,>^0> "> ^>r^„^t .^> fc^T "SP©> TB-^^1 JET» ^> i3r^|i>-9 Vfyj^rJl. e>^ 8>- PS» - ^^) Ji^i .rZ^>;)J NATIONAL LIBRARY OF MEDICINE Bethesda, Maryland M.C, MÉMOIRES D U CERCLE DES PHILADELPHES. TOME PREMIER. D U i\ CERCLE DES PHILADELPHES. Tome Premier. F^:H:C^Acfe -'Br '// 55^ ^4£7 PORT-AU-PRINCE, de limprimerie de Mozard, Associé du Cercle des Phi'ud-îphes & Rédacteur de la Gazette de Saint-Domingue. -M D C C. LXXXVIII. AVEC APPROBATION ET PERMISSION. N° i. ' REMARQUES Sur les Eaux Minérales, par M, Art H AU D, Docteur en Médecine, &c. Infpecleur des Eaux Minérales de Boynes. L'EAU qui filtre dans l'intérieur de la terre sur des matières minérales de toute espèce, se charge de plufteurs principes qui - en se combinant, altèrent sa couleur, son goût, son odeur & lui donnent des qualités particulières qui la font dcfîgner sous le nom beaucoup qu'Us ayent leur fimple nxeffùre », 8 fresque éteint, en respirant un air énergique & en prenant des! alimens variés & remplis de sucs réparateurs. D'ailleurs, s'il est vrai que quelques particuliers riches puifTent se procurer, par l'usage des Eaux Minérales, tous les moyens de varier leuï régime & tous les secours dont ils ont besoin, il est vrai aulîi que ces avantages ne sont pas à la portée du plus grand nombre des malades & que les Soldats &. même les Officiers ne peuvent en jouir. Il faut encore convenir que les Eaux Minérales de la Colonie ne peuvent remplacer toutes les espèces d'Eaux Minérales que l'on trouve en France ; il y aura donc toujours beaucoup de cas où il conviendra d'envoyer les malades en Europe, & quoique ce parti soit coûteux pour les Troupes du Roi, il convient également aux intérêts de son service & à ceux de l'Humanité & il est fâcheux qu'on ne sache pas le prendre à temps, dans les cachexies bilieuses & séreuses, accompagnées d'obstructions, de diarrhées, à la suite des maladies aiguës, &c. parce que l'on Bauveroit beaucoup de malades qui périfTent. Nous croyons même qu'en examinant l'entretien de ces maladies, tant dans les Régimens que dans les Hôpitaux, quelquefois pendant des années entières, on pourroit trouver de l'économie à les renvoyer en France, où leur retabluTement seroit plus sûr & plus prompt. Il paroît, d'après ce que nous venons de dire, que les Officiers de santé des principales villes de la Colonie peuvent être excusés de n'avoir pas conseillé l'usage des Eaux Minérales dans tous Iîs cas où elles aurcient pu convenir. Ils connoifïbient sans doute les propriétés des Eaux, mais ils savoient aufii que leur utilité étoit souvent contrariée par le mauvais régime ; & M. Dazila qui paroît les blâmer dans un endroit de sen ouvrage sur les 9 ■maladies des pays chauds (d), ne s'est pas apperçu qu'il les justifioit lui-même, en disant dans un autre endroit (e) que l'on ne peut espérer aucun avantage des Eaux Minérales, tant qu'elles ne seront pas administrées différemment & lorsqu'on ne fournira pas aux Troupes du Roi les objets de première néceflité, d'une meilleure qualité. Quand un long usage, dit M.Bergman ( f ) a constaté l'efficacité d'une Eau Se que l'on sait ce qu elle contient, on peut devancer l'expérience de plufieurs années & juger des propriétés des autres Eaux, dont l'analyse présente les mêmes principes. Nous convenons avec M. deFoarcroi (g) que l'on ne sauroit contester au Chimiste le droit de soupçonner les propriétés des Eaux Minérales , à l'aide des connohTances qu'il acquiert sur leur compofition, mais nous croyons qu'il faut se méfier de cette méthode suspecte, parce que l'analyse des Eaux Minérales ne suffit pas pour en faire connoître entièrement la nature , car, comme le dit M. Macquer (h) les opérations chimiques aux quelles on est obligé d'avoir recours pour analyser les Eaux Minérales, sont quelque fois capables d'occafionner des changemens essentiels dans les substances mêmes que l'on cherche à reconnoître. Il est auffi dangereux d'avoir trop de confiance à une tradition vulgaire sur les propriétés des Eaux Minérales. La voix publique , trop souvent inspirée par les pallions, doit être suspecte aux (d) V. page 88. (e) Ib. p. top. (f) DlJfert.II. de l'Analyfe des Eaux. (g) V. Mém. de Chimie, p. 26$. ( h ) Ditf. de Cliim. T. I. p. s6SA ro Philosophes. Cest à l'expérience à déterminer l'efficacité des Eaux Minérales, cette voie, l'analyse, a ses difficultés & ses inconvéniens, mais employée par des hommes attentifs & judicieux, elle donnera des résultats satisfaisans. Les Eaux Minérales de la Colonie seroient mieux connues & auroient plus de réputation, fi l'on avoit joint à une analyse exacte, l'exposé véridique des cas dans lesquels elles ont fait du bien ceux dans lesquels elles n'ont pas réulîi Si ceux dans lesquels elles ont fait du mal (i). La connoissance des effets des Eaux minérales, suivant M. Carrere, ne peut s'acquérir que par l'observation. C'est peut- être la partie la plus essentielle & qui n'a pas été moins négligée que celle de l'analyse, nous manquons à cet égard d'observations suivies, constantes, variées, graduées suivant les circonstances. La plupart de celles que nous avons, ne présentent pas la variété des nuances qui pourroient nous servir à établir un point fixe, elles manquent par les détails qui, quoique souvent munitieux, n'en sont pas moins impcrtans ; elles sont même marquées quelquefois au coin d'une prévention qui détruit la confiance. Le désordre qui règne dans cette partie importante est réel, & nos connoissances sur les Eaux Minérales , sont bien éloignées du degré ce perfection qui peut les rendre utiles. Nous ne devons espérer d'en acejuerir de plus exactes qu'autant que des personnes munies des lumières néceffaires , se chargeront de rectifier par des expériences nombreuses & bien faites, ce qu'il y a de défectueux ( i ) Arrêt du Ccrfeil d'État du Roi , concernant l'examen 6> la difiributîcn des Eaux Minérales du Royaume , du 5 Mal 1781, art. VII. Il dans les premiers examens. Cela ne suffira pas même, si des Praticiens sages, éclairés Se en état d'observer, ne constatent par des observations bien faites, les différentes nuances de l'action & des effets de ces Eaux dans les différens cas, les différentes maladies 6k les différens tempéramens (k). Nous nous rendrons, comme l'on voit, un peu difficiles pour établir notre jugement sur les propriétés des Eaux Minérales ; cela est vrai, mais ne vaut-il pas mieux marcher lentement & attendre que la nature nous fournisse des connoissances pofitives , que d'adopter des ouïs - dire & de nous égarer sur des conjectures dans une route où le hasard a procuré quelques succès Se où chaque Observateur a eu soin de cacher ses défaites ? M. de Fourcroi avoue que l'histoire des Eaux Minérales n'offre que des progrès lents, en comparaison de la marche rapide de la Chimie depuis plufieurs années, Se que l'analyse des Eaux Minérales est encore loin de ce degré de précifion auquel on conçoit qu'elle pourra un jour parvenir. Si l'on est étonné en examinant les essais d'analyse qui ont été tentés dans la Colonie, d'y trouver des imperfections, on doit l'être encore d'avantage en confidérant, avec M. Macquer, que ces sortes d'analyses sont peut • être ce qu'il y a de plus difficile Se de plus ingrat dans la Chimie ; qu'il y ait eu des nommes affez instru"ts Se affez courageux pour exécuter ce qu'ils ont fait, dans un pays où le travail a si peu d'attraits, ou l'application est si pénible, où les voyagrs sont si dangereuxÔC ( k ) V. Catal. des Ouv, Pub. fur Us Eaux Minérales de la France j p. 2. & ;. 12 sur-tout étant dépourvu des secours de Chimie les plus néceffaires' pour ces sortes d'opérations. Si l'on doit avoir des obligations aux personnes qui, les premières , ont examiné los Eaux Minérales de la Colonie, on n'en auroit pas moins à elles qui voudroient répéter ces analyses en se conformant aux procédés qui ont été indiqués , d'après les nouveaux progrès Se les découvertes nouvelles delà Chimie, par MM.Baume, Macquer, Bergman, de Morveau & Fourcroi. Ce n'est pas que l'on ne rende justce à l'exactitude de plufieurs expériences, mais il est poffible que dans un pays où les secoufTes de la terre sont fréquentes, où les principes subissent sans cesse dans l'atelier de la nature, sous l'action perpétuelle des feux subterranés, des combinaisons nouvelles , la nature des Eaux ait changé, ainfi que leurs propriétés ; & en obtenant des produits différens de ceux qui ont été reconnus, cela ne prouveroit peut-être pas, ni plus d'habilité, ni plus d'exactimde, mais suilemen que les Eaux ne sont plus les mêmes. Les variations de l'atmosphère, dit M. Macquer, les changemens qui peuvent arriver dans l'intérieur de la terre , la jonction occulte d'une nouvelle source d'Eau Minérale, ou d'eau pure, enfin l'épuisement des Minéraux dont l'eau tire ses principes, sont au:ant de causes qui dénaturent de temps en temps les Eaux Minérales, Se Ton ne deit pas s'éienner, d'après ces considérations qui sont jutes, des différences qu'on ne trouve que trop fréquemment dans les résultats des analyses qu'ont faitsucceffivement des mêmes Eaux, des Chimistes dont on ne peut soupçonner ni la capacité, ni l'exactitude (1). Auffi M. Baume dit qu'il (I) Dict.de Chimie3 T. I. Eaux Min. P. j >' elles convenoient pour toutes les aff-ctions des nerfs 6k les maladies cutanées, qui ne provenoient pas d'un vice vénérien ; elles ne convenoient pas a.ix obstructions ni aux tumeurs squirreuses. La difficulté de former un établissement dans b lieu où étoient les Sources Minérales, a empêché M. de Larnaj3 de suivre le projet de bienfaisance qu'il avoit formé. B i8 Voulant avoir des instructions sur les Eaux du Mirebalaii dont nous n'avions pas entendu parler depuis que nous sommes dans la Colonie, nous avons écrit au R. P. Curé de cette Paroisse, étant persuadés qu'il se feroit un plaifir de nous donner les renseignemens que nous lui demandions. Nous avons reçu la réponse suivante: LETTRE de M. l'Abbé Sibourd, Vicaire deffervant la Paroisse de Mlrebalals 3 à M. Artliaud 3 en date du 28 Novembre ,787. Monfieur, »> J'ai reçu l'honneur de la vôtre, 6k j'y auroîs répondu de suite, fi je n'avois voulu m'instruire autant qu'il étoit poffibb au sujet des Eaux Minérales chaudes , qui étoient dans le Quartier du Mirebalais. Voici les éclaircissemens que j'ai pu me procurer. » Elles étoient à quatre lieues 6k demie du bourg, mais plus bas sur la rive droite de l'Artibonite, près de l'habitation Becbéder. En 1750 6k en 1751, elles étoient très-fréquentées, on y a vu jusqu'à deux 6k trois cents personnes qui en faisoient usage peur les maladies cutanées 6k elles s'en trouvoient fort bien ; elles ont disparu en 1752, par un tremblement de terre, arrivé au mois d'Octobre ; elles ont reparu en 1760, mais en moindre quantité , & le tremblement de terre de 1770 les a fait disparoître totalement, 6k on ne les a plus vu reparaître depuis cette époque. La ravine escarpée d'où elles sortoient a été fendue en deux parties parle tremblement de terre de 1770, 6k il ne reste, à 'a place des Eaux qu'une grotte souterraine d'une profondeur admirable, on a voulu tenter de pénétrer jusqu'au fond avec des flambeaux allumés, mais jamais on n'a pu rcufïir. Les *9 chauves-souris qui habitent en quantité prodigieuse cette grotte, éteignent les flambeaux des curieux ; on m'a assuré eue l'habitation Becbéder, voifine de la grotte, est quelque fois couverte des chau- ves-souris , dans certaines saisons. » Voilà, Monfieur,le résultat de mes recherches au sujet de Eaux ; je souhaiterois avoir pu vous donner des éclaircissement plus satisfaisans , mais je n'ai pu me prcrcurer rien de. mieux en consultant les anciens Habitans du Quartier, Sec. » Pline , le Naturaliste , rapporte que les trembiemens de terre engloutissent qu.lque fois les fontaines 6k rivières, 6k cuelcjue fois en font sourdre de nouvelles, ce qui est advenu par cinq fois b long du fleuve Phencus qui passe par la région d'Arcadie (a)». (a) Hist. Naturelle de C. Plln. L. XXXI. C. V. Trajf d'Antoine Dupir.-x. 9 0 N° 3. EXTRAIT D'un Mémoire fur les Eaux Minérales de Rame, dans la partie Efpagnole de Saint-Domingue. J_N 1780, M. Lalanne, Médecin au Cap, a fait une analyse des Eaux de Banic, qui a été insérée par extrait dans le Journal de Saint-Domingue, du mois de Février mil sept cent soixante -six. A deux Jieues d'une bourgade Espagnole qu'on nomme Banka(a) Se environ à vingt-cinq de la mer, dans les doubles montagnes , sur le penchant d'une colline, au milieu d'un bois > (a) u Fous n'avez pas d'Idée 3 écrivait M. Gaugtt à M. P » le y Février i786, de la tri fie bourgade que. nous habitons 3 v je ne crois pas qu'il y en ait, dans toute la partie Espagnole 3 » une autre aussi pauvre que celle-ci 3 elle ejl composée d'environ » une vingtaine de cases , dont une partie ejl Inhabitée & hihatit.dk; V il n'y a que quatre fimùlLs n. 11 se trouvent quatre sources d'Eaux Thermales fort renommées? Ces quatre sources voisines les unes des autres ont leur cours dans les cavernes 6k les grottes des environs. La première est appellée le grand bain, la seconde le petit bain (b), la troiûeme; le bain des bois 6k la quatrième le bain de la cantine. L'air est fi tempéré à banic cjue le thermomètre de Réaumur n'a haussé le matin à fix heures, que de quatorze à quinze degrés; a midi Se deux heures de vingt-deux 6k vingt-trois degrés, à quatre 6k cinq heures du soir de dix-sept 6k dix-huit degrés,1 tandis qu'au Cap, dans le même temps,l'élévation du thermomètre étoit de 2.2 6k 23 degrés le matin, de 23 6k 24 à midi, 6k de a 2 6k 23 le soir. Les sources différent beaucoup par leur chaleur. Celle du grand bain a fait monter le thermomètre de 17 degrés, c'est- à-dire , qu'il s'est élevé à quarante. La source du petit bain n'a donné que 13 degrés de chaleur au dessus de la température de l'atmosphère ; celle du bain des bois n'en n'a donné que dix 6k celle de la cantine en a donné onze. On a ramassé du souffre dans ces Eaux : le bitume Si l'huile de pétrole les surnagent; on trouve des fleurs de souffre sublimé aux parois des bains, principalement de ceux qui sont couverts. Mais ce souffre n'est pas du souffre vulgaire; car il ne s'en précipite pas par aucun acide , 6k la terre des Eaux Minérales n'a donné aucune flamme bleuâtre ni aucune (b) Le petit b*ln riexlfioit plus en 1786 > suivant k rappon ie M. G juger. odeur sulfureuse. Le savon se diffout dans l'eau minérale, comm.* dans l'eau de fontaine la plus pure. La noix de galle n'y décèle pas de fer. L'esprit volatil de sel ammoniac, de corne de cerf, l'huile de tartre par défaillance, ont donné à l'Eau Minérale une couleur laiteuse 6k il s'est fait un précipité blanc. Le sublimé corrofif a donné à l'Eau Minérale une couleur citronée, elle est devenue ensuite d'un blanc laiteux ; il s'est élevé à la surface une huile bleuâtre bitumineuse ; il s'est précipité une matière grisâtre Se grasse. L'Eau Minérale exhale une odeur nidoreuse, ou d'eeufs pourris qui se fait'sentir au loin. Elle perd insenfiblement cette odeur étant exposée à l'air libre pendant plufieurs heures, 6k alors elle ne diffère presque en rien de l'eau commune. On a obtenu par l'évaporation onze à douze grains par pinte, d'un sel d'une forme cubique, decrépitant au feu. Cette Eau contient un Esprit Minéral aérien , un esprit volatil urineux, une huile bitumineuse, un sel neutre. Elle est savonneuse, pénétrante, fondante. Elle agite les humeurs 6k les pousse par différentes voies d'excrétions. Elle donne du ressort 6k calme les mouvemens spasmodiques des nerfs. Malgré les heureux succès de ces,Eaux, il seroit ridicule de croire qu'elles soient un remède universel, il est des cas à excepter, il en est même où elles sont contraires. La manière dont on les a prises jusqu'aujourd'hui n'a pas peu contribué à leurs mauvais effets, 6k l'ignorance où l'on est des maladies auxquelles elles sont propres 6k des précautions préliminaires qu'elles exigent, formera toujours contre elles des préjugés désavantageux. Ces Eaux ne conviennent pas dans les maladies a'gues inflammatoires. Les tempéramens chauds 6k secs doivent e>î 2 3 user avec précaution , les pulmoniques, ceux qui 'ont des varice^ des anévrysmes, les. femmes enceintes , les nourrices feront bien de s'en abstenir. Quelques pulmoniques en ont cependant éprouvé quelque soulagement, en les prenant à petite dose. Les hydropiques ne doivent les prendre qu'en bain : il faut user de précautions Se de prudence pour les administrer dans le crachement de sang; dans le cas d'hémorragie, dans la fièvre consomptive, dans le scorbut ; elles ne conviennent pas à ceux qui ont la gonorrhée ; des embarras dans le canal de l'urètre, des polypes, des pierres dans les voies urinaires. Il faut saigner les pléthoriques avant leur usage. Elles conviennent dans les longues fièvres intermittentes , dans" les fièvres erratiques, suites funestes des fièvres aiguës mal terminées, dans les fièvres quartes avec obstructions au foie, à la rate. Les obstructions du mézentère cèdent à leur usage ; elles produisent de bons effets dans les gonorrhées avec relâchement dans les glandes séminales, dans les fleurs blanches, le scorbut, les affections scorbutiques, dans les foiblesses d'estomac, les aigreurs ; les rapports, les vents, les nauzées, les glaires, la difficulté de digérer, le défaut d'appétit, la cardialgie, les vomissemens habituels , l'appétit immodéré , la faim canine, l'appétit dépravé; les dégoûts, dans les vapeurs, l'affection hypocondriaque, les coliques habituelles, les pâles couleurs, la jauniffe, les longues dyssenteries, plufieurs espèces de diarrhées, les toux opiniâtres; les goutteux, ceux qui ont des rhumatismes froids , des érefipeles périodiques, éprouveront du soulagement, en buvant les eaux & en les prenant en bain. Elles feront également du bien dans les néphrétiques, dans l'asthme, dans les tubercules ulcérées du poumon, dans les maladies de la peau. Il convient de ne prendre les bains que plufieurs jours agr«? 24 avoir commencé l'usage des Eaux. On a vu plus d'un exemple de malades qui sont tombés dans les cas les plus fâcheux pour en avoir trop long temps continué l'usage, il faut les prendre le matin ou le soir ; ceux du matin sont préférables. On peut y rester un quart-d'heure, une demie-heure 6k même d'avantage, jusqu'à ce qu'ils procurent une transpiration abondante. Il faut se faire essuyer en sortant, se coucher, se bien couvrir, on ne soutient guère le grand bain que pendant quelques minutes [c). On ne doit le préférer que dans la paralysie, la foiblesse, l'atonie. On doit laisser des intervales entre l'usage des bains Se des boissons 6k y revenir alternativement. On prend les Eaux le matin à jeun. On peut en prendre neuf gobelets, en trois reprises, en deux heures de temps. On ne doit pas passer cette mesure : il faut commencer par une petite quantité, pendant les premiers jours, pour s'habituer insensiblement à prendre toute la dose. Il faut faire beaucoup d'exercice, s'abstenir de trop dormir; on peut manger à son appétit à diner, il faut souper légèrement : on peut boire du vin trempé avec de l'eau ordinaire à ses repas; on doit s'interdire les fruits, les semences légumineuses , les viandes salées 6k fumées» les ragoûts, les épiceries, les confitures , le vinaigre , le citron ; on ne sauroit trop s'imposer la loi d'être sobre, pour attendre de bons effets des Eaux. (c) M. Gauget Négociant au Cap3 ccrlvolt en 1786 , à M. P. M. au Cap. a II faut que ces Eaux ayent perdu de leur » chaleur, puisque vous imagine^ qu'en ne peut y refier que fept •» à huit minutes, comme L difrit M. Lalanne 3 car j'y ai reflé p depuis 35 jvfqzi'à 55i &je penfe qu'en peut y refier d'avantage. » ^ Il faut se purger dans le commencement avec la manne fondue dans l'Eau Minérale. On peut y ajouter du sel de Glauber , de Seignette ou d'Epsom ; les Eaux du grand bain sont plus purgatives 6k ont plus d'activité, celles du petit bain occupent le second rang, celles du bain des bois le troifième 6k celle du bain de cantine b dernier, la source du bain des bois mérite la préférence: La saison favorable pour aller à Banic est depuis le mois d'Octobre jusqu'au mois de Mai; le reste de l'année y est très-orageux 6k parconséquent mal sain. Il tombe assez souvent une grêle aussi considérable que dans les centrées méridionales de l'Europe. %6 N° 4. EXTRAIT Du procès-verbal de lAnalyfe des Eaux Minérales du Port-a-Piment, faite par MM. Poîonî, Médecin, & Chatard, Apothicaire du Roi au Cap. C^ette analyfe à été faite en 1772,, par les ordres de MM; de Valliere 6k de Montarcher, Gouverneur-Général 6k Inten- dant de Saint-Domingue. Les sources ne sont pas bien éloignées les unes des autres. elles ont vraisemblablement la même origine ; leur chaleur est de quarante à quarante - deux degrés , au Thermomètre de M. de Réaumur. Il s'élève le matin, sur-tout avant le lever du Soleil, une vapeur plus ou moins épaisse, suivant la fraîcheur de l'air. Cette vapeur a une légère odeur de foie de soufre. L'eau nouvellement puisée a la même odeur, mais elle se dissipe à l'air libre au bout de dix à douze heures. La saveur de ces eaux est douce, nidoreuse, dégoûtante ; elles sont onctueuses au toucher , elles n'excitent aucune douleur dans les yeux ni sur les blessures. Elles dégraissent assez bien les étoffes de laine : ces Eaux sont limpides. On trouve à leur surface, après leur refroidissement, une légère pellicule qui présente les couleurs de l'Iris: La pésan- . =7 teur de ces Eaux est d'un demi degré à celle de l'eau commune 6k d'un degré 6k demi à celb de l'eau distillée. On boit les Eaux minérales avec assez de facilité, quoiqu'on ne puilTe pas y tenir la main au - delà de quelques minutes; elles conservent leur chaleur plus long-temps que l'eau commune ; elles bouillent plus difficilement, elles n'altèrent pas la fraîcheur des plantes ( a ) qu'on y fait tremper. Elles exaltent la couleur de l'or, elles décrassent le cuivre, elles ternissent l'argent qui prend une teinte noirâtre, bleue 6k violette. Elles retardent la coagulation du lait, elles ne contiennent aucun principe vola- til , spiritueux, ni aériforme. On a employé l'eau distillée pour laver les vaisseaux dont on s'est servi dans l'analyse. f a ) Le foixantième degré de chaleur fait périr les plantes , mais elles ré si fient à cinquante & cinquante - cinq degré. V. Obs. & expér." sur les animalcules, par M. Spallan^ani. T. 1er. P. ic. Dans l'Islede Luçon, il y a une Eau Minérale dont la chaleur ejl de 6ç degrés , & l'on y trouve des plantes & des poijfons. Supplém. à l'Hist. Natur: T. XI, P. 203. Il y a des plantes qui ne perdent pas la faculté de germer au degré 80 & même au degré 90 du Thermomètre de Réau^iur. Let- tre de M. Bonnet, sur les animalcules. 17 nefl donc pas étonnant que les Eaux de Boynes, dont 'a chaleur n'ejl que de 43 à 42 degrés ne flétrijfent pas les plantes, & ne les fissent pas périr?Cependant cela ne peut pas être abfj'ut , p.uxe que les plaites différent entr'elles autant par leur confituvm qu: par leurs caractères apparus. a8 RÉACTIFS, L'Eau Minérale verdit le sirop de violette. Si l'on y mêle de l'esprit de vin, elle dépose au bout de quelques jours una.terre calcaire très - atténuée, la poudre.de noix de galle , la teinture de Balauste 6k de thé, l'alkali fixe très - phlogistiqué , n'ont pas indiqué la présence du fer ; les acides minéraux produisent dans l'Eau Minérale une légère effervescence , pendant laquelle il se dégage une quantité d'air assez confidérable 6k une odeur sulfu- reuse plus développée. Il n'y a eu aucun dépôt, le vinaigre distillé à produit le même effet, ainfi que l'alun , qui a dégagé une terre bla'iche qui s'est appliquée aux parois du verre. Une solution de sel de saturne mêlée à l'Eau Minérale, a produit un précipité blanc , qui a acquis insensiblement une couleur noirâ- tre. L'huile de tartre a produit un précipité blanc, effervescent avec les acides. L'alkali minéral 6k l'alkali volatil ont présenté le même phénomène ; la solution de sublimé n'a produit qu'un nuage blanc qui s'est attaché aux parois du verre ; une solu- son d'argent de coupelle par l'acide nitreux, a blanchi l'Eau Minérale ; il s'est formé un précipité violet qui a donné par la fusion une lune cornée très - transparente; ce précipité mêlé avec l'éthiops minéral, poussé au feu de sable, à donné du sublimé corrosif. L'évaporation de l'Eau Minérale qui avoit servi à faire le précipité d'argent, à donné une matière saline, couleur de fleur de souffre , brillante, aiguillée, déliquescente, qui étoit un nitre quadranguiaire, à base terreuse, très-chargé de souffre; ces procédés indiquent la présence du sel marin à base d'alkalj minéral 6k à base terreuse. 39 La solution mercurielle nitreuse a produit un précipité d'un jaune blanc, qui étant lavé dans l'eau bouillante distillée, a acquis une couleur jaune , très - haute. L'évaporation de cette lotion a donné du turbith minéral cristalisé en petites aiguilles ; l'alkali fixe , versé dans cette lotion, a décomposé Si précipité la base du turbith minéral, & l'évaporationa produit des cristaux de tartre vitriolé; une partie du précipité jaune, mêlée avec du sel marin décrépite , mise dans une cornue de verre, au feu de sable, adonné du mercure doux 6k une matière grasse , qui, jettée sur le feu , a donné une odeur de souffre en s'enflammant. La masse restante, dissoute dans l'eau distillée, filtrée 6k évaporée, à donné du sel de Glauber ou d'Epsom. L'alkali volatil n'a donné aucune indice de cuivre. L'Eau Miné- rale décompose la dissolution du vitriol de Mars 6k du vitriol de cuivre, ce qui confirme l'existence d'une base alkaline. Ces expériences prouvent que l'Eau Minérale contient une portion de terre calcaire , une autre d'alkali minéral, qu'elle n'est pas martiale, qu'elle tient en dissolution un sel neutre vitrioli- que, du sel marin à base d'alkali minéral ék à base terreuse, que le souffre s'y trouve combiné par l'alkali minéral, la terre calcaire, sous la forme d'un foie de soufre salin ou salino-terreux. On a fait évaporer deux cents bouteilles d'Eau, il s'est élevé une pellicule blanche, insipide, brillante, qui craquoit sous la la dent 6k qui, après avoir acquis une certaine épaisseur, se brisoit 6k se précipitoit au fond du vase, sans troubler la limpidité de l'Eau, mais ayant alors un petit goût salé; il s'est dégagé pendant l'évaporation une odeur minérale sulphurcuse. L'Eau concentrée aux deux tiers, a contracté un goût lixiviel salé. Les expériences répétées avec les réactifs ont donné les mêmes 30 résultats. L'Eau évaporée jusqu'à faire espérer une crlstalisation, mêlée avec une partie égale d'esprit de vin, a fourni, deux jours après, des cristaux de stl d'Epson ; l'Eau concentrée, mise à cristailser n'a fourni qu'un dépôt informe, salé, amer, déliquescent , produit de la précipitation confuse de terre calcaire, de sel d'Epsom, de sel marin à base d'alkali minéral & à base terreuse. L'acice vitricHque très-cencentré versé sur ce dépôt salin y a occafionné une effervescence vive dans laquelle il s'est dégagé de l'acide marin. La cristalisation de ce nouveau mélange étendue dans de l'eau distillée, filtrée Se évaporée, a produit du sel de Glauber, cristalisé régulièrement. L'Eau Minérale concentrée, poussée jusqu'à siccité dans un creuset à feu nud, a laissé un dépôt salin assez confidérable qui a répandu une légère odeur de foie de souffre ; calciné jusqu'à blancheur 6k exposé à l'air, ce dépôt s'est humecté • senfibhment. Les acides nitreux 6k marin n'ont occafionné qu'une vive effervescence sans en dégager aucune vapeur, mais acide viî.idique en a dégagé des vapeurs d'acide marin très- senfibles, ce dépôt a décépité sur le feu comme le sel marin ; uv^ lotion de ce dépôt avec l'eau distillée, mise à cristaliser, adonné des cristaux cubiques, qui étoient du vrai sel marin. Cette dissolution, décantée après la cristallisation, a virdi la teinture de violette. Quelques gouttes d'acide vitriolique, ajoutées a cette même dissolution, ont donné du sel de Glauber. H paroit que cette Eau Minérale contient, i.° du fouffre combiné avec l'alka'i minéral & une petite quantité sous sa forme propre, 2.0 du sel marin à base d'alkali minéral 6k à b^e terreuse, 3.0 du sel de Gkuber, 4.0 une terre calcaire 3' très-abondante combinée avec une terre argilleuse, 5.0 un» portion d'alkali minéral libre. On a mis dix bouteilles d'Eau Minérale dans une cucurbite; on en a tiré quatre bouteilles par la distillation, sans avoir observé rien de remarquable. En découvrant la cucurbite, il s'est exhalé a l'instant une forte odeur de souffre 6k il sumageoit à la surface de l'eau une pellicule blanche, grasse au toucher 6k semblable à celle qui s'est formée pendant l'évaporation. L'acide vitriolique, mêlé à l'Eau distillée, n'y a occafionné aucun changement; elle n'a pas verdi le firop de violette, elle n'a précipité aucune dissolution de mercure, d'argent, de vitriol de mars, ni de sel de saturne, l'huile de tartre n'y a produit aucun dépôt ; le réfidu de la distillation a présenté les mêmes phénomènes que l'évaporation. Une certaine quantité de boue noire, qu'on trouve dans les canaux de conduite, desséchée dans un creuset, mise dans une cornue de verre noir d'Allemagne, soumise à la distillation dans un fourneau de réverbère, a donné, étant rouge, quelques vapeurs blanches d'acide marin. Ayant laissé tomber une goutte d'eau froide sur la cornue, toute rouge , dans l'intention d'en séparer un fragment, afin de permettre l'introduction immédiate du feu sur la matière presque liquéfiée dans la cornue, il s'est fait à l'instant, un fifflement affreux, accompagné d'une espèce de détonnation, 6k il a passé dans le récipient quelques vapeurs d'acide sulphureux volatil, d'une force incompréhenfible. On a fait bouillir dans un grand vase de terre vernissé une certaine quantité de boue; labffive faite ,elb a présenté, après l'évaporation, les mêmes phénomènes que l'Eau Minérale concentrée: 32 On est presque toujours étonné de l'efficacité singulière des Eaux Minérales, quand on réfléchit à la petite quantité de principes qu'elles contiennent, mais cet étonnement ne doit plus avoir lieu, si l'on considère que l'Eau ainsi combinée avec des molécules salines très-atténuées, acquiert un degré de ténuité bien plus considérable, qui la m^t en état de produire les plus grands effi.ts. Les Eaux du Port-i-Piment sont un excellent incisif, apéritif, diurétique Se diaphorétique. Elles sont utiles comme toniques dans les débilités d'estomac , dans les diarrhées invétérées"; elles guérissent les obstructions des viscères du bas ventre , elles dissipent la jaunisse 6k la cachexie; elles conviennent dans l'hydropisie, dans les maladies de la peau; elles sont efficaces contre les écrouelles, en y associant les fictions mercui klies ; elles sont efficaces aussi contre les fleurs blanches, la suppression des règles, les rhumatismes, la paralyfie, la pulmonie , l'asthme, 6kc. Non seulement on peut boire de ces Eaux, mais on peut les employer en bans, en douches, éteives, lotions & injections; elles humectent 6k ramolissent les tendons desséchés, 6k elles rétablissent la force 6k la chaleur dans les parties affoiblies. Les r.aux Minérales prises dans b principe , à la dose de trois à quatre livres par jour, sont légèrement purgatives, elles échauffent 6k portent à la têt; les cinq 6k six premiers jours; elles augmentent prodigieusement la transpiration, certaines person- nes d'un tempérament irritable, sont obligées de bs couper avec du lait. On boit des Eaux b matin à jeun, à leur deg-é de chaleur ordinaire , tempérées ou froides , suivant bs indications. La chaleur des Eaux Minérales est si considérable, que les malades ne peuvent guère demeurer dans la fource même que cinq 33 cinq à six minutés. Cette chabur ne canvient'qu'à très peu de per- sonnes ; aussi on ne prescrit bs bains pris à la source, que dans le cas de relâchemenr total. On tempère l'eau de la cuve avec de l'eau refroidie pendant la nuit, & l'on donne an bain une chaleur de 37 ou 39 degrés: on peut rester dans ces bains pendant 10, 12 & 15 minutes. Peu de temps après que les malades sont dans le bain, la sueur coule fur le visage ; le pouls devient fréquent, élevé , irré- eulier; un mal-aise général annonce qu'il y auroit du risque à le continuer. Au sortir de là, on enveloppe le malade, on le couvre bien dans son lit, 6k on le laisse suer environ demie- heure ou trois-quarts d'heure; on le charge ensuite, on l'essuyé, on allège ses couvertures, on le laisse encore au lit une demi- heure, après quoi, il prend un bouillon 6k sort de son r'r. Il y a quelques cas paticuiers dans lesquels il seroit dan- gereux de faire usage des Eaux Minérales, comme par exem- ple l'hémophtysie, l'épaissisement de sang, les pertes rougis avec pléthore, la pthysie purulente, la goûte chaude , les palpitation» du cœur, les vertiges, l'apoplexie sanguine dans le dernier degré; le scorbut, lorsque la masse des liqueurs a dégénéré dans une disso- lution totale. En eximinaut la nature du sol que les Eaux traversent avano. de parvenir à la surface de la terre, on distingue , i.° une cou- che de terre noire, très-mince , très-poreuse 6k fort imprégnée du principe minéral; 2.0 un lit de terre calcaire; 3.0 un lit de terre arg'lbuse 6k calcaire, la combinaison de ces deux terres forme une espèce de marne qui, étant extrêmement divisée dans l'Eu Minéral >, lui donne ai tact une qualité onctueuse 6k savon- neuse. Cette terre combinée avec la partie grasse 6k sulphureuss de l'Eau Minérale, y forme une espèce de glaire grasse, vi^ C 34 ;queuse 6k onctueuse, qui tapisse l'intérieur des canaux de conduite. Le sol du Port-à-Piment est sec, sablonneux 6k stérile, il n'y pbut que très-rarement, l'air y est vif, sain 6k très-chaud , le ciel y est presque toujours serein ; il n'y a jamais de rosée ; les nuits y sont très-fraîches, même dans bs plus fortes cha- leurs de l'été, On y jouit des brises réglées; la vue y est très- étendue 6k très - variée , les besoins de la vie y sont assez abon- dans, on y trouve du gibier en quantité, du laitage, de la vo- laille, 6k des Animaux. On n'y est jamais incommodé par les insectes. La saison la plus favorable pour s'y rendre est depuis le mois de Novembre jusqu'au mois d'Avril. MM Polony 6k Chatard ont conclu très-sagement que leurs recherches sur les Eaux Minérales du Port-à-Piment n'étoient pas aussi approfondies que l'importance de la matière l'ex'geoit » ck qu'avant de décider plus amplement sur les propriétés de ces Eaux, il vabit mieux attendre de quelque homme sage 6k éclairé, les observations qu'il sera à même de faire sur les lieux ; l'expé- rience , quoique toujours lente 6k difficile , étant le guide le plus sûr dans la marche de nos connoissances. N° 5. EXTRAIT Du Mémoire de M. Lamarque, ancien Chirurgien - Major & Entrepreneur des Eaux Minérales de Boynes. C E Mémoire à deux parties. La première n'est qu'une répé- tition du procès-verbal d'analyfe de MM. Polony 6k Chatard. La seconde contient des observations qui, en laissant désirer des détails, présentent cependant quelques instructions qui peu- vent être utiles. PREMIÈRE OBSERVATION. Le premier Février 178$. Jean B.... de la Compagnie de D.....du Régiment du Port - au - Prince, avoit des obstruc- tions considérables à la ratte , il a pris d'abord un verre d'eau à la source chaque matin ; on a augmenté ensuire la quantité, on y a joint les bains 6k les douches .sur la parue, on a pres- crit un régime 6k quelques purgatifs, 6k ce Soldat malade depuis einq mois, a été rétabli en quarante jours. Nota. Lrs engorgemens de la ratte qui accompagnent tou- jours ceux du foie 6k des vu.seaux mc-z-:ntériqu:s, peuvent set guérir lorsqu'il n'y & pas d'obs£ructions dans bs vaiascauc emphatiques,. I '3« II OBSERVATION. En Mai. Pierre C.....Matelot, sortant de l'Hôpital du ^"ort-au-Prince, avoit des rhumatismes 6k de fausses ankyloses aux genoux, aux avant-bras 6k aux poignets. La boisson des faux, les bains, les douches pendant deux mois, ont guéri «ce ..malade. . *.'*- **. JII OBSERVATION. •> Le 6 Août. M. M. de B.....Habitant à Limonade, ayant un relâchement dans les nerfs, avec une stupeur à la cuisse droite qui le privoient de l'usage denses membres ; il a été guéri en quarante jours par l'usage des "Eaux en boisson, en bains 6k en douches. IV OBSERVATION. Le 6 Août, y.....Mulâtre Libre de Jean-Rabel, attaqué d'une paralisie complète, à été guéri par l'usage des Eaux en boisson, en bains, en douches, pendant six semaines. V OBSERVATION. Le #Août.. P.. . JVÎaçon de son métier, âgé de cinquante- fcinq ans, Xétant'4 baigné'à l'eau froide, étant en sueur, à été pris d'une^en£lttrer,considérabler aux genoux 6k à la "cheville du pied droit, .ck'fétoit : dans ^et, état depuis quarante jours. Cin- quante-sept jours de'.rusag>ides bains 6k"des-douches ont suffi pour Je guérir, I 57 VI OBSERVATION. En 1774. Le Sieur Charles R..,. .Habitant au Gros-Morne, âgé de quarante-cinq ans, attaqué de scorbut, d'obstructions dans les viscères du bas-ventre, d'une fièvre quotidienne, a pris les Eaux 6k les bains avec les ménagemens convenables. La fièvre à changé de caractère, il s'est fait des crises effrayantes - mais le malade à été guéri en deux mois de temps. VII OBSERVATION. Le 19 Juin. Jean V.....B.....Sergent des Grenadiers du Régiment du Port-au-Prince, avoit depuis neuf mois un rhumatisme accompagné d'une convulsion tonique qui faisoit plier le corps en avant ; l'usage des anti-scorbutiques 6k des bains d'Eau Minérale, ont rétabli cet homme en quarante jours. VIII OBSERVATION. Le ip Juin. F Adrien C... .. âgé de 22 ans , étoit attaqué d'une paralysie à la langue, avec des mouvemens convulsifs dans les extrémités supérieures 6k d'une fièvre qui de continue avoit pris le caractère de tierce, à la suite d'une apoplexie séreuse. Quelques remèdes procurèrent un vomissement 6k un dévoiement considérables ; la fièvre céda, l'usage de la parole revint, mais il se fit une éruption cutanée, générale, qui dégénéra en ulcères. Les tendons fléchisseurs des doigts, des mains 6k des pieds se retirèrent ; il survint un engorgement considérable dans les arti- çiûtions ; le malade ne pouvoit exécuter aucun mouvement, il 35 perdit par la carie k première phalange du doigt médius de la main gauche ; il fut transféré dans plusieurs Hôpitaux, sans avoir pu , pendant trente 6k un mois, être soulagé par aucun remède. MM. les Administrateurs l'envoyèrent aux Eaux de Boynes. L'usage des bains 6k des douches sur les ulcères, pen- dant quarante jours, la boisson des Eaux, à laquelle nous avons ^>int les sudorifiques, les fondans 6k les purgatifs légers ont, rétabli ce malade dans l'espace de cinq mois. IX OBSERVATION. En Décembre. Madame L.....avoit des douleurs violenter à l'épaule, avec une fausse ankylose dans l'articulation du bras, elle a été parfaitement guérie par l'usage des eaux pendant cin- quante jours. X. OBSERVATION. Le ,9 Novembre i77$. Guillaume P. ... Soldat du Régiment du Cap, Compagnie de B.....avoit des dartres rongeantes sur tort le dos, ce malade à été guéri après soixante jours de l'usage des Eaux en boisson 6k en bains, Se l'application des boues. XI OBSERVATION. En Novembre. G..... Brigadier de Maréchaussée au Môle/. avoit des douleurs rhumatismales 6k de fausses ankyloses au* articulations des genoux. La boisson des Eaux, les bains 6k les huches pendant quarante jours, ont guéri ce malade. 39 XII OBSERVATION. En Décembre. R.... Négresse à Madame L----âgé de 25' ans , avoit depuis plusieurs années une suppression de régies avec une perte blanche ; l'usage des Eaux, des bains, des injections pendant soixante jours ont guéri cette Négresse. XIII OBSERVATION. Le 20 Avril 1776. Jean-Michel F.... dit L.... Soldat dvi Régiment du Cap, Compagnie de P----avoit depuis quatorze ans, une galle 6k des ulcères sanieux en différentes parties du corps. Il a été guéri en très-peu de temps, par l'usage des bains 6k des douches sur bs ulcères. XIV OBSERVATION. Le if .Mai 1776. Jean M.....du Régiment de CambresîsJ Compagnie de M.....avoit un ulcère avec un oedème érési- , pélateuxà la jambe droite , les chairs étoient fongueuses, molles^ & baveuses, b pus fétide, gluant 6k verdâtre , il y avoit plu- sieurs sinus qui s'étendoient jusques vers la partie supérieure du tibia, il s'est formé à la partie inférieure une congestion qui a rendu une humeur sanieusa 6k noirâtre; on a dilaté les sinusy on a bassiné les ulcères avec bs Eaux Thermales, il s'est déta- ché plusieurs esquilles, dont une de sept pouces de long, 6k une autre qui avoit cinq pouces. L'ulcère s'est détergé ; il s'est établi une bonne suppuration, l'os s'est régénéré ; il s'est formé uns bonne cicatrice, 4à XV OBSERVATION. Le 24 Juin. Gille-Marie J.....Canonier, é oit perclus de9 extrémités inférieures ; il éprouvoit des douleurs rhumatismales très - violentes depuis deux mois. Les bains 6k les douches , aprèj l'usage des remèdes généraux, l'ont rétabli. XVI OBSERVATION. En Juillet. M. F..... D..... Officier du Régiment du Cap. avoit eu un anévrisme considérable au bras gauche. La pression de la tumeur sur les nerfs 6k la gêne de la circulation avoient réduit la partie dans un état d'atrophie ; il obtint sa guérison après dix mois. Un an après, il éprouva de la douleur 6k de la gêne dans les mouvemens du bras, il craignoit le retour de la tumeur ; il lui survint un engorgement considérable au genou droit, il avoit du dégoût, de l'insomnie, il lui survint une hémoragie par la verge, 6k il avoit une fièvre lente. Six jours après Tusage des Eaux Thermales , prises à la source 6k coupées avec le l'ait, l'hémoragb disparut ; mais la fièvre ayant augmenté, on fut, obligé de les discontinuer , on revint, à leur usage six semaines après ; on y joignit les fondans, les purgatifs 6k les douches sur les bras. Ce traitement continué pendant trois mois, à dissipé tous les accidens. XVII OBSERVATION. En Novembre. Une Négresse de M. M.....Commandafljf I 41 aux Gonaïves, avoit depuis fort longtemps une suppression de règles, des ulcères sur tout le corps, une fièvre consomptive. Tous les traitemens avoient été inutiles : on lui a fait prendre les eaux 6k les bains pendant trois mois, ce qui a suffi pour 'a guérir. XVIII OBSERVATION. Le i^ Décembre 1777. M. G.....avoit tout le corps couvert d'un ulcère qui rendcit une sanie fétide. Les ongles des pieds 6k des mains étoient tombées, ainsi que les cheveux, les poils Se les sourcils. Les bains, les douches 6k la boisson des eaux pendant quatre mois , ont guéri cette lèpre affreuse, qui avoit résisté à beaucoup de remèdes. XIX. OBSERVATION. Le 26 Février 1779. M. D... . Capitaine d'Artillerie, en gar- nison au Port-de-Paix, avoit essuyé de très-grandes fatigues dans une expédition, dans laquelle il avoit été réduit à coucher sur le sable, au bord de la mer , après des travaux très-pénibles. ■ Il ressentit d'abord un fourmillement aux extrémités des doigts , il survint des douleurs musculaires avec beaucoup de foiblesse 6k d'engourdissement dans toutes les parties. Il tomba bientôt dans un état de paralysie complète. Un des muscles zigomatiques étant paralysé , il avoit de l'autre côté une contraction très-doulou- reuse. Le malade ne dormoit pas, 6k il avoit un dégoût général pour tous les aiimens. 4* L'usage des Eaux Minérales en bains, douches 6k boissons pendant d.ux mois, ont suiïx pour g érir c.tto maladie. XX. OBSERVATION. Le p Juin. M. Martin B.....Capitaine de Corsaire, griève- ment bl.ssé dans un combat, eut encore le malheur de se trouver enveloppé par le feu d'un laril de £ar£cr:ses enflammées- Obligé d'abandonner son ennemi, qui avoit ; éjà amené, il vint à la Havanne pour se faire traiter, sa blessure dégénéra en un ulcère affreux, il fut transporté au Môle Saint-Nicolas, 6k il vint au Port-à-Fiment un an après, par la recommandation de M. d'Anctcvilb. Son corps étoit atrophié, il avoit une paralysie générale. On a d'abord employé Ls bains tempérés» on a donné ensuite les douches, 6k cela a si bien réussi que le malade s'est rétabli parfaitement. XXI OBSERVATION. , Le 3 Octobre. François T----, de la Compagnie de Ravel Régiment de Cambresis, aveit une hydropisie âscite, avec une oppression considérable, une toux sèche 6k une fièvre lente . il étoit très-maigre, l'enflure des jambes, des bourses 6k du ventre étoient si considérable qu'il ne pouvoit se tenir dtbeut un seul instant; fl-souffrait tant qu'il ne défiroit que de mourir. Les Eaux, le bain de vapeurs, les hydragogues, les apéritifs ont guéri ce malade ,qui est parti bien portant pour sa garni- son, b vingt - quatre Avril suivant. 43 XXII OBSERVATION. En Mai 1780. Susanne, Négresse de Madame veuve Mar- chand , des Gonaives, avoit une suppression de règles 6k neuf ulcères scrophuleux sur diverses parties du corps. La boisson des Eaux, les bains 6k les douches ont rétabli cette malade* qui avoit pris beaucoup de remèdes sans succès. XXIII OBSERVATION. Le 26 Juin. Laurent F.... Grenadier du Régiment du Port - au - Prince, avoit une maladie cutanée qui avoit résisté à tous bs remèdes, il s'est rétabli par l'usage des Eaux en bains ,.douches 6k boissons pendant quarante jours. XXIV OBSERVATION: Le 12 Novembre. Madame A'.... Habitante au Port-de-Paix, ' avoit dans le bras gauche une foiblesse 6k des douleurs qu? interceptoient bs mouvemens de cette partie. Elle a été guérie *n trente - six\ jours par l'usage des Eaux Mi néraies, 44 N.° 6. EXTRAIT D'un Mémoire fur la Topographie du Port-à-Piment, fur les avantages qu'on peut retirer de /on fol, fur les Eaux Minérales, leurs propriétés, par M. Dubri , ancien Chirurgten - Major} Infpecleur de ces Eaux. L A Plaine du Port - à - Piment a environ dix-sept lieues de long, elle s'étend depuis la baye de Hiene jusqu'à Corridon, sa largeur est de trois lieues, elle va jusqu'aux montagnes du haut Moustique ; cette Plaine n'est interrompue que par trois mornets; la partie Ouest 6k Sud qui répond à la mer eït très-aride , parce qu'elle n'est arrosée que par les pluyes d'orage; la partie de l'Est est plus fertile , parce que les Nords y portent La mer est presque au niveau de la Plaine. On observe sur ces parages des trombes d'eau, elles s'annoncent par un bruit sourd, comme celui d'un tremblement de terre, nous en avons vu deux en quatre ans ; le Ciel n'étoit couvert d'aucun nuage l'air étoit à peu près calme comme aux approches des secousses de la terre. Le vent de Nord-Est domine pendant neuf mois de l'annéV mais l'orsqu'il règne de l'Ouest, qui est le vent du large pour. '45 cette Plaine, leur choc produit un tourbillon qui élève le sable en colonne, en forme de trombe. Il y a un banc de sable tout le long de la côte qui porte à une demi-lieue au large. Cette mer est très-poissonneuse ; le rivage paroit propre à faire des salines. Le Sieur Laporte, Ha- bitant, depuis neuf ans dans ce lieu, a commencé à faire du sel avec un Nègre de loyer ; sa fortune prouve combien cette Manufacture est avantageuse. On tire à Saint-Domingue le sel des Isbs Turques. Ce sel est noir acre 6k peu propre aux salaisons; celui du Port-à-Piment est blanc , d'une odeur suave, 6k conserve bien la viande. Douze Nègres peuvent entretenir douze bassins, chaque bassin donne à-peu-près six cent barils de sel par an, ce qui faisant un produit de sept mille deux cents cent barils, qui, vendus à raison de six livres chaque, donneront un produit de quarante trois mille deux cent livres. Les vents 6k les pluies sont deux obstacles à l'établissement des salines, mais les pluies sont rares dans ces quartiers 6k les vents n'ont- pas une violence assez constante pour nuire à la cristalisation. La Plaine du Port-à-Piment est couverte d'une herbe fine,1 qui est un excellent pâturage pour les grands animaux. Les che- vaux y sont vigoureux 6k légers ; bs bœufs y sont gras 6k ro- bustes 6k leur chair est succulente ; on pourrait augmenter dans ce quartier le nombre des hattes ; les Habitans qui en entre- tiennent y font de très-grands bénéfices. On voit dans le quartier de Terre-Neuve les débris des for- ges que les Espagnols avoient établi.s poo: exploiter les mines d^ ce quartier. 46 Les Montagnes qui regardent la mer, contiennent beaucoup de minéraux; leur élévation, leurs dépouilles annoncent leur ancienneté. Un étang considérable termine les savannes du Port-à- Piment du côté des Gonaïves; cet étang nourrit du poisson & il est couvert, dans quelques saisons, de canards sauvages & de sarcelles. Quel est l'homme qui n'apperçoit pas les avantages des éta_ blissemens proposés ? Us aggrandiroient notre commerce intérieur & le rendraient indépendant à certains égards des autres nations: c'est ainsi que la Colonie , devenue plus florissante , se rendrait plus utile à la Métropole. L'établissement des Eaux de Boynes est placé au penchant d'une colline couverte de bois. Les bâ timens sont divisés en quinze corps de logis. Cette maison environnée par des allées d'arbres offre un coup d'ceil très-agréable, il s'est formé un petit bourg au-de-là de la grande allée. Les sources des Eaux Thermales sont au nombre de sept; on à donné à ces sources le nom des personnes qui ont con- tribué à cet établissement. Cinq de ces sources sont hors de l'enceinte de ces bâtimens. La source de Valliere, du nom d'un Général qui réunissoit aux taîens d'un homme de guerre, * amour des Sciences 6k des Lettres, 6k qui n'a laissé dans toute la Colonie que des monumens de bienfaisance qui font chérir sa mémoire. La seconde est celle de M. la Ferronais, Commandant de la partie du Nord ; la troifième porte le nom de M. de Vaivre, Intendant de la Colonie ; la quatrième est celle de Dancteville, du nom de l'Ingénieur qui a fait construire les bâtimens 3 la cinquième est celle des Dames, ainfi nommée 47 parce que l'eau de cette source est moins cîaude 6k moins sali. ne. Deux autres sources sont dans l'enceinte,, elle de Rameru, du nom du Commandant pour le Roi, à Saint-Marc qui a fait donation de ce terrein au Roi; la seconde est celle de Mou- tardier, Intendant de la Colonie. La source de Valliere donne à-peu-près cent quatre-vingt pintes d'eau par heure; celle de Vaivre, de Montarcher 6k Danc- tevilb, fournissent à-peu-près soixante pintes^chacune. Les autres sont moins abondantes, mais si toutes ces Eaux étoient rassemblées dans un canal qui les conduirait dans un réservoir commun que l'on pourrait placer à une lieue de l'hô- pital des Eaux de Boynes 6k à une demi-leue de la mer, les Hattiers 6k les Saliniers auraient l'agrément d'avoir l'Eau à une demi-lieue, tandis qu'ils sont obligés d'aller la chercher à cinq & six lieues, 6k on pcurro't faire abreuver bs animaux que l'on est obligé de conduire au grand étang, au bas de la mon- tagne de la Barre, ce qui est très-fatiguant, principalement dans les grandes sécheresses. Les Eaux Minérales du Port-à-Piment ont une odenr de foie de souffre, qui se fait sentir dans un temps calme à plus de cent cinquante pas de leur réservoir. Lorsqu'on prend de l'Eau dans le puisard, elle exhale une odeur forte qui se perd entièrement, lorsque cette Eau est refroidie. On nous a dit qu'en 1770, il y avoit une source froide très- abondante , qui a disparu lors du tremblement de terre. On ne boit à présent que de l'Eau des sources chaudes ; on la met dans des jarres 6k vingt-quatre heures après elle est' fraî_ che& agréable, l'Eau Thermale dans cet état de refroidissement ne conserve que les parties terreuses 6k salines, mais en si pe- tite quantité qu'elles ne produisent aucune sensation. 4? Si l'on fait chauffer de l'eau ordinaire à un degré égal de celui des Eaux Thermales 6k qu'on la compare à une quantité égale d'Eau Thermale, on verra que l'Eau Minérale aura encore qua- tre degré de chaleur, lorsque l'autre sera refroidie. L'eau ordi- naire entre en ébulition plus promptement que l'Eau Minérale. Des plantes mises dans le puisard des Eaux Minérales, étoient aussi vertes vingt-quatre heures après, qu'au moment qu'elles y avoient été mises;fies mêmes plantes plongées dans l'eau ordi- naire, chauffée au même degré que les Eaux Minérales, ont été jaunes 6k flétries dans une minute. La chaleur de l'Eau Ther- male a donc quelque chose d'extraordi.iaire 6k tient à un principe nous est inconru. En admettant que la chaleur, des Eaux Minérales est produite par l'embrasement des volcans 6k des pyrites, on ne peut con- cevoir comment bs arbres qui ont leurs racines plantées dans le lieu des sources peuvent prendre leur accroissement (a). Il y a des plantes qui croissent sur le bord de ces Eaux 6k même dans leur sein, l'on n'empbye que l'Eau Mi îéraîe pour arroser les jardins, quelques personnes la laissent refraidir, mais nous l'avons employée chaude pendant long-temps, 6k cela n'a apporté au- cun dommage à nos plantations. Lorsqu'on boit l'Eau Thermale sans qu'elle a:t été refroidie on ne sent qu'une légère chaleur ; on en sent an contraire une très-forte 6k même insupportable en y plongeant la main. Il faut user de précaution pour plonger le Thermomètre dans les Eaux Thermales. M. Dazile qui est venu visiter ces Eaux en 1783, a cassé quatre de ces instrumens pour n'avoir point (a) Il faut suppofer que le, foyer de la chaleur est beaucoup au dejfous du terrain dans lequel les arbres étendent leur racine, ce qui n'est jamais à une grande profondeur. pris 49 pris assez d'attention : la chaleur de ces Eaux n'est cependant, sui- vant bs différentes sources, que de 3,8, 40, 41 6k 42 degrés. Suivant l'analyse de MM. Chattard 6k Pokmy, chaque pinte d'Eau Minérale contient quarante grains de substances salines, tant de sel de Glauber, que de sel commun, d'alkali 6k de terre calcaire. En mettant sous une combinaison quelconque une pareille quantité de ces substances dans une pinte d'eau commune, on obtiendra toujours une boisson très-différente de l'Eau Thermale , ce qui nons fait juger que les propriétés de ces Eaux ne dépendent pas entièrement de leurs parties salines 6k terreuses, mais qu'elles résident essentiellement dans ce principe subtil qui s'échappe dans Jeur refroidissement. Tous bs essais que nous avons faits pour 'miter ces Eaux nous ont persuadé de la difficulté de deviner les procédés de la nature.. On sent fréquemment des secousses de tremblement de terre à Boynes. C'est alors que les Eaux exhalent une plus grande quantité de gas sulfureux. Ce gas est si sensible quelque fois que lorsqu'il s'échappe par les soupiraux des puisards, on pourrait en remplir des vessies, pour en examiner la nature. L'air de ce quartier est très-sec. Une feuille de papier exposée à l'air pendant la nuit ne contracte aucune humidité. La lune a beaucpnup d'influence à Saint-Domingue sur les animaux 6k sur les végétaux ; il y a des quartiers dans la Colo- nie où une personne qui a été exposée le soir pendant quelques heures à son action, éprouve de l'agitation, de l'insomnie, des migraines, des ophtalmies; les personnes qui ont des dartres éprouvent au plein 6k au renouvellement de la lune des déman- geaisons plus confidérablcs que dans tous les autres temps. Les personnes saines qui ont été aux Eaux de Boynes savent, ainsi D 5° que moi, qu'on peut coucher dehors tête nue & en chemise , au plein 6k au renouveau de la lune, ainsi que dans bs autres temps, sans ressentir aucune influence 6k sans éprouver aucune incommodité ; les personnes qui ont des dartres n'éprouvent même qu'une foible démangeaison lors de la pleine lune. Il paroît, d'après cls observations, que la lune n'a d'influence sur nos corps qu'à raison de l'humidité de l'air 6k des prin- cipes hétérogènes que les exhalaisons du sol versent 6k que la cha^ leur du soleil attire dans l'athmosphère , 6k si elle a moins d'ac- tion dans le quartier du Port-à-Piment, on doit l'attribuer à la qualité de l'air qui, étant sec , ne peut se charger d'une aussi grande quantité de principes salins 6k sulfureux que dans les autres qua:tiers. Les Eaux Minérales prises intérieurement produisent peut-être autant d'effets qu'il y a des différentes espèces de tempéramens. Les bilieux, dont la fibre est sèche 6k irritable, s'exposent à des fièvres inflammatoires , à des insommies , à des i étendons d'urines, en prenant les Eaux sans précaution ; l'Eau de la source des Dames convient mieux à ces tempéramens, ils ne doivent com- mencer que par un verre, dans lequel on fait dissoudre qua- tre grains de sel de nitre, on augmente tous les jours d'un verre jusqu'au huitième jour 6k quelquefois jusqu'au douzième. Ces Eaux ne conviennent pas dans l'apoplexie sanguine, elles sont dangereuses dans les diarrhées par leur qualité pi rgative, on ne doit employer bs bains qu'au 3ame. degré de chaleur au thermomètre de Réaumur. On doit se tenir bien couvert en sortant du bain. L'usage des Eaux n'exclue pas bs secours auxilliaires qui con- viennent aux différentes maladies 6k aux différents états des mala- des. On peut employer bs émétiques, bs purgatifs, même la saignée, suivant bs indications. M. Dubry a employé les douches 6k les boues ; il n'em- ployoit dans ks douleurs rhumatismales internes que l'usage in- térieur des Eaux, il joignoit à cet usage un régime humectant. Il a employé le même traitement dans les paralysies; nous allons rapporter quelques unes de ses observations. PREMIÈRE OBSERVATION. En 1783 , on m'apporta un Soldat du Régiment d'Enguien,' nommé^ Jean M .... dit L .... il ne pouvoit remuer aucuns des parties de son corps, sa peau étoit sèche 6k insensible. Ce malheureux étoit dans un état de marasme, j'ordonnai qu'on remplit un bain destiné aux Soldats, 6k sur le champ j'y fis mettre le malade ; on laissa le canal de la vuide 6k du plein ouvert, pour laisser couler l'Eau Thermale sur son corps, demi- heure après la chaleur de l'Eau le ranima, ce malheureux prit la parole, il commença par crier, ce qu'il n'avoit pas encore fiut au rapport de ses camarades, il reprit un peu de force. Demi-heure après je le fis sortir de l'Eau. L'ayant fait essuy-i 6k coucher sur une paillasse, je b fis couvrir, je lui ordonna1 un bouillon dans lequel je fis ajouter un demi-verre de vin, il transpira beaucoup , je le fis porter une demi-heure après dars la orande salie 6k j'ordonnai qu'il lui fut donné une petite soupe ; le lendemain matin je le fis mettre dans un bain semblable au premier ; on lui donna', après l'avoir essuyé 6k couché , un bouil- lon , j'ordonnai qu'il lui fut donné une soupe à dîner, une autre à souper avec un verre d'eau 6k de vin. Comme les intestins ne faisoient pas leurs fonctions , j'or ionnai deux lave- mens, dont un b matin 6k l'autre b soir, avec de l'Eau'de la source, d. Ramsru, j'ordonnai aussi qu'on lui fit boire de cette 5>* Eau Minérale, quatre verres tous les matins en sortant du pui- sard. Ce traitement, au bout de huit jours, mit ce malade en état de porter avec ses mains les alimens dans sa bouche, ce qu'il n'avoit pas fait depu's onze mois. Les forces digestives 6k celles des membres s'accrurent ; alors j'ordonnai la demi-ration 6k huit verres d'Eau Thermale à pren- dre dans la matinée, un bain comme à l'ordinaire, le matin 6k un autre le soir. Six jours après le malade se tint debout. Je le mis à la ration, je continuai les bains •& l'Eau Thermale de la Source de Rameru prise dans le puisard, 6k je lui ordonnai les douches à prendre deux heures après le bain du soir. Trois semaines après cet homme marcha avec deux échasses, ses mem- bres reprirent peu-à-peu leur forme primitive, il quitta ses échasses au bout de quatre mois d'entrée à l'Hôpital. II OBSERVATION. M. V . ... Habitant au haut Moustique , âgé de soixante ans H étoit paralisé des bras 6k jambes depuis deux ans, il avoit son intelligence ordinaire , il ordonnoit les travaux de son habita- tion 6k bs conduisoit aussi bien qu'il l'avcit fait auparavant ; il avoit un appétit vorace , 6k étoit venu d'une grosseur extraor- dinaire ; l'ambition 6k la difficulté de pouvoir se faire porter en voiture aux Eaux , l'avoient retenu sur son habitation, il se dé- cida en 1781 à venir chez M. Courrege, Chirurgien au bourg , yoifin de ces Eaux. Ce Chirurgien le traita, au bout de deux mois il saisissoit un corps de ses mains, sans pouvoir cependant porter le manger à sa bouche ni se tenir debout. Alors il désespéra de sa guéri- don ; il me fit prier de venir chez M. Ccurrege pour me con- «ulter. Après l'avoir écouté 6k examiné, je conférai avec mon Confrère sur les moyens que nous devions employer ; j'obser- vai que le transport des Eaux Minérales leur faisoit perdre leur propriété, que leur inaction ne provenoit que de cette cause, qu'il falloit pour cela, vu l'ancienneté delà maladie, l'âge 6kla complexion du malade, le faire porter dans une des chambres du bain désignée pour les pauvres , parce que cette source a plus d'activité qu'aucune des autres 6k que les boues se trouvent à côté. En conséquence, je lui ordonnai, pour émouvoir la masse énor- me de fluide , de prendre au point du jour douze grands verres d'Eau Thermale de la Source qui conduit à ce bain, sous le nom' Dancteville, 6k le plus promptement qu'il lui serait possible i pour ensuite entrer dans bs boues 6k y rester trois quarts-d'heu- res , s'il le pouvoit 6k le faire entrer dans un bain comme je l'ai fait pratiquer pour détacher la boue qui s'attache sur le corps; Après l'avoir bien essuyé, j'ordonnai qu'on le fit coucher su un matelas 6k qu'on le couvrit dur! drap ; après je lui faisois donner une écuelb d'un bon consommé , dans lequel on ajou- toit un verre de vin vieux : j'ordonnai pour le soir les dou- ches sur toute* les parties du corps; le régime étoit le même que celui qu'on lui avoit prescrit. Après huit jours de l'usage des boues 6k douches, je conseillai quatre grains de tartre émeti- que dans l'eau de casse en deux doses, ce qui l'évacua beau- coup , je conseillai de reprendre les boues 6k les douches, 6k l'Eau Thermale , avec les précautions que j'avois indiquées. Qua- tre jours après je les fis suspendre pour lui faire prendre une once 6k demie de sel de Glauber, ce qui ne produisit que de très-foibles évacuations, le lendemain je lui ordonnai deux onces 6k demie du même sel, en deux doses , qu'il prit à demi-heure. de distance l'une de l'autre3 54 Le lendemain il prit le même traitement, il fut fort surpris de se sentir une agilité qu'il n'avoit pas éprouvée depuis long- temps ; il goûta la douce satisfaction de porter ses alimens à sa bouche 6k de se tenir debout sans aucun appui. Il continua les douches 6k les boues : je lui ordonnai, d'après les forces qu'il avoit prises, un bain à prendre quatre heures après la sortie des boues. Il continua de prendre tous les quatre jours une once 6k demie de sel de Glauber. Il buvoit abondamment par dessus de l'Eau de la source Dancteville. Le lendemain il recom- mença le traitement dont j'ai parlé, de façon qu'au bout de quatre mois, à compter du jour de son arrivée aux Eaux, il marchoit seul; quelque temps après il fut entièrement guéri , 6k il jouit encore d'une bonne santé. M. Dubry a guéri des ankiloses vraies 6k fausses par l'usage des Eaux, des douches 6k des boues; il a vu des exostoses qui avoient résisté aux traitemens antivéneriens 6k qui ont été guéries par bs mêmes moyens ; il purgeoit dans ces cas les ma- lades avec les pilules mercurielles. Il a été obligé quelque fois de dénuder les os, d'appliquer le cautère actuel pour dé- truire la carie , mais il a toujours, dans ces cas , continué l'usa- ge des boues, des douches 6k des lotions. M. Dubry a traité avec succès des ulcères, en associant quelque fois les anti- vénériens 6k les anti-scorbutiques, mais il en a vu qui ont résisté à tous ces moyens 6k qui n'ont pas été guéris après deux ans de traitement. M. Dubry croit que les maladies cutanées, si communes à Saint-Domingue, sont l'effet du vice vénérien dégénéré; il a vu plusieurs fois que les dartres étoient produites par la sup- pression des gonorrhées 6k il s'est bien trouvé dans sa pratique de s'être appliqué à rappeibr cet écoulement dans le traitement de ces maladies. Il rapporte l'observation d'une mort subite, produite par l'érosion de la veine splénique, 6k il croit que cette maladie a été produite par la répercussion du vice dartreux qui s'étoit développé après la suppression d'une gonorrhée. L'usage des Eaux de Boynes associé aux anti-scorbutiques, aux mercuriels 6k aux purgatifs, a réussi souvent à M. Dubry, dans le traitement des dartres. « Un Sergent du Régiment du Port-au-Prince, nommé L.< n vint à l'iiôpital des Eaux de Boynes, son corps étoit couvert » d'une chaîne de boutons dartreux, il ne pouvoit pas faire dix » pas que ses souliers qu'il portoit en pentoufle ne fussent pleins n de sang ; il ne pouvoit ouvrir les mains qu'à moitié, lors- i» qu'il vouloit les ouvrir un peu plus , la peau crevoit 6k le sang » jaillissoit, je lui fis diverses questions sur son état, je lui deman- » dai s'il n'avoit pas éprouvé quelques accidens vénériens, il » me dit qu'il avoit eu deux gonorrhées, je lui demandai s'il » avoit gardé long-temps la dernière , il me répondit qu'un de » ses camarades la lui avoit fait passer dans huit jours. Ce rap- » port me fit juger que la maladie de la peau ne provenoit n que de cette cause, je le mis à l'usage des Eaux Minérales, » comme je l'ai pratiqué à tous bs autres, le cinquième jour » sa gonorrhée qu'il croyoit guérie, revint avec abondance. Dans la » crainte de déranger le cours delà nature, je continuai lemê- » me traitement ; quinze jours après, la plus grande partie de „ ses cordons dartreux étoit diminuée de moitié, je lui fis con- „ tinuer les eaux 6k les bains, enfin huit jours encore après » l'écoulement gonorrhéique avoit diminué des trois quarts, 6k » les boutons cutanés devinrent si isolés, qu'il n'en paroissoit » plus que quelques uns ; je le fis purger 6k après je lui fis don- » ncr douze frétions mercurielles. Il prenoit tous les matins une 5« r> bouteille de lait, il buvoit huit grands verres d'Eau Therma- n k, je le faisois purger à la quatrième friction avec la [manne , n b polipode de chêne 6k le sel de Glauber; cet homme , qua- » tre mois après le jour de son entrée à l'hôpital, partit sans n aucun vertige de sa maladie ». M. Dubry a guéri par l'usage des Eaux de Boynes secon- dées par ks emétiques, les purgatifs 6k le régime, beaucoup d'engorgemens dans les viscères, des cachexies, suite des maladies* Les Eaux lui ont paru très-bonnes dans les langueurs d'esto- mac , 6k dans le relâchement des reins, de la vessie, lorsque les urines charoycient des glaires. M. Dubry n'a eu occafion de traiter que deux hydropiques, ils sont morts ; il a trouvé des obstructions dans les viscères du bas ventre, il croit que \"tématiqu:s au lieu d'être axiomes. La plaine du Port-à-Piment est la terre la plus nouvelle de Fïsb de Saint-Domingu1, c'est-à-dire, la dernière que la mer a abandonnée, elle n'est composée caris toute son étendue que dk galets entremêlés de terre calcaire, 6k en quelques endroits tSe marne très-divisée 6k atténuée à la superficie du sol. On pourrait, par une longue suite d'observations, calculer l'âge de cette terre, on profiterait avec facilité de ce terrain bas 6k nou- veau , en élevant à quelques pas dans la mer une colonne bâtie en brique 6k ciment dans le grand port ou l'eau est calme; sur cette colonne on tracerait une échelle bien divisée pour marquer la hauteur ou l'abaissement de la mer pendant un certain nom- bre d'années ; cette plaine ne fournissant point de terres d'allu- vion dans le port, on déterminerait sûrement de combien la mer se retire dans un nombre donné d'années, 6k ce seroit en moyen phyfique de connoitre l'âge de cette terre. Cet ins- trument simple pour s'éclaircir sur un point important de Phi- fique a été établi en Suéde 6k en Ruflie, sur la Mer baltique. 65 Depuis dix ans, on voit la mer se retirer trés-senfiblement, dans une petite baie, à une lieue à l'Ouest du Port-de-Paix. Quoique cette vaste plaine soit l'ancien lit de la mer, elle est pourtant mamelonnée par une très-grande quantité de mon- ticules, qui ont été formés par le remoux des eaux, car ils sont tous composés de galets comme le reste de cette plage. Cette plaine est auiîi entrecoupée de ravines qui ne sont pas encore très-profondes, mais qui se fouillent de plus en plus par le cou- rant des eaux qui descendent avec précipitation du haut des montagnes qui étoient l'ancienne côte 6k de la nature de celles que l'on appelle côtes de fer, parce qu'elles sont toutes coupées presque à blomb 6k composées de rochers d'une pierre calcaire très-dure. On voit, en suivant les ravines les plus profondes, que tout le sol de cette plame est un composé de débris de toutes sortes de pierres ; les plus abondantes sont bs pierres calcaires de diffé- rentes espèces , en général très-blanches , d'un brun très-brillant, un peu salineuses, quelques unes susceptibles du poli 6k de décom- position à l'air 6k à la pluie. Les silex y sont abondans ; il s'en trouve des sortes où l'on apperçoit beaucoup de différentes cou- leurs , ce qu'il y a de plus frappant, c'est qu'on en voit beau- coup à la surface de la terre, qui paraissent être d'une nou- velle formation , 6k d'une cristallisation globuleuse , tantôt de la grosseur de pois isolés, tantôt semblables à du fraix de grenouilles; ces globules sont demi-transparens, d'un gris sale, 6k quelque- fois bleuâtres. On voit répandu çà 6k là ces silex qui ont l'air de mâchefer 6k sont de la même couleur, 6k , comme lui, tout parsemés de trous provenant de la décompofition des pyrites ' ferrugineuses qui y étoient enfermées. Il s'en trouve une autre espèce propre a être taillée, mais en offrant un assez beau poli elle 64 paroît pleine de gerçures. J'ai remontré des pierres d'un touge de brique, à-peu-près de la même consistance, inat- taquables parles acides, donnant des étincelbs avec le briquet, & répandant une forte odeur de foie de souffre, lorsqu'on en frotte deux morceaux l'un contre l'autre. Avant de l'avoir essayée avec les acides, je l'avois prise pour de la zéolite rouge , parce qu'elle est exactement de la même couleur 6k de la même forme ; je ne puis la ranger dans la classe des silex connus , à cause de la différence de sa cristallisât on. Quand elle aura été exposée au feu 6k distillée avec les aci- des minéraux, on pourra la placer exactement, 6k on trouvera peut-être qu'elle constitue un genre nouveau ou au moins une espèce particulière de silex. Examinée à la loupe, on distingue des particules de silex bleuâtre, en petites lames minces dans sa substance, 6k le ciment qui les lie pourrait être une argile ferru- gineuse qui a subi l'action du feu : elle est toute parsemée de petites cavités qui proviennent de la décomposition du fer. Je soupçonne qu'on pourrait substituer avantageusement cette pierre pulvérisée au caillou, si rare à Saint-Domingue, pour préparer avec la chaux éteinte à la Romaine 6k la chaux vive , k ci- ment imperméable à l'eau, de feu M. Loriot. On trouve aussi dans cette plaine une pierre composée de pierre calcaire 6k de l'espèce de sibx appelle par quelques uns pierre de corne. Parmi la grande quantité de morceaux de diverses espèces de pierres qui couvrent le sol de ce désert, on remarque des pierres cal- caires blanches, d'un grain très-fin, 6k dont la surface est cou- ' verte d'une cristallisation capillaire, ou en petits cilindres fistu- leux, de couleur de saffran de Mars, 6k de substance silicée ; l'acide ritreux fait peu d'impression sur cette couleur qui s'altère considérablement considérablement par l'acide marin. Ces petits cylindres creux font qu'au premier coup d'œil, on prendrait ces pierres pour des madrépores couleur de rouille de fer, mais en y repardant de plus près, on voit que ces tuyaux ne sont pas en formj d'étoibs; ce qui prouve que cette couleur est due au fer, c'est que cette cristallisation pulvérisée est en partie attirable par l'aimant ; il se trouve d'autres petites pierres d'une couleur à peu-près sem- blable à celle dont je viens de parier, mais sans cristallisation distincte, 6k qui paroît avoir eu une consistance pultacée; la base qui est d'une substance mélangée, n'est qu'en partie disso- luble par bs acides minéraux avec lesquels elle fait d'abord une effervescence très-considérable. En parcourant le pied des montagnes qui terminent cette plaine au Nord, j'ai rencontré à la surface de la terre une mine de cuivre de l'espèce quatrième de la Minéralogie de M. Sage ^ c'est-à-dire, de la mine de cuivre grise ; elle est brillante dans sa fracture, verdâtre à sa surface; elle est fort commune dans toutes ces montagnes du haut Moustique; j'ai aussi trouvé plusieurs ra- meaux de ces mêmes montagnes composés de pierres qu'on ap- pelle g rais , d'un gris foncé, 6k tout parsemé de pyrites mar- tiales ; dans leur fracture, elles donnent une apparence de brillant, 6k ont une cristallisation assez régulière, mais qui varie dans les divers morceaux ; elles sont répandues ici avec une profusion étonnante. Les différentes sortes de pierres qui, comme je l'ai dit, font la base du sol dont cette plaine est composée, sont entr-mêlérs d'une marne d'une blancheur parfaite, 6k d'une extrême subtiliié. Cela occasionne une réflexion considérable de la lumière 6k cb la chaleur, ce qui rend cette plaine un des endroits bs plus chauds de i'Lb ; ajoutez à cela que bs montagnes qui la termme.u: à 66 î'Est 6k au Nord, qui sont peu ou point boisées 6k seuîement composées de rochers très-hauts 6k à plomb, refléchissent aussi beaucoup de chaleur, surtout vers les deux heures de l'après midi jusqu'ai; soleil couchant : aussi le thermomètre de mercure monte- t-il pendant bs mois de Juillet 6k d'Acût à trente-deux degrés après midi 6k se soutient à vingt-cinq degrés pendant la nuit; pen- dant bs premiers jours de ce mois d'Octobre mil sept cent quatre-vingt-cinq , le thermomètre a monté régulièrement à Vingt-hrrit degrés à trois heures après midi, 6k à vingt - deux deg-és pendant les nuits ; cependant on y ressent souvent les nuits plus fraîches qu'ailleurs, principalement depuis Novembre jonc,.l'on Juin. La plaine du Port-à-Pimenf est expesée à des sécheresses qu'on ne conncît point ailleurs : les anciens habitans m'ont assuré qu'on y avoit éprouvé un sec de trois années consécutives qui fit périr tous les animaux. De mil sept cent soixante-dix-neuf à quatre vingt, il se passa aussi dix-huit mois sans pluie. Ce qui rend encore ce sol plus aride, c'est qu'on n'y a jamais vu ni rosée, ni serein : j'ai exposé de l'alkali fixe du tartre à l'air libre pendant plusieurs nuits , il n'est point tombé en deli- quir.n. Des feuilles de papier à lettres que j'y avois expesées de même, n'ont pas pris la moindre humidité , car j'écrivis dessus, au soleil levant, avec autant de facilité que si elles fussent sorties du lieu le plus sec. Je pense que la cause de ce phénomène doit être attribuée à la raréfraction considérable de l'air occasionée par la g-;ande chaleur de ce sol pierreux, 6k qui ne fournit aucunes valeurs. Celles oui slélevent de la me L j. 6k qui sont poussées par b vent au-dessus de cette plaine, y rencontrent un air trop chaud peur s'y condenser, 6k se sou- tenant par Cvtte raison à sept ou huit cents pbds de hauteur. tiîes arrivent an sommst des montagas voisines, oh elles pro-î duisent d'abondantes rosées. La saison des plaies dans ce quartier est celb des orages^ c'est-à-dire, depuis b mois de Mai jusqu'à la fia de Septem- bre. L'niver 6k b printemps y sont toujours très - secs , la brise y est assez régulière pendant neuf mois de l'année, ce qui tem- père beaucoup la chaleur, mais depuis la fin de Novembre jus- qu'au commencement de Mars , b vent de Nord-Est y est insup- portable par la quantité de poussière blanche qu'il y élève, 6k qu'on est forcé d'avaler en respirant ; malgré l'aridité du sol 6k le peu de pluie qui y tombe, on a établi dans'cette plaine une très-grande quantité de harras & de hattes dé bêtes à cornes 6k de chèvres. Dans b temps des orages ,6k pendant l'Au- tomne , les pâturages sont abondants , 6k dans b reste de l'an- née les animaux mangent un vrai foin, très-fin 6k desséché sur pied. Aussi bs animaux qai y paLsem sont vifs 6k vigoureux, leur viande est de très-bon goût ; b lait y est excellent 6k très- gras , les chevaux de ce quartier sent en général bien faits, robustes 6k très-vifs, mais difficiles à s'accoutumer à d'autres pâturages, 6k point du tout dans bs montagnes humides. Le gibier est assez commun dans cette plaine, il consiste en pintades sauvages ou marronnes, cochons 6k cabnts marrons, ramiers, tourterelles 6k oiseaux aquatiques ; la volaille 6k b poisson de mer y abondent 6k y snnt à bas prix, à cause du peu de population de ce quartier. Outre b commerce des ani- maux qui y est considérable, il s'en fait un très-grand en sel oui se fabrique dans une anse apprilée Coridon, sise au pied d'un5 montagne, isolée au bord de la mer, vis-à-vis b Canton de Terre -Neuve. On volt dans toute la plaine des compagnies nombreuses dç 68 corneilles ; semblables à celles d'Europe, 6k qui ont le même croassement, elles se nourrissent de fruits de différentes espèces, de torches 6k cardasses. Les rats 6k les chats marrons ont extrê- ment multiplié dans ce terrain , qui, au premier coup d'ceil, paroît n'être propre à nourrir aucune espèce d'animal. Les arbres 6k autres plantes sont rares dans cette vaste plaine, cependant un Botaniste peut s'y occuper pendant plusieurs semai- nes , mais il doit se pourvoir d'un guide, parce qu'il y a des milliers de sentiers faits par les animaux ; si on vient à s'éga- rer, on court risque d'y passer plusieurs jours sans rencontrer aucun asile , ni homme qui remette dans le grand chemin ; on y a trouvé quelque fois les cadavres de quelques malheu- reux qui avo'ent péri par la faim, la soif 6k la chaleur. Les plantes les plus communes de ce désert sont les espèces très-multiplié es de cactus, surtout celles appellées triviabment pattes de tortue, les torches, cierges épineux , mariacoulis , têtes d'anglois, raquettes, chardons volans, ckc. une variété de la sauge du Port-de-Paix, qui a les feuilles d'un verd tendre, oblon- gues , terminées en pointe, plus molles 6k d'une odeur moins agréable ; la poinciade épineuse, le franchipanier blanc, (plu- meria alba 3 ) le pudique ou vierge, mais qui diffère de celui de Curaçao , en ce que 1.' limbe de la fleur du nôtre s'ouvre. Beau- coup d'espèces de gras-de-gale à cœur noir ou marbré , le cocco. loba , ou raisinier à feuilles randes, incorruptible ; une espèce de lata.iier à pet'oies, armé de piquants très-durs, courts recourbés en enbas 6k en dents de scie ; le gommier (burserla) avec une de ses variétés, dont la gomme est beaucoup plus aromatique 6k plus difficile à dissoudre. L'Euphorbla thytlmahïdes y est abondant en approchant du pied des montagnes, où il y a un peu de terre végétale 6k 5ç> - plus de fraîcheur ; bs espèces de loranthus, trivialement guî, y sont communes sur tous les arbrisseaux, mais particulièrement ur les gayacs, 6k le coccoloba ; le long des rives de la Petite- Rivière qui vient de Terre-Neuve, on trouve le blgnonlaarbor,' chêne du pays ; le bois de savanne franc , le monbain , ( spon- d'ias ) , le gros mancenillier , ( hypomane ) , le helietteres à fruit en cordes, le boccania ou grand éclair du pays, le rau- volfia , le tabernemontana 3 le calaba ou bois mari ; le saplum ou bois d'anon, la Tournefortia , ou liane à chique ; la liane oseille ou cissus acida , plusieurs espèces de capparis, la rhu- barbe du pays , ou morlnda royoc, le comocladla , le palétuvier gris, le bromella karatas, le pitte ; les diverses espèces dqw-; dendrum , sont les plantes les plus communes , après les cactesj On y voit aussi plusieurs espèces d'aristoloches 6k de grena-i dille, ou passiflora 3 le datura stramonlum 3 ou pomme épi-; neuse, 6kc. ckc. Le physicien naturaliste qui parcourt cette vaste 6k brûlante solitude est agréablement surpris, lorsquen arrivant par la routa d'Ouest, où il a fait six lieues sans trouver un arbre propre à l'ombrager, ni une goutte d'eau pour appaiser sa soif pressante3 il rencontre des sources abondantes d'Eaux Thermales , mais fort fraîches, à cent pas de l'endroit où elles paraissent sur la surf fece de la terre. J'en vais donner l'histoire 6k l'analyse HISTOIRE Et ar.alyfè des Eaux Thermales du Port- à-Piment, arec là description de leurs bâtimens, fûtes fur les lieux au mois d'Octobre iy85. f^ U centre de ce quartier, à deux lieues chi tord de la mer ' au'penchant d'un teitro eu mornet qui s'élève d'environ soixante pieds au-dessus du niveau du sol de la plaine, 6k environné de ravines de douze à quinze pbds de profondeur, se trouve un marécage d'une terre extrêmement noire , d'une très-forte odeur de foie de souffre, 6k d'une chaleur tiès-différerte de la terre voisine. En fouillant à un pied ou à dix-lnit peuecs de profon- deur , il se manifeste à l'instant une source d'Lau Thermale ; quoique ces Eaux soient probablement très-anciennes, il n'y a cependant que soixante ans qu'elles sont connues. En mil sept cent vingt-cinq, un Nègre nommé Capcua; Esclave 6k hattier du Sieur Leclerc de Morainville, Habitant du Quartier du Gros-Morne, parcourant à cheval bs savannes du Fort-à-Piment, pour rassembler bs animaux de son maître, 6c traversant le lieu cù sont bs sources, qui alors ne parcis- soient point à la surface de la terre, se trouva arrêté tout à coup ; son cheval fit tellement embourbé que tous ses efforts furent inutiles pour b dégager. Capoua fit obligé de l'abandon- ner 6k d'aller chercher du secours peur le tirer de ce bombier, qui ne lui avoit paru qu'une terre noire, fangeuse. Ce Nègre fut stupéfait, quand, après la sortie de son cheval, il s'apper- 71 . eut que dans les cavités qu'avoient faites les pieds de cet anî^ mal il se rassembloit une eau fort chaude. Il se rappella à l'ins- tant d'avoir oui dire à son maître qu'il y avoit en Europe des eaux chaudes dont on se servoit en boisson 6k en bains pour guérir un grand nombre de maladies, 6k se persuada que celles- ci pouvoient avoir la même propriété ; il se proposa d'en faire secrètement l'épreuve sur un de ses camarades qui habitoit avec lui, 6k qui étoit perclus des pieds 6k des jambes, par un ancien rhumatisme. 11 fouilla dans cet endroit même une fosse de six pieds de long sur quatre de large, 6k à l'aide de quelques morceaux de bois, il fit un bain qu'il couvrit en forme d'a-V joupa ou petite hutte ; il y transporta son malade, auquel il fit prendre deux bains par jour. Au douzième bain le pauvre per- clus se trouva soulagé, 6k au bout d'un mois il fut parfaite- ment guéri. Le succès de ce premier essai l'engagea à en faire un second avant de publier sa découverte. Il connoissoit un NèTe abandonné chez un. Habitant de Jean-Rabel, où il avoic été plusieurs fois , il prétexta des affaires pour s'y rendre, 6k l'habitant lui fit abandon de ce Nègre, qui ne lui étoit plus d'aucune utilité. Capoua le fit porter en hamac à la source, le lo^ea dans la cabanne du premier, 6k b mit à l'usage des bains selon sa méthode. Ce malade, absolument privé de l'usage de tous ses membres , commença à les remuer au bout de trois semaines , 6k dans l'espace de trois mcb il {vi radicalement guéri. Capoua eut la générosité de le remettre à son maitre . celui-ci ne voulut pas l'accepter, mais il fut obligé de céder aux instances du Nègre. Ces deux cures merveilleuses furent bientôt publiées; les Eaux Thermales du Port-à-Piment furent connues , il y accourut des malades de toutes parts, bs cures *'y multiplièrent, &. leur réputation s'accrut de jour en jour. 72 On voyoit une multitude d'inscriptions sur les arbres d'alentour ou pendoient les béquilles des malades qui s'en retournoient gué- ris. Alors on étoit obligé de fouiller une fosse particulière pour servir de bain à chaque malade 6k cb faire construire en arri- vant une petite cabanne pour se loger, on y apportoit les vivres de première nécessité, parce qu'on ne trouvoit là que du gibier. Les choses restèrent ainsi jusqu'en mil sept cent soixante- treize. M- de Valîiere , Gouverneur-Général 6k M. Vincent de Montarcher, Intendant cb la Colonie, rendirent compte à M. de Boynes , alors Ministre de la Marine , de l'avantage qu'on procurerait à la Colonie 6k aux Troupes qui y servent, en formant un établissement commode dans cet endroit; ils firent faire une analyse de ces Eaux, afin qu'on pût bs comparer avec les Eaux Thermales d'Europe ; cette* analyse fut faite en 'Août mil sept cent soixante-douze par M. Chattard, Apothi- caire du Roi, au Cap - François, en présence de M. Polony, Docteur en Médecine. Sa Majesté, informée des excellentes propriétés de ces Eaux Thermales, ordonna l'exécution des établissemens projetés. Les bâtimens furent commencés en mil sept cent soixante-treize ck ils furent finis en mil sept cent soixante-dix-sept , sur les pians de M. le Chevalier Danctevjlle, Ingénieur du Corps- Royal du Génie, 6k Ingénieur du Roi au Môle Saint-Nico- las. Cinq Charpentiers Blancs 6k vingt-cinq Nègres ouvriers de l'atelier du Roi, y ont travaillé pendant près de cinq ans. L'Administration de Saint-Domingue témoigna la reconnoissance de la Colonie à M. de Boynes, en ordonnant que ce nouvel établissement porterait le nom de ce Ministre, 6k nos Eaux Thermales sa nomment depuis ce temps les Eaux d,é ^Boynes, 73 On sait que les premières occupations de l'Académie 'des Sciences furent de faire l'analyse des Eaux les plus renommée5 de la France ; ce fut M. Duclos qui eut le plus de part à ce travail 6k qui en publia un traité au nom de l'Académie, en mil six cent soixante-quinze. La Société Royale de Méde- cine a engagé les Médecins 6k tous les Chimistes à s'occuper de cet objet , ( a ) 6k on lui doit l'ouvrage précieux que M. Car- rere vient de publier. ( b ) C'est pour suivre ces vues utiles 6k remplir le projet du Cercle des Philadelphes , dont j'ai l'hon- neur d'être Associé, que je donne l'histoire 6k l'analyse des Eaux de Boynes. Je n'ignorois pas que cette analyse avoit été faite, mais depuis treize ans il pouvoit y être arrivé quel- ques changemens ; on avoit suggéré que nos Eaux avoient beau- coup perdu de leur efficacité depuis qu'elles étoient renfermées dans de la maçonnerie; j'ai répété cette analyse avec le plus grand soin, j'ai recueilli un grand nombre d'observations des cures qui y ont été faites, 6k j'ai la satisfaction de pouvoir annoncer 6k certifier à nos Colons qu'ils peuvent toujours comp- ter de trouver dans nos Eaux le plus puissant remède centre les maladies qui les affligent le plus communément. Les Eaux Minérales de Boynes sont de la classe de celles qu'on appelle Thermales ou chaudes, elles sont claires 6: lim- pides en tout temps, leur volume 6k leur degré de chaleur sont absolument invariables. On a fouillé dans le bourbier noir dont j'ai parlé plus haut des fosses de six pieds en carré 6k de deux pieds de profan- es .z ) V. Mémoires de chimie , par M. de Fourcroi. ( b ) V. la table raison, des ouvrages qui ont été publiés fur les4 'faux Minérales^ ?4 deùr, on a mis dans le fond des petits morceaux de pierre calcaire 6k on les a entourées de maçonnerie, sur laquelle on a formé un toit aussi de maçonnerie, 6k on a pratiqué sur un de ses côtés une ouverture ou regard. Les sources ainsi établies sont au nombre de sept, SA VOIR: ï. La source de Vailiere, au 42 ° du Thermomètre au mer, a......deMontarcher,au 39 1-2 cure , félon M. de Réau* o......de Laferronnais, au 42 mur. 4.......de Rameru, au 40 c........de Vaivre, au 42 6.....de D an et .ville , au 41 1-2 7....... des Dames, au 38 La première de ces sources a été dédiée à M. le Généra^ La deuxième à M. l'Intendant, alors en exercice. La troisième à M. le Commandant en second, qui a soffli- cité l'établissement. La quatrième à M. de Rameru, Lieutenant de Roi à Saint- Marc , donateur du terrain. La cinquième à M. de Yaivre , Intendant, dont la mémoire sera à jamais chère à la Colonie. La sixième à l'Ingénieur qui a donné les plans des établis- semens. La septième enfin est dédiée au beau Sexe, à cause de ses propriétés particulières. La source de Vailiere est très-abor.car.te , elle fournit à six bains de l'un des pavillons des bains publics 6k au bain des vapeurs. La source de Montarcher est moins abondante, elb four- nit aux bains des Soldats. 71 La source de Laferronnais est assez abondante, elle four- nit aux bains publics du second pavillon. C.lle de Rameru n'est pas abondante, elle fournit au pavil- lon des bains des vapeurs. La source de Dancteville est fort abondante, elle fournit au pavillon des bains des Pauvres. Enfin celle des Dames est peu abondante, elle ne fournit à aucun pavillon, faute de position convenable. A la dietance de dix ou douze pieds à l'Est de la source des Dames, est une ravine dans laquelle se trouve une petite marre d'eau provenante de l'écoubim^t des eaux pluviales qui filtrent à travers bs pierres roulées depuis le pied des montagees. Cetts eau qui n'est point du tout minérale, suit, comme toutes les eaux de ravines, la température de l'atmosphère, c'est cette prétendue source à laquelle on avoit donné le nom de M. de Malouet, alors Commissaire Ordonnateur au Cap , 6k qui avoit pris à cœur l'établissement d'un Hôpital à ces Eaux. Il serait facile de lui dédier une nouvelle source d'Eau Minérale Ther- male au-dessous de Cette marre d'eau froide, 6k à un pied au plus de distance, il y en a une de même grandeur, c'est-à- dire , de deux pieds 6k demi de diamètre, qui est à trois degrés de chaleur au-dessus de la première. Ckst une filtration de la source des Dames, qui n'est qu'à environ douze pieds de là, 6k sur un sol plus élevé d'environ douze à quatorze pieds. Toutes ces sources chaudes ont probablement la même ori- gine. Elles ne différent en chaleur que par des causes locales, soit pareequ elles sont plus ébignées les unes que les autres du lieu où elles sourdent, soit pareeque quelques-unes traversent un sol moins épais, plus poreux à la superficie, 6k plus exposé à l'impression de l'air atmosphérique. Avant que toutes ces sour: 76 «es ayent été fouillées 6k contenues dans des vaisseaux de maçon^ nerie, elles avoient leur écoulement par filtration au bas de la colline ou elles se versobnt dans la ravine qui est à l'Ouest. U sV est formé par une longue succession de temps, un banc considérable de marne grasse 6k onctueuse , dont les pauvres, les Soldats 6k bs Nègres recouvrent leurs ulcères pour bs faire plus vite dessécher 6k cicatriser. C'est ainsi que font les mala- des qui prennent les Eaux de Plombières en Lorraine, où il y a ausri une terre blanche 6k onctueuse au toucher comme du savon. Nous verrons par l'analyse de nos Eaux que cette qua- lité savonneuse provient de ce» que l'Eau Minérale y a déposé de i'hub analogue à celle de pétrole qui, s'étant combinée avec la terre aikaiine 6k l'argilb, a produit une espèce de savon minéral. - _-■>' On peut encore augmenter le nombre de ces sources, car outre plusieurs qui sont à découvert 6k qui portent le nom de bains de boue*, on n'aurcit qu'à fouiller en divers endroits où bs animaux s'embourbent, 6k l'eau paroîtroit : on peut éva- luer le volume d'Eau actuellement coulante à-peu-près a douze pouces d'Eau , c'est-à-dire , qu'en une minute elles peuvent fournir au moins cent soixante-huit pintes d'Eau par une ouverture cir- culaire 6k verticale d'un pouce de diamètre, dor.; le centre serait distant de sept lignes de la surface de l'Eau. Toutes ces sources sont fort près les unes des autres 6k ont naturellement leur cours du Nord-Est au Sud-Ouest. U s'élève souvent de dessus ces Eaux, le matin avant le lever du soleil, 6k le soir après son coucher, une vapeur qui répand à environ une demi-lieue à l'entour, une odeur hépatique plus ou moins forte, selon que l'air atmosphérique est plus ou moins condensé» 77 Quand on sent de près un verre d'Eau actuellement puisée dans une des sources , cette odeur frappe plus vivement l'odorat ; elle se dissipe à mesure que l'Eau se refroidit en s'éloignant de la source par une rigolle exposée à l'air libre ; il en est de même de celb qu'on laisse refroidir dans des jarres, pour la consom- mation de la table ; après dix à douze heures, elle cemserve à peine une odeur différente de celle de l'eau ordinaire ; trans- portée dans des vases bien bouchés, elle perd aussi son odeur après peu de jours, mais réchauffée au bain marie, il s'en dé- gage alors une légère odeur sulfureuse , 6k elle a encore une qua- lité apéritive 6k désobstruante. Nos Eaux bues chaudes à la source ont une saveur analogue à leur odeur; elles ont un goût ■ nidoreux, désagréable d'abord 6k auquel bs malades ont peine à se faire pendant deux ou trois jours, mais ensuite ils s'y accou- tument facilement, 6k enfin ils ont de la peine à se remettre à l'usage de l'eau commune. On sent au tact que ces Eaux sont savonneuses; elles rendent la peau douce 6k si sensible, qu'en longeant ensuite bs ma'ns dans l'eau commune, on trouve celle-ci rude au toucher 6k les mains glissent bien plus diffici- lement l'une sur l'autre; c'est ce que j'ai expérimenté souvent tant à la source des Dames que dans la petite marre appellee source de Malouet : une feuille de plante quelconque jetée dans l'Eau au quarante - deuxième degré, s'y conserve avec toute sa fraîcheur, tandis qu'elle se faune ce qu'elle se mortifie à l'instant dans l'eau commune échauffée au même degré. Notre Eau Miné- rale reçue sur une écorchure, ou dans lès yeux, n'y occasionna ' pas la moindre cuisson; bue à son plus haut degré de chaleur, elle n'occasionne pas la moindre incommodité dans la bouche , quoique ces Eaux soient de la limpidité 6k de la pellucidité b pins parfaite. Cependant on voit à leur surface, dans les petits 78 bassins où elles sont renfermées , une pellicule ou crème d'un b!anc sale, qui est du souffre combiné av^c de la terre calcaire delà plus grande ténuité. Au-dessous de cette espèce de crème, on voit une couche très-mince d'une substance grasse , qui s'étend en filets comme une toile d'araignée 6k dans l'eau froide paroît une huile transparente , réfléchissant des couleurs d'iris, qui varient selon les positions de l'observateur. Les expé- riences dont je vais rendre compte m'ont démontré que c'étoit nne huile minérale, analogue à cJb de pétrclc. La pesanteur spécifique de nos Eaux comparée à celle de Feau distillée, est comme douze est à treize 6k à celle de l'eau commune comme douze à douze 6k dun'. Elles doivent le béer degré de pesanteur qu'elles ont de plus, aux minéraux qui s'y trouvent combinés. Lv.pu's que bs sources sont enfermées d'une maçonnerie 6k quelles coulent dans des canaux de conduite aussi de maçon- nerie , elles ne déposent pins de Cette boue noire que MM. Polony 6k Chattard on: soumise à l'analyse 6k qu'ils ont trouvée impré- gnée des mêmes principes que les Eaux. Ces mêmes canaux & les bassins ou tombent l'Eau des fontaines sont tapissés dans le fond d'une plante aquatique qui a été prise peur une glaire. C est la tremclla paluflrls vulgan marinez similis, sed mlnor & tencrlor clllcn. mus. 2.8 fig. 2 , ou le conserva gelatlnosa omnium tenemma & mlnima aqvarum , limo ir.nasccnt, rais syn. III. cpp. n° 477, dillen. mus. pcy. t$e. sans fig. M. Adanson, illustre Botan. de l'Acad. Royale des Sciences de Fais, dans ses familles des plantes, part. ne. pag. 2 donne les caractères de cette plante. M. Springs- Feîd, de l'Académie dc3erlm, a fat en 1751 une très-savante dissertation sur la même plante, qu'il a rencontrée autour des Eaux ks plus chau-b- qu'd a examinées ; il l'a désignée sous 1g 79 nom de tremella thermalis gehtlnosa reticulata fubstancia vesiculosa. Mém. de l'Acad. de Berlin, année mil sept cent cinquante-deux. Presque tous les Auteurs ont attribué une qualité vulnéraire 6k dessicative à la poudre de cette plante desséchée au soleil. On trouve dans bs sources chaudes qui ne sont point closes 6k à l'origine de la rigole qui sert d'égout aux fontaines la per'pea paluflrls. Elle est amène, purgative 6k très-bon vermifuges Au-dessous l'Eau commence a être plu.-> tiède, on voit une espèce àzbells cauLracemoso, dont b suc donne une couleur de verd .foncé , puis se convertit eu noir avec une superbe nuance cb bleu. Dans la boue solide qui annonce l'Eau Thermale au-dessous 9 on trouve beaucoup de Morlnda royoc , qui est d'une végétation très-vigoureuse. Tous les arbres qui se trouvent dans b petit espace que ces Eaux arrosent par filtration, sont du plus beau verd 6k végétant comme dans les meilleures terres. Par les Interr.icdes Chymiqnes. I.° j'ai versé dans un verre d'Eau Minérale quelques gouttes de teinture de tournesol, dont ia couleur n'a souffert aucune alté- ration , d'où j'ai conclu que cette Eau ne contenoit point d'acide développé qui aurait rougi cette teinture, j'ai plutôt soupçonné les Eaux alkalines, parce que celles-ci n'altèrent pas plus la tein- ture de tournesol que l'eau distillée. 2.° Pour m'assurer d'avantage que cette Eau Minérale ne contenoit pas d'acide développé, je l'ai essayée avec bs alkalis fixes, 6k arec bs volatils. L'alkali du tartre 6k son deliquium, c'est-à-dire, l'huile de tar- jre par défaillance, ont produit un précipité _blanc en petite eb quantité, dont une partie est restée adhérente aux parois du verre ï 6k d'une extrême ténuité. Ce précipité desséché 6k essayé. avec les acides minéraux, s'est totalement dissous, avec une vive effer- vescence; ce qui prouve que c'est une terre calcaire très-divisée. L'alkali minéral ou natron, l'alkali volatil concret 6k le fluor ont aussi présenté le même phénomène , à quelques légères différences près : l'alkali volatil a moins précipité de cette terre calcaire que l'alkali minéral, 6k cebi-ci moins que l'alkali du tartre. Dans ces expériences avec les alkalis , je n'ai apperçu aucune effervescence, ce qui prouve complètement qu'il n'y a point. d'acide à nud dans ces Eaux. 3.0 L'essai avec l'alkali volatil n'a produit aucune couleur dans l'Eau Minérale; il l'a seulement troublée en blanc très - légère- ment , en formant le précipité dont je viens de parler ; il n'au- rait pas manqué d'y développer une couleur d'un beau bleu d'azur, si ces Eaux contenoient bs moindres portions de cui- vre en dissolution, puisqu'on ne connoît aucun agent chimique qui décèle le cuivre par-tout ou il se rencontre comme l'alkali volatil. 4.0 J'ai plongé dans les sources une lame d'acier bien polie 6k l'y ai laissée pendant douze heures. Quand je l'ai retirée son poli n'avoit point été altéré , 6k il n'y avoit à sa surface aucune nuance de couleur étrangère à celle de l'acier poli. On sait que toute eau qui tient du cuivre en dissolution, dépose ce métal à la sur- face d'une lame de fer poli, qui alors prend une couleur rouge. Cet effet provient de ce que le cuivre qui neutralise l'acide vitriolique est à l'état de chaux dans la dissolution, 6k à mesure que cet acide porte son action sur le fer, la chaux de cuivre s'em- pare du phlogi "que, principe de la métallité du fer 6k elle se revivifie ea cuivre, en se déposant à la surface du fer ; cette expérbntç 8i expérience prouve encore' infailliblement, que nos Faux ne sont point cémentatcires. t.° Cette Eau Minérale ne fait point cailler le lait , soit qu'il sot mêlé avec elle ava.it d'être échauffé , soit qu'on mette de l'eau avec b bit, au commencement de son jébulition, ce qui prouve encore qu'elle ne contiont point d'acide développé. On romarqu: au contraire que b lait coupé avec cette Eau ne se caille point aufïi promptemenfque le lait pur; Cêà m'a été con- firmé par ceux qui réfident là depuis long-temps. MM. Polony & C ua.tard ont essayé cette Eau avec b firop de violette qui a pris une nuance sensible de verd, preuve certaine, qu'au lieu de contenir aucun acide surabondant, notre Eau est de rat are alkaline. 6.° La même Eau essayée par les acides minéraux a donrg les apparences d'une très -Jégère- effervescence, 6k de très - peu de durée. Ayant couvert de papier bleu un des verres dans lesquels j^ faisois cet essai, ( c'étoit le mélange de l'acide nitreux) la teinture de .tournesol a été légèrement rougie, la combinaison de cet ao.de avec la terre calcaire contenue dans l'i-au Miné- rale a créé de l'air, qui s'est dégagé sous la forme de petuej bulles qui selévoient à la surface du verre. Ce phénomène de la production dé l'air est dû au dégagement de l'acide phospho- rique, partie intégrante de la terre calcaire, 6k de sa combinaison avec l'eau & b p'r.ogist'qu e fourni par l'acide nitreux ; cet air se mêle bien vite à c-.lui de l'atmosphère, tandis que les mixtes qui se dégagent, étant plus pesants que lui, le déplacent 6k souvenf le décomposant. Le mute salin volatil qui est le rêvait-; de c» bei i phénomène, est ce que le Docteur Pries. Jey & s.~> U'.sci- pbs nomment *ir fixe, 82 Les acides minéraux n'ont produit ancun précipité dans l'Eau minérale, mais ils ont très-scnsiblenient développé 6k augmenté son odeur de foie de fouffre, qui s'est totalement dissipée un instant après, en laissant cette Eau aussi inodore que si elle eut été distillée. La présence d'un alkali ou terre calcaire dans notre Eau Mi- nérale a encore été démontrée par le précipité noirâtre qui s'est formé dans un verre de cette Eau, par l'addition de quel- ques gouttes de dissolution de sel de saturne dans 11 au distillée. Ce précipité noirâtre est dû à la décomposition du sel neutre métallique, opérée par la terre calcaire, qui s'est combinée' avec l'acide du vinaigre 6k a précipité sa base ( le plomb ) qui, se comb'nant elle-même avec b phlogist'que, la terre absor- bante 6k le souffre contenu dans l'Eau Minérale, se rivivifie 6k forme une espèce de plomb minéralisé. 7° La poudre de noix de gale 6k son infusion, les balaus- tes, le coquelicot 6k le thé, n'ont pris dans l'Eau Minérale ci'autre teinte que celle que l'eau distillée a couaime de produire avec ces ingrédiens infusés, ces substances n'ont donné aucun indice de la présence du fer .dans notre Eau Thermale, quoi- que la superficie de la terre? où se trouvent les sources annonce évidemment, par sa couleur d'un noir foncé , que ces Eaux tien- nent ce métal en dissolution. Cette couleur ncire se fait remar" ouer même dans les endroits où il ne paroît pas de plantes > ou arbres, qui, par la décomposition spontanée de leurs feuilles, ayent pu donner cette couleur à la terre. Il paroît, il est vrai } qu'autre fois il y a eu des végétaux dans cette terre, puisquelle a l'air d'une tourbe fibreuse. 8.° Pour mieux m assurer si nos Eaux Thermales contenoient Ou non du vitriol martial en dissolution, j'ai employé le pi05 «3 cédé indiqué par les plus habiles Chimistes modernes, qui est de verser quatre à cinq gouttes d'alkali Prussien saturé, c'est-à-dire d'une dissolution d'u.i sel neutre formé par l'acide animal 6k l'alkaii fixe, ou enfin, comme le nomment très-improprement la plupart des Chymistes, dalkali phlogistiqué, ou encore al- kali savonneux de Geoffroi, sur un verre d'Eau Minérale, qui au bout de quatre jours, n'ont donné aucun précipité sous la forme de bien de Prusse, mais elles ont un peu troublé l'Eau en lui donnant une couleur de lie de vin. C.tte expérience semble démontrer qu'il n'y a pas de Mars dans notre Eau nimérale; je n'ose pourtant avancer cette asser- tion ; si j'eusse eu des vaisseaux convenables , j'aurais distillé le résidu de l'évaporation, après les diverses cristallsations, avec le sel ammoniac , 6k j'aurois eu un essai cb plus pour ma fixer là dessus. Je soupçonne que b fer que cette Eau Miné- rale contient y est combiné de manière à ne pouvoir être manifesté par bs expériences précédentes, peut-être à cause de la matière grasse minérale ou l'huile de pétrole qui paroît à la superficie cb cette Eau, 6k qui empêche les agens chynrques crue j'ai employés, d'avoir pris sur la pe-tite portion de fer qui peut y être contenue. 9.0 Six gouttes de dissolution de sublimé corrosif mêlées avec un verre d'Eau Miné aie, y ont formé un léger nuage blanc provenant delà dissolution delà terre calcaire par l'excès d'a- cide marin contenu dans le sublimé corrosif; cette terre extrê- mement atténuée ne s'est point précipitée, mais elle s'est fixés aux parois du verre. Il s'est en même temps formé- à. la superficie de l'Eau une crème huileuse, d'une si grande ténuité que je n'ai pu la saisir pour la soumettre ag« épreuves. Je, soupçonne qu'elle est du* $4 à la combinaison du mercure avec l'huile bitumineuse qui sur- nage toujours l'eau; ce qui est pour moi une espèce de démons- tration, c'est qu'ayant fait évaporer ce verre d'eau, 6k le sédi- ment ayant été mis sur un charbon ardent, il s'est enflammé sur le champ, en répandant une légère odeur combinée de pétrole 6k d'acide marin. io.° J'ai versé douze gouttes de dissolution d'argent de cou- pelle dans l'acide nitreux, précipité dans un verre d'Eau Miné- rale , qui dans l'instant s'est troublée en blanc ; dans l'espace de cinq heures, il s'est fait un précipité, partie en poudre 6k partie en caillé, d'un violet foncé. Ce précipité lavé 6k mis au feu dans un fragment de matras, une partie, ( au moins les trois quarts ) s'est convertie en lune cornée très-transpa- rente ; ceci donne certainement à connoître l'existence de l'acide. du sel marin dans ces Eaux, l'autre partie y est restée fixe sans changer, 6k annonce la présence d'un alkali ou d'une terre alkaline. n.° Pour m'assurer plus complètement de l'existence de l'aci- de marin dans notre Eau Minérale, j'ai versé soixante gouttes de la même dissoluton d'argent dans seize onces de cette Eau Thermale, actuellement prise à la source ; après que le préci- pité a été bien fait 6k desséché, je l'ai mêlé avec de l'aethiops minéral, j'ai mis ce mélange au feu dans une phiole, 6k il s'y est fait un sublimé corrosif dont j'ai fait dissoudre très-parfai- tement une partie dans l'esprit de vin. J'ai fait dissoudre l'autre partie de ce sublimé corrosif dans de l'eau distillée , 6k j'ai partagé cette dissolution dans deux verres, dans l'un j'ai mis un peu d'alkali du tartre , qui a coloré la disso, jution en rouge orangé ; j'ai versé dans le second verre six gouttes d'esprit volatil de sel ammoniac , qui a fait cailler la clis- lolutioij en blanc bleuâtre. Ceci prouve que le résultat de cette s* onzième expérience est bien exactement du sublimé corrosif cela prouve encore incontestablement qu'il y a de l'acide ma-» lin dans ce précipité , fait par la dissolution d'argent. 12.° Pour reconnoître quelle base se substitueroit à l'argent pour neutraliser l'acide nitreux, j'ai fait évaporer à siccité l'Eau Minérale qui avoit fourni le précipité de la onzième expérience ,* j'ai obtenu une cristalisation confuse," brillante, de couleur & odeur de souffre, 6k fort déliquescente. J'ai fait dissoudre cette masse saline dans de l'eau distillée, puis je l'ai filtrée 6k ensuite exposée à une évaporation insensible au soleil : la cristalisarion m'a donné du nitre calcaire très - déliquescent, mis sur des char- bons ardens il s'est fondu, s'est boursouflé 6k a fusé : ceci prou- ve que ce sel est à base de terre calcaire, 6k non pas de terré absorbante, car l'acide nitreux, neutralisé par cette dernière espèce de terre, n'est pas déliquescent 6k ne fuse pas sur les charbons ardens. La présence du souffre, dans le résidu de la première éva- poration , est sensible à la vue 6k à l'odorat, elle est démon- trée par ses effets , car mis sur de l'argent , il le noircit dans un instant, exposé sur des charbons ardens, il s'en exhale suc Je champ une odeur suffoquante d'acide sulphureux volatil, 6>C répand dans l'obscurité une flamme bleuâtre. 13.0 La dissolution de mercure faite par l'esprit de nitre a d'abord troublé en blanc notre* Eau Minérale, 6k quatre heu-. res après l'Eau est redevenue parfaitement limpide , il s'éto't fait un précipité d'un jaune très-foncé de blanc. J'ai lavé ce précipité , puis je l'ai exposé sur le feu dans une capsule de verre, une partie a légèrement blanchi par cette calcination, mais l'autre partie a acquis une couleur presque 86 orangée, j'ai de nouveau lavé ce précipité calciné avec de l'eatf distillée bouillante, qui est devenue jaune. Ces épreuves annoncent la présence de l'acide vitriolique dans nos Eaux Thermales. Cet acide fait précipiter le mercure en turbith mh.éral, parceque l'acide vitriolique plus pesant que l'a- cide nitreux, chasse celui - ci de sa base, se substitue à sa place, forme un nouveau sri neutre métallique , couleur de jonquiDe, qu'on nomme turbith minéral. La partie qui a acquis plus de blancheur par la calciration , n'est que de la terre calcaire qui se dissout parfaitement par tous les acides minéraux, Se par l'acide végétal. 14.0 Une preuve encore plus complète de la présence de l'acide vitriolique dans l'Eau Minérale , c'est qu'en versant quel- ques gouttes d'huile de tartre par défaillance dans l'eau distillée qui- a servi à laver ce précipité jaune, aussitôt le mercure qui sérvoit de base à ce sel neutre métallique en est séparé, se rivi- vifie, 6k reparaît sous une forme pulvérulente, dans laquelle, à la faveur d'une bonne loupe, on •distingue les globules de mer cure, l'acide vitriolique se combine à l'instant avec l'alkali fixe, 6k forme du vrai tartre vitriolé qui, lorsqu'il y a une parfaite saturation, cristalisé sous sa forme particulière en prismes à six pans , terminés par deux pyramides hexaèdres , dont les plans sont triangulaires. C'ert aussi la cristalisarion du quartz pur, ou du cristal de roche, mais je n'ai pas obtenu cette forme régu- lière, je n'ai eu que des prismes capillaires, longs 6k aigus; preuve qu'il y avoit excès d'acide, 6k que je n'avois pas mêlé assez d'alkali fixe : ces cristaux exposés au feu y ont décré- pité , 6k se sont brisés. 15.0 MM. Polony £é Chattard ont introduit du sel marin, tiéciépité dans b précipité jaune, formé par l'eau mercurielle, *7 lis ont mis ce mélange dans une cornue de verra au feu de sable, il s'est sublimé au col de la cornue du mercmre doux , ils ont fait dissoudre dans l'eau distillée la masse qui étoit restée au fond de la cornue, après avoir filtré cette dissolution, ils l'ont exposée à la cristabsaton, qui leur a fourni de vrai sèl de Glaubert, d'une cristalisation irrégulière, qu'on nomme impro- prement sel d'Epsom. (a) Cette expérience prouve qu'il existe dans notre Eau de l'alkali minéral ou natron. i6.° J'ai essayé notre Eau Minérale avec la dissolution de vitriol de mars, ou couperose verte, 6k de vitriol de cuivre , qui ont été décomposés a l'instant, parceque l'acide vitriolique a abandonné sa base métallique pour s'emparer de la terre cal-' caire , ou alkaline , contenue dans cette eau. !« o Quoique b souffre paroisse évidemment, tant à la super- ficie de nos Eaux, en crème assez épaisse, composée de souf- fre combiné avec une terre calcaire très-fine que dans le précipité de ces mêmes Eaux, mais sur-tout sur la plante aqua- tique Tremella que j'ai désignée ci - devant, j'ai encore voulu manif-ster sa présence en exposant une pièce d'argent à la va- (c) C'est une erreur de la plupart des Chymlstes, d'avoir con- fondu ,'jusquà ces derniers temps , le sel de Glaubert , le sel d'Ep- som & le sel de Sedh\ , & d'avoir prétendu qu'Us ne différaient entr'eux que par une cristalisation plus ou moins exaEte. L'illustre M.'Sâge , démontre dans ses Coûts que le sel de Glau_ bert a pour base L'alkali minéral, & tpu la base du véritable sel d'Epsom & celui de Sedllt^ 3 est une terre semblable à celles qu'on trouve dans les stéalltcs bidons quelques espèces de serpentine, & qui a les plus grands rapports avec la terre du^nc. C'est cette, même terre qui constitue la manganèse,ou savon des verriers* S8 peur de cette crème 6k du précipité povissés au feu dans uiV fragment de matras, l'argent a noirci presque instantanément i une autre pièce d'argent que favois plongée dans la boue des sources non fermées, Se au fond des bassins, a été entière- ment noircie au bout de dix jours. 181° L'expérience qui m'intéressoit beaucoup tendoit à m'assu- r:r de la qualité de ce que les Chymistcs , qui avoient fait avant moi l'analyse de nos Eaux, ont nommé une légère pellicule très-fine, comme d'une huile très-légère qui la couvre, (cette eau) varée par des couleurs d'arc-en-ciel 6k que j'avois soup- çonné dès mon premier voyage au Port-à-Piment, être une huile de pétrole fort rare 6k très - atténuée. A l'aide de coton bien peigné 6k tiré j'ai recueilli une très- pet te quantité de cette huile ; à l'instant j'en ai imbibé un mor- ceau de papier à lettre qui est devenu transparent comme s'il étoit huilé à l'ordinaire, mais bientôt après le pétrole s'est éva- poré 6k le papier est revenu dans son état naturel, l'encre a pris sur cet endroit comme sur le reste qui n'avoit pas été imbibé" de cette huile, sans contracter la moindre tache, ce qui indi- que que ceite substance huileuse est du pétrole pur & volatil (a). Ayant mêlé une goutte de cette huile avec de l'esprit de vin très- rectifié , elle ne s'est pas mêlée avec lui, quoique je l'aye laissée plu- sieurs jours en digestion, nouvelle preuve que cette huile et de la nature de scelle de pétrole ; elle est si difficile à saisir que je n'ai pu m'en procurer assez pour la soumettre *à d'autres essais/ elle ne paroît avec ses couleurs d'iris que quand l'eau commence» à se refroidit- dans les vaisseaux où on la reçoit pour les bains* mais en l'examinant bien dans les petits bassins qui contiennent (a) M. Gauche a envoyé au Cercle deux échantillons d'afphattes qu'il a trouvés près des Eaux Minérales. 29 les sources chaudes, on l'apperçoit qui s'étend en filets très- longs , à la manière d'une goutte de pétrole, versée dans l'eau commune chaude. 9° ÉVAPORATION. Çj UOIQUE le résultat des expériences dont je viens de rendre compte, ait été suffisant pour me faire connoître évidemment les mixtes qui entrent dans la composit on des Eaux Minéra- les de Boynes, je bs ai soumises à l'évaporation en grand, afin de pouvoir obtenir un dépôt assez voLimineux pour per- mettre de le décomposer facilement 6k de plusieurs manières. Pour cela j'ai mis à évaporer dans de grands vaisseaux, à l'air libre , cent vingt-six pint.es de notre Eau Minérale : le temps étoit très-se 6k très - venteux. À mesure que l'évaporation s'est faite, l'espèce de crème composée de souffre très - divisé 6k combiné avec une terre caicieie , d'une extrême ténuité, a augmenté au point d'être très-sensible à la vue 6k même au tact, sans cependant trou- bler la limpidité de l'eau ; mais en augmentant en solidité, sa pesanteur spécifique dévenoit proportionnelle, 6k la faisoit précipiter par parcelles au fond de l\au. L'intensité de l'odeur-du foie de se urne augmentait en rai- son de la diminution du volume de l'eau par l'évaporation ; cette Eau rapprochée à environ le fiiers de son premier volum2 a acquis une légère odeur hxiviclb 6k de goût salé. /Hors j'ai répété sur l'eau ainsi concert: ée, tous les essais par les agens chyrniques déjà employés , 6k j'en ai obtenu les mêmes résultats ; seulement les précipités se sont faits plus promp- tement Se d'une manière plus décidée. 9i L'Eau Minérale exposée à la cristalisation m'a donné un dé- pôt blanc, informe , d'un goût fortement salé 6k dans leque on voyo't à oeil nud dans le contour des vases ou s'étoit iak l'évaporation, des cristaux cubiques de sel marin, la louppe m- faisoit appercevoir des sels biillans à ti avers a masse de ce dé- pôt , mais sans distinction de forme géométrique. J'ai versé sur une partie de ce dépôt trois gouttes d'huile blanche de vitriol, ils'estfait à l'instant une très-vive efferves- cence , 6k il s'est dégagé de l'esprit de sel très - pénétrant, sous la forme de vapeurs blanchâtres. Une partie de ce dépôt calcinée jusqu'à- blancheu ■ parfaite a donné une masse saline extrêmement avide d'humidité, car exposée à l'air libre du Port-à-Piment, qui, comme je l'ai dit, ne donne point de serein 6k ne fait point tomber en deliquium l'alkali fixe du tartre. Elle s'est presque instantanément 6k sen- siblement humectée, ce qui prouve de nouv. au 6k s, lidement ia présence d'un sel marin à base de terre ca cair , qi i tombé en dtliquium , produit ce qu'on nomme en chyrnle huile de chaux. Les acides nitreux 6k marin versés successivement sur une partie de ce dépôt de l'évaporation , n'en ont dégagé aucune vapeur ; ils ne pouvoient exalter l'odeur du foie de souffre déjà détruite par la calcination. Ces acides ont excité une vive effer- vescence avec les alkalis 6k la ten;e calcaire contenus dans cette masse. Une autre partie de ce même dépôt dissoute dans l'eau dis- tillée , puis filtrée 6k évaporée lentement, a produit des cris- taux cubiques de sel marin. Après cette cristalisation franche 6k rigoureuse , l'eau de la jnême dissolution essayée avec quelques gouttes d'huile blanche 9* de vitriol, a donné, par une évaporation insensible , des petits cristaux de sel de Glaubert, qui prouvent incontestablement l'existence de i'aikali minéral ou natron dans nos Eaux Therma- les , j'ai bien reconnu ce sel à sa forme Se à sa saveur, mai5 ses cristaux étant petits 6k presque ressemblant à ceux du sel de Sedlitz, je les ai essayés par l'alkali ^xq , qui ne leur a pas fait éprouver la moindre altération , ce qui démontre que c'est du sel de Glaubert, car si c'étoit du sel de Sedlitz , ce même al- kali l'aurait décomposé 6k auroit précipité sa terre. Enfin, ayant soumis une partie de ce dépôt calciné à l'épreu- ve d'un barreau bien aimanté, j'ai remarqué que quelques petits corpuscules blancs se sont élancés à ce barreau, ce qui annonce qu'il n'y a qu'une infiniment petite, quantité de fer contenue dans ces eaux. Ces atomes de fer ont paru sous cette couleur, pareequ'ils sont environnés d'une terre calcaire extrêmement di- visée. Il est à présumer que les intermèdes chymiques n'ont pu dé- velopper 6: rendre visible cette très-petite quantité de fer, parce que ce métal est enveloppe "dans une huile minérale, combi- née avec les nôtres mixtes dans nos Eaux Thermales. Sans doute cette huile est tenue en dissolution par un sel alkali. J'au- rois pu , comme MM. Polony 6k Chattard , avoir recours à la distillation , pour confirmer ce que les expériences précédentes m'avoient déjà découvert. Mais,comme l'ont très-bien dit ces Chymistes 6k les Maîtres de l'art, la distillation , quoiqu'em- ployée de tout temps pour l'analyse des Eaux Minérales , n'aug- mente pas plus nos connoissances à cet égard que ne fait une simple évaporation conduite avec soin, c'est pourquoi je me suis dispensé d'y avoir recours , j'ai mieux aimé m'instruire de leur efficacité par leurs effejts consignés dans les observations. que j'ai pu me procurer, 93 Il résulte, des essais faits sur les Eaux de boynes, tant par les agens chymiques que par une lente évaporation, qu'elles contiennent, i.° de l'alkali minéral ou natron surabondant ,2.° du souffre naturel 6k non décomposé , 3.0 du foie cb souffre, 4.° du marin à base d'alkali minéral, 5.0 du sel marin calcaire, c'est-à-dire , à base de terre calcaire, 6.° du sel de Glaubert, 7.0 une terre calcaire combinée avec de l'argile très-blanche ou une marne très - divisée, 8.° une huile légère de la nature du pé- trole , 6k une si petite portion de fer qu'on ne peut b mani- fester" par les moyens ordinaires ; 9.0 enfin , une légère por. lion de terre absorbante. J'ai soumis les Eaux de différentes sources aux mêmes essais , j'y ai reconnu la présence des mêmes mixtes, j'ai cependant observé qu'il y avoit quelque différence très-légère dans bs proportions des mixtes, dan* l'Eau de la soute: de la Feron- nais , sur - tout dans la quantté du souffre qui y est moindre que dans les autres sources. On peut attribuer cette cause au sol qu'elle parcourt depuis la source commune jusqu'au lieu où elle est actuellement ; tout cet espace a l'air d'une tourbière fibreuse. On sent ce terrain fléchir sous ses pieds quand on Ton frappe brusquement. Son] mouvement se fait ressentir à dix ou dou- ze pieds à la ronde, 6k on trouve à sa surface du fouffre na- turel, extrêmement pulvérulent, 6k du natron tombé en efP.orence, parmi laquelb on apperço't de temps en temps des cristaux brillans d'une nouvelle formation. Plusieurs personnes prennent cet uîkali minéral pour du nitre ou salpêtre,* ma's ce n'est que la base de ce sel neutre, je m'en suisj assuré par le procédé suivant : j'ai pris de la terre à la superficie de laquelle s se trouve ce sel, je l'ai lessivée dans de l'eau distillée, j'en ai fait faire l'évaporation au soleil, 6k j'«i obtenu un sri dont U 94 cristalisation étoit semblable à celle de la soude. J'ai versé sur ces cristaux trois gouttes d'esprit de nitre , qui ont produit la pbs vive effervescence, ce qui prouve d'abord que ce sel est un alkali 6k non un sel neutre ; j'ai ensuite continué de verser des gouttes d'esprit de nitre jusqu'à parfaite saturation. La cris- talisation opérée m'a montré de beaux cristaux de nitre ou sal- pêtre, en petits prismes hexaèdres. Je pense que cet alkali minéral 6k b souffre sont retenus en filtrant à travers une terre plus compacte, 6k c'est ce qui occasionne le déficit dans la source de la Ferronnais. Quant à la prétendue source de Malouet, il n'est pas éton- nant qiy MM. Polony 6k Chattard l'ayent trouvée plus char- gée de souffre 6k de sel marin que bs sources minérales. C'est comme je l'ai déjà dit, une très-petite marre de deux pieds 6k demi de diamètre , dans b lit d'une" ravine assez profonde , elle n'existe que par une très-foible filtration derj eaux pluviales , sa recette est presque toujours égale à la dépense faite par éva- poration. Pendant les orages fréquens, la ravine coule 6k em- porte toute la prétendue Eau Minérale ; elle . reprend peu de jours après l'apparence d'Eau Minérale, parce que du haut du côté droit de la ravine , il y a une légère filtration de la source des Dames, qui forme aussi une marre de la même grandeur que la première, qui n'en est séparée que par une racine de figuier du pays : elles se communiquent par filtration. Sur cette racine il se dépose du souffre 6k du sêl marin, qui s'y accu- mulent Insensiblement, parce que ces mixtes ne sont pas sus- ceptibles d'évaporation comme l'eau ; on ne doit pas compren- dre l'eau de cette ravine au nombre des sources minérales. Comme M. de Malouet est un des Officiers de l'Administra- tion qui a montré le plus de zèle pour cet utile établissement * 9? 6k que l'on vouloit y éterniser sa bienfaisanc;, on a donné son nom à une des sources. La source des Dames qui est la moins chaude, au 38; degré, parce qu'elle est beaucoup plus é:oignée. du réservoir commun dans la.terre, est Cependant imprégnée des mêmes substances minérabs que bs autres ; il m'a pourtant paru qu'il y avoit quel- que légère différence dans bs proportions. Elle contient moins de souffre 6k moins de t ure calcaire, elle produit des cures étonnantes dans bs mala.'lies particulières au Sexe, j'en ai vu b dé- tail dans un journal d'observations, rédigé par M. de Lamar- que , ancien Gilrurgien-»Major 6k Entrepreneur de cet Hôpital, il a eu l'honnêteté de me fournir tous les secours 6k les rensei- gnemens dont j'uvois besoin pour faire une description exacte de ces lieux. Douze années d'expérience dans l'endroit, lui ont permis de faire des observations suivies, tant s ru- la qualité da ces eaux que sur leur effieaclté ; on m'a aussi, communiqué les * observations- faites par bu M. Courrege , Chirurgien , qui a résidé pendant plusieurs années aux Eaux de Boynes, 6k qui les a administrées sagement 6k heureusement aux rruJaces qui logeoient chez lui. Ces observations ne font que confirmer les premières. Ce sera d'après les cures consignées dans ces jour- naux , 6k non d'après des oui-diré populaires, que j'indiquerai les vertus médicinales des Eaux de Boynes. Elles 'sont spécifiques pour guérir Fhydrophie qui n'est point à son dernier période ; elles guérissent radicalement les ihoma- tism.s, la soarique , la gcute, la pavai!.le, les douleurs à la suite des entorses, fractures, 6k luxations, le relâchement du genre nerveux, les obstructions des viscères du bas ventre, les enflures & douleurs dans les membres ; les écrouelbs 6k les ulcères scrophuleux bs plus anciens, bs dartres mves 6k ron-; 9* gantes 6k généralement toutes bs maladies cutannées, bs divers symptômes 6k douleurs scorbutiques, bs fièvres les pins invé- térées , l'apoplexie, Es fausses ankiloses, bs suppressions des régies 6k les fleurs blanches, les ulcères bs plus sanicux, les caries des os , en en procurant l'exfoliation ; les tumeurs dures des corps caverneux, les ulcères à la suite des grandes blessu- res 6k brûlures ; les tumeurs skirreuses, la pulmonie, l'asthme, la cachexie, la diarrhée invétérée. J'ai oublié de rapporter en son lbu une observation d'Histoire Naturelle sur nos Eaux Minérales. C'est que la terre calcaire dont elles sont imprégnées, incruste les extrémités des tuyaux des fontaines 6k les racines de figuier du pays qui s'insinuent dans leur maçonnerie ; l'eau qui rejaillit de dessus la pierre qui la reçoit, contre le pied droit de la chute d'eau , incruste- aussi le ciment qui recouvre cette maçonnerie ; cette incrustation est blanche, aussi dure 6k presque aussi sonore que le marbre le plus dur, on ne s'est jamais apperçu que cela ait produit aucun mau- vais effet sur l'économie animale. On voit aux Eaux" des per- sonnes qui n'en boivent pas d'autre depuis plus de soixante- dix ans Se qui jouissent de la plus vigoureuse santé. L'analyse faite par ordre du Gouvernement, en Août mîl sept cent soixante-douze, a montré la plus exacte conformité entre les Eaux de boynes 6k celles de Emreges, puisqu'on ks. a trouvées imprégnées des mêmes principes, 6k à peu - près de ïa même température. On peut même avancer qu'elles font ana- logues à la plupart des Eaux Thermales d'Europe ,. Se qu'elles ont un avantage fur plufieurs d'entre elles qui ne contitnnent point d'huile de Pétrole comme les nôtres, qui bs rend plus efficaces contre beaucoup de maladies, telles 'que la goûte , obf- Iructions invétérées, ankilofes, ckc.Les Autturs delà pr-mià-e analyfe 97 analyse ont donc très-.légitimement conclu qu'elles produi- raient des effets très-salutaires sur les maiades qui y auroient recours. L'expérience de cinquante ans, mais publiée seulement par un Public toujours avide du merveilleux, n'aurait pas suffi pour déterminer les Chefs de la Colonie à y faire construire aucune espèce de bâtimens propres à y recevoir des malades. Il falloit qu'une bonne analyse confirmât ce que les inscriptions sur les arbres des sources annonçoient de presque miraculeux, pour déterminer l'Administration à solliciter la construction d'un hô- pital milita're. Les personnes qui n'ont pas vu les établissemens faits aux Eaux de Boynes , ont toujours l'imagination frappée des obstacles qu'il falloit vaincre autrefois pour se procurer le secours de ces Eaux, situées au millieu d'un désert, où il falloit porter ses vivres, son lit, puis construire une hatte 6k se fouiller une fosse dans la boue pour servir de bain ; c'est donc rendre service aux Colons éloignés que de leur donner une description succinte des bâti- mens qu'ané Administration bienfaisante ( a ) y a fait construire, Se des secours en tout genre qu'on peut y recevoir. En 1773 , M. le Chevalier d'Anctevilb, Ingénieur du Roi, - ( a ) On confcrve encore aux Eaux de Eoynes une pierre fur laquelle est gravé ce qui fuit : L'an 1772, M. de Rameru, Chevalier de l'Ordre Royal & Mi' fitaire de Saint-Louis , Lieutenant de Roi à Saint - Marc, pro- priétaire de cette fource, en a fait cejfon au Roi. M. de Malouet, Comm'iffaire de la Marine , Ordonnateur au Cap , en a propofé l'aa- bllffement. MM. le Vicomte de la Feronnais , Commandant, & de Montarcher, Intendant , l'ont ordonné. L'analyfe de ces Eaux Miné- rales a été faite la même année par MM. Polony , Médecin, & C/iattard , Apothicaire du Roi, & leurs propretés fulutalres publiées. G 98 fut chargé des dispositions de ces bâtimens. Au nécessaire 6k à l'utile, il a su joindre l'agréable; il a tiré parti d'un bouquet de bois isolé dans cette plaine stérile 6k arrosée par la filtration des Eaux Thermales, pour former en face des bâtimens une superbe promenade , composée de trois grandes allées parallèles aux éta- blissemens, de cinq autres perpendiculaires aux premières. Celle du m lieu aboutit à la cour des bâtimens, en face du portail de l'hôpital militaire, 6k par son extrémité inférieure forme la rue d'un petit bourg déjà en partie établi, 6k où l'on voit des mai- sons proprement construites 6k fort logeables. Crt habile Ingé- nieur à choisi b point de vue le plus varié 6k le plus étendu ; de l'hôpital on voit un espace immense de mer au Sud 6k à l'Ouest, on découvre une partie de la bande de l'Ouest, 6k au sohil couchant, quand le temps est serein, on distingue à la vue seule la bande du Sud. Les bâtimens du Roi consistent en différentes maisons, entou- rées de planches de sapin, qui ont chacune leur destination par- tlcul ère. La principale, qui a cent-quarante pieds de longueur sur vingt-quatre de largeur, forme un hôpital propre à loger soixante malades. A une de ses extrémités Sud-Est, il y a un Autel 6k une pet. sacristie; il est orienté Nord-Ouest 6k Sud-Est dans sa longueur; au Sud-Est de et hôpital 6k parallèlement à une de ses extrémités, est un bâtiment de trente pieds de long sur vingt de large, divisé en deux chambres servant d'apothicairerie; à l'extrémité Nord-Ouest 6k à la distance de vingt pieds , comme b bâtiment précédent, est une maison de cinquante pieds de long sur vingt de large, servant de cuisine 6k d'infirmerie. Ces trois bâ- timent forment une belle cour particulière , entourée d'une claire- voie de lattes de sapin, peur s'opposer à la sortie nocturne des Soldats mabdos; au Word, sur l'alignement 6k à égarante 99 pieds de l'infirmerie, est placée une autre maison de soixante pieds de long sur vingt de large , destinée au logement des Offi- ciel s qui vont prendre les Eaux. A une pareille distance 6k sur le même alignement est une autre maison de mêmes dimensions ; elle sert de logement à' l'Entrepreneur. Au Nord de cette der- nière, 6k à quarante pieds de distance, est placé un bâtiment servant de cuisine, boulangerie 6k magasin : au Sud 6k en face du logement des Officiers, est un bâtiment de quarante pieds de long sur vingt de large, destiné à loger le détachement des Troupes qui do t y résider pour la police de l'hôpital ; à en- viron soixante pieds de distance sur le même al:gnement 6k en face du logement de l'Entrepreneur est un bâtiment de soixante pieds de long sur vingt de large , divisé en deux corps de logis, l'un destiné à servir de logement à un Médecin , 6k l'autre à un Chirurgien. Chacun de ces logemens a sa cuisine particulière à quarante pieds de distance au Sud. Ce bâtiment est ombragé au Nord par une belle plahtation de figuiers. A l'Ouest, en face de l'hôpital, est plate un autre bâtiment où sont bs bains des Soldats que Ton peut mettre à l'instant au degré de chaleur ordonné, par b moyen d'un réservoir plein d'Eau Minérale refroidie. A trente pieds de distance sur le même alignement est un bâtiment de soixante pieds de long sur vingt de large , divisé en deux corps de logis , l'un destiné à servir de logement à un Aumônier, 6k l'autre est occupé par l'En- trepreneur ; il y a entre ces deux maisons une grande allée d'ar- bres , perpendiculaire à la façade de l'hôpital, au bout de la" quelle sont placés deux pavillons en quarré long, parallèles l'un à l'autre 6k distans de trente pieds l'un de l'autre, ils sont divi- sés chacun en huit cabinets bien entourés de planches , 6k gar- nis chacun de sa baignoire en ciment, il y a par conséquent seize cabinets de bains pour l'usage du Public; à l'extrémité 100 Ouest de chaque pavillon on a construit en pierre de taille une fontaine qui coule à trois tuyaux pour la consommation domestique. Au Nord des bains publics est un autre pavillon destiné au bain des vapeurs; au Nord-Ouest de cJui-ci est un bâtiment, dans lequel il y a six bains pour les pauvres 6k pour bs Nègres; enfin, au Sud-Ouest du logement du Médecin 6k du Chirur- gien , on a construit un autre pavillon pour Es douches. Tout le vuide qui se trouve entre les bâtimens que je viens de designer forme une belle place quarrée, environnée d'arbres en partie, ce qui joint à la grande allée, qui est dirigée du milieu de ortte place jusqu'au bourg, distant d'environ cinq cents pbds, 6k aux autres allées collatérales, forme une prome- nade très-agréable, 6k si touffue qu'on n'y apperçoit pas un rayon de sckil, même en plein midi. On a imité bs charmilles des promenades d'Europe, en en- tourant bs massifs de bois de haute futaie , formés par les coupures des allées , avec deux espèces de bois laiteux du pays, le Tabermmer.tana Se le Rouvojia , dont la verdure 6k la flo- raison durent presque toute i'a inée ; ces arbrisseaux taillés pro- duisent un effet charmant. La totalité de ces promenades con- tient environ deux carreaux de terre, ou sept arpens royaux, 6k la cour avec les bâtimens un carreau, ou trois arpens 6k demi : l'eau des deux fontaines se rend par deux rigoles le long de la grande avenue jusqu'au bourg ; là bs particuliers en tirent par de petites saignées de quoi arros r de petits jardins où tous 1 s légumes réussissent à souhait. On y voit deS fi- guiers d'Europe d'une grosseur étonnante ; le raisin muscat y réussit à merveille 6k y est d'un goût exqu's. Tous bs établis- semens faits a x frais du Roi ont été entourés de toutes parts pour les mettre à l'abri des incursions des animaux à l'aban- don dans bs lianes. roi Le voyageur à cheval qui vient ici du Port-de-Paix passant par le haut moustique , ( où l'on peut se rendre en cha.-se jus- qu'à cinq lieues des Eaux ) par la belle rivière 6k la plaine du Parc, se trouve sans cesse à l'ombre 6k dans l'eau ; 'il a b loin de rafraîchissemens, il les trouve dans toutes bs habitations qui sont très -proches les unes des autres. On peut s'y rendre aussi par la bande d'Ouest du haut Moustique, d'où l'on entre dans le Nord-Ouest des savannes brûlées du Port-à-Piment, là on est obligé de pat courir sept lieues sans trouver une hab ta- lion , une goutte d'eau, ni une feuille pour s'ombrager. Ces sept lieues sont dans un superbe chemin de chaise, mais sans issue du côté du Moustique, où le chemin de voiture est aisé à faire. Il n'y a que trois lieues à exécuter pour joindre celui du Port-de-Paix; de ce dernier endroit aux Eaux de Boynes, il y a quatorze lieues, qu'on pourra faire en voiture quand il plaira au Gouvernement. Le chemin des Gonaïves aux Eaux est en partie fait pour la voiture, mais le débouché du côté des Gond/es reste à exécuter, 6k c'est le plus difficile: bs ma- ire é; es sont obligés de s'embarquer là, d'où ils se rendent en peu d'heures au Port-à-Piment; de ce port ils arrivent aux Eaux, soit en chaise, soit en hamacs. Le Public a l'obligation des chemins qui sont faits dans ce quartier, au zèle de feu M. Braban, Commandant des Milices du Port-à-Piment. Il a d'ailleurs rendu une multitude de services aux Celons de tous les quartiers, ce qui le fera regretter long-temps. Aussitôt que tous les établissemens furent exécutés, on vit quantité de malades accourir de toutes parts à ces Eaux sabrai- res, qui s'en retournoient en chantant leurs louanges, 6k enga- geoient leurs proches 6k leurs amis valétudinaires à recourir pre m p- tement à ce souverain remède, présenté par la nature; l'Ent .-re- preneur ne pouvoit plus loger ceux qui se présentaient, 6k bs maisons du petit bourg étoient pleines ; on y coml. mrit d'au- tres maisons qui furent à l'instant occupées. 102 Il ne snffit pas toujours, comme beaucoup de Colons le croient, d'user des Eaux Thermales en boisson 6k en bains d'une manière indifférente : les bains se prennent plus ou moins chauds, selon l'état du malade. La disposition de l'estomac est aussi la règle qu'on doit suivre pour la quantité de ^a boisson. La plupart des malades boivent dans b principe une bouteille 6k demie ou deux bouteilles par jour , 6k en ressentent un effet légèrement purgatif; quelques-uns, au contraire, éprauventun effet constipatif. Dans les premiers jours qu'on en fait usage, on se sent dans une grande agitation, 6k la transpiration aug- mente prodigieusement. Les personnes dont le genre nerveux est irritable', Se dont la fibre est tendue, doivent couper ces Eaux avec le lait pour en faciliter le passage par les premières voies, parceque "le lait, par sa partie grasse, diminue l'activité des sels neutr.s dort nos eaux sont imprégnées. C'est ordinairement à la pointe du jour 6k à jeun qu'on boit les Eaux Minérales , 6k ensuite on prend autant d'exercice modéré que les forces le permettent. Les bains des Eaux Thermales procurent une sueur abon- dante , que l'eau commune , échauffée au même degré, ne peut exciter ; si les bains sont trop chauds, le malade ressent un mal - aise général qui lui deviendrait nuisible , sb l'on n'avoic soin de b retirer prornptemer.t du bain. Alors on l'enveloppe d'un drap, on le couvre bien dans un lit qu'on porte exprès dans b cabinet du bain, on le laisse suer pendant trente ou trente-cinq minutes, on l'essuie ensuite ; on diminue les cou- vertures, après quoi il reste encore une demi-heure dans son lit, puis il prend un bouillon 6k il se lève. 'Les autres manier:s d'user efficacement des Eaux de IIcyr.es sont bs douches, les bains de vapeurs ou étuves, les fomen- tations , les lotions 6k bs injections ; la douche opère des cures étonnantes lorsqu'elle, est employée à p.opes dans les anki- 103 loses, dans les douleurs des articulations, en y établissant le mouvement pour humecter 6k ramollir bs rendons desséchés, pour établir une louable supuration cb i bs vieux ulcères, en fondant leurs bords calleux ; enfin, en redonnant du ton, de la force 6k de l'élasticité aux parties affoiblies. ********** ******** ****** **** ** • 104 N° 8. ■ir^f»'.■vn~.7"." OBSERVATIONS Sur les effets des Eaux de Boynes dans plusieurs espèces de maladie, faites en ijSff, par M. Gauche, Inspecteur'de ces Eaux & Associé Colonial du Cercle des Philadelphie s. PREMIÈRE OBSERVATION. L E dou^e Mai 1786, Madame P .... de la B ... at- taquée d'une hémiplégie du côté droit , avec crispation de nerfs de la main droite, avoit fait usage pendant deux ans des Eaux Thermales de Bourbonne-les-Bains, en France, pour cette paralysie qui lui est survenue à la suite d'une chute de cheval : la malade arrivée ici le vingt Avril, a d'abord pris les bain? tempérés, ensuite elle les a pris plus chauds , en aug- mentant par degrés jusqu'au trente-cinquième, qu'elle a conti- nué pendant quelque temps ; elle a encore usé de bains plus chauds pour se préparer à prendre bs boues, qui sont au qua- rante - deuxième degré. Cette Dame , qui étoit venue ici par le conseil de M. Poloni, Médecin du Cap , se purgeoit de huit jours en huit iours avec des pillubs que ce Médecin lui avoit données avant son départ ; dès qu'il a été possible de se pro- curer du lait, Madame la B .... l'a pris pour toute nourri- ture, 6k pour sa boisson du lait coupé avec l'Eau Minérale; cette Dame a fait usage des bains , des boues 6k des dou- cneS avec courage, 6k a suivi un régime très-exact; elle est io5 partie d'ici le 10 Septembre, ayant les nerfs de la main droite encore crispés, mais elle a eu la satisfaction de récupérer l'usage facile de la parole , 6k la force de la jambe droite, ce qui l'a faite marcher aussi v'goureusement qu'avant son accident. II. OBSERVATION. Le p Juillet de la même année, M. de L.....ancien Chirurgien - Major du Régiment de Picardie, exerçant son art à l'Artibonite, 6k Habitant du même quartier, est arrivé ici pour s'y rétablir d'une douleur 6k grande foiblesse qu'il rcssen- toit dans la partie inférieure de la cuisse gauche', où il s'etoit donné par accident un coup cb sabre, appelé dans le pays manchette, qui lui avoit coupé transversalement les muscles cruraux. M. de L . . .'. s'étoit procuré une cicatrice parfaite par les règles de son art, mais il lui étoit resté dans la partie blessée une déperdition de substance assez considérable, avec une grande foiblesse qui l'empêchoit de faire librement ses exer- cices , 6k sur-tout de monter à cheval ; au bout de trois, semai- nes de l'usage des Eaux en boisson, bains 6k douches, la foi- blesse a disparu , 6k le malade, très - excellent Écuyer, monta à cheval avec autant d'agilité qu'avant son accident. III. OBSERVATION. Le fils de M. G ... . Habitant de l'Artibonite, âgé d'en- viron dix ans, avoit au cou des glandes douloureuses, qui ont d'abord augmenté par l'usage des Eaux en boisson, parceque ce régime a donné un plus grand mouvement 6k une raréfac- tion au sang 6k aux humeurs, ensuite ces Eaux ont agi par leur qualité fondante, 6k ont insensiblement diminué les glandes de cet enfant ; elles ont suppuré 6k parfaitement cicatrisé. io6 IV. OBSERVATION. Le 12 du même mois, le Sieur .ban-Baptiste P .... : Corse, marin de profession, arriva ici avec d.s symptômes bien caractérisés de grosse vérole ; il souffrait le soir 6k pendant toute la nuit dès douleurs de tête si violentes , qu'il se persuadolt qu'il avoit un abcès au cerveau, 6k demandoit en grâce qu'on le trépanât : l'usage des Eaux, des purgatifs ré térés, 6k de la décoction de. la Lcbélia syphillitica l'ont radicalement guéri en trente jours. V. OBSERVATION. Le 16 , le Sieur.R.....natif de Marseille , ancien Éco« nome, s'est présenté ici pour y recevoir des secours contre des ulcères carcinomateux, dont trois au bras droit 6k un consi- dérable sur la rotule du genou gauche. Cette maladie étoit ancienne, provenoit du vice des humeurs, 6k étoit entretenue par la mal-propreté 6k le mauvais régime auxquels ce malheureux étoit abandonné , par le défaut de facultés. J'ai employé le kin- kina indigène pour nettoyer ses ulcères, je l'ai purgé plusieurs fois , je lui ai fait faire usage des Eaux en boisson Se en bains, 6k voyant qu'il étoit menacé de différentes éruptions, j'ai asso- cié à l'usage des Eaux celui d'une tisanne sudorifique , faite avec le gayac saint ou blanc 6k b spécifique anti - syphillitique, c'est- à- dire, la décoction de la Lobélia syphillitica ; ce pauvre ma- lade a récupéré l'usage de ses membres 6k une santé vigou- reuse. VI. OBSERVATION. Le to Septembre de la même année, M. L . . . Habitant de la Paroisse du Gros - Morne, est arrivé ici en hamac, ne pou- 107 vant être transporté ni en voiture ni à cheval. Ce malade étoit attaqué de vives douleurs rhumatismales depuis quinze ans, il y avoit huit ans que la transpiration étoit supprimée chez lui, il étoit obligé d'avoir des réchauds pleins de charbons allumés soit à table, soit sous le hamac où il étoit couché la plupart du temps, ses p'eds 6k ses jambes étoient œdcmateux 6k dou- loureux. Outre toutes ces incommodités, ce malade a encore le malheur d'être aveugle. Après l'avoir préparé 6k purgé con- venablement, je l'ai mis à image des Eaux, qui lui ont été si favorables, que dès le quatrième jour il a commencé à mar- cher sans le secours de ses béquilles, 6k à l'aide d'un seul bâton. Au bout de 17 jours , ne sentant plus aucunes douleurs, il voulut partir, malgré les consrils que je lui donnois de rester un mois de plus, pour ne pas s'exposer à une rechute qui renouvellera ses douleurs, 6k le forcera à venir faire une station beaucoup plis longue en Mars ou en Avril. VIL OBSERVATION. Le 21 du même mois , M. La ... M .. . Capitaine de Milices , Habitant de la Paraisse des Verettes, étoit incommodé d'une dartre milia:re qui b couvrait de la nuque aux talons : ce malade, 1 âgé de plus de soixante ans, tendoit à l'ascite , par suite d'une dissolution occasionnée par les i emèdes mercnrkls qu'on lui avoit prodigués, avant d'avoir combattu chez lui b vice Scorbutique qui dominoit. Il aveit non-seulement les jambes œdémateuses, mais b visage étoit bouffi , 6k il y avoit un épanchement déjà assez considérable dans le bas-ventre ; ce qu'il y avoit de plus inquié- tant , c'est que , malgré ces symptômes , b malade étoit épuisé par des sueurs continuelbs, si abondantes qu'il étoit obligé de changer de chemise 50 a 60 Eois par 24 heures. Quoierue l'esto- io8 mac fît mal ses fonctions, ce mabcle avoit un très-grand appétit, ce qui me détermina à le mettre au lait pour toute nourriture ; il en consommoit c'nq pintes par jour , ce qui équivaut à huit ou dix pintes de lait d'un autre quartier, à cmise de la qualité extrêmement nourrissante qu'a celui du Port-à-Piment. A l'usage des Eaux en boisson 6k en bains, je joignis les anti-scorbutiques, Se quelques dépuratifs ; 6k au bout de ù:ux mois, M. M..... eut la peau parfaitement nette , 6k jouissoit d'une santé excellente. VIII OBSERVATION. Le 26 Oflobre, b Sieur D.....a D. d. 1. C. d. P. au P. a été accablé d'une maladie nerveuse 6k de dartres érésipélateuses. Outre ces éruptions, ce malade avoit plusieurs taches ronges qui ont d'abord pris de l'intensité 6k se sont de plus en plus mani- festées par l'usage des bains ; il souffroit des douleurs violentes à la plante des pieds, avoit les pieds, les jambes, les mains 6k une partie de l'avant-bras paralysés dans la peau seulement qui étoit devenue d'une telle insensibilité, qu'on pouvoit la pincer 6k même la percer sans qu'il ressentit la moindre douleur. Les Médecins 6k Chirurgiens qui l'ont soigné jusqu'à présent, lui ont prodigué les frictions mercurbiies 6k l'usage des sudorifi- ques, qui n'ont fait qu'aggraver ses maux. Il n'y a qu'un mois qu'il fait usage de nos Eaux en boisson , en bain & en douches, 6k il en a reçu un soulagement considérable. IX. OBSERVATION. M. D .. .. Habitant du quartier de l'Artibonite, 6k Ingénieur Hydraulicien, constructeur de moulins à sucre , est arrivé aux io9 Eaux de Boynes , attaqué d'une éruption syphilitique, qui le pri- vo;t du sommeil depuis long-temps , parce que ses douleurs aug- mentoient au sobil ccuchanc, 6k devenoient insupportables dans le lit: il avoit les pieds enflés, 6k des ulcères tr s - fétides sur- tout aux oreilles 6k aux doigts des mains. 1 ans ie second jour de l'usage des Eaux , ce malade a ressorti un grand soulagement, 6k a récupéré le sommeil ; au bout de huit jours , bs ulcères se sont ciermifés, 6k dans un mois il a été très-bien rétabli. i X. OBSERVATION. M. P......F......Habitant du quartier du Port-à-Piment, a été attaqué d'une affection feorbutique, pour laquelle il avoit pris avec fuccès, un an aupa avant, les poudres de Castillon : il avoit les simptômes ordinaires du scorbut; 6k ne voulant pas lui laisser faire de progrès en respirant Fair humide de la montagne pendant la saison des nords, d skst déterminé à venir prendre les Eaux pen- dant cette saison. Au bout de quinze jours , te us les simptômes ont disparu; il a récupéré un appétit qu'il n'avoit pas eu depuis long- temps, 6k il a pris de l'embonpoint 6k des couleurs, comme s'il arrivoit du nord de la France. XI. OBSERVATION. Le 22 Juillet, une Négresse âgée d'environ trente ans, apparte- nante à M. de V. .. Capitaine d'ArriErie, me fut amenée par son maître. Elle avoit, depuis quatre ans 6k demi, des douleurs vives dansdifféren es parties du thorax, 6k particulièrement une douleur fixe dans les nerfs intercostaux du côté droit. Cette maladie avoit commencé par un crachement de sang assez copieux. Elle avoit des paroxismes plus ou moins fréquens, pendant lesquels le pouls deve- 110 noit variable, 6k s'effaçoit quelquefois tout-à-fait dans le temps ds ses crises. Ses règles paroissoient quelquefois deux ou trois fois dans un mois. Son maître avoit traité cette maladie pour une affection hystérique, 6c avoit prodigué l'émétique. Je lui ai administré les Eaux en boisscn 6k en bains, je lui ai appliqué les vésicatoires avec le plus grand succès, ce qui m'a déterminé à lui ouvrir un cautère. Je lui ai ordonné de l'entietenir pendant plusieurs années, 6k elle est retournée bien rétablie chez son maître, un mois après. XII. OBSERVATION. Le p Juillet, Z;phire, Nègre Congo, âgé de vingt-deux ans, esclave de M. D____dont on a ci-devant parlé, fut apporté du bord de la mer sur un cabrouet. Il y avoit près de deux ans que ce Nègre n'avoit pu rester debout. Sa maladie actuelle étoit la suite de plusieurs autres dont son maître m'a fait l'histoire. Ce Nègre tomba de cheval, il y a deux ans 6k demi, 6k fut blessé; on lui fit avaler du suc de calebasse, 6k on lui appliqua le marc sur la partie doulou- reuse; il se trouva soulagé au bout de quelque temps. Six mois après, ce nègre eut de fréquens accès de fièvre, à la suite desquels il se fit des éruptions sur différentes parties de sOn corps ; il eut entre- autres des dartres rongeantes : on le mit à l'usage des poudres de Goderneau, 6k les dartres disparurent ; mais il lui survint des dou- I urs viVes aux lombes, 6k un long usage de tisanne de salsepareille 6k de l'aîkali-volatil fluor qui lui furent administrés, ne lui firent éprouver que des soulagemens momentanés. Pendant crt intervalle trois côtes du côté gauche s'arquèrent considérablement, 6k pro- duisirent le même effet sur l'épine du dos ; les douleurs allèrent toujours en augmentant, 6k b malade, qui respirait avec peine, ne pouvoit rester couché que sur le côté opposé. Il étoit dans b marasme quand il ùt apporté ici, 6k je le logeai dans un des cabi- III nets destinés aux bains. Il resta huit jours couché à côté de sa bai- gnoire , dans laquelle on le mettoit aux heures que j'indiquai. Après Ces huit premiers jou s, il essaya de marcher à l'aide d'un bâton: au bout d. la seconde semaine, il se premenoit partout, un bâton à la main. Je lui fis prendre bs bains 6k les douches, 6k après en en avoir fait usage pendant trois mois, il a récupéré une santé assez robuste. Son maître a cru voir un ressuscké, quand ce Nègre « s'est présenté à lui pour le servir. XIII. OBSERVATION. U N Nègre Congo , âgé d'environ 24 ans, ayant une exostose sur la partie moyenne du tibia, de la grosseur d'un oeuf, a été guéri en deux mois par l'usage des Eaux. XIV. OBSERVATION. Un Nègre âgé d'environ quarant:-hu't ans, ayant une hémi- plégie du côté droit, a été très-soulagé ,&a récupéré un embon- point étonnant, par l'usage de quatre mois de nos Eaux. XV. OBSERVATION. U N Nègre Congo, âgé d'environ quarante an«, qui avoit beau- coup de dartres 6k un rhumatisme dans la cuisse droite, qui le faisoit boiter , a été complètement guéri en trois mois. XVI. OBSERVATION. Un Nègre appartenant à M. G.. .. gérant l'habitation de M. de G .... auxGûnaïVeS, souffrait des douleurs aiguës dans le* 112 reins, les lombes 6V le long de l'épine dorsale. Il avoit l'estomac affoibli, 6k digérait difficilement. Trois mois de l'usage des Eaux de Boynes, l'ont radicalement guéri. XVII. OBSERVATION. Un Nègre âgé d'environ trente-cinq ans, appartenant à M. D.... Habitant à wirtiborite, avoit les jambes entièrement ulcérées depuis plusieurs années, 6k avoit été traité par plusieurs chiiurgiens de son quartier , sans succès. Après avoir pris les bains 6k les boues pendant trois semaines, il a t ^parfaitement guéri. XVIII. OBSERVATION. Une Négresse âgée d'environ quarante-huit ans, appartenante à M. C.....Habitant des Gonaïves , avoit bs jambes Se les pieds couverts de dartres , pour lesquelles on avoit employé depuis long- temps tous bs remèdes ordinaires. Un mois de l'usage de nos Eaux lk parfaitement guéri. XIX. OBSERVATION. Une Négresse, âgée d'environ cinquante ans, avoit des ulcères fétides à la cuisse 6k à la jambe droite, avec une fistule au-dessus de la malléole interne. Elle aveit, depuis six ans, employé toutes les ti.-annes sudorifiques, Se avoit reçu quarante frictions mercurielles. Un mois 6k demi de l'usage de nos Eaux en bains 6k bains dans les boues, à suffi pour lui rendre une r aridité santé. XX. OBSERVATION. Le 16 Août, un Nègre Nago , âgé d'environ trente-cinq ans, appartenant "3 appartenant au Sieur Joli, Pêcheur 6k Salinier de l'Artibonite, fe rendit ici, en se traînant sur les mains ; il étoit marron 6k avoit des ulcères très-prcfonds aux fesses, occasionnés par des milliers d^ vers qui se formoient des clapiers en remontant vers bs reins; il avoit en outre le genou gauche très-enflé 6k doulou- reux , avec contraction des muscles de la jambe : son maître, averti que son esclave étoit aux Eaux, me pria de lui donner mes soins ; les bains 6k les douches l'ont radicalement guéri en 17 jours. XXI. OBSERVATION. Le 18 Août, une Négresse, âgée d'environ 55 ans, apparte- nante à M. l'Écouflé, Habitant de la paroisse du Gros-Morne, étoit perdue de rhumatismes depuis plusieurs années : on avoit employé sans succès tous bs bains aromatiques 6k autres usités sur bs habitations : elle a été soulagée en 15 jours par l'usage des Eaux, 6k en six semaines elle a été complètement guérie. XXII. OBSERVATION. Le 2g Septembre , une Négresse, âgée d'environ 32, ans, appar- tenante à M. Hatrel, Commandant des Milices du quartier du Port-à-Piment, avoit une jambe prodigieusement grossie, 6k gar- nie d'une multitude de petites verrues ou de tubercules dont b nombre augmentoit tous bs jours, en un mot cette espèce d'in- firmité que les Nègres appellent grosses jambes, ou pied botte. Les Médecins 6k les Chirurgiens ne se sont point encore occu- pés de cette maladie particulière aux Nègres, 6k que l'on croit endémique de Guinée; les Nègres Créoles y sont également H H4 sujets, c'est peut-être une espèce de ladrerie ilèphantiafis. Cette jambe est diminuée des trois quarts, les tubercules sont totale- ment disparus , la peau est lisse 6k la Négresse jouit de la meilleure santé, depuis deux mois environ qu'elle fait usage de nos Eaux ; elle y est encore. XXIII. OBSERVATION. Lubin, grif, âgé d'environ vingt ans, appartenant à M. Grand Dutreuil, Habitant de l'Artibonite, avoit des crabes aux pieds qui l'empêchoient de marcher 6k de faire son service ; les douleurs que cette incommodité lui faisoit éprouver l'avoient fait beaucoup maigrir : après 15 jours de l'usage des Eaux de Boynes , les crabes ont disparu, 6k le Griff a repris un embon- point étonnant : il ne ressent pas la moindre douleur de ses anciennes crabes, 6k ses pieds sont totalement nétoyés. XXIV. OBSERVATION. Trois Négresses appartenantes au même Habitant (M. Dutreuil) l'une, âgée d'environ 28 ans, les deux antres de 15 a 17 ans, sont arrivées ici, avec le Griff qui fait le sujet de l'observation précédente, décidées écrouelleuses par des ulcères 6k des tumeurs qui augmentoient de jour en jour. La plus âgée avoit les tumeurs ulcérées, une toux sèche 6k vive avec difficulté de se coucher sur le côté gauche; l'usage des bains 6k des douches pendant un mois ont diffipé la plupart des symptômes scrophuleux, 6k ces trois malades sont à la veille de la cure radicale. «5 XXV. OBSERVATION. Une Négresse Créole, âgée d'environ 14 ans, appartenante aussi à M. Grand Dutreuil, étoit accablée de douleurs rhuma- tismales , qui l'empêchoient de rendre aucun service à son maî- tre ; un mois de l'usage des Eaux Thermales a suffi pour dissi- per toutes ses douleurs ; elle en continue l'usage pour se forti- fier seulement, elle a plus d'embonpoint qu'avant sa maladie. n6 SUITE Des obfetvations fur tuf âge des Eaux Thermales de Boynes, 'dans le quar- tier du Port-à-Piment, par M. Gauche. PREMIÈRE OBSERVATION. Le 26 OElobre 1786, M......Artiste 6k Habitant de l'Arti- bonite, âgé d'environ 48 ans, d'une constitution vigoureuse 6k d'un tempérament sanguin, étoit attaqué depuis long-temps d'une éruption scorbutique 6k syphillitique qui le privoit du sommeil ; les jambes 6k bs pieds étoient ulcérés, ainsi que les doigts des mains, 6k la sanie qui en sortoit étcit de la plus grande fétidité. Dès le second jour de l'usage des Eaux, ce malade ressentit un grand soulagement, 6k récupéra le sommeil. Au bout de six jours, il marcha seul 6k sans autre remède que l'usage des Eaux en boisson, bains 6k douches, 6k quelques purgations ordinai- res : il récupéra dans un mois une santé complète , dont il jouit jusqu'à présent. IL OBSERVATION. Le 27 Ottobre , M.....Habitant de la paroiffe du Port-de- Paix, âgé d'environ 36 ans, vigoureusement constitué, étoit "7 incommodé d'une affection scorbutique. L'usage des, poudres de M. Castillon avoit dissipé les principaux symptômes quelque temps auparavant ; mais se voyant menacé de nouveau, il ne voulut point s'exposer à passer l.a saison des Nords dans un air humide 6k froid. Il se mit à l'usage de nos Eaux. Au bout de quinze jours bs symptômes étoient disparus, 6k il avoit récu- péré l'appétit 6k beaucoup d'embonpoint. Il séjourna deux mois ici, 6k il en partit avec les couleurs d'un Habitant du Nord de la France. III. OBSERVATION. Du 23 Novembre. M......Habitant de l'Artibonite vint ici pour dissiper une affection apoplectique dont il étoit menacé, ayant déjà eu deux attaques^ Il prit les Eaux pendant deux mois, 6k se trouva débarrassé des vertiges 6k autres symptômes qui l'inquiétoient. Étonné du prompt soulagement qu'il éprouvoit, Se particulièrement des cures qu'il voyoit s'opérer sur un grand nombre de Nègres, cet Habitant, père d'une nombreuse famille, se détermina à aller chercher sa Dame 6k ses enfans, la plupart obstrués, ou incommodés d'une acrimonie dans les humeurs: toute cette famille resta ici deux mois, 6k y éprouva les effets les plus heureux de l'usage des Eaux. IV., OBSERVATION. Le 23 Novembre , M... . âgé de 17 ans, incommodé d'u» écou- lement gonorrhoique, que bs remèdes ordinaires n'avoient pu dissiper, fut guéri en six semaines par le'seul usage des Eaux de Boynes en boisson 6k en bains. n8 V. OBSERVATION. Du 23 Novembre-. M.....Habitant de l'Artibonite, âgé de 40 ans, étoit travaillé par une ancienne fièvre qui ne lui laissoit point de repos, ni d'appétit. L'usage des Eaux de Boynes en boisson 6k en bains, pendant quinze jours seulement, dissipa la fièvre, rétablit l'appétit 6k la gaieté. VI. OBSERVATION. Le 23 Novembre, M . .. Habitant de l'Artibonite , âgé d'en- viron 30 ans, d'une constitution bilieuse, arriva ici attaqué d'une toux convulsive, occasionnée par une bile répandue 6k accablé de fièvre depuis plusieurs années, avec des obstructions consi- dérables dans les viscères du bas ventre 6k particuhèrement au foie. Il fut d'abord purgé avec le kermès minéral, 6k se mit de suite à l'usage des Eaux en boisson, bains 6k douches. Au bout de deux mois, ce malade ne toussoit presque plus, ses obs- tructions étoient dissipées , 6k il partit d'ici avec un embonpoint considéiable. VII. OBSERVATION. Le 6 Décembre, M .. . âgé d'environ 38 ans, venoit d'essuyer plusieurs maladies qui avoient affoibli son estomac, 6k digé- rait très-difficilement les alimens les plus légers. Il étoit en outre incommodé par beaucoup de carnosités. Ce malade ressentit d'abord bs effets les plus heureux de l'usage de nos Eaux, tant qu'il n'en usa qu'avec modération, 6k ses carnosités se fondi- n9 rent totalement ; mais voulant brusquer ; son tempérament bilieux-sanguin en fut tellement affecté, qu'il fut attaqué d'une fièvre affez forte qui le détermina à abandonner les Eaux. VIII OBSERVATION. Le 6 Décembre, Madame . . . Habitante . . . âgée d'environ 37 ans, avoit tous les viscères du bas ventre obstrués, 6k parti- culièrement la rate 6k le mésentère, depuis qu elle étoit accou- chée de l'aîné de ses enfans : elle étoit sujette à de fréquentes maladies, digérait mal, 6k ne menoit qu'une vie douloureuse6k Ianguiffante. L'usage des Eaux lui occasionna quelque révolution : elle fut attaquée d'une fièvre bilieuse avec fortes déjections, après quoi elle éprouva un soulagement notable. Il étoit à présumer que cette Dame aurait totatement récupéré la santé ici, si elle n'avoit été contrainte de s'en retourner, 6k si elle n'avoit été tourmentée par le chagrin que lui causoit la maladie de son mari, auquel elle est très-attachée. Cette Dame avoit avec elle trois enfans, aussi attaqués d'obs- tructions : l'usage des Eaux leur ont procuré une très-bonne santé^ IX. OBSERVATION. Le 6 Décembre, M. . . Habitant de l'Artibonite, amena ici un de ses fils, âgé de 4 ans, incommodé d'une atonie pres- que universelle, qui s'étoit développée avec intensité à la suite de la petite vérole par inoculation : il avoit la poitrine particu- lièrement affectée , 6k il étoit vraiment rachitique. Depuis deux ans il ne pouvoit ni marcher, ni se tenir debout : il ne pou- yoit exister que couché , ou entre les bras de sa Négresse nour- 12.0 rice. Il étoit exténué par une multitude de remèdes qui lui avoieitf été administrés. L'usage des Eaux fit d'abord éprouver des crises qui menaçoient de l'emporter : il se forma un dépôt considéra- ble à la tête, qui se termina par suppuration. L'usage des Eaux fit fondre 6k dissiper les divers engorgemens ; les forces revin- rent peu-à-peu, il se tenoit debout seul, faisoit quelques pas dans la chambre, 6k enfin marchoit étant soutenu seulement du doigt de sa nourrice : il digéroit bien , repxenoit de l'em- bonpoint, 6k aurait radicalement guéri, s'il n'avoit été décidé qu'il devoit s'en retourner avec une personne à qui M. son père l'avoit confié, 6k qui ne pouvoit rester plus longtemps. X. OBSERVATION. Le 6 Décembre, M..... Officier au Régiment du Port-au- ' Prince, âgé d'environ 32 ans , d'un tempérament bilieux avoit essuyé une maladie longue 6k dangereuse à la suite de plusieurs excès qu'il avoit faits. Depuis deux ans il étoit tour- menté de la fièvre: il étoit obstrué, le foie étoit très-engorgé, 6k il avoit une bile répandue qui lui donnoit une teinte d'un jaune brun. Son estomac délabré, digéroit à peine les alimens les plus légers : après dix jours de séjour ici 6k de l'usage des Eaux, il se trouva débarrassé de la fièvre, l'appétit se rétablit avec la faculté de digérer : il se crut guéri. Il se permit des écarts dans b régime , prit des bains trop chauds, 6k enfin il fut atta- qué d'une inflammation au foie, qui se termina par une ascite purulente, qui emporta le ma'ade le 20 Février suivant : les remèdes indiqués n'eurent d'abord aucun succès, 6k le malade se refusa ensuite totalement à en prendre aucun, pour se livrer aux pratiques fanat'ques du Magnétisme animal. 121 XI. OBSERVATION. Le 8 Décembre, M. R.....Habitant de l'Artibonite, étoit très-incommodé d'une fièvre violente depuis plusieurs mois , il avoit une diarrhée bilieuse, des coliques violentes, une débilité d'estomac qui l'empêchoit de digérer les alimens. La rate, le foie 6k les autres viscères étoient obstrués, 6k rendoient son état très - douloureux ; il trouva la santé dans l'usage de ces Eaux. XII. OBSERVATION. Le 8 Décembre, ce même Habitant avoit amené aux Eaux sa Dame 6k trois enfans, avec seize Nègres malades. Il leur en fit avaler en abondance, les fit baigner 6k doucher avec soin, 6k il parvint à leur procurer à tous un parfait réta- blissement. XIII. OBSERVATION. Le 8 Décembre, Madame.....Habitante de l'Artibonite, ayant déjà éprouvé ici un soulagement très-considérable contre les obstructions des viscères du bas ventre, 6k l'enflure dou- loureuse d'une cuisse 6k d'une jambe, occasionnée par une suite de couches, est revenue prendre nos Eaux pour obtenir une cure complète contre ces incommodités. Elle a resté ici quatre mois 6k demi, 6k a repris non seulement beaucoup d'embon- point 6k de belles couleurs, mais elle est partie jouissant delà santé la plus vigoureuse. 122 XIV. OBSERVATION. Le 13 Décembre, Madame , . . Habitante de l'Artibonite, est venue ici pour récupérer la santé dont elle étoit privée depuis long-temps; son estomac étoit réduit à un état d'extrême débi- lité ; il ne pouvoit rien digérer, 6k cette Dame avoit des envies continuelks de vomir. Elle amena avec elle trois enfans sujets à des fièvres continues, 6k incommodés d'obstructions. La mère 6k les enfans éprouvèrent un changement heureux 6k subit par l'usage des Eaux. XV. OBSERVATION. Le 21 Décembre. Le même jour arrivèrent deux autres Dames avec plusieurs enfans valétudinaires obstrués 6k sujets à des fièvres rebelles aux remèdes ordinaires. Un de ces enfans essuya même ici une maladie très - grave , dont il guérit heureusement ainsi que les autres. XVI. OBSERVATION. Le 21 Décembre , M. . . Habitant de l'Artibonite , qui avoit àep. fait usage de nos Eaux l'année dernière, y revint encore passer une partie de l'hiver. Il étoit toujours attaqué d'une pyurie, suite d'une syphillis confirmée 6k dont il n'a pu guérir, parce qu'à l'usage des Eaux il falloit employer le spécifique^contre la maladie principale. 123 XVII. OBSERVATION. . Le 24 Décembre, M .... est venu aux Eaux, dans un état pitoyable : il avoit tous les viscères du bas ventre obstrués, une fistule au périnée 6k plusieurs dartres vives. La plupart de ces accidens étoient les suites d'une g......mal traitée , ce qui lui avoit fait essuyer plusieurs traitemens qui lui avoient ruiné le tempérament; l'usage seul des Eaux dissipa les obstructions 6k la plus grande partie de ses infirmités. XVIII. OBSERVATION. Le 2$ Décembre , la nommée----vint ici espérant que l'usage des Eaux la débarrasseroit des symptômes les plus violens d'une siphyllis confirmée : pour y parvenir, elle avoit fait usage des anti-vénériens connus, 6k en dernier lieu d'un rob vanté comme un spécifique préférable au mercure. Elle avoit la luette 6k les amygdales rongées de chancres, des pustules sur différentes par- ties du corps, 6k elle étoit dans un marasme complet, occasionné parla diète forcée par l'impossibilité d'avaler les alimens solides; l'usage des Eaux lui procura une éruption assez considérable sur tout le corps ; je joignis bs antisiphyllitiques à l'usage des Eaux, 6k les symptômes disparoissoient. Il lui survint une fièvre qui lui fit suspendre l'usage des remèdes, qu'elle n'a plus repris de- puis : alors une partie des symptômes reparurent, parce que le vice n'étoit pas détruit.. XIX. OBSERVATION. Le $ Janvier 1787, M.... Habitant de la partie du Nord, Î24 arriva ici pour rétablir sa santé ; il avoit l'estomac extrêmement affoibli, 6k les viscères du bas ventre étoient obstrués depuis beaucoup d'années. 11 avoit une fièvre habituelle depuis long- temps auffi, ce qui l'avoit déterminé à aller en France cher- cher des secours contre ses maladies, en en détruisant la cause qui avoit été mal traitée en ce pays. L'air tempéré de la France avoit diminué ses maux, mais sa lymphe resta infectée. Il re- vint sur son habitation où il fut bientôt en proie à tous ses maux. Arrivé ici, il prit d'abord les Eaux, avec précaution, & son estomac fit bientôt ses fonctions, les obstructions se dissi- pèrent , de sorte qu'au bout de deux mois il jouissoit d'une bonne santé. Il continua encore à prendre les Eaux, il changea de régime, 6k compta un peu trop sur ses forces. Il partit d'ici fort bien rétabli ; mais peu après son retour chez lui il fut de nouveau attaqué par la fièvre. ( U y avoit alors une épidémie dans son quartier ) les viscères s'obstruèrent de nouveau, & j'ai appris qu'il étoit devenu hydropique. XX. OBSERVATION. Le 21 Janvier , M----Habitant du Port-Margot, étoit atta- qué depuis plusieurs années de douleurs rhumatismales, qui lui faisoient éprouver les plus vives douleurs, 6k le privoient de l'usage de ses pieds 6k de ses mains ; il avoit déjà fait ufage de nos Eaux avec succès en 1786, 6k il revint cette année pour compléter sa cure. En effet, il partit d'ici le 12 Mars parfaite- ment rétabli. XXI. OBSERVATION. Le i3 Février, M .. .. Habitant des arriva ici atta- 125 que du vice siphyllitique très-confirmé par des ulcères rebelles qu'il portoit au côté gauche depuis long-temps, 6k qui avoient résisté aux remèdes ordinaires , 6k par une g.....d'une mali- gnité extraordinaire. L'usage des Eaux pendant deux mois 6k de quelques dépuratifs, fit cicatriser les ulcères, 6k il touchoitau moment d'une cure complète lorsqu'il partit d'ici. XX1L OBSERVATION. Le 13 Février , M .. . Habitant des Gonaïves arriva ici- très-incommodé d'une hémiplégie du côté gauche. Au huitième bain , il éprouva un mieux être , 6k au douzième, il commença à porter la main à la bouche 6k même sur la tête. Il prit en- su te les douches 6k les boues jusqu'au commencement de Mai. Ce traitement procura au malade le jeu des parties paralisées 6k un peu de force, 6k il est parti avec l'espoir bien fondé de guérir entièrement par un second traitement. XXIIL OBSERVATION. Le 17 Février, M.... Habitant des Gonaïves, étoit tour- menté depuis près de cinq ans d'une maladie nerveuse dont les paroxismes étoient fréquens 6k douloureux. 11 éprouvoit parti- culièrement -de violentes douleurs de poitrine, des cardialgies & des pandiculations fréquentes. L'usage des Eaux en boisson, en bains 6k douches , aidé tantôt de quelques purgations, tantôt par la crème de tartre , ont parfaitement rétabli ce malade. XXIV. OBSERVATION. U 2 Mars, M .... âgé 'd'environ trente ans, 6k d'une vi* 126 goureuse constitution , arriva ici attaqué d'une maladie que CeJs« appelloit formico ambulatorla : il avoit employé tous les remèdes connus 6k tous bs secrets. L'usage de nos Eaux lui procura un grand soulagement, 6k fit disparoître une grande partie de ses maux, mais il ne partit pas radicalement guéri : il est à présumer qu'un second traitement par nos Eaux le guériroit sûrement. XXV. OBSERVATION. Le t Mars, il arriva ici six Soldats du Régiment du Cap: l'un avoit les articulations des poignets ankilosées; il ne gué- rit pas. Un autre avoit une diarrhée scorbutique, ancienne 6k au der- »ier période ; il mourut. Un autre avoit des obstructions depuis longtemps dans les viscères du bas ventre; l'usage des Eaux les a en partie dissipées. Deux autres, âgés d'environ 46 ans, étoient attaqués de douleurs rhumatismales ; l'un d'eux avoit en outre un panaris ; ils sont partis d'ici bien rétablis. XXVI. OBSERVATION. Le 12 Mars , Madame... Habitante de la partie du Sud, étoit attaquée de langueur, de foiblesse d'estomac, de migraine, ckc. Elle avoit la circulation si difficile qu'elle éprouvoit un mal-aise, une espèce de maladie, à chaque fois qu'elle devoit avoir ses évacuations périodiques. L'usage des Eaux pendant deux mois lui a rendu une santé parfaite. M____mari de cette Dame, étoit attaqué de foiblesses d'estomac 6k de difficultés de digérer que l'usage des Eaux a aussi totalement dissipées. I27 XXVII. OBSERVATION. Le 12 Mars, Madame.... Habitante du même quartier, souffroit depuis longtemps des douleurs très-vives dans les reins qui l'incommodoient beaucoup. Elle a éprouvé un soulagement con- sidérable après deux mois de l'usage de nos Eaux. XXVIII. OBSERVATION. Le 12 Mars, Madame .... Habitante du même quartier, avoit une foiblesse de vue considérable, 6k quelques douleurs rhumatismales. Les bains 6k les douches ont dissipé toutes ses incommodités, 6k elle est partie d'ici en très-bonne santé. XXIX. OBSERVATION. Le 12 Mars , M .... Habitant du même quartier, étoit fa* tigué depuis long-temps par des défaillances d'estomac, 6k par un défaut d'appétit; il est parti d'ici jouissant de la santé la plus vigoureuse. XXX. OBSERVATION. Le t8 Mars , Mademoiselle .. :. arriva ici se plaignant d'une douleur rhumatismale qui la tourmentoit depuis plusieurs années dans un genou. Elle fit usage des Eaux, en boisson, bains 6k douches, 6k a éprouva qu'un léger soulagement. 128 XXXI. OBSERVATION. Le 18 Mars, Madame.....arriva ici dans un état de lan- gueur extrême. Elle étoit attaquée depuis plusieurs années d'une maladie nerveuse, ou vaporeuse, qui la réduisoit souvent à un état désespéré : elle étoit d'ailleurs épuisée par les fleurs blanches. Ce qui ajoutoit à tous les maux de cette Dame étoit une pré- vention des plus opiniâtres en faveur des poudres d'Ailhaud. Au commencement de l'usage de nos Eaux, elles éprouva d'abord un changement des plus favorables, mais quelques jours après s'étant purgée 6k repurgée avec ce remède dtastique, elle éprouva différens paroxismes de vapeurs qu'elle attribua à l'usage des Eaux, 6k se dispensa de les continuer XXXII. OBSERVATION. Le 18 Mars. , M......Habitant de la partie du Nord de cette Colonie, venoit d'essuyer une maladie longue, son esto- mac ne pouvoit digérer que peu d'almens à la fois, 6k sou- vent avec douleur. Il avoit une éiuption cutanée, espèce de gratelle, qui ne lui laissoit prendre de repos ni nuit, ni jour. Il fit usage de nos Eaux, 6k j'y joignis celui de notre quinquina en infusion ; son estomac fut bientôt en état de digérer tous ses alimens, la gratelb disparut, b sommeil se rétablit, 6k le mala- de partit d'ici au bout de deux mois avec une parfaite santé 6k beaucoup d'embonpoint. XXXIII. OBSERVATION. ■ Le 18 Mars, Madame----Habitante de la partie du Nord, r arriva 129 arriva ici accablée d'infirmités, elle éto't épuifée par une leu- corrhée abondante, elle avoit en outre tous les viscères du bas ventre obstrués. Son estomac pouvoit à peine supporter quel- ques onces d'alimens; cette Dame, jeune encore, est d'une pa- tience étonnante dans ses maux, quoique de la plus grande sensibi- lité pour ceux des autres. Elle a fait usage pendant deux mois d2 nos Eaux, en boisson , bains 6k douches, 6k elle n'en a ob- tenu qu'un très-léger soulagement ; les obstructions avoient ikr: trop de progrès. XXXIV. OBSERVATION. Le 18 Mars, M.....Habitant aussi de la partie du Nord, étoit sujet à une affection apoplectique, 6k avoit une légère éruption herpétique. L'usage de nos Eaux, une saignée 6k quel- ques purgations lui furent très-favorables. XXXV. OBSERVATION. Le 20 Mars, il arriva ici dix Soldats du Régiment du Port- au-Prince , qui avoient séjourné long-temps à l'Hôpital Militaire de cette ville. Cinq étoient épuisés de diarrhée scorbutique an- cienne ; l'un mourut le surlendemain de son arrivée, 6k deux autres périrent au bout de quelques semaines après ; deux gué- rirent radicalement par l'usage du suc d'une espèce de Capparis% Se par l'infusion théiforme du bois de l'anupis balfamlfera. Les autres estropiés de coups de sabre ou de baïonnette, 6k qui avoient des contracmres nerveuses , n'ont obtenu qu'un léger changement dans leur état. I 130 XXXVI. OBSERVATION. Le 2$ Mars , M......Habitant de la partie de l'Ouest vint ici pour consolider la cure d'une éruption herpétique qu'il com- battoit depuis plusieurs années, tant ici qu'en France, par tous les moyens connus. Il m'assura qu'il devoit la dernière dispa- rition de ces symptômes à l'usage du Rob anti-siphillitique. Il fit usage de nos Eaux pendant quarante jours, 6k il s'en retourna avec la santé la plus complète. XXXVII. OBSERVATION. Le 2$ Mars, une personne âgée de 40 ans éprouvoit depuis long-temps un violent mal de tête, que l'usage des Eaux de Boynes en bains 6k douches, pendant 40 jours, a entière- ment dissipé. XXXVIII. OBSERVATION. Le 3 Avril, Madame.....est venue bi pour la seconde fois, pour y recevoir des secours contre une hémiplégie qui lui avoit laissé une crispation de nerfs complète à la main droite, elle n'a éprouvé à ce voyage aucun soulagement, parce qu'elle a été attaquée à plusieurs reprises d'une fièvre qui l'a empêché de prendre exactement les Eaux. Elle a été guérie de sa fièvre par l'usage de notre quinquina. M. son fils, qui se trouva ici attaqué de la fièvre dans le même temps, fut guéri de même en prenant de la même écorce. 131 XXXIX. OBSERVATION. Le 10 Avril, M......Habitant des Gonaïves, arriva ici avec les symptômes les plus singuliers de la maladie syphillitique 6k qu'il attribuoit à une cause toute différente; son épiderme, 6k même sa peau, en plusieurs endroits, particulièrement au visage, au bas ventre 6k aux mains, étoit retirée, desséchée, 6k avoit l'air d'un parchemin couleur de basane : ses amis qui ne l'avoient pas vu depuis quelque temps ne le reconnoissoient plus ; ses yeux étoient presque fermés , 6k il voyoît difficilement. Aa bout de quelques jours de l'usage de nos Eaux, il éprouva un foulagement considérable, 6k il y avoit tout lieu de croire qu'il auroit guéri radicalement, s'il avoit pu prendre sur lui de se soumettre à un régime, quoique Jacile, 6k à l'usage conve- nable des Eaux. XL. OBSERVATION. Le 25 Avril, M......Habitant de la partie du Sud, arriva ici ; il avoit le corps couvert d'une éruption à la suite d'une maladie grave qu'il venoit d'essuyer. Il avoit tous les symptômes d'un scorbut confirmé. A l'usage exact de nos Eaux, il joignit un régime scrupuleux, 6k après trois mois , il partit d'ici ' en parfaite santé. XLI. OBSERVATION. Le $ Mai, un homme d'environ 3 5 ans étoit incommodé d'une exostose au talon qui étoit enflé 6k très-douloureux, 6k l'em- # 13» péchoit de vaquer à ses fonctions. Je lui fis faire usage de no Eaux 6k j'ajoutai à ce régime des frictions locales de deux jours i'un, avec l'onguent napolitain, ce qui a dissipé l'exostose 6k les douleurs. XLII. OBSERVATION. Le 14 Mai, M......Habitant de la Montagne de Jean- Rabel, arriva ici porté en hamac, parce qu'il ne pouvoit sup- porter le mouvement de la voiture, ni du cheval. Cet Habi- tant, âgé de 5 5 ans 6k arrivé de France seulement depuis 18 mois, fut tout à coup saisi d'un rhumatisme goûteux , en voya- geant de nuit de son habitation au Port-de-Paix. La synovie des articulations du côté droit s'épaissit 6k il se forma des en- kiloses au poignet 6k au genou. Ce malade fit usage de nos Eaux pendant deux mois , sans succès apparent : après ce temps il réforma son régime, que je jugeois contraire depuis son arri- vée, 6k dans peu de temps il éprouva un bien-être après le- quel il soupirait depuis plusieurs mois. L'enkilofe du poignet ne put se dissiper, elle étoit vraie; celle du genou s'est fondue 6k ce malade marche aussi facilement qu'auparavant. Il partit d'ici à cheval, jouissant d'une parfaite santé. XLIII. OBSERVATION. Le 14 Mai, M...... Habitant de la partie du Nord , arriva ici très-incommodé. Il avoit les pieds 6k les mains tout ulcérés par une humeur acre, 6k ne pouvoit reposer un instant. L'usage seul des Eaux en boisson, bains 6k douches l'a parfaitement rétabli en deux mois. « 133 XLIV. OBSERVATION. Le 14 Mai. M......Habitant du même département s arriva ici pour y rétablir sa santé, épuisée par une longue ma- ladie qu'il venoit d'effuyer. L'ufage des Eaux en boisson, bains 6k douches, lui a rendu en deux mois une parfaite santé. XLV. OBSERVATION. Le 14 Mai. M. ..... Habitant de la partie du Sud, arriva ici se plaignant beaucoup de douleurs rhumatismales, ou plutôt syphillitiques. L'estomac de ce malade étoit particulièrement affecté, 6k faisoit peu ou point ses fonctions. Il éprouva d'abord du foulagement de l'usage des Eaux, mais le mauvais régime s'opposa à son rétablissement. XLVI. OBSERVATION. Le 21 Mai. Mademoiselle .....Habitante du Gros-Morne, arriva ici souffrant depuis long-temps de violentes douleurs rhu- matismales dans le col, les bras 6k les épaules. L'estomac étoit aussi affecté 6k digéroit à peine. L'usage de nos Eaux, conti- nué pendant deux mois , lui a rendu le sommeil, l'appétit, l'em- bonpoint 6k une très-bonne santé. XLVII. OBSERVATION. Madame..... sœur de la précédente, souffroit aussi depuis long-temps quelques douleurs rhumatismales : elle a également récupéré la santé ici en deux mois. !34 XLVIII. OBSERVATION. Le 2$ Mai. M......Habitant de la partie de l'Ouest, vint aux Eaux pour y recevoir du soulagement 6k se débarrasser d'une maladie qui le tourmentoit 6k l'affligeoit. Il avoit la plante des pieds, 6k bs paumes des mains profondément ulcérées de dartres syphillitiques, le chapelet étoit très-apparent 6k toute la tête étoit ulcérée de même. L'usage des Eaux 6k une risanne dépurative ont fait disparoître tous ces symptômes. XLIX. OBSERVATION. Le 12 Juin. Madame .....Habitante du quartier de Plai- sance , arriva ici accablée de douleurs rhumatismales, contre les- quelles elle épuisoit depuis long-temps les remèdes les plus vantés. Elle étoit en outre très-fatiguée par desveats, ayant l'estomac débilité. Elle récupéra la santé la plus parfaite par l'usage de nos Eaux pendant deux mois. L. OBSERVATION. Le 1er. Juillet. M......âgé de 28 à 30 ans, arriva ici perclus de presque tous ses membres 6k dans un marasme pres- que complet. Il souffroit sur-tout la nuit les douleurs les plus violentes d'une syphillis très-caractérisée. Il essaya l'usage des Eaux pendant fix semaines, 6k n'en ayant éprouvé qu'un sou- lagement très-léger, il les abandonna. L I. OBSERVATION. Le if Août. Quatre Soldats du Régiment du Port-au-Prince "35. arrivèrent ici : le premier avoit une contracmre de nerfs 6k une ankilose vraie au genou : il n'a point guéri. Le second avoit une céphalalgb considérable à la suite d'un traitement antivénérien. Il a éprouvé un soulagement considéra- ble. Le troisième avoit des dartres vives ; elles ont dispara par l'usage des Eaux 6k des dépuratifs. Le quatrième avoit une douleur considérable au bras droit, à la suite d'une blessure; le bras étoit atrophié , il y avoit contracture de nerfs 6k an- kilose vraie au coude ; il n'a point guéri. LU. OBSERVATION. Le 2$ Août. M......Habitant de ce quartier, vint prendre les Eaux pour se rétablir d'une extrême foiblesse où des fiè- vres continuelles le jetoient, 6k d'une acrimonie extraordinaire du sang , qui lui occasionna une éruption cutannée considérable. L'usage des Eaux 6k quelques boissons dépuratives l'ont par- faitement rétabli. LUI. OBSERVATION. Le io Septembre. M......Habitant du quartier du Port-de- Paix, arriva ici attaqué de fièvre, d'obstructions à la rate 6k dans tous les viscères du bas ventre. Il prit les Eaux en boisson, bains 6k douches, avec un purgatif de huit jours à autres; par ce mo- yen il a récupéré l'appétit, la transpiration , 6k un rétabliffement complet. L I V. OBSERVATION. Le 26 Septembre. Un enfant de cinq ans, à qui on avoit déjà 136 fait deux fois l'opération de la fistule à l'anus Se qui étoit encore sujet à une pyarie, éprouva des effets admirables de l'usage de nos Eaux, en trois semaines seulement. Si ses parens eussent voulu l'y laisser séjourner un temps suffisant, on avoit lieu d'es- pérer sa guérison. LV. OBSERVATION. Le 22 Septembre. Le R. P... Missionnaire de cette Colonie, arriva ici attaqué d'une phthysie confirmée. Depuis 18 mois il avoit une toux violente, quelquefois convulsive, une fièvre hectique, une insomnie continuelle, occasionnée par la toux, 6k il dépérissoit à vue d'ceil. Les crachats étoient abondants 6k pururens, mais non sanguinolens. Il avoit employé une multi- tude de remèdes, 6k en dernier lieu, on l'a voit mis pendant quatre mois à l'usage des hypontiques qui l'avoient jeté dans une stupeur presque générale. Comme je m'apperçus que les di- gestions se faisoient mal chei ce malade, je le purgeai plusieurs fois avec le kermès minéral, ensuite je b mis à l'usage de no- tre quinquina : alors l'appétit se rétablit 6k peu-à-peu le som- meil naturel revint ; il prit pendant près de six semaines de la décoction de balsamier,sans succès apparent. Je me déterminai alors à lui faire faire usage d'un remède dont l'activité se portât immédiatement sur le viscère malade ; je ne voyois que les fu- migations humides capables de remplir cette indication, j'ima- ginai un appareil avec les instrumens qu'on peut trouver dans un lieu isolé 6k je mis dans la cafetière fumigatoire, les bour- geons 6k jeunes branches de balsamier hachés menus, les plantes aromatiques 6k vulnéraires abondantes ici, la thérébentine 6k son huile essentielle, 6k je faisois respirer cette vapeur à mon ma- »37 iflob, pendant une bonne demi-heure, trois ou quatre fois par jour. Cette méthode a eu un succès assez heureux : la poitrine s'est débarrassée, les tubercules des poumons se sont détergés, l'expectoration est devenue d'abord plus abondante, ensuite elle s'est ralentie, la toux a diminué 6k presque cessé. Ce vénéra- ble malade à passé plusieurs nuits dans un sommeil paisible. Il touchoit au rnoracpt de sa cure , lorsque des affaires indispensa- bles de son ministère l'ont rappelle dans sa paroisse, 6k il vient de m'écrire que sa convalescence continuoit à être heureuse. LVI. OBSERVATION. Le 3 Octobre. Ce jour je reçus trois Soldats du Régiment du Port-au-Prince. Le premier âgé de 18 à 20 ans avoit une dou- leur occasionnée par une chute sur le côté, ce qui le faisoit marcher tout incliné. Il a éprouvé un peu de soulagement. Le second étoit tout œdémateux, ayant le teint jaune 6k plombé; l'usage des Eaux 6k quelques purgatifs lui ont rendu une assez bonne santé. Le troisième étoit un ancien Soldat de 32 ans de service; il avoit plusieurs dartres qui ont résisté aux remèdes généraux. Les Eaux les ont fait disparoître. LVII. OBSERVATION. Le 3 Oëobre. Madame .... du Port-de-Paix, arriva ici très- incommodée par des obstructions à la rate 6k dans les différens viscères du bas ventre ; elle étoit sujette à des fièvres lentes ; elle ne pouvoit digérer, 6k souffroit souvent de viobns maux de tête : l'usage, pendant six semaines, de nos Eaux en boisson, .bains 6k. douches,lui a procuré une parfaite guérison. ï38 LVIII. OBSERVATION. Le 13 OeTobre. M.....Habitant de la partie du Nord , arri- va ici souffrant les douleurs les plus vives aux jambes , qui étoient enflammées, excoriées, 6k même ulcérées par des em- brocations de dissolution mercurielle, qu'on lui avoit fait faire pour dissiper les douleurs 6k les exostoses des tibia. L'usage seul de nos Eaux, pendant six semaines , à suffi pour cicatriser ses ulcères 6k appaiser ses douleurs; pour guérir radicalement il lui falloit un plus long séjour ici, & associer à l'usage de nos Eaux celui des anti-syphillitiques. L I X. OBSERVATION. Le 13 Otfobre. M. B... arriva aux Eaux pour y obtenir la gnérison d'une maladie cutanée très-considérable , qui l'affligeoit. Il avoit le bas ventre, les cuisses 6k les jambes couvertes de dartres très-vives 6k très-étendues. Depuis plusieurs mois il ne reposoit ni nuit ni jour, 6k il avoit épuisé toutes les recettes secrettes qu'on emploie en pareil cas. Cinq semaines de l'usage de nos Eaux , en boisson, bains 6k douches , aidé de la décoc- tion depurative de VEuphorbia tithymaldides , l'ont parfaitement guéri. LX. OBSERVATION. Un pauvre Blanc, Charpentier de Marine de profession, âgé d'environ 35 ans, arriva ici dans les derniers degrés de la dissolution, 6k attaqué d'une hydropisie ascite des plus considé- 139 râbles. L'usage des Eaux lui fut contraire, la dissolution com- plète fut accélérée, 6k il mourut au bout de six semaines. Je pourrais à ces soixante observations en ajouter plus de cent-trente autres , sur le produit de l'usage des Eaux de Boynes par les gens de couleur, 6k particulièrement les Nègres esclaves ; mais je ne rapporterai que les plus frappantes 6k des réflexions générales sur les maladies auxquelles ces Eaux conviennent, 6k celles où elles paraissent contraires. LXI. OBSERVATION. Un Quarteron libre, attaché à une habitation de l'Artibonite, étoit affligé depuis quatre à cinq mois d'une hydropisie ascite qui lui étoit survenue après une fièvre aiguë. On avoit déjà employé tous les remèdes hydragogues , 6k on avoit eu recours au charlatanisme déjà discrédité du magnétisme animal : son ventre étoit si volumineux, qu'il étoit obligé de porter des juppes de sa mère pour se couvrir, étant dans l'impossibilité de s'ha- biller avec ses hardes. Je ne voulus point me déterminer à lui faire faire la ponction, parce que cet homme,âgé d'envi- ron 24 ans , me paroissoit vigoureusement constitué, 6k que j'es- pérais beaucoup de l'usage d'une tisane apéritive dont j'avois déjà éprouvé bien des fois l'efficacité. En voici la formule. Prenez racines de roseau du pays ( arundo arenaria ) de sureau du pays ( piper aduncum ) , de bois d'anizette ( piper retlculatum ) de chacun une bonne poignée, coupez-les par menus morceaux, lavez-les 6k faites-les bouillir dans deux pintes d'eau pendant sept à huit minutes : puis coulez 6k faites infuser dans la colature une bonne pincée de racines d'herbes à collet ( piper pellatum ) aussi coupées en petits morceaux. Cette tisane est la boisson du 140 malade. On le purge de trois ou quatre jours l'un avec le jalap en dose proportionnée à l'âge 6k à la complexion du sujet. J'employai seulement cette méthode , après avoir procuré un peu d'écoulement à l'eau du ventre par le moyen des vésica- toires. Au bout de deux mois, ce jeune homme commença à se promener partout, l'appétit lui revint 6k avec lui les forces, 6k l'hydropisie a disparu au bout de trois mois. Je le mis alors à l'usage des Eaux en bains, pour exciter la transpiration, Se donner du ton à toutes les parties ; au bout de quatre mois c- malade retourna chez son Patron avec une santé plus ro- buste qu'il n'avoit avant sa maladie. ÊCROUELLES. De dix Nègres ou Négresses qui sont venus prendre les Eaux étant attaqués de tumeurs scrophuleuses, quatre ont été guéris, trois ont éprouvé du soulagement, deux n'ont éprouvé aucun changement favorable, 6k un est mort. Ce dernier avoit les tumeurs ulcérées depuis long-temps 6k il s'est formé une fiifée par-dessous la clavicude dans la capacité de la poitrine. Tous les sujets au-dessus de 20 à 24 ans n'ont pu guérir, 'excepté une Négresse d'environ 28 ans, qui m'a paru menacée d'une métas- tase sur la poitrine. Les jeunes sujets au-dessous de 20 ans, dont les tumeurs ne sont point ulcérées, ont guéri. M. Théophile de Bordeaux, Médecin de la faculté de Paris, dit dans sa dis- sertation couronnée par l'Académie Royale de Chirurgie, en 1752, que l'usage des Eaux de Barég? 6k du mercure est très- efficace pour guérir les écrouelles: je me propose de fa:— ''»'«* de cette méthode à la première occasion. 141 PULM0NIE. De huit esclaves envoyés ici pour y être traités de cette cruelle maladie, j'ai été obligé d'en renvoyer trois au bout de peu de jours, parce que leur état empirait ; une Négresse est morte, deux sont partis guéris 6k deux paroissoient donner quel- que espoir de guérison. L'usage des Eaux chaudes est absolu- ment contraire à cette maladie, lorsqu'elle est à son dentier période 6k que le viscère est ulcéré. Pour que les malades puis- sent éprouver des heureux effets de l'usage de nos Eaux, de mes fumigations balsamiques 6k du bon air de ce lieu, il faut que l'ulcère ne soit point formé , 6k dès qu'un malade est déci- dément attaqué de cette maladie, il faut qu'il se fasse transporter ici au plutôt. ÉLÉPHANTIASE. J'ai eu dans le cours de cette année 1787, à traiter aux Eaux six sujets attaqués de cette maladie : trois Nègres 6k trois Né- gresses ; deux de ces dernières ont été guéries , parce que la ma- ladie n'étoit pas ancienne. Les quatre n'ont point obtenu de changement favorable dans leur état. ULCÈRES. Dans b même espace de temps il y a eu ici quatorze Nègres pu Négresses couverts pour la plupart d'ulcères qui avoient ré- sîsté aux traitemens ordinaires. Le plus grand nombre a guéri en peu de temps, d'autres n'ont obtenu leur aise qu'après plu- sieurs mois : d'autres enfin n'ont obtenu aucun soulagement. Ces derniers avoient les humeurs tellement viciées, que ni le mercure administré auparavant sous différentes formes , ni les tisanes sudo- riiiqtses n'avoient opéré aucun changement en eux. H Y D R O P I S I E. De sept hydropiques qui sont venus aux Eaux dans le cou- rant de cette année, deux ont guéri, deux sont morts & trois ont eré renvoyés à peu près dans le même état où ils étoient à leur arrivée. J'ai remarqué que l'usage des Eaux est aussi con- traire dans les hydropisies confirmées 6k au dernier période, qu'elles sont efficaces contre les mêmes maladies dans leur com- mencement. T Œ N I A. Deux Nègres,âgés de 25 à 26 ans, exténués par des mala- uies, arrivèrent aux Eaux, l'un pour y être traité d'une paralysia 6k l'autre de Pémophlegmatie. Après quelques semaines de l'usa- ge de l'Eau Minérale, le premier devint tout-à-coup hydropî- que ; je le purgai avec une dose de jalap ; il rendit une portion de tcenia d'environ 18 pieds de long, désenfla le même jour 6k mourut trois jours après. Le second rendit des morceaux de tœnia de plusieurs pieds de long, par l'usage des Eaux seu- lement 6c récupéra la santé, '43 FLEURS BLANCHES, OU LEUCORRHÉE. Lorsque cette maladie n'est pas trop ancienne 6k qu'elle n'a pour cause que le relâchement, la foiblesse des organes, ou la fuppreffion des règles, elle guérit toujours par l'ufage des Eaux foutenu d'un bon régiriie ; mais fouvent on confond cette ma- ladie avec une autre qui ne peut fe guérir que par les anti- syphillitiques. CACHEXIE. De plusieurs Nègres attaqués de cachexie, ou mal d'estomac , quatre seulement ont guéri ici, les autres onf été renvoyés sans avoir éprouvé de soulagement. PIANS ET CRABES. De toutes les maladies auxquelles les Nègres sont sujets, le pian est celle qui se guérit le plus facilement Ôk le plus vire- ment, par l'usage de nos Eaux thermales. J'en ai eu 25 en trai- tement cette année, 6k ils tous été très-bien rétablis. DARTRES. Cette maladie offre tant de variétés, qu'il n'est pas étonnant qu'une partie de ses espèces ou variétés guérisse facilement par l'usage de nos Eaux, tandis que d'autres y résistent absolument. J'ai eu beaucoup d'esclaves à traiter ici cette année 6k attaqués 144 de cette incommodité, plus des trois quarts sont partis guéris, j'en ai dans ce moment (*) ici qui ont des dartres très-anciennes ck rebelles, j'associe à l'usage des Eaux la décoction de l'euphor- bui tithymaldides , Se j'espère les renvoyer bientôt radicalement guéris. SYPHILLIS. De vingt sujets, esclaves, attaqués de cette maladie, quatre seulement ont paru avoir éprouvé de bons effets de l'usage seul {ks Eaux. Les maîtres qui leur avoient déjà fait administrer infructueusement beaucoup de préparations mercurielles me re- commandoient expressément de ne faire faire usage que de l'Eau minérale à ieurs esclaves. Je suis persuadé que les sujets qui, à l'usage de notre Eau , joindraient celui des anti-syphillitiques dépu- ratifs , en obtiendroient des effets très-salutaires. J'en ai fait quel- ques essais heureux. RHUMATISMES. Les rhumatismes proprement dits guérissent ici avec une promp- titude étonnante. J'ai vu aussi des rhumatismes goutteux céder à sept à huit bains, mais on confond souvent cette maladie avec la précédente, 6k alors il ne faut pas s'étonner si on voit quelquefois les douleurs résister aux bains 6k aux douches; en ce cas,dès qu'on associe les anti-syphilliques aux Eaux, on sent les douleurs se dissiper 6k le calme renaît. (*) Au commencement de Janvier 1788. N,° IX- M5 N ° I X. DESCRIPTION JDz/ quaitier du Pon-de-Paix , ^vcc z//z extrait de son. Histoire naturelle. \^à E quartier est borné au Nord par la mer ou le canal de la Tortue, au Sud par le quartier du Gros-Morne, à l'Est par celui de Saint-Louis du Nord, 6k à l'Ouest par celui de Jean- Rabel : il a de l'Est à l'Ouest deux lieues d'étendue, 6k six du Nord au Sud. La ville du Port-de-Paix, située vingt lieues à l'Ouest 6k sous le vent du Cap, est le premier établissement des Flibustiers François en cette Colonie. Le port, qui est d'une médiocre gran- deur 6k d'une entrée facile, a un bon mouillage ; il est fort- bien abrité , 6k n'est exposé qu'au vent de Nord-Ouest, qui, lorsqu'il souffle fort, y excite une houle considérable ou raz- de-marée, ce qui devient dangereux pour les bâtimens qui y sont à l'ancre. Ce port est protégé par des forts, où il y a eu en temps de guerre des détachemens d'Artillerie 6k de Trou- pes réglées commandés chacun par des Officiers de leur Corps 6k sous les ordres d'un Major-Commandant pour le Roi; les quartiers de Saint-Louis , du Gros - Morne 6k du Port-à-Piment, sont dans la dépendance du commandement du Port-de-Paix. K 146 La ville est bâtie dans une petite plaine d'environ 300 roises de profondeur, qui étoit, il y a peu d'années, un lagon ou marais : aujourd'hui les maisons 6k bs rues sont remblayées 6k pavées, selon un niveau fixé par la Police, ce qui rend la ville plus propre 6k plus saine. C'est le chef-lieu d'une Sénéchaussée 6k d'une Licutenance d'Amirauté qui comprend six paroisses , savoir : le Port-de-Paix le Petit Saint-Louis , le Gros-Morne, y compris le Port-à- Piment, Jean-Rabel, le Môle Saint-Nicolas, 6k Bombarde. Le Gouvernement vient de s'occuper de l'embellissement de la ville du Port-de-Paix , en y faisant construire une fontaine, dont l'eau est de la plus grande utilité aux Habitans , qui, avant cela, étoient obligés d'en envoyer chercher à la rivière, à une demi-lieue de distance de la vilb. Bien des particuliers n'osent user pour leur boisson de l'eau de la fontaine qui a coulé pour la première fois le deux Février dernier, parcequ'ik ont été prévenus contre elle. L'analyse que j'en ai faite prouve qu'elle ne contient qu'un peu de sélénite comme presque toutes les Eaux de source, 6k qu'elle se purifiera de plus en plus à l'avenir, n'é- tant plus stagnante dans une terre argileuse, qui lui communiquoit cette qualité séléniteuse. C'est donc un bienfait signalé que cet- te ville vient de recevoir de MM. de Bellecombe 6k de Bongars. L'eau de cette Fontaine a été prise à une petite dis- tance de la ville, dans les cannes à sucre de l'habitation Auber; elle est conduite sur une place à bâtir au centre de la ville, 6k de là elle se rend pour le service de la Marine à l'extrémité d'une calle en maçonnerie q'ci vient d'être construite. On peut, à très-peu de frais, rendre l'air de cette ville plus salubre en fe rafraîchiffant, 6k ôter à ses Habitans l'incommo- dité dévaler en respirant Un sable fin, que les brises fortes 6k «•47 presque continuelles y élèvent sans cesse. U ne s'agirait que de distribuer dans toutes bs mes l'eau d'un ruisseau appelé la rivière du Port-de-Paix, Se d'ordonner qu'elle fût employée à arroser, à certaines heures du jour ; il n'en coûteroit que la construction d'une esttcade, ou d'une vanne, à environ cinquante toises au- dessus de l'église. Ce point est beaucoup plus élevé que la ville, aussi l'eau se rendra aisément de là à toutes bs extrémités. Ce ruis- seau devient dans le temps des pluies un torrent dangereux. Pour mettre les Habitans à l'abri de ses ravages, il faudrait re- dresser , élargir ou désobstruer son lit jusqu'à son embouchure à la mer ; il y a au plus 200 toises de longueur. Puisque l'administration bienfaisante qui nous régit a bien voulu embellir cette ville qui devient d'une certaine importance par sa population, elle s'intéressera sûrement aussi à la santé de ses Habitans. On sait que presque tous les ans le Port-de-Paix est désolé par des épidémies occasionnées par des miasmes putri- des qui passent dans le sang avec l'air -qui les charrie ; cet air s'imprègne des principes de la putridité, en passant 'par-dessus des lagons qui sont au vent 6k sous le vent de la ville. Pour rendre cet endroit sain, il ne faut que faire couler les eaux croupies de ces marais, ou y en introduire une qui se renou- velle souvent. Ces lagons ne peuvent avoir, relativement à la mer haute, qu'une des trois positions suivantes : ou de niveau, ou plus haut, ou plus bas ; en construisant un petit canal pour chacun d'eux, ceux qui se trouvent plus haut ou de niveau avec la mer haute se vuideront nécessairement à chaque maree basse, au moyen d'une petite écluse, 6k ceux qui sont au dessous de ce. niveau se rempliront à chaque marée montante d'une eau agitée 6k renouvelée deux fois en 24 heures. Ce travail con- serverait à la Colonie 6k à l'État une quantité de sujets, 148 6k serait d'autant moins coûteux que le Gouvernement peut ordonner que les propriétaires de ces terres lagoneuses les mettent en valeur, sous peine d'être déchus de leurs concessions, qui dans ce cas seroient accordées à d'autres , à charge dégoûter les marais dans l'année , ou à la ville même qui seroit chargée de ce dessèchement 6k affermerait ce défriché ; enfin une Admi- nistration sage 6k juste trouvera plus d'un moyen facile d'opérer un si grand bien. L'église 6k le presbytère sont bâtis en maçonnerie, 6k sont aussi propres que solides. La ville du Port-de-Paix, est distante de quatre lieues du bourg de Saint-Louis du Nord, elle est à onze lieues de celui du Gros-Morne, à douze lieues de celui dé Jean-Rabel, à 19 du Môle, 6k à 14 des Eaux Thermales de Boy nés, ou du Port-à-Piment. DIVIS ION DU QUARTIER. / Le quartier du Port-de-Paix se divise en plusieurs cantons, dont les principaux sont la plaine du Port-de-Paix, la mon- tagne , René-de-bras, la Plate, le fond-Ramier, b bas 6k le haut Moustique. Le premier de ces cantons est traversé par une rivière, ap- pelée les Trois Rivières; sa largeur moyenne est de 200 pieds sur une hauteur d'eau qui varie beaucoup selon les saisons, mais qui est rarement au-dessous de 18 pouces, 6k quelquefois de 10 à 12 pieds, avec une vitesse relative à la hauteur de l'eau 6k à la pente considérable qu'a vers la mer tout le terrain qu'elle parcourt. Cette rivière prend sa source dans les hau- teurs de Plaisance , vers la frontière Espagnole, traverse le quar- 149 tier de Plaisance, les cantons du Pilate 6k du Boucan-Richard, le quartier du Gros-Morne 6k celui du Port-de-Paix, où elle a son embouchure à la mer ; à une demie-lieue de la ville, elle reçoit les eaux de plusieurs petites rivières ov gros ruisseaux, tels que la rivière de Plaisance, du Margot, du Piment, Man- celle, du Moulin, la rivière Blanche, celle de l'Acul-du-pendu, la rivière Froide , 6k un grand nombre de petits ruisseaux 6k de ravines. Les trois rivières sont sujettes à de fréquens débor- demens ; celui du 2 Septembre 1772 a été un des plus consb dérables 6k des plus funestes dont on ait connoissance ; il en- traîna une multitude d'indigoteries avec leurs moulins , beaucoup d'esclaves 6k de bestiaux, 6k ravagea la sucrerie de la Dame Auber. Il n'y a que trois sucreries dont les cannes soient arrosées, 6k les moulins mus par les eaux de cette rivière. Le canal de la sucrerie des héritiers Souverbie, qui a trois quarts de lieue de longueur , mais qui est trop étroit, parce qu'il a été fait pour une indigoterie, a une prise d'eau des plus solides : M. l'Abbé Raynal cite ce canal comme un exemple d'industrie 6k de cou- rage. Il y a trois autres sucreries dans la petite plaine qui est au pied des mornes ; deux ont chacune leur moulin à eau mû par celle d'un ruisseau appelé la rivière de la Caye-à-Vinaigre. La troisième va en avoir un qui le sera par le ruisseau appelé la rivière du Port-de-Paix. De ces six sucreries trois roulent en blanc, bs trois autres fabriqueront bbntôt de même. Les trois premières produisent sept cent milliers de sucre blanc , 6k bs trois autres environ neuf cent milliers de sucre brut; les cannes du bord de la mer sont sujettes à être piquées par des insectes, 6k à être toutes vermoulues ; elles ne se dépouillent presque point de leurs feuilles, donnent un vesou qui passe promptement à 150 la fermentation, ce qui rend ce sucre un peu difficile à fabri- quer ; cependant les Rafineurs instruits en peuvent tirer un asseî bon parti. Il y avoit autrefois dans ce quartier un plus grand nombre de sucreries, mais la difficulté ou l'impossibilité de l'exportation en temps dé guerre, a découragé les Habitans, qui ont abandonné la culture des cannes pour reprendre celle de l'indigo. On pourroit établir une vingtaine de sucreries le long des trois rivières , en remontant jusqu'au Gros-Morne, Si presque toutes avec moulin à eau ; alors il sortirait des richesses immenses de ces terres abandonnées par les indigotiers. La montagne du Port-de-Paix dont le penchant regarde le Nord, est toute établie 6k cultivée en café : on y voit des établissemens considérables 6k des bâtimens aussi propres que commodes, on y compte trente cafeyères dépendantes de la pa- roisse du Port-de-Paix , 6k qui produisent au moins deux millions de livres de café par an ; le sol est en général une argile rouge, sous une superficie qui, comme par tout ailleurs, est un terreau noir, formé par la décomposition spontanée des plantes qui y ont végété auparavant. Cette montagne est presque toute couverte de bancs considérables de pierre calcaire fort dure, parcequ'elle a essuyé l'action de l'air ; elle est connue dans le pays sous le nom de roche à ravets ; ces pierres sont toutes parsemées de trous occasionnés par la décomposition successive des pyrites martiales qu'elles contenoient abondamment; la cou- che de la terre végétale 6k argilleuse est. en beaucoup d'endroits, d'une très-médiocre profondeur, ce qui est cause que les cafés n'y sont pas de longue durée, cependant ces arbrisseaux y végettent très-vigoureusement, à cause des pluies fréquentes qui arrosent ces mornes. Le canton de la Plate,qui est au revers 6k au Sud de la Montagne du Port-de-Paix 6k au Sud-Ouest de celle du petit Saint-Louis , est un terrain en mornes , entrecoupé de ravines ; les pluies y tombent fréquemment, ce qui rend le canton plus propre à la culture du café qu'à celb de l'indigo : cette première plante y avoit d'abord été cultivée avec succès avant 1770, mais le discrédit dans lequel tomba cette denrée en 1773 6k 1774, la fit abandonner pour reprendre l'indigo,qui y réussit aussi assez bien 6k s'y fait de bonne qualité. Le sol y est meil- leur qu'à la montagne; bs pluies n'y sont pas si fréquentes6k la chaleur y est plus considérable; cependant les productions naturelles y sont bs mêmes ; toutes les eaux de ce canton se rendent dans une ravine principale, appelée la ravine de la Plate ; c'est dans le temps des orages 6k des Nords un torrent dangereux 6k qui entraîne tout. Son embouchure est dans les trois rivières, sur l'habitation de Grane; les Habitans de la Plate ne se sont pas encore procuré un sentier pour se rendre au grand chemin, ils suivent le lit de la ravine dont il vient d'être parlé. René de Bras est une plaine hérissée de monticules 6k hachée de quantité de ravines, à sec pendant presque toute l'année, 6k qui entraînent tout quand elles débordent, par les pluies des forts orages ; son sol est marneux, profond 6k très-fertile, & quoiqu'il soit privé des pluies de Nord 6k qu'il souffre quelque- fois beaucoup de sec, il est cependant un de ceux qui fournit le plus d'indigo Se de belle qualité ; il s'y est fait des fortunes considérabbs 6k la population y est assez nombreuse; il n'y a point de terre dans la dépendance du Nord aussi propre que celle-ci à la culture du coton, 6k cependant les Habitans aiment mieux laisser couvrir de cam pêche 6k d'acacias les terres usé<-s par l'indigo, que d'y planter du coton, pareeque personne M* ne veut se donner pour modèle en culture, 6k que l'on ne fait que ce que l'on voit faire. Ce canton offre aussi de superbes terres en plaine, 6k arrosabbs par les trois rivières, suscepti- bles de former les plus belles sucreries, toutes avec moulin à eau; mais les Habitans sont habitués à la culture facile 6k peu coûteuse de l'indigo, 6k il faut du courage 6k de l'industrie pour établir d-s sucreries. Cependant ce canton a l'avantage d'être traversé par le chemin royal du Port-de-Paix aux Gonaïvei, 6k n'est éloigné du Port-de-Paix que de 3 à 6 lieues. Le Fond-Ramier est b plus petit des cantons de ce quartier, 6k il est situé entre le Port-de-Paix 6k b bas Moustique. Il est très-fertile en indigo , qui, quoique de fort bonne qualité, est le plus pesant qui se fabrique dans cette paroisse, 6k peut-être dans toute la Colonie, pareeque bs eaux clans lesquelles on fait ma- cérer l'anil sont toutes extrêmement saumâtres. Ce canton ne possède aucune source d'eau douce 6k potable; ses Habitans sont obligés d'en envoyer chercher à une grande lieue de distance ( aux trois rivières ) pour leur consommation 6k pour celle de leurs Nègres. S'ils avoient l'industrie de construire de bon- nes citernes, ils auroient à leur disposition 6k en abondance une eau plus saine. La mer termine le Fond-Ramier au Nord, où elle formoit, il n'y a pas bien long-temps, une très-grande baie, que les terres d'alluvion ont presque toute comblée ; il s'y forme des petits iskts de distance en distance , tout couverts de mangles, & qui sont inondés à chaque mer haute ; on pour- rait y former b plus grand parc d'huîtres de toute la côte, mais on n'y a pas encore pensé. Sur un des côtés de cette baie il y avoit aussi, il y'a peu d'années, une saline abon- dante^ quis'.st dégradée faute d'entretien ; il est étonnant qu'on n'en profite pas, car son produit, joint à celui des salines de la baie de Moustique 6k du Port-à-1'Écu , suffirait à l'approvi- sionnement de la partie du Nord, 6k on en pourrait fournir l'étranger. Le bas Moustique, quoique borné au Nord par la mer, en est cependant séparé par une chaîne de montagnes assez haut :s, qui est évidemment un ancien rescif qui gissoit comme la côte à peu près Est 6k Ouest, 6k en étoit éloigné de deux à qua- tre lieues, selon les sinuosités de l'ancienne côte. Une coupure faite dans cette montagne par la petite rivière du Moustique, y forme une belle baie, profonde, d'un bon mouillage, à l'abri des vents, excepté de criui de Nord-Ouest, 6k susceptible d'une excellente défense ; depuis peu on y a constiuit une batterie pour la mettre à couvert des incursions des Corsaires qui y ont fait plusieurs descentes penda.rt la dernière guerre. Cette baie est si- tuée entre le Môb Saint-Nicolas 6k le Cap-François, 6k préci- sément à l'entrée occidentale du canal de la Tortue ; elle offre à tous les bâtimens une retraite sûre contre tous les mauvais temps 6k contre bs insultes de l'ennemi ; les Habitans du can- ton vont y bâtir une bourgade, où skmbarqueront toutes les den- rées des haut 6k bas Moustique. La Plaine comprise entre la saline du Fond-Ramier 6k la ri- vière du Moustique est mamelonnée par une infinité de monti- cules, composés uniquement de pierres roulées ou gai ts, ce qui prouve que leur formation est due à des remouts du courant de la mer, dans le tmrps quelle couvrait cette plaine 6k toute celle de Jean-Rabel. La rivière du Moustique, qui ne tarit que dans les grandes sécheresses de Mars 6k Avril, est suj.tte à de fréqueus débordemens momentanés ; elle a été une de celles qui ont pris le plus d'eau du fameux ouragan du deux Septembre 1772. Ce débordement, qui déracina 6k emporta tous les arbres Ï »• •« (y* »• <3 \ *V- ££ > M 178 N°. X I I. MÉMOIRE Sur une Mine de Cuivre découverte dans le haut Mouflique, quartier du Port-de Paix, en Juillet iy85. Par M. Gau- che, Habitant de ce quartier, & Asso- cié du Cercle. T SlJ I s l e de Sa.nt-Domingue contient beaucoup de sortes de mines. On en a parlé vaguement sur des apperçus, mais on en a peu ou point soumis à l'essai. Les premiers colons fran- çois n'avoient pas assez de lumières : ceux qui y sont venus depuis, quoique plus éclairés pour la plupart, ne se sont occu- pés que d'objets capables d'avancer rapidement la fortune qu'ils sont venus y chercher. Les colons à qui le hasard découvre des mines sur leurs terres, gardent un profond silence, persua- dés que le Gouvernement s'en emparerait, si elles parvenoient à sa connoissance. Le nombre des personnes instruites des principes de la minéralogie est si petit jusqu'à présent, qu'on n'a que des notions très-imparfaites, non seulement des espèces de mines, mais même des minéraux de cette colonie. Le Cer- cle des Philadelphes , qui se propose de cultiver toutes les branches de l'histoire naturelle, aura tout à faire dans-celui-ci. 179 Il offrira au Gouvernement le tableau 6k le répertoire de ses richesses en cette colonie, 6k il pourra en faire usage au be- soin. Je donnerai l'histoire de la première mine de ce quartier que j'ai eu l'occasion d'examiner, 6k si mon travail est jugé utile, je m'occuperai, dans la suite, de l'essai 6k de la descrip- tion des autres mines que je pourrai visiter, ou dont on vou- dra bien me procurer des échantillons. Mais avant de commencer ce travail, je remplis , avec un plaisir inexprimable, un devoir des plus sacrés, en payant un tribut de reconnoissance à mon maître dans la science de la minéralogie. C'est aux ouvrages de l'illustre M. Sage, de l'Aca- démie Royale des Sciences de Paris, que je dois les connois- sances de cette doctrine nouvelle pour nous. Je suivrai ses principes à la lettre, j'emploierai ses dénominations 6k ses dé- finitions , 6k je serai sûr par-là d'être entendu de tous les ama- teurs de cette science. A l'entrée du canton du haut Moustique , au Nord-Ouest dans la chaîne de montagnes, qui, comme je l'ai dit dans ma description du quartier du Port-de-Paix, formoit ancienne- ment la côte, à trois lieues 6k demie du bord de la mer, se trouve la mine de cuivre dont je donne la description. Le terrein où elle se voit dès la surface de la terre, appartient aux mineurs enfans d'un Mulâtre nommé Boucaud Hardi. Cette mine est la huitième espèce de celles de cuivre dési- gnées dans les élémens de Minéralogie docimatique de M. Sage, sous le nom de mine de cuivre asrurée , transparente, crifiaux d'azur , de cuivre, ou fleurs de cuivre bleues. C'est un sel neutre minéral, formé par la combinaison na- turelle de l'alkali volatil 6k du cuivre. Ses cristaux sont des iSo grains polièdres transparens, du plus beau bleu d'azur, lorsque le minéralisateur ( l'alkali volatil ) n'est pas décomposé ; mais cette belle couleur s'altère 6k devient verte, lorsque la décom- position de l'alkali volatil s'est opérée; alors la matière grasse de cet alkali se porte sur le cuivre, 6k il se forme de la ma- lachite , qui se trouve en petits mamelons dans les cavités ai ce minerai. Sa gangue est du spath calcaire transparent, OU cristal d'Irlande. Outre bs cristaux de cuivre azurés, cette mine contient une substance brillante, lamelbuse, violette, par- semée de particules grises, qui est de la mine de cuivre vitreuse hépatique violette ; c'est la cinquième espèce de M. Sage. En suivant scrupuleusement les principes de ce célèbre chimiste, j'ai exposé un quintal fictif, cent grains de cette mine au feu : il s'est dabord fait une décrépitation occasionnée par le spath; l'alkali volatil est devenu libre, s'est dissipé, 6k le cuivre est resté sous forme de chaux noirâtre. La petite partie du mé- lange de mine de cuivre vitreuse violette après cette torréfac- tion , est devenue noire ; on parvient facilement à réduire cette chaux métallique ; il ne s'agit simplement que de la mettre dans un creuset brasqué, 6k la couvrir de poudre de charbon, 6k en-lui donnant un feu vif pendant quinze à seize minutes, on obtient un culot ou régule de cuivre rouge, de la même couleur 6k de la même qualité que le cuivre de rosette. Le défaut d'appareils 6c de balance d'essai ne m'a pas permis de faire un essai rigoureusement exact de cette mine; mais nous savons, par les opérations docimatiques de M. Sage , que toutes bs mines de cette espèce qu'il a soumises à l'essai, ren- dent de 70 à 72 par quintal de mine, 6k que c'est la plus riche en cuivre après celle de Malachite, qui rend 75 livres. J'„a aussi procédé, par la voie humide, à l'analyse de cette i8i mine : après en avoir réduit cent grains en poudre, je bs ai mis en digestion dans de l'alkali volatil fluor; ce menstrue a dissous b cuivre, il a pris la couleur azurée la plus vive, 6k le spath calcaire a resté au fond du vase, avec les subs- tances mêlées dans la mine de cuivre vitreuse violette : bs matières étrangères au cuivre ayant été ext.aites 6k desséchées, elles ont pesé le tiers de la quantité réduite en poudre, mais il m'a paru que la dissolution totale de la partie cuivreuse n'étoit pas faite. J'ai mis en digestion la même quantité de poudre de la mine dans de l'huile de vitriol étendue de huit parties d'eau; l'acide vitriolique a bien dissous le cuivre, mais la dissolution, au lieu d'être bleue, n'avoit qu'une nuance de vert clair qui passe au bleu, ce qui prouve que l'huile de vitriol dont je me suis servi n'est pas pure , 6k qu'elle est mélangée d'acide marin. Il s'est formé deux sortes de précipités au fond du vase; le premier étoit une poudre d'un vert gai, produit de l'acide marin, 6k celui de dessous étoit une poudre rougeâtre, ou plutôt violette. La digestion de la même mine dans de l'esprit de sel lui a donné une teinte d'un vert si foncé, qu'il apprechoit du brun : mais étendue de six parties d'eau, la dissolution est revenue à un vert gai : il n'y a eu qu'un précipité noirâtre. Voulant m'assurer si les lames grisâtres 6k brillantes qu'on apperçoit dans cette mine, n'étoient pas du fer, j'ai versé un peu de dissolution par l'huile de vitriol, dans un verre, je l'ai étendue d'eau, 6k j'y ai mis de la poudre de noix de galles, qui n'a pas produit d'encre, ni de changement dans la couleur. J'ai aufîi introduit une lame de fer polie dans la digestion par l'acide vitriolique, 6k en moins d'une minute la surface a été couverte de cuivre. lg2 Je m'attends que la plupart des colons vont dire : » A quoi »> bon s'occuper de la recherche des mines ? la culture des terres » n'est-elle pas pour nous 6k pour la métropole beaucoup plus n avantageuse que l'exploitation des mines ? » Oui, sans doute : aussi ce n'est que comme naturaliste que j'en parle ; je pourrais cependant justifier l'exposition de ce genre de richesses naturelles, par bs réflexions suivantes. i°. L'exploitation d'une mine n'empêche pas la culture de la terre où elle se trouve, mais seulement d'une très-petite partie à la fois. Celle dont il est question est une terre usée par la culture de l'indigo, qui y a été très-abondant 6k du plus beau. 2°. On pourrait occuper à cette exploitation des hommes qui ne peuvent être occupés à la culture , tels que ceux qui sont condamnés aux galères. 3°. En réfléchissant au tribut que la France paie à la Suède, pour le cuivre qu'elle en tire, sur-tout aujourd'hui que le Gou- vernement s'est décidé à doubler de ce métal presque tous les vaisseaux 6k frégates, un bon citoyen croit rendre service à sa patrie, en lui découvrant un moyen de plus de conserver son numéraire. On ne manquera pas encore d'objecter que l'exploitation de mines quelconques seroit, sinon impossible, du moins très-dis- pendieuse en cette Colonie , à cause du défaut de charbon. A cela on répond que le bois est encore très-commun aux environs de la mine dont il est-question ; mais ce qui est mieux, c'est que j'espère découvrir sous peu dans son voisinage une mine de charbon de terre. On sait qu'en faisant subir à la houille une espèce de torréfaction pour la priver de son huile bitumineuse 6k de son foie de soufre volatil, elle peut alors être employée avec succès dans l'exploitation de plusieurs sortes i83 de mines, 6k suppléer au charbon végétal : la chaleur de ce- dernier est même moins vive 6k moins active que celb du charbon de terre qui a subi la torréfaction dont on vient de parler ; on seroit cependant obligé de se servir du charbon de bois en poudre pour brasquer les creusets de fonte, mais la consommation n'en seroit pas considérable. En temps de guerre on peut être réduit dans la Colonie à désirer ce métal, 6k je crois remplir un de mes devoirs, en indiquant l'endroit où il peut se trouver : le même motif m'en- gagera à faire la recherche d'autres mines, 6k à en donner la description, afin de prouver au Gouvernement que le Cercle des Philadelphes peut, autant qu'une autre Société, prendre cette devise : Non nobis, sed rei public je nati sumus. {*} 184 N°. X ï I L VOYAGÉ MINÉ RALOGI QUE, Fait k Terre-Neuve, par le R. P. ri hirnotliée, Curé du Port -de- Paix, & M. Gauche, le jo Janvier ij8€. i *\ ou s partîmes du Port-de-Paix le 30 Janvier , dans l'inten- tion d'aller visiter les mines du canton de Terre-Neuve, situées dans b quartier du Port-à-Piment, 6k dont on faisoit des rap- ports singuliers, 6k capables d'exciter la curiosité des minéra- logistes. Pour nous' y rendre, nous traversâmes la chaîne de montagnes qui sépare le Port-à-Piment du canton du Moustique, afin d'examiner la nature des pierres dont ces montagnes sont composées, 6k d'observer les divers minéraux qui s'y rencontrent. En montant le long de la ravine, dite du Bœuf, nous obser- vâmes que la base de ces mornes est d'une pierre calcaire feuil- letée , d'un grain fin 6k serré, 6k qui paroît être provei.ue d'une marne pétrifiée ; à peu près au tiers de la gorge, sur l'habita- tion du Sieur Renaud, nous observâmes que les mornes , dans la direction du Nord , sont composés d'un grain grofuer, sa- blonneux, ÔC dans lequel on apperçoit des indices de mine de *85 cuivre, mais pauvre, au moins à la superficie. Les pyrites mar- tiales y sont plus abondantes, 6k le sol qui en est rempli est d'une végétation beaucoup plus vigoureuse crue celui qui est cui- vreux. En montant jusqu'au haut de la montagne, nous ne vîmes que des blocs considérables de pierre calcaire ; le sol y est en général ou calcaire, ou marneux, quoique la superficie soit une terre rouge, 6k ressemble à de l'ocre martial. Cette couleur nous a paru être due à la décomposition spontanée des feuilles 6k des bois qui couvrent ce terrein. Celui-ci a été souvent incendié par divers accidens, ce qui a donné une couleur rouge à cette argile ferrugineuse. Au sommet de la montagne, qui est élevé d'environ 1500 pieds au-dessus du niveau de la mer, est une fort belle plateforme, qui offre aux curieux le plus bel observa- toire naturel. C'est le point de vue lé plus étendu 6k le plus varié qui se puisse voir dans les colonies. Nous ne pûmes, à cause de la brume, observer ce vaste horizon, le soir de notre arrivée; mais nous profitâmes avec avidité du lever du soleil b lendemain. D'une plateforme particulière qui domine sur la grange, on voit, pendant un temps serein , vers l'Ouest, l'isle de Cube, dans le Sud, l'isle de la Gonave, l'entrée delà baie de S. Marc, tout ce qui sort du canal de la Gonave , faisant route pour b Nord, la bande de l'Ouest, 6c sur-tout la bande du Sud de S. Domingue jusqu'au trou d'enfer , 6k même devant le cap Dame-Marie. On voit, d'une autre petite plateforme peu éloi- gnée de la première, tout ce qui se présente pour entrer dans la baie du Môh Saint-Nicolas. Dans le Nord, on suit les vais- seaux 6k les convois vers les débouquemens ; la vue se perd dans l'Océan. En la ramenant vers notre Isle, on découvre depuis la pointe du Môle jusqu'au canal de la Tortue, 6k en parcourant l'horizon vers l'Est, on apperçoit non-seulement les i86 bâtimens qui se présentent devant le Cap ; mais la vue s'étend jusqu'à la Grange 6k devant Monte-Christ. Sur un des côtés du sommet de cette montagne, nous examinâmes une cavité en forme de cône renversé, 6k qui avoit été soupçonnée être le cratère d'un ancien volcan; nous n'apperçûmes aucune pierre ni aucune substance volcanisée, 6k nous vîmes clairement que Cette excavation étoit l'effet des eaux pluviales qui se rassemblent en ce lieu fait en cul de lampe, 6k filtrent à travers les lits de rochers de pierre calcaire qui composent cette montagne. Ce qui prouve qu'il y a des couloirs assez ouverts, c'est que l'on nous a assurés qu'il y avoit, après certains orages, trente à trente-cinq pieds d'eau, qui disparoissoient totalement cinq ou six heures après. Toute cette crête de montagne est couverte d'une forêt de pins, parmi lesquels il y en a de beaux, 6c qui pourraient servir à la moyenne 6k à la petite mâture. Sur le côté qui regarde le Nord, 6k par lequel nous montâmes, nous vîmes une prodigieuse quantité d'une espèce de lobélia non encore ob- servée à Saint-Domingue. Nous devons encore remarquer que la température de l'air de l'habitation Desbordes est si différente de celui qu'on respire un instant avant d'y arriver, qu'il est très- prudent de se bien couvrir. Nous descendîmes cette montagne, qui est coupée à pic du côté du port-à-Piment, nous vîmes dans cette face que la pierre calcaire est la plus abondante. Il y a à mi-côtière quelques ro- chers de grez ferrugineux, 6k une terre pyriteuse. Au pied du morne, en arrivant dans la plaine, nous observâmes une mine de cuivre grise ; elle est d'un gris p"u foncé, assez brillante dans sa fracture 6k peu fragile; elle contient du cuivre, du fer, du soufre, de l'arsenic, 6k très-peu d'argent. Cette mine est située à côté du parc de la hatte du Sbur Chauvelin. i87 Nous arrivâmes aux eaux de Boynes à dix heures du matin : à dix heures un quart nous plongeâmes le thermomètre de Réaumur dans les différentes sources, ÔC le mercure monta pré- cipitamment , comme M. Gauche le dit dans son Analyse de ces Eaux minérales. Nous partîmes après midi pour nous rendre à Terre-Neuve. Après avoir parcouru dans le Sud-Est une heue ÔC demie de la plaine du Port-à-Piment, nous arrivâmes dans la gorge formée par bs deux principales chaînes de montagnes de Terre-Neuve. C'est une ravine large de cinquante à cent ou cent-cinquante pieds, coupée par les eaux dans le roc vif, sur une profondeur de trois à quatre cent pieds ; il y a sur un des côtés un superbe chemin de voiture fait sous la direction du feu Sieur Brabant, Commandant des Milices de ce quartier. Nous parcourûmes quatre lieues ÔC demie dans cette ravine, sans ob- server autre chose que de la pierre calcaire, dont toute cette partie absolument stérile est composée. A cinq lieues des Eaux de Boynes, nous trouvâmes un établissement en indigo dans la même gorge, qui en cet endroit s'élargit selon diverses sinuo- sités , 6k a environ un demi - quart de lieue de large. Cette petite plaine a été formée par les alluvions, 6k nous obser- vâmes dans son sol, qui est tout de rapport, un mélange de toutes sortes de pierres roulées ; le grez, les pierres fer- rugineuses, le mica, nous annonçoient que nous allions cesser de rencontrer par-tout des pierres calcaires. A une petite lieue plus haut, nous trouvâmes encore une indigoterie, qui, ainsi que la première, appartient à la succession Brabant : le gérant nous y donna l'hospitalité , 6k nous informa pendant la soirée, des particularités qu'il avoit apprises sur les mines des environs ; nous vîmes, par la correspondance qu'il nous montra d'un charlatan à baguette divinatoire, un autre Jean-Jacques Aimar, i88 qu'il y avoit des H.ibitans voisins persuadés non-seulement qu'ils possédoient des mines d'or, mais même de l'or monnoyé & caché dans la terre, de vrais trésors que bs Espagnols avoient enfouis lorsqu'ils furent chassés de ces parages, sur la fin dto siècle dernier, par bs flibustiers de la Tortue ; cela nous fut confirmé les jours suivans parles entretiens que nous eûmes avec quelques habitans qui veillent ces trésors, 6k qui nous débitèrent des contes si absurdes, qu'il seroit indécent de bs rapporter. Tout le fonds de l'indigoterie Brabant est composé de terres 6k de pierres d'alluvion. Nous observâmes tout près de la mai- son , Se à-peu-près au milieu de la gorge, un petit tertre , tout composé de pierres aufii parfaitement arrondies que si elles eussent été tournées ; elles varient singulièrement en gros- seur; les deux termes extrêmes peuvent se comparer à la ballt de pistolet 6k au boulet de 24 livres. La matière de ces corps sphériques est une mine de fer dans une gangue partie quartzeuse, partie argilleuse (1) : tontes les costières voisines montrent des mines de fer de différentes espèces. Nous nous rendîmes sur une troisième indigoterie, qui ap- partient encore à la succefîion Brabant, 6k située à une demi- lieue au-dessus de celle où nous avions couché. Nous visitâmes l'endroit où l'on nous avoit assurés qu'étoit située anciennement la fonderie des mines d'or des Espagnols. On ajouta qu'un par- ticulier avoit retiré de là, il y avoit peu d'années, plusieurs quintaux de mercure crud, renfermé dans des vases de grez, des enclumes, 6kc. Cela paroît d'autant moins vraisemblable, (1) Ce sent des géodes mamelon^;, faisant feu avec le briquet, n'étant fa* attaquables par les acides. i8o que cet endroit est au milieu de la gorge sujette à de grandes inondations dans b temps des plubs, 6k précisément dans le lieu où la montagne se bifurque, 6k forme deux gorges plus évasées que la première, mais bien plus rapides; la fouille que l'on a faite dans l'endroit de ce prétendu ancien établissement, a environ dix-huit pieds de profondeur, sur 12 à 14 de dia- mètre, 6k sert de four à chaux. Toute cette profondeur est de roches rouillées 6k de terres d'alluvion , 6k ne laisse appercevoir aucun indice de bâtimens ; d'ailleurs le site du lieu détruit cette présomption. On nous indiqua ensuite l'endroit où l'homme à baguette avoit trouvé une mine d'cr. C'est une fouille de sept à huit pieds de profondeur, sur l'écore droit de la petite rivière. Le gérant de l'habitation Brabant fit fouiller ce qui se présentoit d'un filon que nous lui montrâmes, 6k b peu qu'on en put ex- traire ne nous donna qu; quelques parcelles fort rares de l'espèce de mica, appelé or de chat, ou sable doré. Le premier 6k le 2 Février, nous parcourûmes l'habitation du Sieur Lamarque. Ce terrein, qui est au commencement de la gorge gauche en montant, est, ainsi que bs concefïîons voisines situées dans la même gorge, toute mine de cuivre 6k de fer dès la superficie du sol ; on y distingue presque toutes les es- pèces de ces mines ; il y a des mamelons de rochers où les mines de cuivre paraissent très-riches ; 6k nous n'eussions pas manqué d'en rapporter des échantillons, si nous eussions été pourvus de quelques outils 6k manœuvres; le défaut de se- cours nous a privés de cette satisfaction. Nous pouvons assu- rer que ce vallon nous a paru un des plus riches de la terre en mine de cuivre Se de fer. sur plusieurs lieues d'étendue, car sur la cafeyère du Sieur de Mirail, qui est à une grande lieue plus i haut, en tirant du côté des Gonaïves, la mine paroît encore Î E t T E efpèce de mine fe trouve fur l'habitation de M. Mar- Le CAL- cadé, fituée fur le bord de la mer dans la baie, 6k à l'Ouest du Fort-Danphin. Cette pierre a les caractères que préfentent les pierres argibufes. Propriétés Elle est couverted'une efpèce de rouille brunâtre. On remarque exteilv-ures' dans fes fractures une couleur verte très-claire. Quelques-unes font parfemées de taches blanchâtres ÔC de parties quartzeufes, d'autres biffent appercevoir des traces de pyrites : la partie fupérieure est couverte d'un toit quartzeux, fur lequel on remarque des taches de rouille ferrugineufes. Ce toît donne beaucoup d'étincelles avec le briquet. La pierre cuivreufe en donne auffi quelques-unes , à caufe des parties quartzeufes qu'elle contient. Nous n'avons fait ouvrir qu'un feul trou, Se à deux pieds de profondeur nous avons rencontré les pierres cuivreufes. Nous n'avons pu nous affurer par nous-mêmes de la direction , exten- fion 6k profondeur du lit, parceque cela exigeoit un travail long 200 6k pénible ; mais d'après les informations que nous avons prifes du propriétaire, le lit paroît fort étendu. Pefanteur fpécifique de la pierre argi- leufe-cuivreufe. A l'air libre....................1152 grains. Dans l'eau distillée.................926 .... Donc la pierre pesée à i'air libre est à celle pesée dans l'eau distillée comme 576.......à........473. Nous observons que n'ayant pas de balance hydrostatique, nous avons pris le moyen qui pouvoit en approcher le plus, en plongeant un côté de la balance ordinaire dans un vase rempli d'eau distillée, 6k rétablissant l'équilibre. Séparation des principes par [eau. Si l'on triture une quantité donnée de la pierre argileuse dans l'eau, ÔC qu'on sépare les produits à raison de leur pesanteur spécifique, on obtiendra : i°. Des fragmens de quartz; 2°. Un sable fin, mêlé de chaux de cuivre ; 30. Une argile liante ÔC de couleur brune claire. m Action du feu.' Nous avons exposé à l'action du feu de forge 2382 grains à travers les charbons de bois. Le feu a été violent , 6k a duré trente minutes ; le produit a été une masse vitriforme, de couleur rouge-brun : comme le vase qui servoit de creuset 201 a lui-même coulé, il nous a été impossible de peser b résultat. La matière pulvérisée nous a présenté quelques portions de cuivre sous forme métallique, ÔC l'aimant a attiré quelques par- ticules de fer, mais en si petite quantité qu'il nous a été impossibLi de bs rassembler. Réduction de la fubfance métallique. Nous avons fait le mélange suivant, 6c exposé à faction du feu de forge entretenu avec b charbon de bois : Pierre cuivreuse..................200 grains. Borax pulvérisé Se calciné............100 Charbon pulvérisé................100 Le produit a été : i°. Une substance yitriforme , de couleur verte ; 2°. Des globules de cuivre rouge, qui, rassemblés, ont pesé 25 grains. Cette opération a été répétée plusieurs fois. Il résulte que cette pierre argileuse contient 12 1b. 1/2 par quintal, le grain simulant une demi-livre. C'étoit peu d'avoir démontré la quantité de cuivre contenu dans cette pierre, il falloit nous assurer des autres substances qui y étoient jointes, ce que nous avons fait au moyen de l'analyse menstruelle. Nous ne rendons compte ici que des expériences qui nous ont donné des résultats certains, 6k qui mèneront à la connoissance des principes constituans. Analyfe par [acide nitreux. 11 est bon d'observer qu'avant ce faire aucune opération sur • <£v . «3 :o. *1 202 cette pierre argileuse, nous avons pris différens échantillons ; nous les avons pulvérisés 6k mêlés ensemble, pour que les résultats fussent moins dans b cas de nous tromper. L'acide nitreux dont nous nous sommes servi étoit à l'eau distillée dans les proportions de 101 à 82. Nous avons pris de la pierre argileuse 144 grains. Nous avons versé dessus une once de notre acide nitreux, il y a eu effervescence , Se la liqueur a pris promptement une couleur verd- bleuâtre: le mélange à resté en digestion pendant 48 heures, 6k à la seule chaleur deJ l'atmosphère. Au bout de ce temps , nous avons décanté la liqueur, 6k nous avons versé sur le résidu une nouvelle quantité d'acide égale à la première : il n'y a point eu d'effervescence , l'acide s'est chargé de couleur comme dans la première opération ; mais après quarante-huit heures de digestion, nous avons observé que le résidu étoit totalement décoloré : nous avons réuni les deux dissolutions, lavé le résidu avec de l'eau distillée ; ÔC séché au feu de sable, il s'est trouvé peser 75 grains. Il étoit blanchâtre. La dissolution évaporée à consistance convenable nous a donné des cristaux bleus , qui attiraient puissamment l'humidité de l'air , 6k en tout conformes à ceux résultans de la combinaison du cuivre avec cet acide. Nous avons voulu nous assurer si le résidu ne contenoit pas de parties cuivreuses ni dissolubles, 6k pour y parvenir nous avons versé sur les 75 grains 2 onces de notre acide nitreux, nous avons fait bouillir le mélange , quoique la liqueur surnageante art pris une légère couleur verte, nous n'avons pu, ni à l'aide de l'alkali fluor, ni de l'alkali Prussien , trouver aucun indice de la présence du cuivre. Nous observons que la liqueur étoit fortern^nt acide, 6k n'a pu fournir de cristaux. 203 Le résidu lavé 6k séché comme dans l'opération précédente s'est trouvé peser 66 grains. D'après cette opération, nous avons eu 78 grains qui ont été dissous, dont 69 pour la première dissolution, 6k neuf dans la seconde. Analyfe par [acide vitriolique. Comme cette analyse a été répétée, nous allons rendre compte successivement de nos opérations 6k de leurs résultats. . Première opération. L'acide vitriolique que nous avons employé pesoit 9 onces 5 gros 12 grains, dans une bouteille contenant cinq onces 1 gros d'eau distillée. Nous avons pris 144 grains de la pierre argileuse,nous avons versé dessus une once d'acide vitriolique affoibli par une once d'eau distillée. Il y a eu effervescence ; la liqueur a pris très-promptement une couleur bleue, nous avons abandonné ce mélange à la cha- leur de l'atmosphère pendant 48 heures. Nous avons alors décanté la liqueur 6k versé sur le résidu la même quantité du même acide 6k d'eau distillée. Deux jours après, nous avons trouvé au fond du vase des cristaux de vitriol bleu. Nous les avons dissous dans l'eau distillée, 6k lavé complètement le résidu, qui, séché, pesoit 82 grains ; il étoit blanc. Nous avons rassemblé les deux dissolutions, ÔC nous avons précipité la substance cuivreuse ai moyen du fer, comme ayant plus d'affinité avec l'acide vitriolique que n'en a le cuivre en effervescence. Nous avons traité le pré- 204 cipité avec le sel sédatif 6k le charbon ; quoique nous n'ayions pu obtenir en culot métallique le cuivre revivifié, nous avons rassemblé les globules épars ; nous avons , au moyen de l'aimant, séparé les parties ferrugineuses. Le cuivre ainsi nétoyé pesoit 17 grains forts. Sur le résidu que nous avons dit peser 82 grains, nous avons versédeux onces de notre acide vitriolique, 6k fait bouillir le mélange, l'acide s'est noirci ÔC concentré : le résidu lavé ÔC séché avec les précautions déjà indiquées,a pesé 65 grains. Nous noussommes assurés par l'alkali volatil 6k l'alkali Prussien que la liqueur ne contenoit plus de cuivre en dissolution. Deuxième opération parl'adde vitriolique. Nous nous sommes servi dans cette opération de la même quantité de pierre, ÔC nous avons versé dessus 1152 grains de notre acide vitriolique avec égale quantité d'eau distillée, mais nous avons fait bouillir le mélange. Nous avons obtenu par le refroi- dissement des cristaux de vitriol bleu ; la terre a paru entièrement décolorée ; lavée 6k séchée, elle s'est trouvée peser 74 grains. Ce résidu est assez conforme à celui que nous avons obtenu par la dissolution , au moyen de l'acide nitreux, à un grain près. Sur le résidu, nous avons jeté de nouvel acide vitriolique. Le mélange a subi 1 ebullition, 6k le résidu lavé ÔC séché a pesé 66 grains. Nous avons uni la première ÔC la seconde dissolution avec l'eau distillée qui nous a servi à laver le résidu. Il s'est formé au fond du vase, par le refroidissement, un résidu contenant de la sélénite ÔC 4e la terre epsonneuse. Usurnageoit une liqueur verdâtre. Prenant, le terme moyen des résultats de nos opérations, voici le tableau analytique de la pierre argileuse-cuivreuse. 205 PESANTEUR . . . ----- ■ i. ■ - -*v— 144 Grains. NOMS des Produits. Quantités. O B S E RVAT IONS. La substance métallique se trou- C u 1 v R E "\ vant dans la pierre sous forme de réduit fous for- is^gr.&demi. chaux, il doit y avoir eu une di- me métallique.) minution dans le poids. Parties " non dissoutes. i°. Argile dépouillée de sa partie co- lorante. 20. Fragment de quartz. 30. Gaz mé- phitique. Parties " non métalli- ques dissoutes dans les aci- des. Faute d'instrumens commodes, j o 6 J gr.ôc demi, nous n'avons pu mesurer la quan- tité du gaz méphitique. 1 °. Terre calcaire. 20. Terre epsonneuse. 2°.Unepe- tite portion d'argile. *6i grains, environ , ne posant cette quantité que pour équivaloir à notre masse de 144 grains : car, faute d'instru- mens 6k d'appareil convenables, nous n'avons pu fixer la quantité de chacune de ces matières; ma;s nous sommes assurés de leur exis- J tence. 144 grains. io6 N.° XVII. OBSERVATIONS FAITES par M. Arthaud, Médecin du Roi, au Cap, & Secrétaire perpé- tuel du Cercle des Philad.elp.hes, Jur des incmfations végétales, fur des ofléocoles envoyées au Cercle par M. Millot, Habitant au Bonnet, Affo- cié du Cercle des Philadelphes , fur une incruflation minérale, & fur une caverne obfervée dans la grande colline du Borgne ,partie du Nord, dépendante du Cap. TT , JL E S pétrifications, les ostéocoles, les incrustations, sort des espèces de stalactites, formées par le dépôt des particules pierreuses , dissoutes dans certaines eaux qui roulent sur un terrain calcaire 6k sablonneux. Ces particules se déposent soi» 207 une forme régulière, sur la surface des végétaux 6k dans leurs pores, à mesure que leur substance se décompose. Les stalactites sont en général le moyen par lequel les ca- vernes , les grottes, qui se trouvent dans le sein des monta- gnes se remplissent successivement. Nous avons visité en mil sept cent soixante-dix-sept, une caverne très-étendue, dans la colline du Borgne, sur l'habitation Gazin , au flanc des côtes de fer. Personne n'y avoit encore pénétré, parceque l'entrée en est fort basse, ÔC que l'on croyoit y entendre un murmure que l'on attribuoit à un courant d'eau. Cette caverne est com- posée de sept grottes très-spacieuses 6k fort élevées. On sent, en y entrant, un vent assez considérable : il y a dans la der- nière chambre beaucoup de chauves - souris , 6k on y voit dans le fond des monceaux de roches, qui paraissent y avoir été entassés par l'éboulement de quelques - autres cavernes. Toutes ces grottes sont superbement décorées par des masses de stalactites en nappes, en Pyramides renversées, en entonnoirs coniques, pla- cés dans les voûtes ; nous n'avons pas eu le temps d'exami- ner ce lieu sombre , que l'on peut regarder comme un des arse- naux de la nature, parceque nos flambeaux étoient prêts de s'éteindre. Nous avons trouvé dans la première grotte plusieurs ossemens humains, des fétiches de diverses formes ; plusieurs Priapes de grandeur naturelle , très-bien imités , ôc d'une pierre siliqueuse fort dure ; quelques fragmens de vaisselle Caraïbe, deux entr'autres, qui formoient une petite écuelle assez jolie , ornée de moulures qui ne manquoient pas de goût : ces monu- mens de destruction ne permettent pas de douter que cette première grotte n'ait servi de retraite ou d'habitation à quelques naturels du pays; peut-être est-ce dans ces lieux solitaires 6k sauvages qu'ils vencbr.t terminer leurs malheurs, en fuyant bs 208 ponis.ite-* d. r [espagnols ? U y a plusieurs cavernes dans la co- lonie. tlbs sont toutes l'ouvrage de la nature; elbs se rempli- ront successivement pas l'instillation 6k la concrétion du suc bpid.fique , à moins qu'un ébranlement souterrain n'en produise lafiabscinent, ce qui ne paroît pas impossible, car toutes les masses ci i nous étonnent offrent à peine quelque résistance aux forces de la nature. C'est, sans doute , aux bouleverscmens prodeits par des tremblemens dé terre, que l'on doit attribuer l'affaissement de quelques montagnes , l'inclinaison en sens con- traire des couches qui bs composent, 6k l'apparence ondée que plusieurs piésentent dans leur sein. Suivant M. de Buffon, l'incrustation est le moyen aussi sim- ple que général par lequel la nature conserve, pour ainsi dire, à perpétuité, les empreintes de tous les corps sujets à la des- truction. On peut regarder les incrustations comme faisant par- tie des annales du monde ; elbs servent à indiquer les époques de la nature : c'est par elles que l'on a jugé que les climats les plus froids avoient produit les plantes qui n'appartiennent qu'aux pays chauds, ce qui permet de soupçonner la révolution infi- nie dont nous ne connoissons qu'un instant. M. Millot, Habitant au Bonnet, a remis au Cercle plu- sieurs incrustations curieuses ; i°. un morceau de roseau quia servi de moule à une incrustation d'une ligne d'épaisseur, 6k disposée en rayons perpendiculaires à l'axe de la cristallisaton. Il y a sur cet ostéocole un fragment de la même espèce, l'inté- rieur de ce cylindre pierreux est lisse, on y voit encore des filamens de roseau. 2°. une racine de roseau avec sa chevelure , formant un faisceau de filets encroûtés par un sédiment cristallisé, qui laisse voir des filamens du noyau ; 30. plusieurs morceaux de bois encroûtés en cylindres; 40. plusieurs morceaux de feuille de 209 de cannes à sucre, sur un desquels on voit un joli lychen, dont les traits ne sont point altérés par l'incrustation délicate qui les recouvre; 5.0 plusieurs feuilles qui paraissent être del'apo- cin ; une feuille de pois d'Angole: on en distingue parfaitement bien la forme 6k les nervures. Toutes ces incrustations pré- sentent à l'extérieur des mamelons ÔC des facettes, qui ont une disposition 6k une apparence de cristallisation régulière. Les eaux des fontaines du Cap sont propres à former de pareilles incrustations, principalement celles de la source du morne des Dames. On nous a remis un morceau de stalac- tite , formé par un sédiment calcaire Se sphatique , disposé en plusieurs couches, qui adhéraient à un des canaux de conduite. (1) La décomposition des végétaux produit un air fixe qui, en se combinant avec les principes calcaires 6k siliqueux, qui sont en dissolution dans les eaux aquéo-terreuses , donne lieu a-, x dépôts qui forment les incrustations. On sait qu'elles n'auroient aucun brillant si elles n'étoient composées que par des molé- cules calcaires, ÔC que c'est au mélange des particules spatiques 6k siliqueuses quelles doivent cette apparence. Ce n'est pas sur les débris des animaux 6k des végétaux seuls, dans les canaux, dans les fentes des rochers 6k dans le sein caverneux des montagnes, qu'il se forme des stalactites ÔC des incrustations. L'eau est le moyen de transposition de toutes les substances qui forment en quelque sorte l'encroûtement du globe, car peut-être que ses fondemens, dont nous ne connois- ( 1 ) Nous en avons vu de très-considérables, entre lesquels il y en avoit plufieurs de tubulés, qui avoient été apportés à M. DE Marbois , Intendant de la Colonie, O 210 pas la nature, sont inaltérables ôc n'éprouvent pas autant do mutations. ( i ). Nous avons déposé dans le cabinet du Cercle une incrus- tation calcaire qui s'est formée sur un boulon de fer, qui sert a lier les membrures d'un navire. Cette pièce servoit de noyau à une roche considérable que l'on avoit tirée des rescifs sur les- quels on fait des roches journellement, pour construire dans la ville du Cap ôc aux environs ; nous avons vu depuis une chaî- ne de gouvernail incrustée, couverte de madrépores d'une ma- nière assez curieuse. Ces incrustations démontrent le pouvoir aglutinatif du fer lorsqu'il se déphlogistique dans sa dissolution. M. Edouard Dhing a trouvé une concrétion pierreuse de cette espèce autour d'une pièce de fer qui avoit été long-temps ensevelie dans la mer. ( i ) M. Haller rapporte que Pline nous dit, que l'on défen- doit l'usage des eaux qui laififoient des incrustations aux parois des vaisseaux dans lesquels on les faisoit bouillir. Il dit encore que Vanhelmont, dans son Traité de la pierre, fait mention d'une fontaine pétrifiante qui se trouve près de Bru- xelles, dont les eaux causoient des tranchées aux Moines qui en buvaient, à moins qu'ils n'euffent la précaution de manger tous les jours des semences de carottes sauvages, bouillies dans de la blerre. Il est vrai cependant qu'il y a plufieurs exemples de per- sonnes qui boivent des eaux pétrifiantes sans en ressentir aucun mauvais effet, & sans être attaqués de la pierre ; mais nous ne pouvons pas conclure de là avec raison quelles ne produisent sou- vent de pernicieux effets. ( Expériences sur les pierres de la vessie, Expérience XI). 2ir il a donné sur ce sujet un Mémoire, qui se trouve dans les Transactions Philosophiques de Londres, année 1779. M. Gaad rapporte , dans les Mémoires de Suède , que M. Rinnian avoit trouvé une pareille concrétion autour d'une vieille ancre qui étoit restée long-temps dans la mer. Il ajoute aussi, d'après ses propres expériences, que les chaux de fer déphlo- gistiquées, 6k particulièrement les dissolutions de ce métal par les acides minéraux, n'ont pas le même pouvoir aglutinatif. (1) C'est, sans doute, aux rapports du phlogistique du fer avec les particules calcaires que certaines eaux contiennent, que l'on voit se former, lorqu'on les fait bouillir dans des chaudières de fer, un dépôt terreux 6k opaque, qui s'y amasse par couches, ÔC que l'on nomme pierre de chaudron. (1) Voye^ les Élémens de minéralogie de Kirvan, page 14$. W 212 N.° XVIII. EXTRAIT D'une lettre, datée du 4 Février 1786, écrite par M. Millot, Habitant a la Petite-Anfe, Affocié du Cercle des Philadelphes, fur les incrusta- tions végétales du ruiffeau du Bonnet, fur [habitation du Houley, dont il est Propriétaire, & fur le cours fou- terrain, dans [espace de quinze ou fei^e cents toi/es de la rivière du Va- feux, au Dondon. JL^nviron au cinquième de hauteur de la montagne du Bon- net , dans la partie Nord-Est, vers la base, se trouve un mon- ceau de rochers surmonté de végétaux frélés : c'est à la base de ce rocher que sourde,en jaillissant un peu, une source d'eau claire , qui, après avoir formé un bassin d'environ trois pieds cubes, s'écoule en cascades dans un petit ruisseau jusqu'au pied de la montagne, oh elle se perd dans la ravine des Sables. C'est à quinze toises à peu-près de cette source, que l'on apperçoit des incrustations qui se forment sur tout ce qui se. 213 trouve plongé dans cette eau; j'y ai trouvé des feuilles de petit mil, dont la forme, les nervures mêmes , la couleur étoient conservées ; mais elles adhéroient tellement au lit du ruisseau t que je n'ai pu en tirer une pièce sans la briser. Un jonc qui se trouvoit sur le bord, ÔC dont un rameau étoit plongé dans l'eau, étoit revêtu dans cette partie de ces encroutemens. Nous vous envoyons un pied de gramen secale , d'herbe à bled, dont toutes les racines 6k une partie de la tige sont incrustées ; vous verrez par la verdure de ses feuilles que la végétation n'étoit pas interceptée. M. Henry, qui travaille un chemin dans la montagne du Bonnet, a été le prembr qui ait remarqué ces incrustations. Je ne m'en étois pas apperçu, quoique je connusse ce ruisseau de- puis plus de vingt ans. Il étoit alors ombragé par de grands arbres que l'on a abattus, Se peut-être que l'évaporation, favorisée par la chaleur du soleil, contribue à présent à former ces in- crustations. J'ai mis dans ce ruisseau quelques corps pour observer les progrès de l'incrustation. Les succès du Docteur Léonardo Vegni, dans la manufacture singulière d'incrustations qu'il a établie dans les bains de Saint-Phiiipo, sur le penchant de la Montagne de Saint-Flora, près de Sienne, nous permet de présumer que nous réussirons dans nos essais. La montagne du Bonnet est composée principalement de roche calcaire qui en fait le squelette; les différens événemens de la nature ont formé dans ces lieux des excavations, des concavités, des fentes, où les eaux se chargent de principes cal- caires ÔC sphatiques. Il y a dans le quartier du Vazeux , paroisse du Dondon, une rivière assez forte, dont la chute paroît très-naturelle,au 214 Nord du Bonnet, la pente 6k la direction des roches du Nord au Nord - Est, mais cette rivière se perd dans un gouffre effrayant ; elle roule ses eaux pendant l'espace de quinze ou seize cents toises. Elle quitte ces lieux souterrains , ôc repa- roît dans la partie de l'Ouest 6c du Nord, en se partageant en plusieurs branches. Une de ses branches sourde au pied du gros chapeau du Bonnet, dans le Nord - Est ; une autre dans la même hauteur, à peu près dans le Nord - Ouest. La première forme l'Éblouis- sèment, ravine intarissable, sur mon habitation. L'autre forme le bassin Diamant, sur la petite place de M. le Chevalier iDaux : elle y fournit un volume d'eau considérable. Je pré- sume que c'est du Vazeux que sortent ces eaux, parceque dès qu'il pleut beaucoup au Bonnet, toutes les ravines sont hautes, à l'exception de celle-ci, ÔC au contraire lorsque les pluies font gonfler b Vazeux, ces deux dégorgeoirs sont troubles, vaseux ôc abondans, tandis que les ravines circon- voismes sont claires ôc paisibles. Si quelque audacieux natura- liste osoit parcourir le gouffre du Vazeux, il y découvrirait sans doute des choses très-intéressantes ; on pourroit peut - être trou- ver dans ce gouffre un chemin souterrain , aisé à fréquenter, 6k avantageux aux débouchés de la montagne. On pourroit peut-être, en réunissant les eaux du Vazeux ôc en les dirigeant, fournir à la plaine du Nord 6k à la Petite-Anse un volume d'eau qui augmenterait les richesses de ces quartiers. \m « sa/ «5 N.° X I X. EXTRAIT Des effais analytiques fur les Eaux Thermales - Minérales, dites de la Grande-Anfe, ou du bras gauche de la grande rivière de Jérèmie, par feu M. Lefebvre Deshay es ; extrait fait par M. Ducatel, Affocié du Cercle des Phi- ladelphes. \J u O i Q u E les Eaux Thermales 6k Minérales de la Grande-Anse fussent connues depuis plus de vingt-cinq ans, 6k qu'on en fît usage régulièrement tous les hivers, avec le plus grand succès pour diverses maladies, elles n'avoient été analysées par personne jusqu'au moment où M. Lefebvre Deshayes entreprit ce travail. Il a divisé son Mémoire en six chapitres ; dans le premier il fait connoître l'Eau Thermale, parles qualités qui frappent les sens; il y démontre particulièrement la présence du soufre. Les expériences contenues dans le second, constatent qu'elle ne contient point d'air fixe, ou acide gazeux, ou gaz mé- phitique. 2l6 Le troisième fait voir que l'Eau Thermale ne contient point d'acide libre, ni de fer dissous par des acides, ôc que par con- séquent la noix de galle, ni l'alkali Prussien ne peuvent déce- ler la présence de la substance ferrugineuse , qui entre pour par- tie constituante dans cette Eau Minérale. Le quatrième chapitre donne des preuves multipliées de l'existence dn fer dans la même Eau. Le cinquième renferme le détail des expériences 6k des ob- servations qui ont été faites pendant l'évaporation de l'Eau Thermale, afin de parvenir à la connoissance des substance» qu'elle contient. Le sixième chapitre contient le compte des productions ob- tenues ôc retirées , tant pendant l'évaporation , que par la des- sication entière de l'Eau Thermale. Idée du local. Sur le bord méridional du bras gauche de la grande-rivière de Jérémie, à environ neuf ou dix lieues de cette ville, en remontant la rivière, on trouve quatre sources, dont deux chau- des Se deux froides, à peu de distance les unes des autres. Les deux chaudes dont il est question, sont fort renommées depuis plusieurs années, Ôc avec juste raison., puisqu'elles ont guéri seules diverses maladies, contre lesquelles la Médecine avoit échoué. Elles sont fort abondantes , Se elles se perdent toutes dans la rivière. L'une est destinée particulièrement à l'usage des Blancs, ôc l'autre sert aux Nègres. La première, placée très-commodément dans la partie du morne, peut fournir suffisamment d'eau à quarante ou cin- quante bains séparés les uns des autres, 6k disposés dans au- 217 tant de cabinets, si elle étoit divisée convenablement, & dis- tribuée par des petits canaux. Le local permet de construire une maison assez vaste pour renfermer tous ses compartimens ; d'ailleurs, en escarpant le morne, on aurait la facilité de bâtir par étages plusieurs rangs de cases pour former des logemens. La température de l'air est assez douce, mais humide, sur- tout pendant luiver, parceque le soleil donne à peine vers midi dans cet endroit. Les deux sources Thermales sortent de la terre entre des rochers, 6k s'élèvent perpendiculairement. Leurs bords ôc leurs lits sont couverts de verdure, ce qui prouve que ces Eaux ne sont point contraires à la végétation. Non seulement toutes ces sources, mais encore celles de la Caouanne, des Irois Se plusieurs autres qui sont à peine con- nues , prennent naissance dans un bloc de montagnes, dont la base peut avoir deux lieues en carré. Les eaux de toutes ces sources ont beaucoup d'analogie : l'odeur, le goût, la limpi- dité , 6k les propriétés sont les mêmes, il n'y a que la cha- leur qui varie sensiblement de l'une à l'autre. Ainsi tout ce qui va être dit de l'Eau Thermale du bras gauche, pourra s'appli- quer aux autres Eaux chaudes du canton , à quelques modifi- cations près , qu'il faut attribuer à des causes locales qui ne nous ont point paru de grande importance. n8 EXAMEN ANALYTIQUE De la source Thermale - Minérale du bras gauche, ou de la Grande Anse, source la plus fréquentée, & qui mé- rite auffi de [être par la commodité des bains, par la plus grande abon- dance de [Eau Thermale, & par la facilité de construire près de la source des cafés , ou maisons pour se loger. Chapitre Premier. La limpidité de l'Eau Thermale est admirable, sa légèreté, comparée aux eaux de la rivière, est d'un cent-vingtième. Elle dépose à la longue, mais très-peu, même dans les vaisseaux bien bouchés ; quoiqu'elle contienne, comme on le verra ci-après, diverses matières étrangères; elle acquiert une odeur de corrompu pendant le temps que se forme le dépôt, mais elle la perd, ôc reprend sa limpidité quand le dépôt a eu lieu. Elle ne contient point, ou très-peu de sélénite ; la preu- ve est que le savon s'y dissout en entier : sa chaleur varie d'une année à l'autre, elle s'est cependant soutenue constam- ment au même point pendant ks mois de Septembre mil sept cent quatre-vingt-deux, 6k de Janvier mil sept cent quatre-vingt- trois; elle a monté invariablement au trente-septième degré 219 du thermomètre de Réaumur, quoiqu'il y eût une différence d'environ dix degrés dans la dilatation du mercure pendant l'hiver, à l'endroit ou est située la source Thermale. Il y a trois sources : La source dite des Nègres, La source dite de la Caouanne, La source dite l'Ardente. La source des Nègres étoit aussi plus chaude en Janvier mil sept cent-quatre-vingt-deux, puisque le mercure du thermomè- tre s'élevoit jusqu'au quarante-cinquième degré. Les deux bains de la' source de la Caouanne font monter le mercure l'un à 30 degrés, ôc l'autre 327. La seule source qui paroît avoir conservé toute sa chaleur, est celle que l'on nomme ardente, à cause de sa grande chaleur : le mercure , lorsqu'on y plonge le Thermomètre, monte à plus de cinquante degrés ; on ne peut absolument y tenir la main. L'Eau Thermale répand au loin une odeur de foie de sou- fre insupportable. Cette odeur est si volatile, qu'il est impos- sible de la conserver en entier dans les vaisseaux (es mieux bou- chés. Son goût est le même, mais elle le perd aussi par le refroidissement; cependant il reste encore après que l'odeur est entièrement dissipée. Le vinaigre distillé ÔC les trois acides minéraux exha- lent l'odeur d'hépar; l'acide marin seul à causé un peu d'effervescence. Le vin produit approchant b même effet, sans perdre sa qualité. 220 Le mélange du vitriol de Mars décèle encore la présence du soufre, en occasionnant des exhalaisons très-vives d'acide sul- phureux volatil. Cette Eau dépose dans le fond des bassins du soufre natu- rel; séché au sobil 6k jeté sur le feu, il produit une flamme bleue, pénétrante comme celle du soufre pur. L'esprit de-vin-rectifié, jeté sur les dépôts dont on vient de parler, fait exhaler une odeur d'acide sulphureux volatil; il dissout aussi un peu de la matière bitumineuse, ou plutôt rési- neuse, qui fait partie de ces dépôts. Cette Eau sortant delà source , noircit l'argent ; elle ne noir-> rit point l'or, mais elle le ternit. L'Eau froide a beaucoup moins d'action sur l'argent, 6k n'en a point du tout sur l'or. La limaille de cuivre noircit après quelques jours. La dissolu- tion ne donne cependant point de vitriol bleu, comme la dé- composition qui doit avoir lieu semble l'indiquer. Une lame de plomb, après quelques jours de résidence dam l'Eau , se couvre d'une poussière grasse ôc extrêmement fine qui s'enlève avec facilité ; elle nage sur l'Eau, y forme des i.is. La dissolution du mercure produit un précipité jaune sembla- ble au turbith minéral, ce qui indique la présence de l'acide vitriolique. La dissolution d'argent fournit un précipité bleu, qui pour- roit bien être attribué au fer contenu dans l'Eau Minérale. Le sel de Saturne tourne l'eau 6k donne un précipité blanc. Le vinaigre de saturne laisse déposer un précipité rembru- ni, que M. Lefebvre attribue aux émanations sulfureuses qui sont moins abondantes dans un temps que dans l'autre. 211 Le vitriol blanc fournit 1A1 dépôt d'un beau jaune brillant 6k transparent. Le vitriol de zinc détruit sur le champ l'odeur hépatique qu'exhale cette Eau. Le vitriol bleu laisse déposer un précipité d'un verd clair. Toutes ces expériences prouvent incontestablement la pré- sence du soufre dans l'Eau Thermale. Les expériences suivantes prouveront aussi qu'il n'est point dissous par l'air fixe, comme on seroit tenté de le croire. Elle échauffe bs personnes qui en font usage, die cause des picottemens très-vifs aux galbux Se aux dartreux , clb pallie en peu de temps leur mal, si elle ne le guérit pas tout à fait, effet qu'on ne peut guère attribuer qu'au soufre. CHAPITRE SECOND. Il contient diverses expériences qui prouvent qu'il n'y a point d'air fixe dans l'Eau Thermale du bras gauche, mais bbn un air surabondant, ou du moins un fluide aériforme, ainsi que dans toutes bs autres sources qui sont échauffées par le même foyer. i.° Les bulles d'air qui s'élèvent du fond du vase qui con- tient de l'Eau Thermale encore chaude. 2.° Le gonflement de la vessie attachée au cou d'une bou- teille pleine d'eau chaude. 3.0 La couleur verte que prend le firop (a) de laman, mêlé avec le [gaz. (a) Le firop de Laman a été fait pour suppléer au firop i'- 222 4° L'atmosphère' de la source verdit de même le sirop de laman. 5.0 L'eau de chaux n'est point décomposée par ce mêma gaz. 6.° Il ne diminue point la clarté des bougies allumées. 7.0 Il n'arrête point la fumée d'un tison. 8.° Il ne gêne point la respiration des oiseaux. 9.0 Les araignées se tiennent habituellement dans l'atmos- phère de la source, ôc sans doute les insectes y viennent vol- tiger , puisqu'elles y tendent leurs toiles comme ailleurs. io.° Le même gaz ne donne point de goût acidulé à l'Eau. n.° Il na diminue point la causticité de l'alkali fixe. Toutes ces expériences rassemblées démontrent, suivant M. Lefebvre, que ce fluide n'est point de l'air inflammable, ni de l'air fixe ou méphitique, mais plutôt de l'air déphlogistiqué. Nous ne pouvons dissimuler que ces expériences ne paraissent pas suffisantes pour déterminer la nature de la substance aéri- forme des Eaux Minérales. CHAPITRE TROISIÈME. M. Lefebvre fournit des preuves négatives de l'existence d'un acide dans l'Eau Thermale du bras gauche, ainsi que de la viollette par M. Lefebvre Deshayes , avec le fruit d'une plante appelée Laman, ou gourman. Cette plante est connue des Bota- nistes sous le nom de petite mamelle ; les Caraïbes t appellent Oulé ou Mêlé, & le père Plumier la défigne par cette phrafe : Solanum solani hortensis foliis ôc faciae baccis Nigris 213 dissolution de fer par ce menstrue, 6k conséquemment de la possibilité de convertir en bleu de Prusse, par l'intermède de l'alkali phlogistiqué, les parties ferrugineuses que cette Eau contient. Quoique les expériences dont nous avons rendu compte dans le chapitre précédent semblent prouver que le principe gazeux des Eaux Thermales, n'a rien de commun avec czbi dont l'air fixe est formé, ÔC qu'il est plutôt alkalin qu'acide, nous allons ajouter de nouvelles preuves en faveur de cette opinion. i°. Demi-gros d'huile de tartre, jeté dans quatre onces d'Eau Thermale n'a produit aucune effervescence sensible, ni aucun précipité apparent. a°. La limaille de fer , mêlée dans l'Eau Thermale, n'y est attaquée par aucun acide propre à cette Eau. 3.0 Elle ne décompose point le borax. Ces expériences prouvent bien qu elle ne contient point d'a- cide libre. i°. Parceque pour peu qu'il y ait d'acide libre dans une eau quelconque, l'alkali fixe l'indique sur le champ par l'effervescence. a.° Parceque les acides libres ont toujours pris sur le fer. 3°. Parcequ'on sait que les acides décomposent le borax, 6k qu'ils en séparent le sel sédatif, qui est une de ses principales parties constituantes. L'eau de chaux n'est pas plus décomposée par son mélange avec l'Eau Thermale, que par le gaz de la source. On peut ajouter à cette dernière expérience que cette Eau ne contient aucune partie arsenicale, parceque l'arsenic se seroit manifesté par un dépôt couleur d'ochre lors de l'union de la chaux avec le liquide. L'alkali phlogistiqué ne produit pas de bleu de Prusse avec l'Eau Thermale , mais un dépôt ochreux. 224 En voyant que l'alkali Prussien n'a développé aucun atome de bleu de Prusse, on pourroit peut-être conclure que les Eaux Thermales ne sont aucunement ferrugineuses , ou que les réactifs employés pour convertir les parties martiales en bleu de Prusse n'étoient pas bien préparées; on pourroit croire que le dépôt obtenu, après une longue infusion de l'alkali. phlogistiqué, n'est point occasionné par le fer, puisque notre Eau Thermale n'en peut contenir. L'inefficacité de l'alkali Prussien, pour indiquer la présence du fer, ne prouve pas qu'il n'existe pas dans l'Eau Thermale, mais étant dissous par tout autre menstrue qu'un acide, il ne peut être développé par l'alkali phlogistiqué. L'esprit de sel ammoniac, jeté dans l'Eau Thermale, prouve qu'elle ne contient point de cuivre. Ce réactif n'ayant point produit de couleur bleue ni laiteuse. Quoique la chaleur ait été constamment de trente - sept de- grés en Janvier 1783, il n'a pas été possible de faire fondre du suif, 6k avec beaucoup de pefne du beurre dans l'Eau Thermale. CHAPITRE QUATRIÈME. Preuve de la prefence du fer dans iEau Thermale de la Grande-Anse. Le nombre des cures opérées par le seul usage de ces Eaux Thermales, dans les maladies où le fer est regardé comme un vrai spécifique, le lieu où sont situés les bains, le nombre de pyrites martiales minéralisées par le soufre, la grande quantité de parcelles 225 de parcelles attîrabbs à l'aimant contenu dans le sable des ra- vines ôc des rivières, tout cela ne suffit-il pas pour persuader que le fer est compris dans le nombre des substances qui sont combinées avec l'Eau Thermale ? M. Lefebvre Deshayes contredit le sentiment de M. Rouelle, qui dit que l'alkali phlogistiqué est inutile, ainsi que l'infusion de noix de galle , pour l'analyse des Eaux Thermales, à moins qu'elles ne contiennent un vrai vitriol de Mars. On diroit que cet habile Chimiste ait voulu donner à entendre par-là que le fer ne peut se combiner avec une Eau Thermale, à mofns qu'il n'ait été dissous par l'acide vitriolique ; cependant tout le monde convient que la combinaison de ce minéral peut se faire dans l'eau par le moyen des alkalis, Se alors la noix de galle ne noircit pas le mélange, ôc l'alkali phlogistiqué ne donne aucune apparence de bleu de Prusse. L'Eau Thermale laisse déposer un précipité de couleur rousse 6k ochreux , en petite quantité. Ce dépôt soumis à l'action du feu arec des matières phlo- gistiquées, devient un peu attirable à l'aimant ôc produit du bleu de Prutse, lorsque dans la dissolution qu'on en fait en- suite par l'intermède de ces acides minéraux, on y verse de l'alkali saturé de la matière colorante du bleu de Prusse. CHAPITRE CINQUIÈME. Examen de [Eau Thermale, depuis le commemcement de [évaporation juf quau point de siccité. Les mêmes phénomènes ont paru dans les examens faits P 2î6 par la réduction 6k l'évaporation jusqu'à siccité, les précipité* étoient seulement plus abondans 6k plus colorés ; l'alkali Prussien a produit du bleu de Prusse dans l'Eau Thermale réduite, ce qui donne une nouvelle preuve de l'existence du fer. CHAPITRE SIXIÈME. Examen des sels & des réfidus obtenus pendant le cours de [évaporation, & par la deffication entière de [Eau Thermale réduite. Pour savoir au juste la quantité de substances hétérogènes unies Se combinées avec l'Eau Thermale, nous avons fait éva- porer deux livres de cette Eau au bain - marie, à deux diffé- rentes reprises. Malgré l'exactitude avec laquelle nous avons pesé, les résultats ont été différens, mais quelque chose qu'il en soit, on peut évaluer à d,x ou douze grains à-peu-près, la pesanteur des substances minérales qui sont contenues dans l'Eau Ther- male dont nous parlons, ce qui fait à peu-près le cent-vingt- unième du poids total de l'Eau qui avoit été soumise à l'éva- poration. La difficulté que nous avons eue à faire sécher le résidu, prouve qu'il contient de l'eau-mère. Il s'est formé après l'évaporation presque entière, des cris- taux cubiques semés çà 6k là, 6k tous creusés en forme de trémie. Leur figure 6k leur goût nous ont fait croire que c'étoit du sel marin. 217 La capsule de verre qui conteno't la liqueur restante ayant été mise au frais après en avoir tiré le sd marin, a produit par le refroidissement, beaucoup de cristaux attachés en partie aux parois 6k au fond du vase ; les sels qui ont paru les plus fa- ciles à distinguer étoient sous la forme de cristaux aiguisés, dont les extrémités étoient tronquées ; les ayant exposés à l'air, leur surface s'est séchée , puis s'est effleurie, d'où on peut conclure que c'étoit un sel neutre de la nature du sel de Glauber. Pour se convaincre de la justesse de ces opérations, nous avons comparé une eau artificielle , que nous avons composée avec quelques grains d'hépar terreux, un peu d'esprit de sel 6k de la dissolution de soude mêlés ensemble. Le tout a été jeté dans l'eau filtrée chaude, où on avoit mis en digestion depuis la veille, de l'œthiops"martial 6k de la rouille de fer. Cette eau avoit bien l'odeur d'œufs couvés; elle a aussi fourni,par l'évaporation , du sel commun , de la sélénite, du sel de Glauber , une terre ochreuse 6k un dépôt terreux , mêlé de parties métalli- ques fines ; mais malgré bs filtrations, nous n'avons pu lui procurer la limpidité ÔC le brillant de l'Eau Thermale. Il y avoit aussi de la différence dans la saveur. Nous avons varié les doses des ingrédiens, ÔC nous n'avons pas mieux réussi. RÉSULTAT Des expériences & des observations con- tenues dans ce Mémoire. Il résulte de toutes ces expériences, 6k de toutes les obser- Vations , que l'Eau Thermale de la Grande-Anse, des Irois 6k de la Caouanne contient du soufre, plusieurs sels neutres , quel- ques parties métalliques dans l'état ochreux, de la terre cal- caire 6k vitrifiable, de l'hépar terreux, du sel de Glauber, de la sélénite, du sel commun, peut-être un peu de sel marin à base terreuse, du tartre vitriolé, une terre martiale, enfin une trè>pctite portion de matière bitumineuse, ou plutôt résineuse. =»\ MUÉ ¥ S[ w ==*" 229 N.° XIX. EXAMEN ANALYTIQUE Des eaux de [Hôpital militaire du Cap François. Par M. Arthaud, Médecin du Roi au Cap, & Secrétaire perpétuel du Cercle des Philadclphes. r JL*E 4 Mai 1788, nous nous sommes transportés, avec M. Roulin, Chirurgien du Roi, ÔC M. Ducatel, Maître en Pharmacie, au-dessus de la maison des Religieux de la Charité du Cap , à l'Est, au pied de la montagne d'où sôurdent les eaux qui sont conduites à l'hôpital. Nous avons trouvé plusieurs sources qui sôurdent dans un terrein argileux , surmonté par des éboubmens de granitoïdes, de géodes argileuses, de brèches calcaires 6k spathiques. Ces eaux sont claires ÔC transparentes. Elles blanchissent bien le linge : bs légumes y cuisent aisément. La pesanteur de ces eaux est de onze degrés à l'aréomètre pour les esprits. Examen par les réactifs. Le sirop de violette, les teintures de tournesol, de curcuma ^ de bois de Brésil, de noix de galle 6k le papier jaune ne nous ont donné aucune preuve de la présence d'un alkali ni d'un acide. 230 La dissolution de savon par l'esprit de vin s'est parfaitement étendue clans l'eau. U s'est formé quelque temps après un pré- cipité , qui démontre la présence de la terre calcaire. L'alkali fixe en liqueur a blanchi cette eau ; ce qui annonce encore qu'elle contient de la terre calcaire, ou un sel à base terreuse. Le prussiate de potasse 6k la teinture de noix de galle ne nous ont montré aucune indice de fer. La dissolution de mercure par l'acide nitrique nous a indiqué qu'il y avoit dans cette eau de l'acide sulfurique ou muriatique, en formant un précipité jaune assez abondant. La dissolution d'argent a donné lieu à un précipité blanc, en flocons légers ôc rares, phénomène propre à la lune-cornée, qui décèle l'acide muriatique. L'acide oxaltique a produit un pétillement. La liqueur s'est troublée ; il s'est formé un précipité blanc , qui prouve que cet eau contient du sulfate. Ces expériences nous assurent que les eaux de l'hôpital du Roi contiennent du muriate calcaire ôc du sulfate de chaux; mais nous en avons cherché de nouvelles preuves, en examinant les produits par évaporation. Analyfepar évaporadon. Douze livres d'eau mises à évaporer, ont produit dix-huit grains d'une poudre d'un blanc un peu sale. Dès le commencement de l'évaporation, il s'est formé une pellicule légère, blanche, s'attachant aux parois du vase, ôc b fojad a paru couvert d'une incrustation blanche. Pendant 1 eva- 231 poration la pellicule a acquis de la fermeté: les bulles d'eau circuloient quelque temps dessous, avant de pouvoir la rompre. Quelques gouttes d'alkali fixe, versées sur deux grains du résidu, n'ont produit aucune effervescence. Quelques gouttes d'acide sulfurique ont produit une effervescence considérable, pendant laquelle il s'est dégagé des vapeurs blanches, dont l'odeur d'acide muriatique nous a confirmé l'existence du muriate. L'acide acéteux a produit une effervescence vive : il a dissous le phosphate calcaire uni au muriate. Cette dissolution étendue dans l'eau distillée, le sulfate s'est précipité au bout d'une heure. Cent-trente livres d'eau soumises à l'évaporation, ont produit 144 grains de résidu blanc,ayant une saveur salée comme le muriate. Nous avons mis en digestion pendant seize heures 54 grains de résidu, la filtration ÔC l'évaporation étant faites, nous n'avons vu aucune apparence de cristallisation. Nous avons délayé 126 grains de résidu dans 8 onces d'eau distillée ; la digestion s'est faite sur les cendres chaudes ; l'eau s'est un peu colorée ; elle a pris un goût piquant : l'évaporation faite jusqu'à pellicule, la liqueur avoit une couleur rousse, elle avoit un goût muriatique acre : nous l'avons laissée reposer pendant plusieurs jours ; mais il ne sy est formé aucune cristallisation. Le résidu, qui étoit du sulfate de chaux, mis dans un creuset avec un peu de borax ôc poussé à un feu violent, a produit un verre d'un jaune léger', mais transparent. Une autre portion de résidu poussée au même feu, sans aucun fondant, ne s'est point vitrifiée. Une partie du résidu mise dans deux onces d'acide acéteux, il s'est fait une effervescence. On a versé 3 onces d'eau distillée, l'évaporation a produit une terre folliée, qui s'est cristallisée en 232 lames fines ÔC soyeuses, ce qui forme le caractère de la terre folliée à base calcaire. Ces expériences ne nous laissent aucun doute de la présence du muriate calcaire 6k du sulfate de chaux dans les eaux de l'hôpital du Roi. Les quantités de matières contenues par livre d'eau sont : Muriate calcaire.....7/652- de grain. Terre calcaire......1/4...... Sulfate de chaux .... 3/4 ...... Nos promenades dans les mornes du Cap , nous ont fait voir au couronnement, une terre ochreuse, des géodes ferrugineuses, des rochers calcaires, dans lesquels ou voit des vestiges de ma- drépores. En descendant, nous avons trouvé des brèches calcaires, spatiques, des spathes, des stalactiques spathiques, des brèches siglineuses , des poudingues, des hématites, des bancs de coquilles maritimes, qui s'étendent de l'Est à l'Ouest 6k au Sud, des bancs crayeux, des granités, des géodes argileuses, cuivreuses ôc ferru- gineuses , des granitoides, des Iaspes imprégnés de cuivre, des granitoides agathisés, des bancs argileux, inclinés de l'Est à l'Ouest, 6k quelques-uns du Sud au Nord. Cette observation démontre que la mer a couvert les mon- tagnes du Cap. On suit aisément depuis l'Accul, la Plaine du Nord, la Petite Anse, le quartier Moin, Limonade jusqu'au Fort-Dauphin, un banc de coquilles maritimes. Il n'est donc pas étonnant que les eaux de l'Hôpital du Roi contiennent des principes muriatiques 6k calcaires : elles ne sont pas, malgré cela, d'une mauvaise qualité ; elbs seraient encore plu* légères 6k plus saines, si, avec l'avantage de sortir à l'Est d« 233 flanc de la montagne, au lieu de reposer sur un sol argileux, elles filtraient sur un fond de sable. Nous avons examiné ces eaux dans un temps sec; bs sources étoient très-abondantes, on pourroit sûrement,en les rassemblant avec plus d'économie, les distribuer avec plus d'avan- tage , pour les servitudes de l'hôpital. il) 234 N°. X X. APPERÇU D'ANALYSE D'une Eau minérale-ferrugineufe, décou- verte fur la terre du nommé Cameron, Quarteron libre, à la Montagne Noire de la Grande Rivière, par M. Milfcens de Muffé, Affocié du Cercle. IvAessieurs Arthaud 6k Ducatel ont examiné deux bouteilles de cette Eau qui avoient été envoyées au Cercle par M. Milscens : elle avoit une odeur hépatique. On a obtenu, par l'évaporation , neuf grains d'un résidu brun. En versant dessus de l'acide vitriolique, il y a eu un mouve- ment d'effervescence, ôc il s'est dégagé un gaz marin, sous forme de vapeurs blanches. L'alkali volatil versé sur ce précipité, délayé dans l'eau distillée, n'y a produit aucun changement ; l'addition de l'alkali Prussien n'a produit aucun effet, mais celle de l'acide marin a donné à la liqueur une couleur verte. L'alkali Prussien ajouté sur le précipité, uni à l'acide vitriolique 6k délayé dans l'eau distillée, lui a fait prendre une couleur bleue. Ce foible essai indique la présence d'un sel marin à base terreuse 6k du fer dans cette Eau ndÉfeab. M. Milscens nous 235 rapporte que cette Eau purge les nègres qui en boivent. Elle pourroit être fort utile dans le traitement des obstructions, de la cachexie, des pâles couleurs, des maux de nerfs. Et comme c'est la seule Eau minérale-ferrugineuse qui soit indiquée dans la Colonie, fe Cercle sent qu'il conviendrait d'en faire une analyse exacte , pour en connoître tous les principes ,6k il se propose de s'en occuper , si cria est agréable à MM. les Administrateurs de la Colonie. ■ i—t ii—n. k- "1 v____ .j V 236 +-.----:;=■ ■ ....■■• i a^ftitarf*1*.1 'u.j ■ - ■ .1 ■■•■■■» N°. XXI. INSPECTION Des Eaux Thermale^ de Boynes i dans le quartier du Port-à-Pimenty par M. Arthaud, Médecin du Roi au Cap, 6 Secrétaire perpétuel du Cercle. JE suis parti de chez M. Cocherel aux Gonaïves le 2 Juillet, à 5 heures du matin , accompagné de M. Roulin, Chirurgien du Roi au Cap. M. Cocherel, qui a encore cette bienveillance 6k cet esprit d'hospitalité qui ont toujours honoré les Habitans de Saint-Domingue, nous a prêté généreusement pour notre voyage tous les secours dont nous avions besoin. Nous avons traversé les montagnes des Gonaïves ôc de Terre-Neuve par un chemin qui est d'autant moins pénible, qu'il est ouvert au milieu des forêts qui le couvrant d'une ombre délicieuse. Ces forêts sont intéressantes ; elles en imposent par la beauté 8c la hauteur des arbres qui les forment, 6k par la variété des plantes qui les couvrent. On en tire des bois précieux, comme les gayacs, les acajous ÔC d'autres bois de construction: mais un Botaniste y trouverait bien d'autres richesses. Si on trouve dans plusieurs des montagnes de la Colonie comme au Cap, au Môle, à Saint-Marc ôcc. des bancs de coquilles, de madrépores, qui forment de.s carrières ou d'autres 237 monumens maritimes, onxne voit rien de semblable dans les montagnes des Gonaïves 6k de Terre-Neuve ; on y trouve des bancs calcaires stralifiés,qui ne paroissent pas être l'ouvrage des polypiers, mais l'effet d'un dépôt successif de matières analogues. Au sommet des montagnes des Gonaïves 6k de Terre-Neuve il y a un bassin assez étendu, où les eaux s'amassent ; on le nomme la marre-à-Colas, 6k on trouve sur les bords de Cette eau croupissante , les plantes des marais. Nous avons trouvé sur l'habitation Lassère à Terre-Neuve, des géodes ferrugineuses : on sait que ces montagnes contiennent plusieurs mines de fer, de cuivre, de soufre 6kc. Mais ces objets ne sont curieux que pour les Naturalistes, car c'est la culture du café qui fa't la richesse de ce quartier. En quittant les habitations Brabant, en sortant d'une gorge où l'on a vu des coupes de rochers qui seraient effrayans par leur hauteur 6k leur aspect terrible, si l'on ne trouvoit à leur pied une verdure riante, dont la fraîcheur est entretenue par une jolie rivière, on entre sur les collines brûlantes du Port-à-Piment. Quelques plantes ornent encore ces déserts. Les fleurs délicates des melo-cactes, des cactes mamillaires 6k quelques autres sont faites pour fixer l'œil du voyageur. On se plaint de l'aridité de ces lieux sauvages, mais on y retrouve encore la nature , 6k l'on admire, en se plaignant de l'excès de chaleur, les tableaux pitto- resques qui en font la décoration. Le sol du Port-à-Piment,est si brûlant, que la rivière de Terre-Neuve, qui grossit toujours jusqu'à la sortie de la gorge de ce quartier, est absorbée par la chaleur, 6k ne se rend pas à mer. Nous sommes arrivés à deux heures après midi aux Eaux de Boynes. Lorsqu'on est dans le lointain de cet établissement, on le regarde avec avidité ; il paroît s'éloigner, tant le désir est 238 pressant. On voit avec plaisir dans cet endroit de désolation, un bouquet de bois qui semble cacher quelque mystère de la nature, 6k l'on aspire à jouir de l'ombre qu'il promet , pour tempérer Fardeur dont on est embrasé. Les établissemens des Eaux de Boynes sont placés sur le penchant d'une colline , à deux lieues à l'Ouest du Port-à-Piment, dans le lbu où sôurdent bs Eaux minérales. II y a au-dessous de ces sources , un groupe d'aibres, avec lesquels on a formé des allées qui sont fort belles. Ces arbres sont des gayacs, des acomas, des tendres-à cayou , des bois palmistes, des chênes , des figuiers, des bois d'almarie, dont la gomme est verte 6k amère : on y voit aussi des mamilliers, ou anona africana, dont b fruit aigrelet est plus savoureux que celui du corossol, le Tabernemontana, le rovolfia, plusieurs espèces de capparis, le cordia sebestena, dont la fleur pourroit faire l'ornement des jardins, le saminda ; plufieurs sortes de chites, de cissus ôcc. Plusieurs arbres renversés par des vents fougueux nous ont assurés que leurs racines s'étendent sans profondeur, ôc qu'elles ne peuvent jamais parvenir au sol où se concentre la chaleur des Eaux minérales. Le sol du, terrein des Eaux de Boynes présente i°. une couche noire d'humus végétal,formé par la dépouille des végétaux, des principes calcaires ÔC siliqueux, imprégnés des principes des Eaux minéraks. 2°. Une couche profonde de pierre calcaire 6k siliqueuse. Cette couche est découverte sur le haut de la colline 6k dans les environs. On y trouve beaucoup de petrosibx, des incrustations d'un rouge oçh/eux, siliqueuses,tubulées, étoilées, ou feuillacées, de poudingues siliqueux, des brèches calcaires ÔC gypseuses, avec des stries siliqueuses,des silex de différentes couleurs, des hematides, quelques granités pyriteux, des granités détachés 239 6k roulés; nous n'avons pas vu la couche argileuse dont parle un Voyageur dans les ravines creusées par les torrens, ni dans une fouille de 30 pieds de profondeur qui a été faite pour un four à chaux par notre très-estimable Confrère M. Gauche, 6k nous pouvons assurer que si cett3 couche argileuse existe, c'est à une profondeur qui n'a pas été observée. Toutes les sources des Eaux minérales partent d'un même foyer , 6k leur chaleur , qui varie de 37 à 42 degrés, est réglée par l'éloignement du lieu où elles sôurdent à celui où elles s'échauffent, où elles s'imprègnent des principes dont elles sont surchargées. Elles sont sur-tout remarquables par un gaz hépatique qui se fait sentir à une grande distance, qui se dissipe par h refroidissement, mais elles conservent dans cet état des principes salins, qui sont plus fixes , 6k qui excitent quelques troubles de ventre chez les personnes qui commencent à en boire. La chaleur des Eaux en bains, en boisson, ou en douche, est assez considérable pour exciter la fièvre 6k produire des exco- riations sur la peau. Il faut en régler l'usage par des doses gra- datives, ôc il faut régler également la chaleur des bains ÔC des douches sur l'habitude, la constitution des sujets, leurs maladies 6k leur sensibilité. Ces Eaux peuvent être utiles ôc très-efficaces dans le traitement de plusieurs maladies, mais on ne doit pas les regarder comme une panacée universelle 6k nous sommes assurés qu'il y a des cas où elles peuvent être nuisibles,ôc d'autres où elles sont inutiles. Leur usage veut être précédé, accompagné ou suivi par des remèdes auxiliaires 6k par un régime convenable, 6k en les prenant on ne doit pas négliger les remèdes qui peuvent en seconder les effets. ' On a fait de très-grandes dépenses pour établir les Eaux d$ 140 Boynes, mais elles n'ont pas été faites convenablement ; on « travaillé sans prévoyance 6k sans économie ; on a tout donné au coup-d'œil dans la distribution des bâtimens: on auroit pu, en suivant un plan aussi régulier, procurer des commodités qui auroient été utiles 6k agréables: on n'a pas même carrelé les salles, les appartenons, les cabinets de boues, placé des robinets dans les baignoires ôc aux conduits pour les douches. On auroit dû placer l'hôpital plus près des sources ; il en est éloigné de près de cent pas, ÔC dans un lieu isolé ôc brûlant. L'on sent combien cet éloignement doit être dangereux ÔC incommode pour les malades qui sont dans le cas de prendre les bains, les douches, ou les bains de vapeurs. On auroit pu construire tous les bâtimens en maçonnerie. On pouvoit fabriquer la chaux sur les lieux, 6k on avoit sous la main les pierres de construction. Au lieu de couvrir les bâtimens avec des essentes, on auroit dû employer la tuile, cela auroit été solide ôc durable ; on auroit prévenu de nouvelles dépenses ; cet établissement n'aurait pas déjà un aspect de décrépitude, ÔC on ne seroit pas dans le cas d'en craindre la ruine prochaine, malgré les réparations que M. Gauche y fait faire, mais on a travaillé pour le moment, 6k on n'a absolument rien fait pour l'avenir. On a négligé la source des Oames, parcequ'elle n'a que 37 degrés de chaleur, ÔC qu'elle paroît avoir perdu quelques-uns de ses principes, en parcourant une plus grande étendue de terrain, mais nous croyons qu'on pourroit commencer l'usage des Eaux par celles de cette source : la sensation seroit moins vive. Il en résulteroit moins de troubles, 6k les malades pourroient passer ensuite aux sourses qui ont plus de chaleur 6k plus d'activité. On a dressé le plan d'un bourg à établir au-dessous à l'Ouest & au Sud des sources. Quelques particuliers ont fait construire , quelques 241 quelques maisons. La plupart tombent en ruine ; il y en a quelques* unes qui sont habitées par des personnes qui donnent à boire aux malades. Un bourg n'est pas nécessaire dans un endroit qui ne peut pas servir d'entrepôt ÔC où il n'y a aucune espèce de culture, ni aucune industrie qui puisse être utile aux ma'ados. Plusieurs habitans des Gonaïves paroissent disposés à faire une fondation aux Eaux de Boynes en faveur des pauvres. Ce projet de bienfaisance, fait pour honorer ceux qui l'ont conçu , mérite d'être adopté ; il seroit d'une exécution facile. Nous avons observé les canaux de conduite des Eaux minérales, particulièrement dans ceux de la source de Montarcher, cette glaire dont un de nos Confrères n'a pas connu la nature. C'est une plante que les Naturalistes appellent Tremella ; elle est blanche dans les canaux couverts où elle est éthiolée : elle verdit dans les canaux qui sont à l'air libre ; elle a cependant encore dans ces endroits des filamens blancs 6k soyeux. En examinant cette plante dans les canaux qui bordent l'avenue ^ nous avons observé, avec MM. Gauche ôcRoulin, desfourmillieres de petits vers rouges, longs d'un pouce à un pouce Se demi, gras comme une petite aiguille , terminés en pointe, formés par des aneaux réunis, ayant un petit nœud près de la pointe , qui paroît être la tête. Ces vers réunis en groupes paroissent placés dans des trous pratiqués dans la Tremella. Ils ne présentent que la tête Ôc une partie de leurs corps ; ils ont une très-grande mobilité, ils paroissent très-irritables : si on donne quelques coups sur le terrein qui est près d'eux, ou si on les touche,ils se retirent ôc se cachent instantanément; mais ils resortent bientôt de leurs abris lorsqu'ils ont repris leur sécurité. L'Eau dans laquelle c:s vers se trouvent, avoit 34_ degrés de 242 chaleur. Nous en avons pris un groupe que nous avons mis dans l'Eau minérale à 40 degrés de chaleur, ÔC ils y ont vécu. Nous avons versé sur un autre groupe de l'eau bouillante ; ils ont blanchi Se ils sont morts sur le champ ; nous en avons mis un autre groupe dans un verre a'eau que nous avons placé dans un bain-marie d'eau bouillante, ils ont conservés leur agilité jusqu'au 43e. degré , ils ont paru languir au 44 Se 45e. degrés , ils sont morts au 46e. sans avoir changé de couleur. Nous avons fait sécher au soleil un paquet de ces vers avec la Tremella où ils étoient nichés. Ils paroissobnt morts ; nous bs avons mis dans l'Eau minérale chaude à quarante degrés, quel- ques-uns ont paru se ranimer, mais ils sont morts lorsque l'Eau s'est refroidie. Nous avons mis deux groupes de ces vers dans l'Eau minérale chaude à 34 degrés 6k 40. Nous avons laissé refroidir cette Eau, 6k les vers y ont passé la nuit : ils étoient le lendemain dans un état de langueur : nous les avons mis dans de l'Eau minérale chaude, ils ont repris leur vigueur ôc leur agilité. Ces vers nous ont paru avoir beaucoup de rapport avec les crinons qui se trouvent chez bs animaux , cantonnés entre les tuniques de l'estomac, où ils forment des tubercules, ôc dans les artères où ils occasionnent des anévrismes quelquefois considérables- Un voyageur a dit que l'on n'étoit jamais incommodé par les insectes au Port-à-Piment. Nous avons vu ÔC éprouvé le contraire : nous y avons été tourmentés par une grosse mouche grise, dont la piqûre excite une démangeaison brûlante , avec des empoules qui dégénèrent quelquefois en pustules ou en ulcères lorsqu'on a l'inconsidération de se gratter. Nous avons vu plusieurs enfans qui avoient les jambes fort maltraitées, à la suite de la piqûre de ces mouches qui sont bien aussi incommodes que les autres insectes. 243 N°. XXII. EXTRAIT, P^r M Ducatel, y^a'e ^ Ce/r/ est restée transparente. Tirée du feu 6k mise à refroidir, elle a pris consistence d'une gtlée, dans 243 laquelle on a distingué quelques cristaux de sel de Glauber mal formés, mais qui ont effburis abandonnés à l'air libre ÔC ont donné un précipité jaune très-abondant, avec la dissolution de nitre mercurbl. Cette gelée jetée sur le filtre avec son eau mère ôc ensuite lavée, a produit 14grains d'une poudre parfaitement blanche , qui n'a point fait effervescence avec les acides, mais que l'huile de vitriol a dissoute en grande partie. L'eau mère évaporée à siccité a produit un résidu jaunâtre, pesant 54 grains. Il s'est humecté très-rapidement après s'être refroidi, ôc a paru posséder tous les caractères, de l'alkali fixe minéral. Il a donné quelques signes d'acide marin, par l'application de l'huile de vitriol. Quantités des différentes fuhfiances con- tenues dans une pinte des Eaux de cette fource a /^Z degrés. Terre calcaire. Terre alumineuse Alkali de soude Sel de Glauber Sel dé marin Acide crayeux. Pesanteur Température. 5 grains 1/4. 1 1/4- 3 o 3/4 o 1)1 Elles n'en ont donné aucun signe, sorties deleur source. A peu-près égale à celle de l'eau ordinaire.- 42 degrés au Thermomètre de Réaumur. 249 En réfléchissant sur la nature des Eaux de ces deux colonies, 6k sur la disposition de leur source, l'on doit être surpris qu'étant aussi peu distantes bs unes des autres, elles différent autant dans leurs principes , ÔC de plus qu'elles se trouvent placées dans des lieux assez favorables pour pouvoir jouir des avantages qu'elles présentent. Le Fort-Royal a ses Eaux thermales, gazeuses, ferrugineuses 6k alkalines ; le Lamentin en a de thermales-salines ; celles dt Saint-Pierre au Prêcheur sont thermales-alkalines : Sainte-Lucie jouit de la même faveur dans ses Eaux thermales-sulphureuses, près du bourg de la Soufrière. Toutes ces variétés offrent l'avantage du choix, selon que le cas l'exigera. Le malade, dont la patience est ordinairement sans bornes, lorsqu'il cherche du soulagement, aura la consolation de pouvoir tenter l'usage d'une seconde ôc d'une troisième , lorsque la première n'aura pas réussi. 'L'analyse nous a parfaitement convaincus que dans toutes • ces Eaux on retrouve à peu de chose près celles d'Aix-la- Chapelle , de Bourbonne, de Spa ôc de la plupart de celles de Bagnieres. II. sera donc inutile d'entreprendre un voyage effrayant pour chercher une guérison d'autant plus incertaine que la fatigue du trajet aura encore aggravé la maladie. Nous ne pouvons cependant nous empêcher de convenir qu'il y a encore beaucoup à faire pour obtenir de toutes ces Eaux tout l'avantage qu'elles promettent ; les lieux où se trouvent leurs sources ne sont pas d'un accès aussi facile qui seroit à désirer; d'un autre côté, malgré leur grand rapport avec celles d'Europe que nous avons citées, elbs ne laissent pas d'exiger chacune en particulier des observations sur les différens effets qu'elles pourront produire ; bs Médecins du Roi ne pourront se re- fuser de se charger de ce foin , chacun de leur coté, pour l'éta- 250 bllssement dont ils seront b plus voisin. Il y aura aussi la partie de l'analyse que nous sommes bien loin de croire aussi parfaite qu'elle pourroit l'être, malgré le temps ôc les soins que nous y avons mis : il sera donc nécessaire cjue la chimie s'occupe de nouveau de cet objet, tant pour corriger les erreurs qui pour- raient s'être glissées dans nos observations, que pour chercher à faire une juste application des principes qu'elles contiennent à l'usage de la médecine. V J 25I N°. XXIII. INSTRUCTIONS Sur [usage de [Eau Minérale, & des bains froids d'Harrogate, proche Phi- ladelphie, traduites de lAnglois de M. Rush, par M. Ycard, Médecin de la Providence, Secrétaire-adjoint du Cercle des Philadelphes,& Correspon- dant de la Société Roy aie de Médecine. TT JL'Eau Minérale froide d'Harrogate, contient une petite por- tion de fer ÔC une grande quantité de gas hépatique, qui la rend d'un goût 6k d'une odeur très-désagréables. D'après c.tte idée générale sur les principes qui minéralisent cette Eau, M. Rush, Professeur de Chimie en l'université de Pensylvanie, a cru pouvoir devancer l'analyse exacte que se propose d'en faire la Société Philosophique de Philadelphie, 6k présenter un ta- bleau des maladies au traitement desquelles est appropriée l'Eau d'Harrogate.(£*fMtf d'un Essai lûà la Société,en ,y7^,(urlesEai.x Minérales de Philadelphie, d'Ablngton & de Bristol, & à la sollicita- tion du Propriétaire de la source, qui a eu la noble génércfité d'en faire don au Public) M* Les diverses époques des sociétés ont leurs maladies particulières de même quelesdifïerens âges du corps humain. Dans l'enfance de tou- tes les sociétés, les maladies sont simples 6k en petit nombre; mais à mesure qu'elles font des progrès vers l'industrie 6k l'opulence qui entraînent toujours après soi bs raffinemens du luxe,leurs maux se multiplient ÔC se compliquent, de telle manière qu'il faut avoir recours à des secours plus puissants que ne peuvent l'être de simples préparations de plantes 6k de métaux. C'est dans la grande quantité de sources que nous offre la surface du globe qu'on a cru devoir chercher ces remèdes, ôc les Eaux Minéra- les ont été celles qui en ont présenté davantage. Ces Eaux qui ont coulé durant tant de siècles, sans attirer l'attention fcde nos ancêtres, ont tellement fixé la nôtre qu'elles sont aujour- d'hui une des parties les plus importantes de la matière médicale. L'Eau Minérale qui va faire le sujet de cette notice, est un excellent tonique stimulant ; prise intérieurement, elle facilite la sécrétion des urines, celle de la transpiration 6k agit quelque- fois par les selles. Voici qu elles sont les maladies dans lesquelles il convbnt d'en user. i°. L'hystérie, ce Prothée qui vexe le beau Sexe de tant de manières différentes, qui agite bs systèmes nerveux ÔC muscu- laires au point d'occasionner des contractions, des tirailbmens, ou autres mouvemens erronnés, ôc affecte, d'autres fois, l'ima- gination d'une manière si extraordinaire. z°. Cette Eau produit des effets salutaires dans la paralysie, soit partielle, soit générale, quand il n'y a pas de symptômes d'une grande pléthore, ÔC l'ancienneté dé la maladie, lorsquM n'y a eu aucun changement remarquable dans les symptômes-, n'est, qu'une présomption favorable à son emploi. 25î 30. Elle convient dans l'épilèpsie qui procède d'une affec- tion de l'estomac ou de la matrice, comme à celle qui tient à un excès de foiblesse de la constitution. 40. On en a retiré de grands avantages dans diverses épo- oues de la goutte 6k celle sur-tout qui afflige vers le déclin de la vie ; lorsque la constitution offre nombre de preuves d'une grande foiblesse. L'affection goutteuse , au lieu d'attaquer les pieds, se manifeste alors par de débilités, des nausées d'acidités de l'esto- mac , 6k ces simptômes sont généralement accompagnés de constipations, ou de f latijosités dans les entrailles. 5°. Dans les anciennes diarrhées qui ne sont point accom- pagnées de celles sanguinolentes, Se auxquelles sont sujets bs marins de retour d'un long voyage, ou des climats chauds, l'eau d'Harrogate a produit d'excellens effets. 6°. Elle n'est pas moins avantageuse dans tous les cas d'ano- rexies ou pertes d'appétit, dues à un mode vicieux de l'esto- mac. Parmi les causes qui concourent à anéantir, cette sensa- tion , les unes agissent directement 6k les autres indirectement sur le viscère qui en est le siège principal. Je pourrais placer au nombre des premières, le thé , bs liqueurs spiritueuses 6k les amers pris en trop grande quantité, ou à contre-temps, l'excès dans les alimens, des émétiques trop viobns ôc l'usage de boissons chaudes de quelle nature qu'elles puissent être. Les causes, au contraire, qui agissent indirectement sur l'estomac, sont les passions paisibles de l'ame, telles que le chagrin, la crainte, l'amour Se tout ce qui peut affoiblir ou désorganiser les autres parties du système. 7°. L'Eau d'Harrogate est appropriée aux divers*. I coliques dépendantes de la foiblesse des intestins, ôc celles sur-tout qu'en- *54 tretient un épanchement de la bile, très-fréquent chez les ha- bitans des climats chauds. ' 8°. Outre les maladies dans lesquelles le système nerveux est principalement affecté, cette Eau Minérale est encore infini- ment utile dans toutes les obstructions du foie 6k de la rate, tant lorsqu'elles reconnoissent pour cause l'intempérance, l'épais- sissement des liquides, les fièvres intermittentes, que lorsqu'elles sont dues à la tuméfaction, la jaunisse ou l'hydropisie, 6k c'est par les selles ou les urines qu'elle résout la maladie. Ce n'est même que lorsqu'elle agit par ces deux voies qu'il est per- mis d'en user dans cette dernière maladie, 6k c'est afin de favo- riser ces évacuations qu'il convient d'en user à grande dose. 9°. Cette Eau est appropriée à tous les cas de rhumatismes chro- niques ôc rien ne pourra mieux en seconder les effets que de se faire brosser le corps en même-temps. io°. Elle est excellente contre les hémorrhoïdes , sur-tout lorsqu'elles affligent vers cette époque de la vie à laquelle la pléthore artérielle va le céder à l'engorgement veineux. Ce qui n'arrive guère avant l'âge de trente-six ans. n.° Elle est d'un secours inappréciable dans toutes les obs- tructions 6k foiblesses qui affligent le Sexe le plus aimable 6k qui sont accompagnées de langueurs ÔC de débilités de tout le système. 120. On peut la donner avec avantage à tous les enfans attaqués de vers. Elle agit, dans ce cas, comme le quinquina, la rhubarbe, l'aloès 6k bs amers de toute espèce, d'une manière indirecte sur les vers , en donnant aux intestins le ton convena- ble. Entre les substances capables de bs détruire directement, nous en avons peu de plus puissantes que le sucre, le mie!, le sel 6k bs fruits mûrs de l'été. Tous les enfans sont passionnés a55 pour ces substances. L'appétit dans cet âge tendre n'ayant pas été corrompu par l'habitude ou vicié par bs maladies, peut être pris plus sûrement pour la voix de la nature. 130. L'Eau d'Harrogate convient à toutes les maladies cutanées, comme aux ulcères sordides de longue date : quelles qu'elles soient, de nature scorbutique ou écrouelleuse, on aura soin de les bassiner , deux fois le jour, avec cette Eau Minérale. 14 e*. Elle est utile dans les maladies des reins ôc de la vessie , quand l'obstacle qui s'oppose au flux des urines vient d un re- lâchement ou de petits calculs dans ce viscère. 150. On s'en est servi avec succès dans les gonorrhées rebelles , tandis que les plus puissans astringens avoient été em- ployés en vain. Après avoir exposé les maux que pouvoit soulager ÔC gué- rir l'Eau Minérale d'Harrogate, il est de mon devoir de dési- gner ceux qu'elle ne feroit vraisemblablement qu'empirer. i°. Elle nuirait aux hypocondriaques , dont l'affection, quoi- que souvent jointe à l'hystérie, est pourtant d'une autre nature 6k exige un traitement différent. Particulière aux hommes 6k plus fréquente dans les climats Ôc les saisons froides, l'hypo- condriasie est toujours accompagnée d'acidités, de flatuosrtés, de constipations ou de dyarrhées , d'un appétit déréglé, de dou- leurs dans l'estomac ÔC la poitrine immédiatement après les repas, de vomissemens, d'un afflus désordoné de salive dans la bouche , de colliques , ckc. Dans cette maladie toutes les pré- parations ferrugineuses ont été reconnues pernicieuses, 6k ce qu'il y a d'un peu extraordinaire , c'est qu'un coup d'eau chaude exci- teraun appétit,que bs amers 6k les aromates n'auront jamais pu rêve'-'1 P. Cette Eau a été recommandé; dans la phtisie pulmonaire, 256 mais je doute beaucoup qu'une Eau ferrugineuse ait jamais guéri une véritable consomption ,que la cause en soit des abcès des tubercules ou des ulcères. Dans quelle circonstance de la vie que ce puisse être, cette Eau ne convient point lorsqu'une diathèse inflammatoire prédomine ; c'est pourquoi elle seroit nuisible dans la plupart des hémorragies. Ces pertes de sang sont actives ou passives. Les premières se manifestent avant 6k les secondes après la trente-cinq ou trente-sixième année de la vie. C'est dans les premières que prédomine sur-tout la diathèse inflammatoire , 6k elle s'y fait reconnoître par l'augmentation de ton ôc d'ac- tion du système artériel, comme aussi par tous les autres signes de pléthore. C'est par une raison analogue que cette Eau martiale nuiroit dans les rhumatismes ôc gouttes aiguës. Cette dernière maladie a beaucoup de ressemblance avec la première relativement à son siège, aux symptômes qui la caractérisent, ainsi qu'à la mé- thode du traitement qui lui convient, lorsqu'elle se manifeste dans le premier période de la vie ci-dessus indiqué. Ses paro- xismes acquièrent de l'intensité dans les saisons particulières aux maladies inflammatoires 6k sont toujours accompagnés d'un de- gré plus ou moins considérable d'une pareille diathèse : on est convenu de l'appeler aujourd'hui goutte tonique , pour la distin- guer de celle qui afflige vers le déclin de la vie, 6k qui à rai- son de l'irrégularité de son siège, le temps de ses retours, ses simptômes, est appelée goutte anomale ou atonique. Manière *57 Manière déuser de [Eau Minérale d'Harrogate. Çest la force de la constitution 6k la nature de la maladie qui doivent déterminer la quantité qu'il convient d'en boire cha- que jour. Une trop grand*'quantité prise d'emblée a, par fois, produit de très-mauvais effets ôc découragé le malade, au point de le forcer à l'abandonner. Je dois prévenir contre cette ma- nière d'agir. Il pourra se faire encore , par fois, que l'usage en étant évidemment indiqué, le malade ait besoin d'être encouragé à ne regarder ses eff-ts douloureux dans le principe que com- me un augure favorable à ceux qu'on en obtiendra, en y per- sévérant. La meilleure façon d'en user pour les personnes déli- cates , est de commencer par une demi-pinte 6k augmenter gra- duellement jusqu'à cinq ou six demi-pintes par jour. On bu- voit autrefois, en débutant, une plus grande quantité de Cette Eau martiale , mais l'expérience nous a convaincus qu'il suffisoit d'en avaler deux ou trois pintes , au plus , par jour, pour en obtenir bs effets salutaires que nous sommes en droit d'en attendre. L'excitement de la fièvre, une sensation de chaleur incom- mode dans la poitrine immédiatement après avoir pris de cette Eau, seraient des preuves assurées que le malade en aurait trop bu. Autant que faire se peut, il faut la boire à sa source, par- cequ'elle aura moins perdu de l'air qui en fait la bonté. On a dans la journée trois temps à pouvoir la prendre, savoir:1e matin, à midi 6k dans la soirée, mais toujours avant les re- pas. Le malade n'omettra pas de faire suivre chaqu^ prise de 25S quelque exercice à pied ou à cheval, ou autre action modérée du corps. Si on veut provoquer la transpiration , il faut en user immédiatement avant de se mettre au lit. U est des maladies auxquelles ces Eaux étant appropriées, l'estomac est néanmoins si foible qu'il n'en peut garder la moindre quantité, 6k la re- jette par le vomissement, alors, il faut ajouter à l'Eau d'Har- rogate tant soit peu d'eau de menthe ou de cannelle, ou pré- parer auparavant l'estomac par l'usage de quelque teinture aro- matique , agréable à prendre. J'ai ouï dire à une Dame qu'ayant usé de ces Eaux pour une maladie qu'elles dissipèrent, elle n'a- voit pu les garder dans l'estomac qu'autant qu'elle les buvoiç dans le lit ôc y restoit une heure ou deux après les avoir prises. Si cette Eau ne suffisoit pas à entretenir le ventre libre, le malade useroit à ce dessein de quelque laxatif appro- prié. On peut en user , durant plusieurs mois de chaque saison, mais sur-tout le printemps , l'été 6k l'automne. C'est une bonne méthode que d'en suspendre l'usage pendant quelques jours par intervalles, afin que l'habitude ne fasse rien perdre de leur efficacité. Ce seroit outre-passer les bornes que nous nous sommes pres- crites que de désigner le régime convenable à chacune des mala- dies auxquelles cette Eau est appropriée. Le malade sera très- réservé sur la quantité des alimens, ôc d'autant plus que cette Eau Minérale excite, par fois , un appétit qu'il seroit imprudent de satisfaire. Quatre à cinq petits irepas sont préférables à un ou deux grands, pour des valétudinaires qui ne sont pas alors portés à trop manger à la fois. Dans tous les cas d'indigestion, d'acidité, de ventosités de l'estomac, le malade doit préférer tine diète animale à l'usage des végétaux. Le bœuf ÔC b mou- 2Î9 ton paroissent être, dans ces cas, è\m? dig^tion plus facile que ce que nous appelons viandes blanches, f Lis un animal st jeune , dit Madame Darconville dans son histoire de la putréfac- tion , plus il possède de la nature du végétal ,ÔC mo ns il est près de la corruption. A proportion qu'il vieillit, au contraire , il s'éloigne davantage du végétal, tend à l'aîcabscence, ÔC en devient plus susceptible de putréfaction. Ckst par la force des organes de la mastication, de la digestion, 6kc. chez les ani- maux parvenus au faîte de leur accroissement, que bs alimens végétaux sont complètement animalisés. Il ne faudroit pas s'en tenir trop long-temps au régime gras. A mesure que l'estomac reprendra du ton, b malade pourra se remettre à l'usage mixte des végétaux ôc des viandes. Je pour- rois dire des premiers ce que b Docteur Cadogan dit du lait, que c'est, en général, un signe que l'estomac bs redemande quand il peut 1 s supporter. Dans toutes bs maladies scorbutiques 6k cutanées, les ulcè- res sordides, Sec. b malade ne vivra que de végétaux , pourvu qua l'âge ÔC la force de sa constitution le lui permettent. La crainte qu'un usage trop constant n'en affoiblît l'efficacité seroit peut-être la seule obj ctioii à faire contre l'usage de cette Eau à tous les repas. Madame Darconville assure avoir éprouvé que les Eaux ferrugineuses hâtent la dissolution ôc la putréfaction des alimens. Nous sommes forcés d'observer, d'après tout ce que nous venons de dire, qii3 les Eaux Minérales, comme bs autres médicamens , veulent être accompagnées, dans le cours des maladies chroniques, de la tempérance ÔC de l'exercice. Un ange descendrait plutôt du cul pour venir troubler les sources, médicales que nous offre le globe , que de pouvoir ob- tenir quelque effet extraordinaire de bur usage Seul. Il y a beau- 260 coup de ressemblance entre le sort de la médecine ôc celui de la religion. Dans tous bs temps ÔC dans tous bs pays de la terre, des articles de foi ou une espèce de culte, d'adoration ont remplacé les préceptes de la morale. En médecine, nous observons qu'une foule de remèdes, tels que le mercure , le quinquina, le fer, bs cloportes, bs Laumes, la chaux, bs bourgeons de pin , le gingembre, les Eaux Minérales de- toute espèce, 6kc. ont pris la place de la tempérar^e 6k de l'exer- cice. La mode des premiers passera, tandis que les effets de ceux-ci, comme les obligations de la morale, dureront à jamais. Instructions fur [ufage des bains froids. Il ne me seroit pas difficile de recueillir un grand nombre de faits en faveur de l'ancienneté ôc de l'utilité du bain froid, ÔC de prouver qu'il a été recommandé par les Médecins, uské par bs Philosophes ôc chanté par bs Poètes de tous bs temps ainsi que dans tous les pays de la terre, comme un objet de salubrité tout-à-la-fois ÔC de plaisir ; mais cette entreprise se- roit étrangère au but que j'ai eu en vue dans cet essai. Examinons, avant d'entrer dans des détails sur l'usage ÔC l'utilité des bains froids d'Harrogate, quels sont les effets ordi- naires du bain froid en général sur le corps humain, qu'elles sont les maladies dans lesquelles leur emploi doit être avanta- geux, 6k celbs où il ne saurait être qu'un remède inutile ou même nuisible. Le premier effet des bains froids est i°. d'enlever à la peau les saletés de toute espèce qui en obstruent bs pores 6k de rendre la transpiration plus facle ôc plus égale. 2°. Us facilitent par leur pression la circulation des fluides 2ÔI de la circonférence vers le centre d'où vient le saisissement & par-fois la difficulté de respirer, qu'on éprouve en plongeant le corps dans l'eau froide. 30. Us resserrent les fibres animales"; c'est pourquoi ils aug- mentent bs forces 6k donnent du ton. 4°. Ils stimulent tout le système nerveux, d'où vient qu'ils facilitent l'action des fonctions vitales, animales ôc naturelles. Le premier avantage qu'on retirera des bains froids d'Har- rogate sera donc de prévenir les maladies des temps chauds en lui donnant du ton: ils rendent le système nerveux moins sensible à l'action de la chaleur ; ils garantissent le corps des souffrantes ôc des affections morbifiques que lui font éprouver les temps chauds. C'est pour cela que les enfans qui ont en général tant à souffrir des chaleurs de l'été , ôc les personnes su- jettes aux fièvres ou aux affections nerveuses doivent user des bains froids dans les mois de Juin, Juillet ÔC Août. Ces bains seront très-utiles dans les rhumatismes ÔC gouttes atoniques, ainsi que dans les maladies dues au relâchement des nerfs que je vais réduire aux suivantes , savoir : l'épilepsie, l'hys- térie, la palpitation du cœur, l'asthme, la danse de Saint-Gui, le rachitis, la céphalalgie, la paralysie des membres, les dou- leurs périodiques, les coliques, la dyarrhée, les crampes, bs cécités ÔC surdités dues aux causes qui les produisent ordinai- rement, la rage suivie de foiblesses, la mélancolie, l'imbécillité commençante, l'affoiblissement des facultés intellectuelles , enfin le mal de mâchoire. Les bons effets du bain froid dans cette dernière maladie viennent d'être constatés par le Docteur Wriglat, de la Jamaïque. Je poursuis: On peut retirer de grands avantages de ces bains froids 20*2 dans les obstructions du foie 6k de la nue , qui suivent les fièvres automnales, lorsqu'il n'existe aucun degré d'nflamma- tion. L'excès 6k le défaut d.s évacuations menstruelbs du Sexe ont été rappelés à leur cours naturel par leur usage. Non seu- lement ils remédient à ces irrégularités des menstrues, mais ils éloignent encore fréquemment les obstacles qui s'opposent à la fécondité ou les causes de la stérilité ÔC préviennent les avor- temens. Las charmans effets qu'ils produisent sur la beauté du S-xe me fourniraient des matériaux pour plusieurs pages, s'ils n'é- toient étrangers à mon sujet. Dans les éruptions 6k les maladies de la peau, de quelque na- ture qu'elles soient, l'application de l'eau froide, sous forme de bain, a souvent produit bs effets les plus salutaires. Il ne me reste plus qu'à déterminer maintenant quelles sont bs constitu- tions ôc bs maladies dans lesquelles l'usage du bain froid seroit dangereux ou contraire. I.°I1 pourroit nuire aux personnes fort âgées ou aux consti- tutions chez lesquelles bs forces radicales sont épuisées par l'in- tempérance ou de longues ôc graves maladies. a°. Les constitutions grosses ÔC replettcs , ainsi que ceux chez lesquels la forme partiel lière du corps , la manière de vivre , les maladies accidentelles paroissent indiquer des dispositions à l'apoplexie 6k à la paralysie ne doivent user du bain froid qu'avec les plus grandes précautions, 6k jamais sans avoir fait précéder des purgatifs ou des saignées proportionnés à leur situation actuelle. 3°. Ces bains ne sauraient convenir à la pléthore des pou* mons , indiquée par la douleur, la difficulté de respirer, le cra« chement de sang. Il est rare qu'on en ait retiré le moindre avantage dans les cas de consomption. Il nous reste à déter- miner maintenant par des expériences hardi.s 6k des observa- tions exactes jusqu'où pourroit être utile dans la consomption 263 des poumons la combinaison du bain froid avec bs plus puis- sans sudorifiques. Du temps & de la manière duferdu bain froid. Le temps le plus propice à user du bain froid est le matin à jeun. Une courte promenade ou quelque autre exercice mo- déré , sont par-fois nécessaires pour préparer le corps à l'action de l'eau froide, sur-tout vers le milieu de l'été, lorsque la cha- leur de l'atmosphère, accrue par celle que fait naître un lit de plume dans un appartement fermé durant toute la nuit, aug- mente si fort le relâchement, ou provoque des sueurs qui ne proviennent que de foibbsses. Il faut plonger en même temps tout le corps dans l'eau froide, sans en exempter la tête, je sais qu'on va m'objecter les inconvéniens d'avoir les cheveux mouil- lés , mais le malade pourra les éviter s'il veut prendre le soin , avant d'entrer dans le bain, de se couvrir la tête avec une toile huilée ou une vessie en guise de bonnet. Il suffira, pour lors, qu'il reste plongé dans l'eau froide durant l'espace de deux ou trois minutes. Lorsque le malade éprouve des frissons ou des douleurs à la tête ou dans la poitrine qu'il ne saurait attribuer à la chaleur de l'atmosphère ni à l'exercice qu'il seroit à faire, c'est toujours une preuve assurée qu'il s'est plongé mal-à-propos dans le bain, ou qu'il y a resté trop long-temps, tandis qu'au contraire c'est une marque certaine des bons effets qu'il obtiendra du bain froid s'il éprouve, en sortant de l'eau, la prompte expansion d'une douce chaleur surtout le corps ôc qu'un agréable bien-être de l'ame accompagne cette sensation du physique. On ne pourra qu'augmenter l'efficacité du bain si immédiat*- 264 ment après en être sorti on a soin de se faire brosser le corps avec une brosse, une pièce de flanelle ou du drap grossier, durant l'espace d'un quart-d'heure ou d'une demi-heure au plus, & dès qu'on est habillé, il convient de confacrer i'efpace d'en- viron une heure à quelque exercice modéré , à pied , à cheval ou en voiture, relatif au d.gré de force ou à la nature de la maladie dont on est afïl'gé. Ceux qui n'ubnt des bains que comme préfervatif doivent s'en tenir à deux ou trois par femaine ; mais lorfqu'on bs prend pour rétablir la fanté on peut en ufer tous les jours dans la plupart des maladies ,6k il en est même d'une nature plus opi- niâtre ou d'une plus longue durée dans bfquJbs il convient du fe baigner foir ôc matin. Il est née flaire d'ajouter ici que ceux qui plongent le corps dans le bain, deux fois b jour, n« doivent pas y entrer trop tôt après le dîner ÔC pas affez tard pour ne pouvoir faire immédiatement après l'exercice que nous avons tant recommandé. Les ondées ou douches n'ont été inventées que pour fuppléer au bain 6k favorifer le foible ÔC l'indolent. Je ne les défaprouve pas ; je penfe, au contraire , qu'on peut en retirer de grand* avantages dans les cas de foibleffe confidérable qui ne permet- trait pas de plonger b malade dans l'eau, ÔC qu'on doit tou- jours leur donner la préférence lorsqu'on n'a qu'une issue dou- teuse à pouvoir efpérer du bain. Peut-être encore que dans plu- fieurs circonstances où b choc qui peut avoir lieu entre le poids 6k la froideur de l'eau infpirercit au malade de l'effroi, l'efpri» Se le corps pourraient y être avantageufement préparés par quelcjues douches. Fin du premier volumt "£ «A. JB X JE DES MATIÈRES Contenues dans ce Volume. Çgg=-=g----------rafefegS&ga^;----- *&£ N©. I?a2e- I, Remarques fur les Eaux m'nérabs, par M. Anhaud, Dtctoir en nédecine 6kc. 6k Inspecteur d s Eaux de Boynes. S II. Extrait d'un Mémoire de M. Poupée Des» portes , fur une source dEau chaude trouvée dans l'Lb Saint-Domingue , au quartier de Mirebalais. l® 1IL ExTft.tr d'un Mémoire sur bs Eaux miné- rales de Banic, dans la partie Espagnole de Saint-Domingue. 20 IV. Extrait du procès-verbal de l'analyse des Eaux minérales du Port-à-Piment, faite par MM. Foloni, Médecin, 6k Chatad, Apo- thicaire du Roi, au Cap. 26 V. Extrait du Mémoire de M. la Marque, ancien Chirurgien-Major Se Entrepreneurs Eaux minérales de Boynes. 35 VI. Extrait d'un Mémoire sur la topographie du Port-à-Piment, sur les avantages qu'on peut retirer de son sol, sur bs Eaux miné- »ales,leurs propriétés , par M. Dubrl,ancien N°. Page Chirurgien-Major , Inspecteur de ces Eaux. 44 VIL Mémoire pour servir à l'Histoire naturelle du quartier du Port-à-Piment, avec l'analyse des Eaux thermales de Boynes, par M. Gauche, Administrateur concessionnaire des Eaux de Boynes, ôc Associé du Cercle des Philadelphes 5 8 Histoire & analyse des Eaux thermales du Port-à-Piment, avec la description de leurs bâtimens , faites sur les lieux , au mois d'Otlobre 178$. 70 Expériences par les intermèdes chimiques. 79 Evaporation. 90 VIII. Observations sur les effets des Eaux de Boynes dans plusieurs espèces de maladies, faites en 1786, par M. Gauche. 104 Suite des observations sur l'usage des Eaux thermales de Boynes, par le même. 116 Écrouelles. 140 Pulmome. 141 Éléphantiase. 1b. Ulcères. Ib. Hydropisie. 142 Tcenia Ib. Fleurs-blanches. M3 Cachexies. Ib. Pians & crabes. Ib. Dartres. Ib. Syphillis, eu maladie vénérienne. 144 Rhumatismes. 144 IX. Description du quartier du Port-de-Paix, avec un extrait de sonHistoire naturelle, par M. Gauche, 145 Division du quartier. 148 Extrait abrégé de l'Histoire naturelle du quartier du Port-de-Falx. \ Zoologie, 158 Bot an que. 161 Minéralogie. 161 X. Analyse de l'eau de la fontaine du Port-de- Paix, par M. Gauche. 165 XL Mémoire sur une Eau minérale-sulfureuse, découverte au bas-Moustique, Paroisse du Port-de-Paix, le 24 Juillet 1785, par M. Gauche. 173 XII. Mémoire sur une mine de cuivre découverte dans le haut-Moustique , quartier du Port- de-Paix, en Juillet 1785, par M. Gauche. 178 XIII. Voyage minéralogique fait à Terre-Neuve, par le R. P. Thimoth'e, Curé du Port-de- Paix, ÔC M. Gauche, le 30 Janvier 1786. 184 XIV. Extrait d'un Mémoire sur le sel commun que l'on fabrique au quartier d'Aquin, sur ses qualités, fon usage 6k b commerce que l'en en peut faire. 191 XV. Extrait d'une lettre sur bs salines de l'Arti- bonite , par M. Bertrand de Saint-Ouen, Ingénbur-H-ydraulicien, Associé du Cercle. 195 N°. Page. XVI. Analyse d'une pierre argileuse-cuivreuse des environs du Fort-Dauphin, par M. Auvrai, Associé du Cercle, 6kl un des Directeurs de la Chambre du Commerce. 199 Pesanteur spécifique de la pierre argileuse- cuivreuse. 200 Séparation des principes par l'Eau. Ib. Action du feu. Ib. Réduction de la substance métallique. 20ï Analyse par l'acide nitreux. Ib. Analyse par l'acide vitriolique. 203 XVII. Observations faites par M. Arthaud, Mé- decin du Roi au Cap ,6k Secrétaire perpétuel du Cercle des Philadelphes, sur des incrusta- tions végétales, sur des ostéocobs envoyées au Cercle par M. Mdlot, Habitant au Bon- net , Associé du Cercle ; sur une incrustation minérale ,6k sur une Caverne observée dans la grande colline du Borgne, partie du Nord, dépendance du Cap. 203 XVIII. Extrait d'une lettre, datée du 4 Février 1786, écrite par M. Mdlot, sur bs incrusta- tion végétales qu'on voit au quartier du Bonnet, sur l'habitation Duhouley, dont il est propriétaire , 6k sur le cours souterrain , » dans l'espace de iç ou 1600 toises, delà rivière du Vaseux, au Dondon. . 21a XIX. Extrait des essais analytiques sur les Eaux Thermales-minérabs , dites de h Grande- N°. Page. Anse, ou du bras gauche de la grande ri- vière de Jérémie , par feu M. Lefebvre Deshayes ; extrait fait par M. Ducatel, Assosié du Cercle. 21Ç Examen analytique , chapitre premier. 218 Chapitre second. 221 Chapitre troisième. 222 Chapitre quatrième. 224 Chapitre cinquième. 225 Chapitre sixième. 226 Résultat des expériences fy observations con- tenues dans ce Mémoire. 227 XX. Examen analytique des Eaux de l'hôpital mi- litaire du Cap-François, par M. Arthaud , Médecin du Roi au Cap, Secrétaire perpé- tuel du Cercb. 229 Examen par les réactifs. Ib. Analyse par évaporation. 23a XXI. Apperçu d'analyse d'une Eau minérale-ferru- gineuse, découverte sur la terre du nommé Cameron , Quarteron libre, à la Montagne Noire de la grande rivière , par M. Mis^s de Musse, Associé du Cercle. 234 XXII. Inspection des Eaux Thermales de Boynes, dans le quartier du Port-à-Piment, par M. Arthaud, Médecin du Roi au Cap, ÔC Secré- taire perpétuel du Cercle. 236 XXIII. Extrait par M. Ducatel, Associé du Cercb, N°. Page, de l'Analyse des Eaux thermales 6k minérales de la Martinique 6k de Sainte-Lucie, faite d'après l'ordre du Roi, par MM. Roux 6 l'Estrade, Médecin du Roi, ÔC par M. Gabrie, Chimiste. 243 Des Eaux des Pitons du Fort-Royal. Ib. Eaux du Prêcheur. 244 Analyse des Eaux Thermales 6» minérales de la soufrière de l'isle de Sainte-Lucie. Ib. Analyse par les réactifs de la source dite du Thermomètre. 24c Analyse par évaporation. Ib. Analyse des Eaux de la grande Cascade. 246 Analyse par évaporation. Ib. Analyse par les réactifs de l'Eau de la sowee à 42°. 147 Analyse par évaporation. Ib. Quantité des diff.rer.tes substances con- tenues dans une pinte des Eaux de cette source à 420. 24a XXIV. Instructions sur l'usage des Eaux minérales 6k des bains froids d'Harrogate proche de Philadelphie, traduites de l'Anglois de M. Rush , par M. Ycard, Médecin de la Provi- dence , Secrétaire-adjoint du Cercle des Phi- ladelpbes , ôc Correspondant de la Société Royale de Médecine. 20 Fin de la table des Matières. ERRATA. Page. Li. Au lieu de 10 17 Munitieux........ • 17 3 On en fortoit avec peine. 44 10 Hiene. . 45 30 Ajoutez. 53 11 Après principe...... 50 2 Renouveau de la lune. . 48 17 Après je lui faifois. . 55 26 Enfin huit jours après l'écoubmentgonorrhéique. 56 5 Vertige....... îbid Ib. Tympanité..... 60 29 Sebctur....... 61 2 Qui, à fa fource. . 66 25 Rats de marée. . . Jbid Ib. Raréfraction..... 68 20 Poinciade épineufe. 69 6 Helieteres...... Ibid 9 Tournefortia..... 74 8 Au 39 1/2.....• 77 28 Bouche,....... 78 23 Dilbn. Conferva. . . Ibid 24 Limo innafcent Ray. Ibid 27 Partie ne....... 79 1 Gelatinofa retic . . Ibid 15 Végétant. . . . 83 21 Après la ligne. o? 5 Du marin. ...... Ibid 9 6k une fi petite ôcc. 07 14 Une batte....... 100 i) Rouvolfin....... Ibid 10 Port-à-Piment. . . . Lifez Minutieux. On en fortoit avec répu- gnance. Henné. Traditition populaire, re- connue fausse depuis. Ajoute^ qui. Renouvellement delà lune. Enfuite je lui faifois. Qui fuivit, l'écoulement gonorhérique eut dimi- nué des trois quarts. Vestige. Tympanité Sebctar. Qui a fa fource. Raz-de-marée. Raréfaction. Bois deBiésil, ou fer- nambuc. Helieteres. Ajoute^, espèce nouvelle. Au 42e. Bouche. Que quoique. Dillen. Conferva. Innascens, Ray D. Partie 2e. Gelatinosa ret'culata fubs- tantiâ vesiculosâ. Végètent. Ajoute^ : je me fuis de- puis affuré que cette Eau ne contient point de fer. Du sel marin. effacez jufqu'à 90. Uns hutte. Rauvolfa. Poit-de Paix. Pag- Li. 122 »9 I29 22 x 36 2 ;bd M 140 '9 lb.d 24 141 2 Ibid 18 144 '9 M5 •) Ibid ïi 148 »9 I51 M Ibid »9 M9 18 Ibid 24 Ibid Ib. 160 28 161 7 Ibid 9 163 4 ibid 27 164 11 165 M 180 8 185 18 187 4 180. 8 Ibid 20 190 ni Ibid 23 196 7 241 12 247 26 252 6 253 22 Ibid 27 Au Ibn d» Attaque d'une pv une. . . Lariep s.......... l'yane........... Lj pomiqu.s....... La clavicude....... Bordeaux......... Aise............ L'œmoph gmafiqu\ . . . A f pt à nuit. ..... 4"'-l.......... u.ux li.ues........ René oe Bras...... De gane......... De B.as......... Ijfacei ou........ Coureuse......... Vi -anneau. .*....... La mage......... Le mantance....... Tincloria......... Feri............ Degrés fur......... Les matins entre onze. . Aub z........... D'L lande......... Grange.......... Précipitamment...... Rouillées......... Toute mine........ Dicend.......... Rixa ortî'aiea....... Les saliniers........ Glaire........... Elle a p is confistence. . Se compliquent, de telle manière.......... De c !1 s......... Coup d'eau........ L f z. 1 D'une Dy^urie. | L'amyris. j i yu.ie. i ijyp.ictK-ii',s. La clavicule. Bordeu. Cuve. Leucophbgmatiqne. A L, t eu huit. Far M. Gauche. Douz; lbues. René de Bas. De grasse. De Bas. Coureffe. Vivanneau. La rage . Le manteau ducal. Tinctoria. Flos ferri. 15 degrés. Sur mon. Les matins ; entre onae. Auber. D'Islande. Grande. Précifément. Roulées. Tout, mine, Décand. Bixa Orellana. Les fauniers. Glaise. Elle a pris la confiftance. Se compliquent de telle manière. De selles. - Yerrée d'eau. Il y a que'qves m-très favfs de Coristr . que h Lecteur remarquera aifement, tdks quepr.gt229, «ni lieu de l\°. XIX, lfi{ N°, XX, 6kc. ^ y r K First and last signatures washed and dsaoldlfied wlth magnésium bicarbonate. Ail other leaves deaoldlfled wlth methyl magnésium oa.rbonn.te. Leaves mended» New all-rag end paper signatures, unbleaohed linen hlnges and hand seved headbands. Rebound in £ Russell's oasis moroeoo wlth hand marbled paper sides and vellum oorners. Leather treated wlth potassium laotate and neat's foot oil 4 lanolin. Maroh, 1980. Carolyn Horton 4 Assooiates U30 West 22nd Street Now York, N.Y. 10011 gZ CW