par le feu ; il peut absorber de la vapeur de soufre et passer à l'état de deuto-sulfure ; enfin, il est décomposé par l'air et par le gaz oxigène, qui le transforment en gaz acide sulfureux et en sulfate d'étain, ou en gaz acide sul- fureux et en oxide d'étain, suivant que la température est plus ou moins élevée. Le deuto-sulfure d'étain (or mussif), composé de 100 parties de métal et de 54,4 de soufre, ne contient pas d'oxigène. Il est le produit de l'art; chauffé dans des vaisseaux fermés, il donne du soufre qui se volatilise, et du proto-sulfure noir fixe; il ne se dégage pas un atome de gaz acide sulfureux; d'ailleurs, si ce deuto sulfure con- tenait de l'oxigène , comment pourrait - on l'obtenir en chauffant parties égales d'étain et de cinabre, corps com- posé seulement de soufre et de mercure ( MM. Berzelius et Gay-Lussac). L'iode se combine avec l'étain divisé, même à une température peu élevée ; l'iodure d'étain pul- vérisé est jaune orangé, sale ou d'un rouge brun, suivant les proportions d'iode et d'étain; il est très-fusible, décom- pose l'eau, et donne naissance à de l'acide hydriodique et à de l'oxide d'étain. 334 PREMIÈRE PARTIE. 36o. Si après avoir élevé la température de l'étain , on le met en contact avec du chlore gazeux, il rougit, s'empare du gaz et passe à l'état de deuto-chlorure (liqueur fumante deLibavius). Ce deuto-chlorure est liquide, transparent, et doué d'une odeur piquante très-forte ; il ne rougit pas le papier de tournesol parfaitement desséché. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il se volatilise et peut être distillé sans éprouver la moindre décomposition, pourvu qu'il ne contienne point d'eau ; car, s'il en contient, celle-ci se décompose ; son hydrogène forme avec le chlore de l'acide hydro-chlorique qui se volatilise, tandis que l'oxigène se combine avec l'étain et le transforme en deutoxide. Mis en contact avec l'air, ce liquide en absorbe rapidement la vapeur, la décompose, et passe à l'état de deuto-hydro- chlorate d'étain, qui se précipite sous la forme d'une fumée excessivement épaisse. Versé dans une grande quantité d'eau, il se dissout, la décompose, et le produit qui en résulte ne diffère pas du deuto-hydro-chlorate d'étain dont nous ferons l'histoire; s'il est mêlé avec très-peu d'eau , il s'y combine rapidement, cristallise, fait entendre un petit bruit, et il y a dégagement de beaucoup de calorique. Si on le fait bouillir avec de l'acide nitrique, celui-ci est dé- composé ; son oxigène se porte sur l'étain et forme de l'oxide qui se précipite, tandis que le gaz nitreux ( deu- toxide d'azote ) qui résulte de cette décomposition se dégage avec le chlore du chlorure, également décomposé. Le spiritus Libavii ne décolore pas le sulfate rouge de man- ganèse ; le chlore ne perd point la propriété de décolorer l'indigo en se dissolvant dans ce liquide ( M. Gay-Lussac ). Ce deuto-chlorure est formé, suivant M. John Davy, de ioo parties de chlore et-de 122 d'étain. Il doit être conservé dans des flacons à l'émeri, dont le bouchon soit enduk d'une légère couche d'huile ; sans cela on éprouve la plus grande difficulté à les déboucher. U existe encore un proto- bE l'étain. 335 chlorure d'étain que l'on peut obtenir en faisant chauffer de l'étain et du proto-chlorure de mercure (calomélas) ; il est solide, blanc, et se transforme en proto-hydro'-chlorate lorsqu'on le met dans l'eau ; il paraît composé de 62 parties de chlore et de 100 parties d'étain (John Davy). L'azote est sans action sur l'étain. L'eau est décomposée par ce métal dont la température a été élevée ; on obtient du gaz hydro- gène et du deutoxide d'étain. Il n'altère point le gaz oxide de carbone ; il enlève l'oxigène au protoxide d'azote, et il agit probablement de même sur le gaz deutoxide. Il n'altère point l'acide borique ; on ignore quelle est son action sur le gaz acide carbonique ; il s'empare de l'oxigène de l'acide phosphorique, pourvu que la tempé- rature soit assez élevée ; il n'agit pas à freid sur l'acide sulfurique concentré ; mais si on chauffe le mélange, il y a décomposition d'une portion de l'acide, dégagement de gaz acide sulfureux et production dé sulfate d'étain. On ne connaît pas l'action de l'acide sulfureux sur ce métal ; il en est de même de celle qu'exercent les acides iodique et chlorique. L'acide nitrique concentré agit sur lui comme sur le fer ; il le transforme en deutoxide blanc insoluble dans cet acide à chaud , et il y a production de nitrate d'ammoniaque. ( Voy. pag. 321. ) Si l'acide nitrique est un peu étendu d'eau et qu'on le fasse agir sur ce métal, il le fait passer à l'état de protoxide, qui se dissout en partie dans l'acide non dé- composé. L'acide nitreux est rapidement décomposé par l'étain. Chauffé avec du gaz acide hydro-chlorique, il s'em- pare du chlore, et met l'hydrogène à nu ; si l'acide hydro- chlorique est liquide, il décompose l'eau qui entre dans sa composition, se combine avec l'oxigène pour passer à l'état de protoxide d'étain , soluble dans l'acide hydro- chlorique , tandis que l'hydrogène se dégage : ce phéno- mène a même lieu à froid. Il décompose également le gaz acide hydro-sulfurique, se combine avec Je •soufre, et met 336 PREMIÈRE PARTIE. le gaz hydrogène à nu. Il n'exerce aucune action sur l'acide hydro-pthorique. L'étain peut se combiner avec plusieurs des métaux précédemment étudiés , savoir : i° avec le potassium ; 2° avec le sodium; 3° avec le fer. En faisant fondre 8 parties d'étain et une partie de fer, et en recouvrant le tout de verre pilé, on obtient un alliage cassant, fusible au-des- sous de la chaleur rouge, que l'on peut employer pour étamer le cuivre. Le fer-blanc doit être considéré comme une lame de fer dont toutes les surfaces sont combi- nées avec de l'étain, par conséquent comme un véritable alliage. L'étain est employé dans la préparation de l'alliage des cloches et des canons , de l'or mussif, de la potée et des divers sels d'étain ; on s'en sert pour étamer le cuivre, pour faire la soudure des plombiers, pour mettre les glaces au tain, etc. Il est regardé par plusieurs médecins comme vermifuge, et administré comme tel en limaille, à la dose de i, 2, 3,6 gros, dans quelques cuillerées d'un liquide anthelmintique : on l'a préconisé dans la lèpre ; enfin il entre dans la composition anti-hectique de Poterius, et dans le lilium de Paracelse. On a abandonné depuis long-temps les pilules anti-hystériques , joviales et au- tres , dont l'étain ou quelques-uns de ses sels faisaient la base. Des Oxides d'Etain. On connaît deux oxides d'étain. 361. Protoxide d'étain. Il est le produit de l'art; blanc lorsqu'il est uni avec l'eau , gris noirâtre quand il a été desséché ; indécomposable par le feu ; il absorbe facilement le gaz oxigène pur ou celui qui est contenu dans l'air, et passe à l'état de deutoxide : cette absorption a même lieu avec dégagement de#calorique et de lumière lorsque la tempe- DES OXIDES D'ÉTAIN. 33^ rature est assez élevée. Il ne peut point se transformer en carbonate à l'air. Traité par la potasse liquide, il se dis- sout ; la dissolution , filtrée et abandonnée à elle-même dans un flacon bouché, laisse précipiter, au bout d'un certain temps , de l'étain métallique, et se trouve contenir alors du deutoxide d'étain (Proust). Ces faits prouvent que le pro- toxide a été décomposé par la potasse , et transformé en deutoxide d'étain soluble dans l'alcali, et en étain métallique. Il n'a point d'usages. Il est formé , d'après M. Gay-Lussac, de ioo parties de métal et de i3,6 d'oxigène. Deutoxide d'étain. On le trouve souvent dans la na- ture ; il existe en Angleterre, en Espagne , en Bohême, en Saxe , à Banca , à Malaca , etc. Il est blanc , et ne passe pas au noir par la dessiccation ; il est fusible , indécompo- sable au feu, et ne peut plus absorber d'oxigène. Il se dis- sout très-bien dans la potasse ou la soude, au point que plusieurs chimistes le regardent comme un acide auquel ils donnent le nom d'acide stannique. Il est formé, suivant MM. Klaproth, Gay-Lussac et Berzelius, de ioo parties d'étain et de 27,2 d'oxigène. On se sert de l'oxide d'é- tain naturel pour extraire le métah II entre dans la com- position de la potée, préparation dont on se sert pour polir les glaces , et qui est presque entièrement formée de deutoxide d'étain et de protoxide de plomb. Des Sels formés par le protoxide d'étain. Les dissolutions salines d'étain peu oxidé, exposées à l'air, se troublent, absorbent de l'oxigène, et donnent un précipité qui est tantôt du deutoxide , tantôt un sous- sel au deuxième degré d'oxidation. Le chlore les transforme en dcuto-sels ( Voy. Action du chlore sur les sels de prot- oxide de fer). L'acide sulfureux est décomposépar elles, leur cède de l'oxigène , et il y a du soufre précipité. Les hydro- sulfates de potasse , de soude ou d'ammoniaque, et l'acide I. 2Î 338 PREMIÈRE PARTIE* hydro-sulfurique, les décomposent et en précipitent un hydro-sulfate de protoxide couleur de chocolat. La potasse f la soude ou l'ammoniaque, etc., y font naître un précipité blanc de protoxide, soluble dans un excès dépotasse et de soude; suivant quelques chimistes, ce précipité est com- posé de deutoxide d'étain et d'étain métallique (Voy. Prot- oxide d'étain). La cochenille y occasionne un précipité cramoisi pur; Yhydro-cyanate de potasse et de fer (prus- siate ) y fait naître un précipité blanc. 362. Proto-sulfate d'étain. Ce sel est un produit de l'art ; il est peu soluble dan s l'eau, et susceptible de donner, par une évaporation lente, des prismes longs et très-minces. Lorsqu'on le fait bouillir avec l'acide sulfurique concen- tré , il passe à l'état de deuto-sulfate ( Berthollet fils ). Il n'a point d'usages. 363. Proto-nitrate d'étain. On ne le trouve pas dans la nature. Il est ordinairement sous la forme d'un liquide jaunâtre , acide, incristallisable, que l'on peut transformer, par la simple évaporation, en deutoxide d'étain : dans ce cas l'acide nitrique est décomposé et cède l'oxigène au protoxide ; exposé à l'air il en absorbe l'oxigène, et il se précipite du deutoxide, phénomène qui dépend de ce que l'acide nitrique ne se trouve plus assez abondant pour tenir cet oxide en dissolution. Il est sans usages. 364. Hydro-chlorate de protoxide d'étain. Il est le pro- duit de l'art ; on l'obtient sous la forme de petites aiguilles planches, d'une saveur fortement styptique , rougissant l'infusum de tournesol, et très-solubles dans l'eau : exposé à l'air, il passe à l'état de sous-deuto-hydro-chlorate inso- luble. L'eau distillée ne trouble point cette dissolution pure ; mais si elle est mêlée avec l'hydro-chlorate de protoxide d'antimoine, elle est fortement précipitée par ce liquide, qui non-seulement décompose le sel d'anti- moine, mais qui précipite encore une grande partie de l'oxide d'étain , comme 1VI.. Thenard l'a prouvé. Les acides nitrique et nitreux sont décomposés parce sel à la tempéra- ture ordinaire; ils lui cèdent une portion de leur oxigène, et se transforment en gaz deutoxide d'azote ; la dissolution se trouble et passe à l'état de sous-deuto-hydro-chlorate d'étain insoluble. Les sels de fer très-oxidés sont aussi dé- composés par cette dissolution, et ramenés à un degré d'oxidation inférieur ; il en est de même de plusieurs au- tres préparations métalliques dont nous parlerons par la suite. L'hydro-chlorate de protoxide d'étain est rarement employé dans les arts ; celui dont on se sert ordinairement est un mélange de beaucoup de proto-hydro-chlorate et de sous-deuto-hydro-chlorate. On n'en fait plus usage en méde- cine; il agit comme les poisons irritans, et détermine la mort au bout de i5 à i8 heures, lorsqu'il est administré à la dose d'un gros ou un gros et demi. Le lait le décompose complètement et avec la plus grande rapidité, et doit être considéré comme son antidote. 365. Proto-hydro-sulfate d'étain. Il est le produit de l'art, d'une couleur semblable à celle du chocolat, inso- luble dans l'eau , insipide et sans usages. Des Sels formés par le deutoxide d'étain. Les sels solubles formés par le deutoxide d'étain étant sa- turés d'oxigène ne se troublent plus par leur exposition à l'air ni par leur mélange avec le chlore, l'acide sulfureux , les acides nitrique , nitreux , etc. ; les hydro - sulfates solubles en précipitent de l'hydro-sulfate d'étain jaune. La potasse, la soude et l'ammoniaque en séparent le deu- toxide , qui se dissout très-facilement dans un excès de po- tasse et de soude : la cochenille y êceasionne un précipité écarlate ; l'hydro-cyanate de potasse et de fer les préci- pite en blanc. 366. Deuto-sulfate d'étain. Il est le produit de l'art : on 340 PREMIÈRE PARTIE. l'obtient sous la forme d'un liquide acide et incristalli- sable : évaporé jusqu'en consistance sirupeuse, et traité par l'eau , il laisse précipiter une certaine quantité d'oxide. (Bethollet fils ). Il est sans usages. 367. Deuto-nitrate d'étain. Peu connu; il existe pour- tant , car le deutoxide d'étain se dissout à froid dans l'acide nitrique sans dégagement de gaz nitreux. Il serait impos- sible de le former à l'aide de la chaleur., le deutoxide étant insoluble dans l'acide nitrique à une température élevée. 368. Deuto-hydro-chlorate d'étain. Il est le produit de l'art. Comme le proto-hydro-chlorate, il a une saveur styp- tique, cristallise en petites aiguilles et rougit Yinfusum de tournesol ; il est déliquescent ; on s'en sert avec grand succès comme mordant dans la teinture écarlate. 369. On vend dans le commerce un sel d'étain que l'on emploie beaucoup dans les manufactures, et qui est composé de proto-hydro-chlorate, de sous-deuto-hydro-chlorate d'étain et d'un sel ferrugineux ; il diffère du proto-hydro-chlorate par les propriétés suivantes : l'eau distillée ne le dissout ja- mais entièrement, ce qui dépend de l'insolubilité du sous- deuto-hydro-chlorate qu'il contient; les hydro-sulfates de potasse , de soude et d'ammoniaque en précipitent une poudre noirâtre , tandis que le précipité qu'ils forment dans le proto-hydro-chlorate a la couleur du chocolat, etc. On se sert de ce sel d'étain dans les manufactures de porce- laine , pour faire le pourpre de Cassius ( voyez art. Or ) , et dans les fabriques de toiles peintes , comme nous le dirons par la suite. Des Métaux de la quatrième section. Les principaux caractères assignés par M. Thenard aux quatorze métaux compris dans cette classe (1) sont, i° de (1) Nous croyoïas devoir ajouter aux treize métaux compris DES MÉTAUX. 34l ne décomposer l'eau ni à chaud ni à froid ; 20 d'absorber l'oxigène à une température plus ou moins élevée ; 3° de donner des oxides irréductibles parla chaleur seule. Parmi ces métaux, cinq peuvent devenir acides en se combinant avec une suffisante quantité d'oxigène ; les autres ne jouis- sent pas de celte propriété. L'acide sulfurique agit sur eux à-peu-près comme sur les métaux de la troisième classe ; il en est de même de l'acide nitrique, excepté que dans quelques circonstances il les fait passer à l'état d'acide. L'acide hydro-chlorique liquide peut en dissoudre quelques-uns après les avoir oxides; en effet, l'eau se décompose ; son oxigène se combine avec le métal, et l'hydrogène se dégage ; la décomposition de l'eau qui, comme nous l'avons dit, ne serait pas opérée par le métal seul, a lieu ici en vertu d'une double affinité ; savoir, i° celle du métal pour l'oxigène , 20 celle de l'oxide prêt à se former pour l'acide hydro-chlorique. Des Produits oxides de la quatrième classe. Ces produits sont ou des acides où des oxides. Les pre- miers rougissent en général Yinfusum de tournesol et s'u- nissent aux alcalis pour former des sels; les autres ne chan- gent point la couleur du tournesol ; quelques-uns d'entre eux verdissent le sirop de violette ; enfin , il en est un cer- tain nombre qui se combinent avec les acides pour donner naissance à des sels. Des Sels de la quatrième classe. On trouve dans cette classe des sels produits i° par un des oxides de la classe et par un acide non métallique ; 2° par un acide métallique et par un oxide quelconque : dans là quatrième section de l'ouvrage de M. Thenard , le plon\b. 3/ta PREMIÈRE PARTIE. tels sont, par exemple, les arseniates. Les premiers, lors- qu'ils sont solubles, sont décomposés parla potasse, la soude ou l'ammoniaque,par les hydro-sulfates, et presque toujours par l'hydro-cyanate dépotasse et de fer (prussiate). Métaux susceptibles de devenir acides en se combinant avec l'oxigène. Ces métaux sont l'arsenic , le molybdène , le chrome, le tungstène et le columbium. De l'Arsenic. On trouve l'arsenic, i° à l'état natif, 2° à l'état d'oxide , 3° combiné avec le soufre et quelques métaux ; 4° enfin il entre dans la composition de certains arseniates que l'on rencontre quelquefois dans la nature. 370. L'arsenic est un métal solide, gris d'acier et brillant lorsqu'il est récemment préparé ; sa texture est grenue et quelquefois écailleuse , sa dureté peu considérable, sa fra- gilité très-grande; sa pesanteur spécifique est de 8,3o8 d'après Bergmann ; il répand une légère odeur lorsqu'on le frotte entre les mains ; il est insipide. Exposé à l'action du calorique dans des vaisseaux clos , l'arsenic se sublime à la température de 1800, et cristallise en tétraèdres sans se fondre ni éprouver la moindre altéra- tion : il faut , pour en obtenir la fusion , le chauffer sous une pression beaucoup plus forte que celle de l'atmo- sphère. Si on le met en contact avec le gaz oxigène, et qu'on élève sa température, il passe à l'état d'oxide blanc (acide a:senieux ), qui se sublime ; l'absorption de l'oxigène a lieu avec dégagement de calorique et de lumière bleuâtre. Les mêmes phénomènes se produisent si on substitue Y air au gaz oxigène, comme on peut s'en convaincre en jetant quelques gros d'arsenic métallique dans un têt rouge et évasé ; les vapeurs blanches qui se forment dans ces ci 1 - DE L'ARSENIC 343 constances ont une odeur analogue à celle de l'ail, et sont très-dangereuses à respirer. Quelques chimistes pensentqu« l'arsenic, soumis à l'action de l'air ou du gaz oxigène hu- mide , passe à l'état de protoxide noir qui ternit l'éclat du métal. M. Proust ne croit pas devoir admettre cet oxide , et le regarde comme formé d'arsenic métallique et d'oxide blanc , puisqu'on le chauffant directement dans des vaisseaux fermés on en retire de l'oxide blanc très- volatil ( acide arsenieux ), et de l'arsenic ; quoi qu'il en soit, ce produit, qui ne diffère pas de la poudre aux mouches , attire promptement l'humidité de l'air, se pelotonne et prend un aspect cendré rougeâtre ; s'il est accumulé en assez grande quantité , il s'échauffe , s'embrase et met le feu aux substances avides d'oxigène dans lesquelles il est enfermé. Il est arrivé un accident de cette nature dans un des magasins de la rue des Lombards. 371. Le gaz hydrogène peut se combiner directement avec l'arsenic ; il suffit pour cela de le mettre en contact avec le gaz qui se produit en décomposant l'eau par la pile élec- ti ique ; il se forme dans ce cas un hydrure solide. Il existe encore un produit gazeux formé aussi de ces deux élémens, que l'on ne peut pas obtenir directement, et dont nous indiquerons ailleurs le mode de préparation (Voyez Pré- parations). L'hydrure d'arsenic est solide , inodore, in- sipide , brun rougeâtre, terne et indécomposable à une cha- leur voisine du rouge cerise ; chauffé avec le gaz oxigène ou avec l'air, il se décompose et se transforme en eau et en oxide blanc d'arsenic: dans ce cas, l'absorption de l'oxigène a lieu avec dégagement de calorique et de lu- mière. Il est sans usages. Hydrogène arsénié. On ne trouve Jamais ce gaz dans la nature ; il est incolore et doué d'une odeur fétide et nauséabonde. Un décimètre cube pèse, d'après M. Davy, o.sr.97i4 ; il ne rougit point les couleurs bleues végétales. 344 PREMIÈRE TARTIE. Soumis à un courant d'étincelles électriques, il paraît se décomposer en hydrure d'arsenic et en gaz hydrogène : il est probable qu'il serait également décomposé par une forte chaleur; il peut être liquéfié , suivant M. Stromcyer,. à un froid de 3o° — o°. Chauffé avec une suffisante quantité de gaz oxigène, il se transforme en eau et en oxide blanc d'arsenic, et il y a dégagement de lumière. Il est décomposé par l'eau aérée ; l'oxigène de l'air con- tenu dans ce liquide transforme l'hydrogène en eau et l'ar- senic en oxide. P. E. Lorsqu'il est en contact avec l'air , il peut être enflammé au moyen d'une bougie allumée; à mesure qu'il absorbe l'oxigène, les parois de la cloche qui le renferme se tapissent d'une matière brunâtre que M. Thenard pense être de lliydrure d'arsenic. Il s'en- flamme aussi dans le chlore, qui le décompose, et il se forme de l'acide hydro-chlorique et du chlorure d'arsenic. Il est également décomposé par le soufre, qui s'unit à l'hydro- gène, et donne naissance à de l'acide hydro-sulfurique, tan- dis que l'arsenic passe à l'état de sulfure d'arsenic à l'aide d'une certaine quantité de soufre. Le zinc , l'étain, le potassium et le sodium le décomposent aussi à une tem- pérature élevée, s'emparent de l'arsenic et mettent l'hy- drogène à nu. Cent parties de ce gaz en volume contien- nent i4o parties de gaz hydrogène. Son action sur l'éco- nomie animale est des plus délétères. M. Gehlen , pro- fesseur distingué de l'académie de Munich, vient de mou- rir empoisonné par ce gaz. Ce savant cherchait à juger par l'odeur le moment où le gaz commencerait à se dégager -y à peine une heure s'était écoulée , qu'il fut attaqué de vomissemens continuels, avec frissons et une faiblesse alarmante : il expira après neuf jours de souffrances atroces,. et cependant la quantité do métal qu'il pouvait avoir ins- pirée était infiniment petite. Ce gaz paraît agir sur le sys- tème nerveux. Il n'est pas employé. DE L'ARSENIC. 345 Le bore et le carbone n'exercent pas d'action sur l'ar- senic. Le phosphore , chauffé avec la poudre de ce métal à l'abri du contact de l'air, se combine avec lui , et donne un phosphure brillant, cassant, décomposable par l'air ou par le gaz oxigène , à une température élevée ; il seforme, dans ces cas , de l'acide phosphorique et de l'oxide blanc d'arsenic qui se volatilise, et il y a dégagement de calo- rique et de lumière. Ce phosphure est sans usages. Le soufrenewt, à l'aide de la chaleur, s'unir avec l'arsenic , et donner un sulfure transparent, d'un rouge orangé, formé de 100 parties d'arsenic et de 72,41 de soufre , ou bien de i38 d'arsenic et de 100 de soufre. On trouve dans la nature deux de ces sulfures, l'orpiment et le réaîgar. i°. Orpiment. Il existe en Hongrie, en Transylvanie ,. en Géorgie , en Valachie, en Natolie et dans diverses par- ties de l'Orient. 11 est solide, d'une belle couleur jaune citron , insipide , inodore et lamelleux ; sa pesanteur spé- cifique est de 3,45 ; il se fond plus facilement que l'ar- senic et ne tarde pas à se volatiliser. L'air et le gaz oxi- gène le transforment en gaz acide sulfureux et en oxide blanc d'arsenic , pourvu que la température soit élevée : il est formé de i63 parties d'arsenic et de 100 parties de soufre. Il est employé dans les manufactures de toiles peintes pour dissoudre l'indigo ; les peintres s'en servent aussi quelquefois. Introduit dans l'estomac des chiens , à la dose de un ou 2 gros, il détermine la mort au bout de 36 ou 48 heures, et l'on trouve les tissus du canal di- gestif plus ou moins enflammés. Celui qui a été préparé. dans les laboratoires agit avec plus d'énergie , puisque 18 grains suffisent pour occasionner la mort des mêmes ani- maux en i5 ou 18 heures (expériences de M. Smith). Il entre dans la composition du baume vert, du collyre de Lanfranc , etc. ; on l'emploie rarement seul ; on en a cependant fait usage dans les suppurations atoniqués corn- 346 PREMIÈRE PARTIS.. pliquées de fongosités , dans les exanthèmes chroniques ; mais il est presque généralement abandonné. 20- Réalgar. On trouve ce sulfure au Saint-Gothard , en Transyl- vanie , en Saxe, en Bohême ; on le rencontre presque tou- jours aux environs des volcans. Il est solide, d'une cou- leur rouge orangée, sans saveur; il se fond plus facilement que l'orpiment, et se volatilise; l'air et le gaz oxigène agis- sent sur lui comme sur le précédent. Il est formé de 233 par- ties d'arsenic et de 100 de soufre. Ces analyses, faites par M. Laugier, prouvent que les sulfures naturels ne sont pas formés des mêmes proportions que le sulfure artificiel. On s'en sert quelquefois en peinture ; les Chinois l'em- ploient pour faire des vases dans lesquels ils mettent du vinaigre qui acquiert des propriétés purgatives. Quarante grains de ce sulfure natif, appliqués sur la cuisse d'un chien de huit pouces de haut, déterminèrent la mort au bout de six jours : les intestins offraient des ulcérations miliaires et des rides noirâtres. Un gros 26 grains du même sulfure préparé dans les laboratoires, et appliqué sur la cuisse d'un autre chien, lui firent éprouver le troi- sième jour des convulsions qui se terminèrent le soir du même jour par la mort. On trouva, vers le pylore , des ulcérations à fond noir ; l'intérieur du rectum offrait plu- sieurs rides rouges et des tubercules livides. Il n'est pas employé en médecine. On ignore comment l'iode agit sur ce métal. Lorsqu'on projette de l'arsenic pulvérisé dans du chlore gazeux, ce gaz est absorbé et solidifié par le métal ; il y a dégagement de calorique et de lumière, et formation de chlorure d'arsenic (beurre d'arsenic) , qui,paraît sous lat forme de fumées blanches , épaisses , qui ne tardent pas à se condenser en un liquide transparent, incolore , d'une consistance huileuse, susceptible de se congeler, volatil et lrès-cau6tique ; il se transforme en hydro-chlorate lors- DE L'ARSENIC 347 qu on le met dans l'eau. 11 e^t formé de 21,9 parties d'ar- senic et de 33,6de chlore. L'azote n'agit pas sur l'arsenic; il en est de même de l'eau et du gaz oxide de carbone. On ne sait pas comment ce métal agit sur le gaz proto et deutoxide d'azote. Il n exerce aucune action sur les acides borique, carbo- nique et phosphorique. L'acide sulfurique concentré est décomposé par ce métal à l'aide de la chaleur ; il se dé- gage du gaz acide sulfureux , et il se forme de l'oxide blanc qui se dissout dans l'acide non décomposé. On ne connaît pas l'action qu'exercent sur lui les acides iodique et chlorique : il décompose rapidement l'acide nitrique concentré, pourvu qu'on élève un peu la température, et se transforme en une masse blanche qui paraît composée d'oxide blanc et d'acide arsénique, d'après M. Ampère ; il y a dégagement de gaz nitreux (deutoxide d'azote). L'a- cide hydro-chlorique liquide dissout l'arsenic à l'aide de la chaleur ; l'eau est décomposée et il se dégage du gaz hydrogène arsénié ( Thompson ). On ignore quelle est l'action de ce métal sur l'acide hydriodique. L'acide hydro- phtorique ne paraît pas agir sur lui. Parmi les métaux pré- cédemment étudiés, le potassium, le sodium, le manga- nèse, le zinc , le fer et l'étain peuvent se combiner avec l'arsenic, et donner des alliages qui sont cassans , lors même qu'ils ne renferment qu'un dixième de ce métal, si toutefois l'on en excepte le cuivre, qui en exige davan- tage pour perdre sa ductilité. Ces alliages sont en général plus fusibles et moins colorés que les métaux qui les com- posent ; en effet, l'arsenic jouit de la propriété de blan- chir presque tous les métaux avec lesquels il se combine. Lorsqu'on allie une partie de fer à 2 parties d'arsenic, on obtient un produit d'un blanc grisâtre , très-cassant, beaucoup plus fusible que le fer, nullement magnétique et sans usages. Trois parties d'étain et une partie d'arsenic 348 PREMIÈRE PARTIE. donnent un alliage blanc, très-brillant, dont on se sert pour préparer le gaz hydrogène arsénié; il doit être très-cassant, puisque l'étain le devient par sa combinaison avec la vingtième partie de son poids d'arsenic. Usages. Allié au cuivre et au platine, l'arsenic sert à faire les miroirs de télescopes. Réduit en poudre et mêlé ave de l'eau aérée, il est employé pour tuer les mouches : dans ce cas l'air contenu dans l'eau transforme le métal en oxide qui se dissout dans le liquide. Enfin on s'en sert dans la purification du platine, comme nous le dirons par la suite. (Voyez Préparations.) De VOxide blanc d'arsenic ( acide arsenieux ). En attendant que de nouvelles expériences mettent hors de doute l'existence du protoxide d'arsenic noirâtre , nous n'admettrons que l'oxide blanc. Il existe un autre produit formé par l'oxigène et l'arsenic, l'acide arsénique, dont nous parlerons après avoir fait l'histoire des sels d'arsenic. L'oxide blanc , connu aussi sous le nom d'arsenic blanc, de mort, aux rats, se trouve en Bohême sous la forme de cristaux blancs, transparens , et en Hesse sous la forme d'une poudre blan che. Celui que l'on débite dans le commerce s'ob- tient en grillant les mines de cobalt arsenical, et se présente sous la forme de masses blanches, vitreuses ,demi-transpa- rentes et inodores ; elles sont jaunes ou jaunes-rougeâtres lorsqu'elles contiennent du sulfure d'arsenic ; sa saveur est acre et corrosive ; lorsqu'on le réduit en poudre il a quelque ressemblance avec le sucre pulvérisé ; sa pesanteur spécifique est de 5,ooo. Chauffé dans unmatras de verre, il se volati- lise et vient se condensera la partie supérieure sous la forme d'une croûte blanche et de petits tétraèdres ou d'octaèdres. Exposé sur les charbons ardens, il se volatilise également et répand des vapeurs blanches, épaisses, d'une odeur al- liacée. On peut produire le même effet en le mettant sur une DES OXIDES d'ARSENIC 349 plaque de cuivre ou de fer préalablement chauffée au rouge. Une lame de cuivre placée au-dessus de ces vapeurs se recouvre d'une couche d'un très-beau blanc, et non pas d'un blanc noirâtre, comme on l'indique mal-à-propos : cette couche est formée par l'oxide volatilisé, et on peut l'enlever facilement avec le doigt. Il n'est point décom- posé par le calorique. Le gaz oxigène ne lui fait éprouver aucune altération ; exposé à l'air il devient de plus en phis opaque, et toutes les parties jaunes finissent par blan- chir et perdre leur transparence. ChauiSé avec du soufre, il lui cède son oxigène , et l'on obtient du gaz acide sulfu- reux et du sulfure d'arsenic. L'oxide blanc d'arsenic ré- duit en poudre fine et mêlé avec son volume de charbon et dépotasse, se réduit facilement par la chaleur et donne l'arsenic métallique : l'expérience peut être faite dans un tube de verre long, tiré à la lampe par une de ses extré- mités , de manière à ce qu'il ne présente qu'une très-petite ouverture : l'arsenic métallique volatilisé vient adhérer aux parois internes du tube à deux ou trois pouces desonfon \ Suivant Klaproth, iooo parties d'eau bouillante dissolvent 77 i parties de cet oxide; tandis que la même "quantité d'eau à 120 n'en dissout que 2 ^parties. Ce solutum, saturé à chaud, dépose par le refroidissement des prismes tétraè- dres ne contenant pas d'eau, et il renferme alors 3o par- ties d'oxide sur 1000 parties d'eau. Ainsi dissous, l'oxide blanc d'arsenic ne rougit point Yinfusum ni le papier de tournesol ; il verdit au contraire le sirop de violette , et rétablit la couleur du papier rougi par un acide: il précipite l'eau de chaux en blanc et non pas en noir, comme l'indi- quent presque tous les auteurs de médecine légale; ce précipité, formé de chaux et d'oxide d'arsenic, est soluble dans un excès de ce dernier corps. Le gaz acide hydro- sulfurique ou l'eau dans laquelle il est dissous, précipitent la dissolution d'oxide d'arsenic en jaune doré; le précipité 35o PREMIÈRE PARTIE. est du sulfure jaune d'arsenic , d'où l'on doit conclure que l'oxigène de l'oxide s'est combiné avec l'hydrogène de l'a- cide hydro-sulfurique pour former de l'eau, tandis que le soufre s'est uni à l'arsenic. On peut, à l'aide de ce réactif, découvrir l'oxide blanc d'arsenic dans un liquide qui n'eu contient qu'un ,,„'„„„. Les hydres-sulfates ne troublent en aucune manière cette dissolution, à moins qu'on ne verse dans le mélange quelques gouttes d'acide nitrique, hydro- chlorique, etc., qui en séparant de la base de l'hydro- sulfate, mettent l'acide hydro-sulfurique à nu ; alors on ob- tient le même précipité jaune doré. L'oxide blanc d'arsenic se combine avec presque toutes les bases, et donne des produits analogues aux sels que l'on a nommés, arsenites. Plusieurs de ces produits sont décomposés par le feu ; l'eau ne peut en dissoudre qu'un très-petit nombre. Ceux qui sont solubles, comme ceux de potasse et de soude, sont précipités en blanc par les acides sulfurique, nitrique, hydro-chlorique, qui forment avec la base un sel soluble, tandis que l'oxide d'arsenic se dépose (i). Cet oxide est formé, suivant M. Thenard, de 34,694 d'oxigène et de 100 parties de métal. M. Berzelius porte la quantité d'oxigène à 43,6i6. On l'emploie pour faire le vert de Schéele, pour purifier le platine ; quelquefois aussi on s'en sert dans la fabrication du verre pour hâter la vitrification. Son action sur l'économie animale est des plus délétères. Quel que soit le (1) Nous avons cru devoir développer les caractères de cet oxide , dont les propriétés vénéneuses sont si funestes. Outre ceux dont nous avons parlé, il en est deux autres dont nous ferons mention aux articles Cuivre et Argent. Le premier con- siste en ce que la dissolution aqueuse d'oxide d'arsenic précipite en vert le sulfate de cuivre ammoniacal ; et le second , dans la décomposition du nitrate d'argent liquide et de la pierre infer- nale par le même solutum, qui donne lieu à un précipité jaune. DES OXIDES D'ARSENIC. 3jI tissu sur lequel il ait été appliqué, il est absorbé et détermine la mort en très-peu de temps , en agissant sur le système nerveux, les organes de la circulation et le canal alimen- taire. (Voyez mon Ouvrage sur les Poisons, p. i38, t. i.) On ne connaît pas encore d'antidote à cette substance, et le meilleur moyen que l'on puisse mettre en usage pour combattre les accidens auxquels elle donne lieu, consiste à favoriser le vomissement au moyen de boissons adou- cissantes et mucilagineuses. L'oxide d'arsenic entre dans la composition de la solution minérale de Fowler, que l'on a employée quelquefois avec succès dans les fièvres inter- mittentes ; on en administre 10 , i5 ou 20 gouttes dans une demi-tasse de liquide , trois fois par jour, sans avoir égard aux heures des paroxysmes ( il est inutile de faire remarquer combien ce médicament doit être employé avec prudence. (Voyez Préparations.) L'oxide blanc d'arsenic fait partie de la pâte arsenicale du frère Côme, dont on se sert souvent pour cautériser les ulcères cancéreux de peu d'étendue. Les expériences de M. Smith, l'observation rap- portée par M. Roux, et plusieurs autres recueillies par des personnes dignes de foi, prouvent que l'application exté- rieure de ce médicament peut être suivie des symptômes les plus funestes et même de la mort, lorsqu'elle est em- ployée en trop grande dose , ou qu'il entre dans sa compo- sition une trop grande quantité d'oxide d'arsenic : c'est à tort que plusieurs praticiens s'obstinent à soutenir le contraire. Des Sels formés par l'oxide blanc d'arsenic. L'oxide blanc d'arsenic a plutôt de la tendance à s'unir avec d'autres oxides, vis-à-vis desquels il joue en quelque sorte le rôle d'un acide, qu'à se combiner avec les acides pour former des sels ; il existe cependant un certain nom- bre de ces sels dont nous devons exposer les caractères ; leurs dissolutions sont précipitées en blanc par l'eau,- 35» PREMIÈRE PARTIE. l'oxide précipité 6e redissout dans un excès d'eau. Le« hydro-sulfates solubles les précipitent en jaune ; le dépôt est du sulfure jaune d'arsenic. L'hydro-cyanate de potasse et de fer ( prussiate) y fait naître un précipité blanc , so- luble dans l'eau, et nullement mélangé de vert et de jaune. 372. Borate d'arsenic. Il est le produit de l'art, et se pré- sente , d'après Bergmann , en partie sous la forme d'une poudre blanche, en partie en aiguilles. Il n'a point d'usages. 373. Phosphate d'arsenic. On ne le trouve pas dans la nature ; il est sous la forme de petits cristaux grenus, sans usages. 374. Sulfate d'arsenic. Il est le produit de l'art; onl'ob- tient en petits grains cristallins; chauffé au chalumeau, il exhale une fumée blanche, et se fond en un globule qui s'évapore lentement. Il n'est pas employé. 375. Nitrate d'arsenic. Il existe, suivant Bergmann, un nitrate d'arsenic qui résulte de l'action de l'oxide blanc sur l'acide nitrique étendu d'eau. Il est à peine soluble , et se comporte au chalumeau comme le précédent. 11 n'a point d'usages. 376. Hydro-chlorate d'arsenic. On ne trouve jamais ce sel dans la nature. Lorsqu'il a été préparé en faisant dissoudre, à l'aide de la chaleur, l'oxide blanc dans l'acide hydro- chlorique , il est incolore, acre, volatil, et laisse déposer, en se refroidissant, une très-grande quantité d'oxide blanc ; la liqueur refroidie qui a ainsi déposé, laisse précipiter encore par l'eau beaucoup d'oxide. Suivant Bergmann, cet hydro-chlorate peut être obtenu cristallisé. De l'Acide arsénique. L'acide arsénique ne se trouve jamais pur dans la nature; il y existe combiné avec quelques oxides métalliques à l'état d'arséniate. Il est solide, blanc, incristallisable, doué d'une saveur métallique, caustique, désagréable; il rougit DE L'ACIDE ARSENIQUE. 353 fortement Yinfusuvi de tournesol ; sa pesanteur spécifique est de 3,391. Exposé à l'action du calorique dans des vaisseaux fer- més , il ne se volatilise point; il fond, se vitrifie et se dé- compose en oxigène et en oxide blanc d'arsenic volatil. Il atlire l'humidité de l'air ; du reste , il n'éprouve de la part de cet agent, ni du gaz oxigène, aucune altération chimi- que. Mis sur les charbons ardens, il se boursouffle, perd toute son humidité et devient opaque ; bientôt après il est décomposé par le charbon, qui lui enlève une partie de son oxigène et le fait passer à l'état d'oxide blanc , qui se vola- tilise et répand une odeur alliacée. Traité par le charbon et par la potasse, il donne, comme l'oxide blanc, de l'ar- senic métallique. Il se dissout très-bien dans 2 parties d'eau froide. Le solutum rougit Yinfusum de tournesol et le sirop de violette ; il précipite en blanc les eaux de chaux, de baryte et de strontiane, qu'il transforme en arseniates inso- lubles. L'acide hydro-sulfurique gazeux ou dissous dans l'eau agit sur lui comme sur le solutum d'oxide blanc, mais beaucoup plus lentement. Il s'unit à la plupart des oxides métalliques des deux premières classes et forme des sels. Si on distille jusqu'à siccité une partie de limaille de fer et 4 parties d'acide arsénique, il y a inflammation du mélange; l'acide est en partie décomposé, l'oxigène se porte sur le fer, et il se sublime de l'arsenic et de l'oxide d'arsenic ; la portion d'acide non décomposée forme avec l'oxide de fer un arséniate. Le zinc, mis dans l'acide arsé- niqueliquide, décompose à-la-fois une portion de l'eau et de l'acide ; il en absorbe l'oxigène et se combine avec l'acide non décomposé ; il se dégage dans cette expérience du gaz hydrogène arsénié, et il se dépose une poussière noire qui est de l'arsenic métallique. Si on distille un mélange de 2 parties d'acide arsénique desséché et d'une partie de limaille de zinc, il se produit une violente détonnation I. .23 354 PREMIÈRE PARTIE. au moment où la chaleur est assez forte pour que le zinc absorbe l'oxigène de l'acide arsénique. L'e'faiacbaufféavec cet acide s'empare de son oxigène, et l'oxide produit se combine avec l'acide non décomposé. Il est formé, d'après M. Proust, de ioo parties de métal et de 54 parties d'oxi- gène. M. Berzelius ne porte la quantité d'oxigène qu'à 51,428. Il est sans usages. Son action sur l'économie animale est encore plus énergique que celle du deutoxide d'arsenic Des Arseniates. L'action du calorique sur les arseniates est extrêmement variée; il y en a.qui se décomposent en oxigène, en oxide blanc d'arsenic et en métal : tel est l'arseniate d'argent ; d'autres qui fournissent de l'oxide d'arsenic et un oxide métallique plus oxidé que celui qui entrait dans la compo- sition de l'arseniate; d'où il suit que l'oxigène de l'acide arsénique s'est porté sur cet oxide : tel est le proto-arséniate de fer; enfin il en est qui ne se décomposent pas et qui sont plus ou moins fusibles, par exemple, les arseniates de po- tasse etde soude. Traités par le charbon, à une température élevée, les arseniates sont décomposés ; l'oxigène de l'acide arsénique transforme le charbon en gaz acide carbonique ou en gaz oxide de carbone, et passe à l'état d'arsenic métal- lique : tantôt l'oxide de l'arseniate reste indécomposé ; tantôt, au contraire, il se décompose. Excepté les arseniates de potasse, de soude et d'ammoniaque , tous les autres sont insolubles dans l'eau ; mais ils se dissolvent dans un excès d'acide, si toutefois l'on en excepte l'arseniate de bismuth. Les dissolutions d'arséniate précipitent en rose les sels de cobalt ; le précipité, formé d'acide arsénique et d'oxide de cobalt, se dissolvant dans un excès d'acide, n'aurait pas lieu dans une dissolution de cobalt très-acide. Les arseniates dis- sous ne sont pas troublés par l'acide hydro-chlorique, tandis que les composés d'oxide blanc d'arsenic et d'un alcali DES ARSÉ NIATES. 355 ( arsénites ) sont précipités en blanc par cet acide. Le ni- trate d'argent fait naîlie dans les dissolutions d'arséniate un précipité rouge brique composé d'acide arsénique et d'oxide d'argent; enfin les sels de cuivre en précipitent de l'arseniate de cuivre d'un blanc bleuâtre. 377. Arsèniate d'alumine. Il est sous la forme d'une masse épaisse, insoluble dans l'eau ; il n'existe pas dans la nature et n'a point d'usages. 378. Arsèniate d'yttria. Il est blanc, pulvérulent, inso- luble dans l'eau , insipide, inaltérable à l'air et sans usages. 379. Arsèniate de magnésie. Il est sous la forme d'une masse gommeuse, incristallisable, soluble dans l'eau. On ne le trouve jamais dans la nature. 38o. Arsèniate de chaux. U est insoluble dans l'eau; mais on peut le dissoudre dans un excès d'acide, et la dis- solution fournit de petits cristaux par une évaporation lente. Il est fusible en verre et sans usages. 381. Arsèniate de baryte. Il est blanc, pulvérulent, inso- luble dans l'eau , soluble dans un excès d'acide, fusible en verre, sans éprouver aucune décomposition. Il n'a point d'usages. 382. Sur-arséniate de potasse ( sel neutre arsenical de Macquer). Il est le produit de l'art. On l'obtient cristallisé en prismes à quatre pans, terminés par des pyramides té- traèdres. Chauffé dans un creuset de platine , il fond, perd une portion d'acide, qui probablement se décompose, et passe à l'état de sous-arséniate. Il est très-soluble dans l'eau ; le so- lutum , loin de verdir le sirop de violette, rougit l'infusum de tournesol. Il n'est pas décomposé par les sels à base de chaux ou de_ magnésie ; mais il est précipité par les eaux de baryte, de strontiane et de chaux. Il est sans usages. 383. Sous-arséniate de potasse. Il est incristallisable, déliquescent ; il verdit le sirop de violette , et n'altère point Yinfusum de tournesol. Chauffé jusqu'au rouge cerise dans 35 PREMIÈRE PARTI». un creuset d'argile, il se transforme en partie en un verre blanc , cède à la silice du creuset une portion delà potasse, et passe à l'état de sur-arséniate. Les acides les plus faibles s'emparent également d'une portion de sa potasse. 384- Arsèniate neutre de soude. On l'obtient cristallisé en prismes quadrangulaires ou hexaèdres , non déliquescens et très-solubles dans l'eau. Il a été employé à la dose d'un huitième de grain , deux ou trois fois par jour , dans les fièvres intermittentes. 385. Sur-arséniate de soude. l\ est incristallisable et déli- quescent; d'où il suit que la soude présente avec l'acide ar- sénique des phénomènes inverses à ceux qu'offre la potasse. 386. Sous-arséniate d'ammoniaque. Il est le produit de l'art. Il cristallise en prismes rliomboïdaUx, verdit lé sirop de violette , et abandonne, lorsqu'on le chauffe , une por- tion d'ammoniaque ; alors il passe à l'état de sur-arséniate Cependant si on continue à le chauffer, il est entièrement décomposé et transformé en azote , en arsenic métallique , en eau et en acide arsénique. Il n'a point d'usages. 387. Sur-arséniate d'ammornaque. Il cristallise en ai- guilles qui attirent l'humidité de l'air. 388. Arsèniate de zinc. Oh ne le trouve pas dans la na- ture. Il est blanc, pulvérulent, insoluble dans l'eau, et sans usages. 389. Arsèniate de fer. Ce sel existe dans les mines de Mutzel, dans le comté de Cornouailles ; il cristallise en petits cubes dont les angles alternés se trouvent tronqués dans quelques échantillons ; il est tantôt d'un vert foncé , tan- tôt d'un rouge brun : dans ce cas , le fer s'y trouve plus oxidé. L'arseniate de protoxide de fer est décomposé par le feu ; l'acide arsénique,cède une partie de son oxigène au fer, le suroxide; tandis que l'oxide blanc d'arsenic se sublime, comme nous l'avons déjà dit. DU MOLYBDÈNE. OJ-j 390. Arsèniate d'étain. 11 est le produit de l'art, insoluble dans l'eau et sans usages. 391. Arsèniate d'arsenic. Ce sel, formé par l'acide arsé- nique et par l'oxide blanc, peut être obtenu sous la forme de petits cristaux grenus, très-peu solubles dans l'eau. (Bergmann.) Du Molybdène. On n'a jamais trouvé ce métal à l'état de pureté ; il existe dans la nature," i° à l'état de sulfure, 20 à l'état de molyb- date ; mais ces produits sont excessivement rares. Suivant M. Clarke, il ressemble, pour la couleur et pour le brillant, au fer arsenical. Hielm, qui n'avait pu l'obto nir que sous la forme de grains agglutinés , le regardait comme étant d'un jaune pâle à la surface et verdàtre à l'in- térieur ; il est fixe, cassant, et pèse, suivant Bucholz, 8,600. Hielm ne porte cette pesanteur qu'à 7,40°« Il a été regardé jusqu'à présent comme infusible ; mais on est parvenu, dans ces derniers temps, à le séparer du sulfure , et à le fondre à l'aide du chalumeau à gaz (Clarke ). On ignore comment il agit sur l'air et sur le gaz oxigène à la température ordinaire; mais si on le chauffe jusqu'au rouge, il absorbe le gaz oxigène , et se transforme eu acide molyb- dique blanc, volatil. Le gaz hydrogène, le bore et le carbone ne semblent pas exercer d'adieu marquée sur lui. Il existe un composé de phosphore et de molybdène que l'on prépare par des moyens particuliers ,t et dont les propriétés n'ont pas été décrites. Si l'on projette dans un creuset bien rouge un mélange de ce métal et de soufre, et que l'en continue à chauffer fortement, on obtient un sulfure de molybdène grisâtre, plus fusible que le métal, décomposable par la, chaleur, suivant M. Clarke, et susceptible d'être transformé par l'oxigène en gaz acide sulfureux et en acide molyjb- 358 PREMIÈRE PARTIE. dique volatil, pourvu que la température soit élevée. Ce sulfure se trouve en petite quantité aux environs du Mont- Blanc, dans les Vosges, en Saxe, en Suède, etc.; il a la propriété de laisser sur le papier des traces d'un brun ver- dàtre; il est très-brillant. On ignore comment le molybdène se comporte avec l'iode. Le chlore liquide le dissout, sui- vant Bucholz et Gehlen , et il en résulte un liquide coloré en bleu, qui paraît être un hydro-chlorate d'oxide de mo- lybdène ; d'où l'on voit que l'eau doit être décomposée. Il n'agit point suri'azote, ni sur l'eau, ni sur le gaz oxide de carbone. On ne sait pas comment il se comporte avec les gaz protoxide et deutoxide d'azote. Les acides borique et carbonique n'exercent sur lui aucune action. 11 décompose , à l'aide de la chaleur, une portion d'acide phosphorique, s'oxide et se combine avec la portion d'acide non décomposée. L'acide sulfurique concentré est également décomposé par ce métal à chaud ; il se forme du gaz acide sulfureux qui se dégage, et de l'oxide de molybdène qui s'unit à l'acide non décomposé. On ne sait pas comment agissent sur lui les acides sulfu- reux, iodique et chlorique. L'acide nitrique étendu est décomposé par le molybdène, surtout à l'aide de la cha- leur ; le métal passe en partie à l'état d'oxide bleu , et en partie à l'état d'acide molybdique. Les acides hydro- chlorique et hydro-sulfurique n'exercent aucune action sur lui ; on ignore quelle est l'action des acides hydriodique et hydro-phtorique sur lui. Le molybdène peut s'allier avec un très-grand nombre de métaux; mais aucun des alliages qu'il forme n'est em- ployé. De VOxide de molybdène. Cet oxide, le seul connu, est un produit de l'art ; il est bleu , difficile à fondre et susceptible d'absorber le gaz de l'acide molybdique. 35g oxigene à une température élevée , et de se .transformer en acide molybdique; il est soluble dans les acides sulfu- rique, hydro-chlorique et hydro-phtorique. Il n'a été ni employé ni analysé.' Des Sels formés par l'oxide de molybdène. Les sels de molybdène sont tous le produit de l'art et sans usages ; ils sont si peu connus qu'il ne nous est pas permis d'établir leurs caractères d'une manière générale. Phosphate de molybdène. Il se présente sous la forme d'un liquide brun jaunâtre, auquel le molybdène mé- tallique ne fait éprouver aucune altération. ( Bucholz, Gehlen.) Sulfate de molybdène. Il est liquide et offre la même couleur que le précédent. Mis sur du molybdène métal- lique, il passe au bleu, et l'oxide bleu de molybdène se précipite. ( Bucholz. ) Nitrate de molybdène. Il est liquide, d'un brun jau- nâtre, d'une saveur acide, amère, métallique. Le molyb- dène pulvérisé agit sur lui comme sur le sulfate. Hydfo-chlorate de molybdène. Il est d'un bleu fon- cé (i). De VAcide molybdique. On ne trouve cet acide qu'en combinaison avec l'oxide de plomb : encore ce minéral est-il fort rare. L'acide molybdique est solide , blanc, fort peu sapide, (i) L'hydro-chlorate paraît être une véritable combinaison d'acide et d'oxide de molybdène j mais dans les autres sels dont nous venons de parler , et dont l'histoire est si vague , ne trou- verait-on pas souvent un mélange d'oxide de molybdène et d'acide molybdique combiné avec les acides sulfurique et nitrique ? 36o PREMIÈRE PARTIE. inodore ; il rougit Yinfusum de tournesol ; sa pesanteur spécifique est de 3,46. Chauffé sans le contact de l'air, il entre en fusion et cristallise en refroidissant; si l'opération se fait à l'air libre, il se réduit en vapeur et donne une fumée blanche. Il est peu soluble dans l'eau. Le solutum est décomposé par un très-grand nombre de corps simples avides d'oxigène; ainsi le zinc, l'étain, le proto-hydro- chlorate d'étain , etc. , absorbent une portion de son oxigène, même à froid, et le transforment en oxide de mo- lybdène bleu qui se précipite. Il est formé, suivant M. Bu- cholz , de i oo parties de molybdène et de 49 parties d'oxi- gène. Il n'a point d'usages. Des Molybdates. Tous ces sels, excepté le molybdate de plomb, sont le produit de l'art et n'ont aucun usage. Ceux de potasse, de soude et d'ammoniaque sont solubles dans l'eau ; les autres sont insolubles ou très-peu solubles dans ce liquide. Les premiers ont une faible saveur métallique; mis en contact avec un cylindre d'étain et un peu d'acide hydro-chlorique, ils sont décomposés ; l'étain s'empare d'une partie de l'oxi- gène de l'acide molybdique et l'oxide bleu se dépose ; il se forme en même temps de l'hydro- chlorate d'étain. Ces sels sont fort peu connus. 392. Molybdate de magnésie. 11 est inerislaîlisable et soluble dans l'eau ; sa saveur est amère. ( Heyer. ) 393. Molybdate de chaux. Uestpulvéïulent et insoluble dans l'eau. 394. Molybdate.le potasse. Il cristallise en lames rhom- boïdales luisantes , plus solubles dans l'eau chaude que dans l'eau froide, douées d'une paveur styptique, et fusibles au chalumeau, sans éprouver la moindre décomposition. 395. Molybdate de soude. On l'obtient sous la forme de cristaux transparens, très-solubîes dans l'eau, inaltérables à DU CHROME. 361 lair, doués d'une saveur styptique, et fusibles au chalu- meau. 396. Molybdate d'ammoniaque. Il est sous la forme d'une masse demi-transparente, soluble dans l'eau, douée d'une saveur styptique, piquante, incristallisable, et décompo- sable au feu; en effet, lorsqu'on la thauffe , une partie de l'ammoniaque se volatilise, et l'autre partie se décompose; l'hydrogène qui résulte de cette décomposition s'empare d'une portion de l'oxigène de l'acide, et le fait passer à l'état d'oxide bleu. 397. Molybdate de zinc. Il est blanc et insoluble dans l'eau. Le molybdate de fer est brun et insoluble dans l'eau. ( Schéele. ) Du Chrome. Le chrome ne se trouve jamais dans la nature; il entre dans la composition des pierres tombées du ciel (aérolites) et du fer natif de Sibérie, comme l'a prouvé le premier M. Laugier. L'acide chromique fait partie du rnbis spinelle et du plomb rouge de Sibérie; il se trouve aussi à l'étal d'oxide, combiné avec l'oxide de fer. Il a été découvert par M. Vauquelin. Le chrome estsolide, d'un blanc grisâtre, très-fragile; sa pesanteurspéciliqueestde 5,900, suiv ant Klaproth. Une fond qu'avec la plus grande difficulté; et lorsqu'il est fortement chauffé, il donne une masse poreuse , en partie granuleuse,. et en partie cristalline. 11 n'agit sur le gaz oxigène et sur l'air qu'autant, que. la température est très-élevée : alors il se transforme c:i oxide vert. Parmi les corps simples non, métalliques, Y iode seul a été combiné avec le chrome. Il,, n'exerce point d'action sur l'eau, et fort peu ou point sur, lés acides. On n'a pas examiné les alliages qu'il peut former avec les autres métaux. Chauffé jusqu'au rouge avec 36* PREMIÈRE PARTIE. de la potasse et le contact de l'air, il se transforme en acide chromique qui s'unit à l'alcali et donne naissance à du chromate de potasse. 11 est sans usages. De VOxide de chrome. Cet oxide se trouve fort rarement dans la nature. Il est d'un très-beau vert, infusible, inaltérable parle feu, par le gaz oxigène et par l'air. Chauffé jusqu'au rouge Brun avec du potassium ou avec de la potasse, et exposé à l'air, il en absorbe l'oxig'ne et se transforme en chromate de po- tasse jaune serin; il se dissout difficilement dans les acides. On l'emploie pour colorer en vert la porcelaine et le verre, et pour en extraire le chrome. Des Sels formés par l'oxide de chrome. Ces sels sont à peine connus ; plusieurs même n'ont jamais été obtenus ; ils sont le produit de l'art et n'ont point d'usages. Suivant Richter et Godon, leurs dissolu- tions sont précipitées en brun par l'infusum de noix de galle, en vert par l'hydro-cyanate de potasse et de fer (prussiate), et par les hydro-sulfates; le précipité formé par ce dernier réactif passe au jaune par l'addition de quelques gouttes d'acide nitrique. De l'Acide chromique. L'acide chromique se trouve dans la nature combiné avec l'oxide de plomb ; il existe aussi dans le rubis spinelle. 11 cristallise en prismes de couleur rouge purpurine, plus pesans que l'eau, doués d'une saveur acre et styptique, et attirant l'humidité de l'air. Il se dissout très-bien dans l'eau, à laquelle il communique sa saveur, sa couleur, et la pro- priété de rougir fortement Yinfusum de tournesol. Chauffé dans des vaisseaux fermés , l'acide chromique se décom- pose, et donne du gaz oxigène et de l'oxide de chrome vert: DES CHROMATES. auJ cette décomposition est plus rapide si l'acide est mêlé avec quelque corps avide d'oxigène. Il est décomposé par l'acide hydro-chlorique à l'aide de la chaleur ; il y a dégagement de chlore, formation d'eau et d'hydro-chlorate de chrome vert; d'où il suit qu'une portion d'acide hydro-chlorique est également décomposée ; en effet, une partie de l'oxigène de l'acide chromique se combine avec l'hydrogène de l'a- cide hydro-chlorique pour former de l'eau, le chlore est mis à nu, et l'oxide de chrome résultant se dissout dans l'acide hydro-chlorique non décomposé. L'acide sulfureux décompose également l'acide chromique, absorbe une por- tion de son oxigène, et il en résulte du sulfate de chrome vert. La dissolution de proto-hydro-chlorate d'étain trans- forme aussi l'acide chromique en oxide vert qui se préci- pite. Lorsqu'on verse dans de l'acide chromique de l'hydro- sulfate d'ammoniaque et un peu d'acide nitrique , l'acide chromique et l'hydro-sulfate sont décomposés , et l'on ob- tient un liquide vert composé de nitrate de chrome et de nitrate d'ammoniaque, et il se précipite du soufre ; il est évident que, dans cette expérience, une portion de l'acioe ninique employé s'empare de l'ammoniaque de l'hydro-sul- fate , forme du nitrate d'ammoniaque, et met l'acide hydro- sulfurique à nu ; l'hydrogène de celui-ci enlève une portion d oxigène à l'acide chromique, le fait passer à l'état d o- xide de chrome vert qui se dissout dans une portion d'acide nitrique, tandis que le soufre appartenant à l'acide hydro- sulfurique décomposé se précipite. Cet acide est sans usages. Des Chromâtes. Tous les chromâtes, excepté celui de plomb, sont le produit de l'art. Ils sont tous colorés en jaune ou en rouge. L.t plupart de ceux de la première et des quatre dernières 364 PREMIÈRE PARTIE. classes sont décomposés par le feu; lacidé chromique se trouve transformé en oxigène et en oxide de chrome vert. Ceux de potasse , de soude, d'ammoniaque , de chaux , de strontiane, de magnésie , de nickel et de cobalt, sont solu- bles dans l'eau : les autres sont insolubles.- Les chromâtes dissous précipitent en jaune serin les sels solubles de plomb, en rouge orangé les sels de protoxide de mercure, et en pour- pre les sels d'argent. Ces divers précipités sont formés par l'acide chromique et par l'oxide de plomb, de mercure ou d'argent. Chauffés avec l'acide hydro-chlorique, les chro- mâtes sont décomposés , et l'on obtient de l'hydro-chlorate d'oxide de chrome, et de l'hydro-chlorate de l'oxide qui constitue le chromate; il se dégage du chlore et il se forme de l'eau ; phénomènes faciles à expliquer, en se rappelant ce que nous avons dit en parlant de l'action de l'acide hydro-^ chlorique sur l'acide chromique. (Voyez Acide chromique.) 398. Chromate de silice. Il est pulvérulent, rouge, inso- luble dans l'eau, et n'éprouve aucune altération au feu de, porcelaine. 399. Chromate de chaux. On peut l'obtenir sous la forme de cristaux jaunes, solubles dans l'eau; il en est de même du chromate de strontiane. 4oo. Le chromate de baryte est très-peu soluble dans l'eau ; il communique à la porcelaine une couleur verte jaunâtre. 4o 1. Chromate de potasse. Il cristallise en prismes rhom- boïdaux jaunes, très-solubles dans l'eau, que l'on emploie poux préparer tous les chromâtes insolubles. 402. Le chromate de soude peut aussi cristalliser. Il est également jaune et très-soluble dans l'eau. 4o3. Chromate d'ammoniaque. Il est à peine connu. 4o4- Chromate de zinc. Il est rouge orangé, et insoluble dans l'eau. ^o5. Chromate de fer. On trouve abondamment, dans le DU TUWGST ÈWE. 365 département du Var, un produit connu sous le nom de chromate de fer, que plusieurs chimistes regardent comme formé principalement d'oxide de chrome et d'oxide de fer. Quoi qu'il en soit, il fond aisément au moyen du chalumeau à gaz, et donne un globule noir, ssns éclat mé- tallique , et fortement magnétique, Du Tungstène (scheelium, schéelin). On ne trouve le tungstène que dans deux minerais connus sous les noms de tungstate de chaux et detungstate de fer : ce dernier est plus commun que le premier. La tungstène est solide, d'un blanc grisâtre comme le fer, très-brillant, très-dur, inattaquable par la lime, et fragile ; sa pesanteur spéciiique est, suivant M. d Elhuyart, de 17,6. Il ne parait pas avoir été fondu , même à la température de 1700 du pyromètre de Wedgwood,' on peut pourtant, lorsqu'il a été ainsi chauffé, l'obtenir par le refroidissement en petits cristaux d'une forme indéterminée ( Vauquelin ). Il n'agit sur le gaz oxigène et sur l'air qu'à une tempéra- ture élevée : alors il brunit et s'oxide. L'hydrogène, le bore et le carbone ne paraissent exercer aucune action sur lui. On peut, par des moyens particuliers, le combiner avec le phosphore. Chauffé et mis en contact avec le chlore gazeux , le tungstène rougit, absorbe et solidifie le gaz, et passe à l'état de chlorure. L'eau est sans action sur lui; il en est de même des oxides de carbone et d'azote. On ne sait pas comment les acides se comportent avec ce métal, dont la rareté a empêché d'étudier les propriétés. Il est sans usages. De VOxide de tungstène. Quelques chimistes ont admis un oxide de tungstène bleu, sur lequel on n'a pas encore fait beaucoup d'expé- riences. 366 PREMIÈRE PARTIE. Des Sels formés par Voxide de tungstène. Aucun de ces sels n'a été décrit, et l'on conçoit qu'il est impossible de les admettre tant que l'existence de l'oxide ne sera pas mise hors de doute. De VAcide tungstique (oxide jaune de tungstène). Cet acide , que plusieurs chimistes regardent comme un simple oxide, ne se trouve dans la nature que combiné avec la chaux ou avec l'oxide de fer. 11 est solide , jaune, sans odeur, sans saveur, et plus pesant que l'eau ; il ne rougit pas Yinfusum de tournesol ; le calorique, le gaz oxigène et l'air ne lui font éprouver aucune altération. Mis en contact avec de l'acide hydro-chlorique et de l'hydro-chlorate de protoxide d'étain dissous dans l'eau, il devient d'un très- beau bleu ; on croit qu'il perd, dans ce cas, une portion d'oxigène qui se combine avec le protoxide d'étain. Il est insoluble dans l'eau; il s'unit aux dissolutions de potasse de soude, d'ammoniaque, et forme des sels solubles. Il n'a point d'usages. Des Tungstates. Les tungstates sont tous le produit de l'art, excepté ceux de chaux et de fer : aucun n'est employé. Ceux des deux premières classes sont incolores ; les autres sont diversement colorés. Ils sont pour la plupart indécomposables par le feu ; il n'y a guère que ceux dont les oxides se réduisent par la chaleur qui se décomposent. Presque tous sont insolubles dans l'eau ; ceux qui se dissolvent dans ce liquide sont pré- cipités à froid par les acides sulfurique, nitrique, hydro- chlorique , etc. ; le précipité est blanc et composé de beau- coup d'acide tungstique , d'une portion de l'oxide du tungstate et d'un peu de l'acide précipitant. Si au lieu d'agi t DES TUNGSTATE S. 36} à froid on fait chauffer le mélange, on n'obtient que de l'acide tungstique jaune. 4o6. Tungstate d'alumine.,11 est pulvérulent et insoluble dans l'eau. 407. Tungstate de magnésie. Il cristallise en paillettes^ brillantes, solubles dans l'eau, inaltérables à l'air et douées d'une saveur méialli que; les acides versés dans la dissolution de ce sel y font naître un précipité blanc qui est un sel double. 4o8. Tungstate de chaux. Ce sel se trouve en Suède, en Saxe, en Bohême ; il est presque toujours cristallisé en oc- taèdres translucides, d'un blanc jaunâtre, très-durs; sa pe- santeur spécifique est de 6,066. 409. Tungstate de baryte. 11 est pulvérulent et insoluble dans l'eau. 4io. Tungstate de potasse. Ce sel aune saveur styptique, métallique et caustique ; il cristallise difficilement, attire l'humidité de l'air, et se dissout très-bien dans l'eau. Il fond à une température peu élevée. 41 r • Tungstate de soude. Ce sel cristallise en lames hexaèdres allongées, solubles dans 2 parties d'eau bouillante ou dans 4 parties d'eau froide, douées d'une saveur acre et caustique. 4i2. Tungstate d'ammoniaque. Il cristallise en petites écailles semblables à celles de l'acideborique ,ouen aiguilles prismatiques tétraèdres, douées d'une saveur styptique, inal- térables à l'air, solubles dans l'eau, décomposables par le feu en ammoniaque qui se dégage, et en acide tungstique jaune qui reste dans le creuset. 4i3. Tungstate de zinc. Il est blanc etjnsoluble dans l'eau. 4i4- Tungstate de fer (wolfram). On le trouve dans le département de la Haute - Vi enne, dans les mines d'étain de la Bohême, de la Saxe, de Poldice en Coraouailles ; il con- 368 PREMIÈRE PARTIE. tient toujours de l'oxide de manganèse et un peu de silicrt Il est noir, lamelleux et opaque ; il peut être fondu , au moyen du chalumeau à gaz, en un culot métallique dont la surface offre un très-bel éclat. On l'emploie pour préparer l'acide tungstique. Du Columbium (tantale). Le columbium est excessivement rare ; on ne le trouve qu'à l'état d'acide, combiné tantôt avec les oxides de fer et de manganèse, tantôt avec l'yttria. Il est très-difficile à obtenir, et par conséquent il a été fort peu étudié ; il paraît êtrenoir, pulvérulent,terne etinfusible au feu de nos meilleures forges. On ignore quelle est sou action sur l'air, sur le gaz oxigène , et sur les corps simples non métalliques ; il n'agit point sur l'eau. L'ac- tion des acides sur ce métal est également inconnue. Des Oxides de columbium. M. Hatchelt, auteur de la découverte de ce métal, pense que la poudre noire que nous avons dit être le columbium n'est qu'un oxide de ce métal, auquel il accorde la pro- priété de pouvoir absorber diverses quantités d'oxigène, et de former un second oxide blanc, et l'acide colum- bique. L'expérience peut seule prononcer à cet égard. Des Sels de columbium. Les sels qui ont été décrits dans quelques ouvrages bous les noms de nitrate, de muriate, de sulfate et de phos- phate de columbium, nous paraissent devoir être soumis à de nouvelles recherches ; car il est excessivement pro- bable que ce sont des combinaisons des acides nitriques 01* sulfurique, etc., avec l'acide columbique. DU COLUMBIUM. 369 De l'Acide Columbique. Cet acide ne se trouve jamais pur dans la nature ; il y existe, comme nous l'avons dit, combiné avec quelques oxides. Il est blanc, pulvérulent, sans saveur, sans odeur, beaucoup plus pesant que l'eau ; il rougit faiblement Yin- fusum de tournesol. Le Calorique, le gaz oxigène et l'air ne lui font éprouver aucune altération. Il se dissout dans les acides hydro-chlorique et sulfurique à l'aide dé la cha- leur ; la première de ces dissolutions précipite des flocons blancs par l'addition de l'acide phosphorique, et la secondé se prend en totalité en une gelée blanche > opaque, consis- tante , et insoluble dans l'eau lorsqu'on la traite par le même acide. Il se dissout en partie dans la potasse et dans la soude, et ne paraît pas se combiner avec l'ammoniaque. Des Columbates. Ces sels sont très-peu connus; nous ne parlerons que du columbate dépotasse. Il cristallise en écailles luisantes semblables à l'acide borique , inaltérables à l'air, douées d'une saveur acre, désagréable , peu solubles dans l'eau. Ce solutum laisse précipiter l'acide columbique sous la forme d'une poudre blanche lorsqu'on le met en contact avec un acide puissant, tel que l'acide nitrique. Métaux non susceptibles de devenir acides en se combinant avec l'oxigène. Ces métaux sont : l'antimoine, le tellure, l'urane, le cérium, le cobalt, le titane, le bismuth, le cuivre et le plomb. De l'Antimoine ( régule d'antimoine ). L'antimoine se trouve , i° à l'état natif au Hartz, près de Grenoble, et à Sahlberg en Suède ; 20 combiné avec l'oxigène; 3_0 PREMIÈRE PABTIK. 3° uni au soufre; 4° enfin, combiné à-la-fois avec l'oxigène et avec le soufre. ' 4i5. L'antimoine est un métal solide, d'une couleur blanche bleuâtre, brillante , semblable à celle de l'argent ou de l'étain, qui ne se ternit que très-peu à l'air : sa texture est lamelleuse ; sa dureté assez grande ; il est très-cassant et facile à pulvériser ; frotté entre les doigls , il leur com- munique une odeur sensible ; sa pesanteur spécifique est de 6,7021. Chauffé dans des vaisseaux fermés , il entre en fusion un peu au-dessous de la chaleur rouge, et si on le laisse re- froidir lentement, il forme un culot dont la surface offre une cristallisation que l'on a comparée aux feuilles de fou- gère; il n'est point volatil, du moins d'une manière sen- sible. A la température ordinaire, il n'agit point sur le gaz oxigène ni sur l'air atmosphérique parfaitement secs ; il paraît, au contraire , absorber une très-petite quantité d'oxigène si ces gaz sont humides ; mais si on élève la tem- pérature, il passe à l'état de deutoxide blanc, connu autre- fois sous le nom de fleur s d'antimoine, et il y a dégagement de calorique et de lumière, comme on peut s'en assurer en faisant fondre 8 à 10 grammes de ce métal dans un creuset, et le versant d'une certaine hauteur sur une table ou sur le carreau; il se divise alors en une multitude de petits glo- bules rouges enflammés, qui se transforment en oxide, que l'on voit se volatiliser dans Tair sous la forme d'une fumée blanche. L'hydrogène, le bore et le carbone n'exercent point d'ac- tion sur l'antimoine. Le phosphore peut, à l'aide de la chaleur, se combiner directement avec ce métal, et donner un phosphure blanc, brillant, cassant, susceptible de se transformer en acide phosphorique et en oxide d'antimoine lorsqu'on le chauffe à l'air ou avec le gaz oxigène. Le soufre jouit aussi de la propriété de s'unir avec l'anti- D E L' A S T IM O I S E. 3^1 moine, à l'aide de la chaleur , et de former un sulfure dont l'histoire nous parait assez importante pour lui consacrer un article. L'antimoine se combine avec l'iode, et présente les mêmes phénomènes que l'étain. ( Voyez pag. 333. ) Lorsqu'on projette de la poudre de ce métal dans du chlore gazeux, celui-ci est absorbé et solidifié; il se produit du chlorure d'antimoine , beurre d'antimoine ( muriate d'antimoine) qui paraît sous la forme de fumées blanches, et il y a dégagement de calorique et de lumière. Ce chlorure est composé de i5o parties d'antimoine et de ioo de chlore (John Davy). Il est ordinairement sous la forme d'une masse épaisse, graisseuse, incolore , mais qui jaunit à l'air ; il est demi-transparent, d'une causticité extrême, susceptible de cristalliser en prismes tétraèdres lorsqu'on le fait fondre et qu'on le laisse refroidir lentement, fusible au-dessous de ioo° thermomètre centigrade, volatil et attirant l'hu- midité de l'air ; il se décompose lorsqu'on le met en con-» tact avec de l'eau , et fournit de l'oxide d'antimoine et de l'acide hydro-chlorique, qui se combinent pour former un sous-hydro-chlorate insoluble dans l'eau ( poudre d'Alga-t roth ) ; cette poudre se dépose sous la forme de petites paillettes brillantes, et peut être dissoute dans l'acide hydro. chlorique. Le beurre d'antimoine est employé en médecin» comme caustique ; on s'en sert contre la morsure des ani- maux venimeux. La poudre d'Algaroth était en usage autre- fois ; on l'administrait comme émétique, et on la connaissait sous les noms de mercure de vie, mercure de mort, etc. ; elle est généralement abandonnée aujourd'hui. L'azote est sans action sur l'antimoine. Il en est de même de l'eau et du gaz oxide de carbone ; on ne sait pas, si les gaz protoxide et deutoxide d'azote sont décomposés par ce métal. Les acides borique, carbonique et phosphorique ne sont pas attaqués par l'antimoine. L'acide sulfurique concentré 3j2 PBEMIÈHE PARTIE. n'agit point sur lui à la température ordinaire ; mais il est en partie décomposé à l'aide de la chaleur, cède une por- tion de son oxigène au métal, et se transforme en gaz acide sulfureux et en soufre : le protoxide formé se combine avec l'acide non décomposé, et donne naissance à du sulfate d'antimoine.*On ne connaît pas l'action de l'antimoine sur les acides iodique etchlorique. L'acide nitrique concentré est promptement décomposé par lui ; il se dégage du gaz ni- treux , et il se forme du deutoxide d'antimoine blanc et du nitrate d'ammoniaque, phénomènes semblables à ceux que produisent l'étain et le fer, et dont la théorie a été ex- posée en détail ( pag. 321 ). L'acide nitrique affaiblit l'oxide au premier degré et le dissout. L'acide hydro-chlorique liquide n'exerce d'abord au- cune action sur l'antimoine, mais, au bout d'un certain temps , il le dissout, et l'on peut, en évaporant la liqueur, en obtenir des cristaux aiguillés d'hydro-chlorate d'anti- moine : il est évident que, dans cette expérience, l'eau est décomposée pour oxider le métal. On ignore quelle est son action sur l'acide hydriodique; il n'en exerce aucune sur l'acide hydro-phtorique. Suivant Schéele, l'acide ar- sénique oxide l'antimoine, se combine avec lui, et donne naissance à une poudre blanche insoluble. Parmi les métaux précédemment étudiés, il n'y a que le potassium et le sodium qui forment avec l'antimoine des alliages ayant quelques propriétés particulières ; il y a pendant leur formation dégagement de calorique et de lumière. Lorsqu'on projette dans un creuset chauffé jusqu'au rouge parties égales d'antimoine et de nitrate de potasse pulvéri- sés , on obtient l'antimoine diaphorétique non lavé, qui est composé de deutoxide d'antimoine et de potasse: dans cette expérience, l'acide nitrique est décomposé, son oxigène se porte sur l'antimoine , et l'oxide formé s'unit à la potasse j il DE l'àNTIMOIBE. 373 y a dégagement de beaucoup de calorique et de lumière. Lorsqu'on traite le produit par l'eau, celle-ci dissout l'excès de potasse et un peu de deutoxide d'antimoine, et le résidu constitue Yantimoine diapAorétique lavé, composé de 20 parties de potasse et de 80 parties de deutoxide d'antimoine. Si on verse dans la dissolution aqueuse de potasse et de deu- toxide d'antimoine (eaude lavage) de l'acide nitrique, celui- ci s'empare de la potasse, et le deutoxide d'antimoine blanc se précipite : on connaissait autrefois ce précipité sous le nom de matière perlée de Kerkringius. On a employé en mé- decine l'antimoine diaphorétique lavé et non lavé, comme fondans et apéritifs dans les maladies cutanées : ce dernier est plus actif que l'autre ; on. le prescrit à la dose de 24 ou 36 grains dans une potion de 5 à 6 onces, que l'on fait prendre par cuillerée ; il constitue la poudre de la Cheva- leraies. Ces préparations sont fort peu usitées aujourd'hui. L'antimoine diaphorétique non lavé entre dans la composi- tion des tablettes antimoniales de Daquin, de la poudre cornachine, du remède de Rotrou, etc. Usages de l'antimoine. 11 sert à préparer l'alliage des caractères d'imprimerie , et plusieurs préparations anti- moniales. Les médecins n'emploient jamais l'antimoine pur. Il constituait autrefois les pilules perpétuelles, le vomitif perpétuel, espèce de petites balles que l'on rendait telles qu'on les avait prises. On construisait aussi avec l'antimoine des tasses dans lesquelles on mettait du vin blanc , dont l'acide ne tardait pas à dissoudre le métal oxidé par l'air : ce liquide était alors émétique et purgatif , mais d'une manière variable, suivant la quantité d'acide contenu dans le vin. L'antimoine métallique sert à la préparation du decoctum antivenereum laxansdela. pharmacopée de Paris; mais, dans cette décoction, il se trouve oxidé et dissous par la potasse, 374 PREMIÈRE PARTIE. Des Oxides d'antimoine. Suivant M. Proust, on ne connaît que deux oxides d'an- timoine. 4i6. Le protoxide d'antimoine existe dans la nature; il entre dans la composition de la poudre d'Aîgaroth, dusulfate d'antimoine, du tarlrateantimonié de potasse (tartre émé- tique) , du kermès, du verre, des foies , des safrans et des rubines d'antimoine. Il est d'un blanc grisâtre ; il est fu- sible à une chaleur roùge obscure, et prend par le refroi- dissement l'aspect d'une masse jaunâtre , opaque, nacrée, pesante, fragile et rayonnée; il est volatil; il est décomposé par le soufré et par le carboné ; traité par l'acide nitrique, il le décompose et passe à l'état de deutoxide : il a plus d'af- finité pour les acides que le deutoxide. Il est formé, sui- vant M. Proust, de ioo parties de métal et de 22 parties d'oxigène. 417. Deutoxide drantimoine. Cet oxide se trouvé à Tor- navaca en Galice, au canton de la Croix, dans le royaume de Valence, où il est combiné avec de l'oxide rouge de fér, du cinabre et du carbonate de cuivre. Il constitué les fleufs d'antimoine ; il entre dans la composition dé l'antimoine diaphorétique, etc., et dans la liqueur qui résulte de l'ac- tion de l'eau régale sur l'antimoine. Il est blanc, infusible au même degré de chaleur qui fond le précédent, sans ac- tion sur le gaz oxigène et sur l'air ; il est décomposé par le charbon et par le soufre, et il a peu dé tendance à se èom- bîner avec les acides. Il est formé , suivant M. Proust, de 100 parties de métal et de 3o parties d'oxigène. On a employé en médecine lés fleurs d'antimoine comme émétiquc, mais on ne s'en sert guère aujourd'hui. M. Berzeli us admet quatre oxides d'antimoine: le premier résulte de l'action cle la pile voltaïque sur l'eau et sur l'an- DES OXIDES D'ANTIMOINE. 37D timoine , ou de l'action de l'air humide sur ce métal ; le second correspond à celui que nous avons appelé protoxide; les fleurs d'antimoine constituent le troisième, que M. Ber- zelius appelle acide antimonieux ; enfin le quatrième, ap- pelé par ce chimiste acide antimonique, résulte de l'action de l'acide nitrique sur l'antimoine. Des Sels formés par le protoxide d'antimoine. Les sels solubles formés par le protoxide d'antimoine sont précipités en blanc par l'eau, à moins qu'ils ne soient à double base : le précipité est un sous-sel. Les hydro-sul- fates solubles et l'acide hydro-sulfurique y font naître un précipité jaune orangé, plus ou moins foncé, suivant la quantité de réactif employé a ce précipité est dusous-hydro- sulfate d'antimoine. L'infusion de noix de galle les trouble sur-le-champ et y occasionne un dépôt d'un blanc jaunâtre, composé de protoxide d'antimoine et de matière végétale. La potasse et la soude en séparent l'oxide blanc, et le redis- solvent lorsqu'elles sont employées en excès. Le fer et le zinc, doués d'une plus grande affinité pour l'oxigène et pour l'acide que l'antimoine , en précipitent le métal sous la forme d'une poudre noire. 4i8. Phosphate acide d'antimoine. H est soluble dans l'eau, incristallisable $ évaporé, il fournit une masse d'un vert noirâtre, vitrifiable à nne haute température. La poudre de James, d'après M. Pearson, est un phosphate double de chaux et d'antimoine; cependant M. Pully n'adopte pas cette opinion, et regarde cette poudre comme formée, i° de phosphate de chaux ; 20 de sulfate de potasse ; 3° de po- tasse tenant du protoxide d'antimoine en dissolution ; 4° enfin , de deutoxide d'antimoine. On sait qu'elle est puissamment émëtique. 419. Sulfate acide d'antimoine. Il est sous la forme d'une 376 PREMIÈRE PARTIE. masse blanche, molle, qui, étant traitée par l'eau, se trans- forme en sous-sulfate blanc, insoluble, pulvérulent, et en sur-sulfate soluble. 420. Sulfite d'antimoine. Il est pulvérulent, peu soluble dans l'eau, doué d'une saveur acre et astringente ; chauffé il se fond, se volatilise et se décompose. 421. Nitrate a"antimoine. Il est peu connu; on sait qu'il est soluble dans l'eau ; ce solutum, exposé à l'air, se trouble et laisse déposer du deutoxide ; lorsqu'on le traite par une grande quantité d'eau, on en précipite l'oxide blanc ; cet oxide, desséché dans une capsule, s'enflamme comme de l'amadou si on continue à le chauffer ( Berzelius). 422. Hydro-chlorate d'antimoine. Ce sel peut cristalliser en aiguilles blanches, mais le plus souvent on l'obtient à l'état liquide ; il est acide , incolore, et doué d'une saveur caustique ; l'eau le décompose et le précipite en blanc ; le précipité est un sous-hydro-chlorate d'antimoine ( poudre d'Algaroth ) , et il reste dans la liqueur du sur-hydro-chlo- rate. Lorsqu'on le chauffe, il se dessèche, se décompose et se transforme en chlorure d'antimoine (beurred'antimoine). 423. Sous-hydro-sulfated'antimoine (kermès minéral ). Le kermès est Solide , d'un rouge brun, d'autant plus foncé , toutes choses égales d'ailleurs, qu'il a été mieux préservé du contact de la lumière : il est léger et velouté. Chauffé dans des vaisseaux fermés , il se décompose et se transforme en eau , en gaz acide sulfureux et en oxide d'anti- moine sulfuré ; en effet, l'hydrogène, et une partie du soufre de l'acide hydro-sulfurique , se combinent dans cette expé- rience avec une portion de l'oxigène de l'oxide d'antimoine pour former de l'eau et de l'acide sulfureux ( Robiquet ). P. E, Mêlé avec son volume de charbon et chauffé jus- qu'au rouge dans un creuset, le kermès se décompose éga- lement, et donne de l'antimoine métallique, de l'eau, du gaz acide carbonique et du gaz acide sulfureux. des oxides d'antimoine. Sy] Exposé à l'air, il se décolore et se décompose; l'oxigène de l'atmosphère s'unit avec l'hydrogène pour former de l'eau ; d'où il suit que le soufre doit se trouver prédomi- nant. 11 est insoluble dans l'eau , mais il peut se dis- soudre dans quelques hydro - sulfates sulfurés; ceux de potasse et de soude le dissolvent bien à chaud et très-peu à froid ; ceux de baryte, de strontiane et de chaux le dis- solvent à toutes les températures. 424- Si on met dans un petit flacon à l'émeri une certaine quantité de kermès, et qu'on remplisse le flacon d'acide hydro-chlorique étendu du tiers de son volume d'eau, on remarque que ces deux corps réagissent l'un sur l'autre, qu'une portion de kermès se dissout, que le mélange ac- quiert une couleur jaunâtre, et qu'il se dégage un peu de gazacide hydro-sulfurique. Si on bouche le flacon et qu'on le comprime afin d'empêcher ce dégagement, on obtient un liquide d'un blanc jaunâtre, forméd'hydro-chlorate très- acide d'antimoine, et d'une petite quantité d'acide hydro- sulfurique. 11 est évident que l'acide hydro-chlorique dé- compose le kermès, s'empare de l'oxide d'antimoine avec lequel il forme un hydro-chlorate acide ; tandis que l'hydro- gène et le soufre s'unissent pour donner naissance à du gaz acide hydro-sulfurique qui reste dans la dissolution ; cet acide ne précipite pas l'oxide d'antimoine parce qu'il y est en petite quantité, et surtout parce que l'acide hydro-chlo- rique combiné avec l'oxide est en grand excès. Si on décante cette dissolution d'hydro-chlorate d'anti- moine et d'acide hydro-sulfurique, et que l'on y verse quel- ques gouttes d'eau, on obtient un précipité jaune orangé formé de sous-hydro-sulfate d'antimoine ; dans ce cas, l'eau s'empare de l'excès d'acide hydro-chlorique; l'oxide d'anti- moine est par conséquent beaucoup moins retenu, et l'acide hydro-sulfurique le précipite comme à l'ordinaire. Ce fait est remarquable en ce qu'il fournit l'exemple d'une disso- 378 PREMIÈRE PARTIE. lulion d'hydro-chlorate d'antimoine que l'eau précipite en jaune orangé, au lieu de précipiter en blanc. Si on filtre cette dissolution d hydro-chlorate d'antimoine etd'acide hydro-sulfurique et qu'on la fasse bouillir pendant quelques instans, l'acide hydro-sulfurique se dégage, et alors l'hydro-chlorate d'antimoine qui reste précipite en blanc par l'eau, ce qui est parfaitement d'accord avec tout ce que nous venons d'exposer. Si on faitbouillir le kermès avec une assez grande quantité de dissolution de potasse ou de soude, il se décompose sur- le-champ, perd sa couleur, et se transforme en protoxide d'antimoine d'un blanc jaunâtre, insoluble, et en hydro- sulfate de potasse sulfuré tenant un peu de protoxide d'anti- moine en dissolution : aussi, si après avoir filtré cette dissolution on y verse quelques gouttes d'acide nitrique, celui-ci s'unit avec la potasse, et l'on voit paraître un pré- cipité jaune, plus ou moins rougeâtre, formé de protoxide d'antimoine, d'acide hydro-sulfurique etde soufre. Sôus-7irdro-sulfate d'antimoine sulfuré ( soufre doré ). Ce produit ne diffère du kermès qu'en ce qu'il contient plus de soufre* 11 est solide, jaune orangé, insoluble dans l'eau, et donne, lorsqu'on le calcine avec du charbon , un culot d'antimoine métallique. En médecine on se sert de ces deux produits pour remplir à-peu-près les mêmes indi- cations ; mais on préfère presque toujours le kermès. On l'emploie, i° Comme tonique du système pulmonaire dans la dernière période des inflammations aiguës des pou- mons , dans toutes les périodes des fluxions de poitrine ap- pelées catarrhales, sans crachement de sang et sans une grande irritation de la poitrine, dans la coqueluche lors- que l'irritation a cessé, dans l'engorgement des glandes du poumon, dans les catarrhes chroniques, dans l'asthme humide, etc. On l'administre à la dose d'un, deux ou trois grains dans du beurre de cacao, dans de l'huile, dans un DU SULPURE D'ANTIMOINE. 379 jaune d'oeuf ou dans des extraits ; 2° on fait prendre souvent comme émétique 6 à 10 grains de kermès dans 3 ou 4 onces de sirop d'/pécacuanha que l'on donne pat cuille- rées à bouche, de quart-d'heure en quart-d'heure, jusqu'à ce que le vomissement ait lieu ; 3° on l'emploie aussi comme sudorifiqùe et stimulant dé la peau, dans les phleg- masies cutanées chroniques, telles que la gale, les dar- tres, etc., dans lés rhumatismes lents, les sciatiqués et gouttes anciennes : dans ces cas, on l'associe au camphre et à l'antimoine diaphorétique non lavé. Le soufre dorén été principalement préconisé contre la goutte ; l'une et l'autre de ces préparations paraissent être d'une très-grahde milité dans le traitement de la plique polonaise. Administrées à haute dose elles peuvent donner lieu à tous les symptômes de l'empoisonnement. 425. Arsèniate d'antimoine. Il est pulvérulent, insoluble dans l'eau ; il en est de même du molybdate d'antimoine. Des Sels formés par le deutoxide d!antimoine k Ces sels ont été fort peu étudiés; quelques-uns même n'existent pas; on peut en obtenir un certain nombre en faisant dissoudre le deutoxide dans les acides: tels sont, par exemple, les deuto-sulfate et hydro-chlorate, qui pré- cipitent en blanc par l'eau et parles alcalis, et en jaune rougeâtre par les hydro-sulfates. Du Sulfure d'antimoine. Ce sulfure se trouve très-abondamment dans la nature; on le rencontre dans les déparleméns du Gard, du Puy-de- Dôme, dans le Vivarais, en Toscane, en Saxe, en Hongrie, en Bohême, en Suède, en Angleterre, en Espagne, etc. Il est cristallisé en aiguilles d'un gris bleuâtre, brillantes, inodores et insipides. Il paraît formé de 100 parties de 380 PREMIÈRE PARTIE. métal et de 33,333 de soufre. M. Thompson porte la pro- portion de soufre à 35,559- 426. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il entre promp- tement en fusion et ne se décompose pas ; mais s'il est en con- tact avec l'air ou avec le gaz oxigène, il se transforme en gaz acide sulfureux et en protoxide d'antimoine sulfuré fusible. Ce produit, fondu pendant un certain temps dans un creu- set d'argile, constitue le crocus metallorum, le safran des métaux, safran d'antimoine; il est brun marron, a la cas- sure vitreuse , et contient de la silice qu'il a enlevée au creuset. Si on continue à le faire fondre et qu'on le coule, il donne par le refroidissement un verre transparent, cou- leur d'hyacinthe, composé de protoxide et de sulfure d'an- timoine, d'alumine, de silice et de fer oxidé (i), d'où l'on doit conclure que la matière du creuset a été attaquée ; ce verre est opaque s'il contient beaucoup de sulfure ; suivant M. Vauquelin, il serait jaune citrin s'il ne renfermait pas de fer. On peut y démontrer l'existence de toutes ces sub- stances au moyen de l'acide hydro - chlorique. Le verre d'antimoine est employé pour faire le tartre stibié, le vin antimonié ; il est fortement émétique, et on l'administre rarement seul. On lit dans Hoffmann des observations d'em- poisonnemens produits par 7 à 8 grains de cette substance et terminés par la mort. On peut combiner par la fusion et en plusieurs propor- tions le protoxide d'antimoine avec le sulfure ; la rubine des anciens est formée de 8 parties du premier et d'une partie (1) C'est à la silice que le verre d'antimoine doit sa transpa- rence ; en effet, que l'on fasse chauffer dans un creuset de pla- tine du sulfure d'antimoine grillé seul, on n'obtiendra qu'une masse' opaque ; que l'on mette, au contraire, un mélange du même sulfure et de sable (silice ) dans le même creuset, on ne tardera pas à former du verre transparent. bu sulfure d'antimoine. 38î du second ; le crocus, dont nous avons déjà parlé, peut être préparé avec trois parties de protoxide et une de sulfure; enfin, le foie d'antimoine résulte de l'action d'une partie du dernier sur deux de protoxide. L'acide sulfurique concentré transforme le sulfure d'an- timoine, à l'aide de la chaleur, en proto-sulfate d'antimoine blanc ; une partie de l'acide est décomposée, cède de l'oxi- gène au soufre et à l'antimoine, et se trouve réduite à du gaz acide sulfureux qui se dégage. Il en est de même de l'acide nitrique concentré, excepté qu'il y a dégagement de gaz nitreux (deutoxide d'azote ). Le sulfure d'antimoine chauffé avec de l'acide hydro-chlorique liquide, dans une petite fiole à laquelle on adapte un tube recourbé propre à recueillir les gaz, décompose l'eau qu'il renferme ; le soufre et l'hydrogène de l'eau forment du gaz acide hydro-sulfu- rique qui se dégage, et l'antimoine et l'oxigène de l'eau donnent naissance à du protoxide d'antimoine qui se dissout dans l'acide hydro-chlorique ; c'est même par ce moyen que l'on peut se procurer abondamment et dans un grand degré de pureté, le gaz acide hydro-sulfurique (hydrogène sulfuré). Si on fait bouillir de l'eau dans laquelle on ait mis du sulfure d'antimoine et de la chaux, ou de la baryte, ou de la strontiane pulvérisés, l'eau est également décomposée , et l'on obtient un liquide formé, i° d'hydro-sulfate sulfuré de la base; 2° de sous-hydro-sulfate d'antimoine ( kermès ). Théorie. Comme la chaux ne se décompose pas, on peut la représenter par Chaux Le sulfure d'anti- moine par___Antimoine-f-soufre -f soufre -fsoufre. L'eau par......Oxigène. -T-hydroge.+hydroge. Protoxide A. hydro- Hydro-sulfate de d'antimoine, sulfurique. chaux sulfuré. 382 PREMIÈRE PARTIE. L'eau en se décomposant cède son oxigène à l'antimoine, lé transforme en protoxide ; l'hydrogène s'unit aux deux por- tions de soufre au-dessous desquelles nous l'avons placé, forme de l'acide hydro-sulfurique; une partie de cet acide se combine avec la chaux et le soufre, et donne naissance à de l'hydro-sulfate sulfuré, tandis que l'autre partie se com- biné avec le protoxide d'antimoine, et produit du kermès qui peut rester en dissolution dans la liqueur. La potasse et la soude agissent de la même manière sur le sulfure d'antimoine; mais le kermès qui en résulte ne peut être dissous qu'autant que la liqueur est très-chaude , par conséquent il se précipite aussitôt qu'elle vient à se re- froidir. Nous verrons par la suite que la préparation du kermès repose toute entière sur cette propriété. (Voyez Préparations. ) Lorsqu'on projette dans un creuset chauffé jusqu'au rouge parties égales de nitrate de potasse et de sulfure d'antimoine pulvérisés, on obtient un produit brun marron connu sous le nom de foie d'antimoine, et qui est composé de sulfate de potasse, de sulfure de potasse et d'oxide d'an- timoine ; d'où il suit que l'oxigène de l'acide nitrique se porte à-da-fois sur le soufre et sur l'antimoine. Le foie d'antimoine était très-employé autrefois comme vomitif, purgatif et fondant; on s'en servait, et on s'en sert encore quelquefois dans la préparation du vin émétique trouble et non trouble. On obtient \e fondant de Rotrou en employant, au lieu de parties égales , 3 parties de nitrate de potasse et une de sulfure d'antimoine, et en mettant le feu au mé- lange au moyen d'un charbon rouge. Le produit qui en résulte est du sulfate de potasse -f- du deutoxide d'anti- moine uni à la potasse. Le sulfure d'antimoine est décomposé à l'aide de la cha- leur par l'étain, le plomb , le cuivre et l'argent, qui s'em- parent du soufre qui entre dans sa composition. H est DE L ACIDE ANTIMONIQUE. 383 employé pour extraire le métal et pour préparer le kermès, le soufre doré, le verre d'antimoine, la rubine, le foie d'antimoine, le fondant de Rotrou, etc. Des Acides formés par l'antimoine. M. Berzelius pense que les fleurs d'antimoine et l'oxide qui résulte de l'action de l'acide nitrique sur l'antimoine, constituent deux acides particuliers, qu'il a nommés anti- monieux et antimonique. Cette opinion est loin d'être partagée par tous les chimistes ; quelques-uns d'entre eux, non - seulement ne regardent pas ces corps comme des acides, mais ils n'admettent pas de différence entre les fleurs d'antimoine et l'oxide fait par l'acide nitrique : telle est la manière de voir de M. Proust. Voici, au surplus, les caractères assignés par M. Berzelius à ces deux corps. Acide antimonique. Il a une couleur jaune ; il se réduit, à une chaleur rouge, en oxigène et en acide antimonieux (fleurs d'antimoine); il rougit Yinfusum de tournesol; il n'a point la propriété de neutraliser les acides ; il s'unit à presque toutes les bases salifiables et forme des antimo- niates ; il est composé de ioo parties de métal et de 37,3 d'oxigène. L'antimoniate de potasse est soluble dans l'eau; le solutum précipite les eaux de chaux, de baryte, de zinc, de fer, de manganèse, de cobalt, de cuivre, de plomb, etc. ; il est précipité par le gaz acide carbonique et par l'acide acétique; le précipité blanc formé par l'acide antimo- nique contient de l'eau. D'après M. Berzelius, l'antimoine diaphorétique serait un antimoniate de potasse. Acide antimonieux ( fleurs d'antimoine ). Il est blanc, moins oxigéné que le précédent; il n'éprouve aucune dé- composition de la part du calorique ; il se comporte comme lui avec Yinfusum de tournesol, les acides et les alcalis. L'antimonite neutre de potasse jouit de propriétés ana- logues à celles de l'antimoniate. 384 PREMIERE PARTIE. Du Tellure. Le tellure se trouve, i° combiné avec le fer et l'or en Transylvanie, dans les mines de Muria-Loretto ; 20 avec l'or et l'argent aussi en Transylvanie; 3° avec le plomb, l'or, l'argent et le soufre ; 4° enfin avec le plomb, l'or, le soufre et le cuivre. Le tellure est solide, blanc bleuâtre, très-éclatant, d'un tissu lamelleux, très-fragile, facile à réduire en poudre ; sa pesanteur spécifique est de 6,115. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il fond à un degré de chaleur un peu supérieur à celui qui est nécessaire pour liquéfier le plomb; il se volatilise ensuite, et se condense en gouttelettes. L'air atmosphérique et le gaz oxigène ne paraissent pas agir sur lui à froid ; mais si on élève la tem- pérature, il se forme un oxide volatil d'une odeur analogue à celle du raifort, qui répand des vapeurs blanches; il y a en outre dégagement de calorique et de lumière bleue ver- dàtre. Le gaz hydrogène peut se combiner directement avec le tellure ; il suffit pour cela de le mettre en contact avec le gaz qui se produit en décomposant l'eau par la pile électrique ; il se forme, dans ce cas, un hydrure solide brun ; il existe encore un produit gazeux formé aussi de ces deux élémens et que l'on ne peut pas obtenir directement ; il porte le nom de gaz hydrogène tellure, et plusieurs chimistes l'appellent acide hydro-tellurique. Il est gazeux, incolore, doué d'une odeur semblable à celle du gaz acide hydro-sulfurique ; on ignore quelle est sa pesanteur spécifique; il rougit Yinfusum de tournesol. Ilabsorbele gaz oxigène lorsqu'on l'approche d'un corps enflammé ; il y a dégagement de calorique et de lumière bleuâtre, et dépôt d'oxide de tellure. Il se dissout dans l'eau ; le solutum, d'un rouge clair, se décompose parle DU TELLURE. ' 385 contact de l'air, et il en résulte de l'hydrure de tellure qui se dépose sous la forme d'une poudre brune : cet hydrure contient moins d'hydrogène que le gaz, d'où il suit que l'oxigène de l'air s'est combiné avec une portion d'hydro- gène. Il s'unit aux alcalis, et donne des produits qui ont le plus grand rapport avec les sels. Le chlore le décompose et lui enlève son hydrogène. Il précipite plusieurs des dis- solutions métalliques formées par les métaux des quatre dernières classes. Il est composé , d'après M. Berzelius, de ioo parties de tellure et de 1,948 d'hydrogène. Chauffé avec du chlore gazeux, le tellure passe à l'état de chlorure solide, et il y a dégagement de calorique et de lumière; ce chlorure est incolore, demi-transparent, et paraît formé de 100 parties de tellure et de 90,5 de chlore ( H. Davy ). On ne connaît pas l'action des autres corps simples sur ce métal. Il n'agit point sur l'eau. Les acides sulfurique, nitrique et l'eau régale l'oxident et le dissolvent. On ignore quelle est l'action des autres acides sur lui. Il n'est pas employé. De V Oxide de tellure. 427. Il est le produit de l'art, d'une couleur blanche; il fond un peu au-dessous delà chaleur rouge et se volatilise. Il peut se dissoudre dans quelques acides. Il se combine avec la potasse, la soude et l'ammoniaque à l'aide de la chaleur, et donne des produits peu solubles dans l'eau. Il est formé, suivant M. Berzelius, de 100 parties de métal et 24,83 d'oxigène; il n'a point d'usages. Des Sels de tellure. Les dissolutions de tellure sont décomposées et préci- pitées en blanc par la potasse ou la soude; l'oxide précipité se .redissout dans un excès du réactif précipitant; les hydro- sulfates solubles y font naître un précipité noir de sulfure 386 PREMIÈRE PARTIE. de tellure ; l'infusion de noix de galle en précipite des flocons jaunes ; l'hydro-cyanate de potasse et de fer (prus- siate ) ne le6 trouble point. Le zinc, le fer et l'antimoine en séparent du tellure noir pulvérulent. 428. Sulfate de tellure. Il est incolore, soluble dans l'eau, et facilement décomposable par le feu. 429. Nitrate detellure.il est incolore, décomposable par l'eau, qui en précipite du sous-nitrate soluble dans un excès d'eau; il donne, par l'évaporation, des aiguilles prismatiques, incolores et légères. 43o. Hydro-chlorate de tellure. 11 est liquide, décompo- sable par l'eau ; le précipité blanc formé se dissout dans une grande quantité d'eau. De VUrane. L'urane ne se trouve dans la nature que combiné avec l'oxigène ; il fait partie de la mine connue sous le nom de pechblende. 431. L'urane est Un métal solide, d'une couleur grise fon- cée , très-brillant, cassant, facile à entamer par le couteau et par la lime; cependant M. Clarke dit avoir retiré du pech- blende , au moyen .du chalumeau à gaz , un métal sem- blable à l'acier, tellement dur que la lime la plus acérée y mord à peine; mais il est probable que ce métal est allié à du plomb, à du fer et à du silicium, dont les oxides entrent dans la composition du pechblende. (Clarke , Ann. de Chi- mie et de Phys., t. III. ) Sa pesanteur spécifique est de 8,7. Ce n'est guère que dans ces derniers temps que l'on a pu fondre l'urane au moyen du chalumeau à gaz de Brooks. Suivant M. Clarke, il absorbe, durant sa fusion, l'oxigène de l'air, et passe à l'état d'oxide jaune serin. On a peu fait d'expériences pour constater l'action de l'urane sur les corps simples. Il n'agit point sur l'eau, ni sur les acides borique, carbonique, phosphorique ; il est à peine attaqué par l'acide nE l'urane. 3$~ sulfurique, tandis qu'il décompose assez bien l'acide nitri- que , lui enlève une portion de son oxigène, s'oxide et se dis- sout dans la portion d'acide non décomposée. Il n'a presque pas d'action sur l'acide hydro-chlorique. Il est sans usages. Des Oxides d'urane. Plusieurs chimistes admettent un protoxide d'urane gris noirâtre qui entre dans la composition du pechblende ; M. Proust élève des doutes sur son existence , parce que, suivant lui, il a été impossible de l'obtenir et de l'analyser, et que, d'ailleurs, il ne forme point de sels avec les acides. Voici quels sont les caractères assignés à ce protoxide. Il est gris noir , difficilement fusible, et insoluble dans les acides , à moins qu'il n'absorbe de l'oxigène pour passer à l'état de deutoxide. Il est formé, suivant M. Bucholz, de ioo parties d'urane et de 5, i7*d'oxigène. Il existe, dit-on, en Saxe et en Bohême. 432. Deutoxide d'urane. On le trouve en petite quantité A Saint-Symphorien près d'Autun, et à Chanteloube près Limoges ; en Saxe, en Angleterre, dans le Wurtemberg, en- Bohême; sa couleur varie du jaune citron au vertémeraude- îl est en lames cristallines ou sous la forme de poudre ; il se combine avec plusieurs acides. Il n'a point d'usages ; il est formé, suivant Bucholz, de 80 parties de métal et de 20 parties d'oxigène. Des Sels formés parle deutoxide d'urane. Les sels d'urane ont une saveur astringente , forte, sans mélange de saveur métallique. Ils sont tous colorés en jaune ou en blanc jaunâtre. La potasse caustique pré- cipite l'oxide jaune de ceux qui sont solubles dans l'eau, Les carbonates de potasse et de soude y font naître un pré- cipité blanc : ces précipités se dissolvent dans un excès de potasse. L'hydro-sulfate de potasse y produit un dépôt brun 388 PREMIÈRE PARTIE. jaunâtre, qui est dusulfure d'urane. Le prussiate de potasse y forme un précipité rouge brunâtre, et l'infusion de noix de galle un précipité chocolat. Tous ces sels sont sans usages. 433. Le phosphate d'urane est très-peu soluble dans l'eau , et d'une couleur blanche jaunâtre. 434. Sulfate d'urane. Il est en petits cristaux prisma- tiques , ou en tables d'un jaune citron , dont la couleur passe au vert par son exposition au soleil, solubles dans la moitié de leur poids d'eau bouillante, un peu moins solubles dans l'eau froide, entièrement décomposables par le feu en oxide et en acide. 435. Nitrate d'urane. Il cristallise en lames hexagones ou en larges prismes rectangulaires à quatre pans aplatis, d'un jaune citron ou verdâtres, solubles dans la moitié de leur poids d'eau à i5°, beaucoup plus solubles dans l'eau bouil- lante , efflorescens dans un air dont la température est à 38°, th. c., déliquescens, au contraire , dans un air froid et humide. Ces cristaux, chauffés, fondent dans leur eau de cristallisation, se décomposent et donnent de l'oxide d'u- rane, du gaz deutoxide d'axote et du gaz oxigène. 436. Hydro-chlorate d'urane. Il est sous la forme de prismes quadrangulaires, aplatis, d'un vert jaunâtre, déli- quescens et très-solubles dans l'eau. 437. Hydro-phtorate d'urane. Il est cristallisable et inaltérable à l'air. 438. Arsèniate d'urane. Il est sous la forme d'une poudre blanche jaunâtre , insoluble dans l'eau. Du Cérium. On n'a jamais trouvé le cérium à l'état natif: il existe en Suède, combiné avec l'oxigène, la silice et l'oxide de fer, ce qui constitue l'oxide silicifère de cérium , ou la cé- rite. On rencontre aussi cette mine au Groenland ; mais elle renferme en outre de la chaux et de l'alumine. DU cérium. 38g 439. Le cérium est un métal solide, d'une couleur blanche grisâtre, très-fragile , et d'une structure lamelleuse ; on ignore quelle est sa pesanteur spécifique. Il est très-diffi- cile à fondre au feu de nos forges : cependant la cérite se fond et se réduit avec la plus grande facilité à l'aide du chalumeau à gaz ( Clarke ). Il n'est point volatil à la chaleur rouge que peut éprouver une cornue de porcelaine dans un fourneau à réverbère (Laugier). L'air atmosphérique et le gaz oxigène, à une température élevée, le font passer à l'état d'oxide blanc On a peu fait d'expériences pour constater l'action du cérium sur les corps simples et sur les acides. 11 n'agit point sur l'eau. Il est sans usages. Des Oxides de cérium. 44°' Le protoxide de cérium est un produit de l'art ; il est blanc, très-difficile à fondre, et susceptible de passer à l'état de deutoxide lorsqu'on le chauffe avec le gaz oxigène ou avec l'air atmosphérique. Il n'a point d'usages; il se dissout dans plusieurs acides ; il est formé, suivant M. Hisinger, de 100 parties de cérium et de 17,4* d'oxigène. 44 !• Deutoxide. Il entre dans la composition delà cérite ; sa couleur est brune rougeâtre ; il est très-difficile à fondre> n'exerce aucune action sur le gaz oxigène , et n'a point d'usages. Chauffé avec l'acide hydro-chlorique, il passe à l'état de protoxide qui se dissout; l'oxigène qu'il a perdu s'unit à l'hydrogène d'une portion d'acide hydro-chlo- rique pour former de l'eau, et il se dégage du chlore. M. Hisinger le croit formé de 100 parties de métal et de 26,115 d'oxigène. Des Sels de cérium. Tous les sels de cérium sont le produit de l'art ; ceux qui sont solubles ont une saveur sucrée : ils sont tous préci- pités en blanc par l'hydro-cyanate de potasse ( prussiate ) 39O PUE M 1ÈRE PARTIE. etparl'oxalated'ammoniaque; mais le premier précipité se dissout dans les acides nitrique et "hydro-chlorique, tandis que le second y est insoluble. L'infusion de noix de galle no trouble point les dissolutions de cérium. Les hydro-sul- fates solubles les décomposent et en précipitent un sulfure. Des Sels for mes par le protoxide de cérium. Ces sels sont incolores. 44^. Proto-carbonate de cérium. Il est grenu , insoluble dans l'éau pure et dans l'eau acidulée avec l'acide carbo- nique. Le proto-phosphate de cérium est également inso- luble dans l'eau; il ne se dissout pas non plus dans les acides nitrique et hydro-chloriqUe. 443. Proto-suif ate de cérium. On l'obtient facilement en cristaux ; il est soluble dans l'eau. 444* Proto-nitrate de cérium. Il cristallise difficilement et retient un excès d'acide ; il attiré l'humidité de l'air et se dissout très - bien dans l'eau. 445. Proto-hydro-chlorate de cérium. Il est sous la forme de petits cristaux prismatiques à quatre pans ; il rougit Yinfusum de tournesol, attire l'humidité de l'air, et se dis- sout très-bien dans l'eau- 446- Proto-arséniate de cérium. Il est insoluble dans l'eau, à moins qu'elle ne contienne un excès d'acide. Le molyb- date dé cérium est insoluble 'dans l'eau et dans les acides. Des Sels formés par le deutoxide de cérium. Ils ont une couleur jaune ou jaune orangée. 447« Deuto-sulfate de cérium. Il est sousla formede petits octaèdres ou de petites aiguilles d'un jaune citron ou d'un jaune orangé, solubles seulement dans l'eau acidulée ; ils se transforment à l'air en une poudre jaune. 448. Deuto-sulfite de cérium. On peut l'obtenir sous la ferme de cristaux, de couleur améthyste pâle. DU COBALT. 391 449> Deuto-nitrate de cérium. Il est jaune, difficile à cristal* User lorsqu'il est saturé d'oxide, et attire l'humidité de l'air. 45o. Deuto-rhydro-rdilorate de cérium. La chaleur de l'eau bouillante suffit pour le décomposer et le transformer en proto-hydro-chlorate et en chlore, ce que l'on conçoit fa- cilement en admettant la décomposition d'une portion d'a- cide hydro-chlorique et la formation de l'eau aux dépens de l'hydrogène de l'acide décomposé et d'une partie de l'oxigène de l'oxide. Du Cobalt. Le cobalt se trouve dans la nature, i° combiné avec l'oxigène; 20 avec le fer, le nickel, l'arsenic et le soufre ; 3° avec l'oxigène et un acide à l'état de sel. 451. Le cobalt est solide, d'une couleur blanche argen- tine, légèrement ductile ; sa texture est granuleuse, serrée ; sa pesanteur spécifique est de 8,5384- H est magnétique, mais moins que le fer. Il paraît fondre au même degré de feu que ce métal, c'est-à-dire, à i3o°du pyromètre de Wedgr wood ; on en opère facilement la fusion au moyen du chalumeau de Brooks ( Clarke). 11 absorbe le gaz oxigène aune température élevée, et passe à l'état de deutoxide noir; il n'éprouve point d'altération de la part de ce gaz à froid. Il peut se combiner avec le phosphore à l'aide de la chaleur, et donne un phosphure blanc, brillant, fra- gile , plus fusible que le cobalt, et qui se transforme , par l'action de l'air, en gaz oxigène , en acide phosphorique et en oxide de cobalt, pourvu que la température soit assez élevée. Ce phosphure est formé de 94 parties de cobalt et de 6 parties de phosphore. La combinaison du chlore avec le cobalt s'opère sans dégagement de lumière, même à la tem- pérature rouge cerise. Le chlorure, d'un gris de lin, se transforme en hydro-chlorate rose lorsqu'on le fait dis- soudre dans l'eau (Voyez Hydro-chlorate). Ce métal ne fait 3g* PREMIÈRE PARTIE. éprouver aucune altération à l'eau. Les acides borique, carbonique et phosphorique n'agissent point sur lui ; l'a- cide sulfurique concentré et bouillant est en partie décom- posé par le cobalt, qui absorbe une portion de son oxigène et forme du sulfate ; il se dégage du gaz acide sulfureux. L'acide nitrique est en partie décomposé par le cobalt ; il le transforme en protoxide et le dissout ensuite ; il se dégage du gaz deutoxide d'azote. L'acide hydro-chlorique liquide attaque difficilement ce métal, à moins qu'il ne soit uni avec un peu d'acide nitrique. Le cobalt peut se combiner avec plusieurs métaux, mais on n'emploie aucun des alliages où il entre. H est sans usages. Des Oxides de cobalt. 452. Protoxide de cobalt. Il est le produit de l'art. Lors- qu'il est récemment séparé d'une dissolution de cobalt, il est bleu; si on le dessèche sans le contact de l'air, il est d'un gris rougeâtre. Nous allons l'examiner sous ces deux états : i° lorsqu'il est bleu et mêlé avec de l'eau. Exposé à l'air , il absorbe l'oxigène et devient verdàtre (1) ; si on le met en contact avec une dissolution de chlore , il passe à l'état de deutoxide noir sur-le-champ (voyez Proto-sels de fer, pag. 324) ; si au lieu de l'exposera l'air on le met avec de l'eau dans des vaisseaux fermés , il passe au violet, se com- bine avec l'eau, augmente de volume et devient hydrate rose, que l'on peut obtenir sous la forme d'une poudre composée de 79 à 80 parties de protoxide et de 20 à 21 parties d'eau (Proust). 20. Lorsqu'il est gris rougeâtre et sec. Chauffé jusqu'au rouge dans un creuset, il s'embrase tout-à-coup lorsqu'on le met en contact avec l'air, s'éteint, noircit , et se trouve transformé en deutoxide : d'après (ï) M. Thenard regarde ce produit verdàtre comme un oxide nouveau qui tient le milieu entre les deux que nous admettons. DES SELS DE COBALT. 3g3 >I. Clarke , il peut être facilement fondu et décomposé en oxigène et en cobalt au moyen du chalumeau à gaz. Le soufre le décompose à une température élevée , s'empare du métal et forme un sulfure. Il se combine parfaitement avec les acides. Il se dissout dans l'ammoniaque et lui com- munique une belle couleur rouge. Il est formé, d'après M. Proust, de ioo parties de cobalt et de 20parties d'oxi- gène. On l'emploie pour teindre en bleu les cristaux , les émaux , la porcelaine, etc L'azur n'est autre chose qu'un verre bleu pulvérisé et composé de silice, de potasse et de protoxide de cobalt. 453. Deutoxide de cobalt. On le trouve en Saxe combiné avec d'autres métaux. Il est noir , décomposable en oxigène eten cobalt au moyen du chalumeau à gaz. Il ne secombine avec les acides qu'autant qu'il a perdu une portion de son oxigène. L'acide sulfureux le dissout sur-le-champ, parce qu'il lui enlève une portion de son oxigène pour passer à l'état d'acide sulfurique. Il est composé, suivant M. Proust, de 100 parties de métal et de 25 parties d'oxigène. Des Sels formés par le protoxide de cobalt. Presque tous les sels de cobalt sont d'une couleur rose rougeâtre ; la potasse, la soude et l'ammoniaque les dé- composent et en précipitent le protoxide bleu ; ce préci- pité se dissout dans un excès d'ammoniaque , et donne un liquide rouge, si le sel de cobalt est pur; ce liquide est un sel double de cobalt et d'ammoniaque. Les hydro-sul- fates solubles y font naître un dépôt noir de sulfure de cobalt soluble dans un excès d'hydro - sulfate, suivant M. Proust. L'hydro-cyanate de potasse ( prussiate) les pré- cipiieen vert d'herbe. Les carbonates, les phosphates, les arseniates et les oxalates solubles y font naître des précipités roses qui sont formés par du carbonate , du phosphate , de l'arseniate ou de l'oxalate de cobalt. 394 PREMIÈRE PARTIE. 454. Borate de cobalt. 11 est pulvérulent, rougeâtre et insoluble dans l'eau : chauffé, il se fond et donne un verre bleu foncé. 455. Carbonate de cobalt. Il est sous la forme d'une poudre rose, insoluble dans l'eau ; il se décompose à l'aide de la chaleur et donne le protoxide gris, s'il n'a pas le contact de l'air ; dans le cas contraire, il passe à l'état de deutoxide. Traité par la potasse, il fournit l'hydrate de cobalt rose. 456. Phosphate de cobalt. Il est d'une couleur rose, vio-r lacée, insoluble dans l'eau et soluble dans l'acide phospho- rique : mêlé avec 8 parties d'alumine en gelée et chauffé dans un creuset, il donne un produit d'une belle couleur bleue qui peut remplacer l'outremer, et qui a été découvert par M. Thenard. ( Voyez Préparations. ) 457. Sulfate de cobalt. Il cristallise en aiguilles formées de prismes rhomboïdaux, terminés par des sommets dièdres, d'une couleur cramoisie, qui devient rose quand le sel est desséché ; il rougit l'infusum de tournesol et se dissout dans l'eau. La dissolution de ce sel. mêlée avec celle du sulfate d'ammoniaque, donne un sel double, d'un jaune rougeâtre, que l'on peut faire cristalliser. Elle s'unit aussi au sulfate de potasse pour former un sulfate double de potasse et de cobalt qui cristallise avec la plus grande facilité. 458. Nitratede cobalt. 11 cristallise en petits cristaux pris- matiques , rougeàtres , déliquescens, solubles dans l'eau. Chauffé, il se décompose ; l'acide nitrique cède de l'oxi- gène au protoxide, et le fait passera l'état de deutoxide. 459. Hydro-chlorate de cobalt. Il cristallise difficilement, attire l'humidité de l'air et se dissout très-bien dans l'eau. Sa dissolution concentrée est d'une couleur bleue foncée; sou- mise à l'action d'une température élevée , elle devient gri- sâtre ; si au lieu de la concentrer on l'étend d'eau, elle passe au rose, quelle que soit sa température , et peut être employée comme encre de sympathie ; pour s'en servir on DU TITANE. 095 écrit sur du papier, et lorsque les caractères sont secs et invi- sibles , on les Chauffe ; la dissolution de cobalt se concentre, passe du rose au bleu foncé, et les caractères deviennent visibles : exposés à l'air dans cet état, ils ne tardent pas à disparaître , phénomène qui dépend de ce que le sel bleu, concentré, attire l'humidité de l'air et devient d'un rose clair invisible ; d'où il suit que l'on peut les faire paraître ou dis- paraître à volonté. Si la dissolution de cobalt contient du trito-hydro-chlorate de fer, les caractères sont verts. 46o. Arsèniate de cobalt. Suivant M. Proust, l'existence de ce sel dans la nature est plus que douteuse. Les efrlores- cences roses que l'on trouve dans presque toutes les mines de cobalt, dans celles de cuivre, d'argent, et qui ont été désignées sous le nom d'arséniate de cobalt, sont formées, d'après ce savant, par l'oxide blanc d'arsenic et par le pro- toxide de cobalt : aussi peut-on en séparer ces deux oxides en les soumettant à l'action d'une température peu élevée. Quoi qu'il en soit, l'arseniate de cobalt, préparé dans les laboratoires, est d'un rouge rose , insoluble dans l'eau, et ne change pas de couleur lorsqu'on le chauffe au degré qui suffit pour décomposer les effloresCences roses naturelles. Du Titane. 461. Le titane se trouve constamment combiné avec l'oxigène : son oxide est tantôt uni à la chaux et à la silice, tantôt à l'oxide de fer. On ignore quelles sont les pro- priétés physiques de ce métal, tant il est difficile à obte- nir; suivant M. Laugier, il a une couleur jaune. Il est infusible au feu de nos meilleurs forges ; M. Clarke an- nonce que la miné de titane silicéo-calcaire peut être ré- duite à l'aide du chalumeau à gaz , et que l'on obtient un culot métallique ; mais il est évident que ce culot n'est pas du titane pur. A une température élevée seulement, le ti- tane peut absorber l'oxigène et passer à l'état d'oxide. On 396 PREMIÈRE PARTIE., a fort peu étudié l'action des corps simples susceptibles de se combiner avec les métaux, sur le titane. Les acides sul- furique, nitrique et hydro-chlorique attaquent ce métal à l'aide de la chaleur , l'oxident et se combinent avec l'oxide formé. On ignore quelle est l'action de la plupart des autres acides sur ce métal. Il n'a point d'usages. De V Oxide de titane. 462. Nous croyons ne pas devoir admettre plus d'un oxide de titane , jusqu'à ce que l'on ait démontré que les deux oxides adoptés par quelques chimistes diffèrent entre eux. Cet oxide se trouve dans plusieurs départemens de France, à Horcajuela dans la vieille Castille, en Hongrie, en Ba- vière , en Cornouailles, etc ; on le rencontre toujours dans les terrains primitifs. Sa couleur varie extraordinairement suivant les substances avec lesquelles il est combiné : lors- qu'il a été séparé de ces différentes substances et convena- blement préparé dans les laboratoires , il est blanc et très- difficile à fondre. Il est soluble dans les alcalis ; cette disso- lution , évaporée, donne une masse dont on peut séparer complètement l'alcali ( potasse ou soude ) par des lavages répétés ; lorsqu'il a été fortement calciné, il est insoluble dans les acides, à moins qu'on ne l'ait préalablement com- biné avec un alcali. Des Sels de Titane. Les sels de titane sont en général incolores et peu solubles dans l'eau; leurs dissolutions précipitent en blanc par les sous-carbonates de potasse ou de soude, par l'oxalate d'ammo- niaque ; en vert gazon obscur par l'hydro-sulfate dépotasse ; en brun rougeâtre sanguin par Yinfusum de noix de galle et par le prussiate de potasse : ce dernier réactif les précipite, au contraire, en vert gazon brunâtre s'ils contiennent du fer, et le précipité change, par l'addition d'un peu de potasse, en pour- DU BISMUTH. 5g'} pre, puis en bleu, enfin il devient blanc. SuivantM. Klaproth, une lame d'étain plongée dans une dissolusion de titane fait prendre au liquide qui l'entoure une belle couleur rouge; tandis que le zinclui communique une couleur bleue foncée. 463. Carbonate de titane. Il est pulvérulent, blanc, avec une teinte jaunâtre, et insoluble dans l'eau. 464» Phosphate de titane. Il est blancet insoluble dans l'eau. 465. Sulfate de titane. Il est soluble daqs l'eau, cristalli- sable en aiguilles, mais difficilement ; on l'obtient le plus sou- vent sous la forme d'une masse blanche, gélatineuse, opaque. 466. Nitrate de titane. Il cristallise en lames hexagones , blanches, transparentes, acides, et solubles dans l'eau. 467. Hydro-chlorate de titane. Il est acide, d'un blanc jaunâtre, incristallisable, suivant M. Vauquelin; il se dé- compose et se prend en gelée par l'évaporation ; celte gelée n'est probablement qu'un sous-hydro-chlorate de titane. 468. L'arseniate de titane est blanc et insoluble dans l'eau. Du Bismuth. Le bismuth se trouve, 1 ° à l'état natif en France, en Saxe,. en Bohême, en Souabe, en Suède; mais il contient toujours un peu d'arsenic ; 2° combiné avec l'oxigène; 3° uni avec le soufre et l'arsenic. 469. Il est solide , d'une couleur blanche jaunâtre , très- fragile , formé de grandes lames brillantes ; sa pesanteur spécifique est de 9,822. Il entre en fusion à la température de 256° thermomètre centigrade : si on le laisse refroidir lentement, il cristallise en cubes tellement disposés les uns par rapport aux autres, qu'ils forment une pyramide quadrangulaire renversée : on n'observe ce phénomène qu'autant que le métal est pur. Il ne se volatilise point, lors même qu'il est fortement chauffé dans une cornue de grès. Il n'agit ni sur l'air ni sur le gaz 3(.;8 PREMIÈRE PARTIE. oxigène à la température ordinaire; il s'oxide, au contraire * à l'aide delachaleur, et l'absorption de l'oxigène est accom- pagnée d'un dégagement de calorique et de lumière, comme on peut s'en convaincre en projetant sur le sol du bismuth chauffé au rouge blanc. Le phosphore ne se combine pas directement avec le bismuth ; il existe cependant un com- posé de phosphore et de ce métal facilement décomposable à mie température peu élevée. Le soufre s'unit avec lui à l'aide de la chaleur, et donne un sulfure gris de. plomb, moins fusible que le bismuth, cristallisable en aiguilles fas- ciculées, et qui se transforme en gaz acide sulfureux et en oxide par l'action de l'air ou du gaz oxigène, à une tempé- rature élevée. Il paraît formé de ioo parties de métal et de 22,52 de soufre. On trouve ce sulfure en Suède, en Saxe et en Bohême. L'iode peut se combiner avec le bismuth ; l'iodure qui en résulte est brun marron et insoluble dans l'eau. Le chlore gazeux se combine avec ce métal réduit en poudre fine, et il y a dégagement de calorique et de lumière d'un bleu pâle. Le chlorure, connu autrefois sous le nom de beurre de bismuth, est blanc , déliquescent, fusible , volatil, et se transforme dans l'eau en hydro-chlorate. Le bismuth n'exerce aucune action sur Y azote, sur Y eau, ni sur les acides borique, carbonique etphospliorique. L'acide sulfurique, concentré et bouillant, se combine avec lui après l'avoir oxidé ; d'où il suit qu'une portion d'acide est décom- posée , et qu'il y a dégagement de gaz acide sulfureux. L'acide sulfureuxn'agit point sur lui ; l'acide nitrique l'attaque, et se décompose avec d'autant plus d'énergie qu'il est plus con- centré ; le métal s'oxide et se dissout dans la portion d'acide non décomposée; il se dégage du gaz deutoxide d'azote. L'acide hydio-chlorique liquide n'agit que très-lentement sur le bismuth. L'acide arsénique peut aussi se combiner avec lui après l'avoir oxidé. Le bismuth peut s'allieravec plusieurs DES SELS DE BISMUTH. 3gg imétaux; mais il ne forme, avec ceux qui ont été précédem- ment étudiés, que des alliages peu importans. De VOxide de bismuth. 470. On trouve quelquefois un peu de cet oxide à ia sur- face du bismuth natif ; il estd'unbeau jaune, fusible à la tem- pérature rouge cerise ; il n'éprouve aucune altération de la part de l'air ni du gaz oxigène. L'hydrogène et le carbone s'emparent de son oxigène à une température élevée ; le soufre le décompose également, et s'unit à l'oxigène pour former de l'acide sulfureux, et au métal, qu'il fait passera l'état de sulfure. L'iode en sépare l'oxigène et se combine avec le métal, pourvu que la température soit assez élevée. Il est insoluble dans les alcalis. L'acide nitrique le dissout à merveille. On le fait servir de fondant aux dorures sur porcelaine. Il est formé, suivant M. Proust, de 100 parties de bismuth et de \i parties d'oxigène. M. Lagerhielm ne porte la quantité d'oxigène qu'à 11,28. Des Sels de bismuth. Ils sont en général d'une couleur blanche. Les dissolutions de bismuth sont précipitées en blanc par l'eau (le précipité est un sous-sel ) ; en blanc jaunâtre par l'hydro-cyanate de potasse et de fer ( prussiate ). Les hydro-sulfates solubles y occasionnent un précipité noir de sulfure de bismuth. La potasse, la soude et l'ammoniaque en séparent l'oxide, qui est blanc tant qu'il est humide. L'infusum de noix de galle les précipite en jaune légèrement orangé. 471. Le borate, le carbonate et le fluate de bismuth sont pulvérulens , blancs et insolubles dans l'eau. 472. Sur-phosphate de fyismuth. Il peut être obtenu sous la forme de cristaux solubles dans l'eau, inaltérables à l'air ; tandis que le sous-phosphate e^st insoluble , blanc et pul- vérulent. 4û0 PREMIÈRE PARTIE. 4 7 3. Sulfate acide de bismuth. Il est sous la forme d'une masse blanche, insoluble dans l'eau. Quand on la met en contact avec ce liquide, elle est décomposée ; la majeure partie de l'acide et un peu d'oxide se dissolvent, tandis que presque tout l'oxide reste avec un peu d'acide. La dissolution, évaporée, fournit de petits cristaux aiguillés de sulfate très- acide de bismuth ; ces cristaux sont de nouveau décomposés si on les traite par l'eau. 474* Sulfite de bismuth. Il est blanc , insoluble dans l'eau, quoiqu'il soit avec excès d'acide ; au chalumeau, il se fond en une masse jaune rougeâtre, qui ne tarde pas à se décom- poser et à donner le bismuth. 47 5. Nitrate de bismuth.Il cristallise en petits prismes té- traèdres comprimés, d'une couleur blanche, rougissant Yin- fusum de tournesol ; il attire légèrement l'humidité de l'air, et sa surface se recouvre d'un peu d'oxide blanc ; chauffé jus- qu'au rouge il fournit, suivant M. Proust, 5o parties sur ioo d'oxide jaune : c'est même en suivant ce procédé que l'on peut se procurer avec plus d'avantage T oxide de bismuth. Il se dissout très-bien dans l'eau, pourvu qu'il soit assez acide. Cette dissolution, versée peu à peu dans une grande masse d'eau, est subitement décomposée, et transformée en sous- nitrate de bismuth insoluble , qui se précipite sous la forme de flocons blancs ou de paillettes nacrées, et en sur-nitrate qui reste en dissolution. Le sous-nitrate, bien lavé, constitue le blanc de fard ou le magistère de bismuth. On peut se servir du nitrate de bismuth comme encre de sympathie ; en effet, les caractères tracés sur le papier avec sa disso- lution , sèchent et disparaissent ; mais ils deviennent visi- bles et noircissent aussitôt qu'on les met en contact avec le gaz acide hydro-sulfurique ou les hydro-sulfates, qui trans- forment le sel incolore en sulfure noir. Le blanc de fard ( sous - nitrate ) est employa avec beaucoup de succès dans les douleurs d'estomac connues sous le nom de crampes ,■ DU PLOMB. 4oi on en fait prendre 8 ou i o grains dans du sirop de guimauve ; cinq minutes après on en donne une nouvelle dose. 11 serait imprudent de l'administrer à grande dose, car il est véné- neux; uni à la magnésie et au f-ucre, il a été très-utile pour arrêter certains vomissemens chroniques. 476 Hydro-chlorate de bismuth. On peut l'obtenir sous la forme de petits cristaux prismatiques, rougissant l'infusum de tournesol, déliquescens, peu solubles dans l'eau, à moins que celle-ci ne soit acidulée : exposés à l'action du calorique, ils se transforment en chlorure de bismuth, qui se volatilise bien au-dessous de la chaleur rouge. 477. Arsèniate de bismuth. Il est pulvérulent, blanc, avec uue nuance de vert, insipide, insoluble dans l'eau soluble dans l'acide hydro-chlorique^ Du Plomb, Le plomb se trouve combiné, i° avec l'oxigène; 2°avec le soufre ou avec quelques autres corps simples ; 3° avec l'oxigène et un acide formant des sels. 478. Le plomb est un métal solide, d'une couleur blanche bleuâtre , brillante ; il est assez mou pour qu'on puisse le rayer avec l'ongle et le plier en tous sens ; il est très-peu sonore, plus malléable que ductile, et ne jouit presque d'aucune ténacité; sa pesanteur spécifique est de 11,352. H se fond à la température de 2600 th. cent.; si on le laisse refroidir, il cristallise, suivant M. Mongez, en pyramides quadrangulaires; si, au contraire, on continue à le chauffer il se volatilise lentement. Soumis à l'action du gaz oxigène ou de l'air atmosphérique, le plomb fondu passe d'abord à l'état de protoxide jaune , puis à l'état de deutoxide rouge, et il y a dégagement de calorique; à la température ordinaire, le gaz oxigène le ternit, tandis que l'air atmosphérique, après l'avoir transformé en protoxide, lui cède sou acide carbonique et le change en proto-carbo- 1. 26 402 PREMIÈRE PARTIE. nate blanc. Ces phénomènes sont d'au tant plus sensibles que l'air ou l'oxigène sont plus souvent renouvelés. L'hydrogène, le bore et le carbone sont sans action sur le plomb. Le phosphore peut se combiner directement avec lui à l'aide de la chaleur, et former un phosphure blanc bleuâtre, composé de 88 parties de plomb et de 12 parties de phosphore, très-malléable, mou, moins fusible que le plomb, et susceptible d'être transformé, à une température élevée, en acide phosphorique et en proto-phosphate de plomb par l'action de l'air ou du gaz oxigène. Lorsqu'on fait fondre dans un creuset 3 parties de plomb et 1 parties de soufre, on obtient un sulfure, et il y a dégagement de ca- lorique et de lumière. Ce sulfure se trouve très-abondam- ment dans la nature ; on le rencontre cristallisé en octaè- dres, ou en cubes, ou en lames; il existe en France, en Espagne, en Allemagne, et surtout dans le Derbyshire en Angleterre; il est connu sous le nom de galène. Lorsqu'il est pur, il est formé de 100 parties de plomb et de 15,445 de soufre ; il est solide, brillant, d'une couleur bleue; il ne fond pas aussi facilement que le plomb ; il ne se décom- pose pas quand on le chauffe, à moins qu'il n'ait le contact de l'air ou du gaz oxigène, car alors il se transforme en gaz acide sulfureux et en proto-sulfate ; et si la température est très-élevée, il fournit, outre ces deux produits, du plomb métallique. On l'emploie pour en extraire leniétal ; les potiers de terre s'en servent sous le nom d'alquifoux pour vernir leur poterie. On peut, par des moyens particuliers, combiner Y iode avec le plomb ; l'iodure qui en résulte est d'un très-beau jaune orangé et insoluble dans l'eau. ( Voyez Préparations.) La combinaison du chlore gazeux et du plomb s'opère sans dégagement de lumière. Le chlorure formé se trouve dans la nature, et a été connu sous les noms de muriate de plomb et de plomb corné. Il est blanc, demi-transparent, fusible au-dessous de la chaleur rouge, et volatil à une tempe- DU PLOMB. 4©3 rature plus élevée ; il a une saveur sucrée, se dissout dans 22 à ^4 parties d'eau, et passe à l'état d'hydro-chlorate ; il paraît formé de 100 parties de chlore et de 3o6 parties de plomb ; il est sans- usages. L'azote n'agit point sur ce métal; il en est de même dé l'eau privée d'air; mais si ce liquide a le contact de l'at- mosphère , le métal passe à l'état de protoxide, qui ne tarde pas à absorber l'acide carbonique, en sorte qu'au bout d'un certain temps il renferme du carbonate de plomb dissous à la faveur d'un excès d'acide carbonique. Les acides borique, carbonique, phosphorique et suU fureux, sont sans action sur le plomb. L'acide sulfurique concentré, qui ne l'attaque pas à froid, lui cèdeune por- tion de son oxigène à l'aide de la chaleur; il se dégage du gaz acide sulfureux, et le protoxide formé se combine avec l'acide non décomposé. On ignore comment les acides iodique et chlorique agissent sur lui; on peut pourtant, par des moyens indirects, obtenir un iodate blanc inso- luble dans 1 eau et un chlorate soluble. L'acide nitrique attaque le plomb avec énergie, le transforme en protoxide et le dissout ; la portion d'acide décomposée pour oxider le métal, passe à l'état de gaz deutoxide d'azote ( gaz nitreux ). L'acide hydro-chlorique liquide agit à peine sur le plomb. L'acide hydro-sulfurique est décomposé par ce métal, qui passe à l'état de sulfure noir, tandis que l'hydrogène se dé- gage. L'acide hydro-phtorique est sans action sur lui. Il décompose l'acide arsénique à l'aide de la chaleur. On n'a pas déterminé comment les acides molybdique, tungstique et chromique se comportent avec le plomb. Plusieurs des métaux précédemment étudiés peuvent s'allier avec lui : nous allons examiner les principaux de ces alliages. i°. Alliagede deux parties de plomb et d'une par- tie d'étain Lorsqu'on fait fondre ces deux métaux on ob- tient un-alliage solide, grisâtre, qui fond plus facilement 4o4 PREMIÈRE PARTIE. que l'étain, et qui est connu sous le nom de soudure des plombiers, parce qu'il sert à souder les tuyaux de plomb ; à une température élevée, il absorbe l'oxigène, décompose l'air, et donne lieu à un grand dégagement de calorique et de lumière. 2°. Alliage de 20 parties d'antimoine et de 80 parties de plomb. Il est solide, malléable, plus dur que le plomb et fusible au-dessous du rouge cerise : on s'en sert pour faire les caractères d'imprimerie. 3°. L'alliage fusible de Darcet est formé de 8 parties de bismuth, de 5 parties de plomb et de 3 parties d'étain; il est remarquable en ce qu'il fond au-dessous de 1000 thermomètre centigrade; uni à une petite quantité de mercure il devient encore plus fu- sible, et peut servira faire des injections anatomiques. Le plomb est employé pour préparer des balles, de la grenaille, la soudure des plombiers, les caractères d'im- primerie, le blanc de plomb, la litharge, le massicot, le minium ; il sert à la construction des bassins, des conduits, des réservoirs, des chaudières, des chambres où l'on pré- pare l'acide sulfurique, etc Des Oxides de plomb. 479. Protoxide ( massicot, litharge). Cet oxide ne se trouve dans la nature qu'en combinaison avec des acides. Il est solide, jaune,facilement fusible et indécomposable par la chaleur (à moins qu'il ne renferme du charbon ou des corps qui puissent lui enlever l'oxigène ); si on le laisse refroi- dir lentement lorsqu'il a été fondu, il cristallise en lames brillantes, jaunes ou jaunes rougeâtres, que l'on désigne sous le nom de litharge. A une température élevée, il ab- sorbe le gaz oxigène, décompose l'air et passe à l'état de deutoxide rouge (minium); à froid, il s'unit avec l'acide carbonique qui se trouve dans l'atmosphère. Délayé dans l'eau et mis en contact avec du chlore gazeux, il est en partie décomposé ; le chlore forme avec le plomb du chlo- DES OXIDES DE PLOMB. 4°5 rure blanc, et l'oxigène se porte sur une portion de protoxide qu'il transforme en tritoxide. 11 se dissout en petite quantité dans l'eau distillée pure; il est très-soluble dans la potasse, la soude, la baryte, la strontiane et la chaux, avec les- quelles il forme des dissolutions que l'on peut obtenir cris- tallisées en écailles blanches, ainsi que l'a fait voir M. Ber- thollet. Il dissout la silice et l'alumine à une température élevée, en sorte qu'il est impossible de le faire fondre dans des creusets de terre sans que ceux-ci soient attaqués. Enfin il est le seul oxide de plomb susceptible de se combiner avec les acides. 11 est formé de ioo parties de plomb et de 7,7 d'oxigène. Le massicot est employé pour faire du blanc de plomb ; il entre dans la composition du jaune de Naples, etc. La litharge sert à préparer le sel et l'extrait de saturne, l'emplâtre diapalrne, l'onguent de la mère. 48o. Deutoxide de plomb (minium). Il est le produit de l'art, d une belle couleur rouge, susceptible d'être décom- posé par la chaleur en oxigène et en protoxide; il est fu- sible et n'a aucune action sur l'air ni sur le gaz oxigène. Il n'est que très-peu soluble dans 1 eau, d'après les expériences de M. Vauquelin. L'acide nitrique le transforme en pro- toxide qui se dissout, et en tritoxide brun insoluble, d'où il suit qu'une portion de minium perd de l'oxigène qui se porte sur une autre portion, et la fait passer à l'état de tri- toxide. Traité par l'acide hydro-chlorique, il est décom- posé, et l'on obtient du chlorure de plomb d'un blanc jau- nâtre , du chlore et de l'eau, ce qui prouve que l'oxigène du deutoxide se combine avec l'hydrogène de l'acide, tan- dis que le métal s'empare d'une portion du chlore mis à nu. Il se combine avec la potasse, la soude, la chaux , etc. ; mais moins facilement que le protoxide. Il est formé de 100 parties de plomb et de 11,1 d'oxigène. Le minium du commerce contient presque toujours du protoxide de plomb et quelquefois du deutoxide de cuivre. Il est employé à 4o6 PREMIÈRE PARTIE1. faire le cristal, les vernis sur les poteries, et en peinture. Tritoxide de plomb ( oxide puce ). Cet oxide, d'une couleur puce, est le produit de l'art ; il est décomposé par la chaleur en gaz oxigène et en protoxide de plomb. Mis en contact avec l'eau et avec un excès de chlore gazeux, il n'éprouve aucune altération, d'après les expériences de M. Vauquelin ; trituré avec du soufre, il lui cède une por- tion de son oxigène, forme du gaz acide sulfureux, et il y a dégagement de calorique et de lumière si le mélange est bien sec. L'acide nitrique ne lui fait éprouver aucun chan- gement. Il est formé de ioo parties de plomb et de i5,4 d'oxigène. Il est sans usages (i). Des Sels de plomb. Parmi les oxides de plomb, il n'y a que le protoxide qui puisse se combiner avec les acides et former des sels , qui sont pour la plupart insolubles. Ceux qui se dissolvent fournissent des liquides incolores, doués d'une saveur plus ou moins douceâtre ; ils donnent par l'acide hydro-sulfuri- que et par les hydro-sulfates solubles, un précipité noir de sulfure de plomb, un précipité jaune^ serin, de chromate de plomb par l'acide chromique et par les chromâtes so- lubles , jaune orangé par l'acide hydriodique ou par les hydriodates (le précipité est de l'iodure de plomb); un précipité blanc de protoxide, par la potasse, la soude ou l'ammoniaque ; ce précipité jaunit lorsqu'on le fait sécher, et se redissout à merveille dans un excès de potasse ou de (i) Quelques chimistes pensent depuis long-temps qu'il existe un quatrième oxide de plomb inoins oxidé que celui que nous avens appelé protoxide. M. Dulong, dans un travail récent sur les oxalates, a obtenu des résultats qui militent en faveur de celte opinion : suivant lui, cet oxide serait noir, pyrophorique, et contiendrait moins d'oxigène que l'oxide jaune. DES SELS DE PLOMB. 4°7 soude. Si avant de décomposer la dissolution de plomb par les alcalis, on l'étend d'une suffisante quantité de chlore liquide, le précipité, jaune d'abord, devient rouge et finit par passer à l'état de tritoxide brun, phénomène qui dé- pend de ce que l'eau a été décomposée ; son oxigène s'est porté sur le protoxide de plomb, tandis que le chlore s'est uni à l'hydrogène. Les sous - carbonates de potasse, de soude et d'ammoniaque transforment ces dissolutions en sous-carbonate de plomb blanc insoluble ou peu soluble dans l'eau. Elles sont précipitées en blanc par l'acide sul- furique et par les sulfates solubles : dans ce cas le précipité est du sulfate de plomb. Enfin , le zinc ayant plus d'affinité pour l'oxigène et pour l'acide que le plomb, précipite celui-ci à l'état métallique. ( Voyez pag. 4*6. ) 48i. Borate de plomb. Il est blanc, peu soluble dans l'eau, fusible au chalumeau en un verre incolore. 482. Sous-carbonate de plomb ( céruse). On trouve ce sel en France, en Bretagne, auHartz, en Bohême, en Ecosse et en Daourie. Il est tantôt cristallisé en prismes à six pans, ou en octaèdres réguliers, ou en petites paillettes brillantes, transparentes, d'une couleur blanche ou jaune brunâtre; tantôt en petites masses. Chauffé au chalumeau, il se dé- compose et donne du plomb métallique ; il est insoluble dans l'eau, à moins que celle-ci ne contienne du gaz acide carbonique, qui le transforme en carbonate acide. MM. Bar- ruel et Mérat ont retiré deux onces de carbonate acide de plomb très-bien cristallisé, en faisant évaporer six voies d'eau laissées pendant deux mois dans une cuve doublée en plomb, qui avait été exposée à l'air, et par conséquent en contact avec le gaz acide carbonique ( Thèse de M. Mé- rat sur la colique de plomb). La céruse est employée pour étendre les couleurs ; on s'en sert aussi pour dessécher les huiles et pour peindre les boiseries des appartemens. j8 J. Phosphate de plomb. Il se trouve dans plusieursmine* 4o8 PREMIÈRE l'ARTIE. de galène ( sulfure de plomb), en France, au Hartz, en Ecosse, etc. ; il est souvent cristallisé en pi ismes à six pans, transparens , de couleur verte, rougeâtre, brunâtre ou violette; il est fusible, et prend, en refroidissant, la forme d'un polyèdre régulier; si on le chauffe plus fortement, il se transforme en phosphure de plomb. Il est insoluble dans l'eau, à moins que celle-ci ne soit acide. 484- Sulfate de plomb. On le trouve cristallisé en oc- taèdres réguliers, en pyramides tétraèdres, ou en tables trans- parentes ; il existe en France, en Ecosse, etc. Celui«que l'on obtient dans les laboratoires est blanc, indécomposable par la chaleur dans des vaisseaux fermés, insipide, insoluble dans l'eau et soluble dans l'acide sulfurique ; ce solutum fournit, par l'évaporation, de petits cristaux blancs. Le sulfate de plomb, mis sur les charbons ardens, fond, se décompose et donne du plomb métallique. 485. Le sulfite et Y iodate de plomb sont blancs, inso- lubles dans l'eau et sans usages. 486. Chlorate de plomb. Il cristallise en lames brillantes, solubles dans l'eau, douées d'une saveur sucrée et astrin- gente , sans action sur l'infusum de tournesol et sur le sirop de violette. Il fuse sur les charbons ardens, répand des fumées blanches, se décompose, et laisse pour résidu du plomb métallique. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il fournit du gaz oxigène et un peu de chlore ( Vauquelin ). Il est le produit de l'art et sans usages. 487. Nitrate de plomb. Il n'existe pas dans la nature; on peut l'obtenir cristallisé en tétraèdres dont les sommets sont tronqués, d'une couleur blanche, opaques, inaltérables à l'air et solubles dans sept à huit parties d'eau à i5°. Si après avoir desséché ce sel on le chauffe dans des vaisseaux fer- més, il se décompose et se transforme en acide nitreux li- quide sans e?ai(voy. pag. 147) 5 en gaz oxigène et en pro- toxide de plomb. Si on fait bouillir la dissolution de nitrate DES SELS DE PLOMB. 4°9 de plomb avec du protoxide, on obtient un sous-nitrate de plomb blanc, moins soluble dans l'eau que le pré- cédent. Si au lieu de le faire bouillir avec du protoxide on se sert de lames de plomb très-minces, l'acide nitrique est décomposé, cède une partie de son oxigène au plomb, et il se forme du sous-nitrite de plomb ; il se dégage du gaz deutoxide d'azote. 488. Nitrite de plomb neutre. Il cristallise en octaèdres d un jaune citron, très-solubles dans l'eau ; si on fait bouillir sa dissolution au contact de l'air, l'oxigène est absorbé et le nitrite passe à l'état de sous-nitrate. 489. Sous-nitrite de plomb. On en connaît deux variétés. Première variété. Elle contient moins d'oxide que la se- conde, cristallise en lames feuilletées jaunes, peusolubles dans l'eau, et ramène au bleu la couleur du tournesol rougie par les acides. La deuxième variété est plus chargée d'oxideque la précédente, moins soluble dans l'eau et d'une couleur de brique. ( Chcvreul. ) 490. Hydro-chlorate de plomb. Il cristallise en petits prismes hexaèdres blancs, brillans et satinés, inaltérables à l'air, et qui ne sont autre chose que du chlorure de plomb. ( Voyez pag. 402 ). 49 r. Sous-hydro-chlorate de plomb. Il est blanc, pul- vérulent , insoluble dans l'eau ; il prend une belle couleur jaune lorsqu'on le chauffe. 492. Arsèniate de plomb. On le trouve dans la nature; il est blanc et insoluble dans l'eau. 493. Chromate de plomb (plomb rouge). On n'a trouvé ce sel que dans la Sibérie. Celui que l'on prépare dans les laboratoires est insoluble dans l'eau, d'une belle couleur jaune serin lorsqu'il est neutre, d'un beau jaune orangé quand il est à l'état de sous-chromate. On l'emploie pour peindre sur la toile et sur la porcelaine ; il fait la base des couleurs jaunes que l'on applique sur les caisses des voitures. 4lO PREMIÈRE PARTIE. 4q4« Molybdate de plomb. On le rencontre en Ca- rinthie , près de Freyberg en Saxe , en Hongrie , au Mexique; il cristallise en lames cubiques ou rhomboïda- les, d'un jaune pâle; il est insoluble dans l'eau, et n'a point d'usages. Du Cuivre. Le cuivre se trouve , i° à l'état natif en France , mais principalement en Sibérie , en Suède , en Angleterre , en Saxe , en Hongrie ; 2° combiné avec l'oxigène ; 3° avec certains corps simples , et avec le soufre; 4° enfin à l'état de sel. 495. Le cuivre est un métal solide , d'une belle couleur rouge ; quoique brillant, malléable et ductile, il ne pos- sède' ces propriétés qu'à un degré inférieur à celui des métaux les plus précieux. Doué d'une force de ténacité moindre que celle du fer, il est plus sonore que lui et que tous les autres métaux ; sa pesanteur spécifique est de 8,8g5 lorsqu'il a été fondu. Soumis à l'action du calorique, il fond à 270 du pyro- mètre de Wedgwood, et ne se volatilise pas : on ne l'a point encore obtenu bien cristallisé. S'il a le contact de l'air ou du gaz oxigène, il passe à l'état de deutoxide brun sans qu'il se dégage de la lumière ; des phénomènes ana- logues ont lieu à la température ordinaire , pourvu que les gaz soient humides ; ainsi le gaz oxigène ternit sa surface et l'oxide au bout d'un certain temps ; l'air atmosphérique non-seulement le change en oxide, mais le fait encore passer à l'état de carbonate verdàtre. Le phosphore peut se combiner directement avec lui, et donner un phosphure brillant, fragile , très-dur, suscep- tible d'être transformé par l'air, ou par le gaz oxigène, en acide phosphorique et en phosphate de cuivre, pourvu que la température soit assez élevée. Il est formé de 85 parties DU CUIVRE. 4rI de cuivre et de 15 parties de phosphore. Lorsqu'on chauffe ensemble le soufre et le cuivre , il y a dégagement de calo- rique et de lumière , et formation d'un sulfure solide, d'un gris de plomb , plus fusible que le cuivre ; l'air atmosphé- rique ou le gaz oxigène transforment ce sulfure en acide sulfureux et en oxide de cuivre, à une température élevée; si la chaleur est moins forte , ils le font passer à l'état d'acide sulfureux et fie sulfate de cuivre. Ce sulfure existe en Cornouailles , en Suède, en Saxe, en Sibérie, en Bohême , au Hartz , en Hongrie, etc. ; on le désigne sous le nom de pyrite de cuivre ; il contient toujours une plus eu moins grande quantité de sulfure de fer, et est employé à l'ex- traction du cuivre du commerce et à la préparation du sul- fate de cuivre (couperose bleue). Le composé d*iode et de cuivre est d'un blanc grisâtre et insoluble dans l'eau. Chauffe avec du chlore gazeux , il l'absorbe, rougit, et forme deux chlorures. Le proto-chlorure est fixe, fusible, ressemble à de la résine, et ne se dissout pas dans l'eau j exposé à l'air, il verdit; il paraît formé de 60 parties de cuivre et de 33,5 de chlore. Le per-chlorure est jaune can- nelle, volatil, et se transforme en deuto-hydro-chlorate vert ou bleu lorsqu'on le fait dissoudre dans l'eau. ( Voy. Deuto-hydro-chlorate.) Il paraît formé de 60 parties de cuivre et de 67 parties de chlore. L'azote, l'eau , les acides borique et carbonique sont sans action sur le cuivre. L'acide phosphorique ne l'at- taque qu'à la longue. L'acide sulfurique concentré, qui n'agit pas sur lui à froid, est au contraire rapidement dé- composé à la chaleur de l'ébullition ; il y a dégagement de gaz acide sulfureux et formation de deutoxide de cuivre; celui-ci se combine ensuite avec l'acide non décomposé, et forme du deuto - sulfate de cuivre. L'acide sulfureux n'exerce aucune action sur ce métal. Les acides iodique 4l2 PREMIÈRE PARTIE. et chlorique ne nous paraissent pas avoir été mis en con- tact avec lui. L'acide nitrique, même étendu d'eau, l'at- taque avec énergie à la température ordinaire, se décom- pose en partie et le fait passer à l'état de deutoxide qui se dissout dans la portion d'acide non décomposée ; il se dégage du gaz deutoxide d'azote ( gaz nitreux ). L'acide nitreux agit aussi avec beaucoup de force sur le cuivre. L'acide hydro-chlorique liquide , qui n'agit pas sur lui à froid, l'oxide et le dissout à la chaleur de l'ébullition ; d'où il suit que l'eau est décomposée, et qu'il se dégage du gaz hydrogène. Les acides hydro - phtorique et arséni- que peuvent également se combiner avec lui, après l'avoir oxidé. Le cuivre peut s'allier avec plusieurs des métaux précé- demment étudiés ; nous allons parler des principaux de ces alliages. i°. Alliage de zinc et de cuivre, connu sous les noms de laiton, de cuivre jaune, de similor, d'or de Man- heim, d'alliage du prince Robert, etc. Il est formé de 20 à 4° parties de zinc , et de 80 à 60 parties de cuivre ; il est plus fusible que ce dernier métal, et se transforme en oxide de cuivre et en oxide de zinc , lorsqu'on le chauffe avec du gaz oxigène ou avec l'air ; il produit même Une belle flamme verte ; on ne le trouve pas dans la nature ; il est employé dans la préparation des chaudières, des poê- lons , d'un très-grand nombre d'instrumens de physique, des épingles, des cordes d'instrumens, etc. 20. Alliage d'étain et de cuivre. On le connaît sous le nom de bronze ou métal de canons lorsqu'il est formé de io ou 12 par- ties d'étain et de 90 à 88 de cuivre ; on l'appelle métal de cloches quand il est composé de 22 parties d'étain et de 78 de cuivre; l'alliage qui constitue les timbres des hor- loges contient un peu plus d'étain et un peu moins de cui- vre ; enfin il porte le nom de tam tarn lorsqu'il entre dans sa composition 80,427 parties de cuivre et 19,573 d'étain. DU CUIVRE. 4^ Lés miroirs de télescopes sont formés d'une partie d'étain et de 2 parties de cuivre. Les propriétés physiques de ces divers alliages varient un peu suivant les proportions de leurs élémens ; leurs propriétés chimiques seront facilement dé- duites de celles des métaux qui entrent dans leur composi- tion. Le métal des cloches a été employé, pendant la révo- lution , pour en extraire le cuivre : nous indiquerons, en par- lant de l'analyse, les moyens qui ont été employés pour y parvenir. Cuivre étamé. Nous ne devrions peut-être pas ran- ger le cuivre étamé parmi les alliages, car il n'est autre chose que du cuivre dont la surface, préalablement décapée ou désoxidée au moyen de l'hydro-chlorate d'ammoniaque (sel ammoniac), de la chaleur et du frottement, est re- couverte d'une couche mince d'étain , simplement super- posée, et qui a été appliquée au moyen de la fusion. 3°. Al- liage de i o parties de cuivre et d'une partie d'arsenic. Cet alliage, loin d'être cassant, est légèrement ductile ; il est plus fusible que le cuivre, et paraît être employé à faire des cuillers et des vases. 4°« L'alliage formé de 25 parties d'antimoine et de ^5 de cuivre est fragile, violet, suscep- tible d'être poli, et sans usages. L'action de l'ammoniaque sur le cuivre métallique est remarquable. Que l'on place un peu de tournure de cuivre dans un flacon à l'émeri, que l'on remplit ensuite d'ammo- niaque liquide, et que l'on bouche pour éviter le contact de l'air, le liquide qui surnage le cuivre reste incolore et conserve sa transparence ; mais si on débouche le flacon au bout de quelques heures , et qu'on transvase l'ammo- niaque , on s'aperçoit qu'elle devient bleue par le contact de l'air, ce qui ne peut avoir lieu sans qu'il y ait du cuivre en dissolution. Le cuivre est employé pour faire un très-grand nombre d'ustensiles, pour doubler les vaisseaux; il entre dans la composition de toutes les monnaies, qu'il rend plus dures; /il4 PREMIÈRE PARTIE. on s'en sert pour faire le laiton, le bronze, la couperosé bleue, etc. 11 n'est point vénéneux lorsqu'il est pur. Nous ferons l'histoire de l'empoisonnement par les préparations cuivreuses à l'article Acétate de cuivre. (Voyez Chimie végétale, tom. II.) Des Oxides de cuivre. 4q6. Protoxide. On le trouve en Angleterre, en Sibérie, dans les enviions de Cologne ; il est tantôt cristallisé , tan- tôt en masses ou en poudre; il est jaune orangé lorsqu'il est humide, et rougeâtre quand il a été fondu ; il peut se com- biner avec l'oxigène à l'aide de la chaleur, et se transfor- mer en deutoxide; il a beaucoup moins de tendance à s'unir avec les acides que le deutoxide; en effet, il ne se combine guère qu'avec l'acide hydro - chlorique , dans lequel il se dissout à mer\eille. Il est formé, suivant M. Chenevix, de ioo parties de cuivre et de 12,5 d'oxigène. 497. Deutoxide. Il existé très-souvent dans la nature , combiné avec des acides. 11 est d'une couleur bleue lorsqu'il est à l'état d'hydrate; mais si on en sépare l'eau par la des- siccation, il devient d'un brun noirâtre; il n'agit point sur le <*az oxigène; mais il s'empare de l'acide carbonique de l'air, et se transforme en deuto-carbonate de cuivre vert insoluble dans l'eau ( vert-de-gris naturel ) ; il se dissout à merveille dans l'ammoniaque, et donne un liquide d'une couleur bleu de ciel ; il peut être entièrement décomposé par le charbon à une température élevée ; il perd son oxigène, et le métal est mis à nu; il a la plus grande ten- dance à s'unir avec les acides. Il est formé, d'après les expériences de M. Proust, de 100 parties de cuivre et de a.5 parties d'oxigène. Ses propriétés vénéneuses ont été mises hors de doute. On l'a employé autrefois en médecine sous le nom d'œs ustum, pour guérir l'épilepsie , comme émé- DES SELS DE CUIVRE. I\l5 tique et comme purgatif; mais il est généralement aban- donné aujourd'hui. Des Sels formés par le protoxide de cuivre. 498. Sur-hydro-chlorate de protoxide de cuivre. Il est le produit de l'art ; il est liquide, incolore, à moins qu'il ne soit très-concentré, susceptible de cristalliser en tétraèdres blancs; l'eau le décompose sur-le-champ lorsqu'il n'est pas très-étendu, s'empare de la majeure partie de l'acide , et en précipite du sous-hydro-chlorate de protoxide blanc ( muriate de cuivre blanc ). Ce sous-hydro-chlorate est so- lide, insipide, insoluble dans l'eau et indécomposable par la chaleur ; exposé à l'air humide , il en absorbe l'oxigène, même à la température ordinaire, et passe à l'état de sous- deuto-hydro-chlorate vert. Il se dissout à merveille dans l'a- cide hydro-chlorique concentré, et donne un liquide brun s'il est concentré, qui est l'hydro-chlorate acide de pro- toxide ; lavé à plusieurs reprises avec dé l'eau, il est dé- composé et changé en protoxide orangé et en acide hydro- chlorique (Chenevix) ; la dissolution de potasse le décom- pose sur-le-champ, et met à nu le protoxide ; l'acide ni- trique le fait passer à l'état de deuto-hydro-chlorate de cuivre, et il se dégage du gaz deutoxide d'azote. Plusieurs chimistes le regardent comme un proto-chlorure de cui- vre. Il est le produit de l'art, et sans usages. Des Sels formés par le deutoxide de cuivre. La couleur de ces sels est bleue ou verte ; ils sont presque tous solubles dans l'eau ou dans l'eau acidulée. Leurs dis- solutions sont décomposées et précipitées en bleu par la potasse, la soude ou l'ammoniaque; le deutoxide de cuivre précipité se redissout dans un excès d'ammoniaque et donne un liquide bleu foncé ; si au lieu de le traiter par un excès d'ammoniaque, on le met en contact, lorsqu'il 4f6 PREMIÈRE PAJITIÊ. est encore à l'état d'hydrate gélatineux, avec de la potassé caustique solide, il devient brun noirâtre, parce qu'il cède l'eau qu'il contient à l'alcali. Ces dissolutions sont préci- pitées en noir par l'acide hydro-sulfurique ou les hydro- sulfates solubles (le dépôt est du sulfure de cuivre) ; en cramoisi ou brun marron par l'hydro-cyanate de potasse ferrugineux (prussiate de potasse) ; en vert pré par Ja dissolution de l'oxide blanc d'arsenic, et mieux encore par le solutum de cet oxide dans la potasse, connu sous le nom d'arsenite de potasse ; le précipité , vert , composé d'oxide d'arsenic et de deutoxide de cuivre, devient d'un vert plus foncé par l'addition d'une certaine quantité de potasse. Une lame de fer plongée dans une de ces dissolu- tions en précipite le cuivre à l'état métallique. Théorie. Le fer, doué d'une plus grande force d'affinité pour l'oxi- gène et pour l'ac ide que le cuivre, commence par préci- piter une portion de ce métal, et il se forme un sel ferru- gineux ; l'action directe du fer sur la dissolution cesse bien- tôt après , parce qu'il est entouré de toute part d'une cou- che formée par le cuivre précipité; cependant la décom- position du sel de cuivre continue, ce qui semble ne pouvoir s'expliquer sans avoir recours au fluide élec- trique; et en effet, les deux métaux superposés, fer et cuivre , déjà précipités, peuvent être considérés comme un élément ou comme une des paires de disques de la pile ; le cuivre s'électrise résineusement, le fer vitreusement, par cela seul qu'il y a contact de métaux de différente na- ture (voyez pag. 53) ; dès-lors l'eau de la dissolution doit être décomposée, car l'hydrogène est attiré par la lame de cuivre résineuse, tandis que l'oxigène l'est par la lame de fer vitrée; cet hydrogène, mis à nu , se porte alors sur l'oxide de cuivre qui reste encore dans la dissolution, s'empare de son oxigène pour former de l'eau, et le cuivre, réduit, continue à se précipiter; l'oxigène provenant de DES SELS DE CUIVPE. 4r7 la décomposition de l'eau , attiré au pôle vitré par le fer \ se combine avec ce métal et avec une portion d'acide , et contribue à la formation du sel ferrugineux. 499. Borate de cuivre. Il est d'un vert pâle clair, peu soluble dans l'eau, fusible en un verre rouge obscur. 5oo. Carbonate de cuivre vert (malachite). On le trouve en Sibérie, à Chessy près Lyon, etc. ; il accompagne presque toutes les mines de cuivre ; il est tantôt sous la forme de masses mamelonnées , tantôt sous la forme de fibres ou de houppes soyeuses, d'un vert pomme ou émeraude. Celui que l'on prépare dans les laboratoires est pulvérulent et d'une couleur verte très-belle; l'un et l'autre sont inso- lubles dans l'eau, et se décomposent par la chaleur ten gaz acide carbonique, et en deutoxide brun. On emploie le carbonate naturel, qui est susceptible de prendre un très- beau poli, pour faire des tables et plusieurs autres meubles qui sont d'un très-grand prix. 5oi. Carbonate de cuivre bleu (cuivre azuré, azur de cuivre, bleu de montagne ). On le rencontre en très-petite quantité , à la vérité, dans toutes les mines de cuivre ; il colore les pierres d'Arménie, plusieurs terres qui portent le nom de cendres bleues , et les os fossiles appelés tur- quoises ; quelquefois cependant celles-ci sont colorées par de la malachite. Il est composé , comme le précédent, d'acide carbonique , d'oxide de cuivre et d'eau ; mais il renferme 3 de plus d'acide carbonique, tandis que dans le précédent le défaut d'acide est exactement remplacé par une égale quantité d'eau (Vauquelin). 5o2. Phosphate de cuivre. Il est pulvérulent, d'un vert bleuâtre, insoluble dans l'eau ; il brunit lorsqu'on le fait chauffer, et se décompose à une température très-élevée. 5o3. Sur-sulfate de cuivre ( vitriol bleu, couperose bleue, vitriol de Chypre). On le trouve dans certaines eaux voi- sines des mines de sulfure de cuivre. Il cristallise en pris- 1. 27 4l8 PREMIÈRE PARTIE. mes irréguliers, à quatre ou à huit pans, d'un bleu foncé, transparens , doués d'une saveur acide et styptique , rou- gissant Yinfusum de tournesol, solubles dans 4 parties d'eau à la température de i5° th. cent., et dans 2 parties d'eau bouillante ; il s'effleurit à l'air et se recouvre d'une poussière blanchâtre; lorsqu'on le chauffe il fond dans son eau de cris- tallisation ; mais celle-ci ne tarde pas à s'évaporer, et alors il devient opaque et blanc ; chauffé plus fortement, il se dé- compose et donne le deutoxide brun. L'ammoniaque forme avec sa dissolution un sulfate double , d'une belle couleur bleue, susceptible de cristalliser. On emploie le vitriol bleu pour faire le vert de Schéele. et les cendres bleues. On l'a administré, ainsi que le sulfate de cuivre ammoniacal, dans l'épilepsie , la danse de Saint-Guy, les névroses abdomi- nales, l'hydropisie , etc. ; ils ont été quelquefois utiles : on commence*par en donner j ou | de grain avec de la mie de pain, du sucre et de l'eau, sous la forme de pilules, ou bien dissous dans une assez grande quantité de véhicule. Le sur-sulfate de cuivre a été employé dans ces derniers temps comme émétique dans l'empoisonnement par l'opium; nous ne croyons pas que le succès que l'on en a obtenu autorise à s'en servir de nouveau, car il est extrêmement vénéneux, même lorsqu'il est expulsé en grande partie par le vomissement. 5o4- Sulfatede cuivre. Il cristallise en pyramides tétraè- dres , séparées par des prismes quadrangulaires. Sous-sul- fate de cuivre. Il est vert, insoluble dans l'eau et insi- pide ; on le trouve dans la nature ; il n'a point d'usages. 5o5. Sulfite de cuivre. Il est en petits cristaux d'un vert blanchâtre, peu solubles dans l'eau et fusibles. Le sous* sulfite est orangé, insoluble et insipide. 5o6. Chlorate de cuivre. Il est solide, vert, difficile à faire Cristalliser , déliquescent ; il fuse légèrement sur les char- bons allumés et produit une flamme verte. Un papier DES SELS DE CUÎVRÈ. \l$ trempé dans sa dissolution concentrée s'enflamme lors- qu'on l'approche du feu : la lumière est d'un vert magni- fique. ( Vauquelin. ) 507. Nitrate de cuivre. Il cristallise en parallélipipèdes allongés, bleus, doués d'une saveur acre, métallique, légèrement déliquescens, fusibles dans leur eau de cristal- lisation. Chauffé dans des vaisseaux fermés , il se trans- forme d'abord en sous-nitrate vert lamelleux, qui se dé- compose si on continue à le chauffer. Le nitrate de cuivre est plus soluble dans l'eau que le sur-sulfate : en effet, il suffit de verser de l'acide sulfurique à 66° dans une so- lution concentrée de ce nitrate pour former du sur-sulfate de cuivre, qui se dépose en partie sous la forme de cris- taux. Le zinc décompose également cette dissolution et en précipite du cuivre et de l'oxide de cuivre, ce qui prouve qu'une partie de l'acide nitrique a été décom- posée (Vauquelin). On l'emploie pour préparer les cendres bleues, qui sont formées de deutoxide de cuivre,- d'eau et de chaux (voyez Préparations), et dont on se sert pour colorer les papiers en bleu; mais cette couleur a l'inconvé-* nient de verdir à l'air à mesure que le deutoxide de cuivre absorbe l'acide carbonique et se transforme en carbonate. Sous-nitrate de cuivre. II est vert, insoluble dans l'eau, décomposable par l'acide sulfurique , qui en dégage l'acide nitrique. 5o8. Hydro-chlorate de cuivre. Il est cristallisé en parai- lélipipèdés rectangulaires, ou en aiguilles, d'une belle cou- leur vert gazon , ou d'un bleti verdàtre si le sel' est moins acide ; il est déliquescent et se dissout parfaitement dans l'eau : le solutum, doué d'une saveur très-styptique, est bleu s'il contient beaucoup d'eau, et vert gazon s'il en renferme peu. Chauffé fortement dans une cornue, ce sel se déconîpose ; il se dégage du chlore, et l'on obtient du chlorure de cuivre* N ^20 PREMIÈRE PARTIE. 5oo. Sous-hydro-chlorate de cuivre. Il existe dans la na- ture ; on le trouve au Pérou, d'où il fut rapporté pour la première fois parDolomieu, qui lui donna le nom de sable vert du Pérou; on se le procure facilement dans les la- boratoires. Il est pulvérulent, vert, insoluble dans l'eau, insipide et sans usages. 510. Hydro-phtorate de cuivre. Il cristallise, suivant Schéele, en cubes bleus et longs ; il produit avec l'eau une dissolution gélatineuse. 511. Arsèniate de cuivre. Il se trouve dans les mines dé Huel - Gorland , dans celles de Cornouailles ; il est cris- tallisé , ou sous la forme de fibres soyeuses et rayonnées ; sa couleur est tantôt vert émeraude ou olive plus ou moins foncé, tantôt blanche cendrée ou brune claire» Ce-^ lui que l'on obtient dans les laboratoires est blanc bleuâtre, insoluble dans l'eau, insipide et sans usages. 512, Combinaison d'oxide d'arsenic et de deutoxide de cuivre (arsenite de cuivre, vert de Schéele). Il est le produit de l'art ; on l'obtient sous la forme d'une poudre verte , in- soluble dans l'eau, dont les nuances varient suivant la manière dont il a été préparé ; il se décompose et répand une odeur alliacée lorsqu'on le met sur les charbons ardens. L'eau saturée d'acide hydro-sulfurique le change en sulfure d'arsenic jaune et en sulfure de cuivre noir, en sorte que le mélange est d'un rouge brunâtre. On l'emploie pour colorer les papiers en vert et dans la peinture à l'huile. 5i3. Le molybdate de cuivre est vert et insoluble dans l'eau, tandis que le chromate fait avec l'acide chromique et un sel de cuivre est rouge et ne se dissout pas dans l'eau. Des Métaux de la cinquième classe. Ces métaux, au nombre de trois , le nicket, le mercure et l'osmium, ne décomposent l'eau à aucune température DU NICKEL. 421 lorsqu'ils agissent seuls sur ce liquide; ils n'absorbent le gaz oxigène qu'à un certain degré de chaleur, passé le- quel ils abandonnent celui avec qui ils s'étaient combinés. Du Nickel 514. Le nickel se trouve dans la nature allié avec d'autres métaux et avec un peu de soufre. Il est d'une couleur blanche argentine, très-malléable et susceptible de se tirer en fils très-fins ; il est assez tenace ; sa pesan- teur spécifique est de 8,666 quand il a été forgé, et 8,279 lorsqu'il ne l'a pas été. Il est plus magnétique que le cobalt, mais moins que le fer (1). Soumis à l'action du Calorique, il acquiert une couleur de bronze antique , et ne fond qu'avec la plus grande dif- ficulté; cependant il est sensiblement volatil. S'il a le con- tact de l'aîr ou du gaz oxigène et que la température soit assez élevée, il passe à l'état de protoxide gris de cendre noirâtre ; il ne paraît point agir sur ces gaz à la tempé- rature ordinaire Le phosphore peut se combiner avec le nickel à l'aide de la chaleur, et donner un phosphure in- colore, brillant, plus fusible que le métal, qui se trans- forme par l'action de l'air ou du gaz oxigène en acide phosphorique et en protoxide de nickel, si la tempé- rature est assez élevée ; il paraît formé de 84 parties de métal et de 16 parties de phosphore. Chauffé avec le soufre, le nickel fournit un sulfure qui a la couleur de la pyrite ordinaire, et qui est composé , suivant M. Proust, de 100 parties de métal et de46 à 48 parties de soufre; cette com- binaison a lieu avec dégagement de calorique et avec une sorte de défïlagration remarquable. D'après M. E. Davy, (1) Suivant M. Tupputi, qui a fait un travail intéressant sur le nickel, ce métal obtenu de l'oxide par le moyen du carbone , contient toujours une petite quantité de ce principe. 422 VREMIÈRE PARTIE. il existe deux sulfures de nickel : le proto-sulfure serait formé de 66 parties de métal et de 34 de soufre, et le deuto- sulfure contiendrait 56,5 de nickel et 43,5 de soufre. Chauffé avec du chlore gazeux , le nickel se transforme en chlorure couleur d'olive, landis que celui que l'on ob- tient en chauffant l'hydro-chlorate de nickel est blanc : ces différences dépendent probablement des proportions de chlore qui les constituent. Le nickel n'éprouve aucune alté- ration de la part de l'eau. L'acide sulfurique concentré et bouillant l'attaque à peine et n'en dissout qu'une très-petite quantité ; si l'acide est affaibli, l'eau est décomposée ; il se dégage du gaz hydrogène et le protoxide de nickel formé se dissout dans l'acide; l'acide phosphorique agit de la même manière. L'acide borique liquide ne l'attaque point ; l'acide nitrique concentré ou faible l'oxide et le dissout à l'aide de la chaleur : il se dégage du gaz nitreux (gaz deutoxide d?azote). L'acide hydro-chlorique agit sur lui comme l'acide sulfurique faible. Il peut s'allier avec plu- sieurs métaux; uni au fer, il fournit un alliage très-ductile, avec lequel on a fait des fourchettes, des cuillers, des couteaux, etc. Il est sans usages. Des Oxides de nickel. 5i5. Protoxide de nickel. Il est d'un gris de cendre noirâtre lorsqu'il ne contient pas d'eau; il n'a point de saveur ; chauffé fortement, il se transforme en oxigène et en nickel ( Proust)"; exposé à l'air, il verdit et se change en carbonate; mis en contact avec une dissolution de chlore, il passe à l'état de deutoxide noir, d'où il suit que l'eau a été décomposée. ( Voyez Action du clûore sur le protoxide de fer. ) Il se dissout dans les acides minéraux et donne des sels au minimum d'oxigène. Il est insoluble dans la potasse ou la soude, et presqu'insoluble dans l'ammo- niaque; fondu avec le borax, il le colore en jaune hya- DES SELS DE NICKEL. 4a^ cinthe. 11 est formé, suivant M. Proust, de ioo parties de métal et de 27 parties d'oxigène. Combiné avec l'eau, il constitue Y hydrate de protoxide de nickel ; cet hydrate est grenu , cristallin , d'une couleur verte , légèrement blanchâtre et presque insipide. Chauffé , il perd l'eau, se décompose , passe au gris, puis au vert obscur, et se trouve réduit à l'état métallique. Il est presque complètement soluble dans l'ammoniaque, et donne un liquide violacé s'il est en petite quantité , tandis qu'il est bleu de lavande et même bleu d'émail si l'alcali en est saturé. Exposé à l'air, ce solutum se trouble et laisse précipiter du carbo- nate d'ammoniaque et de nickel sous la forme de flo- cons verts. Il est composé, suivant M. Proust, de 76 à 78 parties de protoxide et de 22 à 24 parties d'eau. 516. Deutoxide de nickel. Il est d'un violet puce presque noir; mis dans les acides sulfurique, nitrique ou hydro- chlorique , il perd une portion de son oxigène , et se dis- sout à l'état de protoxide : on ignore quelle est sa com- position ; il est sans usages. Des Sels formés par le protoxide de nickel. Les sels de nickel, privés d'eau , sont jaunes ou fauves ; ils sont verts lorsqu'ils s ont combinés avec ce liquide. Ceux qui sont solubles dans l'eau ont une saveur d'abord su- crée et astringente, ensuite acre et métallique. Us sont précipités par la potasse ou par la soude; l'hydrate vert, séparé, se dissout en petite quantité dans un excès d'al- cali. L'ammoniaque les décompose, en précipite l'oxide hydraté , et le redissout si elle est employée en excès ; le sel double résultant est bleu et ne cristallise point. On peut obtenir des sels doubles d'ammoniaque et de nickel avec moins d'ammoniaque ; quelques-uns d'entre eux sont susceptibles de cristalliser, mais alors ils sont verts (Tup- 424 PREMIÈRE PARTIE. puti ) {1). L'hydro-cyanate de potasse et de fer (prussiate) y forme un précipité blanc jaunâtre, tirant insensiblement au vert. L'infusum alcoolique de noix de galle en sépare des flocons blanchâtres, solubles dans un excès de dissolu- tion saline ou du réactif précipitant, mais qui reparaissent avec une couleur fauve foncée quand on sature la liqueur par un excès d'ammoniaque. Les hydro-sulfates précipitent les dissolutions de nickel en noir; le précipité est du sulfure de nickel ; le gaz acide hydro-sulfurique ne les précipite qu'autant qu'elles sont peu acides, et surtout que l'affinité de l'oxide de nickel pour l'acide est faible. ( V. le Tableau des précipités formés par Vacide hydro-sulfurique, pag. 4 7 5.) 517. Borate de nickel. U est solide, d'un vert blanchâtre, presqu'insipide , insoluble dans l'eau ; il en est de même du phosphate. 518. Carbonate de nickel. 11 est solide, d'un vert pomme, peu sapide, insoluble dans l'eau , soluble dans un excès de carbonate alcalin , susceptible de former avec l'ammo- niaque un sel double , d'un vert légèrement blanchâtre , insoluble dans l'eau. 519. Sulfate de nickel. Il est solide, d'un vert d'émeraude, sapide, soluble dans 3 parties d'eau à io°; il cristallise en prismes simples rectangulaires, terminés par des pyra- mides droites à quatre faces , inclinées de 1260 sur les pans adjacens; il s'effleurit à l'air et blanchit. 520. Sulfaté de nickel et de potasse. Il est solide, d'un vert émeraude moins riche que le précédent,soluble dans 8 à 9 parties d'eau à 1 o° ; il cristallise en rhomboïdes ; il n'est pas efflorescent. ( Proust. ) 52i. Sulfate de nickel et d'ammoniaque. Il est en prismes aplatis, à huit pans , terminés par des pyramides tétraèdres, (1) L'oxalate, le citrate et le tarfrate acide de nickel ne sout précipités par aucun de ces trois alcalis. nu MERCURE. 4^5 d'un vert clair, solubles dans 4 parties d'eau à io°. (Link. ) 522. Sulfate de nickel et de zinc. Il est d'un vert très- léger , aussi soluble que le précédent ; exposé à l'air il blanchit en s'effleurissant. 523. Nitrate de nickel. Il cristallise en prismes octo- gones, réguliers , d'un vert légèrement bleuâtre, solubles dans 2 parties d'eau à io°; il est déliquescent dans un air humide , et efflorescent dans un air sec ; chauffé, il se trans- forme en sous-nitrate olivâtre d'abord, puis en protoxide gris de cendre. 524- Nitrate de nickelet d'ammoniaque. Il cristallise en prismes octogones, d'un très-joli vert, solubles dans 3 par- ties d'eau à io°. (Thenard.) 525. Hydro-chlorate de nickel. Il est en cristaux confus qui paraissent des prismes carrés ; il se comporte à l'air comme le nitrate ; il est soluble dans 2 parties d'eau à io°. 526. Arsèniate de nickel. Il est solide, d'un vert pomme, en flocons ou en grains cristallins, insolubles dans l'eau. 5^7. Chromate de nickel. Il est incristallisable , d'un rouge fauve lorsqu'il est concentré, jaune s'il est affaibli; il est très-déliquescent. Aucun de ces sels n'est employé ; ce que nous venons d'en dire est extrait du mémoire de M. Tupputi. Du Mercure ( argent vif). Le mercure se trouve, 1 ° à l'état natif dans presque toutes les mines de mercure, mais principalement dans dans celles du sulfure; 20 combiné avec le soufre, l'argent; 3° avec le chlore ( muriate de mercure ). 528. Le mercure est un métal liquide, brillant, et d'un blanc tirant légèrement sur le bleu ; sa pesanteur spécifique est de 13,568. Si, après l'avoir introduit dans une cornue de grès ou de fonte, dont le col est entouré d'un, nouet de linge qui 4a6 PREMIÈRE PARTIE. plonge dans l'eau, on le chauffe graduellement, il entre en ebullition à la température de 35o° thermomètre centi- grade , se volatilise et vient se condenser dans le récipient, Si au lieu de le chauffer on l'entoure d'un mélange frigo- rifique fait avec deux parties de chlorure de calcium ( mu- riate de chaux ),et une partie de neige, il se congèle et cristallise eu octaèdres si la température est à t\o° — o thermomètre centigrade;ainsi solidifié, il est malléable, et ne saurait être appliqué sur la peau sans y déterminer une sensation pénible analogue à celle de la brûlure. Le gaz oxigène et l'air atmosphérique, qui n'exercent aucune action sur le mercure à froid, le transforment en deu- toxide rouge à un degré de chaleur voisin de celui auquel il entre en ebullition. L'hydrogène, le bore et le carbone n'agissent point sur lui. L'existence d'un phosphure de mer- cure est douteuse, d'après les observations de M. Thompson. Le soufre, trituré ou chauffé avec du mercure, peut se combiner avec lui, et donner naissance à un produit noir formé, d'après les expériences récentes de M. Guibourt, dé sulfure de mercure rouge ( cinnabre ) et de mercure métallique ; en sorte que cette masse noire n'est pas un sulfure particulier comme on l'avait cru ; on l'appe- lait autrefois éthiops de mercure ; on ne l'emploie plus en médecine. Le sulfure rouge de mercure ( cinnabre ) retiré de cette masse ou préparé par d'autres moyens, paraît violet lorsqu'il est en fragmens; il est au contraire d'un beau rouge quand il est pulvérisé, et porte le nom de vermillon. Il est susceptible d'être sublimé en aiguilles cristallines lorsqu'on le chauffe jusqu'au rouge brun ; il serait décom- posé si on le soumettait à une chaleur plus forte, et il en résulterait de la vapeur mercurielle qui produirait une forte détonnation. Le fer et plusieurs autres métaux lui enlèvent le soufre à l'aide de la chaleur, et le mercure se volatilise. Il n'éprouve aucune altération de la part de l'air ni du ga/ DU MERCURE. 427 oxigène à froid; mais si on élève la température il se transforme en acide sulfureux et en mercure. Il est formé de 100 parties de mercure et de 16 de soufre. On le trouve en France, à Idria en Carniole, à Almaden en Espagne, près de Schemnitz en Hongrie, en Chine, au Pérou et dans quelques autres parties de l'Amérique. Il est employé en peinture et pour obtenir le mercure. On s'en est servi en médecine, sous la forme de fumigations, pour guérir les cancers anciens, les dartres vénériennes, les douleurs ostéocopes et les rhagades invétérées ; il est encore employé aujourd'hui par quelques médecins étrangers. 529. L'iode peut être combiné avec le mercure en deux proportions : le sous-iodure est jaune verdàtre; l'iodure est rouge orangé; tous les deux sont fusibles et volatils. Le chlore gazeux se combine avec ce métal, même à la température ordinaire; si on chauffe le mélange, il se produit une flamme d'un rouge pâle, et le mercure passe à l'état de chlorure. On connaît deux combinaisons de ce genre. Du Proto-chlorure de mercure ( calomélas ). Le proto - chlorure de mercure, appelé aussi mercure doux, panacée mercurielle, précipité blanc, est solide, blanc, insipide, insoluble dans l'eau; exposé à l'action du calorique il se volatilise, et fournit des cristaux qui sont des prismes tétraèdres terminés par des pyramides à quatre faces; il jaunit, et finit même par noircir lorsqu'il est ex- posé pendant long-temps à la lumière; il n'éprouve du reste aucune altération à l'air; le phosphore lui enlève le chlore à l'aide de la-chaleur, passe à l'état de proto-chlorure dé phosphore très-volatil ( voyez § 60 ), et le mercure est mis à nu. Le chlore le dissout lorsqu'il est récemment fait, et le change en deuto-chlorure ( sublimé corrosif). Mêlé avec du charbon et la quantité d'eau nécessaire pour 428 PREMIÈRE PARTIE. faire une pâte, il est décomposé si on le chauffe ; et l'on obtient du mercure métallique, du gaz acide hydro-chlorique, du gaz acide carbonique et un peu de gaz oxigène. Dans cette expérience l'eau est également décomposée ; l'hydro- gène s'unit au chlore, tandis que l'oxigène se combine en partie avec le charbon. Chauffé avec de la potasse solide, il fournit du mercure et du gaz oxigène qui se volatilisent, et du chlorure de potassium fixe ; d'où il suit qu'il est décom- posé ainsi que la potasse ; le chlore s'unit au potassium de celle-ci, tandis que le mercure mis à nu et le gaz oxigène provenant de la potasse décomposée se dégagent. Le proto-chlorure de mercure est employé en médecine, i° comme un excellent fondant, dans le carreau, les di- verses maladies scrophuleuses, les engorgemens du foie, de la rate, etc ; 20 comme purgatif; 3° comme anti-ver - mineux; on s'en est souvent servi pour prévenir ou pour combattre la diathèse vermineuse dans les petites-véroles épidémiques ; 4° comme anti-syphilitique. Clare a con- seillé, pour guérir la vérole, de frictionner légèrement, matin et soir, l'intérieur des joues, les lèvres et les gen- cives avec ce médicament. On l'administre aux adultes depuis 2 jusqu'à 8 et 12 grains, suivant l'indication que l'on veut remplir; on le donne aux enfans depuis £ de grain jusqu'à 1 ou 1 grains, suivant l'âge ou l'affection : on l'associe ordinairement à des extraits. Du Deuto-chlorure (sublimé corrosif ). Le deuto-chlorure est un produit de l'art; il est le plus ordinairement sous la forme de masses blanches , com- pactes , demi - transparentes sur leurs bords, hémisphé- riques et concaves ; la paroi externe de ces masses est polie et luisante, l'interne est inégale, hérissée de petits cristaux brillans, tellement comprimés qu'on ne peut en distinguer DU MERCURE. 429 les faces ; il est tantôt sous la forme de faisceaux aiguillés, de cubes ou de prismes quadrangulaires ; il a une saveur extrêmement acre et caustique ; sa pesanteur spécifique est de 5,1398. Il se volatilise plus facilement que le précédent, et répand une fumée blanche, épaisse, d'une odeur piquante, nullement alliacée, susceptible de ternir une lame de cui- vre parfaitement décapée. Si l'on frotte la partie de cette lame où la couche de deuto- chlorure est appliquée, elle acquiert la couleur blanche, brillante. argentine qui carac- térise le mercure ; d'où il suit que le cuivre s'empare du chlore et met le métal à nu. Exposé à l'air, le deuto-chlo- rure perd un peu de sa transparence et devient opaque et pulvérulent à sa surface. Le phosphore, le charbon et la potasse agissent sur lui comme sur le proto-chlorure. Chauffé avec le quart de son poids d'antimoine métalli- que, il est décomposé, et il en résulte du mercure volatil et du chlorure d'antimoine (beurre d'antimoine ) beaucoup plus volatil encore. Mêlé avec le tiers de son poids d'étain pulvérisé, et exposé à l'action du calorique dans des vais- seaux fermés , on obtient, i° plus du cinquième du poids du mélange de deuto-chlorure d'étain très-volatil ( liqueur fumante de Libavius); 20 du proto-chlorure d'étain beau- coup moins volatil qui reste dans la cornue ; 3° un amal- game de mercure et d'étain ; d'où il suit que l'étain à cette température a plus d'affinité pour le chlore que le mer- cure. Le deuto-chlorure de mercure ( sublimé corrosif) se dissout dans 11 parties d'eau froide et dans 2 parties d'eau, bouillante ( Henry et Cliaussier ). Le solutum est de l'hydro-chlorate de deutoxide de mercure. (Voy. pag. i83 , Action des chlorures sur Veau). 53o. L'azote est sans action sur le mercure. Lorsqu'on agite pendant long-temps ce métal avec de l'eau privée d'air, ses molécules s'atténuent prodigieusement et finissent par devenir noires; l'eau n'est pas décomposée et le mer- 430 PREMIÈRE PARTIE. cure ne se trouve pas oxidé ; l'action qu'exerce l'eau sur ce métal à une température de ioo° thermomètre centigrade est assez remarquable et peu connue ; l'eau acquiert des propriétés vermifuges ; le mercure absorbe ^ de son poids d'humidité, et le poids du métal n'augmente pas. Les acides borique, carbonique et phosphorique n'a- gissent pas sur le mercure. L'acide sulfurique concentré, qui n'exerce aucune action sur lui à froid, l'attaque à l'aide de la chaleur, lui cède une portion de son oxigène, passe à l'état de gaz acide sulfureux, et s'il est employé en assez grande quantité, le transforme en deutoxide qui se com- bine avec l'acide non décomposé, en sorte que la masse blanche que l'on obtient est composée d'une plus ou moins grande quantité d'acide sulfurique et de deutoxide de mer- cure. Si l'acide sulfurique est étendu de son poids d'eau, il se dégage peu d'acide sulfureux et il se forme du proto- sulfate. L'acide nitrique concentré agit rapidement à froid sur ce métal, se décompose en partie et le transforme en deutoxide qui se dissout dans l'acide nitrique non dé- composé; le gaz nitreux ( deutoxide d'azote) provenant de la portion d'acide décomposée reste pendant quelque temps en dissolution dans la liqueur et la colore en vert ; mais bientôt après la température s'élève, le gaz se dégage, répand des vapeurs orangées et la dissolution se décolore. Si l'acide nitrique est étendu de quatre ou cinq parties d'eau et que le mercure soit en excès, celui-ci ne passe qu'à l'état de protoxide, et il ne se forme que du proto-nitiate si l'on fait bouillir la liqueur pendant une demi-heure. L'acide nitreux attaque aussi ce métal, l'oxide et lé trans- forme en nitrite. Les acides hydro-chlorique et hydro-phto- rique n'ont point d'action sur le mercure. Plusieurs des métaux précédemment étudiés peuvent se combiner avec lui et donner des alliages que l'on connaît sous le nom d'amalgames. DU MERCURE. 4^1 Amalgames de potassium et de sodium. Ils sont solides ou liquides, suivant la quantité de mercure qui entre dans leur composition. Lorsqu'on met un de ces amalgames fluides dans de l'ammoniaque liquide très-concentrée, il quintuple ou sextuplede volume, acquiert la consistance du beurre et conserve le brillant métallique; il ne se dégage aucun gaz.Ce produit, appelé par MM. Thenard et Gay- Lussac hydrure ammoniacal de mercure et de potassium ou de sodium, a été découvert par M. Davy ; il paraît formé d'hydrogène, d'ammoniaque, de mercure et de potassium. Théorie de sa formation. L'eau de l'ammoniaque est décomposée; son oxigène s'unit avec une portion de potassium qu'il transforme en deutoxide soluble, tandis que l'hydrogène se porte sur le mercure, sur l'ammoniaque et sur l'autre portion de potassium. Si au lieu de mettre l'amalgame de mercure et de potassium ou de sodium dans l'ammoniaque liquide, on le place dans la raivité d'un petit creuset d'hydro - chlorate d'ammoniaque légè- rement humectée, il y a la même augmentation de volume, formation de l'hydrure ammoniacal et d'hydro-chlorate de potasse. Théorie. L'eau qui a servi à humecter le creuset est décomposée; son oxigène forme avec une portion de potassium du deutoxide, qui s'empare de l'acide hydro- chlorique de l'hydro-chlorate, tandis que l'hydrogène se combine avec le mercure, l'ammoniaque et l'autre portion de potassium pour donner naissance à ce produit. Propriétés de cet hydrure. L'eau est en partie décomposée par lui ; son oxigène se porte sur le potassium, qu'il transforme en deutoxide, tandis que son hydrogène et celui qui entre dans la composition de l'hydrure se dégagent; le mercure se précipite, l'ammoniaque et le deutoxide de potassium restent dissous dans le liquide non décomposé. Tous les corps qui agissent sur le potassium le décom- posent également. 432 PREMIÈRE PARTIE. M. Séebeck était parvenu, avant M. Davy, à former Un hydrure d'ammoniaque et de mercure par le procédé'sui- vant : on met du mercure dans la cavité humectée du creuset d'hydro-chlorate d'ammoniaque; ce creuset est placé sur une plaque métallique qui communique avec le pôle vitré ou positif de la pile, tandis que le hl résineux ou négatif se rend dans le mercure; l'eau et l'acide hydro- chlorique sont décomposés par le fluide électrique ; leur hydrogène, atiiré par le pôle résineux, s'unit au mercure et à l'ammoniaque pour former l'hydilire , tandis que le chlore de l'acide et l'oxigène de l'eau se portent au pôle positif. Ces hydrures ne sont d'aucun usage. Amalgame de trois parties de mercure et d'une partie d'étain. Il est mou et cristallisé ; il est liquide s'il est formé par dix parties de mercure ; on l'emploie pour étamer les glaces : cette opération consiste à verser du mercure sur une lame d'étain étendue horizontalement, à appliquer la glace dessus et à la charger de poids afin de la faire a-;hérerâ l'amalgame qui se forme aussitôt quelecontact des deux métaux a lieu. Amalgame de quatre parties de mercure et d'une partie de bismuth. On s'en sert pour étamer la surface interne des globes de verre : après avoir chauffé ces globes pour les sécher, on y verse l'amalgame fondu, et on l'agite pour le disséminer sur toute la surface, à laquelle il ne tarde pas à adhérer fortement. On emploie le mercure pour construiredes thermomètres, des baromètres, des cuves hydrargyro - pneumatiques à l'aide desquelles on recueille les gaz solubles dans l'eau, pour faire les diverses préparations mercurielles , les amal- games, etc., et pour exploiter les mines d'or et d'argent. On s'est quelquefois servi avec succès du mercure dans la constipation rebelle et le volvulus qui n'est pas accom- pagné d'inflammation : dans ces cas il force les obstacles et développe par son poids les intestins; plusieurs prati- DES OXIDES DE MERCURE". 4^3 tiens ont employé comme vermifuge l'eau dans laquelle le mercure avait bouilli. Enfin ce métal, dans un grand état de division, fait la base de l'onguent gris, de l'onguent napoli- tain, si souvent employés en frictions. Nous pensons que le mercure métallique très-divisé par le calorique, par de l'eau, par des sucs animaux, des graisses, etc., est absorbé, et doit être regardé comme un poison. ( Voyez ma Toxi- cologie, t. ï, ireédit. ) Des Oxides de mercure. On ne connaît que deux oxides de mercure. 531. Protoxide. Il est le produit de l'art, et il n'existe que dans les sels de mercure au minimum; on ne peut pas l'obtenir isolé , car lorsqu'on cherche à le séparer du proto-nitrate par la potasse, on obtient un précipité d'un noir jaunâtre que l'on a décrit jusqu'à présent sous le nom de protoxide, et qui est formé, d'après le travail récent de M. Guibourt, de deutoxide et de mercure métallique très-divisé: en effet, ce précipité noir jaunâtre, comprimé entre deux corps durs, présente de petits globules mercu- riels visibles à l'œil; il se transforme en mercure et en deutoxide lorsqu'on le chauffe jusqu'au rouge obscur; traité par l'acide hydro-chlorique, il donne du deuto- hydro-chlorate de mercure et du proto-chlorure (calomélas). On voit donc qu'au moment où l'on cherche à séparer par la potasse le protoxide du proto-nitrate, ce protoxide se décompose; l'oxigène d'une portion se porte sur une autre partie de protoxide, et il en résulte du deutoxide et du mercure métallique très-divisé, noirâtre. 532. Deutoxide de mercure ( précipité rouge, précipité perse). On ne le trouve pas dans la nature; il est jaune serin lorsqu'il contient de l'eau, et rouge dans le cas con- traire ; chauffé dans des vaisseaux fermés il se transforme . au-dessus du rouge brun en gaz oxigène et en mercure ; il est i. 28 ^34 PREMIÈRE PARTIE. également décomposé par la lumière; trituré avec du mer- cure il fournit une poudre brune que l'on a cru être du protoxide, et qui n'est autre chose qu'un mélange de deu- toxide et de mercure très-divisé; il se dissout dans l'eau et lui communique une forte saveur métallique, la pro- priété de verdir le sirop de violette et de brunir par l'addi- tion de l'acide hydro-sulfurique. L'ammoniaque décompose également cette dissolution aqueuse et produit un pré- cipité formé de deutoxide et d'ammoniaque, décomposable par la chaleur. Le deutoxide de mercure est décomposé, à l'aide d'une douce chaleur, par la plupart des corps avides d'oxigène. Il est formé de 100 parties de métal et de 8 parties d'oxigène, tandis que le précédent ne renferme que 4 parties d'oxigène. Il est employé en médecine comme escarrotique, surtout dans les maladies vénériennes ; à l'état pulvérulent il sert à tuer les poux et les morpions ; mêlé avec de la graisse, il constitue un onguent dont on fait quelquefois usage dans les maladies syphilitiques. En général, l'application extérieure de cet oxide peut être suivie de symptômes funestes, et on ne doit le prescrire qu'à la dose de quelques grains. Des Sels formés par le protoxide de mercure* Les sels formés par cet oxide sont décomposés et précicipités en noir par les alcalis, tels que la potasse, la sonde, l'ammoniaque, etc. ; le dépôt, comme nous venons de le voir, est un mélange de mercure métal- lique divisé et de deutoxide ; l'acide chromique et les chro- mâtes les transforment en chromate de mercure orangé rougeâtre, insoluble dans l'eau; l'acide hydro-chlorique les fait passer à l'état de proto-chlorure blanc (calomélas) ; d'où il suit que l'hydrogène de l'acide se combine avec l'oxigène du protoxide pour former de l'eau, tandis que le mercure mis à nu s'unit au chlore. Ces caractères suffisent des Sels de mercure. /±S5 pour distinguer ces sels de ceux qui sont formés par le deutoxide. 533. Proto-sulfate de mercure. Il est blanc, pulvérulent, presque insipide, soluble dans 5oo parties d'eau froide et dans 287 parties d'eau bouillante ; indécomposable par ce liquide, susceptible de fournir, par une évaporation con- venable, de petits cristaux prismatiques; il est inaltérable à l'air; il noircit par son exposition à la lumière. 11 peut se combiner avec de l'acide sulfurique et former du proto- sulfate très-acide ; si on lui enlève au contraire un peu d'acide au moyen d'un alcali, il passe à l'état de sous-proto- sulfate. 534- Proto-nitrate de mercure. Il cristallise en prismes blancs, doués d'une saveur acre, styptique , rougissant l'infusum de tournesol; il est décomposé par l'eau et trans- formé en proto-nitrate très-acide, soluble, incolore, ap- pelé eau mercurielle, remède du capucin, remède du duc d'Antin; et en sous-proto-nitrate insoluble, d'un jaune verdàtre. Le proto-nitrate de mercure entre dans la com- position du sirop de Belet, dont on prend une cuillerée étendue dans une boisson mucilagineuse. Ce sirop a été utile dans les maladies de la peau, les écrouelles, les éry- sipèles, les dartres anciennes; mais il faut l'employer avec précaution , surtout chez les individus faibles. Le remède du capucin est caustique, et peut être appliqué avec succès sur les chancres, les verrues syphilitiques et les ulcères sanieux. 535. Proto-chlorate de mercure. Il est sous la forme d'une poudre jaune verdàtre, peu soluble dans l'eau bouillante, peu sapide , décomposable par les alcalis, qui le préci- pitent en noir ; projeté dans une cuiller de platine légère- ment chauffée, il détonne, produit une flamme rouge, et se transforme en gaz oxigène, en deuto-chlorure de mercure (sublimé corrosif) qui se volatilise sous la forme de fu- 436 PREMIÈRE PARTIE. mées blanches , et en deutoxide rouge de mercure (Vau- quelin). Ces résultats s'expliquent parfaitement , d'après les expériences de M. Guibourt : l'acide chlorique se dé- compose , son oxigène se dégage, le chlore se porte sur le protoxide, qui doit être considéré comme composé de mercure et de deutoxide, transforme le métal en deuto- chlorure , et met le deutoxide à nu. Des Sels formés par le deutoxide de mercure. Ces sels sont tous décomposés par la potasse ou la soude, qui s'emparent de l'acide, et mettent à nu l'oxide jaune serin si on les a employées en suffisante quantité. L'ammo- niaque les transforme en un sel double blanc, qui se pré- cipite et qui se dissout dans un excès d'ammoniaque. Le prussiate de potasse y occasionne également un trouble blanc ; les hydro-sulfates solubles ou l'acide hydro-sulfu- rique les décomposent et les précipitent en noir ; le sulfure de mercure précipité donne à l'analyse les mêmes propor- tions de soufre et de mercure que le cinnabre. 536. Deuto-sulfate acide de mercure. Il est sous la forme d'une masse blanche, attirant légèrement l'humidité de l'air , rougissant Yinfusum de tournesol, et susceptible d'être décomposée par l'eau en deuto-sulfate très-acide, so- luble , incolore , et en sous-deuto-sulfate jaune insoluble , OU turbith minéral. Ce turbith est décomposé par le calo- rique , et fournit du gaz oxigène, du gaz acide sulfureux, et du mercure volatils ; il est également décomposé et dissous par l'acide nitrique, qui le transforme en deuto- nitrate incolore ; enfin, la potasse caustique lui enlève l'a- cide par la simple agitation, et il se forme du sulfate de potasse soluble et du deutoxide de mercure jaune serin ; il ne se dissout que dans 2000 parties d'eau froide. Boerhaave et Lobb ont fait l'éloge du turbith minéral comme étant propre à prévenir la petite-vérole ; d'autres médecins l'ont DES SELS DE MERCURE. 4^7 administré comme émétique dans la morsure des chiens enragés ; on l'a aussi prôné dans les engorgemens, dans les maladies vénériennes. 537. Deuto-chlorate acide de mercure. Il cristallise sous la forme de petites aiguilles assez solubles dans l'eau, ayant une saveur analogue à celle du sublimé corrosif. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il fournit du gaz oxigène et du proto-chlorure de mercure (calomélas). 538. Deuto-nitrate acide de mercure. Il est sous la forme d'aiguilles blanches ou jaunâtres, douées d'une saveur mé- tallique insupportable, rougissant Yinfusum de tournesol. Chauffé dans un matras, il se décompose , et laisse du deu- toxide rouge (précipité rouge) qui se transforme lui-même en oxigène et en mercure si on élève assez la tempéra- ture. Mis dans l'eau froide, ce sel se change en deuto-ni- trate très-acide, soluble et incolore, et en sous-deuto- nitrate blanc insoluble, auquel on peut enlever tout l'acide par des lavages réitérés ; mais si l'eau est bouillante , le sous-deuto-nitrate insoluble qui se dépose est jaune, et porte le nom de turbith nitreux. Le deuto-nitrate acide, qui est sous la forme d'aiguilles, peut se dissoudre dans de l'acide nitrique ; sa dissolution tache la peau en noir, précipite par l'eau un sous-deuto-nitrate si elle est très- concentrée, et donne des aiguilles blanches cristallines par l'addition de l'acide hydro - chlorique : ces aiguilles, for- mées par du sublimé corrosif (chlorure de mercure), se dissolvent facilement dans l'eau. On emploie ce sel pour faire le précipité rouge, la pommade citrine, et pour feutrer les poils de lièvre et de lapin. 53g. Hydro-chlorate de deutoxide de mercure (sublimé corrosif dissous dans l'eau). Il est le produit de l'art; il est li- quide, transparent, incolore, inodore, doué d'une saveur styptique, métallique, désagréable; distillé, il se volatilise en petite quantité : aussi le liquide obtenu dans le récipient 438 PREMIÈRE PARTIE. contient-il un peu de ce sel. L'hydro-cyanate de potasse et de fer, les hydro-sulfates et les alcalis se comportent avec lui comme avec les autres dissolutions de deutoxide. L'eau de chaux le décompose comme les alcalis , s'empare de l'acide et met à nu le deutoxide jaune serin ; le mélange d'hydro-chlorate de chaux et de deutoxide qui en résulte porte le nom d'eau phagédénique. ( Voy. pag. 441*) L'eau distillée ne le trouble point ; le nitrate d'argent agit sur lui comme sur tous les hydro-chlorates, le décompose, et en pré- cipite du chlorure d'argent blanc, caillebotté, insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique; il reste alors dans la dis- solution du deuto-nitrate de mercure. ( V., p. 206, Hydro- chlorates.) L'hydro-chlorate de protoxide d'étain, dissous dans l'eau, en précipite sur-le-champ, du proto-chlorure de mercure ( calomélas ), et la dissolution se trouve contenir alors de l'hydro-chlorate de deutoxide d'étain. Théorie. On peut représenter l'acide hydro-chlorique de ces deux hydro- chlorates par : (Chlore -f- hydrogène ) -f- A. hydro-chlorique. et les deux oxides par. ( Mercure -J- oxiçe.-j- oxige. ) -\~protoxide d'étain. Proto-chlo- Eau. Hydro-chlorate de deutoxide rure. d'étain. Une portion d'acide hydro-chlorique et le deutoxide de mercure sont décomposés ; l'oxigène de celui-ci se com- bine en partie avec l'hydrogène de l'acide pour former de l'eau, en partie avec le protoxide d'étain qu'il fait passer à l'état de deutoxide, tàndis.que le chlore et Je mercure mis à nu s'unissent et donnent naissance à du proto-chlorure de mercure; l'acide hydro-chlorique non décomposé dissout le deutoxide d'étain produit. . . Le mercure métallique, mis en contact avec la disso- lution d'hydro-chlorate de deutoxide de mercure , se ternit, et le liquide se trouble ; le sel est entièrement décomposé, et DES SELS DE MERCURE. 4^9 l'on n'obtient que du proto-chlorure de mercure et de l'eau. Théorie. Le sel peut être représenté par : Hydrogène -f- chlore. Oxigène -f- mercure, on y ajoute du.................... mercure. Eau. -J- Proto-chlorure. L'hydrogène de l'acide hydro-chlorique se porte sur l'oxi- gène du deutoxide pour former de l'eau, tandis que le chlore s'unit au mercure du sel et à celui que l'on a ajouté, et donne naissance au proto-chlorure (i). Une lame de cuivre, plongée dans la dissolution de l'hy- dro-chlorate de deutoxide de mercure , la décompose, et l'on obtient de l'hydro-chlorate de deutoxide de cuivre soluble, et un précipité grisâtre formé, i° par du proto- chlorure de mercure ( calomélas ) ; 2° par un amalgame de cuivre et de mercure ; 3° par un peu de mercure. C V. mon ouvrage de Toxicologie, tome I, pag. 4o, ire édition. ) Il suffit, pour expliquer la formation de ces divers produits , d'admettre , ce qui est réel, que le cuivre a plus d'affinité pour l'oxigène et pour l'acide hydro-chlorique que le mer- cure ; une partie de ce métal doit donc être mise à nu dès ( i ) On explique plus aisément tous ces phénomènes en admettant, avec plusieurs chimistes, que le sublimé corrosif" dissous dans l'eau est un chlorure au lieu d'un hydro-chlorate j en effet , on dit alors, le mercure s'empare d'une portion du chlore du sublimé corrosif, le transforme en proto-chlorure en y passant lui-même. Lorsque , comme dans l'expérience précé- dente , on fait agir sur le sublimé corrosif le sel d'étain, que l'on regarde aussi dans cette hypothèse comme un chlorure, on dit : le chlorure d'étain s'empare d'une portion du chlore du sublimé corrosif, passe à l'état de deuto-chlorure, tandis que le sublimése trouve réduite du proto-chlorure qui se précipite» 440 PREMIÈRE PARTIE. que l'action commence ; ce mélange se trouve alors à-peu- ples dans les mêmes conditions que celui dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent ; il doit donc se préci- piter du prot j-chlorure de mercure. Si on substitue à la lame de cuivre une lame de zinc , on transforme l'hydro- chlorate de deutoxide de mercure en hydro-chlorate de deutoxide de zinc, et il se forme un précipité composé, i° de mercure métallique; 2° de proto-chlorure de mer- cure ; 3° d'un amalgame de zinc et de mercure ; 4° de fer et de charbon, substances qui se trouvent dans le zinc du commerce. ( V. ma Toxicologie, pag. 42, tom. Ier. ) L'éther sulfurique, mêlé avec la dissolution d'hydro- chlorate de deutoxide de mercure, s'empare de ce sel, en sorte que la couche éthérée qui est à la surface du liquide s'en trouve saturée, tandis que l'eau qui forme la couche inférieure en est presque entièrement privée. ( Wenzel et M. Henry.) Le sublimé corrosif est employé pour conserver les ma- tières animales, (/^.tom. II, art. Putréfaction.) Il est sou- vent administré comme anti-vénérien; on le donne dissous dans l'eau distillée, dans l'alcool, ou dans quelque sirop sudorifique, combiné avec du lait, des tisanes ou des ex<- traits ; en général, la dose pour les adultes est d'un demi- grain par jour en deux prises, matin et soir ; on augmente graduellement la quantité jusqu'à ce que le malade en prenne un grain, si toutefois l'on n'observe aucun sym- ptôme fâcheux qui en commande la suspension ; ces doses doivent être étendues dans un'verre de Véhicule : le plus ordinairement 12 à i5 grains suffisent pour faire dissiper tous les accidens et compléter le traitement ; il est cepen- dant des cas où , pour obtenir du succès, il faut en ad- ministrer beaucoup plus. Cirilloa proposé d'incorporer le sublimé corrosif dans de l'axonge pour en faire une es- pèce d'onguent que l'on applique à la plante des pieds ; DE L'OSMIUM. 441 ce moyen a été quelquefois employé avec succès. On fait usage de l'eau phagédénique pour toucher les chancres et les ulcères vénériens. Quelques médecins ont employé le sublimé corrosif dans les maladies écrouelleuses, cuta- nées , etc. ; mais on en fait rarement usage dans ces sortes d'affections. Toutes les préparations mercurielles sont très - véné- neuses ; le proto-chlorure l'est cependant beaucoup moins que les autres. Introduites dans l'estomac, ou appliquées à l'extérieur, elles déterminent une irritation locale très- vive , sont absorbées, et exercent une action délétère sur le cerveau , le coeur et le canal digestif; il est donc de la plus haute importance de les administrer avec prudence, et de ne pas en appliquer une trop grande quantité sur la peau, principalement sur les parties ulcérées. Parmi les an- tidotes proposés pour neutraliser les sels mercuriels, l'al- bumine (blanc d'oeuf délayé dans l'eau) doit occuper le premier rang, comme nous l'avons prouvé. (Voyez Toxi- cologie générale , tom. Ier.) De l'Osmium. 54o. L'osmium n'a été trouvé jusqu'à présent que dans la mine, de platine. Il est solide , d'une couleur qui parait bleue ou noire : on ignore quelles sont ses autres propriétés physiques. M. Vauquelin est porté à croire que ce métal se volatilise lorsqu'on le chauffe dans des vaisseaux fermés ; si on élève sa température quand il a le contact de l'air, il passe à l'état d'oxide qui se sublime en très-beaux cristaux blancs et brillans , doués d'une odeur très-forte. Lorsqu'on fait arriver du chlore gazeux, sur de l'osmium sec, il paraît se fondre, acquiert une couleur verte très- belle et très-intense, se dissout complètement, et donne un chlorure d'un rouge brun; ce chlorure se volatilise à la température ordinaire, et répand des vapeurs blanches 44a PREMIÈRE PARTIE. très-épaisses , d'une odeur insupportable; il se transfonne en hydro-chlorate soluble, d'un jaune rougeâtre, lorsqu'on le met dans l'eau. L'iode ne paraît pas pouvoir se combiner directement avec ce métal; on ignore s'il s'unit au soufre, au phos- phore et aux métaux, d'après M. Vauquelin : M. Henry dit cependant qu'il forme avec l'or et l'argent des alliages duc- tiles. H se dissout dans l'acide hydro-chlorique à l'aide d'une douce chaleur; la liqueur commence par être verte, et ne tarde pas à devenir d'un jaune rougeâtre ; il est évident que, dans ce cas , l'eau de l'acide est décomposée pour orider le métal. Il n'a point d'usages. De V Oxide d'osmium. 541. Cet oxide est incolore, transparent, très-brillant et Cristallisable; il aune saveur très-caustique, analogue à celle de l'huile de gérofles; il a une odeur très-désagréable; il est flexible comme la cire, plus fusible qu'elle et très-vo- latil; il noircit sur-le-champ lorsqu'il est en contact avec des matières organiques, surtout lorsqu'elles sont humides ; il cède facilement l'oxigène aux corps qui en sont avides ; il est très-soluble dans l'eau ; ce solutum bleuit par l'in- fusion de noix de galle et par une lame de zinc; il forme, avec les alcalis, des combinaisons jaunes moins odorantes que sat dissolution aqueuse. Agité avec du mercure, il perd somodeur, et il se forme un amalgame de mercure et d'os- mium ( Henrv ). Il se dissout dans l'acide hydro-chlorique, et forme un^eî qui est à-peu-près lé seul connu ; en effet, cet oxide paraît avoir plus de tendance à s'unir avec les alcalis qu'avec les» acides. 542- Hydro-chlorate d'osmium. Ce sel est d'un jaune rougeâtre; il devient d'un bleu très-foncé par l'addition de Yinfusum de noix de galle ; le zinc le fait également passer DES MÉTAUX DE LA SIXIÈME CLASSE.' 44' **u bleu et en précipite des flocons noirs. (Ces détails sont extraits du mémoire de M. Vauquelin sur l'osmium. ) Des Métaux de la sixième classe. Ces métaux, au nombre de six, savoir, l'argent, l'or, le platine, le palladium, le rhodium et l'iridium , ne peu- vent opérer la décomposition de l'eau, ni absorber l'oxi- gène à aucune température ; toutefois il faut en excepter l'argent, qui, à l'état de vapeur, peut se combiner avec ce gaz. Les acides sulfurique ou nitrique ont si peu d'action sur eux, qu'ils n'agissent guère que sur l'argent, même à une température élevée. L'eau régale peut au contraire les dissoudre tous, excepté le dernier. Des Oxides de la sixième classe. Ces oxides sont solides, d'une couleur variable, dé- composables, au-dessous de la chaleur rouge, en oxigène et en métal, solubles dan s l'acide hydro-chlorique, sans ac- tion sur le sirop de violette et insolubles dans l'eau , si toutefois l'on en excepte l'oxide d'argent, qui se dissout dans ce liquide , verdit le sirop de violette , et que l'acide hy- dro-chlorique transformé en chlorure d'argent insoluble. Des Sels de-la sixième clas'se.' * La difficulté que l'on éprouve à combiner ces oxides avec les divers acides, fait que les sels de cette classe sont peu nombreux; ceux qui sont solubles dans l'eau précipitent par la potasse à chaud ou à froid : excepté ceux d'argent et de palladium, aucun n'est précipité par l'hydro-cyanate de potasse et de fer ( prussiate). Les hydro-sulfates solubles les précipitent tous. 444 PREMIERE PARTIE. De l'Argent. L'argent se trouve dans la nature, i° à l'état natif, en Norwège, en Misnie , au Hartz, en Sibérie, en Espagne, en France ; mais principalement au Mexique et au Pérou ; il est cristallisé ou en masses , et contient presque toujours du fer, du cuivre, de l'arsenic ou de l'or; 2° combiné avec le soufre, l'antimoine, l'arsenic , le mercure ; 3° uni au chlore ; 4° enfin à l'état d'oxide d'argent et d'antimoine sulfuré. 543. L'argent est solide, d'une belle couleur blanche très- brillante , peu dur ; il est très-ductile et le plus malléable des métaux après l'or ; sa ténacité est très-grande \ sa pe- santeur spécifique esj de io,4743- Soumis à l'action du calorique dans des vaisseaux fer- més, il fond assez facilement et se volatilise; si on le laisse refroidir lentement, il cristallise en pyramides quadrangu- laires. Il n'éprouve aucune altération de la part du gaz oxigène ni de celle de l'air à la température ordinaire; si on le chauffé au moyen du chalumeau à gaz oxigène, il se volatilise, absorbe l'oxigène, et l'oxide formé se dégage sous la forme d'une fumée que l'on peut recevoir dans un verre renversé au-dessus , sur la^urface duquel il produit un enduit jaune brunâtre : cette oxidation a lieu avec une flamme jaune. (Vauquelin.)- ' L'hydrogène \ le bore , lé carbone et l'azote n'exercent aucune action*stir l'argent. Le phospliore peut se combiner avec lui à l'aide de la chaleur, et former un phosphure solide, fragile, brillant, plus fusible que l'argent, susceptible de se transfbrmei■ , à une température élevée, par l'action de l'air ou du gaz oxigène, en acide phosphorique et en phos- phate d'argent, ou en acide phosphorique et en argent si la chaleur est plus forte. Il est formé de 87 parties d'argent DE L'ARGENT. 44^ tt de 13 parties de phosphore. L'argent peut aussi se com- biner avec le soufre, et donner un sulfure solide, d'un gris bleuâtre, ductile, d'un tissu lamelleux, plus fusible que le métal, décomposable par le feu en soufre et en argent. Chauffé avec le contact de l'air ou du gaz oxigène, ce sulfure se transforme en gaz acide sulfureux et en argent. Il est formé de ioo parties d'argent et de i4>9 de soufre. Il se produit toutes les fois que l'argent est en contact avec de l'acide hydro - sulfurique , soit dans les fosses d'aisance, soit dans les eaux sulfureuses, soit enfin lors- qu'on le met en contact avec des œufs et que la température est un peu élevée. On le rencontre dans presque toutes les mines d'argent au Mexique, en Hongrie , en Bohême, etc. L'iode, placé dans des circonstances particulières, peut s'unir avec l'argent et former un iodure insoluble dans l'eau et dans l'ammoniaque. Chauffé avec du chlore gazeux, il l'absorbe sans qu'il y ait dégagement de lumière , et passe à l'état de chlorure (muriate d'argent). On le trouve en petite quantité en Saxe, en Sibérie, au Hartz, en France, au Pérou, etc.; il est tantôt cristallisé en cubes, tantôt en masses. Celui que l'on obtient dans les laboratoires est blanc , insipide, caillebotlé, et passe rapidement au violet foncé lors- qu'on l'expose à la lumière et qu'il est recouvert d'eau. M. Gay - Lussac a prouvé que, dans cet état , il contient moins de chlore, et que l'eau qui le surnage renferme de l'acide chlorique et de l'acide hydro - chlorique , pro- duits par l'action d'une portion du chlore, sur l'oxi- gène et sur l'hydrogène de l'eau. Le chlorure d'argent est Insoluble dans l'eau, et n'éprouve aucune altération de la part de ce liquide lorsqu'il est dans l'obscurité; il est très- soluble dans l'ammoniaque, et peu soluble dans les acides forts. Si on le chauffe après l'avoir desséché sur un filtre , il fond au-dessous de la chaleur rouge , et fournit après 446 PREMIÈRE PARTIE. le refroidissement une masse grisâtre, demi-transparenté^ flexible, connue autrefois sous le nom d'argent corné, que l'on peut obtenir cristallisée en octaèdres. Il est dé- composé par la potasse, la soude, la baryte ou la chaux, à une température élevée, et l'on obtient du chlorure de potassium, de sodium, etc., de l'argent pur, et du gaz oxigène; d'où il suit que l'alcali est également décomposé. Le plomb ou l'antimoine, chauffés avec ce chlorure, le dé- composent en s'emparant du chlore ; le fer opère cette décomposition, même dans l'eau bouillante; mais, dans ce cas, une portion du liquide est également décomposée, et l'on obtient de l'hydro-chlorate de protoxide de fer et de l'argent métallique, sous la forme d'une poussière blanche. Le chlorure d'argent est formé de 100 parties d'argent etde 3o,28 de chlore; on s'en sert quelquefois pour préparer l'argent pur. L'eau et les acides borique, carbonique, phosphorique , sulfureux, hydro-chlorique et hydro-phtorique sont sans ac- tion sur l'argent. L'acide sulfurique concentré , qui ne l'at- taque pas à froid, l'oxide à l'aide de la chaleur, se décom- pose, fournit du gaz acide sulfureux, et il se forme du sulfate d'argent. L'acide nitrique pur dissout l'argent après l'avoir oxidé , même à la température ordinaire ; il se produit du gaz deutoxide d'azote qui reste d'abord dans la liqueur et la colore en vert, mais qui ne tarde pas à se dégager lorsque la température s'élève : il est évident qu'une portion de l'acide nitrique a dû être décomposée (i). Suivant Schéele , l'acide arsénique, dissous dans l'eau, oxide l'argent à l'aide (i) Dans cette expérience il y a élévation de température, parce que l'oxigène passe de l'état liquide où il se trouvait dans l'acide nitrique, à l'état solide pour constituer l'oxide d'argent y il doit donc perdre du calorique : on retrouve ce phénomène dans un très-grand nombre de cas. DE L'ARGENT. 447 delà chaleur; il se dégage de l'arsenic métallique, et il se forme de l'arseniate d'argent avec la portion d'acide non décomposée. Plusieurs des métaux précédemment étudiés peuvent se combiner avec l'argent. i° Alliage de g parties d'argent et d'une partie de cuivre. On l'emploie pour sou- der l'argent et faire la monnaie. Les couverts et la vaisselle sont composés de 9 parties et \ d'argent et de demi-partie de cuivre ; dans les bijoux, il y a 8 parties du premier et 2 par- ties du second. Ces divers alliages sont blancs, plus fusibles et moins ductiles que l'argent, 20 Alliage de 7 parties d'ar- gent et d'une partie de plomb. Il est solide , d'un blanc grisâtre , et se transforme, lorsqu'on le fait fondre avec le contact de l'air, en protoxide de plomb qui se vitrifie et en argent pur : nous tirerons parti de ce fait en parlant de l'analyse des monnaies.et des divers ustensiles d'argent, à la fin de cet ouvrage. L'argent sert principalement à pré- parer les alliages dont nous venons de parler, la pierre in- fernale , etc. De V Oxide d'argent. 544- Cet oxide se trouve dans la nature combiné avec l'oxide d'antimoine sulfuré. Il est solide , d'une couleur olive foncée ; il attire rapidement l'acide carbonique de l'air, en sorte qu'il faut le conserver dans des vaisseaux fermés ; il est sensiblement soluble dans l'eau, et le solutum verdit le sirop defcviolette, propriété qui le rapproche singulière- ment des alcalis. Il est susceptible de se combiner avec un très-grand nombre d'acides. L'acide nitrique le dissout à merveille ; l'acide hydro-chlorique le décompose en se dé- composant lui-même, et le transforme en chlorure d'argent insoluble ; d'où il suit que l'hydrogène de l'acide se com- bine avec l'oxigène de l'oxide pour former de l'eau. Il est très-soluble dans l'ammoniaque , et sans usages. 448 PREMIÈRE TARTIE. M. Proust pense qu'il existe un oxide d'argent moins oxidé que le précédent. ' Des Sels d'argent. Tous les sels d'argent, chauffés au chalumeau , sont décomposés et le métal est mis à nu. Ils sont presque tous insolubles dans l'eau ; aucun ne se trouve dans la nature. La plupart d'entre eux brunissent à la lumière. Ceux qui sont solubles précipitent en noir par les hydro-sulfates de potasse et de soude; le précipité est du sulfure d'argent; l'acide hydro-chlorique et les hydro-chlorates y font naître un dépôt blanc, caillebotté, de chlorure d'argent. ( Voyez pag. 206.) La potasse, la soude et l'eau de chaux privées d'hydro-chlorate en séparent l'oxide olive ; l'ammoniaque produit le même phénomène, mais redissout le précipité avec la plus grande facilité. Les carbonates et les sous-car- bonates en précipitent du carbonate d'argent d'un blanc jaunâtre ; les phosphates y font naître un précipité jaune qui est du phosphate d'argent. En plongeant une lame de cuivre dans une de ces dissolutions, l'argent en est séparé à l'état métallique ; à la vérité, il est allié avec un peu de cuivre. (Voyez Sels de cuivre, pag. 416 , pour la théorie. ) 545. Le borate et le carbonate d'argent sont pulvérulens, blancs, insipides et insolubles dans l'eau. Ils sont sans usages. 546. Phosphate d'argent. Ce phosphate est d'»n jaune verdàtre, insoluble dans l'eau, et soluble dans l'acide phos- phorique. 547- Sulfate d'argent. Il est sous la forme d'une masse blanche, soluble dans 88 parties d'eau froide , d'après Wenzel, plus soluble dansl'acide sulfurique faible ; la disso- lution incolore fournit, par l'évaporation, des cristaux pris- matiques, blancs et brillans. Le sulfate d'argent résiste long- DES SELS D'ARG EH T. 44$ temps à l'action du feu; il faut une température assez élevée pour le décomposer. 548. Le sulfite d'argent est en petits grains brillans, peu solubles dans l'eau, doués d'une saveur acre et mé- tallique 549. L'iodate d'argent est blanc, insoluble dans l'eau , et très-soluble dans l'ammoniaque. L'acide sulfureux , versé dans cette dissolution , s'empare de l'oxigène qui entre dans la composition de l'acide iodique et de l'oxide d'argent, et y fait naître un précipité d'iodure d'argent qui, comme nous l'avons dit, est insoluble dans l'ammoniaque. 55o. Chlorate d'argent. Il est sous la forme de prismes carrés , colorés , terminés par une section oblique, dans le sens des deux angles solides du prisme, solubles dans 10 à 11 parties d'eau froide, ayant une saveur analogue à celle du nitrate d'argent, et tachant le papier en jaune brunâtre ; il fuse sur les charbons ardens et se transforme en chlorure ; il est aussi décomposé lorsqu'on le triture avec du soufre, et il y a dégagement de calorique et de lumière. Le chlore, versé dans la dissolution de ce sel, y fait naître un précipité de chlorure d'argent; il se dégage du gaz oxigène etd'acide chlorique est mis à nu, phénomènes qui ne peuvent s'expli- quer sans admettre la décomposition de l'oxide d'argent en oxigène qui se dégage, et en argent qui se combine avec le chlore. ( Vauquelin. ) 551. Nitrate d'argent. Il cristallise en lames minces , brillantes, demi-transparentes , qui sont des hexaèdres , des tétraèdres ou des triangles; sa saveur est amère, styptique et caustique ; il n'attire point l'humidité de l'air, et se dis- sout dans un poids d'eau froide égal au sien. Cette disso- lution est incolore, tache la peau en violet, et peut être décomposée à la température de l'ébullition par le charbon et par le phosphore , qui s'emparent de l'oxigène de l'oxide. L'acide chromique et les chromâtes y font nàitie 1. 29 45o PREMIÈRE PARTIE. un dépôt de chromate d'argent rouge. Le mercure en pré- cipite l'argent sous la forme de petits cristaux brillans, sem- blables par leur disposition aux rameaux et aux feuillages d'un arbre. On connaissait autrefois cepréeipitéd'argent, qui retient un peu de mercure, sous le nom d1arbre de Diane. (Voyez pour la théorie, pag. 4X6.) Si l'on sépare l'oxide de la dissolution du nitrate à l'aide de la potasse , de la soude ou de l'eau de chaux, et qu'après l'avoir lavé on en mette deux ou trois grains dans une petite capsule, avec la quantité d'ammoniaque liquide suffisante pour en faire une bouillie très-claire, on obtient au bout de quelques heures, lorsque tout le liquide s'est évaporé , une masse solide, qu'il suffit de chauffer, et même de tou- cher avec un tube de verre ou la barbe d'une plume, pour faire détonner avec la plus grande violence. Cette masse, composée d'ammoniaque et d'oxide d'argent, connue sous le nom d'argent fulminant, a été découverte par' M. Ber- thollet ; sa préparation est accompagnée des plus grands dangers lorsqu'on agit sur plusieurs grains et que l'on cherche à les séparer en plusieurs parties. Nous indique- rons , en parlant de l'or ( pag. l\5y ), la théorie de cette dé- tonnation. L'argent fulminant est solide, gris, inodore, in- soluble dans l'eau, soluble dans l'ammoniaque, et même décomposable parce liquide ; en effet, si on le garde pendant long-temps dans cet alcali, l'oxigène de l'oxide s'unit à l'hydrogène de l'ammoniaque", et l'argent se précipite sous la forme de cristaux très-brillans. Soumis à l'action du calorique, le nitrate d'argent cris- tallisé se boursouffle , perd l'eau de cristallisation , entre en fusion, et constitue la pierre infernale que l'on coule dans des moules cylindriques : elle est parfaitement blan- che si on l'a coulée dans un tube de verre ; elle est, au con- traire , grisâtre et même noire si le' moule dont on s'esjt servi est de cuivre : il parait que, dans ce cas , elle doit sa DES SELS D'ARG ES T. J\5î Couleur à une portion d'oxide d'argent ou d'argent irès- divisé, séparé du nitrate par le cuivre , et à une petite quantité de charbon mise à nu par la décomposition du suif avec lequel on graisse la Iingotière dans laquelle on coule le sel. Si on chauffe plus fortement le nitrate d'argent desséché, il se décompose; l'argent est mis à nu, et il se dégage du gaz deutoxide d'azote et du gaz oxigène. Le nitrate d'argent solide, mêlé avec du phosphore , produit une détonnation violente lorsqu'il est fortement frappé avec un marteau ; on observe des phénomènes analogues en substituant le soufre au phosphore. M. Proust, qui, comme nous l'avons dit, admet deux oxides d'argent , a établi l'existence d'un autre nitrate dans lequel l'oxide d'argent est moins oxidé, et qu'il ob- tient en faisant bouillir la dissolution de celui que nous venons d'étudier, sur de l'argent métallique; ce nitrate, au minimum, serait constamment liquide , et ne pourrait être évaporé sans passer au maximum. Le nitrate d'argent est souvent employé comme réactif pour découvrir l'acide hydro - chlorique ou les hydro- chlorates. On s'en sert depuis quelque temps en médecine, dans certaines maladies nerveuses, convulsives, etc. ; il pa- raît avoir été utile dans l'épilepsie , la danse de St.-Guy, les névralgies faciales rebelles , etc. ; on le donne à la dose d'un ou de deux grains, associé à quelques extraits narcotiques (ï). Administré à forte dose, il détermine l'ul- cération des tissus du canal digestif, les symptômes de l'empoisonnement par les corrosifs, et la mort. La pierre (i) Nous devons faire remarquer que nous avons toujours soin d'indiquer le minimum des doses auxquelles les médica- mens doivent être pris ; nous supposons que le praticien qui les administre augmente progressivement les quantités suivant l'ur- gence et l'état du malade. 452 PREMIÈRE PARTIE. infernale est employée pour détruire les cicatrices, pour ronger les chairs fongueuses , etc. Ce caustique est d'autant plus précieux qu'il n'est pas absorbé , et qu'il borne pai conséquent ses effets sur les parties qu'il touche. 552. Hydro-phtorate d'argent. Il est solide, incristalli- sable , déliquescent, très-soluble dans l'eau , doué d'une sa- veur acre et très-styptique, fusible etdécomposableparl'acide hydro-chlorique, qui le transforme en chlorure d'argent insoluble. Il tache la peau comme le nitrate d'argent. 553. Arsèniate d argent. Il est pulvérulent, d'un rouge brun, insipide, et insoluble dans l'eau. 554» Chromate d'argent. Il est insoluble dans l'eau, d'un beau rouge de carmin, qui passe au pourpre par son expo- sition à la lumière ; chauffé au chalumeau , il verdit, se décompose, et l'argent est mis à nu. Dé VOr. On ne trouve l'or qu'à l'état natif, ou combiné avec un peu d'argent, de cuivre et de fer ; il existe en Transyl- vanie , en Sibérie, à Kordofan en Afrique, près du Séné- gal , vis-à-vis Madagascar, mais principalement au Pérou, au Mexique, au Brésil, etc. Il est sous la forme de grains , de filamens ou de cristaux, et ne se rencontre guère que dans les terrains d'alluvion et le lit des rivières. 555. L'or est un métal solide , peu dur, d'une couleur jaune très-brillante ; il est extrêmement ductile et malléable ; on le réduit en feuilles si. minces qu'une once d'or suffit pour couvrir un fil d'argent de 444 lieues ; sa ténacité est très-grande; sa pesanteur spécifique est de 19,257. Soumis à l'action du calorique, l'or entre en fusion à 32° du pyromètre de Wedgwood ; si on le laisse refroidir lentement, on peut l'obtenir cristallisé en pyramides qua- drangulaires; si, au contraire, on continue à le chauffer, il se volatilise, comme le prouvent les expériences de DE L'OR. 4^3 de Macquer et de M, Clarke. Le gaz oxigène, l'air, l'hy- drogène, le bore, le carbone, le soufre et l'azote sont sans action sur lui. Le phosphore peut se combiner avee l'or à l'aide de la chaleur et donner un phosphure brillant, jaune, fragile, qui, étant chauffé avec du gaz oxigène ou de l'air, se transforme en acide phosphorique et en or mé- tallique ; il est formé de 96 parties d'or et de 4 parties de phosphore. Le chlore dissous dans l'eau oxide l'or, le dissout et forme de l'hydro-chlorate, pourvu que le métal soit assez divisé ; d'où il suit que l'eau est décomposée ; l'oxigène s'unit avec For, tandis que l'hydrogène se com- bine avec le chlore. Aucun des acides formés par l'oxigène n'attaque l'or; il en est de même de l'acide hydro-phtorique. L'acide hydro-chlorique li quide et pur d i ssout facilemen 11 es feuilles d'or battu, suivant M. Proust ; nous avons souvent répété cette expérience, et nous ne sommes parvenus qu'à en dissoudre des atomes. L'eau régale, préparée avec 8 parties d'acide hydro- chlorique liquide à 22°, et 2 parties d'acide nitrique à 4o°, peut dissoudre une partie et neuf dixièmes d'or à l'aide d'une légère chaleur ; il se dégage du gaz nitreux ( deutoxide d'azote ) et l'on obtient de l'hydro - chlorate d'or. Avant d'expliquer ce qui se passe dans cette opération, nous de- vons rappeler que l'eau régale, dont on se sert est compo- sée de beaucoup d'acide hydro-chlorique, d'une petite quantité d'acide nitrique et d'acide nitreux, d'un peu de chlore et d'eau ( voyez pag. i53 ) ; l'or s'empare de l'oxi- gène de l'acide nitrique et de l'acide nitreux, passe à l'état d'oxide et se dissout dans l'acide hydro-chlorique : il est évident que le gaz nitreux provenant de la décomposition des acides nitrique et nitreux doit se dégager. L'or peut s'allier avec un très-grand nombre de métaux. i°. Alliage de neuf parties d'or et d'une partie de cuivre. Il est employé à faire la monnaie d'or ; les divers instru- 454 PREMIÈRE PARTIE. mens et ustensiles d'or sont aussi formés par ces deux mé- taux , mais dans d'autres proportions. Ces divers alliages contiennent en outre un peu d'argent qui se trouve na- turellement combiné avec l'or ; il suit de là que pour en faire l'essai il faut, i° déterminer la quantité de cuivre qui entre dans leur composition au moyen du plomb, comme nous l'avons dit à l'article Argent; 20 celle d'argent et d'or : pour cela, on prend une partie de l'alliage privé de cuivre, et on la fait fondre avec 3 parties d'argent; on lamine le produit et on le chauffe avec l'acide nitrique, qui oxirlé et dissout l'argent sans attaquer l'or. Si on traitait l'alliage par l'acide sans avoir ajouté de l'argent, il n'y aurait £ attaquées que les portions de ce métal qui seraient à la surface. 20. Alliage de onze parties d'or et d'une partie de plomb. Il est d'un jaune pâle, aussi fragile que le verre, plus dur et plus fusible que l'or. Il paraît qu'il suffit d'allier avec l'or 7-9'^ de son poids de plomb pour le rendre cassant; il en est de même de l'antimoine. 3°. Amalgame d'or fait avec une partie d'or et huit parties de mercure. Il est mou, soluble dans le mercure et sert à dorer le cuivre et l'argent ; pour cela, on l'applique sur le morceau que l'on veut dorer, et on chauffe pour volatiliser le mercure ; on frotte sous l'eau la pièce ainsi dorée, puis on la polit : on donne le nom de vermeil à l'argent doré par ce procédé. 4°« Alliage d'or et d'argent. On le trouve dans la nature; il est solide, blanc ou vert, suivant les proportions d'argent ou d'or, plus fusible que ce métal. L'or vert est formé de 708 parties d'or et de 292 parties d'argent. Lorsqu'on fait fondre dans un creuset parties égales de potasse ou de soude et de soufre avec £ de feuilles d'or, on obtient une masse soluble dans l'eau qui contient le métal. Les usages de l'or sont les mêmes que ceux de l'argent. I DES SELS d' O R. 455 De V Oxide d'or. 556. L'oxide d'or est un produit de l'art ; il est brun, fort peu soluble dans l'acide nitrique, d'où il peut être préci- pité par l'eau ; insoluble ou presqu'insoluble dans l'acide sulfurique , décomposable par la lumière en or et en oxi- gène, et sans usages. 11 paraît formé de 100 parties d'or et de 12 parties d'oxigène. Quelques chimistes pensent que la matière violette que l'on obtient en faisant passer une forte décharge électrique à travers un fil d'or, est un oxide de ce métal. Des Sels d'or. On ne connaît réellement qu'un sel d'or, l'hydro-chlo- rate; car le nitrate préparé avec l'oxide d'or et l'acide nitrique concenlré ne contient que très-peu d'oxide en dissolution, et il suffit d'y ajouter de l'eau pour le préci- piter en entier. 557. Hydro-chlorate d'or. Il cristallise en prismes qua- drangulaires aiguillés, ou en octaèdres tronqués, d'un jaune foncé, qui se liquéfient en été ; ils sont doués d'une saveur styptique très-astringente et désagréable, et se décomposent par le calorique en acide hydro-chlorique, en oxigène et en or; ils attirent fortement l'humidité de l'air etse dissol- vent très - bien dans l'eau. Le solutum, d'urte couleur jaune plus ou moins foncée, suivant son degré de concentra- tion , rougit Yinfusum de tournesol et colore l'épiderme de presque toutes les substances végétales et animal es en pour- pre foncé ; cette couleur est indélébile. Il peut être dé- composé par un très-grand nombre de corps simples ou composés, avides d'oxigène, qui s'emparent de celui qui est combiné avec l'or et précipitent le métal. i° Si l'on met un cylindre de phosphore dans ce solutum étendu, et qu'on renouvelle celui-ci à mesure qu'il se décolore, on 456 PREMIÈRE PARTIE. pourra, au bout de quelque temps, en mettant le cylindre dans de l'eau bouillante, fondre le phosphore qui était en excès, et obtenir un canon d'or pourpre susceptible d'être bruni. 2°. Le proto-sulfate de fer versé dans cette dissolution la précipite tout-à-coup en brun, et on voit paraître à la surface du liquide des pellicules d'or exces- sivement minces ; le précipité formé par l'or métallique en prend tout l'éclat par le frottement ; le sel de fer passe à l'état de deuto ou de triton-sulfate. 3°. L'éther et les huiles volatiles (substances avides d'oxigène) commencent par s'unir avec cette dissolution ; mais au bout de quelque temps l'or se précipite en lames , en écailles ou en feuillets brillans. 4°« Le proto-hydro-chlorate d'étain concentré, versé dans cette dissolution également concentrée, y fait naître un précipité brun composé d'or métallique. Si les dissolutions sont étendues, le précipité sera pourpre et formé, d'après les expériences de MM. Proust et Ober- kampf, d'or métallique et d'oxide d'étain. Ce précipité est désigné sous le nom de pourpre de Cassius; sa couleur est d'autant plus rosée que l'on a employé plus d'hydro- chlorate d'or, et d'autant plus violette qu'il y a plus de sel d'étain ; il paraît d'ailleurs que la nuance est plus éclatante lorsque le proto-hydro-chlorate d'étain a été étendu d'un peu d'acide nitrique affaibli. 5°. Le gaz hy- drogène et les acides phosphoreux et hypo-phosphoreux, tels qu'ils sont obtenus dans les laboratoires, décomposent également la dissolution d'or. La potasse, la soude, la baryte, la strontiane et la chaux, \ersées en petite quantité dans l'hydro-chlorate d'or peu acide, en précipitent un sous-hydro-chlorate jaune, tandis qu'ils en séparent de l'oxide brun si on les emploie en excès et que l'on chauffe la liqueur. Si l'hydro-chlorate est très-* acide, il se forme des sels doubles solubles, et il n'y a point de précipité ; cependant, suivant Figuier, la potasse précipite DES SELS D'OR. 4^7 rette dissolution à froid auboutd'un certain temps , même lorsqu'elle est très-acide. Les hydro-sulfates y font naître un dépôt chocolat foncé, qui est du sulfure d'or. Le prussiate de potasse (hydro-cyanate) n'occasionne aucun trouble dans cette dissolution. L'ammoniaque en précipite des flocons jaunes rougeâtres lorsqu'on l'emploie en petite quantité; un excès de réactif change cette couleur en jaune serin. Les flo- cons ainsi obtenus, lavés et séchés à une douce chaleur, constituent l'or fulminant, qui est composé d'oxide d'or et d'ammoniaque. L'or fulminant est solide, jaune, insipide, inodore, décomposable parla chaleur, par les rayons lu- mineux concentrés au moyen d'une lentille, par un frotte- ment subit et vif; cette décomposition est accompagnée d'une forte détonnation, et il se produit de l'eau, du gaz azote, tandis que l'or passe à l'état métallique. On voit donc que l'oxigène de l'oxide d'or se combine avec l'hydrogène de l'ammoniaque pour former de l'eau ; l'azote provenant de la décomposition de l'ammoniaque est mis à nu et l'or revivifié. La détonnation dépend évidemment de la production- instantanée de l'eau qui se transforme en va- peur, et de l'azote qui devient gazeux. Le soufre et le gaz acide hydro-sulfurique réduisent l'or fulminant en lui en- levant son oxigène. Il paraît formé, suivant M. Proust, de 73 parties d'or, de 8 parties d'oxigène et de 19 parties d'ammoniaque. On emploie l'hydro - chlorate d'or dans les arts pour préparer le pourpre deCassius et l'or métallique très-divisé; on se sert de celui-ci pour dorer la porcelaine, et du pour- pre de Cassius pour la colorer en rose ou.en violet. Les préparations d'or, employées autrefois par plusieurs prati- ciens, étaient bannies depuis long-temps, lorsque M. Chres- tien proposa de les introduire de nouveau dans la pratique de la médecine. L'hydro - chlorate et l'oxide d'or ont été administrés comme anli-syphilitiques, et paraissent avoir 458 PREMIÈRE PAM1E. réussi dans quelques circonstances où les préparations mereurielles avaient échoué; on les emploie ordinairement en frictions sur la langue à la dose d'un douzième de grain, uni à quelque poudre végétale inerte ; administrés à plus forte dose et de la même manière, ils excitent puis- samment le système artériel, et donnent lieu à des accidens fâcheux. Du Platine. Le platine se rencontre dans plusieurs parties des Indes occidentales , principalement à Choco , à Barbacoas , à St.- Domingue, au Brésil, etc. 11 est sous la forme de petits grains aplatis, contenant, outre le platine , un très-grand nombre de métaux, du soufre, de la silice, etc. ; quel- quefois cependant on le trouve en fragmens un peu volumineux. M. Vauquelin l'a découvert aussi dans la mine d'argent de Guadalcanal en Espagne. 558. llestsolide, très-brillant, d'une couleur presque aussi belle que celle de l'argent, très-ductile et très-malléable ; il a beaucoup de ténacité ; sa dureté est assez considérable, sur- tout quand il a été mal préparé et qu'il retientde l'iridium ; sa pesanteur spécifique est de 20,98 lorsqu'il n'a pas été for- gé. Il est moins bon conducteur du calorique que l'argent, le cuivre, etc Il ne peut être fondu qu'au moyen du feu alimenté par le gaz oxigène, ou à l'aide du chalumeau de Brooks ; dans aucune de ces circonstances il ne s'oxide ; d'où il suit que l'air et le gaz oxigène sont sans action sur lui ; il en est de même du gaz hydrogène. Le bore ne s'unit pas directe- ment avec le platine ; mais si l'on fait un mélange de char- bon, d'acide borique et de platine très-divisé, épaissi par de l'huile grasse, et qu'on le fasse chauffer fortement dans un creuset brasqué, on obtient du borure de platine solide, fra- gile, insipide, inodore et fusible (Descostils); il est doue DU PLATINE. 4^0 évident que l'acide borique cède son oxigène au charbon , qui se transforme en gaz oxide de carbone. Le charbon peut aussi se combiner avec le platine, dont il diminue la densité et qu'il rend plus fusible ( Descostils ). Le phosphore s'unit directement au platine à l'aide de la chaleur, et donne un phosphure composé d'environ 82 parties de métal et de 10 parties de phosphore ; il est solide , très-dur, d'un blanc d'acier, plus fusible que le platine, et susceptible de se transformer en acide phosphorique et en platine lorsqu'il est chauffé à l'air ou dans le gaz oxigène. Le soufre peut s'unir directement avec ce métal, d'après les expériences de M. E. Davy ; il se forme une poudre noire qui contient à-peu-près 16 pour 100 de soufre. Si l'on fait fondre dans un creuset de platine du sulfure de potasse (foie de soufre), on remarque qu'il se produit, au bout d'un certain temps , une matière noirâtre; si on met le mélange dans l'eau, il se précipite des aiguilles noires, brillantes , que M. Vau- quelin regarde comme du sulfure de platine ; en effet, lorsqu'on les chauffe à l'air, il se dégage du gaz acide sul- fureux , et le platine est mis à nu ; la dissolution du sulfure de potasse dans l'eau obtenue par ce moyen contient aussi du platine. Les acides simples n'exercent aucune action sur ce métal. L'eau régale le dissout, et agit sur lui comme sur l'or, avec cette différence qu'elle agit très-bien sur ce dernier métal lorsqu'elle ne marque que io° ou n°à l'aréomètre , tandis qu'elle n'exerce aucune action sur le platine, à moins d'être à i5° ou 16° : sa dissolution est un hydro-chlorate. Le platine peut s'allier avec presque tous les métaux. Uni avec 10 fois son poids d'arsenic, il donne un produit blanchâtre, très-fragile, fusible un peu au-dessus de la cha- leur rouge; chauffé avec le contact de l'air, cet alliage se décompose ; l'arsenic se volatilise à l'état d'oxide blanc , et le platine reste. Jeannely a mis cette propriété à pro- fit pour extraire le platine de sa mine ; mais le métal 460 PREMIÈRE P A R 1 I E. ainsi obtenu n'est jamais complètement débarrassé des matières étrangères. Chauffé fortement avec l'or, il donue un alliage plus fusible que lui, sans action sur l'air ou sur le gaz oxigène, et attaquable par l'acide nitrique, phéno- mène d'autant plus extraordinaire, qu'aucun des deux mé- taux seul n'a d'action sur cet acide ; cet alliage est encore remarquable en ce qu'il a la même couleur que le platine , lors même qu'il est composé d'une partie de ce métal et de 11 parties d'or. La potasse, la soude ou le nitrate de potasse , fondus dans un creuset de platine , l'attaquent, et il se forme une poudre noire qui, mise en contact avec l'acide hydro- chlorique, se transforme sur-le-champ en hydro-chlorate de platine et de potasse , ou de soude. La facilité avec la- quelle ces substances , le phosphore et le foie de soufre, agissent surce métal, diminue singulièrement les avantages que l'on avait cru d'abord retirer des creusets de platiné pour les opérations chimiques. Le platine est employé pour préparer des cornues , des creusets , des capsules , et divers ustensiles de cuisine : il serait à souhaiter qu'on pût l'obtenir avec assez d'économie pour que son usage devint plus général, car il est le moins fusible et le moins altérable de tous les métaux connus ; on commence à s'en servir pour faire des chaudières avec les- quelles on concentre l'acide sulfurique en grand ; on est même parvenu, dans ces derniers temps, à l'aide d'un pro- cédé qui reste secret, à souder deux bouts de platine sans addition d'aucun autre métal, ce qui peut devenir d'une très-grande mtilité pour réparer les vases de ce métal qui ont été perforés, Des Oxides de platine. 559. MM.Chenevix et Berzelius admettent deux oxides de platine : suivant ce dernier chimiste , le protoxide est noir DES SELS DE PLATINE. ^6î et composé de ioo parties de platine et de 8,287 d'oxigène, taudis que le deutoxide est jaune orangé, et composéde 100 parties de métal, et de i6,38 d'oxigène. On a fort peu étudié ces produits. Des Sels formés par le deutoxide de platine. On ne connaît guère que l'hydro-chlorate de platine, et les sels doubles qu'il forme avec la potasse, la soude et l'am- moniaque. Cependant on sait qu'il existe un sulfate de pla- tine jaune orangé, et un nitrate de la même couleur, très- soluble dans l'eau et très-acide. 56o. Hydro-chlorate de platine. Il est le produit de l'art ; on peut l'obtenir en cristaux bruns; mais le plus ordinai- rement il est sous la forme d'un liquide jaune lorsqu'il est affaibli, et brun quand il est concentré ; il est rouge s'il contient de l'hydro-chlorate d'iridium ; sa saveur est styp- tique et désagréable ; il rougit l'infusum de tournesol; il attire l'humidité de l'air, et se dissout très-bien dans l'eau. Chauffé dans des vaisseaux fermés > il se décompose, et fournit du chlore et du gaz acide hydro-chlorique; le métal est mis à nu. L'hydro-cyanate de potasse et de fer (prus- siate), et le sulfate de protoxide de fer, ne troublent point sa dissolution. L'hydro-chlorate de protoxide d'étain lui donne une couleur rouge, et y fait naître un précipité d'un rouge foncé, lors même que les dissolutions sont très- étendues ; le deuto-hydro-chlorate d'étain ne l'altère en au- cune manière. Les hydro-sulfates la précipitent en noir ; on ignore quelle est la nature du dépôt. L'infusion de noix de galle y occasionne un précipité d'un vert foncé, qui de- vient plus clair par son exposition à l'air. La soude et les sels de soude ne la troublent point, mais forment avec elle un hydro-chlorate double, soluble dans l'eau. La potasse , les sels de potasse ( excepté le prussiate) , l'ammoniaque et les sels ammoniacaux la précipitent en jaune serin, pourvu 462 PREMIÈRE PARTIE. que les dissolutions ne soient pas très-affaiolies ; le préci- pité est un sel double de platine et de potasse ou d'ammo- niaque. L'hydro-chlorate de platine est souvent employé comme réactif pour distinguer la soude et les sels de soude de la potasse et des sels de potasse. 561. Hydro-chlorate de platine et de soude. Il estle pro- duit de l'art; il cristallise en prismes aplatis, souvent très- longs , d'une couleur jaune orangée, etquelquefois rouge. II est très-soluble dans l'eau ; l'ammoniaque le décompose, et y fait naître un précipité jaune serin d'hydro-chlorate de platine et d'ammoniaque. Il est sans usages. 5Ô2. Hydro-chlorate de platine et de potasse. Il est le produit de l'art, d'un jaune serin , peu soluble dans l'eau, décomposable au feu et sans usages. 563. Hydro-chlorate deplatine et d'ammoniaque. Comme le précédent, il est d'un jaune serin ; on peut l'obtenir cris- tallisé , et alors il est rougeâtre ; chauffé dans un creuset, il se décompose , l'hydro-chlorate d'ammoniaque se dégage ; on obtient du chlore et de l'eau qui se volatilisent, et il reste du platine sous la forme d'une masse poreuse que l'on ap- pelle mousse, et qu'il suffit de frotter sur un corps dur pour rendre brillante ; si on la fait rougir à plusieurs reprises T et qu'on la comprime à l'aide d'un balancier, on obtient le platine en lames. Du Palladium. Le palladium se trouve, i° dans la mine de platine, où il est combiné avec une multitude d'autres métaux ; 20 uni à une petite quantité d'iridium, sous la forme de petites fibres divergentes, dans les mines de platine du Brésil, qui accompagnent l'or natif en grains. 564« Le palladium est solide, d'une couleur semblable à celle du platine, excepté qu'elle est d'un blanc plus mat ; il est malléable et ductile; sa pesanteur spécifique est de 12 , DU PALLADIUM. 4^3 suivant M. Vauquelin. Il ne peut être fondu que par un excellent feu de forge, ou par le moyen du gaz oxigène : alors il entre en ebullition, se volatilise et paraît absorber une certaine quantité de gaz oxigène ; du moins il se pro- duit des aigrettes lumineuses très-éclatantes ( Vauquelin ). Il peut se combiner avec le soufre à l'aide de la chaleur ; le sulfure est plus blanc et moins ductile que le métal; il est formé, suivant M. Berzelius, de 100 parties de palladium et de 28,15 de soufre. M. Vauquelin dit que ce sulfure est d'un blanc bleuâtre, très-dur, facilement fusible, décom- posable à l'air, à une température élevée, en acide sulfureux et en palladium; il le croit formé de 100 parties de métal et de 24 parties de soufre. L'acide sulfurique bouilli avec du pal- ladium l'oxide, le dissout en partie et acquiert une couleur bleue. L'acide nitrique et surtout l'acide nitreux l'attaquent aussi à l'aide de la chaleur, lui cèdent une portion de leur oxigène et donnent des dissolutions rouges. L'acide hydro- chlorique le dissout également à la chaleur de l'ébullition, et devient d'un beau rouge. Le véritable dissolvant du palladium est l'eau régale, qui le transforme en hydro- chlorate. (Voyez Or). Il peut s'unir à la potasse ou à la soude par la fusion. Mis en contact avec l'ammoniaque liquide pendant quel- ques jours il s'oxide, et la liqueur prend une teinte bleuâ- tre. Il peut s'allier avec un très-grand nombre de métaux ; il a la faculté, comme le platine, de faire disparaître la couleur de l'or ; l'alliage de ces deux métaux est très-dur et a la couleur du platine ; on s'en est servi pour graduer l'ins- trument circulaire de l'observatoire de Greenwich, construit par M. Troughton ; du reste le palladium est sans usages. De V Oxide de palladium. 565- Cet oxide, séparé de l'hydro-chlorate par un alcali, est rouge brun, suivant M. Vauquelin : il est soluble dans 464 PREMIÈRE PARTIE. l'acide hydro - chlorique, décomposable par la chaleur, et formé, d'après M. Berzelius, de 100 parties de palladium et de i4>2°9 d'oxigène. Suivant M. Vauquelin, il perd 20 pour ioo et devient métallique lorsqu'on le chauffe. Des Sels de palladium. Les sels de palladium sont précipités par le sulfate de protoxide de fer; le palladium est mis à nu. Les hydro- sulfates solubles et l'acide hydro-sulfurique y font naître un précipité brun foncé qui parait être du sulfure de palladium. L'hydro-chlorate de protoxide d'étain y occa- sionne sur-le-champ un précipité noir. L'hydro-cyanate de potasse et de fer ( prussiate ) y fait naître un précipité olive. Le sulfate, le nitrate et l'hydro-chlorate de potasse les précipitent en orangé plus ou moins foncé. Tous les métaux, excepté l'or, l'argent, le platine, le rhodium, l'iridium et l'osmium, en précipitent le palladium à l'état métallique. On n'a guère étudié que l'hydro chlorate de palladium. 566. Hydro-chlorate neutre de palladium. Il est fauve, peu soluble dans l'eau; il colore cependant ce liquide en jaune; il se dissout très-bien dans un excès d'acide hydro- chlorique, et alors il devient d'un rouge brun. 567. Hydro-chlorate acide de palladium. Il est d'un rouge brun ; il ne cristallise pas régulièrement ; évaporé, il perd l'excès d'acide et passe à l'état d'hydro-chlorate neutre. Il n'est point précipité par la dissolution étendue d'hydro- chlorate d'ammoniaque; mais si les liqueurs sont concen- trées il se produit une grande quantité d'aiguilles cris- tallines d'un jaune verdàtre , qui sont de l'hydro-chlorate ammoniaco de palladium. Lapotasse, chauffée avec l'hydro- chlorate acide de palladium , en précipite tout l'oxide à l'état d'hydrate et sous la forme de flocons d'un rouge brun, qui, par la dessication, perdent leur volume et acquièrent DES SELS DE PALLADIUM. 4^5 Une couleur noire très-brillante ; d'où il suit qu'il est im- possible de faire par ce moyen un sel double de palladium et de potasse. Il faut pour obtenir ce sel, suivant M. "Wol- laston, verser de l'hydro-chlorate de potasse dans l'hydro- chlorate acide de palladium. Hydro - chlorate ammoniaco de palladium acide. Il cristallise en prismes quadrilatères ou hexagones, allongés, d'un jaune verdàtre, et solubles dans l'eau. Lorsqu'on salure l'excès d'acide de cette dissolution par quelques gouttes d'am- moniaque , on obtient du sous-hydro-chlorate ammoniaco de palladium qui se précipite en une masse d'un très-beau rose, formée d'aiguilles très-déliées, flexibles, très-bril- lantes et très-douces au toucher. Chauffé fortement à un feu de forge, ce sous-sel se décompose, donne des vapeurs d'hydro-chlorate d'ammoniaque , du chlore et du palladium qui reste. Il est tellement peu soluble, qu'après avoir été plusieurs heures en contact avec l'eau, il lui communique à peine une teinte jaune; il se dissout dans l'acide hydro- chlorique à l'aide de la chaleur, et donne une liqueur d'un brun jaunâtre. Hydro-chlorate de potasse et de palladium. H cristal- lise en prismes tétraèdres qui paraissent d'un vert clair lorsqu'on les regarde transversalement, et qui sont rouges dans le sens de la direction de leur axe ; il se dissout dans l'eau et donne un liquide rouge qui devient rose par l'ad- dition d'une plus grande quantité d'eau ; l'ammoniaque le décompose et en précipite du sous-hydro-chlorate ammo- niaco de palladium d'un très-beau rose. Il est insoluble dans l'alcool ( Vauquelin ). Hydro-chlorate de soude et de palladium. Il est rouge, déliquescent et très-soluble dans l'alcool. Aucun de ces sels n'est employé. i. 3o J^66 PREMIÈRE PARTIE. Du Rhodium. Le rhodium n'a été trouvé jusqu'à présent que dans la mine de platine. Il a une couleur blanche peu diffé- rente de celle du palladium; il est fragile et plus diffi- cile à fondre qu'aucun autre métal; sa pesanteur spéci- fique paraît être de 11 environ. Il n'exerce aucune action sur le gaz oxigène ni sur l'air. On peut obtenir un sulfure de rhodium en faisant chauffer du soufre et de l'hydro- chlorate ammoniaco de rhodium; ce sulfure est d'un blanc bleuâtre, fusible et décomposable, à une température éle- vée , par l'air ou par le gaz oxigène ; les produits de cette décomposition sont du gaz acide sulfureux et du rho- dium; il est formé, suivant M. Vauquelin, de 74 parties de rhodium et de 26 de soufre. Il est insoluble dans les acides, sans en excepter l'eau régale : or, comme le rho- dium qui se trouve dans la mine de platine est dissous par l'eau régale, il faut admettre que sa dissolution est due à ce qu'il est allié à d'autres métaux. ( Vauquelin ). Il peut s'unir avec un très-grand nombre de substances métalliques ; lorsqu'il est allié à trois parties de bismuth, de cuivre ou de plomb, il se dissout à merveille dans l'eau régale. Il n'a point d'usages. Des Oxides de rhodium. On connaît à peine les divers oxides de rhodium. M. Ber- zelius en admet trois, composés comme il suit : métal. oiigèn». Protoxide.............. 100 -f- 6,71 Deutoxide.............. 100 -f- i3,4a Peroxide............... 100 -f- 2o,i3 DU RHODIUM. 467 Des Sels de rhodium. Hydro-chlorate de rhodium. Suivant M. Henry, ce sel est rose, soluble dans l'eau et dans l'alcool. Hydro-chlorate ammoniaco de rhodium. Il est grenu, cristallin, très-brillant et très-soluble dans l'eau froide; le solutum a une couleur rouge pourpre semblable à celle de la cochenille ou du jus de groseille récent ; traité par la potasse, il est décomposé; il se dégage de l'ammoniaque, et il se forme un précipité rose de sous-hydro-chlorate de rhodium et de potasse, soluble à l'aide de la chaleur dans un excès d'alcali. Si l'on fait chauffer l'hydro - chlorate ammoniaco de rhodium, il se dégage de l'hydro-chlorate d'ammoniaque, du chlore, et l'on obtient le métal ; si au lieu de le chauffer seul on l'unit avec le soufre, il se produit du sulfure de rhodium. Hydro - chlorate de rhodium et de potasse en excès. H est sous la forme de cristaux d'un jaune fauve, solubles dans l'eau ; lorsqu'on en sature l'excès de potasse par l'acide hydro-chlorique, il se produit un précipité blanc jaunâtre, peu soluble, qui est de l'hydro-chlorate de rhodium et de potasse neutre (Vauquelin). Suivant M. Henry, les sels de rhodium ne sont point précipités par l'hydro - chlorate ni par l'hydro - sulfate d'ammoniaque, par l'hydro-cyanate de potasse ni par les carbonates alcalins. Les alcalis en séparent, au contraire, un oxide jaune, soluble dans plusieurs acides. Aucun de ces sels n'est employé. De l'Iridium. Ce métal n'a été trouvé jusqu'à présent que dans la mine de platine. Il est solide, blanc grisâtre, légèrement ductile, dur, d'une pesanteur spécifique inconnue. 468 PREMIÈRE PARTIE. Il est encore moins fusible que le platine; on ne peut pas le combiner directement avec le soufre ; il existe ce- pendant un sulfure d'iridium sous forme de poudre noire agglutinée, que l'on obtient en faisant chauffer le soufre avec l'hydro - chlorate ammoniaco d'iridium. Les acides simples sont sans action sur ce métal. Il n'est que très- difficilement attaqué par l'eau régale. Il décompose le ni- trate de potasse à une température élevée, s'oxide et donne une poudre noire formée de potasse et d'oxide d'iridium. Chauffé avec le contact de l'air et de la potasse , il s'oxide également, se combine avec l'alcali et lui communique une couleur noire ; la masse qui en résulte, mise dans l'eau, s'y dissout en partie ; le solutum est bleu et contient du protoxide d'iridium ; quelquefois aussi il est purpurin : il contient alors un peu de deutoxide. Il peut s'unir avec le plomb, le cuivre, l'étain, etc., et donner des alliages. L'i- ridium n'a point d'usages. Des Oxides d'iridium. .M. Vauquelin croit devoir admettre deux oxides d'iri- dium , le protoxide qui forme avec les acides des sels bleus, tandis que le deutoxide donne des dissolutions rouges. Des Sels formés par le protoxide d'iridium. Ces sels ne sont jamais simples, d'après M. Vauquelin ; ils contiennent toujours un excès d'alcali; ils sont tous solubles dans l'eau; ils ont une couleur bleue; lorsqu'on les fait bouillir pendant long-temps ils deviennent verts , violets, purpurins, et enfin d'un rouge jaunâtre. Les alcalis ne les précipitent pas lorsqu'ils sont purs. Lé chlore les fait passer au rouge pourpre; mais en exposant le mélange à l'air, la couleur bleue reparaît. Mêlés avec le sulfate d'alumine et un excès d'ammoniaque, ils sont décom- posés , et l'on obtient un précipité d'un bleu légèrement DE L'iRIDIUM. 4^9 violet dans lequel se trouve tout le protoxide d'iridium. M. Vauquelin, à qui nous devons les faits que nous ve- nons d'exposer, soupçonne, d'après cette expérience, que l'iridium est le principe colorant du saphir oriental ( télésie bleue ). Des Sels formés par le deutoxide d'iridium. Hydro - chlorate d'iridium. Il est rouge lorsqu'il est concentré. L'ammoniaque le transforme en un sel double, d'une couleur pourpre si foncée, qu'il ressemble à du charbon; uni à 5o parties de solutum d'hydro-chlorate de platine, il le colore tellement que si l'on précipite le mélange par une dissolution d'hydro-chlorate d'ammo- niaque , on obtient un précipité d'un rouge briqueté, tan- dis qu'il est jaune citron lorsqu'on agit sur le sel de platine seul. ( Voyez § 56o. ) Hydro - chlorate d'ammoniaque et d'iridium. Il peut être obtenu cristallisé ; soumis à l'action du feu, il se dé- compose et laisse l'iridium; il exige 20 parties d'eau à i4° thermomètre centigrade pour se dissoudre. Le solutum a une couleur orangée tellement intense, qu'il suffit, suivant M. Vauquelin , d'une partie de ce sel pour colorer 4o mille parties d'eau ; l'ammoniaque le décolore sans le précipiter ; le sulfate de protoxide de fer, l'acide hydro-sulfurique, le fer, le zinc et l'étain métalliques le rendent blanc dans le même instant ; le chlore, au contraire, fait reparaître la couleur primitive. Hydro - chlorate de potasse et d'iridium. Lorsqu'on mêle l'hydro-chlorate de potasse avec de l'hydro-chlorate d'iridium, on obtient un sel que l'on peut faire cristalliser en octaèdres d'une couleur pourpre si intense qu'ils pa- raissent noirs; il est peu soluble dans l'eau; il décrépite au feu, se décompose et donne pour résidu de l'iridium et de l'hydro-chlorate de potasse ( Vauquelin ), Aucun de ces sels n'est employé. 4y0 PREMIÈRE PARTIE. Tableau des Pesanteurs spécifiques des fluides élastiques, celle de l'air étant prise pour unité. . NOMS des FLUIDES ÉLASTIQUES. Air...................... Gaz oxigène.............. Gaz hydrogène...........• Vapenr d'iode............ Chlore gazeux............ Gaz azote . • • • •........... Vapeur d'eau • • •.......... Gaz oxide de carbone...... Gaz protoxide d'azote...... Gaz deutoxide d'azote.....• Chlorure d'oxide de carbone. gazeux................... Gaz acide carbonique........ Gaz acide sulfureux......... Gaz acide chloreux.......... Gaz acide nitreux......... Gaz acide hydro-chlorique- • ■ Gaz acide hydriodique...... Gaz acide hydro-sulturique • • Gaz acide phtoro-borique- • • • Gaz hydrogène proto-carboné. Gaz hydrogène per-carbone'. • • Gaz hydrogène per-phosphoré. Gaz ammoniac............. Gaz acide phtoro-silicique- • - Vapeur de sulfure de carbone ■ Gaz hydrogène arsénié....... Gaz hydrogène tellure....... -S o. Pj ; 5! S.'H !» CM I.OOOO t»io36 0,0732 2,4700 0,9691 0,6235 0,9569 i,52o4 i,o388 i,5196 2,1930 1.2474 4443o 1,191a 2,3709 o,555o 0,9784 0,9022 0,5967 3,5735 2,6447 0,6290 a n M e o •H " M- 8,6ig5 2,42l6 o,6i5o 0,9678 1,5209 1,0 364 3,3894 9,2072 2,3144 3,1764 1 ,î5o5 4,4288 1,1768 0,5624 o,5g43 NOMS des OBSERVATEURS. Biot et Arago. Idem. Gay-Lussac. Gay-Lussac ci Thenard. Aiago et Biot. Gay-Lussac. Cruickshancks. Colin. Berard. John Davy. Biot et Arago. Davy. Gay-Lussac. Idem. Biot et Arago. Gay-Lus.sac. Thenard et Gay-Lussac John Davy. Thompson. Théodore de Saussure. Th. Thompson. Biot et Arago. John Davy. Gay-Lussac Tromsdorf. RE LA COMBINAISON DES GAZ. 47* Tableau des gaz qui agissent les uns sur les autres, et qui par conséquent ne peuvent pas se trouver ensemble. NOMS DES GAZ. GAZ avec lesquels ils ne peuvent pas être unis à la température ordinaire. Gaz oxigène- Chlore gazeux- Gaz acide chloreux • • • r..... \ ,Gaz hydrogène, gaz hydrogène / carboné et gaz oxide de carb. I jHydrogène per-phosphoré • • • / Hydrogène proto-phosphoré- | Acide hydro-sulfurique----- / Acide hydro-chlorique.-.... I Acide hydriodique t Hydrogène arsénié • Hydrogène tellure.- Protoxide d'azote • ■ | Deutoxide d'azote - Vapeur nitreuse • Acide sulfureux.- Ammoniac- -.- • ■ { î Gaz hydrogène per-phosphoré hydro- gène per-potassié, deutoxide d'azote. Gaz acide hydro-sulfurique, hydrio- dique , hydrogène per et proto- phosphoré , ammoniac , hydrogène arsénié , hydrogène tellure. Si les gaz sont humides , il faut y ajouter Je gaz deutoxide d'azote, le gaz acide sulfu- reux • et, si le mélange est sons l'in- fluence solaire , l'hydrogène , l'hy- drogèue carboné et l'oxide de car- bone. Tous les précédens, le gaz acide hydro- chlorique, et peut-être le gaz protoxide d'azote. Gaz acjde chloreux ; et, si le mélange est sous l'influence solaire, le chlore. Oxigène, chlore , gaz acide chloreux, protoxide d'azote. Chlore , acide chloreux. Chlore, acide chloreux, vapeur ni- treuse, acide sulfureux, ammoniac. Acide chloreux, ammoniac. Chlore, acide chloreux , vapeur ni- treuse, acide sulfureux, ammoniac. Chlore, acide chloreux , vapeur ni- treuse. Chlore, acide chloreux, vapeur ni- treuse , ammoniac. Hydrogène per-phosphoré. Oxigène , acide chloreux ; et si les gaz sont humides, le chlore. Hydrogène per-phosphoré, arsénié , tellure, acide hydro-sulfurique , am- moniac ; et s'il y a de l'eau, acide sul- fureux et oxigène. Acides hydro-sulfurique et hydriodi- que, ammoniac ; et sile mélange cou- tien t de l'eau, chlore, acide chloreux, vapeur nitreuse. Tous les gaz acides. 4j2 PREMIÈRE PARTIE. Tableau des diverses pesanteurs spécifiques de Vacide sulfurique contenant une plus ou moins grande quantité d'eau. (Vauquelin.) NOMBRE NOMBRE PESANTEUR DEGRÉS de parties d'acide à 66°. de parties d'eau. SPÉCIFIQUE de la combinais. acide. à l'aréomètre de Baume. 84,22 i5,78 I,725 6o° 74,32 25,68 I,6l8 55 66,45 33,55 I*,524 5o 58,02 4^98 i,466 45 5o,4i 49>59 i,375 4o 43,2i 56,79 i,3i5 35 36,52 6348 1,260 3o 3o,I2 69,88 1,210 25 24îOÏ 75>99 1,162 ^20 J7»39 82,61 1,114 i5 11,73 88,27 1,076 ro 6,60 93,4o 1,023 5 Tableau de la couleur, delà densité , de lafusibu NOMS DES METAUX. Calcium Strontium.- . Barium..... Potassium- • • Sodium.- • • Manganèse- - Zinc...... Fer....... Etain...... Arsenic- • • • Molybdène. Chrome. • • • Tungstène • Columbium Antimoine • Tellure Urane..... Cérium- • • • Titane.- • • • Bismuth • • • Cobalt. Plomb---- Cuivre.- Nickel.---- Mercure. • • Osmium* • • Argent Or........ Platine Palladium. - Rhodium.* • Iridium..... COULEUR. blanc......... idem......... idem......... blanc grisâtre • ■ idem......... blanc jaunâtre- blanc bleuâtre. - gris bleuâtre ■ • ■ blanc .argentin ■ blanc grisâtre- - gris foncé..... blanc grisâtre- • idem......... noir..... blanc bleuâtre. < idem»........ gris foncé- blanc grisâtre • jaune........ blanc jaunâtre. blanc argentin blanc bleuâtre. rouge........ blanc argentin idem........ bleu foncé. • • • blanc éclatant- jaune. ....... blanc argentin. idem........ idem........ blanc grisâtre- DENSITÉ. o,865o7 à i5°- 0,97223 idem • 6,85o......... 6,861 à 7,1- • ■ 7.788........ 7,291......... 8,3o8......... 7,400.-.-..... 5,900- ™..... 17,6........... 6,7051. 6,i i5o. 8,7.... 9,022.- 8,5384. ii,352.- 8,895. • 8,279.- 13,568.- 10,4743. 19,257.- 20,98. • • 12,.-.-. II,.-..- ' des métaux , et des auteurs qui en ont fait la découverte. FUSIBILITE. AUTEURS DE LEUR DÉCOUVERTE. 58° thermomètre centig. • « 90° idem •............. 1600 du pyromèt. deWedg. 3700 thermomètre centig- • l3o° du pyromètre....... 210° thermomètre centig- • comme le tellure.......... presqu'infusible.......... idem................... idem................... infusible................ au-dessous de la chai; rouge- un peu moins que le plomb- presqu'infusible.......... infusible................ idem.................... 256° thermomètre centig- ■ 125° du pyromètre •...... 2600 thermomètre centig. • ■ 270 du pyromètre........ 1600 du pyromètre........ 390 thermomètre centig. • • infusible................ un peu au-dessus de la ch. r • 32° du pyromètre....... presqu'infusible.......... idem................... infusible................ presqu'infusible.......... H. Davy......■...... idem................. idem................. idem................. idem................. Gahn et Schéele....... Paracelsc............. Très anciennem. .connu. idem................. Brandi............... Hielm................ Vauquelin............ Delhuyart............ Hatchett.............. Bazile-Valentin........ Millier............... Klaproth............. Hisinger et Berzelius- • • Gregor............... Agricola............. Brandt............... très-anciennement connu idem................ Cronstedt............. très-anciennement connu Tcnnant............. très-anciennement connu idem................. Wood............... Wollaston........... idem................. Descostils............ ï5" 1807. idem. idem. idem. idem. 1774- i53g. 1733. 1782. 1797- 1781. 1802. i5'siè. i->82. 1789. 1804. 1781. 15ao- i733. I75i. i8o3. 1741. i8o3. rtfem. idem. 474 PREMIÈRE PARTIE. Tableau de la couleur des oxides métalliques secs ou hydratés, et de leur solubilité dans la potasse, la soude ou l'ammoniaque. NOMS COULEUR COULEUR SOLUBILITE déshydrates SOLUBILITÉ des hydrates j de de dans la po-tasse on ilans la soude à dans l'am- DES OXIDES. l'ollDI SBC, L'OXIDE STDKiTX. moniaque à froid. l" CLASSE. Oxide' de silicium. . . , insoluble. . insoluble. de zirconium.. . insoluble. . idem. d'aluminium. . soluble. . . peu soluble. d'yttrium. . . . de glucinium . . idem...... insoluble. . insoluble. solnble.. . . idtm. de magnésium . insoluble. . idem. S 2e CLASSE. R Oxide de calcium . . . blanc grisâtre. . blane. . . . , . insoluble. . insoluble. H de strontium. . idem. Protoxide de barium. . idem. Deutoxide de barium. . gris verdàtre . . n'existe pas, . irfe'n..... idem. Protoxide de potassium. gris bleuâtre.. . idem. Deutoxide de potassium. idem. Tritoxide de potassium. jaune verdàtre.. n'existe pas. idem. Protoxide de sodium.. . blanc gris. . . . idem. Deut xide de sodium. . idtm. Tritoxide de sodium.. . jaune verdàtre. . n'existe pas. . . idtm. 3e CLASSE. • B Protoxide de manganèse. Deutox. de manganèse.. insoluble. . soluble. Tritoxide de manganèse. noir....... idem.... très-soluble. très-soluble. couleur ignorée. peu soluble. peu soluble. Deutoxide de fer. . . . vert foncé.. . . idem..... idem. jaune rougeâtre. insoluble. . insoluble. Protoxide d'étain. . . . gris noirâtre. . . soluble. . . idem. Deutoxide d'étain. . . . blanc...... id"m..... très-soluble. soluble. 4* CLASSE. j très-soluble. ' très-soluble. de molybdène. . de chrome. . . . insoluble. . ! idem..... insoluble. idem. vert....... de tungstène. . . Protoxide d'antimoine.. _i très soluble. idern. soluble. blanc...... blanc. . . - . , Deutoxide d'antimoine. idtm. soluble. . . idem. Protoxide d'urane.. . . Deutoxide d'urane . . . jaune pâle. . . . insoluble. . insoluble. idem. Protoxide de cérium. . blanc...... idem. • . , . idem. Deutoxide de cérium. . Protoxide de cobalt. . . idem. soluble. grisnoirâtre. . , Deutoxide de cobalt.. . .... idem-.... ti-ès-soluble. Oxide de bismuth. . . . idem. -...., insoluble. . insoluble. Protox'idc de plomb . , très-soluble. idem. ! Deutoxide de plomb. . 1 Tritoxide de plomb. . . insoluble. . idem. . . idem. idem. puce....... | Protoxide de cuivre. . . | Deutoxide de cuivre. , . orangé jaunâtre. très-soluble. idem. | 5l CLASSE. 1 Protoxide de nickel. . . gris de cendre n. vert blanchâtre. peu soluble. soluble. I Deotoxide de nickel. . . insoluble. . couleur ignorée. ronge jaunâtre.. 1 Deutoxide de mercure . jaune serin. . . peu soluble. soluble. fi Oxide d'osmium. . . . I 6e C L A S SE. soluble. , . idem. olive foncé. . . olive foncé. . . insoluble. . trè«-solnble. noir....... soluble. | Protoxide de platine.. . noir....., , ï ! Deutoxide de platine. . idtm....... jaune orangé. . soluble. V TABLEAU DES DISSOLUTIONS SALINES. 4/^ Tableau des Précipités formés parles alcalis, l'acide hydro* sulfuriaue et les hydro-sulfates, dans les dissolutions salines des quatre dernières classes. NOMS des DISSOLUTIONS SALINES. Seli de manganèse au minimum. de zinc................... de protoxide de fer........ de deutoxide de fer........ de tritoxide de fer......... de protoxide d'étain-...... de deutoxide d'étain....... d'arsenic................. de molybdène............ de chrome................ de tungstène.............. de columbium............ de protoxide «l'antimoine .. de deutoxide d'antimoine .. de tellure................ de deutoxide d'urane...... de protoxide de cérium..... de deutoxide de cérium.... de cobalt................ de titane.................. de bismuth............... de plomb................ de protoxide de cuivre..... de deutoxide de cuivre___ de nickel................. de protoxide de mercure... de deutoxide de mercure.. d'osmium................ d'argent.................. d'or..................... de platine............ PRECIPITES par la potasse etla soude. précipité blanc. idem.......... idem.......... vert foncé..... rouge jaunâtre. blanc......... idem......... blanc. idem • idem ■ jaune. blanc — de palladium......... — de rhodium...... — de protoxide d'iridium. bleu...... blanc..... idem..... idem..... i'aune orang Jeu....... vert....... noirâtre.. ■ jaune serin olive foncé.... brun.......... janne (la soude ne le préc. pas). rose........... point de précip. PRÉCIPITÉS r orm Es par Vacide hydro- sulfurique. point de précipité. précipité blanc... point de précipité. idem............ précipité de soufre. précipité chocolat. précipité jaune... jaune............ orangé..... idem....... brun foncé. point de précipité. idem............. idem............ idem............. noirâtre......... idem............ brnn foncé....... idem............ pointue précipité. noir............. idem............ idem. point de précipité. PRÉCIPITÉS FORMÉS par les hydro-s«l- fates solubles. précipité blanc. idem. noir. idem. idem. chocolat. jaune. idem. brun rougeâtre. vert. chocolat. orangé rougeâtre. idem. brun foncé. brun. brun. idem. noir. vert bouteille. noir. idem. idem. idem. noir. idem. idem point de précipité. (0 f t) H fautajonter à ce que nous venons de dire , i° que l'acide hydro-sulfurique ne précipita aucun des sels des deux premières classes; 2° que les hydro-sulfates en précipitent seulement deux , savoir , ceux d'alumine et de zircone ; le précipité est blanc ; 3° que l'ammoniaque agit sur les sels qui composent ce tableau comme la potasse, excepté qu elle précipite en blanc ceux qui sont formés par le deutoxide de mercure; t\a enfin que tous les sels delà première classe sont précipités en blanc par la potasse, la soude ou l'ammoniaque. La plus légère attention suffit pour voir qu'il existe un certain nombre de dissolutions métalliques des quatre dernières classes qui sont précipitées par les hydro-Julfates, et qui ne sout pas troublées par l'acide hydro-sulfurique ; cependant on ne saurait énoncer ce fait d'une manière générale sans induire en erreur. M. Gay-Lussac a prouvé que l'acide hydro- sulfurique seul ne précipite pas les dissolutions métalliques ci-dessus mentionnées lorsqu elles sont formées par un acide fort, tel que l'acide sulfurique, nitrique, etc. ; mais qu'il n'en est aucune qui ne soit précipitée par ce réactif lorsque l'acide qui la compose est faible; ainsi, les acétates, les tartrates, et les oxalates de fer et de manganèse sont partiellement décomposés et précipités par l'acide hydro-sulfurique. Ce savant a encore démontré que les dissolutions salines non précipitables par ce réactif, le deviennent lorsqu on les mêle avec rlç l'acétate de pousse, qui les décompose et le* transforme en acétates. 476 PREMIERE 1»ARTIE. Tableau des Précipités formés par l'hydrogène, per-phos- phoré , Vhydro-cyanate de potasse et de fer ( prussiate ) , et Z'infusum de noix de galle , dans les dissolutions salines des quatre dernières classes. NOMS des DISSOLUTIONS SALINES, PRÉCIPITÉS par l'hydrogène per-phosphoré. PRECIPITES r O R m Es par l'hydro-cyanate de potasse et de fer. PRÉCIPITÉS roiKÉi par Yinfusum de noix de galle. Sels de manganèse... * — de zinc........... —- de protoxide de fer. de deutoxide de fer...... de tritoxide de fer...... de protoxide d'étain de deutoxide d'étain..... d'arsenic ............... de molybdène.......... de chrome............. de tungstène............ de columbium......... de protoxide d'antimoine. de deutoxide d'antimoine. de tellure.............. de deutoxide d'urane.... de protoxide de cérium.. de deutoxide de cérium.. de cobalt.............. de titane............... de bismuth............. de plomb.............. de protoxide de cuivre... de deutoxide de enivre .. de nickel.............. de protoxide de mercure. de deutoxide de mercure. d'osmium.............. — d'argent. — d'or......- ■ •. — de platine..... — de palladium . — de rhodium.. — d'iridium..... point de précipité idem........... point de précipité. blanc pulvérulent ■ brun foncé....... brun foncé. blanc............ blanc............ blanc , qu< bleuit à l'air......... bleu clair........ bleu très-foncé... blanc............ blanc............ blanc............ brun............. vert............. olive............ blanc............ blanc............ point de précipité. rouge de sang..... blanc............ blanc............ vert d'herbe...... rouge de sang..... blanc............ blanc............ blanc............ cramoisi.......... vert pomme...... blanc , qui passe au jaune....... blanc, idem...... noir floconneux.. pourpre foncé.., flocons jaunes.... point de précipité. blanc ; il bleuit à l'air........... point de précipité point de précipité olive ........... point de précipité point de précipité. point dé précipité. point de précip.(i) violet foncé. violet presque noir. jaunâtre. tVzem. léger trouble. brun foncé. brun. orangé. blanc jaunâtre. blanc ] aunâtre. jaune. chocolat. januâtre. t aunâtre. (aacjaunâtre. rouge desang. orangé. blanc. olive. brun. blanc verdàtre. jaune orangé. jaune orangé. pourpre, devenant bleu. jaune brunâtre. brun. vert foncé. (i) Le précipité ne tarde cependant pas à avoir lieu si la dissolution est en contact avec l'air. TABLEAU DES DISSOLUTIONS SALINES. 4^7 Tableau des principaux Sels qui se décomposent mutuel- lement , et qui par conséquent ne peuvent point exister ensemble dans une liqueur. NOMS des DISSOLUTIONS SALINES- SELS avec lesquels elles ne peuvent pas exister. ! Aucun des sels solubles de la première et des quatre dernières classes. Les sels de baryte , de strontiane et de chaux. ÎLes sels solubles de baryte, de stron- tiane , de chaux (i), de bismuth, d'antimoine , de plomb, le proto-ni- trate de mercure. ÎLes sels solubles de chaux , de baryte, de strontiane , de magnésie , d'alu- mine , et des oxides des quatre der- nières classes. ■ v j ir . »i li„ I Les sels d'alumine , de zircone, et des Hydro-sulfates solubles.......< , , , ' , ., f J | oxides des quatre dernières classes. Hydro-cblorates solubles.....( Le? se,s solubles d'argent, de protoxide J l de mercure , de plomb. Hydriodates solubles......- -{ ^p;^^d'argCat'demeiCnre' (i) Excepté le snlfate de chaux. (2) Si les dissolutions salines dont nous parlons étaient très-étcndnes d'eau, il pourrait se faire que quelques-unes d'entre elles ne fussent point décomposées; on pourrait alors les trouver ensemble dans nne liqueur; mais leur décomposition aurait constamment lieu en les faisant évaporer pendant quelque temps. ^8 PREMIERE PARTIE. Tableau des Sels de diverse nature qui se déposent pen- dant l'évaporation d'un mélange de deux dissolutions salines. {Voyez, pag. 196, Action des Sels solubles les uns sur les autres. ) Extrait de l'ouvrage de M. Thenard. r SELS MÊLÉS. Nitrate de chaux. Sulfate de potasse. Idem. Idem. Sulfate de sonde. Nitrate de chaux. Sulfate de chaux. Idem. Idem. Ide ÉVAPORATION (1). SELS provenant de la première. SELS provenant de la seconde. Nitrate de potasse. Sulfate de chaux. Sulfate de potasse. Sulfate de chaux. Sulfate de chaux. Nitrate de potasse. Nitrate de soude. Un peu de sulfate de potasse. Nitrate de potasse. Sulfate de potasse. Sulfate de chaux. Nitrate de potasse. 1 rès - peu de sulfate de chaux. Nitrate de soude. (1) Après avoir soumis la dissolution à l'action do feu pendant un certain temps , on la laisse refroidir, afin d'en obtenir des cristaux j pnis on décante la liqueur surnageante , qu'on soumet de nouveau à l'action du fen, etc. ; il en rcsnlte donc des évaporations successives : ce sont ces évaporations qui sont désignées sous le nom d1évaporation première, seconde , etc. (2) Composée de nitrate de chaux et de nitrate de potasse. (3) Composée vraisemblablement de sulfate et de nitrate de soude. TABLEAU DES SELS DOUBLES. 479 Tableau des Sels doubles formés par les sels à base d'ammoniaque , de potasse ou de soude, et par un autre sel du même genre. Tous les sels de magnésie. Peu solubles. I Peu I solubles Les sels solubles de manganèse. de zinc. de cobalt. Sels ammoniacaux- <( de cuivre. de nickel. de deutoxide de mercure de platine. de rhodium. de palladium. r Les sels solubles de nickel. \ de palladium. Sels de potasse- • • •/ de rhodium. 1 de platine. { d'or. r , , , f Les mêmes que ceux qui s'unissent aux ) Très- Sels de soude^ • • • • j se,s de pQ^ f solubIes, Tableau de quelques autres Sels doubles. d'alumine et d'ammoniaque.........1 .. d'alumine et de potasse.............j de potasse et d'ammoniaque. de potasse et de magnésie. de potasse et de fer. Les sulfates........i de potasse et de cérium. de soude et d'ammoniaque. de soude et de magnésie. de nickel et de fer. de zinc et de fer. de zinc et de cobalt. Ç de dentoxide de mercure et de soude. _ , , ., | d'ammoniaque et de fer. Léo hydro-chlorates-1 d-ammonia^ue et de plomb. (. d'étain et de plomb. 0 f de soude et d'ammoniaque. Les phosphates.....J d'ammoniaque et de fer. 1 de ebaux et d'antimoine. 4Ô0 PREMIÈRE PARTIE. DE LA PRÉPARATION Des diverses substances précédemment étudiéei. Nous avons cru ne devoir exposer les procédés que l'on doit suivre pour préparer les divers produits chimiques qu'après avoir fait connaître leurs propriétés ; notre inten- tion était même de réserver cet article pour un des der- niers , et de le placer après ceux qui auront pour objet l'ex- position des caractères des substances végétales et animales 5 mais nous avons renoncé à ce plan, dont les avantages pourraient être facilement démontrés , pour éviter au lec- teur la peine de chercher dans le deuxième volume les pré- parations des substances contenues dans le premier ; pré- parations que l'on peut regarder comme le complément de leur histoire. Nous devons maintenant faire part des motifs qui nous ont déterminés à adopter une pareille marche. i°. Les opérations nécesssaires pour obtenir les produits chi- miques sont quelquefois très-compliquées, et reposent tou- jours sur un plus ou moins grand nombre des propriétés de la substance que l'on cherche à obtenir, de celles des ma- tières dont on se sert pour la préparer, et de celles des di- vers produits qui se forment pendant l'opération: or, est-il possible d'admettre que la personne qui se livre pour la première fois à l'étude de cette science difficile puisse, dès les premiers jours, saisir d'une manière exacte des raison- nemens compliqués, fondés sur des données qu'elle n'a pas, et qui, par conséquent, doivent lui paraître abstraits? Citons deux exemples : en suivant la méthode générale- ment adoptée, la préparation du gaz hydrogène et du chlore se trouve faire l'objet des premières leçons du cours, époque à laquelle il n'a pas encore été question de l'eau, de l'acide sulfurique, du sulfate de protoxide de fer, du peroxide de manganèse, de l'acide hydro-chlorique, DES SUBSTANCES SIMPLES. ^S i de l'hydro chlorate de deutoxide de sodium, ni du sulfate de protoxide de manganèse ; or , les propriétés des trois premiers produits que nous venons de nommer doivent être parfaitement connues pour procéder à la préparation du gaz hydrogène, et la connaissance des autres est indis- pensable pour concevoir la théorie du dégagement du chlore. 2°. Un second avantage attaché à la méthode que nous adoptons , est de rapprocher un très-grand nombre de préparations dont les rapports sont tellement multipliés qu'il suffit d'en indiquer une pour en connaître un très- grand nombre d'autres. D'ailleurs, quel peut être l'incon- vénient de cette marche ? Est-ce celui de ne pas compléter de suite l'histoire des corps que l'on étudie ? Nous pensons qu'il n'y a aucun inconvénient à cela ; il nous semble , au contraire, bien plus avantageux de ne transmettre d'abord aux élèves que les connaissances qu'ils sont en état d'ac- quérir , de les conduire graduellement, autant que pos- sible , du connu à l'inconnu, que de les forcer à des abs- tractions pour leur faire connaître avec difficulté ce qu'ils peuvent facilement apprendre plus tard. De l'Extraction des substances simples non métalliques. Gaz oxigène. On connaît plusieurs procédés pour ob- tenir ce gaz. i°. On introduit quelques gros de chlorate de potasse cristallisé (muriate sur-oxigéné de potasse ) d^ns une petite cornue de verre, à laquelle on adapte uniube recourbé propre à recueillir les gaz, et qui se rendffcous une cloche remplie d'eau ; on chauffe graduellement la^Or- nue ; l'air de l'appareil se dégage, le sel fond, se décompose, et l'on obtient tout l'oxigène qui entre dans la composition de l'acide chlorique et de la potasse; il reste dans la cornue du chlorure de potassium (muriate dépotasse sec). Cent grains de chlorate fournissent dg grains de gaz oxigène. 2° On pulvérise le peroxide de manganèse noir, et on le ii 48a PREMIÈRE PARTI r. traité à froid par l'acide hydro-chlorique pour le débarrasser du carbonate de chaux, du carbonate de fer, etc., qu'il enferme toujours, et que l'on transforme par ce moyen en hydro-chlorates solubles ; on décante la liqueur, et on fait sécher l'oxide après l'avoir lavé ; lorsqu'il est sec, on l'intro- duit dans une cornue de verre C, avec la moitié de son poids d'acide sulfurique concentré ; cette cornue doit être lutée et placée sur un fourneau à réverbère ( voyez pi. g, fig. 55 ) ; son col doit se rendre dans Un ballon bitubulé B , contenant un peu d'eau, et donnant issue par une de ses tubulures au tube de sûreté recourbé T, qui va se rendre sous une cloche pleine d'eau ; l'appareil étant luté, on chauffe graduellement la cornue ; l'air se dégage, et l'on ne tarde pas à obtenir une très-grande quantité de gaz oxigène ; en effet, le peroxide de manganèse est ramené à l'état de protoxide qui se combine avec l'acide pour former du proto-sulfate. On se procure, par ce procédé, beaucoup plus de gaz que par îe suivant. 3°. On chauffe graduellement le peroxide de manganèse pu- rifié par l'acide hydro-chlorique, en le mettant dans une cor- nue de grès lutée , à laquelle on a adapté un tube de sûreté recourbé qui se rend sous l'eau ; cette cornue est disposée dans un fourneau à réverbère, de manière à pouvoir être chauffée jusqu'au rouge ; le perexide passe seulement à l'état de deutoxide, et perd la quantité de gaz oxigène que l'^n obtient ; un kilogramme de cet oxide fournit de 4° à 5ojitres de gaz. Si l'oxide de manganèse n'a pas été bien purmé , il ne faut pas recueillir les premières portions de gaz% car elles renferment presque toujours de l'azote et de l'acide carbonique. Il est inutile de dire que toutes ces opé- rations sont terminées lorsqu'il ne se dégage plus d'oxigène. On peut encore se procurer ce gaz en chauffant dans des vaisseaux fermés les deutoxides de mercure et de plomb, le nitrate dépotasse, etc.; mais le chlorate de potasse e^t de tous les corps celui qui fournit le gaz le plus pur. DES SUBSTANCES SIMPLES. 4^3 Gaz hydrogène. i°. On introduit dans une petite fiole F de la tournure de zinc ou de fer et de l'acide sulfurique ou hydro-chlorique, étendus de quatre ou cinq fois leur poids d'eau ; on y adapte un bouchon percé pour donner passage à un tube de verre recourbé ( voyez pi. 9, fig. 56 ) qui se rend sous l'eau ; dans le même instant on remarque une vive effervescence due au dégagement du gaz hydro- gène ; on ne recueille pas les premières portions, qui sont mêlées d'air. A la fin de l'expérience , on trouve du proto- sulfate de fer dans la fiole ; d'où il suit que Peau a été dé- composée pour oxider le métal. Ce gaz hydrogène n'est pas pur; il paraît contenir, d'après les expériences de M. Donovan, de l'acide hydro-sulfurique, de l'acide car- bonique et une autre matière dont il n'a pas pu déterminer la nature ; on le purifie en l'agitant pendant quelques mi- nutes avec l'eau de chaux, ensuite avec un peu d'acide nitreux, puis avec une faible dissolution de proto-sulfate de fer, et enfin avec de l'eau ; alors le gaz est inodore. 20. On obtient du gaz hydrogène en décomposant l'eau par la pile électrique : dans ce cas il est excessivement pur. Bore. On introduit dans un tube de cuivre parties égales de potassium coupé en fragmens, et d'acide borique vitrifié et pulvérisé ; on dispose le mélange de manière à ce qu'il y ait successivement une couche de métal et une autre d'a- cide ; on ferme le tube avec un bouchon de liège , auquel on a pratiqué une légère fissure pour donner issue à l'aîr, et on le fait rougir; le potassium décompose une partie de l'acide, s'empare de son oxigène, et met le bore à nu ; la portion d'acide non décomposée forme avec la potasse pro- duite du sous-borate de potasse. Lorsque le tube est refroidi, on fait bouillir le mélange à plusieurs reprises avec de l'eau, afin de dissoudre toutle sous-borate de potasse : alors on fait sécher le bore, et on le conserve à l'abri du contact de l'air. M. Doebereiner parait avoir obtenu du bore dans ces $ 484 PREMIÈRE PARTIE. derniers temps, en chauffant pendant deux heures jusqu'au rouge blanc, un canon de fusil contenant du sous-borate de soude fondu et pulvérisé (borax), mêlé avec un dixième de son poids de noir de fumée ; dans ce cas , la soude est dé- composée parle charbon contenu dans le noir de fumée, et il se dégage du gaz oxide de carbone ; le sodium résultant de cette décomposition agit sur l'acide borique comme le potassium. Il suffit ensuite de laver plusieurs fois le résidu avec de l'eau bouillante et une seule fois avec l'acide hydro- chlorique liquide pour en extraire le bore. Carbone. Il est extrêmement difficile d'obtenir le car- bone pur; les diverses variétés de charbon du commerce contiennent du gaz hydrogène, des sels, etc. Il paraît cependant que l'on peut parvenir à séparer, par l'action de la chaleur, presque tout l'hydrogène qui se trouve dans le noir de fumée, corps composé de ce principe et de carbone. Nous indiquerons, en parlant des végétaux , les moyens de se procurer les différentes variétés de charbon. Phosphore. On prend du phosphate acide de chaux en consistance sirupeuse ( voyez Préparation de ce phosphate, pag. 561 ); onlemêle intimement avec le quart de son poids de charbon pulvérisé; on chauffe le mélange dans une bas- sine de fonte jusqu'à ce qu'il soit sec; alors on l'introduit dans une cornue de grès lutée , placée sur un fourneau à réverbère, et dont le col se rend dans une allonge en cuivre qui plonge par l'une de ses extrémités au fond d'un grand bocal muni d'un bouchon percé de deux trous , et conte- nant une assez grande quantité d'eau ; ces deux trous don- nent passage , le premier à l'allonge , et l'autre à un tube droit, long de deux ou trois pieds, par lequel se dégagent les gaz, et qui, par conséquent, ne doit pas plonger dans le liquide ; on lute toutes les jointures, et on tasse parfai- tement ce lut; lorsqu'il est sec, on chauffe graduellement la cornue de manière à ce qu'elle soit rouge au bout de DES SUBSTANCES SIMPLES. 4^5 deux heures : à cette époque, il commence à se dégager du gaz oxide de carbone et du gaz hydrogène carboné ; ces gaz proviennent de la décomposition de l'eau contenue dans le phosphate acide de chaux, qui est déterminée par le charbon ; il se forme aussi du gaz hydrogène car-*- boue aux dépens de l'hydrogène qui entre dans la compo- sition du charbon. Alors on remplit le fourneau de char- bons incandescens pour ne pas s'exposer à fêler la cornue ; environ deux heures après , on commence à obtenir du phosphore qui vient se condenser dans l'eau, et du gaz hydrogène phosphore et du gaz oxide de carbone qui se dégagent ; ces phénomènes seront faciles à concevoir en se rappelant que l'acide phosphorique est décomposé par le charbon à une température élevée, et que le mélange dont on se sert contient de l'eau qui continue à se décomposer. Le dégagement de ces gaz a lieu pendant toute la durée de l'opération, qui n'est terminée qu'au bout de vingt-quatre à trente heures ; il est même le guide le plus certain de la réussite ; s'il venait à se ralentir, on élèverait la tempéra- ture au moyen d'un long tuyau de poêle dont on surmon- terait la cheminée du fourneau. A la fin de l'opération , on trouve le phosphore en partie dans l'eau, en partie dans l'allonge et dans le col de la cornue ; ce dernier est moins pur , moins fusible, opaque et rougeâtre. On prend ces diverses quantités de phosphore refroidi ; on les met dans une peau de chamois ; on en fait un nouet bien solide , et on les comprime au moyen de pinces en les tenant dans l'eau presque bouillante; le phosphore fond et passe à travers la peau ; alors il est transparent et peut être réduit en cylindres : pour cela on plonge verticalement une des extrémités d'un tube cylindrique de verre dans la masse du phosphore recouverte d'eau; on aspire avec la bouche par l'autre extrémité du tube ; le phosphore fondu monte dans le tube, et lorsqu'il s'est élevé jusqu'à la moitié ou 486 PREMIÈRE PARTIE. aux trois quarts de sa hauteur, on ferme avec le doigt index l'extrémité inférieure tenue toujours dans l'eau, et on le porte dans de l'eau froide, où il se refroidit : à cette époque, il ne reste plus qu'à retirer le cylindre de phosphore solidifié du tube de verre. Il faut, dans ces di- verses opérations, éviter avec le plus grand soin que le phosphore fondu soit en contact avec l'air, sans quoi il s'enflamme, et l'opérateur court les plus grands dangers. Il arrive souvent que le phosphore obtenu par ce moyen n'est pas pur; dans ce cas il faut le distiller en le mettant dans une cornue qui contient de l'eau, et en le condensant dans un récipient presque plein de ce même liquide. Soufre. On obtient le soufre, ï0 avec des substances terreuses qui le contiennent ; 20 avec les sulfures de fer ou de cuivre. Premier moyen. On place ces substances dans des pots de terre cuite, recouverts et surmontés d'un tuyau qui va se rendre, en s'inclinant, dans d'autres pots couverts, et dont le fond, percé de trous, estplacé au-dessus d'une tinette en bois remplie d'eau ; on chauffe les pots contenant les matières sulfureuses ; le soufre entre en fusion, se volatilise, et vient se condenser dans l'eau de la tinette : îl porte alors le nom de soufre brut, et renferme encore des matières terreuses ; on le sublime, et on l'obtient en canons. Sublimation. On le place dans une chaudière en fonte qui communique avec une chambre en maçonnerie, au moyen d'un chapiteau également en maçonnerie ; on chauffe la chaudière ; le soufre fond, se réduit en vapeurs, entre dans la chambre qui est froide, passe à l'état liquide , coule sur le plancher qui est incliné, et sort par un trou pratiqué à la partie la plus déclive où l'on a disposé des moules de bois cylindriques dans lesquels il se condense ; Tair de la chambre, raréfié par la chaleur des vapeurs du soufre, se dégage par une ouverture pratiquée à la voûte et fermée par une soupape qui s'ouvre de dedans en - de- DES SUBSTANCES SIMPLES. 4°7 hors. Si la chambre était très-grande, et que l'opéra- tion fût suspendue pendant la nuit, le refroidissement qu'éprouverait la vapeur serait assez marqué pour la faire passer à l'état solide , et on obtiendrait des fleurs de soufre attachées aux parois de la chambre. 20. Extraction du soufre des sulfures de fer et de cuivre. C'est principalement du dernier dont on se sert : il contient toujours du sulfure de fer. On place sur un lit de bois un très-grand nombre de fragmens de sulfure mêlés avec de l'argile , et arrangés de manière à leur donner la forme d'une pyramide-tronquée, au milieu de laquelle se trouve un canal vertical par lequel on introduit des tisons embrasés ; le bois s'enflamme , le sulfure s'échauffe, et bientôt la température est assez élevée pour qu'il absorbe et condense rapidement l'oxigène de l'air; alors le cuivre elle fer passent à l'état d'oxide, une portion de soufre se tra'nsforme en gaz acide sulfureux qui se dégage; une autre portion se volatilise et vient se con- denser dans des cavités pratiquées sur le plateau du som- met; le minéral qui reste est composé d'oxide de cuivre , d'oxide de fer et d'un peu de sulfure, sur lequel l'oxigène de l'air n'a pas agi. Nous verrons plus tard qu'il est employé pour l'extraction du cuivre. Iode. On prend les eaux mères de la soude de plusieurs espèces de fucus, appelée soude de varech, qui, d'après les expériences de M. Gaultier deClaubry, renferment une certaine quantité d'hydriodate de potasse et d'hydriodate de magnésie; on les concentre et on les introduit dans une cornue avec une certaine quantité d'acide sulfurique con- centré ; on adapte au col de cette cornue un ballon bitubulé et on la chauffe doucement ; bientôt l'hydriodate^ et même l'acide hydriodique, sont décomposés par l'acide sulfu- rique ; l'iode se volatilise sous laforme devapeurs violettes, et vient se condenser dans le col de la cornue ou dans le récipient, sous la forme de lames bleuâtres cristallines , 488 PREMIÈRE PARTIE. qu'il suffit de laver avec de l'eau contenant un peu de po- tasse pour les avoir pures ; ensuite on les fait sécher , en les pressant entre deux feuilles de papier. Suivant M. Gaul- tier , le fucus saccharinus fournit plus d'iode que les au- tres espèces dont il a fait l'analyse. Chlore gazeux. On met dans une fiole , à laquelle on adapte un tube recourbé, du peroxide de manganèse pulvé- risé et de l'acide hydro-chlorique liquide concentré ; on élève un peu la température, et l'on obtient du chlore gazeux et du proto-hydro-chlorate de manganèse. On peut faire ar- river ce chlore gazeux, à l'aide d'un tube droit, dans un flacon rempli d'air; bientôt celui-ci, beaucoup plus léger que le chlore, sera chassé ; ou bien on peut le recevoir sous des cloches pleines d'eau ; mais, dans ce cas , l'eau dissout une partie du gaz. Théorie. L'acide hydro-chlorique et le peroxide peuvent être représentés par : Acide hydro-chlorique -f- hydrogène -f" ( chlore ). Manganèse-\- oxige. -\- oxigène —|— oxige- PrOto-hydro-chlorate. Eau. Une portion d'acide et tout l'oxide se décomposent; l'hy- drogène se combine avec la majeure partie de l'oxigène de l'oxide et forme de l'eau ; le chlore est mis à nu ; tandis que l'acide non décomposé s'unit avec le protoxide de manganèse résultant de cette décomposition. La préparationdu chlore en grand se.fait par un autre procédé (voy. pi. 9 , fig. 5^) : on place sur un bain desable un matras D, muni d'un bouchon percé de deux trous; on introduit dans ce matras un mélange pulvérulent de 4 parties de sel commun et d'une partie de peroxide de manganèse cristallisé en aiguillés, et ne contenant pas de fluate de chaux ; de ce matras sort un tube recourbé T, qui plonge dans la petite quantité d'eau que renferme le flacon F,- deux autres tubes recourbés 11, DES SUBSTANCES SIMPLES. 4"9 établissent la communication des vases A, B avec le flacon F; un dernier tube recourbé S est destiné à porter le gaz dans des cloches pleines d'eau. Enfin les tubes droits x xx sont des tubes de sûreté ; les vases A, B ren- ferment de l'eau, et le premier est entouré de glace. Les choses étant ainsi disposées , et les bouchons percés des trous nécessaires pour donner passage aux tubes, on lute toutes les jointures, et on introduit peu à peu , au moyen d'un tube en S recourbé VE, un mélange préparé d'avance avec deux parties d'acide sulfurique concentré et deux parties d'eau ; on chauffe doucement ; le chlore se dégage à l'état de gaz, traverse l'eau du premier flacon, passe dans le deuxième, se dissout dans l'eau, et lorsque celle-ci en est saturée, se porte sur le troisième, etc. A la fin de l'opération , on trouve dans le matras du sulfate de soude et du proto-sulfate de manganèse. Théorie. L'acide sul- furique décompose l'hydro-chlorate de soude ( sel com- mun ) , s'empare de la soude , et l'acide hydro-chlorique mis à nu réagit sur le peroxide de manganèse , comme nous l'avons dit précédemment. Azote. i°. On enflamme du phosphore dans une quan- tité déterminée d'air ; celui-ci cède tout son oxigène, et l'azote est mis à nu ; pour cela on met le feu à un petit morceau de phosphore placé sur un support en brique, que l'on a préalablement disposé sur la planche de la cuve pneumato-chimique ; ce support doit être assez élevé pour que le phosphore soit hors de l'eau de la cuve, et, par con- séquent , en contact avec l'air. Aussitôt que le phosphore est enflammé, on le recouvre d'une grande cloche pleine d'air atmosphérique que l'on fait plonger dans l'eau de la cuve; le phosphore, qui n'est alors en contact qu'avec l'air de la cloche, s'empare de tout son oxigène, passe à l'état d'acide phosphorique , que l'on voit paraître sous la forme d'uu nuage excessivement épais , et il se produit une très- 49° PREMIÈRE PARTIE. grande quantité de calorique et de lumière ; l'air , dilaté par la chaleur qui se produit, se dégage en partie sous la forme de grosses bulles ; au bout d'une ou de deux minutes, le phosphore s'éteint et l'opération est terminée. On laisse l'appareil dans la même situation, et Ton aperçoit l'eau monter dans l'intérieur de la cloche jusqu'à ce que celle-ci soit entièrement refroidie, l'acide phosphorique se dis- soudre complètement, et l'intérieur de l'appareil, aupara- vant nébuleux et très-opaque, reprendre sa transparence. Le gaz azote qui reste au-dessus de l'eau doit être agité, pendant quelque temps avec ce liquide pour le débarrasser d'un peu d'acide phosphorique qu'il pourrait retenir , et surtout pour décomposer une portion de gaz azote phos- phore qui se forme constamment dans cette opération , et qui, étant agité, abandonne le phosphore. 2°. On peut obtenir du gaz azote très-pur en faisant passer un cou- rant de chlore gazeux à travers de l'ammoniaque liquide renfermée dans un flacon ; le chlore s'empare de l'hydro- gène, forme de l'acide hydro-chlorique qui s'unit avec une portion d'ammoniaque, et l'azote est mis à nu. (Voyez pi. 9, fig. 58. ) A est le ballon d'où se dégage le chlore ; B est un flacon contenant un peu d'eau , qui sert à priver ce gaz des matières étrangères solubles ; C renferme l'am- moniaque liquide; S est le tube qui conduit le gaz azote sous la cloche. Des Corps composés de deux substances simples non métalliques. Ces corps sont assez nombreux : nous allons exposer d'abord la préparation de ceux qui sont formés par l'oxigène et par une autre substance simple non métallique. Ces pro- duits sont ou des oxides ou des acides. DES OXIDES MÉTALLIQUES. 491 Des Oxides non métalliques. Eau. Nous avons déjà indiqué ( pag. io4) comment on doit s'y prendre pour obtenir de l'eau dans les laboratoires ; il s'agit maintenant défaire connaître les moyens de préparer l'eau distillée parfaitement pure. On place l'eau dans la cu- curbite d'un alambic et on la chauffe ; elle ne tarde pas à se réduire en vapeurs ; on rejette environ les -— qui distil- lent d'abord, et qui contiennent le plus souvent du sous- carbonate d'ammoniaque volatil, provenant de la décom- position des substances animales qui étaient renfermées dans l'eau; on recueille celle qui se vaporise après ; mais on suspend l'opération lorsqu'il ne reste plus dans la cu- curbite qu'environ les 7^3 du liquide employé ; en effet , ce liquide concentré par l'évaporation, renferme des sels qui peuvent réagir les uns sur les autres , et donner quel- quefois naissance à des produits volatils ; il peut d'ailleurs contenir des matières animales, qui se décomposeraient si l'on continuait à chauffer, et donneraient des matières vo- latiles qui altéreraient l'eau distillée pure. Gaz oxide de carbone. i°. On remplit presque une cornue de grès d'un mélange de parties égales de carbonate de baryte et de limaille de fer parfaitement desséchés ; on adapte au col de la cornue un tube recourbé propre à re- cueillir le gaz ; on lute et on chauffe graduellement la cornue jusqu'au rouge cerise ; à cette température , le gaz oxide de carbone ne tarde pas à se dégager ; on néglige de recueillir les premières portions, qui sont mêlées d'air ; à la fin de l'opération on trouve dans la cornue un composé de fer oxidé et de protoxide de barium; l'acide carbonique a donc été décomposé par la limaille deler rouge, et trans- formé en oxigène et en gaz oxide de carbone très-pur. 20. On chauffe ensemble, dans un appareil analogue au précédent, parties égales d'oxide de zinc et de charbon 492 PREMIÈRE PARTIE. parfaitement calciné, et l'on obtient du gaz oxide de car- bone, du zinc métallique, qui se sublime et se condense dans le col de la cornue, et un peu d'acide carbonique ; ce dernier gaz est absorbé par l'eau , et l'oxide de carbone passe sous les cloches ; mais il contient un peu de gaz hydrogène carboné , provenant de l'hydrogène que ren- ferme le charbon ordinaire ; du reste, la théorie de l'opé- ration est fort simple : l'oxide de zinc ne peut être décom- posé par le charbon qu'à une chaleur rouge, parce que ses élémens tiennent fortement entre eux: le charbon, à cette température , s'empare de l'oxigène, et passe princi- palement à l'état d'oxide de carbone ; il ne peut pas se former beaucoup d'acide, car nous savons que cet acide est décom- posé par le charbon rouge, et transformé en gaz oxide de carbone. (Voy. § 92.) 3°. Si l'on fait passer peu à peu du gaz acide carbonique desséché sur du charbon rouge parfaitement calciné, et contenu dans un tube de fer traversant un four- neau à réverbère, ce gaz sera décomposé, cédera une por- tion de son oxigène au charbon, le fera passer , et pas- sera lui-même à l'état de gaz oxide de carbone ; mais l'opé- ration ne peut avoir un plein succès qu'autant que le gaz acide carbonique passe à plusieurs reprises sur le charbon. (Voy. pi. 10, fig. 59, l'appareil inventé par M. Bar- ruel) : A est le flacon où l'on dégage le gaz acide carbo- nique ; C le cylindre presque rempli de fragmens de chlorure de calcium avide d'humidité ; F un fourneau à réverbère dans lequel sont placés 'trois canons de fusil, x x' x" contenant le charbon, et communiquant entre eux par des tuj>es de verre d d ; m le tube qui porte le gaz acide carbonique dans le premier canon x ,* enfin , tt le tube recourbé par lequel sort le gaz oxide de carbone produit. Oxide de pliospliore rouge. On l'obtient en enflammant du phosphore dans de l'air en excès ; il se forme , outre DES ACIDES MÉTALLIQUES. 49^ l'acide phosphorique, qui se volatilise sous la forme de vapeurs blanches concrètes, de l'oxide rouge, qui reste dans la petite capsule où l'on a fait l'opération; on le lave pour le priver de l'acide phosphorique qu'il pourrait contenir. Gaz protoxide d'azote. On chauffe graduellement du nitrate d'ammoniaque dans une petite cornue de verre à laquelle on adapte un tube recourbé, et l'on obtient de l'eau et du gaz protoxide d'azote. ( Voyez § 3oo, art. Nitrate d'ammoniaque ). Gaz deutoxide d'azote ( gaz nitreux ). ( Voy. planche 10, fig. 60. ) On verse par une des tubulures d'un flacon bitubulé A, contenant de la tournure de cuivre, de l'acide nitrique étendu de son volume d'eau, et l'on obtient sur- le-champ du gaz nitreux qui se dégage par le tube recour- bé r, et va se rendre sous des cloches pleines d'eau. Il faut négliger de recueillir les premières portions, qui sont mê- lées d'air et de gaz acide nitreux rouge ; il reste dans le flacon du deuto-nitrate de cuivre bleu ; d'où il suit qu'une portion de l'acide nitrique a été décomposée en oxigène et en gaz nitreux ou deutoxide d'azote. ( Voyez pag. 4*2- ) Des Acides formés par Voxigène et par un corps simple non métallique. Acide borique. On fait dissoudre du sous-borate de soude pulvérisé ( borax ) dans 3 parties d'eau bouillante ; on décompose la dissolution en y versant peu à peu un excès d'acide sulfurique concentré, et l'on voit paraître des cristaux d'acide borique qui se déposent, ne trouvant pas assez d'eau pour se dissoudre : on laisse refroidir le mélange et on filtre la liqueur, qui contient du sulfate acide de soude ; alors on égoutte l'acide borique ; on le lave avec un peu d'eau froide ; on le fait sécher sur du 494 PREMIÈRE PARTIE. papier Joseph dans une étuve, et on le chauffe en le proje- tant par parties dans un creuset de Hesse que l'on a fait rougir; parce moyen on le débarrasse de l'acide sulfuri- que avec lequel il était combiné ( voyez § 107 ) ; lorsqu'il est fondu on le coule, et on peut, si on veut l'avoir très- pur, le dissoudre dans l'eau bouillante et le faire cristal- liser de nouveau. En substituant l'acide hydro-chlorique à l'acide sulfurique, on obtient de suite de l'acide borique qu'il suffit de bien laver pour l'avoir pur. Il est inutile de dire que les eaux mères de ces diverses opérations fournis- sent un peu d'acide borique lorqu'on les fait évaporer. Gaz acide carbonique. On verse de l'acide hydro- chlorique liquide étendu de deux ou trois fois son poids d*eau, sur du marbre concassé (carbonate de chaux).L'ap- pareil est le même que pour le gaz nitreux ; le gaz acide carbonique se dégage aussitôt, et l'on obtient dans le flacon de l'hydro-chlorate de chaux très-soluble; d'où il suit que le carbonate est décomposé. On peut encore se pro- curer ce gaz en substituant au marbre de la craie en bouil- lie ( carbonate de chaux}, et à l'acide hydro-chlorique de l'acide sulfurique délayé dans 10 à 12 fois son poids d'eau; il se forme dans ce cas du sulfate de chaux qui, étant peu soluble, se dépose, recouvre le carbonate, et empêche le gaz de se produire ; en sorte qu'il est préfé- rable de suivre le premier procédé, surtout lorsqu'on ne vise pas à faire l'opération avec beaucoup d'économie. Eau acide-carbonique. Comme l'eau .à la température et à la pression ordinaires de l'atmosphère, ne peut dissoudre que son volume de gaz acide carbonique, et que déjà, dans cet état, elle peut être considérée comme un puissant diurétique, il importe de dire comment on doit la préparer. On fera arriver le gaz sous un flacon rempli d'eau filtrée, au lieu d'employer une cloche ; lorsque la moitié de l'eau du flacon sera chassée, onlebouchera, on agitera le liquide qu'il des Acides métalliques. 4

PREMIÈRE PARTIE. par la grille d'un fourneau de forge, et soumis pendant une heure et demie à l'action d'un feu très-violent, alimenté par un bon soufflet ; l'oxigène de l'oxide se porte sur le charbon, et le métal est mis à nu. Zinc. On introduit dans des tuyaux de terre, fermés par une de leurs extrémités , un mélange de charbon et de calamine calcinée ; ces tuyaux traversent un fourneau , et sont légèrement inclinés , de manière que leur extrémité ouverte est plus élevée que l'autre, et communique avee d'autres tuyaux inclinés dans un sens opposé : c'est, en quelque sorte, un appareil distillatoire dans lequel la cor- nue serait représentée par les premiers tuyaux, et le réci- pient par les autres. On chauffe fortement; la calamine , for- mée d'oxide de zinc , de silice, d'eau, d'un peu d'oxide de fer, de carbonate de chaux et d'alumine , se décompose ; le zinc provenant de la décomposition de l'oxide par le charbon se sublime, se condense dans les tuyaux exté- rieurs , d'où on le fait tomber dans un bassin de récep- tion ; on le fait fondre et on le verse dans le commerce. On fait cette exploitation dans le département de l'Ourthe. Fer. On peut extraire ce métal d'un assez grand nom- bre de mines. i°. Méthode catalane, ou exploitation du ferspathique (carbonate), mêlé de fer hématite oxidé. On place la mine dans un fourneau particulier, que l'on ap- pelle ouvrage, renardière ; on l'entoure de charbon de bois, et on la chauffe fortement en dirigeant sur elle le vent de deux soufflets; le charbon s'empare de son oxigène, et la réduit à l'état de fer que l'on retire sous la forme de loupes, et que l'on forge en barres ; pour cela, on la met sur une enclume , et on la frappe avec un marteau énorme appelé martinet, puis on la chauffe pour la battre de nouveau ; l'opération n'est terminée que lorsqu'elle a été chauffée et battue quatre fois. Cette méthode est, sans con- tredit, la plus simple de toutes. Si la mine contient du DES MÉTAUX DE LA DEUXIEME CLASSE. 5l^ soufre ou de l'arsenic, il faut la griller; il est même im- portant de la laisser long-temps en contact avec l'air avant de procéder à l'extraction du fer, pour la débarrasser , à ce qu'il parait, d'une certaine quantité de magnésie qui la rend réfractaire, et que le grillage change, d'après Descos- tils, en sulfate de magnésie. 2°. Mines de fer en roche, composées en général d'oxide affectant diverses formes. Si ces mines contien- nent , outre l'oxide , du soufre ou de l'arsenic, on doit commencer par les griller en les chauffant avec du bois ou de la houille dans des fours carrés ; puis on doit les fondre dans les hauts fourneaux remplis de charbon de bois ou de charbon de terre calciné, dans lesquels le feu est alimenté par des soufflets très-forts ; on en facilite la fusion au moyen d'un fondant argileux qui porte le nom d'erbue, si la mine est trop calcaire ; mais comme le plus souvent elle est argi- leuse, on fait usage d'un fondant calcaire appelé castine. Le résultat de l'action du feu, du charbon et du fondant est la for- mation, i° de la fonte (composé de fer et d'un peu de charbon ), qui est en pleine fusion , et qui remplit presque tout le creuset ; 2° du laitier, masse vitrifiée, opaque, for- mée de chaux, de silice, d'alumine et d'un peu d'oxide de fer, qui étant plus fusible et plus léger que la fonte, la re- couvredans lecreuset, etfinit par s'écouler ; 3° de quelques produits volatils, parmilesquels ily a beaucoup de gaz oxide de carbone provenant de la combinaison du charbon avec l'oxigène de l'oxide qui constitue la mine ; ainsi dans cette opération, le fer perd son oxigène, s'unit à une certaine quantité de charbon et se transforme en fonte. On retire celle-ci lorsqu'elle est encore en pleine fusion, en débouchant un trou connu sous le nom de percée, qui se trouve à la partie inférieure et latérale du creuset ; le liquide est reçu dans un sillon sablonneux où il se refroidit. La fonte solide ainsi obtenue est blanche lorsque la mine exploitée con- 518 ? K E M I È R E P A r, T I E. tient du manganèse; dans le cas contraire elle est grise. On procède alors à son affinage, opération qui a pour but U séparation du carbone qu'elle renferme; pour cela, on l'entoure de charbon de bois , et on la fond dans le four- neau appelé renardière, où l'air .se renouvelle toujours ; l'oxigène transforme le carbone eu gaz oxide , et Je fer est mis à nu sous la forme de loupes que Ton forge, comme nous l'avons dit en parlant de la méthode à la cata- lane. 3°. Mines de fer terreuses. Au lieu de griller ces mi- nes , on commence par les débarrasser des terres avec les- quelles elles sont mêlées ; pour cela on les bocarde , et on fait passer un courant d'eau sous les pilons; puis on les transforme en fonte, comme nous venons de l'exposer en parlant des mines de fer en roche. Étain. On n'exploite guère que les mines d'oxide; on commence par les bocarder pour les séparer de la gangue ou des terres avec lesquelles elles sont mêlées ; on y parvient facilement en faisant couler sur la mine , posée sur une planche légèrement inclinée, de l'eau qui n'entraîne que la gangue, beaucoup plus légère que le minerai : alors on chauffe fortement l'oxide avec du charbon mouillé; l'étain mis à nu tombe sur le sol et de là dans un bassin. Si onnemouillait pas le charbon, une portion d'oxide serait entraînée par le vent des soufflets. Si la mine contient des sulfures de fer et de cuivre, on la grille pour la transformer en sulfates de fer et de cuivre, et en oxide de fer, de cuivre et d'étain; on traite ces produits par l'eau , qui ne dissout que les sul- fates ; dn lave les oxides sur des tables légèrement inclinées ; ceux de fer et de cuivre, plus légers que celui d'étain , sont entraînés ; celui-ci reste donc presque pur. S'il contenait encore de l'oxide de fer, on le séparerait au moyen du barreau aimanté. L'oxide d'étain ainsi obtenu est traité par le charbon, comme nous venons de le dire. DES MÉTAUX DE LA QUATRIÈME CLASSE. 5ig Des Métaux de la quatrième classe. Arsenic. Pendant le grillage des mines de cobalt arse- nical , une grande partie de l'arsenic passe à l'état d'oxide blanc ; une autre portion se sublime à l'état métallique près de la cheminée; on recueille cette dernière portion et on la sublime de nouveau dans des cornues de fonte. Chrome. On chauffe l'oxide de chrome dans un creuset brasqué, comme nous l'avons dit en parlant du man- ganèse. Molybdène, tungstène, columbium. On s'y prend de la même manière, excepté que l'on emploie les acides formés par ces métaux. Antimoine. On fond dans des creusets le sulfure d'an- timoine concassé, pour le séparer de sa gangue; on le fait refroidir et il ne tarde pas à cristalliser. On le grille dans un fourneau à réverbère, en l'agitant de temps en temps; il absorbe l'oxigène de l'air et se transforme en oxide d'anti- moine sulfuré terne , d'un gris blanchâtre, et en gaz acide sulfureux; on chauffe cet oxide préalablement mêlé avec la moitié de son poids de nitrate de potasse, et avec les trois quarts de tartre ( sur-tartrate de potasse ), et il en résulte de l'antimoine métallique quel'on trouve au fond des creusets, et qui se prend en culot par le refroidissement, un composé de sulfure ou de sulfate de potasse et d'oxide d'antimoine qui surnage le métal ; enfin plusieurs produits volatils. Théorie. L'acide tartarique du tartre se décompose par le feu comme toutes les substances végétales ; l'hydrogène et le carbone qui entrent dans sa composition se combinent avec l'oxigène de l'oxide et mettent le métal à nu, tandis que la potasse s'unit au soufre et à une portion d'oxide non décomposée: il est évident que l'acide nitrique du nitrate se décompose également pour oxider l'antimoine et le soufre. Urane, cérium, cobalt et titane. On chauffe leurs 520 PREMIÈRE PARTIE. oxides dans un creuset brasqué, comme nous l'avons dit pour le manganèse. Bismutli. Si le bismuth que l'on trouve à l'état natif ne contient pas de cobalt on se borne à le fondre ; il ne tarde pas à se rassembler au fond des creusets et à se séparer de la gangue; dans le cas où celle-ci serait très-abondante, il faudrait mêler la mine avec un fondant terreux et alcalin. Si le bismuth natif contient du cobalt, on le chauffe dans des tuyaux de fer que l'on incline légèrement dans un fourneau ; le bismuth fond et vient se condenser dans un récipient de fer; mais il contient presque toujours de l'ar- senic ; on le tient en fusion pendant quelque temps pour volatiliser toutes les portions de ce métal. Cuivre, i °. Exploitation du sulfure. On le grille, comme nous l'avons dit en parlant de la préparation du soufre ( pag. 487 ), et l'on obtient un mélange d'oxides de cuivre et de fer, et de sulfure non décomposé. On le chauffe for- tement avec du charbon qui s'empare de l'oxigène, en sorte que le produit, auquel on donne le nom de matte, est formé de cuivre, de fer et de soufre. On le grille jusqu'à douze fois de suite, pour le débarrasser du soufre ; les oxides qui résultent du grillage sont fondus avec du charbon, de la silice ou du quartz ; cette dernière substance facilite la fusion de l'oxide de fer, et empêche sa désoxi dation ; en sorte que l'on obtient, i° du cuivre noir, qui renferme 0,90 de cuivre, un peu de soufre et un peu de fer ; 20 des scories formées de silice et d'oxide de fer; 3° une nouvelle matte que l'on grille de nouveau. On affine le cuivre noir en le faisant fondre dans un fourneau dont le sol est recouvert d'une brasqué de charbon et d'argile ; le soufre et le fer se combinent avec l'oxigène de l'air, que l'on dirige sur la masse au moyen de soufflets , et le cuivre se trouve affiné au bout de deux heures ; on le fait couler dans des bassins chauds; on l'arrose avec un peu d'eau, et on le DES MÉTAUX DE LA QUATRIEME CLASSE. 521 retire sous la forme de plaques qui constituent le cuivre rosette. Si la mine ne contient pas beaucoup de sulfure, on la traite par l'eau après l'avoir grillée; par ce moyen, on dissout les sulfates de fer et de cuivre formés pendant le grillage ; on met cette dissolution sur de la vieille ferraille, qui précipite tout le cuivre du sulfate (voy. pag. ^16): on désigne alors ce métal sous le nom de cuivre de cémen- tation. On traite les mines d'oxide et de carbonate de cuivre par le charbon, et l'on obtient le cuivre métallique. Tellure. Si la mine ne contient que du tellure, de l'or et du fer, on la sépare de la gangue; on la pulvérise pour la traiter à une douce chaleur par 5 ou 6 parties d'acide nitrique; il se forme du nitrate de tellure et du nitrate de fer solubles ; l'or, la majeure partie delà gangue, et une por- tion d'oxide de fer restent au fond ; on filtre la liqueur après lavoir étendue. On verse dans la dissolution un excès de potasse caustique ; tout l'oxide de fer est précipité, tandis que celui de tellure, soluble dans un excès de potasse, reste dans la liqueur; on filtre et on verse dans la disso- lution assez d'acide hydro-chlorique pour saturer toute la potasse ; il se forme de suite un précipité blanc floconneux de sous-hydro-chlorate de tellure ; on le lave avec parties égales d'eau et d'alcool (l'eau seule dissoudrait l'oxide ) et on le met sur un filtre. Lorsqu'il est sec, on le chauffe graduellement dans une cornue de verre avec yf^ de son poids de charbon ; l'oxide perd son oxigène, et le métal mis à nu se sublime en partie, tandis que l'autre portion reste dans la cornue sous la forme d'un culot. Si la mine de tellure contenait du plomb il se formerait aussi du nitrate de plomb; alors il faudrait traiter ces nitrates par l'acide sulfurique; le plomb serait précipité à l'état de sulfate, tandis qu'il resterait dans la dissolution du 522 PREMIÈRE PART1K. sulfate de tellure et de fer que l'on décomposerait égale- ment par la potasse. Plomb, j—Exploitation du sulfure. On triture et on lave ce minéral pour en séparer la gangue, puis on le grille: celte opération peut déjà fournir un peu de plomb si la température est très-élevée. ( Voyez Action de l'air sur ce sulfure, pag. 402. ) On doit considérer le produit du grillage comme formé d'oxide, de sulfate et d'un peu de sulfure de plomb. On le traite dans le fourneau à manche par delà grenaille de fer ( fer carburé ) et par du charbon de terre ou de bois. Le charbon décompose l'oxide et le sulfate de plomb, tandis que le fer s'empare du soufre du sulfure; le plomb mis à nu ne tarde pas à couler dans des bassins : on l'appelle plomb d"œuvre; il contient le plus souvent du zinc , de l'antimoine et du cuivre ; on le fait chauffer avec le contact de l'air; le zinc et l'antimoine s'oxident faci- lement et font partie des premières portions de minium obtenues. Si l'on continue à chauffer, le cuivre s'oxide éga- lement, s'unit au minium déjà formé, et il reste une por- tion de plomb métallique pur. Le minium obtenu dans celte opération peut servir dans les fabriques de poteries. Des Métaux de la cinquième classe. Nickel. On chauffe le protoxide de nickel dans un creuset, avec un peu de cire; il perd son oxigène et donne le métal. On peut aussi l'obtenir en le faisant chauffer avec de la poudre de charbon et du borax. Enfin, suivant M. Proust, on peut se procurer ce métal en exposant à une tiès-forte chaleur le protoxide seul. Mercure. — Exploitation du sulfure ( cinnabre ). i°. On introduit la mine triée, broyée et mêlée avec de la chaux éteinte, dans des cornues de fonte auxquelles on adapte des récipiens contenant une certaine quantité d'eau; on chauffe; le mercure se volatilise, vient se condenser dans DES MÉTAUX DE LA SIXIÈME CLASSE. 5a3 les récipiens, et il reste dans la cornue du sulfure de chaux ; d'où il suit que le cinnabre a été décomposé. Ce procédé est pratiqué dans le département du Mont-Tonnerre. 2°. A Almaden et à Idria, on chauffe la mine triée, broyée et pétrie avec de l'argile; le soufre s'empare de l'oxigène de l'air, passe à l'état d'acide sulfureux ; le mercure mis à nu se volatilise et va se condenser, en traversant une série d aludels, dans un bâtiment qui tient lieu de récipient. Osmium. Nous en parlerons en faisant l'extraction du platine. Des Métaux de la sixième classe. Argent. — Exploitation des mines d'Europe. Si la mine est riche, on la débarrasse de sa gangue par des lavages, et on la fait fondre avec un poids égal au sien de plomb. Cet alliage est ensuite soumis à 1$ coupellation : pour cela , on l'introduit dans une coupelle oblongue ( capsule composée d'os calcinés jusqu'au blanc, broyés, tamisés et lavés), que l'on fait chauffer dans un fourneau particulier, et sur la- quelle on ne tarde pas à diriger le vent d'un ou de deux soufflets ; l'alliage fond, le plomb s'oxide, passe à l'état de litharge qui s'écoule , et l'argent, plus pesant, se ra- masse en un culot au fond de la coupelle. Il arrive quelquefois que le plomb d'œuvre obtenu , nomme nous l'avons dit ( pag. 522) .contientassez d'argent pour que l'on doive chercher à l'obtenir; alors il faut le sou- mettre à la coupellation, pour le transformer en litharge et en argent pur. Si le cuivre à rosette, dont nous avons décrit l'extraction, contenait assez d'argent pour pouvoir être exploité avec succès, comme cela arrive quelquefois, on le ferait fondre avec trois fois son poids de plomb ; on laisserait refroidir l'alliage et on le chaufferait doucement ; la majeure partie du plomb entrerait en fusion et entraî- nerait presque tout l'argent : on séparerait ces deux mé- 524 PREMIÈRE PARTIE. taux par la coupellation, tandis que l'on continuerait à chauffer le cuivre pour en extraire tout le plomb. La mine argentifère de Freyberg , qui renferme très- peu de sulfure d'argent uni à une très-grande quantité de sulfures de cuivre et de fer, doit être soumise à d'autres opérations ; on la grille, après l'avoir mêlée avec le dixième de son poids de sel marin ; il se dégage du gaz acide sul- fureux, et l'on obtient unemasse composée de chlorure de fer , de sulfate de soude, de sulfate de fer et de cuivre solu- bles , et de chlorure d'argent, d'oxide de fer, et d'oxide de cuivre insolubles ; on la réduit en poudre fine, et on l'agite pendant 16 à 18 heures dans des tonneaux, avec 5o parties de mercure, 3o parties d'eau, et 6 parties de fer; les sels solubles se dissolvent ; le chlorure d'argent est décomposé par le fer, et l'argent s'amalgame avec le mercure ; on presse fortement l'amalgame pour en séparer l'excès de mercure , et on le soumet à la distillation : le mercure se volatilise et l'argent reste. Si la mine renferme très-peu d'argent et beaucoup de gangue, on la mêle avec de la pyrite et on la fait fondre ; celle-ci entraîne l'argent et les autres métaux ; alors on la grille à plusieurs reprises pour en séparer le soufre ; on fait fondre de nouveau le produit avec de la mine, puis avec du plomb, et l'on obtient du plomb argentifère, dont on sépare l'argent par la cou- pellation. Exploitation des mines du Mexique et du Pérou. Ces mines sont le plus souvent formées d'argent natif, de chlorure d'argent, d'oxide d'argent, d'argent antimonial, de pyrites de cuivre et de fer , de silex, etc. On les réduit en poudre , et on les mêle avec deux centièmes et demi de sel marin ; on abandonne le mélange à lui-même ,• et au bout de quelques jours on y ajoute de la chaux : on ne sait pas trop ce qui se passe dans cette opération ; on incorpore le mélange avec du mercure, qui s'amalgame avec l'argent DES MÉTAUX DE LA SIXIÈME CLASSE. 525 et se précipite ; on traite par l'eau pour dissoudre toutes les matières solubles, et on distille l'amalgame pour en avoir l'argent : ce n'est guère qu'au bout de plusieurs mois que cette opération est terminée. Or. — Exploitation de l'or mêlé avec du sable ou avec une gangue. Lorsque la mine est réduite en poudre, on la lave sur des planches inclinées : l'or, beaucoup plus pesant, reste, tandis que les parties terreuses sont entraînées ; on l'amalgame avec du mercure pour le séparer d'un peu de sable , et on distille l'amalgame pour en volatiliser le mercure. Exploitation des sulfures aurifères. i°. On les grille suffisamment pour en séparer le soufre , et on les fait fondre avec du plomb d'oeuvre; puis on soumet l'alliage à la coupellation ; cependant , l'or que l'on obtient peut contenir du fer , de l'étain et de l'argent. On en sépare le fer et l'étain en le faisant fondre avec du nitre , qui oxide ces deux métaux sans altérer l'or ni l'argent. Nous dirons tout-à-1'heure comment on le prive de ce dernier métal. 2°. Procédé d'amalgamation. Si le sulfure est riche en or , on le traite directement par le mercure, et on distille l'a- malgame ; s'il n'en renferme que très-peu, on est obligé de le griller avant de l'amalgamer avec le mercure. Si l'or obtenu par l'un ou l'autre de ces procédés con- tient de l'argent, on doit l'en priver : supposons qu'il en renferme 3 parties sur 4 ; on le fait bouillir pendant demi-heure avec un poids égal au sien d'acide nitrique à 25° ; on décante et on traite le résidu par une égale quantité du même acide; il se forme du nitrate d'argent soluble, tandis que l'or n'est pas attaqué; mais comme tout l'argent peut ne pas avoir été dissous, on fait encore bouillir l'or avec le double de son poids d'acide sulfurique con- centré , qui enlève les dernières portions d'argent^ ensuite on précipite l'argent 4u nitrate et du sulfate, en le chauffant 526 PREMIÈRE PARTIE. avec des lames de cuivre , et en ayant la précaution de dé- composer le sulfate acide dans des vases de plomb : le nitrate peut être chauffé dans des vases de bois. Si l'or ne contient pas les ~ de son poids d'argent, on est obligé, avant de le traiter par l'acide nitrique, de le fondre avec assez d'argent pour que les proportions de mé- lange soient dans ce rapport : sans cela l'argent ne serait pas entièrement dissous. Osmium, iridium, platine, palladium et rhodium. Ja mine de platine renferme , i ° du platine, du rhodium , du palladium, du cuivre , du plomb, du mercure, du fer, du soufre, de l'osmium, de l'iridium, du chrome et du titane. On la traite par cinq ou six fois son poids d'un mélange fait avec 3 parties d'acide hydro-chlorique et une partie d'acide nitrique (eau régale); on obtient une dissolution brune jaunâtre , que l'on décante; on fait bouillir la mine à plu- sieurs reprises avec une nouvelle quantité d'eau régale , jus- qu'à ce qu'il n'y ait plus d'action : dans cette expérience le soufre est acidifié, la majeure partie des métaux est oxidée, et plusieurs d'entre eux dissous ; il reste au fond de la cornue une poudre. La dissolution A renferme des sels de platine j de rhodium, de palladium , de cuivre, de plomb, de mercure, de fer, d'un peu d'iridium et d'os- mium; elle contient en outre de l'acide sulfurique-, le ré- sidu noir pulvérulent B est formé d'iridium , d'osmium,' de sable, d'un peu d'alumine, d'oxide de fer , d*oxide de chrome et d'oxide de titane ; ces trois derniers sont unis entre eux , et ne se dissolvent pas dans l'eau régale j enfin, le liquide C, condensé dans le récipient, renferme, d'après les expériences de- M. Laugier, beaucoup d'acide et une certaine quantité d'osmium. Examen du résidu B. On le chauffe dans une cornue avec deux fois son poids de nitrate de potasse ; lorsque celui-ci est entièrement décomposé , le résidu se trouve DES MÉTAUX DE LA SIXIÈME CLASSE. 5^7 formé de potasse, d'acide chromique, d'oxide d'osmium, d'oxide d'iridium, d'oxide de fer et d'oxide de titane, de silice, et d'un peu d'alumine ; on le traite par de l'eau tiède, et l'on obtient (i) une dissolution D, formée de potasse, d'acide chromique, d'oxide d'osmium, d'un peu d'oxide d'iridium, d'oxide de titane, d'oxide de fer, d'alumine et de silice ; et un résidu R composé d'oxide de fer, d'oxide de titane, d'oxide d'iridium, et d'un peu de silice. On verse dans la dissolution D assez d'acide niirïque pour saturer la potasse, et l'on en précipite des flocons verts qui sont formés par l'oxide d'iridium, l'oxide de titane, l'oxide de fer, l'alumine, la silice, et quelquefois par un peu d'oxide de chrome ; la liqueur jaune contient du chromate etdu ni- trate de potasse et de l'oxide d'osmium ; on la filtre ; on en sature l'excès de potasse par un peu d'acide nitrique et on la distille ; parce moyen, l'oxide d'osmium se volatilise avec l'eau, et peut être recueilli dans un récipient entouré de glace ; on le mêle avec un peu d'acide hydro-chlorique, et on en sépare l'osmium au moyen d'une lame de zinc, qui s'empare de l'oxigène de l'oxide d'osmium : on lave le métal et on le fait fondre. Pour obtenir l'iridium, on met en con- tact , pendant plusieurs jours, le résidu R avec un excès d'acide hydro-chlorique étendu de la moitié de son poids d'eau, et l'on obtient une liqueur d'un vert foncé L, et un résidu bleuâtre T. Ce résidu, traité à plusieurs reprises par le nitrate de potasse, finit par se dissoudre entièrement dans l'acide hydro - chlorique froid , ce qui augmente la quantité de liqueur verte Z. CeA liqueur est composée d'hydro-chlorate de fer, de titane et d'iridium. On la fait bouillir pendant long-temps avec de l'acide nitrique ; on l'étend de beaucoup d'eau, et on la neutralise par l'am- (i) Une portion d'oxide d'osmium s'est volatilisée et con- densée dans le récipient. 5ï8 PREMIÈRE PARTIE. moniaque ; alors on la fait bouillir, et l'on obtient un pré- cipité d'oxide de titane et d'un peu d oxide de fer ; on lave bien le précipité, on rapproche les liqueurs par l'éva- poration , et on les traite par une dissolution d'hydro- chlorate d'ammoniaque , qui y forme un précipité noir cristallin d'hydro - chlorate d'ammoniaque et d'iridium , qu'il suffit de laver et de calciner pour en avoir l'iridium pur, car l'hydro-chlorate d'ammoniaque se dégage avec l'oxigène et l'acide hydro-chlorique, qui étaient combinés avec le métal. La liqueur alors contient de l'hydro-chlorate de fer , de titane, et une certaine quantité d'hydro-chlo- rate d'iridium qui n'a pas été entièrement précipité ; on l'étend de beaucoup d'eau ; on y verse de l'ammoniaque, et l'on en sépare sur-le-champ les oxides de fer et de titane ; on la filtre, et, par l'évaporation, on obtient l'hydro-chlo- rate d'ammoniaque et d'iridium, que l'on calcine pour avoir une nouvelle portion d'iridium. La dissolution A , contenant le platine , le palladium, le rhodium et plusieurs autres métaux ( pag. 526 ), doit être évaporée et concentrée pour en chasser l'excès d'acide ; on l'étend de dix fois son poids d'eau, et l'on y verse un excès de dissolution concentrée d'hydro-chlorate d'ammo- niaque : il se produit sur-le-champ un précipité jaune d'hydro-chlorate d'ammoniaque et de platine, que l'on lave et que l'on chauffe jusqu'au rouge, pour en volatiliser le sel ammoniac, l'acide hydro-chlorique et l'oxigène, et l'on obtient le platine sous la forme d'une masse spongieuse. Il suffit d'allier cette mjfee avec ^ d'arsenic, et de la ehauf- fer ensuite graduellement jusqu'au rouge blanc , avec le contact de l'air, pour avoir le platine en lingots ; l'arsenic que l'on a employé pour rendre le platine fusible, passe à l'état d'oxide et se volatilise. La dissolution A, dont on a séparé le platine, renferme beaucoup de métaux, parmi lesquels se trouvent le palla- DES MÉTAUX DE LA SIXIÈME CLASSE. 5lQ dïum et le rhodium, et même une certaine quantité de platine. On y plonge des lames de fer, et l'on obtient un précipité noir composé de fer, de cuivre, de plomb, de mercure, de palladium, d'iridium, de rhodium, d'osmium, et de platine : ces cinq derniers métaux paraissent être com- binés et oxides. On le traite à froid par l'acide nitrique, qui dissout dufer, du cuivre, duplomb, du mercure et un peu de palladium ; le résidu est mis en contact avec l'acide hydro- chlorique à la température ordinaire, qui dissout beaucoup de fer, du cuivre, un peu de palladium, de platine et de rho- dium ;on recommence le traitement par l'acide nitrique et par l'acide hydro-chlorique, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'ac- tion ; le résidu contient la majeure partie du rhodium, et du palladium, du platine, de l'iridium , du chlorure de mer- cure , du mercure, du chlorure de cuivre, dufer et du cuivre. On le lave, et on le fait dessécher fortement; il se volatilise du mercure, du chlorure de cuivre, du chlorure de mercure, et peut-être un peu d'oxide d'osmium ; on le fait chauffer à deux reprises différentes avec de l'eau régale concentrée ? qui en dissout la majeure partie; la portion non dissoute contient beaucoup d'iridium. La liqueur obtenue avec l'eau régale qui renferme du pla- tine , du rhodium, du palladium , de l'iridium, du fer et du cuivre, est évaporée j usqu'en consistance de sirop, étendue de dix fois son poids d'eau, et précipitée par une dissolution concentrée d'hydro-chlorate d'ammoniaque afin d'en pré- cipiter du platine à l'état d'hydro-chlorate double ; on la fil- tre , et on l'évaporé de nouveau presque jusqu'à siccité ; on l'étend d'eau, et il se sépare encore une portion du même sel, coloré en rouge-grenade par un peu d'hydro-chlorate d'iri- dium. Cette liqueur, privée de tout le platine, est rendue acide par un peu d'acide hydro-chlorique ; alors on la sa* lure par l'ammoniaque, et l'on voit paraître un précipita cristallin, brillant, d'un beau rose, formé par le sous-hydjo- 34 53o P R E M I É R E P A R TI E. chlorate de palladium, qu'il suffit de laver et de calciner pour en extraire le métal. La dissolution ainsi précipitée , et qui contient encore le rhodium et les autres métaux dont nous avons parlé, est évaporée jusqu'à ce qu'elle puisse cristalliser par refroidis- sement; on égoutte les cristaux, et on les traite à plusieurs reprises par l'alcool à 36°, qui dissout les hydro-chlo- rates de fer, de cuivre et de palladium non séparés , et il reste une poudre rouge qui est de l'hydro-chlorate de rhodium ammoniacal; on le dissout dans une petite quan- tité d'eau et d'acide hydro-chlorique, pour le séparer d'un peu d'hydro-chlorate d'ammoniaque et de platine qu'il peut contenir ; on fait évaporer la dissolution, et on la chauffe jusqu'au rouge pour en avoir le rhodium. Le pro- cédé dont nous venons d'exposer les détails appartient à M. Vauquelin. Il en existe un autre de M. Wollaston, à l'aide duquel on peut aussi se procurer très-bien ces divers métaux : il diffère beaucoup du précédent. ( Voyez Ann. de Chimie. ) La liqueur C condensée dans le récipient renferme beaucoup d'acide et de l'oxide d'osmium; on sature l'acide par un lait de chaux, et on soumet le mélange à la distilla- lion: l'oxide d'osmium se volatilise. ( M. Laugier.) Des Oxides de la première classe. Oxide de silicium (silice). On introduit dans un creu- set une partie de sable ou de cailloux bien pulvérisés , et 3 parties de potasse ; on chauffe graduellement le mélange jusqu'au rouge ; la potasse fond, perd son eau, se bour- souffle, et se combine avec la silice. Lorsque la fusion est opérée, ou du moins que la niasse est en pâte molle, on la coule et on la laisse refroidir dans un vase de cuivre ou d'ar- gent. On la traite dans une capsule par quatre ou cinq fois son poids d'eau , dont on élève la température ; on filtre la DES OXIDES DE LA PREMIÈRE CLASSE. 531 dissolution , à laquelle on donnait autrefois le nom de //- queur de cailloux ( potasse silicée ) ; on y verse assez d'a- cidé sulfurique , hydro-chlorique ou nitrique , pour satu- rer la potasse, et l'on obtient un précipité gélatineux de silice ; on décante la dissolution saline formée , et on lave le dépôt que l'on fait dessécher. Si la dissolution était trop étendue , et que la silice ne fût pas précipitée par l'acide , il faudrait la concentrer par l'évaporation. Oxide de zirconium ( zircone ). On prend du zircon passé au tamis, et on le fait chauffer jusqu'au rouge avec trois ou quatre fois son poids de potasse caustique, dans un creuset de platine; au bout de trois quart-d'heures, on délaie le produit dans dix ou douze fois son poids d'eau , et on y verse assez d'acide hydro-chlorique pour le dissoudre en entier : cette dissolution renferme des hydro-chlorates de potasse, de zircone, de fer et de silice ; en effet le zircon donne à l'analyse 65 de zircone, 33 de silice, et i d'oxide de fer (Klaproth et Vauquelin ) ; il ne peut être dissous par les acides qu'après avoir été divisé par la potasse ou par une autre substance analogue. On fait évaporer la dissolution jusqu'en consistance de gelée ; l'hydro-chlorate de silice se décompose, la silice se précipite, tandis que l'acide se volatilise ; on traite de nouveau par l'eau, on filtre , et l'on obtient une dissolution formée des hydro-chlorates de po- tasse , de zircone et de fer ; on y verse peu à peu de l'hy- dro-sulfate sulfuré d'ammoniaque pour en précipiter seu- lement le fer àl'état d'hydro-sulfate noir; on a soin de nepas employer un excès de ce réactif', car il précipiterait aussi la zircone; on cesse d'en ajouter lorsque le dépôt n'est plus noir ; alors on filtre la dissolution , et on en précipite la zircone par l'ammoniaque, qui s'empare de l'acide de l'hydro-chlorate de zircone; on la lave pour la dessé- cher, etc. Oxide d'aluminium (alumine). On verse un excès 532 PREMIÈRE PARTIE. d'ammoniaque dans une dissolution de sulfate acide d'alu- mine et de potasse (alun); le sulfate d'alumine seul est décomposé, et l'alumine se précipite; on la lave à plu- sieurs reprises pour dissoudre les sulfates d'ammoniaque et de potasse, et on la dessèche. Oxide d'yttrium (ytlria). On fait bouillir dans une fiole une partie à'ytierbite pulvérisée, avec 4 ou 5 parties d'acide nitrique un peu étendu d'eau, et l'on obtient des nitrates d'yttria, de chaux, de manganèse et de fer solubles; tandis qu'il reste de la silice et de l'oxide de fer qui n'ont pas été dissous. L'ytterbite renferme en effet ces diffé- rens oxides. On décaute la liqueur, on l'étend d'eau pour la filtrer, puis on la mêle avec les, eaux de lavage du résidu. On la dessèche par l'évaporation pour en séparer l'excès d'acide nitrique, et on traite la masse par l'eau, qui dissout les nitrates d'yttria, de chaux , de manganèse, et la portion de nitrate de fer non décomposée par l'action de la chaleur ; on filtre et on verse dans la dissolution un grand excès de sous-carbonate d'ammoniaque qui préci- pite la chaux , le manganèse et le fer à l'état de sous-car-r bonates ; tandis qu'il reste dans la liqueur du nitrate d'am- moniaque et du sous-carbonate d'yttria dissous par l'excès de sous-carbonate d'ammoniaque ; on filtre et on fait bouil- lir la dissolution ; le sous-carbonate d'yttria ne tarde pas à se précipiter à mesure que le sous-carbonate d'ammo- niaque se volatilise; on lave le précipité; on le dessèche et on le fait rougir dans un creuset pour en dégager l'acide carbonique et avoir l'yttria! pure. On ferait encore les mêmes opérations si l'ytterbite contenait de la glucine, excepté qu'il faudrait séparer le sous-carbonate de glucine du sous-carbonate d'yttria par une dissolution de potasse qui ne peut dissoudre que le premier. Oxide de glucinium (glucine). On l'extrait du béril ou DES OXIITES DE LA DEUXIÈME CLASSE. 533 aigue-marine ; celui de Limoges est formé, d'après M. Vau- quelin, de 69 de silice, 16 de glucine, r3 d'alumine, o,5 de chaux, i d'oxide de fer; on le traite par la potasse , l'eau et l'acide hydro-chlorique , comme nous l'avons dit en parlant du zircon; on évapore les hydro-chlorates pour en précipiter la silice en gelée ; on traite la masse par l'eau, et on filtre la dissolution composée des hydro- chlorates de glucine, d'alumine, de chaux et de fer so-, lubies, on y verse un excès de sous-carbonate d'ammoniaque qui agit sur elle comme sur la dissolution d'yttria , en sorte que l'on obtient la glucine en suivant le même procédé. Oxide de magnésium (magnésie). On fait bouillir pen- dant demi-heure une dissolution étendue de sulfate de magnésie avec du carbonate de potasse pur, et l'on ob- tient un précipité blanc de sous-carbonate de magnésie, qu'il suffit de laver et de calciner dans un creuset pour en avoir la magnésie. On emploie le plus souvent le sous- carbonate de potasse du commerce, et l'on agit à froid ; mais la magnésie obtenue par ce procédé n'est pas aussi pure. Des Oxides de la seconde classe. Oxide de calcium (chaux). On fait chauffer dans un creuset du marbre blanc (carbonate de chaux); au bout d'une heure ou deux, si la chaleur a été assez forte, on obtient de la chaux pure, car tout le gaz acide carbonique s'est dégagé. Une petite quantité d'eau favorise singuliè- rement celte décomposition, à raison de la tendance qu'elle a à s'unir avec la chaux. Pour se procurer la chaux engrand, on chauffe la pierre à chaux (carbonatej dans des fourneaux d'une forme particulière, en employant de préférence le bois vert et humide, qui fournit plus d'eau que celui qui est sec : les phénomènes chimiques sont absolument les mêmes. Il est important de ne pas trop chauffer la pierre 534 PREMIÈRE PARTIE. lorsqu'elle contient de la silice, car il se formerait une espèce de frite, et la chaux ne serait plus propre aux cons- tructions ; il faut cependant la calciner assez pour lui faire perdre tout l'acide carbonique-qu'elle renferme. Oxide de strontium et Protoxide de barium (stron- tiane et baryte ). On fait rougir dans un creuset de platine du nitrate de strontiane ou de baryte purs. (Voyez Prépa- ration de ces nitrates.) Ces sels fondent; leur acide se décompose en oxigène et en acide nitreux , et il ne reste que la baryte ou la strontiane sous forme d'une masse poreuse ; on les retire et on les conserve dans des flacons bouchés à l'émeri. Si on faisait l'opération dans un creu- set'de Hesse, ses parois seraient attaquées, et il faudrait ïe'casser et faire bouillir les fragmens avec de l'eau dis- tillée pour dissoudre au moins une partie de l'oxide qui y est fortement attaché. Deutoxide de barium. On peut se le procurer en chauffant le protoxide avec du gaz oxi- gène renfermé dans une cloche courbe, disposée sur la cuve à mercure. Protoxides de potassium et de sodium. On met en con- tact avec le gaz oxigène des lames minces de potassium ou de sodium à la température ordinaire; ces métaux sont transformés eu protoxide lorsque le poids du métal est augmenté d'un dixième. Deutoxides de potassium et de sodium. On les obtient en faisant agir le gaz oxigène desséché sur le métal : celui-ci passe d'abord à l'état de protoxide, et se transforme ensuite en deutoxide ; on doit éviter d'employer l'air , qui contient toujours de l'acide carbonique. Deutoxides de potassium et de sodium contenant de Veau (potasse et soude). On prépare la potasse en pro- jetant dans une bassine de fonte presque rouge un mélange pulvérulent fait avec une partie de nitrate de potasse et deux parties de tartre (tartrate acidulé de potasse); ces DES OXIDES DE LA DEUXIÈME CLASSE. 535 deux sels se décomposent avec dégagement de calorique et de lumière, et il y a formation d'eau, d'acide carbonique, de gaz azote, etc. Le résidu blanc est du sous-carbonate de potasse , contenant peut-être un peU de tartrate ou de nitrate de potasse. Dans cette expérience l'oxigène de Vacide nitrique se combine avec l'hydrogène et le carbone de l'acide tartarique, et la potasse des deux sels s'unit à l'acide carbonique provenant de l'action de l'oxigène sur le carbone. ( Voyez Tartrate acide de potasse , tome IL ) On fait bouillir ce sous - carbonate de potasse avec un poids de chaux vive égal au sien, et 12 ou i5 parties d'eau; il se forme du sous-carbonate de chaux insoluble, et la potasse reste en dissolution ; on filtre à travers une toile, et on fait bouillir le précipité qui reste sur le filtre avec une nouvelle quantité d'eau, afin de dissoudre toute la potasse. Dans cet état, la liqueur ne doit pas ou presque pas précipiter par l'eau de chaux ; si elle précipite, on doit la faire bouillir de nouveau avec de la chaux, pour en séparer tout l'acide carbonique ; alors on la fait évaporer à grand feu jusqu'en consistance de sirop ; on la laisse refroidir jusqu'à ce qu'elle soit à 5o° ou 6o° , et on l'agite avec trois ou quatre fois son poids d'alcool à 33°, qui ne dissout que la potasse pure. On enferme cette dissolution dans des flacons , où elle reste pendant quelques jours , afin de laisser déposer les matières insolubles quelle peut contenir ; ces opérations doivent être faites avec prompti- tude, pour que la potasse n'absorbe pas l'acide carbonique de l'air. On décante , au moyen d'un siphon rempli d'es- prit-de-vin , l'alcool potassé, et on le fait chauffer dans une cornue de verre , à laquelle on adapte un récipient tubulé que l'on a soin de refroidir ; l'alcool se volatilise , vient se condenser dans le récipient, et la liqueur se concentre ; lorsqu'elle est réduite à-peu-près au quart de son volume primitif, on la fait évaporer à grand feu dans une bassin* 536 PREMIÈRE PARTIE. d'argent pour la dessécher, la fondre et la couler dans une autre bassine du même métal ou de cuivre, bien sèche ; on la concasse, et on la renferme sur-le-champ dans des fla- cons bouchés à l'émeri. Si, comme on le fait habituellement, on se sert de potasse du commerce , composée de sous-carbonate de potasse, de sulfate, d'hydro-chlorate de potasse, de silice r d'oxides de fer et de manganèse, et quelauefois d'un peu de sous-carbonate de soude, on doit la soumettre aux mêmes opérations; on la fait dissoudre dans de l'eau, et on la traite par la chaux, qui ne lui enlève que l'acide carbo- nique , en sorte que le liquide provenant de ce traitement est formé de potasse et des autres produits que nous venons de nommer. Ce liquide fournit, par l'évaporation, la pierre ii cautère, dont on extrait de la potasse pure au moyen de l'alcool : à la vérité cette potasse contiendrait de la soude si le sous-carbonate du commerce renfermait du sous-car- fconate de soude. On prépare la soude en faisant subir les mêmes opérations au sous-carbonate de soude que l'on trouve dans le commerce. Tritoxides de potassium et de sodium. On obtient ces oxides en faisant chauffer le métal avec un excès de gaz oxigène pur, dans une cloche courbe et sur le mercure. Verre. On prépare le verre en chauffant fortement du sable blanc ou coloré avec des matières alcalines qui ,commenous l'avons dit, sont très-fusibles ,• ensorte que l'on doit regarder ce produit comme un composé de silice et d'un ou de deux alcalis ; il entre aussi quelquefois dans sa composition du protoxide de plomb, de l'oxide de manganèse, etc. On trouvera des détails sur les opérations mécaniques qui constituent l'art de la verrerie dans le Traité de M. Loisel; nous nous bornerons ici à indiquer, d'après cet auteur , les proportions des matériaux propres à fournir les prin- cipales variétés de verre. DU VERRE. 537 Glaces de Saint-Gobin. Sable blanc, 100 parties ; chaux éteinte à l'air , 12 parties; sel de soude calciné contenant beaucoup de sous-carbonate de soude, 45 à 48 parties ; calcin, ou rognures de verre de la même qualité que les glaces, 100 parties : on ajoute quelquefois o,25 de peroxide de manganèse pour enlever au verre la couleur jaune qu'il. peut avoir. Glaces communes. Sable, 100 parties; soude brute pul- vérisée , 100 parties; rognures ou calcin , 100 parties; peroxide de manganèse, o,5 à 1. • Verre à bouteilles. Sable, 100 parties; soude brute de vareck , 200 parties ; cendres neuves, 5o parties; cassons? de bouteilles, 100 parties. Verre de cristal ou flint-glass. Sable blanc, 100 par- ties ; minium (deutoxide de plomb), 80 à 85 parties ; po- tasse du commerce calcinée et un peu aérée, 35 à 4o par- ties; nitre de première cuite. 2 à 3 parties; peroxide de manganèse, 0,06: on ajoute aussi quelquefois, oxide blanc d'arsenic, o,o5 à 0,1 ; ou bien la même quantité de sul- fure d'antimoine. Verres colorés. L'art d'obtenir les verres colorés consiste à mêler avec les matières qui constituent le verre ordi- naire , une très-petite quantité d'un oxide métallique co- loré : ainsi les oxides de cobalt colorent en bleu , le peroxide de manganèse en violet , le pourpre de Cassius uni au peroxide de manganèse, en rouge ; l'oxide de chrome en vert : on obtient aussi une nuance verte avec un mélange d'oxide de cobalt et de chlorure d'argent ou de verre d'antimoine, ou bien encore avec un mélange d'oxide de fer et d'oxide de cuivre, etc. Azur. Nous avons dit, à l'article Cobalt, que l'azur est un verre bleu pulvérisé, composé de silice, de potasse et de protoxide de cobalt : pour l'obtenir , on grille la mine de cobalt réduite en poudre et séparée des matières 538 PREMIÈRE PARTIE. terreuses. Cette mine est le plus souvent formée de cobalt, de fer , de soufre et d'arsenic. Par le grillage ces deux dernières substances se transforment en gaz acide sulfureux et en deutoxide d'arsenic qui se volatilisent ; le fer et le cobalt passent à l'état d'oxide; on les fait fondre avec 3 parties de potasse et autant de sable pur, et l'on ne tarde- pas à obtenir un verre bleu connu sous le nom de smalt. On le met dans l'eau froide lorsqu'il est encore chaud, et on le broie entre deux meules ; ainsi broyé, il est agité dans des tonneaux remplis d'eau; on décante le liquide trouble, et il se dépose une poudre que l'on désigne sous le nom d'azur. Il est évident que ce produit sera d'au- tant plus fin que le liquide aura été décanté plus tard ; car alors les parties les plus pesantes auront eu le temps de se précipiter au fond des tonneaux. L'azur est d'autant plus bleu qu'il contient plus d'oxide de cobalt et moins d'oxide de fer. Emaux. On donne le nom d'émail à des produits vi- trifiés , transparens ou opaques , incolores ou colorés , for- més principalement par le protoxide de plomb ; ceux qui sont opaques contiennent de l'oxide d'étain ; ceux qui sont colorés renferment un oxidemétalliquecoloré. Email blanc. On fait chauffer, avec le contact de l'air , ioo parties de plomb et 15 à 4© parties d'étain ; lorsque ces métaux sont transformés en oxides , on fait fondre dans un four de faïence ioq parties du produit avec 25 ou 3o parties de sel com- mun, 75 parties de sable et 25 parties de talc (Clouet). Or* s'en sert pour vernir la faïence, etc. Poterie. On donne le nom de poterie à tous les vasea faits de terre argileuse cuite. Toutes les poteries sont es- sentiellement formées dTalumine et de silice;quelques-unes d'entre elles contiennent de la chaux et du fer oxidé. Nous plions jeter un coup-d'œil sur les diverses préparations gé- nérales que l'on fait subir aux terres à poterie lorsqu'on DE LA POTERIE. 53q veut en faire des vases. i°. On les lave pour en séparer les parties grossières, et surtout l'excès de silice. 2°. On les mêle avec diverses espèces de terres ou de cimens pour en faire une pâte. 3°. On laisse macérer la pâte; on la broyé, on la corroie, c'est-à-dire, on l'étend en la com- primant et en la repliant sur elle-même plusieurs fois pour lui donner du liant et de l'homogénéité, 4°- On fait les pièces. 5°. On les cuit pour les rendre plus denses et plus dures. 6°. On recouvre la plupart d^entre elles d'une cou- verte que l'on appelle vernis, et qui n'est autre chose qu un verre métallique ou terreux, coloré ou incolore, transparent ou opaque, et très-fusible. Nous allons suivre, dans l'exposition des particularités sur l'art du potier, le travail de M. Brongniart, directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Ce savant divise* les poteries en deux classes : les faïences et les porcelaines. Les premières sont les poteries proprement dites, les terres de pipe et les grès; les secondes sont les porcelaines dures et tendres. Faïence. Le caractère distinctif des faïences est d'avoir une pâte toujours opaque et de se cuire convenablement sans éprouver de ramollissement. Cette classe comprend la faïence fine, appelée aussi terre de pipe, les creusets, les poteries rouges , les alcarazas ou vases à rafraîchir, les faïences communes et les grès. La terre de pipe est com- posée d'une argile liante, infusible, exempte de fer, ordi- nairement incolore, et de silex noir ( pyromaque ) broyé. Après avoir bien lavé ces deux matières , on fait une pâte avec un mélange de 4 parties d'argile et d'une partie de silex; on la fait sécher en la chauffant ou en la mettant dans des moules de plâtre bien sec qui a la faculté d'ab- sorber l'humidité; on la pétrit fortement en faisant mar- cher dessus des ouvriers à pieds nus, puis en agissant comme* pour la pâte de farine; cm l'abandonne pendant 54o PREMIÈRE PARTIE. plusieurs mois dans des caves humides, où elle s'altère, noircit et répand une odeur fétide. Ces opérations étant faites, on la façonne et on la cuit dans un four, en la faisant chauffer pendant 4o heures environ ; on recouvre la pièce cuite d'un vernis composé de minium, ou plutôt de sulfure de plomb, de silice et d'un alcali fixe; pour cela on fait fondre, dans le four à poterie, les matériaux qui composent ce vernis; on le pulvérise très-finement et on le met dans de l'eau où il est suspendu à l'aide du mouvement et d'un peu d'argile; alors on plonge dans ce liquide trouble la pièce cuite , qui, étant poreuse, absorbe l'eau et une portion du vernis pulvérisé ; on la retire de l'eau et on la reporte au feu pour faire fondre le vernis. Les creusets de H esse sont formés de 2 parties de sable d'une moyenne grosseur, et d'une partie d'argile; ils ré- sistent très-bien aux changemens de température et sont ïnfusibles; cependant ils sont attaqués et dissous par les verres de plomb. On fait aussi des creusets avec 2 parties d'argile pure et une partie de ciment très-cuit de cette même argile; ils résistent beaucoup plus à l'action des verres alcalins, à la fusion desquels ils servent. Les poteries rouges sont les petits pots à fleurs, les terrines et autres poteries communes, les vases étrusques, etc. Elles sont formées d'une argile ferrugineuse, lavée, broyée, et dé- graissée par une quantité suffisante de sable ou de ciment de cette même poterie. Lorsqu'elles sont destinées à conte- nir de l'eau, on les enduit intérieurement d'une couverte de verre de plomb pour que le liquide ne passe pas à travers leurs pores ; on applique souvent sur leur surface externe des couleurs métalliques, qu'il suffit de faire fondre. Alcarazas, ou vases à rafraîchir. On les pré- pare avec une argile rendue poreuse et perméable par une grande quantité de sable, ou par une très-légère cuisson ; le sel commun n'est pas nécessaire ; le degré de chaleur DES OXIDES DE LA TROISIÈME CLASSE.' 541 convenable pour les cuire n'est même pas suffisant pour volatiliser ce sel. Les faïences communes sont composées de 3 parties d'une argile souvent ferrugineuse , quelque- fois calcaire, et de 2 parties d'un sable contenant de l'oxide de fer, un peu d'argile et quelquefois même de la chaux. La pâte qui constitue les pipes est la même que celle des faïences fines, mais elle est moins cuite et sans couverte. Les grès sont des faïences à pâte compacte, assez bien cuites pour n'être point rayées par le fer, et qui ne reçoivent pas ordinairement de couverte de plomb ( Bron- gniart ) ; ils sont formés d'une argile très-plastique et fine, peu ferrugineuse , contenant naturellement une assez grande quantité de sable fin, et ne renfermant presque point de chaux. Porcelaines. Le caractère essentiel des porcelaines est d'avoir une pâte qui se ramollit en cuisant et qui acquiert une certaine demi-transparence. On connaît deux espèces de porcelaine : l'une est dure,.l'autre est tendre; la pre- mière jouit des caractères que nous venons d'indiquer ; elle est formée de kaolin, espèce de sable argileux, infusible, conservant au plus grand feu sa couleur blanche ; et d'un fondant appelé pétunzé, sorte de roche feldspathique, quartzeuze, composée de silice et de chaux. La porcelaine tendre a une pâte plus vitreuse, plus transparente, plus fusible, mais moins dure et moins fragile ; elle est formée d'une frite vitreuse, rendue opaque et moins fusible par l'addition d'une argile marneuse très-calcinée ; son vernis est composé de silice, d'alcali et de plomb. ( Voy., pour les détails des diverses opérations, l'article Argile de M.Bron- gniart, Dictionnaire des Sciences naturelles, t. III. ) Des Oxides de la troisième classe. Protoxide de manganèse. On décompose la dissolu- tion de proto-sulfate ou de proto-hydro-chlorate de man- 54^ PREMIERE PARTIE. ganèse par la potasse, la soude ou l'ammoniaque; on lave l'oxide précipité avec de l'eau privée d'air , et on l'en- ferme dans des flacons bouchés à l'émeri. Deutoxide. On chauffe pendant une heure et jusqu'au rouge blanc, le tritoxide purifié; il se dégage du gaz oxigène, et il est ra- mené au deuxième degré d'oxidation. Tritoxide. On le trouve dans la nature , mais il n'est pas pur. On le prive du carbonate de fer et de chaux qu'il renferme presque toujours, en le faisant digérer pendant 20 ou 25 minutes avec de l'acide hydro-chlorique liquide étendu de son poids d'eau, qui décompose ces carbonates et dissout la chaux et le fer; on décante la dissolution et on lave le résidu. Oxide de zinc (fleurs de zinc). On fait fondre le métal dans un creuset ; il ne tarde pas à être oxidé par l'air et à donner des flocons blancs qui s'attachent aux parois du cieuset, et que l'on enlève avec une spatule à mesure qu'ils se forment. Protoxide de fer. On l'obtient en décomposant le proto-sulfate de fer par une dissolution de potasîe ou de soude , et en lavant le précipité avec de l'eau privée d'air. On doit l'enfermer dans des flacons bouchés à l'émeri. Deutoxide. Il se forme toutes les fois que la vapeur de l'eau est décomposée par le fer. Tritoxide. On l'obtient , i° en chauffant le fer jus- qu'au rouge cerise avec le contact de l'air ; 20 en décom- posant les trito-sels de fer par la potasse, et lavant le pré- cipité; 3° en traitant le fer par l'acide nitrique et décom- posant le nitrate par la chaleur ; 4° en décomposant le proto-sulfate de fer. ( Voyez § 344- ) Protoxide d'étain. On le précipite du proto-hydro- rhlorate d'étain par l'ammoniaque, et on le lave. Deutoxide. On le prépare en traitant l'étain en grenaille par l'acide nitrique bouillant ;ilse produit une vive effer- DES OXIDES DE LA QUATRIÈME CLASSE. 543 ve.scence et l'oxide est formé ; on le lave et on le fait sécher. Des Oxides de la quatrième classe. Oxide d'arsenic ( acide arsenieux ). Lorsqu'on grille les mines de cobalt arsenical, l'arsenic passe en partie à l'état d'oxide blanc volatil, qui se sublime ; mais comme cet oxide n'est pas pur, on le sublime de nouveau dans des cucurbites en fonte. Acide arsénique. On fait chauffer dans une cornue de verre, à laquelle on adapte une allonge et un récipient bitu- bulé , un mélange d'une partie d'oxide d'arsenic bien pul- vérisé , de 2 parties d'acide hydro-chlorique liquide con- centré , et de 4 parties d'acide nitrique à 34°. L'oxide qui, à raison de sa force de cohésion ^ n'enlèverait l'oxigène à l'acide nitrique qu'avec difficulté, se dissout dans l'acide hydro-chlorique, se divise, et peut alors être transformé en acide au moyen de l'oxigène de l'acide nitrique : aussi se dégage-t-il beaucoup de gaz nitreux. Lorsque la liqueur est presqu'en consistance sirupeuse, on la retire, et on con- tinue à l'évaporer dans une capsule de porcelaine : le produit solide que l'on obtient est l'acide arsénique. Oxide de chrome. On introduit du chromate de mer- cure dans une petite cornue de grès , dont le col se rend dans une allonge à l'extrémité de laquelle est attaché un petit nouet de linge qui plonge dans l'eau; on chauffe gra- duellement la cornue jusqu'au rouge; le sel se décompose, et l'on obtient de l'oxide de chrome fixe qui reste dans la cornue, du gaz oxigène qui se dégage , et du mercure qui se volatilise et se condense. Acide chromique. On fait dissoudre le chromate de baryte récemment préparé( voyez pag. 597) dans de l'acide nitrique faible, et on y verse peu à peu de l'acide sulfu- rique étendu d'eau ; il se forme un précipité de sulfate de 544 PREMIÈRE PARTIE. baryte ; on filtre, et on fait évaporer doucement la liqueur jusqu'à siccité ; l'eau et l'acide nilriquese volatilisent, tandis que l'acide chromique reste, pourvu qu'on ne chauffe pas assez pour le décomposer. On doit garder une portion de chromate de baryte pour s'en servir dans le cas où l'on aurait employé trop d'acide sulfurique, ce que l'on recon- naîtra au moyen d'un sel soluble de baryte, qui formera dans l'acide chromique un précipité blanc de sulfate de baryte, insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique. Oxidn de molybdène. On plonge une lame de zinc dans une dissolution d'acide molybdique ; celui ci cède au métal une portion de son oxigène, et l'oxide bleu se pré- cipite. Acide molybdique. On fait griller, à une douce cha- leur , le sulfure de molybdène pulvérisé ; on l'agite sou- vent afin de mettre toutes ses parties en contact avec l'air ; il se forme du gaz acide sulfureux qui se dégage, et de l'acide molybdique qui reste avec un peu de sulfure non décomposé ; on fait chauffer le résidu avec une dissolution de potasse ; le molybdate obtenu est décomposé par l'acide nitrique, sulfurique ou hydro-chlorique, qui s'emparent de la potasse et précipitent l'acide. Acide tungstique. On fait chauffer pendant deux heures une partie de wolfram pulvérisé et séparé de sa gangue (mine composée principalement d'acide tungstique, d'oxide de fer et d'oxide de manganèse), avec cinq ou six fois son poids d'acide hydro-chlorique liquide, qui dissout les oxides de fer et de manganèse , et laisse l'acide tungstique sous la forme d'une poudre jaune ; mais il est mêlé avec un peu de gangue et avec du wolfram non décomposé ; on le lave et on le fait dissoudre à froid dans l'ammoniaque ; on filtre et on évapore le tungstate qui a été produit ; lorsqu'il est sec , on le chauffe dans un creuset pour en volatiliser rammoniaque 5 et l'acide reste pur. DES OXIDES DE Là QUATRIÈME CLASSE. 545 Acide columbique. On fait fondre dans un creuset d'argent une partie de columbate de fer, de manganèse ou d'yttria (les seuls que l'on trouve dans la nature ) avec 2 parties de potasse. On dissoul dans l'eau bouillante le columbate de potasse qui en résulte; on le filtre, et on en précipite l'acide columbique au moyen de l'acide nitrique ; on lave l'acide précipité. Protoxide d'antimoine. On traite par l'eau le proto- hydro-chlorate d'antimoine solide, et l'on obtient un sur- hydro^chlorate soluble et un sous-hydro-chlorate blanc in- soluble ; on décompose celui-ci avec de l'ammoniaque, qui s'empare de tout l'acide hydro-chlorique, et laisse le protoxide , qu'il suffit de laver et de faire sécher pour l'avoir pur. Deutoxide ( fleurs d'antimoine ). On trans- forme l'antimoine en deutoxide en le chauffant avec le contact de l'air ; pour cela on introduit de l'antimoine dans un creuset long , que l'on recouvre d'un autre creuset à-peu-près de même capacité, et que l'on assujettit au moyen d'un lut argileux , en laissant pourtant une ouverture qui donne accès à l'air,* on place dans un fourneau à réverbère celui qui renferme l'antimoine, et on le dispose de manière qu'il fasse un angle de 45° avec Iç soi , et que* l'extrémité par laquelle il communique avec l'autre soit hors du fourneau d'environ un pouce; le fond du creuset supérieur doit être. percé d'un petit trou ; on fait fondre l'antimoine; l'oxide se forme, se réduit en vapeurs et se condense dans le creuset supérieur , que l'on peut faire communiquer encore avec un autre creuset qui se trouvera plus éloigné du foyer, et qui par conséquent favorisera la condensation. On peut encore obtenir ce deutoxide comme celui d'étain, en traitant l'antimoine par l'acide nitrique. Oxide d'urane. On le prépare en versant une dissolution de potasse ou de soude dans du nitrate d'urane, et en lavant l'oxide précipité. ï. 35 £46 PREMIÈRE PARTIE. Les deux oxides de cérium s'obtiennent en décomposant les proto ou les deuto-sels par l'ammoniaque , qui en pré- cipite l'oxide, et en lavant le précipité. Protoxide de cobalt. On se le procure en décomposant un sel de cobalt par la potasse ou par la soude. Deutoxide, On transforme le protoxide en deutoxide eu le faisant rou- gir dans un tàt exposé à l'air, jusqu'à ce qu'il soit noir. Oxide de titane. On le sépare des sels de titane par l'ammoniaque. Oxide de bismuth. 11 s'obtient de la même manière que Je protoxide d'antimoine. Protoxide de cuivre. Lorsqu'on met le proto-hydro- chlorate de cuivre blanc et insoluble, dans une dissolution de potasse ou de soude, on enlève l'acide au sel et le pro- toxide orangé est mis à nu; on décante la liqueur et on lave le précipité. Deutoxide. On le sépare d'un deuto-sel de cuivre par une dissolution de potasse ou de soude; on le lave et on le fait dessécher. Oxide de tellure. On agit de la même manière §ur un sel de tellure lorsqu'on veut en obtenir l'oxide. Protoxide de plomb (massicot). On le prépare, i° en chauffant le plomb avec le contact de l'air; 2° en ramenant par la chaleur le deutoxide à l'état de protoxide. Deutoxide ( minium ). On l'obtient aussi au moyen de l'air. On com- mence par fondre le plomb dans un fourneau à réverbère dont l'aire est concave ; lorsqu'il est à l'état de protoxide jaune, on le laisse refroidir, on le triture, et on l'agite dans des tonneaux avec une certaine quantité d'eau , afin d'en séparer les portions de plomb qui n'ont pas été oxidées ; le métal, plus pesant que l'oxide, ne tarde pas à se pré- cipiter , tandis que celui-ci reste suspendu dans l'eau ; on le ramasse, on le fait sécher et on le met de uouveau dans le four sous la forme de couches minces, afin qu'il pré- sente plus de surface ; on élève la température presque DES OXIDES DE LA CINQUIÈME CLASSE. 5f[J, jusqu'au rouge brun, etl'on obtient, au bout de 4o à 48heu- res , le deutoxide rouge; on le laissé refroidir et on le passe au tamis : cependant il n'est pas pur: il contient presque toujours un peu de protoxide de plomb, et assez sou- vent du deutoxide de cuivre ; on le traite par l'acide acétique affaibli, qui ne dissout, à l'aide d'une douce chaleur, que les deux oxides qui altèrent le minium. Tritoxide ( oxide puce). On le prépare en faisant chauffer le deutoxide avec 5 à 6 parties d'acide nitrique étendu de son poids d'eau ; il se forme du proto-nitrate de plomb soluble et du tritoxide qui reste au fond du matras, et qui doit être lavé avec de l'eau chaude (Voyez Minium, § 480 ). Des Oxides de la cinquième classe. L'oxide de nickel s'obtient comme le protoxide de cobalt. Protoxide de mercure. Cet oxide ne peut pas être obtenu , d'après les expériences de M. Guibourt. La poudre hoire que l'on sépare en décomposant un proto-sel de mercure par la potasse, est un mélange de deutoxide et de mercure très-divisé. Deutoxide. On le prépare, 1 ° en décomposant dans une fiole , à une chaleur voisine du rouge brun, du nitrate de mercure : on l'appelle, dans ee cas, précipité rouge : si l'on chauffait trop fortement on le transformerait en oxigène et en mercure ; i° en versant de la potasse, de la soude ou de la chaux dans une dissolution d'un deuto-sel de mercure; 3° en chauffant pendant 10, 12 ou 15 jours le mercure avec le con.act de l'air, et de manière à le faire entrer presqu'en ebullition. On donnait autrefois à l'oxide préparé par ce moyen le nom de pré- cipité per se, et celui d'enfer de Boyle au matras qui ren- fermait le métal. / Oxide d'osmium. On peut se le procurer, i° en chauf- fant jusqu'au rouge brun une cornue contenant un mélange T^O* PREMIÈRE PARTIE. de nitrate de potasse et d'osmium métallique ou du résidu noir et pulvérulent B dont nous avons parlé à l'article Extraction du plal!Ï«e( pag. 027 ) : ilse forme dans tous l«s cas de l'oxide d'osmium volatil ; 20 suivant M. Laugier, on peut se le procurer en saturant par un lait de chaux la ii- queur C, qui provient du traitement de la mine de platine et qui le renferme. ( Voyez pag. 53o. ) Des Oxides de la sixième classe. A l'aide des dissolutions de potasse ou de soude, on sépare l'oxide d'argent du nitrate, et les oxides de rhodium, de palladium et d'iridium des hydro-chlorates. L'eau de baryte précipite l'oxide d'or de l'hydro-chlorate, pourvu qu'on fasse chauffer le mélange ; enfin le protoxide et le deu- toxide de platine peuvent être obtenus, d'après M. Ber- zelius, le premier en traitant le sous-hydro-chlorate de protoxide de platine par un grand excès de potasse ou de soude, et le deutoxide, en décomposant le deuto-sulfate de platine par le sous-carbonate de potasse , et en ne re- cueillant que le premier précipité , car celui qui se forme en dernier lieu est un sulfate à base de poiasse et de platine. Des Phosphures métalliques. On ne peut pas employer le même procédé pour com- biner le phosphore avec tous les métaux susceptibles de former des phosphures. Il est cependant permis d'établir que presque tous les phosphures peuvent être obtenus en faisant fondre le métal s'il est facilement fusible, ou en le faisant - rougir s'il fond difficilement, et en le mettant en contact avec de petits fragmens de phosphore. En parlant de l'action de ce corps r>i.:r chaque métal en particulier, nous «vous eu soin d'indiquer les précautions qu'il faut prendre pour parvenir à ic combiner avec quelques-uns d'entre ni'5 SULFURES MÉTALLIQUES; 549 eux> tels que le zinc, le potassium, le sodium, le mer- cure et l'arsenic. (Voyez Action du phosphore sur ces mé- taux. ) Les métaux très-oxidables qui peuvent décomposer l'a- cide phosphorique vitreux, tels que le fer^ l'étain , le man- ganèse , etc., se transforment en phosphures et en phos- phates lorsqu'on les fait rougir avec cet acide dans un'creiir set deHesse;"le phosphure fond et forme un culot métal- lique , tandis que le phosphate reste à ta surface. Presque tous les métaux peuvent passer à l'état de phos- phure lorsqu'on les chauffe fortement avec de l'acide phos- phorique vitrifié et du charbon , car celui-ci s'empare de l'oxigène de l'acide, et met le phosphore à nu. Des Phosphures de chaux, de baryte et de strontiane. On met au fond d'un tube de verre recouvert d'un lut ar- gileux et fermé par un bout, environ un gros de phosphore coupé en petits morceaux, et par-dessus 2 ou 3 gros de chaux, de baryte ou de strontiane finement pulvérisées; on dispose le tube dans un fourneau de manière à en faire passer l'extrémité inférieure d'environ un pouce à travers la grille; on met quelques charbons rouges autour de la partie du tube qui contient l'oxide, et on élève la température jusqu'à le faire rougir ; alors on réduitle phosphore en vapeuràl'aide d'autres cliarbons dont on entoure la partie inférieure du tube qui est au-dessous de la grille ; le phosphore traverse l'oxide, se combine avec lui et forme le phosphure dont nous parlons : l'excès de phosphore se répand dans l'air, en absorbe l'oxigène et produit une flamme très éclatan|p. Des Sulfures métalliques. On peut les obtenir, i° en faisant fondre le métal dans un creuset s'il est facilement fusible, et en y ajoutant du 550 PREMIÈRE PART? P. soufre , et s'il ne fond que difficilement , en projetant dans un creuset rouge un mélange de soufre et du métal pul- vérisé: dans tous les cas, il faut continuer à chauffer pen- dant quelque temps. On opère dans des vaisseaux fermés si le métal est très - oxidable, par exemple, si on agit sur le potassium ou sur le sodium. 2°. On peut faire les sulfures des métaux des quatre dernières classes en expo- sant à une température élevée leurs oxides mêlés avec du soufre; l'oxigène se porte sur une portion du soufre pour former de l'acide sulfureux qui se dégage , et le métal se combine avec l'autre portion de soufre. 3°. On obtient un assez grand nombre de sulfures métalliques , formés par les métaux des trois dernières classes, en décomposant leurs dissolutions par les hydro-sulfates solubles de potasse, de soude et d'ammoniaque, et quelquefois même par l'acide hydro-sulfurique. (\oy. Hydro-sulfates, page 208. ) Les sulfures de potassium et de sodium se préparent par le premier procédé , ou bien en faisant chauffer les métaux avec du gaz acide hydro-sulfurique ; ils s'emparent, dans ce cas, du soufre et mettentl'hydrogène à nu. Sulfurede man- ganèse : par le deuxième procédé , en chauffant le peroxide de manganèse avec du soufre. Sulfures dezincet de fer : par le premier et par le deuxième procédés. Proto-sulfure d'étain : parle premier procédé. Deuto-sulfure d'étain (ormussif); On l'obtient, i° par le deuxième procédé; 20 en chauffant parties égales d'étain etde sulfure de mercure (cinnabre); l'étain s'empare dusoefre, et le mercure est mis à nu; 3° on fait le plus ordinairement un mélange d'une partie et demie de soufre , d'une partie d'hydro-clilorate d'ammoniaque, et d'une partie d'un alliage composé de parties égales d'étain et de mercure ; on le réduit en poudre fine ; on l'introduit dans un creuset que l'on soumet pendant plusieurs heures à l'action d'une douce chaleur , et 1 on obtient l'ormussif sous la forme d'une masse jaunâtre légère; le mercure qu^ DES SULFURES MÉTALLIQUES. 55t entre dans la composition de l'alliage ne sert qu'à le rendre fragile, et par conséquent fa< ileà pulvériser. Sulfure d'arse- nic jaune (orpiment). On le prépare par le deuxième procé- dé , ou bien en faisant passer du gaz acide hydro-sulfurique à travers une dissolution aqueuse de deutoxide d'arsenic. Sulfure de molybdène : par le premier et par le deuxième procédés. Les sulfures d'antimoine, de bismuth, de cuivre etde plomb s'obtiennent par les trois procédés décrits ( pag. 549 ). Sulfure de mercure ( cinnabre ). On fait fondre le sou- fre daus un creuset ou dans une bassine de fonte ; on y ajoute 3 ou 4 parties de mercure que l'on fait passer à travers une peau de chamois , ce qui forme une pluie mercurielle extrê- mement fine, et l'on obtient une masse noirâtre appelée éthiops de mercure, et qui avait été regardée jusque dans ces derniers temps comme un sulfure particulier. On fait chauffer cette masse dans un matras de verre à long col, luté extérieurement ; le cinnabre se sublime sous la forme de belles aiguilles violettes, tandis que l'excès de soufre se dégage. On peut aussi préparer une certaine quantité de ce sulfure en agitant pendant long-temps du mercure métal- lique avec une dissolution d'hydro-sulfate sulfuré : en effet la soufre en excès se porte sur le métal, le noircit d'abord, et ne tarde pas à le faire passer au violet ; on parvient, par ce moyen, à décolorer l'hydro-sulfate sulfuré, et à le trans- former en hydro-sulfate simple. Sulfure d'argent. On la prépare par les trois procédés indiqués (pag. 549). Sulfure de nickel et de tellure : par le premier et par le deuxième procédés. Sulfure de tungstène * de cérium, de cobalt et de titane : par le deuxième procédé. Sulfures de palladium, de rhodium , de platine et d'iridium. ( Voyez l'histoire ds> ces métaux. ) Oxides sulfurés alcalins (foies de soufre). i°. Onchauffo ensemble dans un creuset parties égales de soufre pulvérisé et de sous-carbonate de potasse, ou de sous-carbonate d$ 552 J'KEMIÎRE PARTIE. soudo, ou de chaux vive , ou de baryte, ou de strontiane :, on peut même , à la rigueur, se servir des sous-carbonates de ces trois derniers oxides. On fait rougir le mélange pendant une heure environ ; on le coule sur une table de marbre; le produit refroidi constitue l'oxide sulfuré (foie de soufre) ; on l'enferme dans des flacons bien secs , et on le conserve à l'abri du contact de l'air : dans ces expé- riences, le soufre se combine avec l'oxide, et en dégage l'acide carbonique. M. Vauquelin vient de prouver qu'il faut au moins une partie de soufre pour une de sous-carbonate de potasse. 20. On peut également obtenir ces oxides sul- furés en décomposant dans un creuset les sulfates de potasse, de soude , de baryte, de strontiane et de chaux, réduits en poudre et mêlés avec un sixième de leur poids de charbon pulvérulent ; on fait rougir le mélange passé au tamis pen- dant une heure ou deux : le charbon décompose l'acide sulfurique, s'empare de son oxigène, et le soufre mis à nu s'unit avec l'oxide ; mais ces oxides sulfurés contiennent un excès de charbon ; on les fait dissoudre dans l'eau, et on filtre; la liqueur, d'un jaune plus ou moins rougeâtre, transparente, est un hydro-sulfate sulfuré. ( Voy. § 178.) l'oxide sulfuré de magnésie peut être obtenu par les mêmes procédés. Iodures métalliques. i°. On peut combiner directement l'iode , à l'aide de la chaleur, avec un certain nombre de métaux, tels que le potassium , le sodium , le mercure, le fer, le zinc , l'é- tain , etc. 20. Les dissolutions métalliques dont les métaux ne décomposent pas l'eau, comme sont celles de cuivre, de plomb, d'argent, de bismuth, etc., donnent par les hydrio- dates solubles un précipité d'iodure : en effet, l'hydrogène de racidehydriodique.se combine avec l'oxigène de l'oxide, et l'iode se précipite avec le métal. , DES CHLORURES MÉTALLIQUES. 553 Des Chlorures métalliques. i°. On peut combiner directement le chlore gazeux avec tous les métaux, tantôt à froid, tantôt aune tempé- rature un peu élevée; il en résulte des chlorures qui peuvent être au minimum ou au maximum de chlore. 2°. On peut obtenir plusieurs chlorures en faisant passer du chlore gazeux et sec à travers les oxides incandescens placés dans un tuyau de porcelaine : tels sont les oxides de magnésium», de calcium, de barium, de stron- tium , etc. 3°. Enfin tous les hydro-chlorates, excepté ceux de la première classe, et l'hydro-chlorate d'ammoniaque , se transforment en chlorures lorsqu'on les- a fortement chauffés. 11 serait important d'examiner Tes propriétés de ces divers chlorures et de comparer entre eux ceux qui sont formés par le même métal, et que l'on a obtenus par ces différens procédés. Cet examen pourrait jeter quelque jour sur l'histoire de ces composés, qui mérite d'être appro- fondie. Nous allons décrire la préparation de quelques chlorures que l'on obtient ordinairement par d'autres moyens. Deuto-chlorure de mercure ( sublimé corrosif). On introduit dans des matras de verre vert, à fond plat, d'en- viron trois litres de capacité, un mélange pulvérulent de 4 parties d'hydro-chlorate de soude ( sel commun ), d'une partie de peroxide de manganèse et de tout le deuto- sulfate de mercure obtenu, en faisant bouillir 5 parties d'acide sulfurique concentré sur 4 parties de mercure (ï). On met ces matras dans un bain de sable, de manière à ce qu'ils soient entourés jusqu'à la naissance de leur col; on place sur leurs extrémités ouvertes un petit pot renversé (i) Ordinairement on cesse l'ébullition lorsque lesgpartics d'acide et de métal sont réduites à 5. 554 PREMIÈRE PARTIE; et on les chauffe graduellement ; 15 ou 18 heures après l'opération est terminée; le sublimé corrosif se trouve attaché aux parois des matras, et il reste au fond du sulfate de soude mêlé d'oxide de manganèse moins oxidé que celui que l'on a employé; on fait rougir légèrement le fond du bain de sable pour donner au sublimé plus de densité et pour lui faire éprouver un commencement de fusion ; on casse le matras et on retire les produits. Théorie. Nous pouvons représenter l'hydro-chlorate de soude par : ( Hydrogène -4- chlore ) -f- soude. le sel mercu- riel par..... ( Oxigène -+- mercure) -f- acide sulfurique, et le peroxide t de manganèse par......... Oxigène -\- inang*. peu oxidé. Eau. Deuto-chlo- Sulfate de soude-f* ruredemerc. mange. peu oxidé. Les deux sels et le protoxide de manganèse sont dé- composés ; l'hydrogène de l'acide hydro-chlorique se com- bine avec l'oxigène de l'oxide de mercure et avec une portion de celui que renferme le protoxide de manga-* nese pour former de l'eau; le chlore s'unit au mercure, tandis que la soude s'empare de l'acide sulfurique du sul- fate de mercure. On obtient aussi presque toujours un» petite quantité de proto-chlorure de mercure (calomélas); mais il est moins volatil que le deuto-chlorure et est au- dessous de lui. Proto-chlorure de mercure. On le prépare, i° en ver- sant dans une dissolution de nitrate de protoxide de mer-. cure de l'hydro-chlorate de soude dissous, et en lavant le dépôt dans une grande quantité d'eau. Ce dépôt, qui est le proto-chlorure, portait autrefois le nom de précipité- ïtlanc ; la théorie de sa formation est la même que celle- DES CnLORURES MÉTALLIQUES. 555 qui a été' exposée page 2o5 , en parlant de l'action du nitrate d'argent sur les hydro - chlorates. 2°. En faisant chauffer du sel commun avec du sulfate de protoxide de mercure dans le même appareil que celui qui sert à pré- parer le sublimé corrosif; le proto-chlorure sublimé doit être lavé à grande eau pour le débarrasser du sublimé corrosif qu'il contient presque toujours. 3°. En triturant parties égales de sublimé corrosif légèrement humecté, et de mercure métallique, et en sublimant le mélange dans un matras à fond plat: le chlore, dans cette circonstance, se partage entre le mercure du sublimé et le métal ajouté. De tous ces procédés, le second nous paraît le plus éco- nomique. La panacée mercurielle est le proto-chlorure de mercure sublimé cinq ou six fois. Deuto-chlorure d'étain ( spiritus Libavii ). Ordinaire- ment on met dans une cornue un mélange parfaitement pulvérisé de parties égales de deuto-chlorure de mercure et d'un alliage fait avec 2 parties d'étain et une partie de mercure ; on adapte à la cornue une allonge et un récii pient, et on chauffe graduellement; le deuto-chlorure cède le chlore à l'étain, et le mercure est mis à nu ; le spiritus Libavii formé se volatilise et vient se condenser dans le récipient. L'expérience ne saurait avoir un plein succès si l'appareil était humide. Nous avons dit ailleurs que M. Proust prescrivait de faire cette préparation en prenant 4 parties de sublimé corrosif et une partie d'étain. (Voyez pag. 429 )• On peut également obtenir le spiritus Libavii en faisant passer du chlore gazeux desséché à travers de l'étain) pulvérisé. Proto-chlorure d'antimoine ( beurre d'antimoine ). On a préparé jusqu'à présent ce produit en faisant chauffer dans un appareil desséché et semblable au précédent, un mélange intime de parties égales d'antimoine métallique eç de deuto-çhlorure dç mercure. On connaît un. autre 556 PRE AT 1ÈRE PARTIE. procédé qui paraît devoir mériter la préférence. On prend une partie d'acide nitrique, 4 parties d'acide hydro- chlorique et une partie d'antimoine métallique, et l'on obtient un solutum d'hydro-chlorate de protoxide d'anti- moine. ( Voyez Action de l'eau régale sur l'or, pag. 453.) On fait évaporer cette dissolution en vaisseaux clos pour chasser l'excès d'acide; lorsque l'hydro-chlorate est sec et transformé en chlorure ( voyez Hydro - chlorates, pag, 2o4), on continue l'action de la chaleur, mais on change de récipient : par ce moyen on volatilise le proto- chlorure , qui est très-beau, et qui n'a pas besoin d'être sublimé de nouveau, comme cela a lieu lorsqu'on suit le procédé ancien, qui est d'ailleurs beaucoup plus dispen- dieux. Si la dissolution de l'antimoine dans l'acide a été faite avec lenteur, et qu'au lieu d'obtenir un hydro-chlorate de protoxide on ait un hydro-chlorate de deutoxide, in- capable de fournir le proto-chlorure volatil, on doit ajouter à la dissolution concentrée de l'antimoine très-divisé, qui la ramène à l'état d'hydro-chlorate de protoxide; mais cette addition doit se faire avec beaucoup de précaution; car la température s'élève considérablement et le vase peut être brisé. Si la dissolution de l'antimoine dans l'acide a été faite avec rapidité, parce que l'on a employé une trop grande quantité d'acide nitrique, ou par toute autre cause, et que l'on ait obtenu un mélange de deuto-chlorure et de deutoxide d'antimoine, il faudra ajouter un peu d'acide hydro-chlorique avant d'évaporer la dissolution , et l'agiter pendant quelque temps avec de l'antimoine très - divisé. (M. Robiquet). Chlorures de plomb et d'argent. On les obtient en versant un hydro - chlorate dissous dans une dissolution saline de plomb ou d'argent, et en lavant le précipité. DES SELS. 55- Des Sels. On connaît plusieurs procédés à l'aide desquels on peut obtenir les sels. i°. On met les oxides en contact avec les acides après les avoir réduits en poudre fine, ou mieux encore lorsqu'ils sont récemment préparés et géla- tineux : la combinaison a lieu tantôt avec dégagement de calorique, tantôt sans aucun phénomène sensible; dans certains cas, on ne peut l'opérer qu'en élevant un peu la température; mais le plus souvent elle se fait très-bien à froid : on peut se procurer tous les sels par ce procédé. 2°. On peut les obtenir presque tous eu substituant aux oxides leurs carbonates: dans ce cas il y a effervescence. 3°. Presque tous les sels insolubles peuvent être préparés par la voie des doubles décompositions : ainsi le sulfate de baryte insoluble peut être obtenu au moyen du sulfate de potasse et de l'hydro-chlorate de baryte, sels qui se dé- composent mutuellement parce qu'ils peuvent donner naissance à un sel soluble et à un sel insoluble. ( Voyez § r6o). Il suffit, pour réussir dans la préparation de ces sels, de prendre une dissolution saline dont l'acide soit le même que celui du sel insoluble que l'on veut avoir, et la' verser dans une autre dissolution saline dont l'oxide soit aussi le même que celui du sel insoluble que l'on cherche à obtenir, pourvu toutefois que les deux dissolutions puis- sent donner naissance à un sel soluble et à un sel insoluble. Ainsi, dans l'exemple que nous avons choisi pour avoir le sulfate de baryte insoluble, on prend deux dissolutions, dont l'une renferme l'acide sulfurique et l'autre la baryte. Si l'on voulait préparer du phosphate de chaux insoluble, on prendrait une dissolution de phosphate de potasse ou de soude et une autre d'hydro-chlorate de chaux, etc. En général, il faut qm1 les dissolutions salines soient dans un étal convenable de saturation. Le sel insoluble doit être 558 PREMIÈRE PARTIE. iavéà grande eau. 4°- Plusieurs sels peuvent être obtenus cit faisant agir les métaux avec les acides concentrés : il y a décomposition d'une partie de l'acide, oxidation du métal, et combinaison de l'oxide avec l'acide non décomposé : exemple, acide sulfurique concentré et mercure. Il y a des cas où il faut élever la température, d'autres, au con- traire , où le sel se forme à froid. 5°. On peut préparer un assez grand nombre de sels en mettant les métaux en con- tact avec des acides affaiblis : l'eau est décomposée, le métal oxidé se combine avec l'acide et il se dégage du gaz hydro- gène. 6°. Les sous-sels insolubles s'obtiennent en versant dans la dissolution du sel Une certaine quantité de potasse, de soude ou d'ammoniaque, qui ne saturent qu'une partie de l'acide et en précipitent le sous-sel ; on le lave à grande eau. Il y a encore quelques autres procédés dont nous omet- tons de parler, parce qu'ils sont particuliers à certaines espèces de sels. Les sels doubles s'obtiennent, i° en mêlant les sels simples qui les composent : ainsi le sulfate ammo- niaco-magnésien se produit lorsqu'on mêle du sulfate d'am- moniaque au sulfate de magnésie; 2° en ajoutant à l'un des sels simples qui entrent dans la composition du sel double, la base qui lui manque : ainsi le même sel double peut être obtenu en versant de l'ammoniaque dans une dissolution de sulfate de magnésie. Borates. Borate de silice. On fait fondre dans un creuset de la silice pulvérisée et de l'acide borique vitrifié. Tous les autres borates, excepté ceux de soude, de po- tasse et d'ammoniaque , étant peu solubles dans l'eau, s'obtiennent par le troisième procédé : on verse une disso- lution de borate de soude ( le plus commun des borates so- lubles ) dans la dissolution saline dont on veut séparer l'oxide; il se produit un borate insoluble. Si l'on employait? DES SOrS-CARBOUATES. OOÇJ le sous -borate de soude du commerce (borax), le précipité serait mêlé de beaucoup d'oxide qui aurait été séparé par là soude libre. Sous - borate de soude ( borax ). On trouve dans le commerce du borax appelé tinckal, qui vient de l'Inde, et qui paraît avoir été extrait du fond de certains lacs: il est coloré en gris jaunâtre par une matière organique ; on le purifie en le faisant fondre dans un creuset : la ma- tière colorante se détruit et le sel se vitrifie; on le fait dissoudre dans l'eau bouillante et il cristallise par le refroi- dissement; on évapore les eaux mères pour avoir tout le borax qu'elles renferment. On peut transformer le sous^iorale de soude en borate neutre , en le faisant bouillir avec deux fois son poids d'acide borique. Les borates de potasse et d'ammoniaque s'obtiennent par le premier procédé. Sous- Carbonates. Tous les sous-carbonates, excepté ceux de potasse, de soude et d'ammoniaque, étant insolubles dans l'eau , se préparent par le troisième procédé, en versant une disso- lution de sous-carbonate de potasse ou de soude dans la dissolution saline qui contient l'oxide'que l'on veut com- biner avec l'acide carbonique. Sous-carbonate dépotasse. Dans les laboratoires on pré-? pare ce sel au moyen du nitre et du tartre ( voyez pag. 534v) : alors il est pur. Onl'obtient en grand par un autre procédé: on fait brûler les bois jusqu'à ce qu'ils soient réduits en cendres ; on traite celles-ci par l'eau bouillante, qui dissout le sous-carbonate, le sulfate et l'hydro-chlorate de potasse, une certaine quantité de silice, d'oxide de fer et d'oxide de manganèse ; on évapore la liqueur jusqu'à siccité, et on chauffe Ja masse jusqu'au rouge pour détruire quelques matière* 56© PREMIÈRE PARTIE. charbonneuses avec lesquelles elle pourrait être mêlée, on donne au produit le nom de potasse du commerce. Sous-carbonate de soude. On prépare ce sel avec la soude artificielle, qui est formée de soude caustique , de sous-carbonate de soude, de sulfure de chaux avec excès de chaux et de charbon. Après l'avoir réduite en poudre, on la traite par l'eau froide, qui ne dissout que le sous- carbonate de soude ; on décante la liqueur, on l'évaporé jusqu'à siccité, et on la laisse à l'air pendant dix, douze ou quinze jours. La soude caustique se combine avec l'acide carbonique , et s'effleurit ; à cette époque on la fait dissoudre dans l'eau, et on évapore la dissolution pour en obtenir des cristaux. Préparation de la soude artificielle. On introduit dans un four dont la température est au-dessus du rouge cerise, un mélange pulvérulent fait avec 18 parties de sulfate de soude sec , 18 parties de craie ( carbonate de chaux ) et 11 parties de charbon de bois ; lorsque ce mélange est pâteux, on le pétrit avec un ringard et on le retire du four. Le charbon décompose l'acide sulfu- rique, lui enlève son oxigène et passe à l'état d'acide carbo- nique ; la chaux s'empare du soufre provenant delà décom- position de l'acide sulfurique , et la soude s'unit avec une portion d'acide carbonique. Extraction de la soude des plantes marines. On fait brûler ces plantes , comme nous l'avons dit en parlant de la potasse du commerce, et l'on obtient une masse saline composée de sous-carbonate, de sulfate, d'hydro-chlorate de soude, d'alumine, de silice, d'oxide de fer, de charbon, et quelquefois de sulfate et d'hydro-chlorate de potasse. Le natron s'obtient par l'éva- poration spontanée des eaux qui le tiennent en dissolution et qui constituent des lacs. Sons-carbonate d'ammoniaque. ( Voyez § 3o3. ) Carbonates de pelasse, de soude et d'ammoniaque. On les prépare eu faisant passer du gaz acidy carbonique à DES PHOSPHATE5. 56l travers une dissolution concentrée de sous-carbonate. On se sert d'un appareil analogue à celui qui a déjà été dé- crit, ( Voy. pi. 9, fig. 57. ) On dégage le gaz dans le ballon qui contient des fragmens de marbre (carbonate de chaux), et dans lequel on verse peu à peu de' l'acide hydro-chlo- rique affaibli ; l'opération dure plusieurs jours, et elle n'est terminée que lorsqu'il se forme des cristaux dans la dissolution du sous-carbonate. Si l'on veut préparer ces trois sels à-la-fois , on doit mettre la dissolution de sous- carbonate d'ammoniaque dans le dernier flacon, parce qu'une portion de ce sel est entraînée par le gaz. Phosphates. Le phosphate de silice se prépare comme le borate. Tous les autres phosphates insolubles { et presque tous sont dans ce cas ) s'obtiennent par le troisième procédé, en ver- sant du phosphate de soude dissous dans une dissolution saline formée par l'oxide que l'on veut combiner avec l'acide phosphorique. Phosphate acide de chaux. On chauffe les os de boeuf, de mouton, etc., jusqu'à ce que toute la matière animale qu'ils renferment soit détruite ; on obtient des cendres qui sont principalement formées de phosphate de chaux et de carbonate de chaux; on les passe au tamis et on les réduit en une bouillie liquide au moyen de l'eau ; on mêle peu à peu cette bouillie avec un tiers de son poids d'acide sulfurique concentré, et on ; gite : l'acide enlève au phos- phate une partie de la chaux et décompose tout le carbo- nate , en sorte qu'il y a dégageruent de gaz acide carbo- nique , et formation de sulfate et de phosphate acide de chaux; le mélange de ces deux sels est très-consistant, presque solide, et sa température assez élevée à raison de l'action de l'acide sulfurique sur l'eau et sur la chaux. On l'abandonne à l'air pendant quelques jours; il en attire 1. 36 $62 PREMIÈRE PARTI*. l'humidité, et la décomposition devient plus complète ; alors on y verse de l'eau bouillante qui dissout le phosphate acide de chaux et un peu de sulfate de chaux ; on décante après avoir laissé reposer, et on traite de nouveau le résidu par de l'eau bouillante, opération que l'on recommence deux ou trois fois; on filtre les liqueurs à travers une toile serrée , et on les fait évaporer jusqu'en consistance sirupeuse dans une chaudière de plomb ; par ce moyen on en sépare presque tout le sulfate de chaux, qui est très-peu soluble ; on décante le liquide sirupeux ; on lave le sulfate de chaux afin de dissoudre tout le phosphate acide ; on réunit les eaux de lavage et on les fait évaporer: la masse obte- nue est le phosphate acide de chaux qui peut être vitrifié par la chaleur. Si ce phosphate doit servir à la préparation du phosphore, on emploie pour le préparer 4 parties de cendres d'os et 3 parties d'acide sulfurique concentré. Sous-phosphate de soude. En versant dans une disso- lution de phosphate acide de chaux un excès de St utum de sous-carbonate de soude, il y a effervescence, dégage- ment de gaz acide carbonique , formation de sous-phos-* phate de soude soluble, et précipitation de sous-phosphate de chaux. On filtre la liqueur pour la faire évaporer et cris- talliser. Si les eaux mères sont acides , on les sature par le sous-carbonate de soude ; si elles sont avec excès de soude, on y verse du phosphate acide de chaux, on filtre et on recommence l'évaporation. Les sous*-phosphates dépotasse et d'ammoniaque s'obtiennent de la même manière. Les phosphates neutres de ces deux bases peuvent être préparés en saturant l'excès d'alcali par l'acide phosphorique. Bleu de cobalt découvert par M. Thenard ( composé de phosphate de cobalt et d'alumine ). On grille la mine de cobalt de Tunaberg, de Saxe ou de Hongrie , pour la priver de la majeure partie du soufre et de l'arsenic qu'elle renferme ( Yoy. Préparation du sulfate de cobalt, p. 569) ; on traite le DES SULFATES. 563 produit par un excès d'acide nitrique étendu d'eau, et On évapore le solutum presque jusqu'à siccité; on fait bouillir avec de l'eau la masse obtenue, afin de dissoudre le nitrate de cobalt et séparer une certaine quantité d'arsé- niate de fer insoluble ; on filtre et on verse du sous-phos- phate de soude dans la dissolution ; il se forme sur - le - champ un précipité violet, qui«est du sous-phosphate de Cobalt contenant du fer, du cuivre, etc. ; on lave lepréeipilé et on le met sur un filtre; lorsqu'il est encore en gelée . on en mêle une partie avec 8 parties d'alumine récemment pré- cipitée , parfaitement lavée et en gelée; on a la certitude que le mélange est parfait lorsqu'on n'aperçoit plus de points violets ni blancs ; alors on le fait dessécher et on le chauffe pendant une demi-heure jusqu'au rouge cerise, dans un creuset de terre recouvert de son couvercle. On peut, au lieu d'une partie de phosphate de cobalt, employer avec égal succès •£ partie d'arséniate du même métal, que l'on peut se procurer en versant de l'arseniate de potasse dans la dissolution nitrique de cobalt obtenue, comme nous venons de le dire. Phosphités et Hypo-phosphites. On les obtient par le premier procédé ^ et plusieurs d'entre eux par le second. Sulfatés. Les sulfates insolubles de zircone, d'yttria, de chaux, de baryte, de strontiane et de protoxide de mercure, s'ob- tiennent par la voie des doubles décompositions. (Voyez Troisième procédé. ) Sulfate d'alumine. On fait dissoudre dans l'acide sul- furique de l'alumine récemment précipitée et lavée (Voyez Premier procédé). On prépare le sulfate de glucine par 564 1'RE M 1ÈRE PARTIE. le deuxième procédé. Le sulfate de potasse s'obtient aussi parle deuxième procédé, ou bien en chauffant jusqu'au rouge le sulfate acide de potasse qui provient de la décom- position du nitre par l'acide sulfurique. ( Voyez pag. 5oi.) On prépare le sulfate de soude en décomposant l'hyjho" chiorate de sonde (sel commun) par l'acide sulfurique; mais comme le sulfate qui en résulte contient souvent du sulfate de fer et du sulfate de manganèse, on le fait rougir dans un creuset pour décomposer ces deux sels; on traite la masse par l'eau, qui ne dissout que le sulfate de .soude pur. On le prépare aussi, mais en petite quan- tité , en faisant évaporer les eaux de source qui le renfer- ment ; on traite la masse ' solide par l'eau bouillante, et le sulfate de soude cristallise par refroidissement. Le sul- fate d'ammoniaque ne doit jamais être préparé avec l'acide et de l'ammoniaque concentrés , parce qu'il y a élévation de température, et la liqueur est projetée; on doit dé- composer le sous - carbonate d'ammoniaque par l'acide sulfurique affaibli. Ou se le procure en grand en faisant filtrer le sous-carbonate d'ammoniaque provenant de la distillation des matières animales à travers du sulfate de chaux réduit en poudre fine, et placé dans des tonneaux dont le fond est percé d'un trou que l'on peut boucher à volonté ; les deux sels se décomposent, et il se forme du sulfate d'ammoniaque soluble qui s'écoule, et du carbo- nate de chaux qui reste dans le tonneau : la dissolution est évaporée jusqu'à ce qu'elle cristallise. De l'Alun. On prépare ce sel par plusieurs procédés : i°. A la Solfatare, où l'on trouve des terrains contenant de l'alun tout formé et eiïleuri, on traite ces terrains par l'eau, qui dissout le sel: il suffit d'évaporer lentement le liquide dans des chaudières de plomb pour en obtenir des cristaux. a0. Lorsque la mine est pierreuse, insoluble dans DES SULFATES. 565 l'eau, et formée de sous-sulfate de potasse et d'alumine, de silice et d'un peu d'oxide de fer, comme à la Tolfa , à Piombino ; etc., on la fait chauffer dans des fours, à une température qui n'est ni trop forte ni trop faible, et on l'expose à l'air pendant trente ou quarante jours , en ayant soin de l'arroser souvent pour en opérer la division et la transformer en une espèce de bouillie ; passé ce temps on la traite par l'eau chaude; on fait évaporer la liqueur, et on obtient de très-beaux cristaux d'alun. On peut, pour concevoir ce qui se passe dans cette opération , regarder la mine dont on se sert comme formée d'alun avec excès de potasse et d'alumine, plus de silice et d'oxide de fer; par la calcination ces deux dernières substances se com- binent avec l'excès de potasse et d'alumine , et forment une masse insoluble dans l'eau : alors l'alun seul est dissous par ce liquide. 3°. Si la mine est composée de sulfure de fer et d'ar- gile (terre dans laquelle on trouve une assez grande quan- tité d'alumine ), on a recours à un procédé particulier à l'aide duquel on ©btient à-la-fois de l'alun et de la coupe- rose verte (sulfate de protoxide de fer) ; ce procédé est mis en usage dans les départemens de l'Oise, de l'Aisne, de l'Aveyron et de l'Ourthe. On expose la mine à l'air ; on l'humecte légèrement et on la laisse pendant un an ; au bout de ce temps elle se trouve presque entièrement trans- formée en sulfate de protoxide de fer et en sulfate acide d'alumine, changement qui annonce que l'oxigène de l'air a fait passer le soufre à l'état d'acide sulfurique, et le fer à l'état d'oxide. On la traite par l'eau, qui dissout les deux sels ; on fait évaporer le liquide dans des chaudières de plomb, et l'on obtient des cristaux de sulfate de pro- toxide de fer ; le sulfate acide d'alumine déliquescent et difficilement cristallisable reste dans la liqueur. On le fait chauffer avec du sulfate de potasse ou d'ammoniaque en 566 PREMIÈRE PARTIE. poudre, qui le transforment en alun que l'on obtient cris- tallisé ; il faut faire dissoudre et cristalliser de nouveau cet alun si on veut l'avoir bien pur. Les eaux mères, qui con-, tiennent encore une certaine quantité de ces deux sels sont évaporées et traitées de nouveau par le sulfate d'am- moniaque ou de potasse, pour en obtenir une nouvelle portion d'alun et de couperose. La mine que l'on a fait effleurir à l'air et dont on a séparé ces sels par l'eau, contient encore un peu de sul- fure de fer et beaucoup d'argile ; on y met le feu ; le soufre passe à l'état d'acide sulfurique qui se porte tout entier sur l'alumine, en sorte que l'on obtient une nouvelle quantité de sulfate acide d'alumine, avec lequel on peut faire die l'alun au moyen du sulfate de potasse ou du sulfate d'am- moniaque. Si la mine dont on se sert, au lieu de contenir du sul- fure de fer et de l'argile, est composée de ce sulfure et de schistes très-compacts, on est obligé , après l'avoir laissée à l'air pendant un mois, de la faire griller en la mêlant avec du bois auquel on met le feu; par ce moyen le soufre se trouve transformé en acide sulfureux qui se dégage, et en acide sulfurique qui s'unit à l'alumine ; une portion de ce sulfate se combine avec la potasse du bois et donne de l'alun ; l'autre portion reste à l'état de sel simple. On traite le produit grillé par l'eau chaude, qui dissout l'alun et le sulfate d'alumine ; on fait évaporer pour obtenir l'alun cristallisé, et on verse dans l'eau mère du sulfate de po- tasse ou d'ammoniaque qui transforme le sulfate d'alur mine en alun : tel est le procédé que l'on suit à Liège. 4°. On peut aussi se procurer dé l'alun en faisant calciner des argiles contenant une petite quantité de carbonate de chaux et de fer; en effet, par la calcination l'oxide de fer se trouve porté au SM/rcrau/Tzd'oxidation, et devient presque in- soluble dans les acides faibles , en sorte que le produit. DES SCLFATES. OO^ pulvérisé et chauffé avec de l'acide sulfurique étendu, donne une dissolution qui ne contient guère que du sulfate d'alu- mine, que l'on peut changer en alun au moyen du sulfate de potasse ou du sulfate d'ammoniaque. Si l'on veut obtenir de l'alun avec les résidus d'eau forte préparée avec le nitre et l'argile , il suffit de les mettre en contact avec l'acide sulfurique ; en effet, ces résidus contiennent de la potasse et de l'alumine. L'alun est d'autant plus estimé qu'il con- tient moins de sulfate de fer. Pyrophore de Homberg. On fait dessécher dans une cuiller de fer, à l'aide d'une douce chaleur, un mélange de 3 parties d'alun à base de potasse et d'une partie de sucre,. detmélasse , d'amidon ou de farine ; on agite de temps en temps le mélange, et on le réduit en poudre lorsqu'il est parfaitement sec ; dans cet état, il a une couleur brune et même noire, qu'il doit au charbon provenant de la dé- composition de la matière végétale employée ; on l'intro- duit dans un petit matras à long col, luté extérieurement 5 ce matras est reçu dans un grand creuset ,d'argile rempli de sable et disposé dans un fourneau ; on élève la tempé- rature jusqu'au rouge ; au bout de 20 ou 25 minutes on voit paraître, à l'extrémité ouverte du matras, une flamme d'un blanc bleuâtre, due au gaz hydrogène carboné et au gaz oxide de carbone ,. résultant de la décomposition des matières végétales. Lorsqu'au bout de 4 ou 5 minutes cette flamme cesse de se montrer, ou ne se montre plus que par intervalles, l'opération est terminée; on retire l'appareil du feu ; on bouche le matras avec un bouchon de liège, et on le laisse refroidir. Le pyrophore doit être soigneuse^ ment conservé à l'abri du contact de l'air. Sulfate de protoxide de manganèse. On peut le pré«- parer avec l'acide sulfurique affaibli et le métal ; mais le> plus souvent on l'obtient en faisant bouillir le deutoxide- pur avec l'acide étendu de son pQids d'eau. Per^ulfate d&. 568 PREMIÈRE PARTIE. manganèse II puflfit, pour se le procurer , de faire agir à froid le peroxide de manganèse dans de l'acide sulfurique concentré, ou étendu d'une très-petite quantité d'eau : à l'aide d'une très-douce chaleur, on parvient à faire dis- soudre une plus grande quantité d'oxide. Sulfate de zinc. On le prépare dans les laboratoires en suivant le cinquième procédé. Pour l'obtenir en grand , on fait griller la blende dans un fourneau à réverbère ; le sul- fure de zinc, etla petite quantité de sulfures defer, de cuivre etde plomb qui composent ce minéral, passent, en absorbant l'oxigène de l'air, à l'état de sulfates; on les traite par l'eau, qui les dissout tous, excepté le sulfate de plomb ; on laissa déposer celui-ci, on décante la dissolution et"on la fait éva- porer jusqu'à ce qu'elle soit assez concentrée pour fournir une masse cristalline semblable au sucre en pain, que l'on livre dans le commerce sous le nom de vitriol blanc. Ce vitriol contient, outre le sulfate de zinc , un peu desulfatede fer et de cuivre ; on le purifie enle dissolvantdansl'eau et en le faisant bouillir avec de l'oxide de zinc, qui précipite les oxides de fer et de cuivre. Sulfate de protoxide defer. Il peut être préparé, comms le précédent, par le cinquième procédé; on l'obtient tou- jours ainsi dans les laboratoires , et même quelquefois dans les manufactures ; cependant on se le procure le plus sou- vent en grand, en suivant la méthode que nous avons dé- crite à l'article Alun. ( Voyez pag. 565. ) Sulfate de deu- toxide defer. On se le procure en faisant bouillir dans des vaisseaux fermés du deutoxide de fer avec de l'acide sulfuri- que concentré étendu de deux fois son poids d'eau. Sulfate de peroxide defer. On le prépare en faisant bouillir le peroxide de fer hydraté encore humide avec de l'acide sulfurique concentré ; on l'obtient aussi quelquefois en faisant chauffer le proto-sulfate pulvérisé avec de l'acide nitrique : celui-ci se décompose , cède de l'oxigène , et porte le protoxide à l'état DES SULFATES. 56$ de peroxide ; mais il est évident que l'on doit obtenir dans ce cas un sous-trito-sulfate. Sulfate de protoxide d'étain. On le prépare en versant de l'acide sulfurique concentré dans une dissolution d'hy- dro-chlorate de protoxide d'étain : il se précipite sous la forme d'une poudre blanche. Le deuto-sulfate s'obtient en faisant bouillir le précédent avec de l'acide sulfurique concentré. Sulfate d'arsenic. On peut se le procurer en faisant bouillir l'acide et le métal ( quatrième procédé ). Sulfate de chrome. On fait dissoudre l'oxide dans l'acide ( pre- mier procédé). Sulfates d'antimoine, de bismuth, de plomb et d'ar- gent. On peut les obtenir par le quatrième procédé, en faisant bouillir l'acide et le métal ; ou bien par le troisième procédé, en versant un sulfate soluble dans une simple dissolution d'antimoine, de bismuth, de plomb ou d'ar- gent. Sulfates d'urane, de cérium, de titane, de tellure et de nickel. On fait dissoudre l'oxide ou le carbonate dans de l'acide sulfurique ( premier et deuxième procédé ). Sulfate de protoxide de cobalt. On peut préparer ce «el avec la mine de cobalt de Tunaberg; mais on préfère employer les fragmens amorphes des mines de Saxe et de Hongrie, qui sont infiniment moins chers, et qui contiennent du cobalt, du fer, du cuivre, de l'arsenic et du soufre. On les grille après les avoir pulvérisés, pour transformer , à l'aide de l'oxigène de l'air, le soufre et l'arsenic en gaz acide sulfureux et en oxide d'arsenic volatils; et le cobalt, le fer et le cuivre en oxides fixes : à la vérité, une partie du soufre et de l'arsenic passe à l'état d'acide sulfurique et arsénique qui restent avec les oxides fixes; on fait rougir le produit lorsqu'il n'exhale plus de gaz acide sulfureux ni d'oxide d'arsenic, et on l'agite pendant quelque temps 57O PREMIÈRE PARTIE. avec de la poudre de charbon, qui décompose la majeure- partie des acides sulfurique et arsénique ; on laisse refroi- dir, et on traite le résidu par un excès d'acide sulfurique : on obtient parce moyen des sulfates de cobalt, de cuivre et de fer contenant la portion d'acide sulfurique et arsénique non décomposée; on traite cette dissolution par la potasse, qui précipite l'oxide de fer : il est évident que si on mettait un excès de potasse, les oxides de cuivre et de cobalt se- raient également précipités; oh filtre la dissolution et on y fait arriver un courant de gaz acide hydro-sulfurique, qui précipite sur-le-champ le cuivre, et qui agit beaucoup plus lentement sur l'acide arsénique, mais qu'il parvient aussi à décomposer au bout de 1 o ou 12 heures, en sorte que l'on obtient un précipité de sulfure de cuivre et de sulfure d'arsenic ; on filtre la dissolution ; on la fait chauffer pour en chasser l'excès d'acide hydro-sulfurique, et on a le sulfate de cobalt; mais il est fort difficile que ce sel ne contienne point de sulfate de fer : le meilleur moyen pour l'en débarrasser consiste à le traiter par 1 oxalate d'ammo- niaque , qui forme avec le cobalt un oxalate insoluble, tandis qu'il donne avec le fer un sel soluble. On lave l'oxalate précipité, on le dessèche, et on le fait rougir dans un creuset; l'acide oxalique se décompose par l'action de la chaleur, et il ne reste que de l'oxide de cobalt pur que l'on peut faire dissoudre dans l'acide sulfurique. Sulfate de deutoxide de cuivre. On peut l'obtenir en faisant bouillir le métal et l'acide concentré ; mais on suit rarement ce procédé; ordinairement on commence par préparer du sulfure de cuivre en faisant rougir dans un fourneau des lames de cuivre préalablement mouillées et saupoudrées de soufre, en les plongeant dans l'eau froide et en les remettant dans \e four avec une nouvelle quantité de soufre; le sulfure obtenu absorbe l'oxigène de l'air e* passe à l'état de deuto-sulfate soluble dans l'eau, et sus- DES SULFATES. 5^1 ceptible de cristalliser par l'évaporation : tel est le procédé suivi en France. Il n'en est pas de même à Marienberg, où la mine exploitée contient de l'oxide d'étain, du sulfure de cuivre et du sulfure de fer; en effet, on grille la mine pour la transformer en sulfate de cuivre et en sulfate de fer .solubles; on traite le produit par l'eau et on obtient ces deux sels cristallisés; on les fait dissoudre de nouveau, et on mêle le solutum avec un excès de deutoxide de cuivre qui ne tarde pas à précipiter l'oxide de fer. Quelquefois aussi on retire par l'évaporation le deuto-sulfate de cuivre qui se trouve naturellement dissous dans les eaux. Proto - sulfate de mercure. On l'obtient en faisant bouillir de l'acide sulfurique concentré avec un excès de mercure ( quatrième procédé ), ou bien en versant un sulfate dissous dans du nitrate de protoxide de mercure ( troisième procédé ). Deuto-sulfate acide de mercure. On le prépare en faisant bouillir, pendant 3 ou 4 heures, un excès d'acide sulfurique concentré avec du mercure, opération qui ne diffère de la précédente qu'en ce qu'on emploie beau- coup plus d'acide. Il suffit de mettre ce sel dans l'eau chaude pour obtenir le turbith minéral insoluble ( sous- deuto-sulfate ) et le sur-sulfate de deutoxide soluble. Les sulfates d'or, de platine, de rhodium, de palladium et d'iridium, admis seulement par quelques chimistes, s'obtiennent en traitant les oxides de ces métaux par l'acide sulfurique. Sous - sulfates. La plupart des sulfates solubles de la première et des quatre dernières classes peuvent être transformés en sous-sulfates insolubles au moyen de la potasse, la soude ou l'ammoniaque ; il s'agit, pour les obtenir, de ne pas ajouter assez d'alcali pour enlever tout l'acide à l'oxide. 5j2 PREMIÈRE PARTIF. Des Sulfites. Les sulfites insolubles se préparent par le troisième procédé, c'est-à-dire par la voie des doubles décomposi- tions. Ceux qui sont solubles s'obtiennent avec la base simple ou carbonatée, et le gaz acide sulfureux : pour cela on dégage ce gaz, à l'aide du charbon et de l'acide sulfu- rique , dans l'appareil déjà décrit ( voyez Préparation de Vacide sulfureux, pag. 49°" )'•> on le fait arriver dans des flacons tubulés, contenant de la potasse, de la soude ou de l'ammoniaque liquides, etc., et on suspend l'opéra- tion lorsque la saturation de ces bases est complète. On parvient presque toujours à obtenir, par ce procédé, des sulfites cristallisés : s'ils sont avec excès d'acide, on les salure par une quantité convenable d'alcali. Sulfites sulfurés. Ceux de potasse , de soude et d'ammo- niaque se préparent en faisant bouillir les sulfites simples avec de l'eau et du soufre divisé; ou bien, comme pour les sulfites simples, en faisant arriver le gaz acide sulfureux dans ces bases dissoutes et mêlées avec du soufre. Ceux de baryte et de strontiane s'obtiennent en mettant les sulfures de ces bases dans l'eau. ( Voy., pag. 227, Foie de soufre. ) Enfin ceux de zinc et de fer sont le résuliat de l'action di- recte de l'acide sulfureux sur les métaux. Des Iodates. Les iodates insolubles dé plomb, de protoxide de mercure, d'argent, de fer peroxide, de bismuth, de cuivre, de zinc, etc., s'obtiennent par la voie des doubles décompositions ( troisième procédé), en versant de l'iodate de potasse dans une dissolution de l'un ou de l'autre de ces métaux. Les iodates de potasse et de soude se prépa- rent en versant sur de l'iode une dissolution de potasse eu de soude jusqu'à ce que la liqueur ne soit plus colorée : DES CHLORATES. 673 celte liqueur renferme de l'iodate et de l'hydriodate de dépotasse ou de soude, produits par la décomposition de 1 eau ( voyez § 181 ) : on la fait évaporer jusqu'à siccité , et on traite la masse par l'alcool à 0,81 de densité, qui dissout l'hydriodate sans agir sur l'iodate; on le lave deux ou trois fois avec de l'alcool pour le débarrasser de tout l'hydriodate; s'il est avec excès d'alcali, on le fait dissoudre dans l'eau et on le neutralise par l'acide acétique (vinaigre); en sorte que l'on a un iodate et un acétate; on évapore jus- qu'à siccité, et l'on traite la masse par l'alcool, qui ne dissout que l'acétate : l'iodate reste alors pur. L'iodate d'ammoniaque s'obtient directement (deuxième procédé). Les iodates de baryte, de strontiane et de chaux se préparent en mettant de l'iode dans les eaux de baryte, de strontiane ou de chaux ; l'eau est décomposée, et il se forme un hydriodate soluble et un iodate insoluble, qu'il suffit de laver pour avoir pur. Des Chlorates. Les chlorates de potasse , de soude, de strontiane, de baryte, d'ammoniaque, d'oxide de zinc, d'oxide d'argent, de protoxide de plomb et de deutoxide de cuivre, peuvent être préparés par le premier et le deuxième procédé, en sa- turant ces oxides ou leurs carbonates par l'acide chlorique. Les quatre premiers s'obtiennent également en faisant arri- ver pendant plusieurs heures du chlore gazeux sur leurs oxides humectés ou dissous : ainsi, que l'on introduise dans des éprouvettes placées à la suite les unes des autres , des dissolutions ooncenrées de potasse ou de soude,, ou bien de la baryte ou de la strontiane délayées dans de l'eau; que l'on fasse communiquer entre elles ces diverses éprouvettes au moyen de tubes, et qu'on les dispose de unnière à ce que les alcalis soient traversés pendant long- temps pu du chlore gazeux dégagé au moyen d'un appareil > 1 574 PREMIÈRE PARTIE. convenable ( voy. pi. 9, fig. 57 ), on remarquera au bout de quelques heures, si l'appareil a été parfaitement luté, qu'il s'est formé dans chacune de ces dissolutions, i° un chlorate qui se trouve cristallisé au fond de l'éprouvette lorsqu'il est à base de potasse ou de soude; 2° un hydro- chlorate soluble; 3° une combinaison de chlore et d'alcali. Il se sera en outre dégagé du gaz oxigène, surtout si l'appareil a été exposé à la lumière. La formation du chlorate et de l'hydro-chlorate est le résultat de la décomposition de l'eau opérée par l'affinité du chlore pour l'hydrogène et pour l'oxigène, par l'affinité des acides hydro-chlorique et chlorique pour les alcalis, et par la différence de solubilité entre l'hydro-chlorate et le chlorate. Le composé de chlore et d'alcali se produit en raison de raffinilé réciproque de ces deux corps ; enfin le dégagement de gaz oxigène dé- pend de ce que la lumière favorise la décomposition d'une portion de l'eau, dont l'hydrogène s'unit au chlore et dont l'oxigène se dégage à l'état de gaz. Lorsque l'opération est terminée, on procède à la séparation du chlorate. Voici comment on s'y prend pour ceux de potasse et de soude : on ramasse les cristaux qui se trouvent au fond de l'éprouvette, et qui sont presque entièrement composés de chlorate; on les dissout dans de l'eau et on les fait cristalliser de nouveau : par ce moyen, la petite quantité d'hydro-chlorate qu'ils contiennent est séparée et reste dans la dissolution. Pour obtenir le chlorate de baryte, on prend le mé- lange de chlorate et d'hydro-chlorate et on le fait évapo- rer ; l'hydro-chlorate, beaucoup moins soluble, cristallise en grande partie, et peut être séparé par la décantation ; la dissolution contient tout le chlorate de baryte et une certaine quantité d'hydro-chlorate ; on la fait bouillir avec du phosphate d'argent, qui n'agit point sur le chlorate et qui décompose ILydro-chlorate : en effet, il se forme, en DES NITRATES. 57& vertu des doubles décompositions , un précipité blanc de phosphate de baryte et de chloruré d'argent : il suffit de filtrer et d'évaporer la dissolution pour avoir le chlorate de baryte pur. On a la certitude d'avoir employé assez de phosphate d'argent lorsque la liqueur ne précipite plus par le nitrate d'argent : en effet, cet essai prouve qu'elle ne contient plus d'hydro-chlorate. ( Chenevix et Vauque- lin. ) On suit le même procédé pour séparer le chlorate de strontiane de l'hydro-chlorate. Des Nitrates. On obtient les nitrates de zircone , à?alumine , de glucine, d'yttria, de magnésie, de chaux , de soude et d'ammoniaque par le premier et par le deuxième procédé , en traitant ces bases divisées, ou leurs carbonates , par l'acide nitrique étendu d'eau. Nitrate de baryte. On fait chauffer pendant deux heures, dans un fourneau à réverbère, un creuset conte- nant 6 parties de sulfate de baryte et une partie de charbon parfaitement mêlés et passés au tamis, et l'on obtient un mélange de sulfure de baryte et de charbon ( voyez Ac- tion du charbon sur les sulfates, pag. 200 ) ; on le pul- vérise , on le met dans l'eau, et l'on obtient de l'hydro- sulfate sulfuré de baryte soluble, et du sulfite sulfuré de baryte insoluble ( voyez Action des sulfures alcalins sur Veau, pag. 227 ); on traite la liqueur par de l'acide nitri- que , qui décompose l'hydro-sulfate sulfuré avec efferves- cence , dégage le gaz acide hydro - sulfurique, précipite du soufre , et forme du nitrate de baryte , que l'on peut obtenir par le filtre, après l'avoir fait chauffer, pour le rendre plus soluble dans l'eau. Il est important, avant de mêler le sulfate de baryte avec le charbon, de Je faire bouillir pendant quelque temps avec de l'acide hydro-chlorique affaibli, pour le débarrasser du fer et de quelques autres 5~6 PREMIÈRE PARTIE. matières qu'il pourrait contenir. On procède de même pour obtenir le nitrate de strontiane. Nitrate de potasse. Les opérations que l'on pratique pour extraire le nitre varient suivant la nature du ter- rain qui le fournit : si le sel s'y trouve en très-grande quantité, on traite la terre par l'eau , et on fait évaporer la dissolution saline pour obtenir des cristaux de nitre : ce procédé est mis en usage dans l'Inde. Si, comme il ar- rive plus ordinairement, le terrain renferme peu de nitrate de potasse et beaucoup de nitrate de chaux et de magnésie, on transforme ces deux sels en nitrate de potasse, afin de s'en procurer une plus grande quantité. On donne le nom de plâtras à des substances pierreuses provenant de la démolition des vieuxbàtimens, et douées d'une saveur fraîche, acre et piquante : c'est dans ces plâtras que l'on trouve les nitrates de potasse, de chaux et de mag- nésie dont nous venons de parler ; ils renferment en outre de l'hydro-chlorate de chaux, de magnésie et de soude ; les plus riches en nitrates sont ceux que l'on trouve à la partie inférieure des bàtimens : ils n'en contiennent guère que cinq pour cent de leur poids. Les analyses qui en ont été faites prouvent que les sels qu'ils renferment sont dans le rapport suivant : p.-.rtic». Nitrate de potasse.......'.................. i o Nitrate de chaux et de magnésie.. >........... 70 Hydro-chlorate de chaux et de magnésie....... 5 Hydro-chlorate de soude................... i5 100. Lixiviation. On dispose, à côté les uns des autres et sur trois rangs, 36 tonneaux percés, près de leur partie inférieure el latérale, d'un trou d'un demi-pouce de diamè- tre, que l'on peut fermer à volonté au moyen d'un robinet ou d'une cheville; on introduit dans chacun de ces ton- DES NITRATES. 577 neaux un sceau de plâtras en petits fragmens , que l'on a soin de maintenir, à l'aide d'une douve, à une certaine distance du trou , qui serait obstrué sans cette précaution ;. on met par-dessus un boisseau de cendres (i), et on achève de les remplir avec de la poudre de plâtras passée à tra- vers une claie. On verse de l'eau dans les tonneaux de la première bande ou du premier rang ; on la laisse pendant quelques heures, puis on la fait écouler en ouvrant le robinet : cetle eau contient une certaine quantité de sels «n dissolution , et porte le nom d'eau de cuite ; on la met à part. Il est évident que le plâtras n'est pas complètement épuisé par cette première lixiviation : on le traite de la même manière par une nouvelle quantité d'eau , qui dis- sout encore des sels, mais en moindre quantité; on laisse' écouler le liquide, et on remet de l'eau sur le résidu pour l'épuiser complètement. Ces deux dernières eaux de lavage moins chargées que Y eau de cuite, sont ensuite versées suc- cessivement sur la seconde bande de tonneaux, où elles se saturent; on agit sur cette bande comme sur la première, et l'on en fait autant sur la troisième ; ensorte qu'au bout d'un certain temps, le plâtras contenu dans les divers tonneaux se trouve privé, des sels solubles , et l'on a obtenu une très- grande quantité d'eau de cuite : cette eau marque plus de 5° à l'aréomètre de Baume. Evaporation. On fait évaporer les eaux de cuite dans une chaudière de cuivre jusqu'à ce qu'elles marquent 26° à l'aréomètre de Baume; pendant l'évaporation,il se forme des écumes que l'on sépare, et un dépôt boueux qui se ramasse dans un chaudron placé au fond de la chaudière, et que l'on peut enlever de temps en temps- au moyen d'une corde. (1) Nous avons déjà dit que les cendres cooiennent du sous- carbonate, du sulfate et de l'hydro-chlorate de potasse solubles. 37 * ' 578 PREMIÈRE PARTIE. Décomposition. On verse dans la liqueur évaporée dii sulfate de potasse , qui transforme le nitrate et l'hydro- chlorate de chaux en nitrate et en hydro-chlorate de po- tasse solubles , et en sulfate de chaux presqu'insoluble ; On y ajoute un excès de dissolution concentrée de potasse du commerce, qui précipite la magnésie du nitrate et de l'hy- dro-chlorate , ainsi que'les dernières portions de chaux, si la totalité des sels calcaires n'a pas été décomposée par le sul- fate de potasse ; en sorte que la dissolution renferme a lois : i°le nitrate de potasse qui se trouvait dans le plâtras, et celui qui provient de là décomposition du nitrate de chaux et de magnésie ; 2°rhydro-chloratedepotasseformé aux dépens de l'hydro-chlorate de chaux et de magnésie ; 3° l'hydro-chlorate de soude faisant partie du plâtras ; 4° u« Peu de sulfate de chaux; 5° une petite quantité de sels de chaux et de mag- nésie non décomposés. On met cette dissolution toute chaude dans des cuviers appelés réservoirs, el on la tire à clair au moyen de robinets adaptés aux cuviers ; on lave le dépôt, et on réunit les eaux de lavage à la dissolution que l'on reçoit dans une chaudière ; on procède de nouveau à l'évaporation : la petite quantité de sulfate de chaux et une assez grande quantité de l'hydro-chlorate de soude se dépo- sent ; on les enlève avec des éeumoirs, et on les laisse égoutter dans des paniers d'osier placés au-dessus de la chaudière. Lorsque la liqueur marque 42° à l'aréomètre , on la met dans des vases de cuivre, où elle cristallise par le refroidis- sement; on décante l'eau mère, on lave le sel avec de l'eau de cuite, on le fait égoutter, et on le livre dans le commen e sous le nom de salpêtre brut, nitre de première cuite : il est formé d'environ 75 parties de nitrate de potasse et de 25 parties d'un mélange de beaucoup d'hydro-chlorate de soude, d'une petite quantité d'hydro-chlorate de potasse t et de sels de chaux et de magnésie déliquescens. Raffinage du salpêtre. On fait bouillir dans une chau- DES NITRATES. 67C) dière 3o parties de nitre brut avec 6 parties d'eau ; le nitrate de potasse et les sels déliquescens , beaucoup plus solubles que les hydro-chlorates de soude et dépotasse, se dissolvent, tandis que ceux-ci restent presqu'en totalité au fond de la chaudière; on les enlève; on ajoute 4 parties d'eau à la dissolution ; on clarifie la liqueur par la colle, et on la met, lorsqu'elle est encore chaude, dans de grands bassins en cuivre peu profonds; on l'agite pour hâter le re- froidissement et la cristallisation ; on obtient par ce moyen une poudre cristalline formée de nitre et dune petite quan- tité des autres sels. Pour achever la purification de ces cris- taux, on les met en contact avec des eaux chargées de ni- trate de potasse et avec de l'eau ordinaire, qui dissolvent j presque la totalité des sels étrangers et n'agissent point sur le nitre; en sorte qu'il suffit de laisser écouler les solutions pour avoir le nitre du commerce, que l'on fait sécher. Nitrate de protoxide de manganèse. On peut le pré- parer avec le métal et l'acide nitrique ,à la température or- dinaire (premier procédé) ; ou bien en faisant chauffer le deutoxide et l'acide ; enfin il peut être obtenu en traitant l'acide éteudu d'eau par un mélange de peroxide et de gomme, de sucre, ou de toute autre substance avide d'oxi- gène », et capable de ramener le peroxide à l'état de pro- toxide. Nitrate de zinc. On se le procure avec le métal et l'acide nitrique affaibli. Deuto-nitrate defer. On traite le deutoxide par l'acide nitrique faible, k froid. Trito-nitrate defer. On l'obtient cristallisé et incolore, en laissant pen- dant long-temps, dans un flacon bouché, le deutoxide de fer avec l'acide nitrique concentré (Vauquelin) ; on le prépare aussi en versant de l'acide nitrique concentré sur du fer ; mais dans ce cas il est jaune , et il y a une grande portion de peroxide formé qui ne se dissout pas dans l'acide. Nitrate de protoxide d'étain et de protoxide d'anti- 580 PREMIÈRE PARTIE. moine. On met sur le métal divisé , à l'abri du contact de l'air et à la température ordinaire, de l'acide nitrique , dont la pesanteur est de i,n4 : une portion de l'acide se décompose pour oxider le métal ; l'autre portion dissout l'oxide formé. Nitrate d'arsenic, de chrome et de cobalt. On dissout les oxides dans l'acide nitrique. Nitrate de tellure. On traite le métal par l'acide ni- trique , et on fait évaporer la dissolution. Nitrate dhirara. On se le procure avec la mine d'oxide d'urane, qui renferme, outre cet oxide, du fer, du plomb , du cuivre, de la silice, du soufre et du carbonate de chaux; on la traite à froid par l'acide hydro-chlorique faible pour transformer ce carbonate en hydro-chlorate soluble. On décante la dissolution et on lave le dépôt ; puis on le fait bouillir avec un grand excès d'acide nitrique étendu de son poids d'eau, qui n'agit point sur la sHice et qui attaque à peine le soufre : il y a dégagement de gaz nitreux , et for- mation de nitrates d'urane , de fer, de plomb et de cuivre , tous solubles dans l'eau; on filtre et on fait évaporer la liqueur jusqu'à siccité pour décomposer la majeure partie du nitrate de fer; on traite la masse par l'eau, et on filtre de nouveau : l'oxide de fer reste sur le filtre, tandis que les nitrates d'urane, de plomb , de cuivre , et la petite quan- tité de nitrate de fer indécomposée se trouvent dans la dis- solution ; on y fait passer un courant de gaz acide hydro- sulfurique , qui précipite le plomb et le cuivre à l'état de sulfures : alors il ne reste plus dans la dissolution que du nitrate acide d'urane et un peu de nitrate de fer ; on filtre, et on l'évaporé de nouveau jusqu'à siccité pour décompo- ser complètement le sel ferrugineux ;. on traite la masse par l'eau, qui ne dissout que le nitrate d'urane, que l'on peut évaporer et faire cristalliser. Nitrates de cérium. lis s'obtiennent en faisant dissou- DES NITRATES. 58l dre les oxides dans l'acide nitrique; il en est de même du nitrate de titane, excepté que l'on doit prendre l'oxide hydraté: car s'il était sec et calciné, *il ne se dissoudrait pas dans l'acide. Nitrates de bismuth et de cuivre : métal et acide nitri- que étendu (quatrième procédé). Cendres bleues. On mêle de la chaux pulvérisée avec un excès de dissolution faible de deuto-nitrate de cuivre, afin d'obtenir du nitrate de chaux soluble et du sous-ni- trate de cuivre insoluble et d'une couleur veru^ on lave le précipité à plusieurs reprises ; on le laisse égoutter sur un linge ; on le triture avec 7, 8 ou 10 centièmes de son poids de chaux , et on le fait sécher : le produit constitue les cen- dres bleues (Pelletier). Il est évident qu'en ajoutant de la chaux au sous-nitrate, on met à nu l'hydrate de deutoxide de cuivre, et que l'on forme en même temps du nitrate de chaux. On peut aussi préparer cette matière avec du sulfate de cuivre et delà potasse ; mais dans ce cas sa couleur n'est pas très-vive. Nitrate de plomb. On l'obtient avec de la litharge et de l'acide nitrique étendu de trois ou quatre foissonpoids d'eau. Nitrate de nickel. On le prépare avec le speiss, alliage que l'on obtient aufonddes creusets, lorsqu'on faitle verre de cobalt dans les fonderies de Zell en Saxe, et qui est formé , suivant M. Proust, de nickel, de cobalt, d'arsenic, de fer, de très-peu de cuivre, d'une certaine quantité de soufre, et quel- quefois de bismuth. Après l'avoir réduit en poudre fine, on le fait chauffer dans une capsule de porcelaine avec deux fois et demie son poids d'acide nitrique étendu d'une égale quantité d'eau; il y a dégagement de gaz nitreux, oxidation des mé- taux, acidification du soufre et de l'arsenic, et formation de plusieurs sels ; presque tout le speiss est dissous : on voit seulement quelques flocons grisâtres se précipiter. On filtre la dissolution , que l'on peut regarder comme com- £83 PREMIÈRE PARTIE. posée d'acides nitrique , sulfurique et arsénique , de pror , toxides de nickel et de cobalt,d'oxide d'arsenic, d'un atome de deutoxide de cuivre et de peroxide de fer. (Tuppuli. ) M. Proust a proposé un moyen beaucoup plus économique pouroxiderles diverses substances qui constituent le speiss ; il consiste à le faire chauffer avec le contact de l'air. Les produits oxides par l'un ou l'autre de ces procédés doivent ensuite être dissous dans l'acide nitrique. On fait évaporer la dissolution jusqu'à ce qu'elle soit réduite aux deux tiers de son volume*, et l'on voit l'oxide d'arsenic cristalliser ; on le sépare par décantation, et on continue à faire évaporer la liqueur afin d'en chasser de l'eau et l'excès d'acide. Lors- qu'elle est suffisamment concentrée, on y verse peu, à peu du sous-carbonate de soude dissous, qui précipite d'abord tout le fer à l'état de perarséniate blanc jaunâtre et flocon- neux ; on filtre et on verse le même réactif dans la liqueur pour précipiter l'arseniate de protoxide de cobalt en flo-i cons roses ; on doit ajouter du sous-carbonate jusqu'à ce que le précipité commence à être couleur de pomme, comme celle de l'arseniate de nickel, car alors on est certain d'avoir séparé tout le cobalt (i); on filtre la liqueur, et on l'étend d'eau ; on y met de l'acide nitrique si elle n'est pas suffisam- ment acide ; on y fait arriver un courant de gaz acide hydro- sulfurique qui précipite d'abord la petite quantité de cuivre à l'état de sulfure, et qui, au bout de plusieurs heures , dé-s compose l'acide arsénique et le transforme en eau et en sulfure d'arsenic jaune, insoluble dans l'eau ; on filtre la dissolution , et on la chauffe pour en chasser l'excès d'a- cide hydro-sulfurique, et faire cristalliser le nitrate de nickel, qui se trouve alors seul dans la dissolution, et à J'état de pureté. -—> ......_ .... • —.... ....... (i) Dans la méthode suivie par M. Proust , on ne fait poini e'yaporer cette dissolution ; on la traite de suite par l'alcali.. DES NITRATES. 583 Nitrate de protoxide de mercure. On fait bouillir, pen- dant demi-heure, de l'acide nitrique étendu de quatre à cinq fois son poids d'eau avec un excès de mercure, et par le refroidissement de la liqueur, on obtient des cristaux de proto-nitrate; il suffit de les broyer avec de l'eau pour les transformer en sous et en sur-nitrate. Si au lieu d'agir à la chaleur de l'ébullition, on fait l'expérience à froid, le sel contient du nitrite de mercure. Nitrate de deutoxide de mercure. On l'obtient de la même manière que le précé- dent, excepté que l'on emploie plus d'acide nitrique et qu'il est moins affaibli. Lorsque la liqueur ne précipite plus par l'acide hydro-chlorique ou par un hydro-chlorate , on a la certitude qu'elle ne renferme plus, de protoxide, et par conséquent il ne s'agit plus que de la faire évaporer pour en obtenir des cristaux aiguillés. Sous-nitrate jaune ( turbith nitreux ) et sur^nitrate. On les prépare en broyant le deuto-nitrate avec de l'eau chaude> Nitrate d'argent. On fait chauffor légèrement de l'argent pur en grenailles , avec de l'acide nitrique pur, étendu de son poids d'eau distillée ( quatrième procédé ) ; on évapore Ja dissolution pour la faire cristalliser. Pierre infernale. On fait fondre le nitrate d'argent à une douce chaleur dans Un creuset d'argent; lorsqu'il est fondu , on le coule dans une lingotière de cuivre que l'on enduit d'un peu de suif: le sel, qui était parfaitementblane%se colore. (V. l'histoire du nitrate d'argent, pag. 45o. ) Si on ne le ch'auffe pas assez pour le dessécher complètement, il n'est pas aussi caus* tique qu'il doit être; si on le chauffe trop, il est décomposé,;, ci au lieu de pierre infernale on obtient de l'argent. Les nitrates d'or, de platine, de palladium et de rho- dium , admis seulement par quelques chimistes , se pré* parent en traitant les oxides de ces métaux par l'acide ni-* trique. 584 PREMIÈRE PARTIE. Des Nitrites. Le procédé généralement suivi pour la préparation de quelques nitrites, qui consiste à cakiner les nitrates jusqu'à un certain point, pour transformer l'acide nitrique en acide nitreux, doit être abandonné , car il est extrêmement diffi- cile de suspendre la calcination juste au moment où ce changement est opéré ; d'ailleurs, on court le risque défaire passer le sel à l'état de sous-nitrite pour peu que l'on chauffe plus qu'il ne faut. Sous-nitrite de plomb au minimum d'oxide. On l'obtient en faisant bouillir la dissolution de ioo parties de nitrate de plomb avec 62 parties de plomb réduit en lames très- minces. Le sous-nitrite au maximum d'oxide se prépare de la même manière, excepté que l'on emploie plus de plomb. Le nitrite neutre s'obtient en versant dans une dissolu- tion chaude de sous-nitrite au minimum d'oxide, assez d'a- cide sulfurique faible pour en précipiter la moitié de l'oxide à l'état de sulfate, et en filtrant la liqueur. Nitrite d'ammoniaque. On traite le nitrite de plomb soluble par le sulfate d'ammoniaque , et l'on obtient du nitrite d'ammoniaque soluble, et du sulfate de plomb inso- luble ; on filtre. Nitrite de cuivre. On substitue le sulfate de cuivre au sulfate d'ammoniaque, et il se forme du nitrite de cuivre soluble et du sulfate de plomb insoluble. On peut prépa- rer ,. par ce moyen, tous les nitrites dont les bases forment avec l'acide sulfurique des sels solubles ; en effet, il pourra résulter du mélange des deux dissolutions un ni- trite soluble et du sulfate de plomb insoluble. ( Voy. § 160. ) (Chevreul et Berzelius. ) DES HYDRO-CHLORATES.' 585 Des Hydro-chlorates. Les hydro-chlorates de zircone, d'alumine , d'yttria , de glucine, de magnésie , de potasse et de chaux, se pré- parent par le premier ou par le deuxième procédé, en trai- tant l'oxide ou le carbonate de ces bases par l'acide hydro- chlorique ; on obtient aussi l'hydro-chlorate de chaux en faisant dissoudre dans l'eau le chlorure de calcium, qui reste dans la cornue lorsqu'on prépare l'ammoniaque. (Voy. Préparation de l'ammoniaque , pag. 5o8. ) Ceux de baryte etde strontiane s'obtiennent comme lesnitratesdeces mêmes bases, excepté qu'il faut employer pour décomposer les sul- fures de ces bases de l'acide hydro-chlorique au lieu d'acide nitrique. Hydro-chlorate de soude ( sel commun ). On se pro- cure ce sel, i ° en l'arrachant du sol lorsqu'il est en masses, et en le dissolvant dans l'eau pour le faire cristalliser s'il est impur ; 20 en traitant convenablement les eaux salées. A. Dans les pays chauds, on fait arriver les eaux de la mer ( i ) dans des marais salans, sorte de bassins très-larges , très- peu profonds , favorisant par conséquent l'évaporation , tapissés d'argile , et communiquant entre eux ; à mesure que l'eau s'évapore, on en ajoute de nouvelle. Lorsque le sel est cristallisé , on le retire, et on le laisse égoutter pour le débarrasser, autant que possible , des sels déliquescens , et le dessécher. L'évaporation dure ordinairement depuis le mois d'avril jusqu'au mois de septembre, et la dessiccation n'est complète qu'au bout de plusieurs mois. Le sel ob- tenu par ce procédé est diversement coloré, parce qu'il est (i) L'eau de la mer est composée, d'après MM". Vogel et Bouillon-Lagrange, d'hydro-chlorates de soude et de magnésie, de sulfates de chaux et de magnésie, de carbonates de chaux et îagnésie dissous dans l'acide carbonique. 58ti PREMIÈRE PARTIE. intimement mêlé avec l'argile qui tapisse le fond des bas-* sins. Dans le département de la Manche , on profite des. hautes marées des nouvelles et des pleines lunes pour baigner une certaine quantité de sable que l'on a préalable-: ment disposée sur les bords de la mer. Lorsque l'eau se retire, le sable se dessèche , et se trouve recouvert dune plus ou moins grande quantité de sel ; on l'enlève et on le fait dissoudre dans de l'eau delà mer, qui par ce moyen se trouve plus chargée ; on la fait évaporer dans des bassins de plomb placés sur lefeu,etl'on obtient dusel blanc. JÇ.Dansles pays froids, on tire parti de la propriété qu'a l'eau salée de ne se congeler que bien au-dessous de zéro; en effet, l'eau delà mer peut être considérée comme un mélange d'eau douce et d'eau fortement salée ; celle-ci ne se congèle pas à zéro, tan-, dis que l'autre se solidifie à cette température : donc on peut, en la soumettant à un frpid de i° ou de 2°-—o°, en geler une grande portion , et avoir de l'eau liquide fortement salée, qu'il suffira de chauffer pour en obtenir le sel cristallisé. C. Dans les climats tempérés, on élève, à l'aide de pompes, les eaux qui ne sont pas très-cbargées de sels, et on les verse fur des fagots pour que le liquide se divise , présente plus de surface , et s'évapore en partie ; alors on le fait chauffer pour en obtenir des cristaux. D. Si les eaux contiennent i4 ou i5 centièmes de sels , on les fait évaporer dans des chaudières de fer ; il se dépose du sulfate de chaux que 1 on enlève, et le sel cristallise. Aucun de ces procédés ne fournit de l'hydro-chlorate de soude pur ; il contient toujours des sels déliquescens, du sulfate de chaux, de magnésie, etc., comme on peut s'en convaincre en versant dans sa dissolution un sous- carbonate alcalin soluble qui en précipite du sous-carbo- nate de chaux, demagnésie , et quelquefois aussi du sous^. carbonate de fer; il faut, pour le purifier, le faire cristalli- ser de nouveau en évaporant la dissolution : alors on,obtient DES HYDRO- CHLORATES. 58^> Une multitude de petits cubes qui se réunissent de ma- nière à former des pyramides quadrangulaires creuses. Hydro-chlorate d'ammoniaque. On mêle le sulfate d'am- moniaque avec l'hydro-chlorate de soude ( voyez Prépa-. ration de ce sulfate, pag. 564 ); ^ en résulte du sulfate de soude et de l'hydro-chlorate d'ammoniaque. On fait éva- porer ce mélange pour obtenir cristallisée la majeure partie du sulfate de soude. On décante l'eau mère, qui contient tout l'hydro-chlorate d'ammoniaque et une por-r tion de sulfate de soude; on la réduit à siccité par l'éva-. poration; on met Limasse dans des ballons à long col, disposés dans des fourneaux de manière à ce que la partie supérieure du col soit hors du fourneau et en contact avec l'air froid ; on chauffe graduellement pendant trois jours; on casse après les ballons pour en retirer Thydro- chlorate d'ammoniaque que l'on trouve sublimé à leur partie supérieure. Il est important, vers, letioisième jour, de plonger de temps en temps une tige de fer dans le col de ces vases pour empêcher que le sel volatilisé ne les pbstrue. En Egypte on fait brûler la fiente des chameaux desséchée au soleil, et on chauffe, dans un appareil ana-. logue à celui que nous venons de décrire, la suie qui pro^ vient de cette opération, et qui contient de l'hydro-chlo- rate d'ammoniaque, Hydro-chlorate de protoxide de manganèse. On fait chauffer le deutoxide ou le peroxide de manganèse avec de l'acide hydro-chlorique ; il se dégage du chlore, et le sel reste en dissolution (voyez § 3i5) : on peut également l'obtenir avec le métal et l'acide faible. Hydro-chlorates de zinc et de protoxide de fer. On les prépare avec le métal et l'acide hydro-chlorique étendu d'eau ( quatrième procédé). Hydro-chlorate de deutoxide et de peroxide de fer. On fait dissoudre ces oxides dans l'acide (premier procédé ). Fleurs martiales ( Voyez § i56 ). Hydro-t. 588 PREMIÈRE PARTIE. chlorate de protoxide d'étain. On l'obtient en faisant chauffer le métal très-divisé avec l'acide hydro-chlorique liquide et concentré; il est convenable d'agir dans une cornue à laquelle on adapte un récipient pour ne pas perdre l'acide hydro-chlorique qui se volatilise ; l'eau est décomposée pour oxider le métal, et il se dégage du gaz hydrogène; l'hydro-chlorate formé cristallise par le re- froidissement : on doit le conserver à l'abri du contact de l'air. Deuto-hydro-chlorate d'étain. On peut l'obtenir en mettant le per-chlorure d'étain dans l'eau, ou en faisant passer du chlore gazeux à travers une dissolution du pré» cèdent, ou bien en traitant l'étain par l'eau régale. Hydro-chlorate d'arsenic. On fait bouillir l'oxide avec l'acide (premier procédé) ; ou bien on laisse pendant long- temps l'arsenic métallique très-divisé dans un flacon con- tenant de l'acide hydro-chlorique; le métal finit par s'oxideraux dépens de l'eau et se dissout. Hydro-chlorates de chrome et de molybdène. On les prépare en faisant chauffer l'acide chromique ou molybdique avec l'acide hydro-chlorique (voyeznage 363), ou bien en dissolvant les oxides de chrome ou de molybdène dans l'acide hydro- chlorique; mais on réussit difficilement par ce dernier pro- cédé. Les hydro-chlorates de cobalt, d'urane, de deutoxide de cuivre , de nickel et de tellure, s'obtiennent par le pre- mier ou par le deuxième procédé, en dissolvant les oxides ou les carbonates dans l'acide hydro-chlorique. Hydro-chlorate de protoxide de cérium. On fait bouillir la cérite pulvérisée avec un grand excès d'acide hydro-chlo- rique; le cérium, le fer et la chaux qui font partie de la mine se dissolvent, et la silice reste au fond du vase ; on fil- tre et on évapore la liqueur pour en chasser l'excès d'acide, puis on l'étend d'eau et on la filtre de nouveau (i). On y (i ) En effet, il peut arriver qu'ufie portion de silice se trouve DES H YDRf>-CHLORATES. 58g ajoute de l'ammoniaque, qui ne précipite que les oxides de cérium et de fer ; on verse sur ce précipité lavé et encore humide, une dissolution d'acide oxalique que l'on fait bouillir; il se forme de l'oxalate de fer soluble et de l'oxa- late de protoxide de cérium d'un blanc rosé, insoluble dans l'eau ; on lave ce précipité et on le calcine lorsqu'il est sec, pour détruire l'acide oxalique, en sorte que l'on obtient du deutoxide de cérium (le protoxide de cérium passe à l'état de deutoxide par la calcination); on traite cet oxide par l'acide hydro-chlorique qui, comme nous l'avons dit, le transforme en hydro-chlorate de protoxide. (Voyez § 441.) (M. Laugier.) Hydro - chlorate de titane. On fait fondre dans un creuset une partie et demie de potasse caustique avec une partie de mine de St.-Yrieux, pulvérisée, lavée et débar- rassée des matières terreuses; on obtient une masse d'un brun noirâtre, très-dure , que l'on traite par l'eau (r). Ce liquide dissout l'excès de potasse, une certaine quan- tité d'oxide de titane, la silice , l'alumine et l'oxide de manganèse qui le colore en vert; il reste une masse rougeâtre, composée, comme l'a prouvé le premier M. Vau- quelin, de potasse, de la majeure partie de l'oxide de titane et d'oxide de fer : on la fait dissoudre dans l'acide hydro-chlorique concentré, qui acquiert une couleur jaune verdàtre, et qui n'est jamais transparent; on verse dans le mélange de ces trois hydro-chlorates de l'acide oxalique ou de l'oxalate d'ammoniaque , et on obtient sur-le-champ un très-beau précipité, blanc grumeleux d'oxalate de titane pur (M. Laugier) ; on le lave pour le dessécher et le cal- dans la dissolution , et se dépose à mesure que la liqueur s'éva- pore. (i) Celte mine contient de l'oxide de titane, de l'oxide de fer, de l'oxide de manganèse, de la silice etde l'alumine. 5c,0 PREMTÈKF PARTIE. ciner dans un cieuset : par faction de la chaleur l'acide oxalique se décompose, et l'oxide de titane reste sans mé- lange. Pour le transformer en hydro-chlorate, il faut le faire fondre de nouveau avec de la potasse pure, car nous avons dit qu'il n'est soluble dans les acides , lorsqu'il a été calciné, qu'à la faveur des alcalis. (Voy. §4^2.) Hydro-chlorate de bismuth. On traite le métal par l'eau régale, et on fait évaporer la dissolution. Hydro-chlorate de plomb. On lait dissoudre le chlorure de plomb dans l'eau. Sur-hydro-chlorate de protoxide de cuivre. On triture 120 parties de cuivre très-divisé, séparé du sulfate par une lame de fer, avec 100 parties de deutoxide de cuivre ; on fait chauffer le mélange avec de l'acide hydro- chlorique concentré j et l'on obtient un liquide brun qui est l'hydro-chlorate concentré : il est évident qu'une por- tion de l'oxigène du deutoxide s'est portée sur le cuivre, et que le tout a été transformé en protoxide. Il suffit de ver- ser de l'eau dans cette liqueur pour en précipiter le sous- hydro-chlorate blane. Hydro-chlorate d'or. On met l'or en lames minces dans de l'eau régale ou dans une dissolution de chlore. (Voy. Ac- tion du chlore et de Veau régale sur Vor, pag. 453.) Des Hydriodates. On peut préparer tous les hydriodates par le premier pro- cédé, en combinant l'acide avec l'oxide; cependant on obtient ceux de potasse et de soude en mettant l'un ou l'autre de ces alcalis dissous sur de l'iode ; il se forme de l'hydriodate et de l'iodate que l'on sépare par l'alcool ( Voy. Préparation de ces iodates, pag. 572). Lorsque les hydriodates se trou-* vent en dissolution dans ce liquide , on volatilise l'alcool par la distillation et les sels restent purs. Les hydriodates de baryte, de strontiane et de chaux se préparent aussi en DES HYDRO-SULFATES. 5gt mettant de l'iode avec ces alcalis; mais comme il se forme Un iodate très-insoluble et un hydriodate très-soluble, la séparation est beaucoup plus simple. Tous les hydriodates dont les métaux décomposent l'eau , tels que ceux de zinc, de fer, etc., s'obtiennent en versant ce liquide sur un io- dure. 11 suffit démettre l'iode en contact avec un hydriodate pour le transformer en hydriodate iodure. Des Hydro-sulfates. Les hydro-sulfates dépotasse, de soude, d'ammoniaque, de chaux , de baryte, de strontiane et de magnésie s'ob- tiennent par le procédé suivant : on introduit dans le bal- lon D ( voyez pi. 9, fig- 57) du sulfure de fer réduit en poudre fine, et dans les vases F, A, B, S, E,F, G, des dissolutions de potasse, de Soude, d'ammoniaque, ou bien de la chaux, de la baryte, de la strontiane ou de la magnésie délayées dans une assez grande quantité d'eau; on fait communiquer ensemble ces différens vases au moyen de tubes de sûreté; l'appareil étant ainsi disposé, on Verse dans le ballon, au moyen du tube à trois branches VE, de l'acide sulfurique étendu de cinq ou six fois son poids d'eau; le gaz acide hydro-sulfurique s»dégage aussi- tôt ( voyez Préparation de ce gaz, pag. 5o4 ), traverse la potasse, la sature; une autre portion va se rendre dans le flacon contenant la soude, se combine avec elle, et il en est de même des autres bases renfermées dans les différens vases; il est évident que l'on doit ajouter une nouvelle quantité d'acide sulfurique et de sulfure à mesure que le dégagement du gaz se ralentit. Pendant la saturation de ces alcalis, principalement de la potasse et de la soude, il se précipite une matière gélatineuse, mêlée'd'une poudre noire, qui donne à la liqueur un aspect brunâtre troubleh et qui, à la fin de l'opération, se rassemble au fond du vase et peut eue séparée par le filtre : cette matière est corn- 5g2 PREMIERE PARUE. posée de silice, d'oxide de fer et d'oxide de manganèse , substances qui se trouvent ordinairement dans les alcalis employés, et qui se déposent à mesure que l'acide hydro- sulfurique sature ces alcalis. Quelquefois aussi on décou- vre dans ce précipité de l'oxide d'argent qui provient de la potasse et de la soude que l'on a fait fondre dans des chau- dières d'argent. Lorsque l'opération est terminée, ce qui n'a lieu qu'au bout de plusieurs jours, on filtre les hydro- sulfates, et on les agite avec du mercure; ce métal s'empare de leur excès de soufre , et leur fait perdre la couleur jaune qu'ils avaieut: le mercure, dans cette expérience, noircit d'abord, puis se transforme en sulfure rouge (cinnabre). Les hydro - sulfates de manganèse, de zinc, defer et d'étain insolubles, s'obtiennent par la voie des doubles décompositions, en versant de l'hydro-sulfate de potasse dans une dissolution saline de l'un ou de l'autre de ces métaux. Sous-hydro-sulfate d'antimoine (kermès). i°. Pour obtenir du très-beau kermès, il faut faire bouillir pen- dant une demi-heure, dans une chaudière de fer, une partie de sulfure d'antimoine réduit en poudre fine, 22 par- ties et demie de sous-carbonate de soude cristallisé, et 25o parties d'eau, filtrer la liqueur bouillante, la recevoir dans un entonnoir et dans des vases chauds, couvrir ceux- ci et les laisser refroidir. Le kermès est entièrement dé- posé au bout de 24 heures ; on le met sur un filtre, on le lave avec de l'eau bouillie et refroidie sans le contact de l'air; on le dessèche à la température de 25° et on le con- serve à l'abri du contact de l'air et de la lumière (Cluzel ). On obtient par ce procédé beaucoup moins de kermès que par le suivant; mais il est infiniment plus beau. i°. On fait bouillir, pendant un quart-d'heure environ, 2 parties de sulfure d'antimoine pulvérisé, une partie de potasse caustique ou 4 parties de sous-carbonate de potasse, et 20 DES HYDRO-SULFATES. 09J ^4 parties d'eau ; on filtre la liqueur bouillante, et on » Gnit l'opération comme dans le cas précédent. 3°. On fait fondre dans un creuset de terre un mélange pulvérulent de 2 parties de sulfure d'antimoine et d'une partie de potasse ou de soude du commerce; on réduit en poudre la masse fondue et on la fait bouillir avec dix ou douze fois son poids d'eau; le kermès se dépose sur-le-champ, et peut être recueilli en suivant les procédés que nous avons indiqués précédemment. Théorie. Quel que soit le mode de prépa- ration mis en usage , l'eau et le sulfure d'antimoine sont décomposés ; il se forme de l'hydro-sulfate sulfuré de po- tasse ou de soude, et du kermès ; celui-ci ne peut pas être dissous en totalité dans la liqueur refroidie, et se dépose. (Voyez, pour les détails de cette théorie, pag. 381. ) Des Hydro-sulfates sulfurés. Hydro - sulfate sulfuré d'antimoine ( soufre doré ). L'eau mère ou la liqueur qui surnage le kermès contient de l'hydro-sulfate sulfuré de potasse ou de soude, et une certaine quantité de kermès; après l'avoir filtrée on y verse quelques gouttes d'acide nitrique, sulfurique ou hydro- chlorique qui s'emparent de l'alcali pour former un sel soluble, et l'on voit paraître un précipité jaune orangé composé de kermès, d'acide hydro-sulfurique et de soufre: c'est le soufre doré, qu'il s'agit simplement de laver et de dessécher. Hydro-sulfates sulfurés de potasse, de soude, de ba- ryte, de strontiane, de chaux et de magnésie. On les obtient aisément en faisant bouillir ces oxides avec de l'eau et du soufre réduit en poudre; on les prépare aussi ( ex- cepté celui de chaux ) en mettant dans l'eau les sulfures de ces bases obtenus par la voie sèche (voyez § 178 ); il se produit, à la vérité, dans ces opérations, du sulfite sulfuré de baryte, de strontiane, de chaux, de potasse ou de soude ; 1. 38 &94 PREMIÈRE PARTIE. les trois premiers peuvent être facilement séparés parle filtre parce qu'ils sont insolubles dans l'eau, tandis que les hydro-sulfates sulfurés sont solubles dans ce liquide; mais il est plus difficile d'opérer la séparation des sulfites sulfu- rés de potasse et de soude qui sont solubles dans l'eau ; en sorte qu'il faut, pour avoir des hydro-sulfates sulfurés de potasse et de soude purs, faire réagir, à une douce chaleur, les hydro-sulfates simples de ces bases sur le soufre très- divisé. Hydro-sulfate sulfuré d'ammoniaque ( liqueur fumante de Boyle ). ( Voyez § 3o5. ) Des. Hydro-phtorates (fluates ). Hydro-phtorate acide de silice. On fait arriver dans de l'eau du gaz acide phtoro-silicique (fluorique-silice); il se forme un précipité blanc, gélatineux, qui est du sous- hydro-phtorate de silice ( sous - fluate ) , et il reste dans la liqueur le sel dont nous parlons : il est évident qu'on ne peut expliquer ces phénomènes que par la dé- composition de l'eau, si on regarde le gaz phtoro-sili- cique comme composé de phtore et de silicium : en effet, l'hydrogène de l'eau transforme le phtore en acide hy- dro-phtorique, tandis que l'oxigène fait passer le silicium à l'état d'oxide. Il est important de mettre au fond de l'eau une certaine quantité de mercure, dans lequel on fait plon- ger le tube qui conduit le gaz ; sans cela l'extrémité de ce tube ne tarde pas à être obstruée par la masse gélatineuse qui se forme. Les hydro-phtorates de potasse, de soude et d'ammo- niaque s'obtiennent par le premier procédé, en combinant l'acide avec ces bases, ou bien en traitant l'hydro-phtorate acide de silice par l'un ou l'autre de ces alcalis, qui en précipitent la silice avec un peu d'acide , et restent dans la dissolution à l'état d'hydro-phtorate. L'hydro-phtorate d'ar- DES ARSENIATES. Ô()5 gent s'obtient par la premier procédé, en versant sur l'oxide d'argent de i'atide hydro-phtorique faible. Les fluates insolubles, regardés aujourd'hui comme des phtorures, se préparent par la -. oie des doubles décomposi- tions , en mettant un hydro-phtorate soluble avec une dis- solution saline contenant le métal que l'on cherche à transformer en phtorure. Des Arseniates. Tous les arseniates insolubles dans l'eau se préparent par le troisième procédé , en versant un arsèniate soluble dans une dissolution saline contenant l'oxide métallique que l'on veut transformer en arsèniate. On obtient di- rectement ceux de soude et d'ammoniaque en unissant ces bases avec l'acide. L'arseniate acide de potasse peut éga- lement être obtenu par ce procédé ; mais on le fait ordi- nairement en calcinant un mélange de parties égales de nitrate de potasse et d'oxide d'arsenic ; l'acide nitrique cède son oxigène à cet oxide, le fait passer à l'état d'acide, qui se combine avec la potasse du nitrate ; on dissout le produit et on l'évaporé pour le faire cristalliser. Il suffît d'ajouter de la potasse à ce sel pour le changer en arsè- niate neutre. Des Combinaisons de l'oxide d'arsenic avec les bases, ou des arsénites. Les arsénites de potasse, de soude ou d'ammoniaque s'obtiennent directement en faisant chauffer l'oxide d'ar- senic pulvérisé avec l'une ou l'autre de ces bases et de l'eau. Teinture minérale de Fowler. On fait bouillir dans un matras 64 grains d'oxide d'arsenic parfaitement pulvérisé, 64 grains de sous - carbonate de potasse du commerce, et 8 onces d'eau distillée» Lorsque la dissolution est com- plète, on ajoute à l'arsénite formé demi-once d'esprit de Sg6 PREMIÈRE PARTIE. lavande composé, et une assez grande quantité d'eau pour qu'il y ait une livre de liquide. Les arsénites insolubles se préparent parla voie des dou- bles décompositions : nous ne ferons mention que du vert de Schéele (arsénite de cuivre). On fait dissoudre, à l'aide de la chaleur, 2 livres de sulfate de cuivre dans 17 pintes d'eau ; on retire le vase du feu ( ce vase ne doit pas être de fer ) , et on verse dans la dissolution, et par parties, l'arsé- nite de potasse provenant de l'ébullition de 2 livres de sous-carbonate de potasse, de 6 pintes d eâu pure et de 11 onces d'oxide d'arsenic ; on agite le mélange , et l'ar- sénite de cuivre se précipite ; après avoir décanté le sulfate de potasse qui le surnage, on le lave avec de l'eau chaude à deux ou trois reprises différentes ; on le met sur une toile et on le fait sécher ; on obtient par ce moyen une livre 6 onces et demie de vert de Schéele. Des Molybdates. On prépare les molybdates solubles directement, avec l'acide et les bases ; ceux qui sont insolubles s'obtiennent par la voie des doubles décompositions. Des Chromâtes. Chromate de potasse. On obtient ce sel avec la mina de chrome du département du Var , qui est principa- lement composée d'oxide de chrome, d'oxide de fer, d'alumine et de magnésie. On fait rougir dans un creuset, pendant une demi-heure, un mélange de parties égales d© cette mine et de nitrate de potasse ; l'acide nitrique est décomposé ; son oxigène se porte sur les oxides de chrome et de fer, qu'il transforme en acide chromique et en per- oxidedefer ; il se dégage dugaznitreux (deutoxided'azote) ; en sorte que l'on obtient une masse jaune, poreuse, formée de chromate de potasse, de silice, d'alumine, de peroxide de fer et de magnésie; on casse le creuset pour mieux en DES CHROMATES. 597 retirer la matière, et on la fait bouillir, pendant un quart- d'heure, dans dix ou douze fois son poids d'eau,qui dis- sout le chromate de potasse et une portion de silice et d'alumine ; ces deux substances sont tenues en dissolution à la faveur de l'excès de potasse ; on traite de nouveau le résidu par l'eau pour lui enlever tout ce qui est soluble-; on filtre et on fait évaporer la liqueur ; la silice et l'alumine se déposent à mesure que la concentration a lieu ; on laisse reposer pour la filtrer de nouveau et la faire cristalliser : c'est par le moyen d'une seconde cristallisation que l'on parvient à débarrasser le chromate de potasse de toute la. silice et de l'alumine. On peut obtenir le chromate de soude en substituant le nitrate de soude au nitrate de potasse. Le.chromate dïammoniaque se prépare en laissant pendant quelque temps du sous-carbonate d'ammoniaque en contact avec du chromate de plomb ; il se produit du. carbonate de plomb insoluble et du chromate d'ammo- niaque soluble Chromâtes de chaux etde strontiane. On soumet à l'ac- tion d!une douce chaleur de l'hydrate de chaux ou de strontiane, de l'eau et du chromate de plomb; il se forme un chromate soluble et il se précipite de l'oxide de plomb. Le chromate de baryte s'obtient par la voie des doubles décompositions, en versant du chromate de potasse dans une dissolution d'hydro-chlorate de baryte, et lavant le précipité; il en est de même de tous les autres chromâtes insolubles. Le sous-chromate de plomb orangé se prépare avec le sous-chromate de potasse et l'acétate de plomb ; tandis que le chromate neutre s'obtient avec te chromate de potasse. Des Tungstates. Les tungstates se préparent comme les arsénites. Nous ne dirons rien des colombates, parce que leur histoire est fort peu connue. D98 PREMIÈRE PARTIE. SUPPLÉMENT. Du Gaz hydrogène potassié. Suivant M. Sementini, le gaz hydrogène potassié se pro- duit lorsqu'on traite la potasse par le fer, à une très-haute température, c'est - à - dire, lorsqu'on fait l'extraction du potassium. Préparation du gaz hydrogène arsénié. On soumet à l'action d'une douce chaleur une fiole munie d'un tube recourbé, et contenant une partie d'alliage d'étain et d'arsenic réduit en poudre (voyez pag. 348 ), et 4 ou 5 parties d'acide hydro - chlorique ; le gaz hydro- gène arsénié se dégage, et il reste dans la fiole de l'hydro- chlorate d'étain. Théorie. L'eau de l'acide hydro-chlorique est décomposée, son oxigène oxide l'étain, tandis que l'hy- drogène s'unit à l'arsenic , et forme le gaz dont nous parlons. Préparation du gaz hydrogène tellure ( acide hydro- tellurique ). On l'obtient comme le précédent, excepté que l'on em- ploie un alliage de potassium et de tellure. Préparation de l'alumine. M. Gay-Lussac vient de faire connaître un nouveau pro- cédé pour obtenir l'alumine pure en très-peu de temps; il s'agit simplement de calciner, dans un creuset, de l'alun à base d'ammoniaque préalablement desséché : l'acide sulfu- rique et l'ammoniaque se dégagent, et l'alumine reste. SUPPLÉMENT. ^99 Congélation de Veau dans le vide. Nous avons dit, pag. 28 du tom. icr, que M. Leslie était parvenu à opérer la congélation de l'eau dans le vide au moyen de l'acide sulfurique concentré. Les expériences ré- centes de ce savant prouvent que le basalte porphyrique en décomposition agit de la même manière que l'acide sulfu- rique. Lorsque ce corps a été bien desséché , il absorbe la cinquantième partie de son poids d'humidité, sans que son pouvoir absorbant ait été affaibli de moitié, et la vingt- cinquième partie avant qu'il soit réduit au quart; il n'est sa- turé que lorsqu'il a absorbé près du cinquième de son poids d'eau. Suivant M. Leslie, le basalte dont nous parlons, et même la terre des jardins bien desséchée et réduite en poudre, peuvent faire congeler plus du sixième de leur poids d'eau , pourvu qu'on les fasse agir par une grande surface. Il est à remarquer que les poudres qui ont déjà servi acquiè- rent, par la dessiccation, la propriété de congeler une nou- velle quantité de liquide. Ces résultats pourront fournir des applications utiles pour les arts. Phosphore. Nous avons annoncé, pag. 78, que l'on pouvait obtenir un phosphure de carbone en distillant du phosphore im- pur. M. Boudet, après avoir fait un très-grand nombre d'ex- périences , pense que toutes les substances qui ont été regardées jusqu'à ce jour comme du phosphure de car- bone ne sont peut-être que de l'oxide rouge de phosphore : il croit néanmoins que la combinaison de ces deux corps ne parait pas impossible. Sous-phosphate d'ammoniaque. Ce sel, décrit pour la première fois par M- Planche, cristallise en octaèdres ré- guliers; il e.s. inodore; ii a une saveur salée et piquante ; ilevige .son poids d'eau froide pour se dissoudre ; le solutum précipite le sublimé corrosif en blanc ; le précipité était ÔOO PREMIÈRE PARTIE. connu autrefois sous le nom de muriate de mercure ammo- niacal. Il suffit, pour obtenir le sous-phosphate dont nous parlons, d'ajouter du sous-carbonate d'ammoniaque concret à une solution de phosphate d'ammoniaque neutre. Phosphate ammoniaco-mercuriel. Si on fait bouillir 8 pariies d'acide phosphorique concentré et une partie de deutoxide de mercure, on obtient un solutum qui , étant étendu d'eau et saturé parle sous-carbonate d'ammoniaque, donne par l'évaporation le sel dont nous parlons et dont voici les propriétés : il est cristallisé, transparent, légère- ment déliquescent dans un air saturé d'humidité ; il a une saveur salée , piquante , et un arrière-goût métallique ; il est décomposé parles alcalis, qui en dégagent l'ammo- niaque; il est précipité en brun noirâtre par les hydro- sulfates. M. Boudet, à qui nous devons la découverte de ce ^el, pense qu'il pourra être employé en médecine avec beaucoup de succès. Acide hydro-sulfurique. Nous avons dit, pag. 161, que l'on n'a pas encore déter- miné l'action des principaux acides sur l'acide hydro-sul- furique. M. Vogel, dans un travail récent, vient d'établir , i° que l'acide sulfurique concentré est décomposé par cet acide à toutes les températures ; il se forme de l'eau et du gaz acide sulfureux , et il se précipite du soufre ; il n'en est pas de même de l'acide sulfurique affaibli. 2°. L'acide nitrique concentré et pur est également décomposé par l'acide hydro-sulfurique ; il se dégage du gaz nitreux, et il se précipite du soufre; la décomposition.n'a pas lieu si l'acide nitrique est étendu de 3 parties d'eau. 3°. Les acides borique, carbonique et phosphorique sont sans action sur l'acide hydro - sulfurique. 4°« L'acide arsénique vitrifié et fondu fournit, par son action sur l'acide hydro-sulfurique, du sulfure rouge et du sulfure jaune d'arsenic. SUPPLÉMENT. 601 De la Thorine. La thorine est une nouvelle terre que M. Berzelius Tient de découvrir dans le canton de Finbo, aux environs de Fahlun ; elle fait partie des minéraux connus sous les noms de deuto -fluate neutre de cérium, de fluate de cérium et d'yttria , de gadolinite de Korarfvet, etc. Voici quelles sont ses principales propriétés. Elle est incolore, insipide et insoluble dans l'eau; elle absorbe l'acide carbonique et passe à l'état de carbonate ; elle se dissout dans l'acide sulfurique, et donne, par l'éva- poration , des cristaux transparens, inaltérables à l'air, doués d'une saveur très-astringente , et décomposâmes par l'eau en sur-sulfate acide soluble, et en sous-sulfate pul- vérulent insoluble. Les acides nitrique et hydro - chlori- que la dissolvent aisément ; et il suffit de faire bouillir les dissolutions pour les décomposer, et en séparer la thorine sous la forme d'une masse volumineuse, gélatineuse et translucide; le sulfate de potasse ne trouble aucun des sels dont nous parlons, tandis que ceux de zircone, avec lesquels on pourrait peut-être les confondre, sont préci- pités par ce réactif. Les succinates, les tartrates et les ben- zoates alcalins, précipitent les dissolutions de thorine; le précipité qu'y font naître les tartrates alcalins est dis- sous par la potasse , tandis que la thorine seule y est in- soluble. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. TABLE DES MATIERES PAR ORDRE ALPHABETIQUE. Acides.....page 125. — arsénique.....552, 543 — borique...... 128, f\ 5og et 600 — hydro-phtori- que ....... i63, 5o5 — hypo-phospho- reux....... i32 , 496 — iodique....... t 45, 499 — molybdique... 359 ' M4 — nitreux...... *47 > 5o2 — nitrique...... 15o, 5oo — phosphoreux.. i33, 496 — phosphorique. i55, 49^ — phosphatique.. i35, 4g6 — phtoro-borique 177, 5o6 ■— phtoro-silicique 212, 5o6 — sulfureux..... i56, 49°* — sulfurique.... i3g, 4y6 — tungstique.... 366, 544 Acier................ 3i6 Affinité.............. 3 Aimant..............3i5 Air atmosphérique...... g5 Alambic.............xxi i j Albâtre calcaire......» 255 Alcalis............... 220' Alliages. ( Voy. les descriptions de chaque métal. ) Allonge............. xxiv Alumine et alumi- nium ......... 216, 531 et 5g8 Alun........... 289, 564 Amalgames. {Voy. mercure.) simmoniaque.... 171, 5o8 ammonium........Idem. Ammoninres {voy. les descriptions de chaque métal.) Analyse............. 6 Anthracite............ 71 Antimoine, oxides, sels , sulfure, chlorure, etc... 56g,5i9, 545 Antimoine diapho- rétique.............372 Arbre de Diane........^5o Arcanum duplica- tum. (Voy. sul- fate dépotasse.) Argent, oxide, sul- fure, sels, etc. 444» ^23 Arsenic, oxide, sul- fures, acide arsé- nique , arsenia- tes , arsénites... 542, 5iç» TABLE DES MATIERES PAR Arséniate9 en par- ticulier. ( Voyez l'histoire de cha- que métal), et....... 5g5 Attraction....... 2 Azote........... gi , 4^9 Azote phosphore....... 92 Azur................ 537 Azur de cuivre. (Voy. carbonate de cuivre. ) B Barium , oxides , sels , etc......244» 5i2 Baromètre............ 97 Bases salifiabtes al- calines............. 226 i— salifiables ter- reuses. {Voy. oxides de la ire classé)....... 21 x Beurre d'antimoine 571, 555 — de bismuth........5g8 Bismuth, oxide, sul- fure , sels , etc.. 597 , 520 Blanc de céruse........ 4°7 Blanc d'Espagne. ( Voyez carbo- nate de chaux.) Blanc de plomb........ 4°7 Blende {sulfure de zinc).............. 3og Bleu de cobalt.........5Ô2 — de montagne. (Voy. car bo- nne e de cul- vn: ) Borates ( sous- )... 198, 558 — en particulier. {Voyez l'his- toire de cha- que métal.) ORDRE ALPHABETIQUE. 6o3 Borax......---- 277» 55g Bore............ 7°' 42« Briquets oxigénés......aDlJ Calamine ( oxide de zinc.) Calcium, chaux , sels de chaux , sulfure, etc___ 229, 5i2 Calorimètre........• • • ^7 Calorique............. 9 Caméléon minéral...... 5o5 Canon ( métal de ).....4ia Capacité des corps pour le calorique..... 35 Carbonates ( sous-). 198, 55g Carbone............. JT1 Carbure de fer........ 5i6 — de soufre..... 82, 5og Cendre» bleues... 4'7 » 5Rl Cérium , oxides et sels..........388, 5i9 Céruse. (V. blanc de céruse. ) Chaleur.............. *o Chalumeau...........000 Chapiteau. (Voyez alambic). Charbon............. 72 Chaux.......... 25ot 535 Chimie............... 5 Chlorates........ 202, 575 — en particulier. 1 ( Voy. l'his- toire de cha- que métal.) Chlore.......... 86, 488 Chlorures....... 185, 553 — de phosphore.. 8g, 5io Chromâtes...... - 363 , 5g6 6o4 TABLE DE Chrome, oxide de chrome , acide chromique, chro- mâtes, etc..... 36i , 5ig Ciment.............. 253 Cinnabre........426, 551 Cloche.............. xxiv Cobalt , oxides , sels, etc....... 391 , 5ig Cohésion............. 2 Colcothar ( peroxi- de de fer)........... 325 Colombates...........3rJg Columbium, acide columbiq., sels, etc........... 568, 5ig Coloration du ver- re................. 557 Conducteurs du ca- lorique............. 52 Corps................ 1 Couperose bleue , verte ou blanche. (Voy. sulfate de cuivre, defer on de zinc.) 325, 568 Craie. (Voy .carbo- nate de chaux. ) Creuset.............. xxv Cristal............... r Cristal (verre de)......557 — minéral. (Voy. nitrate de potasse. ) Cristallisation......... n Crocus metallo- nim.............., 380 Curcurbïte. (Voy. alambic.) Cuivre , oxides , sels, etc......4ïo, 52o — étamé............4i3 Cuve................xxv S MATIÈRES D Déliquescence des sels............... 191 Diamant.............. 71 Dilatation des corps..... 21 Distillation de l'eau.....49l Ductilité des mé- taux............... 181 E Eau................. io5 — céleste. (Voyez sulfate de cuivre. ) — de cristallisa- tion des sels...... 190 — forte (acide ni- trique faible) — mère............. 189 — régale............ 157 — seconde (disso- lution faible de potasse ou de soude. ) Ebullition des li- quides............. 5o Efflorescens ( sels )<..... icji Electricité............ 5a Elémens.............I Encre de sympa- thie...............39^ Enfer de Boyle........ 547 Eprouvette...........xxv Equilibre du calo- rique.............. 42 Etain, oxides, sels, 352, 518 Etamage du cuivre...... 4J3 — du fer............ 53(5 — des glaces, des globes dever- * re............. 432 PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 6oS Ethîops de mercu- re. (Voy. sulfure de mercure. ) — martial............3ig Eudiomètre de Vol- ta................. 65 Extraction des mé- taux............... 5l2 F Fer, oxides, sulfu- res, sels....... 3i5, 5i6 — blanc...........-.. 336 — oligiste ( oxide defer).......... 182 Fleurs de soufre....... 81 — d'antimoine... 374, 545 — martiales.......... 552 Flinlglass............ 537 Fluates {phtorures et hydro -phto- rates )........ 209, 5g{ — acide de silice {gaz phtoro- silicique ). . 212, 5o6 Fluide électrique....... 52 — magnétique........ 55 Foie d'antimoine.......381 Fondant de Ro- trou...............382 Fonte blanche, gri- se................. 517 Forge. (Voy. four- neau de forge.) Fourneaux............xxvj Froid................ 49 Fusibilité des mé- taux ( tableau)......473 Fusion............... 23 G Galène............... 402- Gaz................. i3 — ( tableau de leur pesanteur spé- cifique)..........47° — qui ne peuvent pas se ren- contrer en- semble..........47l Gazomètre............ io5 Glace ( eau )..... 28, 114» — miroirs........... 537 Glucinium , gluci- ne , sels de glu- cine.......... 2I9» 53a Gypse '( sulfate de chaux). H Hydrates............. 186 Hydriodates..... 206 , 5qo Hydro-ch'orates.. 204, 585 — en particulier. ( Voy. l'his- toire de cha- que métal.) Hydrogène...... 64, 4^3 — arsénié....... 343, 598 — azot. ( ammo- niaque. ) — carboné...... i65, 5o6 — phosphore.... 167, 507 — potassié......253, 5g8 — tellure....... 384, 5g8 Hydro-sulfates.... 207, 5gi — sulfurés...... 209, 093 ■ Hydrure ammonia- cal de mercure.......431 Hydrure d'arsenic......343 — de tellure......... 384 606 TABLE DES MATIÈRES Hypo-phosphites....... 200 — en particulier. ( Voy. l'his- toire de cha- que métal. ) Iodates.......... 202, 572 Iode....^........ 84,487 Iodure d'ammonia- que............... 173 — métalliques.. . i83 , 552 Iridium , oxides, sels.......... 4^7 > 5î8 K Kaolin............... 541 Kermès.........381, 5g2 L Laitier............... 517 Laiton............... 412 Lana philosophi- ca ( oxide de zinc).........3i2, 542 Liqueur fumante de Boyle........... 297 Litharge.............4°4 Lumière............. 5o Lut.................xxvij M Magnésie, magné- sium , sels de magnésie , etc.. 221, 535 Magnétisme........... 55 Malachite............ 4'7 Malléabilité........... 181 Manganèse, oxides et sels, extrac- tion .......... 5oo, 515 Marbre. ( Voyez carbonate de chaux.) Marmite de Papin...... 51 Massicot ( prolox. de plomb )--- 4°4 > 546 Matière perlée de Kerkringius......... 373 Mélanges frigorifi- ques............... 190 Mercure, oxides , chlorures, sels, etc...........42^> ^22 — doux........ 427 > 554 Métal de canon........ 4 '2 ■— des cloches.......Ibid. — du prince Ro- bert........... Ibid. — Métaux, oxides, sulfures, io- dures, phos- phures, chlo- rures, sels et extraction.. 178, 5ia Mines métalliques. ( Voyez chaque métal en particu- lier. ) Minium {deutox. de plomb )..... 4°5 > 546 Molécules............ 2 Molybdates...... 56o , 5g6 Molybdène, oxide, acide molybdi- que et molybda- tes............ 357 , 5ig Monnaies d'or et d'argent de Fran- ce ........... 447 » 4^8 Mortier.............. 233 λAE ORDRE AL Muriates. (Voyez chlorures et hy- dro-chlorates). i83, 204 — sur - oxigénés {chlorates). 202, 573 N Natron. (Voy. car- bonate de soude).....27g Neutralité des sels...... 187 Nickel, oxides,sels, etc........... 421 > 522 Nihil album {oxi- de de zinc ).. . . 312 , 542 Nitrates......... 20D , 5y5 — en particulier. (Voyez l'his- toire de cha- que métal. ) Nitre (Voy.nitrate de potasse)... 268 , 576 — inflammable....... 2g2 Nitrites......... 204, 584 — en particulier. {Voyez l'his- toire de cha- que métal. ) Nomenclature chi- mique ............. 56 O Or , oxides, sels et extraction.....4^2 > 525 — fulminant.........4^7 — de Manheim.......412 .— de monnaie........ ^55 — mussiï {deuto- sulfure d'é- tain)...... 333, 55o Orpiment ( sulfure d'arsenic..... 545, 551 Osmium , oxides, sels, extraction. 527, 441 PHABÉTIQÙE. 607 Oxidalion (degrés d'j................ 182 Oxides métalliques i85, 55o — en particulier. {Voyez l'his- toire de cha- que métal. ) — non métalliques en général et en particu- lier........ io5, 49" Oxigène........ 62 , 4^* Palladium, oxides, sels et extraction. 462 , 55o Panacée mercuriel- le {proto-chloru- re de mercure)- 427 > 554 Peroxide............. 57 Pesanteur spécifi- que des gaz......... 470 — des métaux........ 4^5 Phosphates...... 199,561, .........•.••••• %J — en particulier. {Voyezl'his- toire de cha- que métal.) Phosphate ammo- niaco-mercuriel...... 56o Phosphites....... 200 , 563 — en particulier {voyez l'his- toire de cha- que métal. ) Phosphore....... 76,484, 5gg — de Baudouin....... 23q — de Bologne........ 24q — de Homberg.......22g 608 TABLE DES Phosphure de car- bone......... 78, 599 — de chlore..... 89, 5to — d'iode............. 85 — de soufre^......... 83 — métalliques... i83, 548 —- de chaux , de baryte et de stront. (pré- parations )......54g — métalliques en parlicul. (V. l'histoire de chaque met.) Phtore............... !63 Pierre à bâtir. (Voy. carbonate de chaux. ) — à cautère.....262 , 536 —- infernale.....45o, 585 Pile vollaïque......... 53 Pipette.............. Platine , oxides , sels, extraction. 458 , 528 Plâtre ( sulfate de chaux)............257 Plomb, oxides, sels et extraction... 401 » 522 Plombagine.......... 516 Pompholix......512 , 542 Potasse..........258, 554 Potassium, oxides, sels et extraction. 252, 5i2 Potée d'étain..........357- Poteries.............. 558 Poudre à canon........ 270 — fulminante......... 272 — de fusion.......... 275 — de mine...........270 — fulminante d'ar- gent............450 — fulmin. d'iodu- re , d'azote....... 173 MATIÈRES. Poudre fulmin.de chlorate de po- tasse............... 202 — fulminante d'or..... ^5n Pourpre de Cassius..... ^56 Précipité rouge ( deutoxide de mercure)..........5 {7 Précipités produits dans les dissolu- tions métalliques par les alcalis , l'acide hydro-sul- furique , les hy- dro-sulfates, l'r'n- fusumdenoixde galle , l'hydro- cyanate de potas- se et de fer.... 475, 476 Pyrite de cuivre ( sulfure )..........411 — de fer (sulfure).....318 Pyromètre............ 18 Pyrophore...........567 R Rayons calorifiques..... 10 Réalgar ( sulfure d'arsenic ). . . . 345 , 551 Réfraction............ 5o Rhodium, oxides , sels et extraction. tfâi, 53a» Rouge d'Angleter- re {peroxide de fer)..........3a5, 54a S Safran de mars apé- ritif............... 016 — de mars astrin- gent............ 323 —. des métaux.........38o PAR ORDRE A Salicor ou soude de Narbonne.......... 280 Salpcire ( nitrate dépotasse).... 268, 5^6 Sels en général... 187 , 55»7 Sel admirable {sul- fate de soude )...... 281 — ammoniaq. {hy. dro-chlorate d'ammouia- que )...... 2g3 , 587 Sels doubles.......... 187 Sel de duobus {sul- fate de po- tasse ).......... 266 *— fébrifuge de Sylvius ( hy- dro-chlorate dépotasse)...... 173 — Gemme...........283 — marin....... 283 , 585 — microscomique...... 287 — polychreste de Glazer {sul' fate de po- tasse ).......... 266 — sédatif ( acide borique )........ 128 —• volatil d'Angle- terre ........... a85 Sélénile ( sulfate de chaux )......... 237 Serpentin ( voyez Alambic ). xxiij Silicium , silice , sels de silice et extraction.....212, 5i2 Sirnilor.............. 412 Small {azur).........537 Sodium , oxides , sels , extraction. 274 > 5i2 Soude d'Aiguemor- tes, de JNarbonne..... 280 Soude pure...... 277 , 554 I. LPHABÉTIQCE. 609 Soufre.......... 80, 486 — doré......... 579, 5g3 Spath calcaire {car- bonate, da chaux. .... 235 — fluor............. 240 — pesant(sulfate de baryte )......24g Strontium, stron- tiane , sels de strontiane , ex- traction....... 240, 5l2 Stuc................. 258 Sublimé corrosif.. ^28 > 555 Sulfates......... 200 , 565 — en particulier. {Voyez l'his- toire de cha- que métal. ) Sulfites......... 201 , 572 — en particulier. ( Voy. l'his- I toire de cha- \ que métal. ) Sulfites sulfurés... 201, 572 Sulfures hydrogé- nés. ( V. hydro-. sulfates sulfu- rés). — métalliques. .. i85, 549 — en particulier. ( Voy. l'his- toire de cha- que mêlai. ) • — d'oxides {foies de soufre). 227, 55i — de carbone... . 82, 5pg — de chlore..... 90 , 5 21 — d'iode............ 85 T Tableaux........47oe,i suiy~ ïeinture minérale de Fowler..,....... 5g5 39 6lO TABLE DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. Tellure , oxides , V sels, extraction. 584, 521 Ténacité des mé- taux............... 182 Tension des va- peurs.............. 26 Terre pesante {ba- ryte ). ............245 Thermomètres......... 4 Thorine..............601 Tinckal. (Voy. bor- rax ).............. 277 Titane, oxides, sels *- et extraction. . . 5g5 , 5ig Trempe de l'acier...... 017 Tubes de sûreté....... xxvij Tungstates...... 566, 59^ Tungstène, oxides, sels, extraction. 565, 519 Turbith minéral.. /\36, 571 — nitreux.......4^7 > 585 Vapeurs.............. Vermillon............ Verres............... — d'antimoine........ Vert de Schéele .. 420 Vitriol blanc, bteu ou vert. ( Voyez sulfate ae zinc , de cuivre ou de Wolfram {tungsta- te de fer).......... Y 25 426 556 38o 596 367 Yttrium, yttria sels d'yttria... , z 218, 5l2 U Urane, oxides, sels et extraction... 386, 519 Zinc, oxides, sels, extraction.....3o8 , 5i6 Zirconium , zirco- ne , sels de zir- cone, extraction. 214, 5l2 FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE. /JA-», . 0 i)| i> i) // . J>„y (,',* f ----------- ----D ^.i«_j " <| M I B A S'ry *S- jft?. zû s,v a/ R ùt fryne Ah <'a tyne CD F™" (V 'RlRK ' ^^-■.-- \ , O ,\ B """a H a ' A * -* - " f %? G - S j jo Jïecimeû'es Min ,fc SA .IfÀfc.,/.- /V-Ô.Jbp.fi;,?. Gé°r>; ^o°l E .1', y _a • r AJ-JJ' . 'if0'.. r'; o or, K £/ •vtt•/îbns > V 2<1. i n- L ï. H Kl t- —--' il \ \ .LV : n ./■',-' P J>\ St?. 3.t. .y( Coure secrvant fa-Zipne C D 1^ w .______J-- I i \—I \\ V 1 v SI :J [_lJ \«;& r --^dfcl r fim f-p ; 1 -^ % /*/.* jfi,,/.fijfi. 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