Paris, le 5 Février 1953.

Dr. Joshua LEDERBERG
College of agriculture
Department of Genetics
MaDISON, 6

Cher Professeur Lederberg,

Je viens de recevoir les reprints annoncés par votre
lettre du 19 décembre et je suis trés vivement intéressé par
votre revue "Cell Genetics and Hereditary Symbiosis",

Veuillez trouver ci-joint une note un peu plus étendue
que le résumé donné 4 la Société des Protozoologistes.

Depuis cette publication, j'ai acocumulé de trés nom-
breuses observations mais celles-ci n'ont pas résolu le probléme.
Il me semble absolument nécessaire d'tarriver 4 cultiver les é1é-
ments bactérioides; et je n'ai pas encore réussi.

, En ce qui concerne le genre Kuplotes j'ai rencontré
fes Bactérioides décrits chez tous les individus de toutes les
souches de E, eurystomus st patella rencontrés, non seulement aus
environs de Paris, mais encore en Bretagne. Par contre, je n'en
trouve pas chez une petite espéce:E. musciecola Kahl.

J'ai échoué, jusqu'a présent, dans la tentative d'tob-

tenir des cultures d'E. eurystomus et patella exempts de bacté-

rioides, ce qui est bien génant pour l'texperimentation.

Dans certaines conditions expérimentales, insuffisam-
ment précises, j'ai pu obtenir chez des Buplotes qui ne se nour-
rissaient plus l'envahissement de toute la masse protoplasmique
par les chafnettes bactériennes. De toute maniére, ces Bactéries
(ou Bactérioides ?) sont tout & fait distinets des mitochondries
avec lesquelles ils coexistent.

Chez des Hypotriches marins, j'ai trouvé constamment.
des éléments bactérioides(d'aspect légérement différent)echez
Uronychia A@ncinata, alors que je n'en ai jamais trouvé ‘chez Ue

transfuga.

infin, chez un certain nombre d'autres Ciliés marins
j'ai fréquamment rencontré des Bactéries intra-cytoplasmiques;
leur présence n'était pas toujours constante et dans une culture
de Placus, par exemple, je les ai rencontrées en nombre trés
variable comme s'il stagissait d'une infection chez des individus
gui paraissuaient, d'autre part, normaux. .

 
Enfin, je puis vous signaler que depuis prés de 40
ans (!) je suspecte que les soi-disant mitochondries qui bordent
le réservoir de la vacuole contractile chez quelques Vorticel-
lides ne soient pas autre chose que des Ractéries symbiotes.
En fait, chez quelques espéces du genre Vorticella, elles donnent
une réaction de Feulgen trés nettement positive, et chez un
Ophrydium (dont le réservoir ou canal excréteur est trés allongé}
j'ai pu les colorer électivement pur le Giemsa.

J'aurai plaisir a vous tenir au courant sitdt que
les recherches en cours m'auront apporté de nouveaux résultats
et, en vous remerciant vivement de votre envoi, je vous prie de
me croire bien sincérement vétre.

 

,
BE. FaURE-FREMIET,
Professeur au Collégse de France.