ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. (Extrait du t. XXIV, n° 5, des Bulletins.) NOTE SUR LE FOIE ET LE REIN GRAS PHYSIOLOGIQUE; PAR M. G LU GE, Nniubrr de l'Académie royale de ltel^ique. Dans les sciences, comme le spirituel M. Babinet l’a fait observer dernièrement, il ne s’agit pas de savoir qui a le mieux vu, mais qui a le premier vu, parce que la diffi- culté principale est dans la découverte du premier fait. Pour les lettres et les arts, il n’y a jamais de questions de priorité, vu que le mérite consiste dans la création seule de l’œuvre et non dans le temps où elle a été faite. L’Académie voudra donc me permettre de réclamer la 2 priorité à l’occasion d’une observation publiée par M. le professeur Koelliker, dans les Verhandlungen der Physika- lisch-Mediz.-Gesellschaft (1) de Wurzbourg, sur l’existence du foie gras physiologique chez les mammifères à la ma- melle. M. Koelliker dit avoir rencontré un foie gras chez un chat âgé d’un jour, et qu’en se rappelant le fait d’un foie gras observé par M. E.-H. Weber, en 18d5 (2), sur le poulet, il a examiné , en outre, le foie de souris, de chien, de cochon d’Inde et de grenouille, et il a trouvé dans les cellules du foie de la graisse plus ou moins abondante. M. Koelliker, si riche en découvertes, me permettra volontiers, j’espère, de réclamer la priorité de ces obser- vations. Dans la lre livraison de mon Atlas d'anatomie patholo- gique, livraison qui a paru en 1845, j’ai constaté l’existence du foie gras physiologique chez l’écrevisse, chez les pois- sons et, pendant la lactation, chez le chat et le lapin. Chez le premier de ces deux mammifères, j’ai, en outre, con- staté la présence de la graisse dans les canaux urinifères, dépôt qui les rend semblables à la dégénérescence grais- seuse de ces tubes dans l’albuminurie de l’homme. J’avais ensuite indiqué la présence de la graisse dans le foie de l’embryon humain , dans celui du poulet et du têtard. Chez d’autres mammifères, tels que le veau, et chez un jeune chien, le foie gras manquait et ne se trouvait que dans certaines conditions pathologiques. Ce dépôt de graisse, dans le foie des embryons ou de jeunes animaux (chez le chat, le rein gras persiste même (1) Vol. VII, p. 170,1856. (2) L’observation de M. Weber ne se trouve pas, du reste, dans le journal cité par M. Koelliker, Zettsch. f. rat. med. 1845. 3 chez l’adulte (1)), est d’autant plus remarquable que les infiltrations graisseuses du foie et des reins constituent des états morbides importants chez l’homme et chez les animaux. Un examen approfondi des conditions dans les- quelles la graisse se dépose dans les différentes glandes à l’état physiologique, serait sans doute d’une grande impor- tance, d’autant plus que, chez les enfants, cet état grais- seux, appartenant à l’embryon, persiste en général chez ceux qui sont nés scrofuleux, ainsi que je l’ai sigualédepuis longtemps. (Voyez Atlas, liv. 15.) (1) La poule n’a pas de foie gras; j’ai vu cependant cet état accompagné d’épanchement considérable de sérum dans les cavités et même dans le pé- ricarde jusqu’à déterminer l’asphyxie de l’animal. D’un autre côté, j’ai pu suivre, chez le lapin sevré, la disparition de la graisse des cellules du foie et des canaux urinifères.