YIN DE BORDEAUX. FRAGMENT DE L’ÉPOPÉE BABYLONIENNE DE NEMROD. Il se compose de sept morceaux. L’écriture est très serrée. La couleur d’argile est d’un brun rougeâtre. Ce fragment paraît se rattacher à une autre rédaction du récit du Déluge. D’après la sculpture, très à part, qui se trouve au verso, on peut regarder le texte comme une rhapsodie particulière, une sorte d’introduction aune légende conjuratoire, comme la descente d’lstar aux enfers. L’image rappelle le combat de Mérodach avec le serpent Tiamat, cependant il faut signaler quelques divergences notables. Le poisson dans la main gauche de Mérodach se rapporte, sans doute, au poisson salé (marra) appelé SILL aux lignes 20 et 24, tandis que la cruche paraît renfermer la liqueur miraculeuse SU-DA-MAT-TIN, pro- noncée sodavatten à la basse époque. Le monstre n’est certainement pas Tiamat en personne, mais un de ses démons, sans doute celui qui a le nom de KA-TER (1.13 et 31), accad. «bouche de la forêt» ou suivant un accadiste éminent «celui qui crie dans la forêt» comme dans ka- edin-na «lièvre». TRANSCRIPTION Enu-ma Samas-napistim ûçî ina elippisu, niqâ ittaqî-ma ilâni kîma zumbê elî bel niqî iptaxrû 1. U Ea içîn erisa tâba, itxê-ma aradsu ippal; Surippakù, mâr Übara-Tutu, pâlix ilâni atta; adannis aqdrabakkumma mal libbika usemçîka. Samas-napistim pâsu epus-ma iqdbî, ana enisu Ea amâ- tam izdkar : enî, lâ tâbu elî’a me-sunûti, assu sa ixliqù ina libbisunu bel xîti u arni kâlisunu, bûlu u amelûtü- ma; maltîta sanîtd-ma sa asdtî ana arkat ûme iâsi, enî, qâsu qîsa-ma!” U Ea iddinsu ultu ginî samê sâma sa karân BUR-DU(?) iqabûni; iltî-ma Samas-napistim, mâlî rîsâti, itîb libbasu, kabittasu immir. Emmsu-ma Ti’âmat, abat ilâni u amelûti-ma gallâ limna, sa KA-TER (?) sumsu, ultu isid Aral! umâ’er, 1) X = t = -b, ç = {JO, q = (J, s=cA i, = e5- qaqqad Samas-napistim kîma çubâti iktum-ma kîma im- meri itbuxsu ; rnuruç qaqqadi ana ameli issakin-rna qaqqadsu mariç, ma’adis imraç; nissatum etêrub ina kar- sisu, etêkil pânisu, û’a u â karassu uradallî-ma irâpud çêra; la umassersu ultu çît samsi adî erêb samsi. Marduk ippalissu-ma ana abisu Ea ana bîti erum-ma isêsî: abî, muruç qaqqadi ana ardika Samas-napistim it- taskan, adî sinâ iqbîsu-ma. Mînâ eppus amelu suâtuj, ul îdî, ina mînî ipâsax? Ea mârsu Marduk ippal : mârî, mînâ la tîdî, mînâ lû- çipka! Marduk, mînâ là tîdî, mînâ lüraddîka! sa anâku îdû, at ta tîdî. Alik, mârî, ina pî nârâti nûn SlL(?)liqî- ma me sa SU-DA-MAT-TIN(?) izkurû nibîtsun ana -Ivâr- pati mullî-ma sipat Eridi idî-ma gallâ limna mitxaç(?)-ma karas Samas-napistim ina me-sunûti sulux- ma nûna SIL(?) marra sùkilsu, rauruç qaqqadi sussUelî zurarisu-ma kîma qutri mânîti nîxti ana samê litêlîl. Illik Marduk ina pî nârâti... u pâni sa a(?) ~ . ultu pî sa Samas-napistim ma’adu amelu mar ilisu ana raatî-ma karàna ella liqî-ma sumnia là ellu, KA-TER(?) sa ïi’âmat rnu- ruç qaqqadi û’a _ TRADUCTION. Xisouthros, après être .sorti de son vaisseau, offrit un sacrifice. Et les dieux, Semblables à des mouches, se groupèrent autour de celui qui sacrifiait. Le dieu Ea aussi s’approcha et, tout en aspirant la senteur agréable, il dit à son serviteur: «Habitant de Sourippak, fils d’Oubara- Toutou, tu es vrai moût un adorateur des dieux. Ma grâce t’est acquise à toujours. Je te ferai trouver la plé- nitude de ton cœur ». Alors, ouvrant la bouche, Xisouthros s’adressa au dieu Ea et lui dit: «Ô mon seigneur! cette eau ne me con- vient point; caf tous les pécheurs et tous les malfaiteurs, hommes et bêtes ont pourri dedans. 0 mon seigneur, veuille m’accorder une autre boisson que je puisse savourer pendant le restant de mes jours ». Le dieu Ea lui donna alors une plante qu’ils appellent vin de BOUR-DOU 1 (?) ; et Xisouthros but, rempli de joie; son cœur se dilata, son foie devint resplendissant. 1) D’après M. Delitzsch (Wo lag das ParadiesPp. 169) «un bon vase» ou bien «une bonne bouteille", peut-être ici avec la signification spéciale d’une «bonne goutte". VIN DE BORDEAUX. Langue de Babel. Paul Haupt. A ce moment, Tiamat, l’ennemie des dieux et des hommes, le vit ; elle envoya du sein de l’enfer un démon mal- faisant, qui porte le nom: KA-TER (?). Celui-ci entoura la tête de Xisouthros comme d’un voile, il l’abattit comme un agneau. La maladie de tête saisit l’homme, sa tête devint douloureuse, il se sentait bien mal à son aise, la misère1 envahit son estomac, son visage s’assombrit, son estomac retentissait de : ô douleur ! hélas ! et il s’étendit de son long sur le sol. Il fut en proie aux souffrances de- puis l’aube jusqu’au soir. Alors, Mérodach , le voyant, entra dans la maison d’Ea, son père, et lui dit; «Mon père, la maladie de tête s’est emparée de ton serviteur Xisouthros etc. etc. Que doit faire cet homme», lui dit-il, «je ne sais trop comment il pourra se remettre »? Ea répondit à Mérodach son fils: «Mon fils, que pour- rais-je ajouter que tu ne saches déjà, Mérodach, que pourrais-je t’apprendre que tu ignores encore? Ce que je sais, tu le dois pourtant savoir. Va, mon fils, à l’em- bouchure des fleuves, prends le poisson SILL (?) et l’eau appelée SU-DA-MAT-TIN(? )2, remplis en un vase, use de la conjuration d’Eridou, et combats (?)3 le mauvais démon de Tiamat! Asperge avec cette eau l’estomac de l’homme pieux et donne lui à manger le poisson salé, le poisson SILL (?). Fais disparaître de son corps la maladie de la tête, afin qu’elle monte vers le ciel, semblable àla vapeur qui s’élève d’une paisible demeure ». Mérodach alla à l’embouchure des fleuves ... mais avant que (?) eau (?) de la bouche de Xi- southros beaucoup l’homme pieux Prends toujours du vin pur s’il n’est pas pur, le KA-TER (?) de Tiamat maladie de la tête misère 1) Assyr. nissatu, syn. crapula VI R. 71, 4Æ. 2) D’après M. Yvélah: «corps au côté du pays de la vie*. 3) La traduction de «SILL mort» ne convient pas au contexte, le sens de la phrase exige un verbe. Je propose de lire mit-xaç • combats".