PRocÈs-verbaux des séances de la Conférence Sanitaire Internationale, con- voquée par son Excellence le Président des États-Unis d’Amérique, conformé- ment à la décision suivante du Sénat et de la Chambre des Représentants des États-Unis d’Amérique, réunis en Congrès, le 14 mai 1880. Le Sénat et la Chambre des Représentants des État-Unis d’Amérique, réunis en Congrès, déclarent—Que le Président des États-Unis est autorisé par ces présentes à convoquer à Wash- ington, District de Colombie, une Conférence Sanitaire Internationale, à laquelle toutes les puis- sances ayant juridiction sur des ports de mer exposés à être infectés par la fièvre jaune ou le choléra, seront invitées à envoyer des délégués, dûment autorisés, dans le but d’élaborer un système international d’avertissements sur l’état sanitaire exact des ports de mer et des localités sous la juridiction de ces puissances, ainsi que des navires en partance de ces ports. CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE DE WASHINGTON. SÉANCE DU 5 JANVIER 1881. Les délégués des puissances maritimes, réunis à Washington sur l’invitation du Gouverne- ment des États-Unis, ont tenu leur première séance ce jour, 5 janvier 1881, dans le but de discuter un système international d’avertissements à donner sur l’état sanitaire exact des ports de mer et localités soumis à la juridiction des dites puissances, ainsi que des navires en partance de ces ports. Étaient présents : Pour l’Allemagne: M. H. A. Schumacher, Consul-Général d’Allemagne à New York. Pour I’Autriche-Hongrie : Le Comte Lippe-Weissenfeld, Conseiller de la Légation d’Autriche-Hongrie à Washington. Pour la Belgique : M. Georges Neyt, Conseiller de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, et M. Édouard Sève, Consul-Général de Belgique à Philadelphie. Pour la Bolivie : Senor Doctor Ladislao Cabrera, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Pour le Brésil : Senhor Torreao de Barros, Secrétaire de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. Pour le Chili : Senor Don Francisco Solano Asta-Buruaga, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Pour le Danemark : M. Cari Steen Andersen de Bille, Chargé d’Affaires et Consul-Général à Washington. Pour l’Espagne: Senor Don Felipe Mendez de Vigo, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington, Pour les États-Unis: M. John Hay, Sous-Secrétaire d’État; le docteur James L. Cabell, Président du Conseil Sanitaire National des Etats-Unis; le docteur Thomas J. Turner, Secré- taire du Conseil Sanitaire National des États-Unis; M. J. Hubley Ashton, Délégué Spécial, et M, James Lowndes, Délégué Spécial. Pour la France : M. Maxime Outrey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Pour la Grande Bretagne : M. Edward Mortimer Archibald, C. 8., Consul-Général de sa Majesté Britannique à New York, et le docteur J. C. Taché, Délégué Spécial du Canada. Pour les Iles Hawaï : Air. Elisha H. Allen, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipoten- tiaire à AYashington. Pour Haïti : Mr. Stephen Preston, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Pour l’ltalie: le Prince de Camporéale, Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. Pour le Japon : Jushie Yoshida Kiyonari, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipoten- tiaire à AYashington. Pour la Libéria: Air. William Coppinger, Consul Général aux États-Unis. Pour le Mexique: Senor Don Juan N. Navarro, Consul-Général à New-York et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington; et Senor Don Ignacio Alvarado, Délégué Spécial. Pour les Pays-Bas : Jonkheer Rudolph van Pestel, Ministre Résident à AYashington; et le docteur T. J. van Leent, Officier de Santé de lère classe dans la marine des Pays-Bas, Délégué Spécial. 4 Pour le Portugal: Le Vicomte das Nogueiras, Envoyé Extraordinaire et Ministre Pléni- potentiaire à Washington. Pour la République Argentine: Seîior Don Julio Carrié, Secrétaire de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. Pour la Russie : M. Michel Bartholomei, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipoten- tiaire à Washington. Pour la Suède et la Norvège : Le Comte Cari Lewenhaupt, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Pour le Turquie : Grégoire Aristarchi Bey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipo- tentiaire à Washington. Pour le Vénézuéla : Senor Don Simon Camacho, Chargé d’Affaires à Washington. Étaient absents : Pour l’Allemagne ; un Délégué Spécial, Pour l’Autriche-Hongrie : Le Comte Bethlen, Délégué Spécial. Pour l’Espagne : un Délégué Spécial. Ainsi que les délégués suivants dont la nomination a été annoncée au Département d’État par leurs gouvernements respectifs : Pour le Pérou : Sehor Don Ramon Ignacio Garcia, Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, Pour le Portugal: Le professeur José Joaquim da Silva Amada, Délégué Spécial. La séance fut ouverte à midi, à Fhôtel du Département d’État, dans la salle des réceptions. L’honorable Secrétaire d’État, M. W. M. Evarts, s’adressant à la Conférence, s’exprime en ces termes : “Je suis heureux, messieurs, de vous souhaiter à tous, au nom des États-Unis, la bienvenue, comme délégués de vos gouvernements respectifs à cette Conférence Sanitaire Internationale. “L’été dernier les États-Unis adressèrent, par l’entremise de leurs ministres auprès des dif- férentes cours et gouvernements intéressés en cette matière, une circulaire aux puissances mari- times, les invitant à rechercher le moyen de se garder, par des règlements sanitaires, contre l’in- troduction des maladies dans nos pays respectifs. “ Les ravages que l’extension de la fièvre jaune a causés dans les États-Unis et qui occasion- nèrent des perles d’existence et des dommages matériels considérables, ont induit ce gouvernement à convoquer cette Conférence, laquelle, nous avons tout lieu maintenant de l’espérer, sera suivie d’heureux résultats. “ Le gouvernement des États-Unis est très-sensible à l’empressement que les puissances ont mis à répondre à son invitation, et à l’intérêt, je puis dire universel, que notre proposition a soulevé, ce que démontre le nombre de délégués présents à cette Conférence. “Nous avons prié deux médecins éminents et deux avocats distingués d’agir comme délégués de ce gouvernement, et nous avons nommé l’Assistant-Secrétaire d’État pour servir d’intermédiaire officiel entre le gouvernement et cette Conférence. L’invitation, comme vous avez dû le remarquer, n’a eu en vue, à titre de proposition définie, que l’établissement d’un système d’avertissement international sur l’état sanitaire général des pays et de leurs ports de mer, digne de la confiance des gouvernements intéressés; ce système d’avertissements devrait aussi s’étendre à la condition sanitaire des navires en destination de ports étrangers. Bien que restreint dans ces limites, ce système, une fois solidement établi, accomplirait, dans une grande mesure, ce qu’il est permis d’attendre d’un accord international sur la matière. En effet, l’étude d’un pareil système comporte un échange important de vues et d’informations variées, attendu qu’il s’agit de déterminer la meilleure méthode de constater les conditions sanitaires de chaque pays. Ces considérations nous amènent nécessairement à nous demander quelles sont les périodes de l’année pendant lesquelles il serait désirable ou nécessaire d’exercer la surveillance projetée. 5 “A la nouvelle d’un danger menaçant la santé publique l’alarme donnée devient la question dominante qui prime toutes les autres. Il est cependant admis, que les grands intérêts du commerce ne doivent pas être traités à la légère, et qu’on ne doit y apporter de restrictions et d’entraves que dans la mesure nécessaire au maintien de la santé publique. “La conciliation de ces intérêts en conflit, de cet antagonisme entre l’entière et constante liberté accordée au commerce, à laquelle les nations ici représentées sont si largement intéressées, et des exigences particulières et si pressantes de la santé publique, sont des questions à l’ordre du jour en tous temps et en tous lieux. Voilà ce qui rend les travaux de notre Conférence si intéressants pour vos pays et pour le nôtre. “Nous vous offrons, messieurs, l’hospitalité du Département d’État et l’usage de cette salle pour vos séances; et nous mettons à votre disposition tout ce qui, de notre part, pourra vous aider dans vos travaux. “Vingt-et-un gouvernements sont, en ce moment, ou le seront bientôt, représentés par des délégués. “Je fais des vœux pour l’heureux résultat de vos délibérations sur les matières qui con- cernent la santé des peuples, j’espère que vous mêmes serez exempts de tout trouble de ce côté, et je vous souhaite de nouveau la bienvenue à cette Conférence, à laquelle vous nous avez fait l’honneur de prendre part.” Le délégué de Suède-Norvège (M. le Comte Lewenhaupt) prend ensuite la parole et propose de procéder à l’organisation de la Conférence en élisant un président; il suggère, en même temps, que Mr. John Hay, l’un des délégués des États-Unis, soit choisi comme tel, proposition qui est adoptée à l’unanimité. Eu prenant possession du fauteuil, le Président présente ses remercîments à la Conférence pour l’honneur qu’elle vient de lui faire. Il ajoute que l’objet de la Conférence ayant été expliqué par le Secrétaire d’État dans son discours d’inauguration, il se bornerait à proposer la nomination d’un Secrétaire. Sur ce, plusieurs délégués expriment le désir de voir choisir le Secrétaire parmi les repré- sentants des États-Unis. Le Président (M. Hay) dit alors qu’avec l’approbation de la Conférence il se permettrait de suggérer le nom de M. le docteur E, J. Turner, l’un des délégués des États-Unis. Sur ce, M. le docteur Thomas J. Turner fut choisi Secrétaire de la Conférence, à F unani- mité. Le Président (M. Hay) s’adresse à la Conférence en ces ternies: Certains merabers de la Conférence m’ont fait observer que quelques-uns des spécialistes distingués nommés par leurs gouvernements comme experts dans la matière qui nous occupe, ne sont pas encore arrivés, mais qu’ils seront probablement ici dans le courant de la semaine prochaine. La Conférence est-elle d’avis d’attendre l’arrivée de ces messieurs, et de s’ajourner en conséquence, ou d’entrer de suite dans la discussion des matières qui lui sont soumises? Le délégué de France (M. Outrey) demande si l’on a quelque proposition à soumettre à la Conférence. Le Président (M. Hay) répond que les délégués des États-Unis sont prêts à soumettre à la Conférence, si elle le juge convenable, des propositions générales qu’ils ont préparées; mais plusieurs délégués ont pensé qu’il serait peut-être plus juste et plus satisfaisant pour tout le monde, d’ajourner la Conférence jusqu’à la semaine prochaine, afin de donner aux spécialistes que l’on attend, l’occasion de prendre part aux travaux des comités à constituer. Le délégué de France (M. Outrey) suggère que l’on imprime et distribue aux membres de la Conférence le travail préparé par les représentants des États-Unis, afin d’être en mesure de le discuter à la prochaine séance. 6 Le Président (M. Hay,) répond, qu’avec l’approbation de la Conférence, les délégués des États-Unis présenteront un simple exposé de leurs vues sur la question, qui sera distribué aux délégués, aussitôt que possible. Cette proposition n’ayant soulevé aucune objection, est adoptée. Le délégué de la Grande-Bretagne (M. Archibald,) demande s’il ne serait pas également convenable d’ajourner la Conférence jusqu’à ce que certains membres aient reçu les instructions qu’ils attendent de leurs gouvernements. Quant à lui, il n’a reçu que dernièrement sa nomina- tion, et il attend de jour en jour des instructions de son gouvernement à ce sujet. Le délégué de la Turquie (Aristarghi Bey,) propose que la Conférence s’ajourne à huitaine, à une heure de l’après-midi. La Conférence s’ajourne alors à 1 heure de l’après-midi, mercredi, le 12 janvier prochain. Le Président de la Conférence, JOHN HAY. Le Secrétaire de la Conférence, Thomas J. Turner. 7 ANNEXE No. 1, PROCÈS-VERBAL No. 1. Circulaire adressée aux représentants diplomatiques des États- Unis près des puissances maritimes. No. . Département d’État, Washington* le 30 juillet 1880. Monsieur : Je m’empresse de vous informer qu’à la suite d’une décision du Congrès, approuvée le 14 mai dernier, le Président a résolu de convoquer une Conférence Sanitaire Internationale, qui devra se réunir à Washington, et d’inviter à cette Conférence les puissances ayant juridiction sur des ports de mer exposés à être infectés par la fièvre jaune ou le choléra. Le but de cette Con- férence est de proposer un système international d’avertissements sur l’état sanitaire exact des ports de mer, des localités et des navires en partance soumis à la juridiction des dites puissances. Je vous envoie ci-inclus un Mémoire dans lequel sont mentionnées les raisons qui ont induit ce gouvernement à demander aux autres nations de prendre part à cette Conférence Sanitaire Internationale. Ce Mémoire contient, en sus, un certain nombre de propositions spécifiques que le Président désire soumettre à la Conférence. Notre gouvernement, instruit par sa propre expérience, croit qu’il est urgent de prendre de promptes mesures sur cette matière. Je vous engage, par conséquent à attirer sans retard l’attention du gouvernement de , sur ce sujet, à lui transmettre pour son information, copie du Mémoire ci-dessus mentionné, et à lui demander, en même temps, de prendre en considération l’utilité d’une telle conférence. Mous aurez également soin de nous communiquer, aussitôt que possible, les vues de ce gouvernement sur cette matière. Vous pourrez ajouter que le Président pense que les délégués devraient être autorisés à con- clure si la chose était jugée nécessaire, une Convention chargée de régler toutes questions internationales de règlements sanitaires qui pourraient être soumises à l’appréciation des gou- vernements intéressés. Afin que la conférence projetée puisse être tenue à une époque aussi rapprochée que possible, pourvu que les gouvernements intéressés y consentent, le Président croit utile de suggérer le ler1er janvier comme date convenable pour la réunion de cette Conférence dans la ville de Washington. Mais si le gouvernement de avait des raisons pour préférer une autre date, notre Gouvernement est tout disposé à prendre cette demande en considération. Je suis, Monsieur, Votre obéissant serviteur, WM. M. EVARTS 8 ANNEXE No. 2, PROCÈS-VERBAL No. 1. MÉMOIRE. Département d’État, Washington, le 29 juillet 1880. Mémoire sur les questions qui pourront être soumises à la Conférence Sanitaire Interna- tionale. Une décision du Sénat et de la chambre des Représentants des États-Unis, approuvée le 14 mai 1880, autorise le Président à convoquer une Conférence Sanitaire Internationale à Washing- ton, District de Colombie, à laquelle toutes les puissances ayant juridiction sur des ports de mer sujets à être infectés de la lièvre jaune et du choléra, seront invitées à envoyer des délégués dûment autorisés pour adopter un système d’avertissements sur la condition sanitaire exacte des ports de mer et localités placés sous la juridiction des dites puissances, ainsi que des navires en partance de ces ports. C’est aux difficultés éprouvées par notre gouvernement dans l’application des règlements et mesures sanitaires adoptés par la législature pour sauvegarder le territoire des États-Unis contre l’introduction et de la diffusion de la lièvre jaune, du choléra et autres maladies contagieuses, qu’est due la démarche actuelle. Le développement que la lièvre jaune a pris dans cer- taines parties de ce pays, depuis deux ans, ainsi que le danger permanent de l’introduction de maladies pestilentielles et contagieuses, telles que la fièvre jaune et le choléra, par les navires venant de ports infectés de l’étranger, ont donné lieu à des mesures législatives; mais la difficulté de les appliquer est due au fait que dans certains ports étrangers où ces mala- dies existent d’ordinaire, les autorités locales hésitent à co-opérer avec les agents des États-Unis pour la mise en pratique des règlements que ce gouvernement a cru nécessaire d’adopter. D’autre part, par suite de l’insuffisance des renseignements fournis dans certains cas sur l’état sanitaire des ports de mer suspects, les navires venant de ces ports ont été, comme on l’a plus tard reconnu, assujettis à des quarantaines inutiles à leur arrivée dans les ports des État-Unis. De même, des navires venant de ports de mer américains ont été obligé de subir des retards vexa- toires et inutiles dans les quarantaines d’autre pays, toujours par suite de l’insuffisance de ren- seignements. La décision du Congrès propose simplement d’établir “un système international d’aver- tissements sur la condition sanitaire des ports et localités,” et ne touche pas à la question plus large et plus épineuse des mesures sanitaires préventives imposées par la loi dans les ports de chaque pays contre l’introduction et la dissémination de maladies pestilentielles venant de l’étranger. Le Gouvernement des États-Unis, reconnaissant le caractère essentiellement local des mesures de quarantaine de chaque pays, n’a pas l’intention de proposer un code inter- national sanitaire uniforme, même en admettant que le système prohibitif fédéral des État-Unis et des gouvernements des différents États se prêterait à l’adoption d’un système adminis- tratif capable d’embrasser toute l’étendue du territoire du Texas au Maine. Le Président, toutefois, est d’avis que les dommages considérables que le commerce a essuyés et essuie tous les jours par suite des délais et des entraves apportés par des quarantaines inutiles, trouve- raient un remède dans l’établissement d’un système d’avertissements sur la condition des ports de 9 mer et des lieux sujets à l’infection des maladies contagieuses, ainsi que le comporte la déclaration du Congrès du 14 mai 1880. En se basant sur cette déclaration, il a cru convenable de soumettre aux gouvernements des puissances maritimes, la proposition de tenir une conférence à une date rapprochée, dans cette ville, pour étudier un projet d’échange mutuel de renseignements entre les nations. Les propositions spéciales que le Président désire soumettre à la Conférence projetée sont les suivantes : A. L’établissement d’un système international d’avertissements dignes de confiance, sur l’existence des maladies pestilentielles, principalement du choléra et de la fièvre jaune. B. L’établissement d’un système international de patentes de santé donnant la véritable condition sanitaire des ports de mer et des navires au moment de leur départ. La discussion de ces deux propositions soulève, entre autres, les questions suivantes : I. Quel devrait être l’agent chargé d’attester la condition sanitaire des ports de mer, des localités et des navires? 11. Comment l’agent chargé de cette attestation pourrait-il obtenir des renseignements dignes de foi sur l’état sanitaire des ports de mer et des localités, ainsi que sur l’existence des maladies contagieuses? 111. X l’apparition de la fièvre jaune ou du choléra dans un port de mer et localités adjacentes, quel examen devra-t-on faire subir aux navires en partance, afin de constater leur état sanitaire? IY. Jusqu’à quel point et sous quelles conditions devra-t-on considérer une patente nette comme preuve qu’il n’existe pas de danger d’infection à admettre le navire en libre pratique au port d’arrivée? Y. De quelle manière peut-on obtenir des informations dignes de foi dans les ports et localités des pays qui n’ont que des règlements sanitaires insuffisants et qui refuseraient leur adhésion au système international proposé? YI. Quel moyen pourrait-on adopter pour établir une échelle graduée de pénalités pour la punition des infractions aux règlements internationaux adoptés en exécution du système proposé? CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE DE WASHINGTON. Peocès-Veebal No. 2. SÉANCE DU 12 JANVIER 1881. La Conférence s’est réunie à 1 heure 15 minutes de l’après-midi. Les délégués des pays ci-dessous— Étaient présents : L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Brésil, le Chili, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, les îles Hawaï, Haïti, l’ltalie, le Mexique, les Pays-Bas, le Portugal, la République Argentine, la Russie, la Suède et Norvège, la Turquie, et le Vénézuéla. Le délégué spécial de l’Espagne, Senor Don Rafaël Cervera, Docteur en Médecine et Chirurgie, et le délégué spécial du Portugal, M. le Professeur José Joaquim da Silya Amada, qui étaient absents à l’ouverture de la Conférence, se présentent. Le Président (M. Hay) propose de nommer un Vice-Président. Le délégué de Turquie (Aristarchi Bey) demande que le Président désigne le Vice- Président. Cette motion est adoptée, et le Président nomme le délégué de France (M. Outrey) Vice- Président de la Conférence. Le délégué de Russie (M. Baetholomei) demande que les procès-verbaux de la Confé- rence soient rédigés et imprimés simultanément en anglais et en français. Adopte. Le délégué de Suède et Norvège (le comte Lewenhaupt) fait observer qu’il est main- tenant nécessaire d’avoir un Secrétaire pour la langue française, et on décide qu’un comité de cinq délégués, formé des cinq premiers ministres portés sur la liste officielle du Corps Diplo- matique, publiée par le Département d’État, devra choisir ce Secrétaire. Le comité, composé des ministres de Hawaï, d’Haïti, de Turquie, du Japon et de Suède et Norvège, se retire pour délibérer, et à son retour recommande à la Conférence comme Secrétaire pour la langue française, Rustem Effendi, secrétaire de la Légation de Turquie. Cette recommandation est acceptée. En réponse à une question du délégué de Turquie (Aristarchi Bey), le Président dit qu’en votant, il sera toujours permis à un membre de la Conférence de demander un vote par pays, chaque pays représenté n’ayant droit qu’à un seul vote. Sur la demande du délégué de Turquie (Aristarchi Bey), il est décidé que dans les deux procès-verbaux, français et anglais, la liste des délégués devra être arrangée par pays, d’après l’ordre alphabétique français. Les propositions des délégués des États-Unis sont alors soumises à la Conférence par le Dr. Cabell, qui s’exprime en ces termes: “Cette Conférence a été convoquée par le Président des États-Unis, en vertu de la déclaration du Congrès, formulée sur la recommandation du Conseil Sanitaire National. Il convient donc, qu’au nom de ce conseil, je vienne vous donner un aperçu de nos vues au sujet des questions dont il est fait mention dans le mémoire de l’honorable Secrétaire d’État, en date du 29 juillet 1880. A cet effet nous avons fait parvenir à chacun des membres de la Conférence un exposé des résultats auxquels nous espérons voir aboutir les travaux de la Conférence. “C’est à dessein que nous nous sommes abstenus d’entrer dans des détails qu’une application efficace des mesures administratives aurait nécessités. Nous avons d’abord cru convenable de 2 savoir si le système d’avertissements tel qu’il est indiqué dans notre programme conviendrait à la Conférence, avant de présenter à son examen des articles spéciaux ayant trait à des mesures pratiques d’administration. Ces mesures recevront, sans doute, en temps opportun, l’attention des autres membres de la Délégation des États-Unis, qui pourront alors demander certaines concessions internationales avec plus d’autorité peut-être que leurs collègues médicaux. “La déclaration du Congrès, en date du 14 mai 1880, eu autorisant le Président à convoquer une Conférence Sanitaire Internationale des puissances ayant juridiction sur des ports de mer exposés à l’infection de la fièvre jaune ou du choléra, avait seulement en vue l’élaboration d’un système international d’avertissement sur la condition sanitaire exacte des ports de mer et des localités dépendant des dites puissances. “L’honorable Secrétaire d’État donne succinctement dans son mémoire, les raisons qui ont induit le Congrès des États-Unis à s’abstenir de toucher à la question si vaste des mesures sani- taires à prendre par chaque pays, d’après ses propres lois, pour empêcher la propagation des maladies contagieuses. Aussi, dans le projet que nous présentons àla Conférence, avons nous cherché à nous conformer à l’esprit et àla lettre de la susdite résolution du Congrès. Nous ne demandons que des concessions qui puissent mettre à même les agents consulaires des diverses puissances de transmettre à leurs gouvernements des informations dignes de foi sur la condition sanitaire des ports de mer où ils résident, ainsi que des navires en partance pour leurs pays respectifs. Les autorités sanitaires des États-Unis ont acquis depuis longtemps la conviction que l’on fait trop peu d’attention, au 'port de départ, à la condition sanitaire des navires, de leurs passagers, de leurs équipages et de leurs cargaisons. On permet souvent aux navires de prendre la mer dans des conditions qui favorisent le développement des maladies pestilentielles, que l’on aurait pu arrêter par des procédés de purification et de désinfection. C’est l’absence de telles mesures qui rend nécessaire l’établissement coûteux des quarantaines dans les ports d’arrivée. “D’un autre côté, l’insuffisance d’informations précises sur la condition sanitaire des navires et des ports de départ est cause que des restrictions inutiles sont imposées aux passagers et au commerce. Des renseignements précis de cette nature permettraient de ne pas considérer comme infectés tous les ports de mer situés sous certaines latitudes et de ne pas soumettre par conséquent à une quarantaine vexatoire tous les navires partant des dits ports. L’expérience d’ailleurs nous enseigne que tous les navires venant de ports infectés ne le sont pas nécessaire- ment; la proportion, au contraire, est faible. “ La Conférence actuelle doit son origine aux difficultés que les autorités sanitaires des États- Unis ont toujours éprouvées à obtenir, par l’entremise des consuls américains, dans les divers ports étrangers, les informations nécessaires à l’application de la loi du 2 juin 1879, créée dans le but d’empêcher l’introduction des maladies contagieuses et pestilentielles dans les États-Unis. Ce besoin d’information sanitaire précise se faisait fortement sentir en Europe, il y a quelques années, surtout au sujet de l’importation du choléra par les pèlerins, qui, s’en rentournant de la Mecque, s’embarquaient dans certains ports de la Mer Rouge. Les résultats heureux obtenus par l’établissement de postes d’observation médicale, à la Mecque, à Médine et dans les principaux ports de la Mer Rouge, à la suite d’une entente internationale et à l’instigation de la France, font espérer, qu’avec des moyens différents, on arrivera, dans d’autres pays également à réaliser d’aussi beaux triomphes sanitaires. Ces médecins sont chargés M’inspecter soigneusement et constamment l’état sanitaire des pèlerins et d’aviser par télégraphe, dès l’apparition de la mala- die, les officiers sanitaires établis le long du littoral, lesquels, à leur tour, préviendront les autorités centrales de la Turquie et de l’Égypte.’ “L’efficacité de ce système est dûe, il est vrai, à l’autorité dont disposent ces médecins d’empêcher le départ des pèlerins jusqu’à ce que toute trace de maladie ait disparu. C’est là un pouvoir qui n’est pas au nombre des concessions réciproques que le gouvernement des États-Unis propose à la considération de la Conférence. 3 “Nous croyons, cependant, qu’on arriverait à de très beaux résultats si l’on parvenait à avoir, en tous temps, des information authentiques sur la condition sanitaire des ports de mer, tout en laissant à chaque nation la liberté de promulguer et d’exécuter ses règlements sanitaires d’après les exigences climatériques et les conditions d’hygiène locale. “ Il serait vraiment à désirer que chaque nation civilisée assumât la responsabilité d’empêcher la transmission â d’autres pays des épidémies qui sévissent sur son territoire. “ D’autant plus que ce but serait plus sûrement atteint et avec moins d’entraves au commerce qu’en laissant à d’autres nations le soin d’écarter ces épidémies de leur territoire au prix de procédés coûteux. Ce résultat ne pouvant malheureusement être obtenu, on pourrait ainsi que nous le proposons à cette Conférence, y suppléer, par un système d’avertissements sur l’état sani- taire des ports et des navires. “Dans le mémoire que nous soumettons à vos délibérations, nous suggérons les considéra- tions ci-dessous comme pouvant aider à la solution de la question qui nous occupe : “ I°. Que chaque gouvernement soit tenu d’obtenir, en temps opportun, des renseignements exacts sur la condition sanitaire de ses ports et villes, et de les communiquer sans délai aux gou- vernements qui ont pris part à cette Conférence. “ 2°. Que chaque gouvernement s’engage à donner accès à ses hôpitaux aux consuls et agents des autres pays et à leur permettre de consulter tous les documents se rapportant à la santé pu- blique et de faire, avant et après chargement, un examen minutieux de tout navire en partance pour un port du pays représenté par l’officier examinateur. “ Comme les officiers chargés de vérifier seront responsables envers leurs gouvernements et passibles de tous les risques et pénalités provenant d’un avertissement inexact, il leur sera, par contre, accordé toutes les facilités pour faire l’inspection de l’état sanitaire des ports, localités et navires et pour la transmission à leurs gouvernements, au moyen des patentes de santé, des informations qu’ils auront obtenues. “Les entraves apportées au commerce seraient sensiblement diminuées si, ainsi que cela se pratique aujourd’hui, l’examen du navire, au lieu d’être fait au port d’arrivée était fait au port de départ par les consuls ou agents autorisés. Il est certes d’un intérêt mutuel pour les nations de se rallier à cette proposition et nous espérons arriver aisément à nue entente sur ce point. Dans l’opinion des autorités sanitaires de ce pays, la smo5mo section prescrit que la libre pratique ne sera ac- cordée à aucun navire non muni d’une patente de santé signée par l’agent du pays de destination. “ Cette patente sera considérée comme Patente Internationale et elle devra être conforme au modèle adoptée par la Conférence. Il nous semble que la santé publique serait mieux sauvegardée si chaque navire était tenu de se munir des preuves authentiques de son état sanitaire. “On n’oubliera pas que nous ne recommandons qu’une seule patente de santé; on éviterait ainsi la nécessité d’établir une distinction entre une patente de santé brute et nette. En un mot, nous proposons que la patente de santé donne en détail l’historique de la condition sanitaire du navire et de son état actuel, laissant aux autorités sanitaires de chaque pays le soin de juger de l’opportunité des mesures à prendre dans chaque cas, selon les nécessités locales des ports et de leur degré d’éloignement des points de départ. “Il est évident que la patente de santé ainsi délivrée étant basée sur les règlements qui seront adoptés, elle devra indiquer clairement la condition sanitaire du navire au moment du départ. Cette formalité ne sera cependant pas une garantie absolue contre le développement de maladies contagieuses pendant la durée du voyage. Ajoutons que, dans notre opinion la délivrance de ces patentes au port de départ, ainsi que le visa consulaire aux ports intermédiaires devraient être effectués gratuitement. Les inspections sanitaires et avis devraient être gratuits et lorsqu’une désinfection deviendrait nécessaire et serait faite d’après les ordres d’un consul et comme con- dition de la délivrance d’une patente de santé, la taxe ne devrait pas excéder le coût réel. 4 “Telles sont, M. le Président, en peu de mots, les vues qui, après mure réflexion, ont reçu l’approbation des autorités sanitaires nationales, et que nous avons maintenant l’honneur de sommettre à la Conférence.” Les propositions des délégués des États-Unis sont ensuite présentées dans les termes sui vants : “Les nations ont aujourd’hui, sans porter atteinte à leurs obligations internationales, de très amples pouvoirs pour empêcher l’introduction dans leur territoire de maladies épidémiques et contagieuses. Il arrive cependant souvent qu’on néglige d’exercer ce droit lorsque le danger est imminent ou qu’on fait de ce droit un exercice exagéré pour écarter un danger imaginaire. Ces erreurs sont dûes à deux causes principales : I°, l’ignorance de l’état réel des choses au pays de provenance; 2°, l’omission de donner aux autres pays connaissance des faits constatés. “ On pourrait, à notre avis, combler ces lacunes de la façon suivante : “ I°. Chaque gouvernement devrait être tenu d’obtenir, en temps opportun, des renseigne- ments exacts sur tous les faits susceptibles d’affecter la santé publique sur son territoire. “2°. Chaque gouvernement devrait être tenu de communiquer promptement ses renseigne- ments aux autres gouvernements ayant pris part à cette Conférence. “3°. Chaque gouvernement devrait être tenu de donner au consul ou à l’agent accrédité des autres puissances, libre accès à ses hôpitaux et de lui permettre d’inspecter les documents relatifs à la santé publique. “4°, Chaque gouvernement devrait consentir à ce que ses navires, avant et après leur chargement, soient inspectés au port par l’agent du pays de destination afin de remplir les con- ditions sanitaires imposées par le gouvernement que cet agent représente. “ s°. La libre pratique ne devrait pas être accordée sans une patente de santé signée par l’agent du pays de destination et conforme au modèle ci-joint. “Dans le cas où il n’existerait pas d’agence dans le port de départ, ou que l’agent néglige ou soit empêché de remplir ses fonctions, l’absence d’une patente de santé ne devra porter aucun préjudice au navire dans le pays de destination. “6°. On pourra, au port de destination, infliger des pénalités, réglées par des lois générales, à tout navire qui violerait ces règlements. “ 7°. Tout navire muni d’une patente de santé, délivrée conformément à ces règlements, sera reconnu comme ayant une preuve suffisante de son état sanitaire au moment de son départ.” A la clôture du discours du Dr. Cabell, le délégué du Vénôzuéla (Senor Camacho) remet au Président la pièce suivante ; Réponse du Vênêzuêla aux questions des délégués des États - Unis. I. Quelle devrait être l’autorité chargée de vérifier la condition sanitaire des ports de mer, des localités et des navires ? Réponse.—Ce soin devrait être confié à un médecin instruit et digne de confiance, nommé par le gouvernement général et responsable envers ce dernier. Il devrait être aidé dans ses travaux par un comité de citoyens honorables, nommé par le conseil municipal de la localité, qui fixera également le nombre des membres. Ce comité devrait être placé sous la direction du président du conseil municipal, et le médecin responsable devrait toujours en faire partie. 11. Comment l’autorité chargée de vérifier pourra-t-elle obtenir des renseignements dignes de foi sur les ports de mer, les localités et sur la présence de maladies contagieuses ? 5 Réponse.—En demeurant dans le port, en prenant des notes sur la mortalité journalière, conformément aux certificats des autres médecins de la localité, s’il y en a, en se rendant compte des maladies qui existent dans les hôpitaux du port ou de la localité, et en se tenant constamment renseignée sur l’état sanitaire des ports et des localités de laßépublique. Pour se procurer ces données, le médecin responsable devra être assisté par le conseil sanitaire. Lorsque la fièvre jaune existe dans un port ou dans ses environs, quel examen devrait-on faire subir à un navire en partance de ce port pour obtenir une connaissance exacte de sa con- dition sanitaire? 111. Réponse.—Chaque navire sur le point de partir, avant de recevoir sa cargaison, devra être visité par l’officier sanitaire ou par un médecin délégué à cet effet, et être soumis aux précautions suivantes : On devra inspecter ce navire avec soin et donner des ordres nécessaires pour le main- tien de l’hygiène à bord; examiner les vivres, l’eau et les moyens de la conserver, ainsi que les vêtements de l’équipage, la correspondance, etc. Les passagers et l’équipage seront soumis àun examen minutieux et on refuserait l’autorisation de s’embarquer à toute personne atteinte de fièvre jaune, choléra ou toute autre maladie épidémique ou contagieuse. Dans quelle mesure et sous quelles conditions une patente nette devra-t-elle être considérée comme fournissant la preuve qu’un navire ne saurait transmettre une maladie contagieuse? IV. Réponse.—l°. Les certificats des médecins sanitaires devraient faire foi dans la matière, non seulement à cause de la position sociale de ces médecins, mais aussi par suite de leur responsa- bilité légale. 2°. Pour plus ample garantie, le certificat du consul de la nation ayant juridiction dans le premier des ports de destination du navire, devrait également être exigé. 3°. L’inspection du navire, faite au port d’arrivée, par le médecin sanitaire, fournirait une troisième preuve qu’aucune maladie épidémique ou contagieuse n’existe à bord de ce navire. 4°. Les capitaines et maîtres d’équipage devraient être chargés d’entretenir leurs navires, pendant la durée du voyage, dans le même état de propreté et les mêmes conditions hygiéniques qu’au moment de leur départ d’un port. Toute infraction à cette règle serait punie d’après un code pénal à créer par la Conférence. y. De quelle façon pourrait-on se procurer des informations dignes de foi de ports et de locali- tés dont les règlements sanitaires et de quarantaine sont insuffisants ou qui ne voudraient pas ou ne pourraient pas adhérer au système international proposé? Réponse.—l°. Chaque gouvernement ayant des consuls dans des localités n’ayant pas adhéré à la Conférence, leur donnera pour mission de notifier, dans le plus bref délai et avec la plus grande précision, ceux des gouvernements dont l’adhésion à la Conférence est acquise, de tous cas de maladies épidémiques ou contagieuses. 2°. Les gouvernements adhérents, ainsi que leurs médecins sanitaires, se communiqueront mutuellement et avec promptitude toute information relative à l’apparition de maladies de ces deux catégories dans leurs ports ou dans les localités adjacentes. YI. Ne serait-il pas possible d’établir une liste graduée des pénalités exigibles pour les diverses infractions au système international proposé ? Réponse.—Oui, certaines pénalités devraient être imposées, et la Conférence Sanitaire devrait établir un code, pour l’élaboration duquel chaque membre devrait consulter les lois sanitaires de son pays. Simon Camacho. 6 Une discussion s’engage sur la question de savoir si la Conférence procédera à l’examen des propositions soumises par les délégués des Etats-Unis, ou si elle les renverra à un comité spécial. Le délégué de France (M. Outbey) s’exprime en faveur de la discussion immédiate des propositions, article par article, afin de se rendre un compte exact de l’objet des propositions des délégués des États-Unis. La question pourrait ensuite être soumise, en connaissance de cause, àun comité spécial. Un article en particulier (Art. 4), ajoute-t-il, lui paraît entraîner une im- portante question de droit international que la Conférence ne devrait pas laisser inaperçue. A la suite de ces remarques, il questionne le délégué des Etats-Unis (Dr. Cabell) sur le sens de la rédaction de l’Article 5. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) répond qu’il est entendu par cet Article que le consul ou l’agent du pays pour lequel le navire est destiné aura l’option de délivrer ou de refuser la patente de santé. Le délégué de France (M. Outrey) demande si les propositions soumises à la Conférence sont l’expression des vues du Gouvernement des États-Unis ou simplement les vues particulières des délégués des États-Unis. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) répond que ce sont simplement l’expression des vues des délégués des États-Unis. Le délégué d’Espagne (M. Mendez de Yigo) propose qu’un comité spécial soit nommé pour étudier les propositions des délégués des États-Unis, et en même temps examiner les pro- positions du délégué de Yénézuéla (M. Camacho), ainsi que toute autre question qui lui serait soumise par les délégués. Ce comité devrait également adresser àla Conférence un rapport sur ces diverses questions. On procède au vote, et à l’appel des délégués de chaque pays, on trouve 12 oui et 8 non, répartis comme suit: Oui—Autriche-Hongrie, Chili, Espagne, Italie, Mexique, Pays-Bas, Portugal, République Argentine, Russie, Suède et Norvège, Turquie, Yénézuéla—12. Non—Allemagne, Belgique, Danemark, France, Grande-Bretagne, ITawaï, Flaïti, Japon—B. La proposition est adoptée. Le délégué de Turquie (Aristarchi Bey) propose que ce comité soit composé des délégués spéciaux présents, des consuls-généraux d’Allemagne, de la Grande-Bretagne et du Mexique à New-York, et du consul-général de la Belgique à Philadelphie. La proposition est adoptée. Le délégué de la Grande-Bretagne (M. Archibald), en sa qualité de membre du comité, demande quelles en seront les fonctions précises. Sur la motion du délégué de France (M. Outrey), le comité à reçu pour instructions d’étudier les documents soumis par les États-Unis et le Yénézuéla, etc., et de consigner dans un rapport à la Conférence le résultat de ses délibérations. M. le délégué de Suède et Norvège (le comte de Lewenhaupt) propose, qu’en attendant l’action du comité spécial, la Conférence s’ajourne. Le comité nommé pour étudier les propositions citées ci-dessus est composé des délégués suivants : Le délégué d’Allemagne, M. Schumacher. Le délégué spécial d’Allemagne, . Le délégué spécial d’Autricbe-Hongrie, Comte Bethlen. Le délégué de la Belgique, M. Sèye. Le délégué spécial d’Espagne, M. le dr. Ceryeea. Le délégué spécial des États-Unis, M. le dr, Cabell, 7 Le délégué spécial des États-Unis, M. le dr. Turner. Le délégué spécial des États-Unis, M. Ashton. Le délégué spécial des États-Unis, M. Lowndes. Le délégué de la Grande-Bretagne, M. Archibald. Le délégué du Canada, M. le dr. Taché. Le délégué du Mexique, Senor Nayarro. Le délégué spécial du Mexique, M. le dr. Alyarado. Le délégué spécial des Pays-Bas, M. le dr. van Leent. Le délégué spécial du Portugal, M. le professeur da Silva Amada. Le Président de la Conférence, JOHN HAY. Le Secrétaire de la Conférence, Thomas J. Turner. 8 ANNEXE No. 1, PROCÈS-VERBAL No. 2. ACTE pour empêcher l'introduction de maladies contagieuses aux États-Unis. Le Sénat et la Chambre des Représentants des États- Unis d’Amérique, réunis en Congrès, décrètent, que tout navire partant d’un port infecté de maladies contagieuses, ne pourra pénétrer dans un port des États-Unis, qu’en se conformant aux dispositions du présent acte, ainsi qu’aux lois et règlements promulgués en vertu du dit acte, par les Bureaux de Santé des États de l’Union. Tout navire qui pénétrerait ou essaierait de pénétrer dans un port des États-Unis, en violation des dispositions susdites, serait passible d’une amende, payable au Trésor américain et dont le chiffre serait laissé à la discrétion de la Cour, laquelle amende, toutefois, ne devra pas dépasser le chiffre de mille dollars; le navire en contravention répondra pour le paiement de telle somme, à recouvrer par la voie des tribunaux de District des États-Unis. Dans toutes et chacune des dites procédures, le Procureur-Général des États-Unis du Dis- trict (U. S. District Attorney-General) où la contravention aura eu lieu, agira dans l’intérêt des États-Unis, conformément à la procédure et aux lois des dits Etats-Unis réglant la saisie des navires violant les règlements douaniers du Gouvernement Fédéral. Sec. 2. Tous les navires partant de ports ainsi infectés devront se munir d’un certificat du consul, vice-consul, ou autre agent consulaire des États-Unis, résidant au port de départ, ou du médecin autorisé à cet effet par le Président des États-Unis. Ce certificat délivré en duplicata, devra donner l’historique de l’état sanitaire du dit navire et indiquer que le capitaine s’est conformé, en tous points, aux lois et règlements prescrits pour assurer la parfaite condition sanitaire du susdit navire, ainsi que de sa cargaison, de ses passagers et de son équipage. Ledit agent consulaire ou médecin autorisé à cet effet, avant de délivrer le certificat en question, devra s’assurer que les faits mentionnés au dit certificat sont exacts. Pour ses services il aura pouvoir d’exiger telle taxe à être fixée par la loi, et dont il devra rendre compte au gouvernement, selon l’usage établi. Qu’à la demande du Bureau National de Santé, le Président est, par le présent acte, autorisé à nommer un médecin qui sera attaché au consulat de tout port étranger et dont le devoir sera de faire l’inspection requise comme ci-dessus et de délivrer des certificats : Pourvu, toutefois, que ces médecins ainsi nommés ne dépassent pas le nombre de six, et Pourvu, en outre, que tout navire qui quittera un port sans avoir un certificat du dit médecin, paiera au Trésor américain, à son entrée dans un port des États-Unis, la somme de cinq cents dollars ; le navire répondra pour le paie- ment de telle somme, à recouvrer au moyen d’une action devant la Cour de District ayant juri- diction en la matière. Dans toutes et chacune des dites procédures, le Procureur-Général des États- Unis du district où la contravention aura eu lieu, agira dans l’intérêt des Etats-Unis, conformé- ment à la procédure et aux lois des dits États-Unis, réglant la saisie des navires violant les règle- ments douaniers du Gouvernement Fédéral. Sec. 3. Que le Bureau National de Santé, en tant que la loi le lui permet, devra aider les Bureaux de Santé des États ainsi que les Bureaux de Santé municipaux, à exécuter et à appliquer leurs lois et leurs règlements, pour empêcher l’introduction aux États-Unis de maladies con- tagieuses sévissant à l’étranger, et aussi la propagation de telles maladies d’un état à un autre. Dans le cas où le Bureau National de Santé jugera que les règlements de quarantaine en vigueur dans certains ports et places d’un des États de l’Union sont insuffisants pour prévenir l’intro- duction aux États-Unis, ou bien d’un état à un autre, de maladies contagieuses, il sera de son devoir d’en faire rapport au Président des États-Unis. Il appartiendra au Chef du Pouvoir Exécutif de déterminer s’il est nécessaire d’exiger du Bureau de Santé en question de faire des règlements sanitaires additionnels, à l’effet d’empêcher l’introduction, de l’étranger aux États- 9 Unis, de maladies contagieuses, ou leur propagation d’un État àun autre. Ces règlements une fois adoptés et approuvés par le Président, devront être promulgués par le Bureau National de Santé. Les autorités de l’État devront, de leur côté, pourvoir à leur exécution et application. Dans le cas où elles s’y refuseraient, il appartiendra au Président de nommer ou designer une personne compétente chargée de mettre ces règlements en vigueur. Le Bureau de Santé sera chargé d’élaborer tels règlements que les lois des États-Unis auto- risent, et qui devront être observés par les navires au port de départ et pendant la durée du voyage, quand ces navires quitteront un port où l’on aura constaté l’existence de maladies conta- gieuses et que les dits navires sont en destination des États-Unis. Ces règlements devront égale- ment indiquer les moyens d’obtenir les conditions sanitaires les plus favorables pour les navires, leurs chargements, passagers et équipages, et lorsque ces règlements auront reçu l’approbation du Président, ils seront publiés et transmis aux officiers consulaires des États-Unis, qui devront les faire observer : Pourvu qu’aucune des pénalités imposées ne mette arrêt sur un navire, son armateur ou un de ses officiers avant un délai de dix jours au moins après la publication, dans le port de départ, de la loi et des règlements. Sec. 4. Le Bureau de Santé aura pour mission d’obtenir des renseignements sur la condition sanitaire des ports et localités desquels des maladies contagieuses sont ou pourraient être importées dans les États-Unis, et dans ce but les officiers consulaires des États-Unis, dans tels ports et villes que le Bureau de Santé désignera, devront, dans une forme qui leur sera prescrite, transmettre au dit Bureau de Santé, des rapports hebdomadaires sur la condition sanitaire des ports et villes où ils se trouvent. Le Bureau de Sauté devra également par "trous les moyens possibles, même en ayant recours aux autorités sanitaires des États et des municipalités, se procurer des rapports hebdomadaires sur la condition sanitaire des ports et villes dans toute l’étendue des États-Unis. Un résumé hebdomadaire de ces rapports sanitaires et de toute autre information reçue sera préparé et publié par les soins du Bureau de Santé et transmis aux médecins attachés au Service des Hôpitaux Navals, aux percepteurs de la douane et aux officiers et autorités sanitaires des États et des municipalités. Ce Bureau devra aussi s’efforcer, par l’entremise et la coopération bienveillante des autorités des États et municipalités, d’associations publiques et de personnes privées, d’obtenir des informations relatives au climat et autres circonstances intéressantes pour la santé publique. Un rapport annuel des opérations du Bureau de Santé devra être transmis au Congrès, avec telles recommanda- tions qui paraîtront d’un intérêt public, et si le Congrès recommande la publication de ce rap- port, cette publication sera faite sous la direction du Bureau de Santé. Sec. 5. Le Bureau de Santé devra de temps à autre, envoyer aux officiers consulaires des États-Unis, aux médecins attachés à un port étranger et porter à la connaissance du public en général, les règlements approuvés par le Président et à observer par les navires dans des ports étrangers, afin d’obtenir les meilleures conditions sanitaires pour ces navires, leurs chargements, passagers et équipages avant leur départ pour les Etats-Unis, et pendant la durée du voyage. Ce Bureau devra également publier les règlements à observer pour l’inspection des navires à leur arrivée en quarantaine au port de destination, pour les mesures à prendre envers les passagers et la cargaison, et pour la désinfection et l’isolement du navire, afin d’empêcher l’introduction du choléra, de la fièvre jaune ou d’autres maladies épidémiques ou contagieuses. Il ne sera pas permis à un navire d’entrer dans un port pour décharger et débarquer ses passagers s’il n’est muni d’un certificat de l’officier de santé de la quarantaine, affirmant que tous les règlements ont été observés par lui et par le capitaine et son navire pour tout ce qui concerne le navire, ses passagers, équipage et chargement. Le capitaine de tout navire devra, avec les autres papiers du navire, remettre au percepteur de la douane, les certificats exigés au port de départ, ainsi que le certificat qui doit lui être délivré, au port d’arrivée, par l’officier de santé. 10 Sec. 6. Par le présent acte, le Secrétaire du Trésor est autorisé à élaborer un règlement fixant la taxe à payer par chaque navire pour les dépenses et services prévus par la présente loi et réglant leur mode de perception. Sec. 7. Que le Président est autorisé, lorsqu’il en sera prié par le Bureau de Santé, et si les circonstances le permettent sans préjudice au service public, à détacher des officiers des dif- férents départements, pour service temporaire, avec instructions de veiller, sous la direction du Bureau de Santé, à l’observation des prévisions de cet acte, A l’exception de leurs dépenses nécessaires et réelles, ces officiers ne recevront pour l’accomplissement de ce service, aucune com- pensation additionnelle. Sec, 8. Que, pour faire face aux dépenses nécessitées par l’application du présent acte, la somme de cinq cent mille dollars, ou telle partie de cette somme qui sera nécessaire, est affectée à cet usage. Cette somme sera déboursée, sous la direction du Secrétaire du Trésor, selon des évaluations présentées par le Bureau National de Santé et approuvées par le dit Secrétaire du Trésor. Le Bureau National de Santé devra, tous les trois mois, soumettre un exposé complet de ses opérations et dépenses au Secrétaire du Trésor, qui en fera son rapport au Congrès, Sec. 9. Que, telle partie de l’acte intitulé “un acte pour empêcher l’introduction dans les “États-Unis des maladies contagieuses et épidémiques,” approuvé le vingt-neuf avril, mil huit cent soixante-dix-huit, qui recommande aux officiers consulaires et autres représentants des États- Unis dans des ports étrangers, d’adresser au Chirurgien-Général (Supervising Surgeon-General) chargé du service des Hôpitaux Navals, un rapport sur l’état sanitaire des navires qui quittent ces ports ; et telle partie du dit acte qui recommande au dit Chirurgien-Général d’élaborer des règlements et de veiller à l’observation du dit acte, d’aviser les officiers fédéraux et des États de l’approche d’un navire infecté et de fournir aux dits officiers des résumés hebdomadaires des rap- ports sanitaires consulaires, ainsi que tous autres actes ou parties d’actes contraires aux mesures du présent acte, soient abolis. Sec. 10. Le présent acte ne sera en vigueur que pour une période n’excedant pas quatre années. Approuvé le 2 juin 1879. 11 ANNEXE No. 2 AU PROTOCOLE No. 2. Forme de Patente Internationale de Santé proposée par les délégués des États- Unis. Je -, (consul, agent consulaire, ou autre personne autorisée à signer,) au port de , certifie par les présentes que le navire ci-dessous nommé quitte ce port dans les circonstances ci-après détaillées— Nom du navire: Capacité: Logements de passagers, (nombre de:) - Destination: Nom du médecin, (s’il y en a un:) Nombre total des passagers: de première classe, ; de seconde classe, ; d’entre-pont, Catégorie, (navire de guerre, trois mâts, goélette, &c,, &c. :) Canons: Dernier port visité: Nom du capitaine: - Chiffre de l’équipage : Chargement: NAVIRE. 1. Condition sanitaire du navire, (avant et après le chargement, avec note de l’existence de bois carié s’il y en a,) noter les opérations de désinfection du navire : 2. État sanitaire de la cargaison : 3. État sanitaire de l’équipage: - 4. État sanitaire des passagers : 5. État sanitaire des habillements, des provisions, de l’eau, de l’espace et de la ventilation : 1. État sanitaire du port et des lieux adjacents— a. Maladies dominantes, (s’il y en a). h. Nombre de cas et nombre de morts de Fièvre Jaune, de Choléra Asiatique, de Peste, de Petite Vérole ou de Typhus, pendant la semaine qui à précédé immédiatement le départ. PORT. Nombre de cas— Fièvre Jaune: Choléra Asiatique ; Peste : Petite Vérole: Typhus : Nombre de morts de— Fièvre Jaune: Choléra Asiatique : Peste : Petite Vérole : Typhus: c. Population d’après le dernier recensement: d. Nombre total de morts du dernier mois : 2. Les circonstances capables d’exercer une influence sur la santé publique doivent être con- signées ici: Je certifie que les informations ci-dessus ont été consignées par , qui a personellement inspecté le dit navire ; que j’ai tout lieu de croire ces informations exactes et je certifie de plus que le dit navire quitte ce port, en destination de (nom du pays,) En foi de quoi j’ai apposé ma signature et le sceau de mon bureau, au port de , ce jour de , 188 , heure. [l. s.] Consul. CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE DE WASHINGTON. No. 3. SEANCE DU 24 JANVIER 1881 PRÉSIDENCE DE M. JOHN HAY. L’an mil-huit-cent-quatre-vingt-un, le vingt-quatre janvier, à deux heures de l’après-midi, la Conférence Sanitaire Internationale a tenu sa troisième séance en l’Hôtel du Départaient d’Êtat. Étaient présents : MM, les Délégués De l’Autriche-Hongrie : Comte Bethlen, Délégué Spécial. De Belgique : M. Georges Neyt, Conseiller de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, et M. Édouard Sève, Consul-Général de Belgique à Philadelphie, Délégué Spécial. Du Chili : Senor Don Francisco de Solano Asta-Buruaga, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. De Chine: Chen Lan Pin, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Wash- ington. Du Danemark : M. Cari Steen Andersen de Bille, Chargé d’Affaires et Consul-Général à Washington. De l’Espagne: Senor Don Felipe Mendez de Vigo, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington et M. le Dr. Rafaël Cervera, Délégué Spécial. Des États-Unis: M. John Hay, Sous-Secrétaire d’Êtat; M. le Dr. James L. Cabell, Président du National Board of Health des États-Unis ; M. le Dr. Thomas J. Turner, Secré- taire du National Board of Health des États-Unis et M. J. Hubley Ashton, Délégué Spécial. De France: M. Maxime Outrey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. De la Grande Bretagne : M. Edward Mortimer Archibald, C. 8., Consul-Général de S. M. Brittanique à New York; et M. le Dr. J. C. Taché, Délégué Spécial du Canada. D’Haïti : M. Stephen Preston, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Du Hawaï : M. Elisha H. Allen, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. De l’ltalie: M. le Prince Camporeale, Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. Du Japon; Jushie Yoshida Kiyonari, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Du Mexique : Sefior Don Juan N. Navarro, Consul-Général à New York et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, et Senor Don Ignacio Alvarado, Délégué Spécial. Des Pays-Bas : Jonkheer Rudolph von Pestel, Ministre Résident à Washington et M. le Dr. F. J. van Leent, Officier de Santé de lre classe de la Marine des Pays-Bas, Délégué Spécial. Du Portugal : M. le Vicomte das Nogueiras, Envoyé Extraordinaire et Ministre Pléni- potentiaire à Washington, et M. le Professeur José Joaquin da Silva Amado, Délégué Spécial. De la République Argentine: Senor Don Julio Carrié, Secrétaire de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. 2 De la Russie : M. Michel Bartholomei, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. De Suède et Norvège: M. Le Comte Cari Lewenhaupt, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. De Turquie; Grégoire Aristarchi Bey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiare à Washington. Le procès-verbal de la dernière séance (12 janvier) a été présenté et adopté. M. le Délégué de la Grande-Bretagne présente le rapport du comité nommé par la Con- férence dans sa précédente séance. Il demande en même temps la permission de faire observer qu’ayant été Président du dit comité il n’a pas eu occasion de discuter ou voter. Il se réserve par conséquent le droit d’exprimer, eu temps opportun, ses vues sur un ou deux points où son opinion diffère de celle du comité. Il donne ensuite lecture du rapport. Le Comité nommé, le 12 janvier, par la Conférence Sanitaire Internationale, convoquée par Son Excellence le Président des États-Unis, avait pour mission—“de délibérer et rapporter ses conclusions, après examen des propositions des Délégués des États-Unis, des propositions contenues dans le mémoire fourni par le Délégué de Vénézuéla (M. Camacho), ainsi que de toutes autres propositions qui pourraient lui être soumises par d’autres Délégués.” Le Comité, après avoir donné à ces matières la plus sérieuse attention, soumet à la considération de la Conférence, comme résultat de ses travaux, le Préambule et les Propositions qui vont suivre. Rapport du Comité. Le Comité annexe à ce Rapport un Mémoire présenté par le Dr. Ignacio Alvarado, Délégué Spécial du Mexique, comme l’expression de ses vues et de ses opinions sur la matière en question. Préambule. Tous les peuples, sans manquer à leurs obligations internationales, ont le droit inhérent de se défendre contre l’introduction des maladies contagieuses dans leurs territoires. Il arrive souvent, cependant, qu’on omet d’exercer ce droit, alors que le danger est imminent, ou qu’on fait de ce droit un exercice exagéré, à l’encontre d’un danger purement imaginaire. Ceci provient principalement de deux causes: I°. de l’ignorance de l’état réel des choses au pays de provenance; 2°. de l’omission de donner aux autres pays connaissance des faits constatés. M. Schumacher s’est opposé à l’adoption de ce préambule. Propositions fondamentales. A. Le Comité suggère à la Conférence Sanitaire Internationale d’admettre, comme principe d’hygiène publique, qu’il est hautement désirable d’adopter un système international d’avertisse- ment en matière de santé, comprenant avis donné de l’apparition et de la cessation des maladies contagieuses. B. Que c’est l’opinion de ce Comité qu’il serait hautement avantageux de permettre, dans les ports de mer des divers pays, que certaines inspections sanitaires soient faites par les agents étrangers, sous l’empire de règlements à intervenir pour la sauvegarde de la souveraineté et des intérêts commerciaux de chaque puissance. M. Schumacher s’est abstenu de voter. Propositions spéciales. 1. Il est à désirer que chaque gouvernement obtienne, autant que faire se pourra, en temps utile, des renseignements exacts et scientifiques touchant la santé publique, dans l’étendue de ses possessions. M. Schumacher s’est abstenu de voter. 3 2. Il est à désirer que chaque gouvernement communique sans délai ses renseignements aux autres parties contractantes. M. Schumacher s’est abstenu de voter. 3. Pour donner aux renseignements internationaux, en matière de santé publique, l’uni- for mite indispensable, chaque nation, représentée dans la Conférence, devrait publier un bulletin hebdomadaire de la statistique mortuaire de ses principales villes et de ses ports de mer. Ont voté clans l’affirmative—MM. Dr. Amado, Sève, Schumacher, Dr. Cervera, Dr. Cabell, et Dr. Alyarado. Ont voté dans la négative—MM. les Drs. Taché et Van Leent. 4. Il est à désirer que chaque gouvernement fournisse, sans délai, aux consuls et autres agents accrédités par les gouvernements étrangers, dans les principales villes et dans les ports de mer, les renseignements dont il est question dans les précédentes propositions 1, 2, et 3. MM. les Drs. Taché et Van Leent ont accepté cette proposition, sauf en ce qui a trait àla 3eme proposition. 5. Il est à désirer que les consuls soient assistés par des médecins chargés de leur fournir toutes les informations nécessaires. Ces médecins devraient appartenir à un Corps International de Médecins hygiénistes ou épidémologistes résidant dans les villes où régnent des endémies ou des épidémies ; les devoirs de ces médecins ne devant pas se borner à assister les Consuls, mais s’étendre à l’étude scien- tifique des causes, des progrès, de la prophylaxie et du traitement des maladies contagieuses, et à donner des renseignements aux bureaux de santé des diverses nations, sur tout ce qui touche à la santé publique. Ont voté dans l’affirmative—MM. Dr. Amado, Dr. Van Leent, Dr. Cervera, Mr, Sève—4. Ont voté dans la négative—MM. les Drs. Taché et Cabell—2. S’est abstenu de voter—M. le Dr. Alvarado—l. Absent—M. Schumacher—l. fi. Il est à désirer que chaque gouvernement consente à une inspection sanitaire suffisante de ses navires, avant et après le chargement, dans tous les ports de mer, par l’agent du pays de destination, sujet à tels règlements qui pourront être passés en vertu de conventions ou de traités. Se sont abstenus de voter—MM. les Drs. Cervera et Alvarado. 7. Il est à désirer que chaque pays consente à ce que ses navires fassent usage d’une Patente Internationale, dans la forriie énoncée ci-après, cette patente devant porter la signature de l’agent accrédité du pays de destination, après examen, comme il est stipulé dans la 6me proposition. Dans le cas d’absence, d’abstention, ou d’empêchement quelconque de la part de tel agent au port de départ, le défaut de cette patente ne devra comporter aucun préjudice pour le navire qui en serait dépourvu. Se sont abstenus—MM. les Drs. Alvarado et Cervera. Absent—M. Schumacher. 8. Les médecins appartenant au Corps Médical international devraient avoir le droit, dans les villes où ils se rencontreront, d’examiner toutes choses dont l’inspection peut aider à former une idée exacte de l’état sanitaire d’un pays. Ont voté dans l’affirmative—MM. Dr. Alvarado, Dr. Amado, Dr. Cabell, Dr. Yan Leent, Sève, Dr. Cervera—6. A voté dans la négative—M. le Dr. Taché—l. Absent—M. Schumacher. 4 9. Il n’y a que les médecins qui puissent se rendre bien compte de l’apparition et de l’ex- istence des maladies épidémiques dans les villes et ports de mer; eux seuls peuvent en faire l'at- testation : il suit de là que l’autorité qui doit certifier des conditions de santé des villes et des ports de mer doit être représentée par un médecin responsable de ses actes. Au cas où la patente à donner au navire, à son départ, serait signée par un autre agent administratif, cet agent doit être muni de renseignements officiels donnés par l’autorité médicale : sans ces renseignements, il lui serait impossible de donner un certificat de l’état sanitaire du navire. L’inspection d’un navire, en ce qui concerne ses conditions sanitaires, étant du domaine médical, il est à désirer que l’officier chargé de cette inspection et de la délivrance des Patentes de santé soit un médecin attaché au consulat. M. le Dr. Taché a voté contre cette proposition. 10. Attendu que la nécessité de la permanence d’une organisation scientifique a été proclamée par ce comité, il est à désirer qu’une Commission Permanente soit établie. M. le Dr, Taché a voté contre cette proposition. Absent—M. Schumacher. 11. Il est à désirer que les Patentes de santé donneés, en exécution de règlements interna- tionaux, soient délivrées gratuitement. MM. les Drs. Alyaeado, Amado, et Ceryera se sont abstenus de voter. 12. Il est à désirer que les Patentes donneés, en vertu de règlements internationaux, soient considérées comme preuve de l’état de santé du navire au moment de son départ. Absent—M. Schumacher. Absent—M. Schumacher. 5 Patente Internationale de Santé. Le - (consul, agent consulaire, ou autre personne autorisée à signer,) au Port de , certifie par les présentes que le navire ci-après nommé quitte ce port dans les circonstances ci-après détaillées— Nom du Navire: Capacité: Logements des passagers, (nombre de:) Destination : Nom du médecin, (sil y en a un:) Nombre total des passagers: de première classe, ; de seconde classe, d’entre-pont, . Catégorie (navire de guerre, trois mâts, goélette, &c., &c.:) Canons : Dernier port visité: - - Nom du Capitaine ; Chiffre de l’équipage : Chargement: .. —. 1. Condition sanitaire du navire, (avant et après le chargement, avec note de l’existence de bois carié s’il y en a,) noter les opérations de désinfection du navire: 2. État sanitaiie de la cargaison: 3. État sanitaire de l’équipage: 4. État sanitaire des passagers : 5. État sanitaire des habillements, des provisions, de l’eau, de l’espace et de la ventilation : NAVIRE. PORT. 1. État sanitaire du port et des lieux adjacents— а. Maladies dominantes, (s’il y en a.) б. Nombre de cas et nombre de morts de Fièvre Jaune, de Choléra Asiatique, de Peste, de Petite Vérole ou de Typhus, pendant la semaine qui a précédé immédiatement le départ. Nombre des cas— Fièvre Jaune: Choléra Asiatique : Peste: Petite Vérole: Typhus : Nombre de morts de— Fièvre Jaune: Choléra Asiatique: Peste: Petite Vérole: Typhus: c. Population d’après le dernier recensement: d. Nombre total de morts du dernier mois: 2. Les circonstances capables d’exercer une influence sur la santé publique doivent être consignées ici: Je certifie que les informations ci-dessus ont été consignées par , qui a personellement inspecté le dit navire; que j’ai tout lieu de croire ces informations exactes, et je certifie de plus que le dit navire laisse ce port, en destination de , (nom du pays,) En foi de quoi j’ai apposé ma signature et le sceau de mon bureau, au port de , ce jour de , 188 , heure. [>• s 0 > Consul. Le Président du Comité: E. M. ARCHIBALD. Les Secrétaires du Comité: THOMAS J. TURNER. RUSTEM. 6 Proposition présentée par le De. Alyaeado. Les questions que le gouvernement des États-Unis a soumises à l’examen des différentes puissances et pour l’étude desquelles cette Conférence a été convoquée, sont clairement et expressé- ment définies dans le mémoire du 29 juillet 1880, qui constitue l’appendice No. 2 du protocole No. 1. La Conférence doit donc les examiner sous tous leurs points de vue, de même que toutes les propositions qui pourront surgir lors de leur examen ou qui pourront aider à leur solution. Les questions dont il s’agit se lisent ainsi dans le texte; A. L’établissement d’un système international précis et satisfaisant pour la notification de l’existence de maladies contagieuses, et plus spécialement du choléra et de la fièvre jaune. B. La création d’un système uniforme et satisfaisant de Patentes de santé. Les renseigne- ments qui y seront consignés devront être considérés comme indiquant la véritable condition sanitaire du port de départ ainsi que du navire au moment de son départ. A la suite de considérations exposées dans le présent rapport, le soussigné croit que le moyen d’obtenir le meilleur système d’avertissement international serait la nomination ad hoc d’agents scientifiques et non l’emploi d’autres agents. Ces agents devraient être au nombre de deux, savoir: un médecin nommé par le pays où sont situés les ports de mer dont on veut connaître l’état sanitaire, et un autre médecin nommé par le pays dont l’intérêt est de vérifier cet état de santé. Le caractère scientifique de ces agents est une condition indispensable, attendu que les médecins sont, par le fait de leur profession, les seuls aptes à apprécier avec exactitude la situa- tion sanitaire des localités. Toute autre personne, si instruite qu’on puisse la supposer, ne saurait faire ces observations, à raison du manque de connaissances médicales. Pour développer cette idée et la rendre praticable il est nécessaire de créer un système de bureaux scientifiques internationaux, soumis à des lois fondamentales et dirigés d’après des règlements uniformes. A cet effet tous les pouvoirs signataires du protocole final pourront nommer un médecin pour chaque port de mer ou ville où il leur semblera utile d’en avoir; ces médecins devront résider dans l’endroit assigné à chacun. La réunion de la majorité des médecins nommés par les divers pouvoirs, résidant dans la localité, et présidés par la plus haute autorité civile de l’endroit, constituera le bureau international de santé de ce lieu. L’autorité civile délivrera à chaque bureau tous les renseignements demandés et qui pour- raient servir à l’accomplissement de sa mission; par exenqale, la liste des admissions journalières dans les hôpitaux civils et militaires, avec mention des maladies et le reste; ces renseignements pourront être authentiqués par un comité de ce bureau, quand la chose paraîtra requise. C’est le moyen le plus simple, le plus exact, le plus praticable et le plus digue de confiance qu’on puisse employer pour permettre à chaque pouvoir de constater par ses délégués l’état sanitaire d’un endroit quelconque. Outre garantie offerte par l’autorité locale, chaque pouvoir aura la constatation honnête et autorisée de son propre agent, qui, comme on vient de le dire, pourra vérifier, en dernier ressort, l’exactitude des renseignements officiels. Conjointement avec l’organisation des bureaux on doit s’occuper des questions qui ont trait aux Patentes de santé et autres mesures qui découlent de l’adoption d’un système international d’avertissement. Bien que les obligations et les devoirs des bureaux internationaux de santé doivent être définis par des règlements, il est nécessaire, pour compléter l’expression de ma pensée, de faire un exposé des bases sur lesquelles ces bureaux doivent asseoir leur action. 7 A. Tous les actes officiels des bureaux, ayant pour objet de faire connaître à un gouverne- ment étranger l’état sanitaire d’une localité, tels que—la visite d’un navire au départ, la déli- vrance d’une Patente de santé, ou tout autre acte analogue,—seront exécutés au nom du bureau par les médecins du pays où l’on opère et par les médecins des pays étrangers intéressés. B. Les différences techniques d’opinion qui pourraient surgir quant à l’appréciation d’un fait, comme de la nature de la maladie, de l’aspect suspect d’un navire à son départ, ou de tout autre fait analogue, seront réglées par autre médecin, membre du bureau, conjointement nommé par les parties eu désaccord : dans le cas où les parties ne s’entendraient pas sur le choix d’un arbitre, le bureau alors déciderait la question. C. Les Bureaux n’auraient point à décider les questions ayant trait à l’interprétation des articles du dernier protocole, car ce sujet sera traité dans un autre chapitre; mais ils seront seuls compétents à décider de l’existence d’une épidémie dans l’endroit de leur réunion. Les obligations et les devoirs des Bureaux ne seront point limités aux choses ci-dessus men- tionnées; mais l’étendue de ces devoirs sera définie par les règlements internationaux qui seront présentés, quand on saura si la Conférence accepte les idées principales de ce projet, qui peut être formulé comme suit : 1°- Le meilleur système d’avertissement sanitaire international est celui qui fournirait des renseignements au gouvernement du port de départ et au gouvernment du port d’arrivée. 20• L’Avertissement doit être donné par le ministère d’experts scientifiques, c’est-à-dire par deux médecins, dont l’un serait nommé par l’autorité du port de départ et l’autre par l’autorité du port d’arrivée. 3°’ L’autorité municipale du port de départ devrait légaliser l’avis. 40, En cas de divergence d’opinion entre les deux médecins, sur des points de science, la question serait décidée par un arbitre scientifique choisi par les parties, parmi les agents scienti- fiques des autres pouvoirs. S’il y a impossibilité de s’entendre sur le choix d’un arbitre, la question serait décidée à la majorité des voix d’un Comité choisi parmi les agents scientifiques. s°‘ Des règlements spéciaux détermineront l’organisation du système et tout ce qui en découle. 6°' La Patente de santé ne devrait contenir que l’exposé de l’état sanitaire du port, des lieux adjacents et du navire. (Signé) De. Y. Alyaeado. M. le Délégué d’ltalie (PRINCE DE CAMPOREALE) propose un vote de remer- ciment au comité. La proposition est adoptée à l’unanimité. Il propose ensuite que la Conférence s’ajourne à mercredi prochain, 26 janvier, afin que les Délégués aient le temps d’étudier le rapport du comité. Après discussion, sa motion est adoptée, et la Conférence s’ajourne à mercredi, le 26 courant, à une heure de l’après-midi. Le Peésident de la Conféeeistce : JNO. HAY. Les Seceêtaiees: THOMAS J. TURNER. RUSTEM. CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE DE WASHINGTON. No. 4. SÉANCE DU 26 JANVIER 1881. Présidence de M. Maxime Outrey, Vice-Président de la Conférence. L’an mil huit cent quatre-vingt-un, le vingt-six janvier, à 1 heure de l’après-midi, la Conférence Sanitaire Internationale a tenu sa quatrième séance en l’Hôtel du Département d’Êtat. Étaient présents : MM. les délégués— D’Autriche-Hongrie : Comte Bethlen, De Belgique : M. Georges Neyt, Conseiller de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, et M. Edouard Sève, Consul-Général de Belgique à Philadelphie. Du Chili : Seilor Don Francisco Solano Asta-Buruaga, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Du Danemark : M. Cari Steen Andersen de Bille, Chargé d’Affaires et Consul-Général à Washington. D’Espagne : Seiior Don Felipe Mendez de Vigo, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington, et M. le Dr. Rafaël Cervera, délégué spécial. Des États-Unis : M. le Dr. James L. Cabell, Président du National Board of Health des États-Unis; M. le Dr. Thomas J. Turner, Secrétaire du National Board of Health des États- Unis ; M. J. Hubley Ashton, délégué spécial ; et M. James Lowndes, délégué spécial. De France : M. Maxime Outrey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire h Washington. De Grande-Bretagne : M. Edward Mortimer Archibald, C. 8., Consul-Général de S. M. Britannique à New York ; et M. le Dr. J. C. Taché, délégué spécial du Canada. De Haïti : M. Stephen Preston, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Des Iles Hawaï : M. Elisha H, Alleu, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. D’ltalie: M. le prince de Camporeale, Chargé d’Affaires ad intérim à Washington, Du Japon : Jushie Yoshida Kiyonari, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. Des Pays-Bas; Jonkheer Rudolph de Pestel, Ministre Résident à Washington; et M. le Dr. F. J. van Leent, Officier de Santé de lre classe de la Marine des Pays-Bas, délégué spécial. Du Mexique : Senor Don Ignacio Alvarado, délégué spécial. Du Portugal : M. le vicomte das Nogueiras, Envoyé Extraordinaire et Ministre Pléni- potentiaire à Washington ; et M. le professeur José Joaquim da Silva Amado, délégué spécial. De la République Argentine: Senor Don Julio Carrié, Secrétaire de Légation et Chargé d’Affaires ad intérim à Washington. De Russie : M. Michel Bartholomei, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipoten- tiaire à Washington. De Suède et Norvège : M. le comte Cari Lewenhaupt, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. 2 .De Turquie: Grégoire Aristarchi Bey, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Washington. En l’absence de l’honorable Président de la Conférence, le Vice-Président (M. Maxime Outrey) prend le fauteuil et déclare la séance ouverte. Le procès-verbal de la dernière séance n’ayant pas pu être présenté à cause de retards apportés dans l’impression, un échange de vues sur ce sujet a lieu entre MM. les délégués de Russie, de Belgique, d’ltalie, du Chili, du Portugal, et de la République Argentine ; et à la suite d’explications fournies par MM. les secrétaires, il est décidé par la Conférence que désor- mais ses séances seront espacées, de façon à permettre à MM. les secrétaires de déposer, avant l’ouverture de la séance, le procès-verbal, imprimé ou manuscrit, de la séance précédente. Le Président (M. M. Outrey) rappelle que dans ses séances précédentes, la Conférence a déjà réglé la marche à suivre pour ses travaux, et a renvoyé à un comité spécial l’étude des diverses questions qui lui ont été soumises. Convaincu que chacun des délégués a étudié ce rapport, il propose que la Conférence, avant de passer à l’examen des propositions qu’il renferme, échange ses vues sur l’ensemble du projet soumis à ses délibérations, et que ceux des délégués qui auraient des considérations géné- rales à faire valoir soient autorisés à les présenter. Cette proposition est acceptée. Le délégué du Danemark (M, C. S. A. de Bille) est d’avis que la Conférence doit des re- mercîments aux membres du comité. Il ajoute qu’à la lecture des procès-verbaux il a constaté que presque toutes les questions soumises à la Conférence ont été discutées à fond, que ses sym- pathies sont acquises aux vues du comité, et qu’il verrait avec une grande satisfaction la réalisa- tion du plan proposé. Il croit, néanmoins, devoir dire qu’à son avis le comité est allé un peu trop loin, si l’on considère l’état actuel des questions sanitaires. Vu les circonstances présentes, il croit qu’il serait impossible d’établir un corps médical international dans toutes les parties du monde. Les conclusions du comité ne lui paraissent pas pouvoir être adoptées ; il faudrait pour cela un corps d’officiers de santé trop nombreux, nommé par les différents pays, ce qui entraînerait des dépenses considérables ; et il craint en outre que ce système ne soit trop compliqué et n’atteigne pas le but en vue. Il ajoute qu’il est disposé àse ranger à l’avis de ceux des membres du comité qui proposent que la Conférence respecte l’état actuel des choses. Le but proposé par les délégués des États-Unis pourrait très-bien être atteint par l’établis- sement d’un système complet de communication entre les officiers consulaires des différentes localités et le Bureau Sanitaire de l’endroit. Il conclut ses remarques en recommandant àla Conférence de rester dans certaines limites, de crainte qu’en demandant trop on n’obtienne rien. Le délégué des Etats-Unis (Dr. Cabeel) dit qu’il partage entièrement les vues de l’hono- rable préopinant ; et bien que l’honorable délégué du Danemark lui paraisse s’être écarté des limites fixées par le Président pour la discussion actuelle, néanmoins la question qu’il vient de traiter se trouve au nombre des propositions du comité, et un désaccord sur ce point n’entraîne pas nécessairement le rejet du rapport tout entier, et lorsqu’on viendra à voter sur la proposi- tion contre laquelle s’est élevé M. le délégué de Danemark, il votera contre. Il propose qu’on procède à la lecture du préambule, afin de donner occasion à des remarques générales. M. le délégué d’Espagne (Dr. Cervera) : En prenant la parole je n’ai pas l’intention de faire des observations contre le projet que mes collègues et moi avons présenté ; je me bornerai seulement à donner quelques explications pour mieux faire comprendre la mission que nous avons à remplir ici. Dans le projet qui nous est maintenant soumis, on trouve deux questions principales ; la première est posée bien clairement en ces termes : “ Est-il utile que tout gouvernement 3 représenté dans cette Conférence adopte un système d’avertissement ou de notification pour s’assurer de l’état sanitaire des ports et des vides des pays étrangers?” Cette question me paraît si simple, que je ne doute pas que tous les avis ne soient unanimes sur ce point. Maintenant, il s’agit de déterminer de quelle façon et par quels moyens nous pouvons arri- ver à la réalisation pratique de ces vœux scientifiques et humanitaires, sur lesquels nous sommes tous d’accord, mais leur mise en pratique présente peut-être des difficultés, qui proviennent de la souveraineté des diverses nations et des lois qui les régissent, et qu’il est de notre devoir de respecter. Tous les membres du comité étaient, en principe, d’accord pour admettre ce vœu, mais vous conviendrez aisément qu’avec la diversité des vues de chacun de nous, il était difficile d’élaborer un rapport entièrement satisfaisant. Lors de la discussion dans le sein du comité, des proposi- tions ont ôté soumises, des considérations générales ont été échangées, et l’on a accepté, peut-être trop hâtivement, certains projets. Il en est résulté un certain manque de méthode dans le rapport qui a été soumis à la Conférence. On a placé àla fin des propositions fort importantes qui auraient été mieux placées en tête. On trouvera, du reste, dans les procès-verbaux du comité, le résumé des discussions auxquelles a donné lieu l’examen de chacune des propositions qui nous avaient été soumises. Je dois ajouter que si je n’ai pas voté contre certaines propositions, c’est parce que je désirais vivement arriver à la conclusion du rapport qu’on devait vous présenter comme matière à dis- cussion. Je me suis abstenu de voter parfois, afin de conserver ma liberté d’action, lors de la discussion de ces propositions devant la Conférence. Nous avons maintenant une importante question à traiter: la question de réciprocité. Le quelque côté qu’elle soit envisagée, il est toujours certain qu’on ne peut oublier son côté faible. La réciprocité n’est point entendue de la même manière par tout le monde, et voici pourquoi: Si nous accordons à une nation l’autorisation de visiter nos navires à la sortie de nos ports, et si elle nous accorde aussi la même autorisation, il semble, à premier abord, qu’il y a une réciprocité parfaite, et cependant il peut arriver qu’elle n’existe pas. En Espagne, par exemple, nous avons, et j’ai eu l’honneur de l’exposer à nos confrères du comité, une parfaite organisation sanitaire, et nous n’avons rien à gagner en acceptant la réciprocité telle que d’autres nations l’entendent. Quelle réciprocité peut exister entre deux pays dont l’un possède une organisation sanitaire, aussi bonne qu’il est possible d’en avoir, et l’autre en est dépourvu ou ne possède qu’une organisation sanitaire incom- plète ? Une patente de santé délivrée par un médecin, directeur de la santé d’un port, mérite une plus grande confiance que celle de tout autre agent ou fonctionnaire qui n’a pas de connais- sances médicales. Or, notre organisation sanitaire comprend un conseil supérieur de santé, des conseils ou comités dans toutes les provinces et dans toutes les communes; quarante directions médicales dans nos ports, et dans les petites villes de notre littoral, le maire, avec un médecin de bienfaisance et le secrétaire de la commune, sont chargés de l’inspection des navires. Nous avons chez nous, comme vous venez de voir, messieurs, une organisation sanitaire aussi parfaite que possible, mais il y a d’autres pays qui ne l’ont pas : or, si nous demandons aux autres gouvernements de nous communiquer des renseignements sur l’état sanitaire de leurs villes et ports, et s’ils n’ont pas des hommes spéciaux, des médecins experts, en un mot, quelle foi pourra-t-on accorder à ces renseignements ? Chez nous c’est tout autre chose ; avec notre organisation, et au moyen de bulletins démographiques qui se publient dans tout le pays, nous sommes tenus au courant de tout ce qui se passe. Je crois que si nous avions à refaire les articles présentés dans le rapport du comité, nous pourrions faire moins de propositions, les présenter avec un peu plus de méthode. J’engage aussi la Conférence à traiter à fond la question de l’organisation sanitaire des ports, et de déter- miner quel devra être l’agent chargé de délivrer les patentes de santé. 4 Je crois que le but des États-Unis, en convoquant cette Conférence, a été de rendre un grand service à F humanité, et, pour ma part, je souhaite que les résolutions que nous allons prendre soient tout-à-fait d’accord avec ce but. M. le délégué du Portugal (le vicomte das Nogueiras) : Dans un régime sanitaire il faut qu’il y ait une certaine solidarité, et je crois que l’entente des nations doit être générale, car si cette entente n’existe pas il arriverait de deux choses l’une; ou bien l’imprévoyance d’un pays aurait des conséquences fâcheuses pour les autres, ou bien les mesures de précaution à prendre deviendraient une charge vraiment trop onéreuse pour le commerce international et la facilité des communications. Bien que je ne veuille pas empiéter sur le domaine de nos collègues techniques, je ferai, cependant, quelques observations, et je soumets particulièrement la suivante à l’attention des délégués spéciaux: Je crois que les maladies se modi- fient avec le temps ; ainsi, des maladies qui, il y a trente ans, faisaient de terribles ravages, sont peu nuisibles aujourd’hui; tandis que d’autres qui avaient alors un caractère anodin sont devenues fort meurtrières. Faudra-t-il qu’à chacune de ces modifications les nations soient appelées à élaborer de nouveaux règlements et à supporter de nouveaux frais? De nombreuses difficultés se présentent également par suite de la différence de situation des diverses localités, car, sur certains points, l’infection se développe avec une grande facilité, tandis que sur d’autres, l’infec- tion rencontre, soit dans le climat, soit dans les mœurs des populations ou autres circonstances, une résistance beaucoup plus grande. Vu cet état de choses, croyez-vous, messieurs, qu’il serait possible d’établir l’uniformité des règlements? Mais je no veux pas m’écarter davantage du but que je me suis proposé, et en présentant ces vues je n’ai voulu créer aucune difficulté à la Con- férence, car nous sommes ici pour la recherche pratique de la vérité. Dans l’exposé très lucide que nous a fait l’honorable Secrétaire d’État, Me. Evarts (et, puisque j’ai cité son nom, je ne puis résister au désir de me faire l’écho des hauts sentiments que tout le corps diplomatique entretient pour cet homme d’état distingué) l’honorable Secrétaire d’État, dis-je, nous a dit qu’il y avait deux intérêts en conflit : la santé publique et la facilité des communications indispensables pour le commerce, et il a ajouté que le but de la présente Confé- rence était de les concilier. Je n’ai pas d’instructions précises de mon gouvernement, mais je suis prêt à voter ad referendum, pour toute résolution qui sera d’accord avec les idées que je viens d’émet- tre, et surtout avec le principe de la réciprocité qui a été exposé par le délégué spécial d’Espagne. M. le délégué du Canada (M. le Dr. Taché) prend ensuite la parole: Je reconnais, M. le Président, que je suis des membres de cette Conférence, personnelle- ment, un des moins autorisés à demander la parole ; mais je voudrais me rendre bien compte du caractère et de la portée des travaux auxquels je suis appelé, par une autre volonté que la mienne, à prendre une part, si humble qu’elle soit. Je cherche, mais je ne trouve pas d’autre moyen de me renseigner que de faire part à mes honorables collègues, des idées que je me suis formées sur le sujet, avec prière à eux de vouloir me corriger au besoin. Si je comprends bien la signification du choix de ceux qui composent la très grande majorité de cette assemblée et la nature même du référé, cette Conférence revêt essentiellement le caractère administratif. Elle me paraît avoir pour mission, non pas d’organiser un service universel d’hygiène publique, non pas de reviser, d’unifier et de codifier les lois sanitaires des peuples; mais simplement de s’entendre sur un certain nombre de propositions générales à soumettre aux gouvernements représentés, dans les limites d’un programme fixé d’avance. Ce programme, qui définit et restreint la matière, c’est la déclaration du 14 mai 1880, du Congrès américain, par laquelle son Excellence le Président des États-Unis est autorisé à con- voquer une Conférence à Washington, dans le but d’arriver à l’établissement d’un système inter- national d’avis, concernant l’état de santé des ports de mer et des navires en partance. 5 La question est de la plus haute importance; mais elle ne me paraît pas, après tout, énormément compliquée; elle n’est certainement pas nouvelle. Le motif, qui anime les autorités de ce pays, inspirées per ce corps distingué qui a nom “ The National Board of Health,” étant tout-à-fait digne d’éloges, et la fin qu’on se propose d’atteindre étant des plus désirables, je suis heureux d’apporter dans la discussion du sujet, cette bonne volonté qui n’exclut pas la sollicitude, cette bonne volonté nécessaire pour arrivera à un résultat digne des efforts tentés. Je crois le succès possible, à l’avantage de tous, je le crois même facile, mais à certaines conditions : I°. Qu’on ne s’engage pas dans le dédale d’une organisation universelle du service de santé. 2°. Qu’on n’exige pas des gouvernements plus de recherches et de dépenses qu’ils ne croient utiles ou possibles de faire pour leur propre compte. 3°. Qu’on se contente de conclusions préparatoires à un traité, sans entrer dans des minuties de détail. Le rapport du comité, en somme et sauf la réserve de certaines propositions étrangères au sujet, me paraît répondre à ces exigences. La partie technique de nos travaux me paraît très-restreinte; car voici,selon moi, les seules questions médicales qui se présentent ; Existe-t-il des maladies communicables susceptibles d’être transportées et de s’implanter en dehors des lieux, qu’on pourrait dire de production ? Les peuples ici représentés sont-ils menacés, de près ou de loin, de l’introduction de ces maladies chez eux? La réponse à ces deux questions fait partie des connaissances que tout le monde possède : Oui, il existe de semblables maladies et elles menacent tous les peuples. L’histoire des quarantaines et autres mesures de santé enseigne que l’action des gouverne- ments à l’égard les uns des autres, en matière de santé, quand il n’y a pas eu de plan concerté d’avance, peut se résumer par ces mots : Le danger paraît-il éloigné, on ne fait rien, ou à peu près rien, pour empêcher qu’il ne devienne prochain; le danger est-il prochain, ou a recours, poussé par la peur, à des mesures plus on moins vexatoires et souvent inutiles. Il y a ceci de caractéristique dans les maladies contagieuses, c’est qu’elles ont des périodes très-longues souvent d’un repos relatif, pendant lequel leur virulence et leur pouvoir d’extension semble sommeiller, et des périodes pendant lesquelles elles acquièrent une virulence extraordinaire et un pouvoir étonnant de se répandre. La fièvre jaune en est, depuis quelque temps, à l’une de ces périodes de paroxisme, et personne ne peut garantir aux nations que les autres maladies contagieuses ont cessé d’offrir ce caractère d’exacerbations périodiques. Il est encore de science commune que des mesures de précaution peuvent diminuer l’in- tensité des foyers d’infection et empêcher qu’ils ne portent au loin, ou du moins ne déposent, la matière quelle qu’elle soit, au moyen de laquelle la maladie se communique. Pour prendre à temps ces mesures, et ne pas imposer à la navigation et au commerce des retards inutiles, il faut être averti. Eh bien ! c’est pour faire passer cette conclusion de la nécessité d’être averti, du domaine de l’abstraction et de la spéculation, dans le domaine de l’admi- nistration et de la pratique, que le gouvernement de Washington a convoqué cette Conférence. Je n’ignore pas que des mesures de ce genre existent un peu partout ; mais elles ne sont pas encore passées à l’état d’engagements réciproques entre les états. En les généralisant, en les rendant in- ternationales, seulement en ce qui concerne les ports de mer et les navires océaniques, je pense qu’on ferait beaucoup pour la santé commune des peuples. En dernier ressort, un pareil système ne saurait manquer d’avoir pour résultat de favoriser la liberté continue des rapports maritimes entre nations, en limitant les détentions uniquement aux provenances de zones, de lieux, et de saisons qui offrent des dangers réels. 6 Le Président déclare alors que la discussion générale est close, et la proposition de passer à la discussion du rapport du comité ayant été adoptée, il donne lecture du préambule du rapport du comité. Préambule. “Tous les peuples, sans manquer à leurs obligations internationales, ont le droit inhérent de se défendre contre l’introduction des maladies contagieuses dans leurs territoires. Il arrive, cependant, souvent qu’on omet d’exercer ce droit, alors que le danger est imminent, ou qu’on fait de ce droit un exercice exagéré à l’encontre d’un danger purement imaginaire. Ceci provient principalement de deux causes: I°, de l’ignorance de l’état réel des choses au pays de prove- nance; 2°, de l’omission de donner aux autres pays connaissance des faits constatés.” Le délégué de Suède et Norvège (M. le comte de Lewenhaupï) propose l’amendement ci-dessous au préambule du comité. Il ajoute toutefois que ce préambule, devant être en ac- cord avec les règlements qui seront adoptés, ilne demandera un vote que lorsqu’une décision sur les autres propositions du rapport aura été prise: “Chaque nation possède, dans les limites du droit des gens, le droit de prendre les mesures de précaution qu’elle juge nécessaire pour prévenir l’introduction sur son territoire des maladies contagieuses. Mais il ya eu des cas où ce droit n’a pas été exercé en présence d’un danger réel, tandis que dans d’autres il a été exercé avec trop de rigueur quand il n’y avait qu’un danger imaginaire, et comme il serait important de prévenir le retour défaits semblables, les soussignés sont tombés d’accord pour recommander à leurs gouvernements respectifs les règles suivantes.” Le délégué des États-Unis (M. le dr. Turner) fait observer que les propositions spéciales ont été divisées en vue de l’examen de la Conférence. La première pourvoit à l’obtention des renseignments, la seconde pourvoit à la communication de ces renseignements et la quatrième, qui aurait dû être placée après la seconde, indique à qui ces renseignements doivent être communiqués. La troisième proposition règle la façon de communication. Telle est l’ordre logique dans laquelle ces propositions devraient être placées. Le Président (M. Maxime Outrey) donne lecture des propositions fondamentales formu- lées par le comité. Propositions fondamentales. A. Le comité suggère à la Conférence Sanitaire Internationale d’admettre, comme principe d’hygiène publique, qu’il est hautement désirable d’adopter un système international d’avertisse- ments en matière de santé, comprenant avis donné de l’apparition et de la cessation des maladies communicables. B, Que c’est l’opinion de ce comité qu’il serait hautement avantageux de permettre, dans les ports de mer des divers pays, certaines inspections sanitaires à être faites par les agents étran- gers, sous l’empire de règlements à intervenir pour la sauvegarde de la souveraineté et des intérêts commerciaux de chaque puissance. M. le Président ne croit pas qu’il y ait lieu de délibérer sur ces deux articles. Il croit que quand on arrivera à l’examen des détails, il sera temps de s’en occuper, et de décider si les principes qui y sont établis doivent être adoptés ou non. Il vaut mieux, selon lui, rechercher d’abord s’il est possible d’établir une entente sur l’application de ces règles générales. La Conférence donne son adhésion à cette manière de voir. M. le Président donne lecture des quatre premières propositions spéciales. Propositions spéciales. 1. Il est à désirer que chaque gouvernement obtienne, autant que faire se pourra, en temps utile, des renseignements exacts et scientifiques touchant la santé publique dans l’étendue de ses possessions. 7 2. Il est à désirer que chaque gouvernement communique sans délai ces renseignements aux autres parties contractantes. 3. Pour donner aux renseignements internationaux, en matière de santé publique, Puni- for mi té indispensable, chaque nation représentée dans la Conférence devrait publier un bulletin hebdomadaire de la statistique mortuaire de ses principales villes et de ses ports de mer. 4. Il est à désirer que chaque gouvernement fournisse, sans délai, aux consuls et autres agents accrédités par les gouvernements étrangers, dans les principales villes et dans les ports de mer, les renseignements dont il est question dans les précédentes propositions 1, 2 et 3. M. Le Président soumet ces quatre articles à la discussion. Le délégué de Russie (M. Bartholomei) propose un amendement à ces quatre articles qui, à son avis, comprendrait, sous une forme succincte, la plupart des propositions qui y sont contenues ; “Article I°, Chaque gouvernement devra avoir un service intérieur organisé de façon à être régulièrement informé de l’état de la santé publique sur toute l’étendue du territoire. Chaque gouvernement publiera un bulletin hebdomadaire de la statistique mortuaire de ses principales villes et ports de mer.” Cet article, ajoute M. le délégué de Russie, comprendrait ainsi les articles ler1er et 3me des propositions du comité. Il soumet ensuite la variante suivante qui constituerait l’article 2me, “Art. 2°, Les gouvernements devront donner aux bulletins sanitaires dont il est question à l’article ler1er la plus grande publicité possible.” La séance est ensuite suspendue pendant quelques instants pour permettre aux délégués d’examiner les amendements proposés. A la reprise de la séance, M. le Président annonce que la discussion sera continuée sur les amendements présentés par le délégué de Russie; lecture est ensuite donnée en anglais et en français des dits amendements. M. le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale) propose l’amendement suivant; “Art. 2°. Les bulletins hebdomadaires, dont il est question dans le second paragraphe de l’article ler,1er, devront recevoir la plus grande publicité possible et seront communiqués aux con- suls étrangers résidant dans les ports maritimes.” M. le délégué d’Espagne (le Dr. Cervera) propose un second amendement ainsi conçu: “Chaque gouvernement publiera un bulletin hebdomadaire de la statistique sanitaire de ses principales villes et ports, avec mention des maladies suivies de décès.” M. le délégué de Belgique (M. Georges Neyt) propose ensuite l’amendement suivant, qu’il dit être à peu près semblable à celui présenté par M. le délégué d’ltalie; “Art. 2°. Les bulletins hebdomadaires, dont il est question dans le second paragraphe de l’article ler,1er, devront recevoir la plus grande publicité possible et seront communiqués aux agents diplomatiques et consulaires accrédités dans le pays.” M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey) demande la permission de suggérer la modification suivante aux amendements précédents; “ Art. I°. Chaque gouvernement devrait avoir un service intérieur organisé de façon à être régulièrement informé de l’état de la santé publique sur toute l’étendue du territoire. “Art. 2°. Chaque gouvernement publierait, dans les villes de son territoire qu’il jugerait nécessaire, un bulletin de la statistique mortuaire de ses principaux ports et villes. Ce bulletin recevrait la plus grande publicité possible.” Il préfère, dit-il, le caractère facultatif au caractère impératif employé dans la ré- daction, et ne croit pas qu’il y ait lieu de communiquer les bulletins hebdomadaires aux 8 officiers consulaires. Les nations qui ont intérêt à se renseigner sur l’état hygiénique d’un pays recevront leurs renseignements par l’entremise de leurs propres agents. Si un agent se déclare mal renseigné parce que, pour une cause quelconque, il n’a pas reçu à temps ces bul- letins, cette circonstance donnera lieu à des réclamations dont il ne serait pas juste que le gou- vernement auprès duquel il est accrédité assumât la responsabilité. Il croit, par conséquent, qu’il vaudrait mieux ne pas adopter l’amendement de M. le délégué d’ltalie, ni les autres, la Conférence ne pouvant imposer à un gouvernement la publication de bulletins hebdomadaires. Il propose, d’ailleurs, de remplacer dans l’amendement les mots “dans les principales villes et ports” par les suivants: “dans les ports et villes qu’il jugera nécessaire.” Le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale) insiste sur le caractère impératif à donner à l’amendement proposé par M. le délégué de Russie, Il est d’avis qu’un gou- vernement n’est tenu de s’engager à publier des bulletins statistiques et à en donner communi- cation aux autres gouvernements qu’en tant que ces autres gouvernements s’engagent de leur coté à fournir des renseignements de la même nature, car il est évident qu’aucun gouvernement ne voudrait assumer une obligation qui ne serait pas réciproque. Le but principal que se propose le gouvernement des États-Unis en convoquant cette Conférence, ajoute M. le délégué d’ltalie, est d’établir un système uniforme et obligatoire d’informations sanitaires. Il en résulte que les gouvernements, pour pouvoir donner des informations exactes et dignes de confiance, doivent s’engagera se procurer les données qui seules peuvent les mettre à même d’aviser avec exactitude les autres gouvernements de l’état sanitaire de leur pays. Ce but ne saurait être atteint si chaque gouvernement ne veut accepter aucune charge ni aucune obligation. Ainsi qu’il a été dit dans la circulaire de M. le Secrétaire d’Etat Evarts et dans le préambule qu’a lu le délégué de Suède et Norvège, le but de cette Conférence a été d’éviter que des mesures restrictives et nuisibles au commerce soient adoptées, lorsqu’elles ne sont pas absolument néces- saires, et il s’en suit dès lors que les gouvernements doivent, ou bien se procurer des informations exactes et les communiquer aux autres gouvernements, ou encourir le risque que leur commerce subisse des entraves. Il parait sous-entendu que les gouvernements qui ont consenti àse faire représenter à cette Conférence ont implicitement reconnu que le premier système leur paraissait plus avantageux. Le second point soulevé par M. le délégué de Turquie est relatif à la périodicité de ces bulletins. Pour avoir une valeur, ces bulletins doivent être périodiques. Cette question est plutôt de la compétence des délégués techniques, auxquels il appartient de juger s’il est nécessaire que ces bulletins soient hebdomadaires ou mensuels, mais quelque soit le système adopté, il faudra qu’il soit uniforme et obligatoire. Le troisième point traité par monsieur le délégué de Turquie, poursuit le délégué d’ltalie, vise l’amendement qu’il vient lui-même de présenter. Les bulletins sanitaires en question doivent- ils ou ne doivent-ils pas être communiqués aux consuls? La Conférence est d’accord qu’ils doivent recevoir la plus grande publicité possible. Il s’agit donc de savoir si les consuls devraient s’abonner au journal qui contiendrait ces bulletins, ou s’ils le recevront gratuitement. La question est d’une importance secondaire, mais, comme il y aurait parfaite réciprocité, il y aurait économie pour tout le monde si ces bulletins étaient communiqués gratuitement. En outre, les gouvernements qui les communiqueraient de cette façon aux agents étrangers assumeraient une responsabilité plus grande qu’en se bornant à les publier dans les journaux. M. le délégué spécial du Portugal (M. le Dr. Amado) dit qu’il est prêt à voter pour l’amendement de M. le délégué de Russie, y compris les modifications présentées par M. le délégué d’ltalie. Il croit que les idées qui y sont exprimées sont à peu près les mêmes que celles qui se trouvent dans le rapport du comité, mais que leur rédaction est peut-être pré- 9 férable à celle des articles du dit rapport. Il u’y a aucun doute, dit-il, que ce que Ton propose est praticable, car depuis 1857 des bulletins de ce genre sont publiés hebdoma- dairement eu Danemark; la Norvège en publie depuis 1863; à Turin ou en publie depuis vingt ans ; et à Bruxelles, depuis onze ans, on publie toute les semaines une statistique mortuaire très-bien faite; enfin, ou peut dire qu’aujourd’hui, presque tous les pays d’Europe publient de pareilles statistiques. Les États-Unis en publient aussi depuis quelque temps; en sorte qu’il n’y a pas de difficulté réelle àce sujet. L’emploi de personnes compétentes est indispensable pour co-ordonner ces renseignements avant de les publier. Il est heureux que les délégués diplomates de la Conférence aient déclaré que ce système n’était pas de nature à créer des difficultés internationales, car quant au côté scientifique de la question c’est là le seul moyen de la résoudre. M. le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewenhaupt) constate qu’afln de décider l’amendement offert par le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale) de communiquer le bulletin à tous les consuls résidant dans les ports, il était d’abord nécessaire d’examiner si un avantage réel pouvait être espéré par l’obligation pour les gouvernements de transmettre cette publication sans égard àla distance et au temps exigé à cette fin. Dans tous les cas importants, le vice-consul informe le consul par télégraphe et celui-ci informe le gouverne- ment étranger. Le bulletin pourrait arriver des semaines après la disparition de l’épidémie. M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey) déclare que le caractère facultatif qu’il a voulu imprimer à cette disposition de l’amendement présenté par M. le délégué de Eussie, est basé sur la considération suivante, savoir: que le service quarantenaire dans certains pays, ainsi qu’on l’a déjà dit, n’est pas aussi bien organisé que dans d’autres. En Turquie l’organi- sation sanitaire fonctionne d’une façon satisfaisante, et cela est dû, en partie, au concours de plusieurs puissances, et à celui de la France en particulier mais il pourrait y avoir des pays où, pour une cause quelconque, l’introduction d’un pareil système de bulletins sanitaires en- traînerait des frais considérables, et l’objet de la Conférence est de faciliter l’adhésion des différents gouvernements représentés ici; or, si on leur impose cette obligation absolue, plusieurs gouvernements dont l’adhésion serait à désirer, refuseraient d’admettre les conclu- sions de cette Conférence, tandis qu’en se limitant à des termes facultatifs, ces gouvernements ne contracteraient qu’une obligation morale, qui serait cependant d’un grand poids, non-seule- ment aux yeux de leurs propres populations, mais aussi aux yeux de toutes les autres nations. Le délégué de Turquie ajoute que quelques-uns des délégués ont cru qu’il ne s’agis- sait, quant à la question des bulletins, que des frais d’impression et de transmission de ces bulletins. Ce ne serait là qu’une question secondaire, mais la première partie de l’article proposé impose l’obligation d’un service sanitaire intérieur complet, ce qui en- traînerait nue dépense trop considérable pour les pays qui n’auraient pas une organisation semblable. Pour ces raisons il insiste sur le caractère facultatif de cette mesure. Le délégué spécial d’Espagne (M. le Dr. Cervera s’éxprime ainsi) : Je me lève, M. le Prési- dent, non pas pour m’opposer à l’adoption des bulletins hebdomadaires, que je trouve utiles et raisonnables, mais parce que je crois de mou devoir comme délégué spécial, de faire connaître à tous les diplomates ici présents, la nature des statistiques médicales et des bulletins hebdomadaires. En ne considérant cette question que du côté statistique, on pour- rait se tromper sur sa valeur scientifique. Je suis tout-a-fait en faveur de la publication dans les divers pays de bulletins de mortalité, avec mention des causes de décès ; car, si on veut faire quelque chose d’utile pour l’hygiène, il faut toujours en venir là. Mais admettant que la question générale de l’utilité de ces bulletins soit reconnue, croyez-vous qu’ils soient suffisants pour renseigner les différents gouvernements? Je réponds non, et je ne doute pas que plusieurs de mes confrères ne soient de mon avis. 10 Ces statistiques médicales publiées dans divers pays, ne sont pas faites avec une exactitude scrupuleuse et de manière àce qu’on puisse leur accorder une foi entière. Ainsi, tandis que dans les pays où ces statistiques sont bien faites, le terme moyen de la vie humaine est fixé entre 33 et 34%, dans d’autres pays, où elles sont moins soignées, ce terme moyen s’élève de 45 à 47 %; or, je déclare sans crainte de démenti qu’il n’y a pas un seul médecin qui ajoute foi à de pareilles statistiques. En Espagne, par exemple, la mortalité des cinq premières années de la vie humaine s’élève au chiffre de 45%, tandis qu’en Angleterre la mortalité est bien moins grande que dans les autres pays. Cela tient au délai accordé aux inscriptions des nouveaux-nés dans le registre civil des naissances. Du reste, les médecins savent fort bien qu’à cet âge, la mortalité varie toujours entre 40 à 50%. Il est de mon devoir, je crois, en ma qualité de délégué spécial technique, d’informer la Conférence sur la valeur intrinsèque de ces bulletins qui font l’objet de ses délibérations. La publication de bulletins dans les principaux ports et villes étant admise, le retard dans leur envoi soulève une question pratique très importante qu’il ne faudra pas perdre de vue. Il arrivera souvent des retards d’un mois et peut-être plus ; or, il est évident que, dans pareilles circonstances, ces bulletins ne remplissent pas leur but. Il est donc désirable que les gouverne- ments s’engagent à se transmettre mutuellement avis de l’apparition ou de la disparition de maladies contagieuses. Je crois que la Conférence doit par conséquent insérer cette disposition, soit dans cet article soit dans un autre. Le délégué du Portugal (Dr. Amâdo) dit que la question des bulletins statistiques est complexe. Il s’agit d’abord de recueiller des informations, ensuite de les co-ordonner et de les publier; ce ne sont que les gouvernements qui auraient des bureaux pour la collection de ces informations qui seraient en mesure de faire connaître à l’étranger l’état sanitaire de leurs populations, de sorte qu’en votant pour la publication de ces bulletins on voterait en même temps pour l’établissement de pareils bureaux, et lorsqu’une maladie épidémique se déclarerait dans un pays il serait du devoir du gouvernement de le constater et de le communiquer aux agents consulaires, et s’il manquait à ce devoir ceux-ci seraient à même de se renseigner auprès de ces bureaux d’informations et d’agir en conséquence. On fait la critique de la statistique médicale et démographique; on dit qu’elle n’est pas parfaite; on apporte toujours les mêmes arguments contre toutes les statistiques. Sans doute, elles n’atteignent pas la perfection absolue, mais c’est là la condition de toutes les choses humaines. C’est seulement en ayant des hommes compétents et spécialistes pour diriger ces services qu’on arrivera à les perfectionner de plus eu plus. Si tout en ayant un bureau pour recevoir régulièrement et mettre en ordre tous les renseignements les gouverne- ments sonts encore mal renseignés comment le seront ils mieux sans cet auxiliaire! Le délégué d’Autriche-Hongrie (M. le comte Bethlen) constate qu’on a déjà beaucoup parlé de la question des bulletins hebdomadaires, et que le délégué de Suède et Norvège a fait observer avec raison que le système de transmission des nouvelles sanitaires d’un pays à un autre, ou d’une localité à une autre, ne serait pas toujours, dans la pratique, d’une exécution facile. On surmonterait facilement ces difficultés en se servant des lignes télégraphiques, et il croit devoir, à ce sujet, présenter en temps opportun à la Conférence un système d’avertissements internationaux qui serait le corollaire du système proposé. Le délégué de la Grande-Bretagne (M. Archibald) a écouté avec attention les observations présentées par les différents délégués, car il désirait beaucoup connaître les vues de ceux des délégués n’ayant pas fait partie du comité. Il croit, cependant, que le rapport du comité ne devrait pas être laissé de côté, bien qu’il contienne des propositions qu’il n’approuve pas. Le comité a étudié avec soin la question que la Conférence discute en ce moment, mais il n’a pas défini les moyens à employer par les gouvernements pour obtenir des informations exactes sur la situation sanitaire de leur pays, et il s’était borné à proposer des bulletins sanitaires pour les ports et villes. Les propositions qui viennent d’être 11 soumises à la Conférence à ce sujet sont bien plus étendues et exigent que la plus grande publicité soit donnée aux bulletins sanitaires. Eu Angleterre les données statistiques sur la santé publique soit systématiquement co-ordonnées et publiées régulièrement, et le gou- vernement anglais s’empresserait de communiquer ces documents aux agents étrangers qui en feraient la demande ; mais il ne se trouve pas en mesure de dire si cette communication serait possible dans toute l’étendue des possessions britanniques. La Conférence a entendu les fortes objections offertes, contre la proposition, par M. le délégué du Canada (M. Tacbé), qui a affirmé qu’une pareille mesure serait impraticable au Canada. Bien que, person- nellement, il soit en faveur de la publication de bulletins hebdomadaires, il doit, néanmoins, en votant sur l’amendement proposé par le délégué de Russie, prendre en considération les objections de son collègue du Canada. Il croit que la première et la troisième proposition spéciale du comité, quelque peu modi- fiées, pourraient remplir les conditions formulés par la Conférence. Lors de la négotiation d’un traité, on décidera sur la façon dont chaque gouvernement recueillira et communiquera aux autres gouvernements les renseignements statistiques. Ce n’est là qu’un point de détail qui pourra facilement être réglé. L’honorable délégué suggère ensuite une modification qui réunirait en une seule les propositions deux et quatre du comité. 11 ajoute, cependant, qu’il n’est pas préparé pour le moment à soumettre cette modification àla Conférence. Il conclut ses remarques en appelant l’attention de ses collègues sur les résolutions du Congrès qui ont motivé la réunion de la présente Conférence, et il est d’avis que le but poursuivi par les dites résolutions ne doit pas être perdu de vue. Le délégué du Canada (M. le Dr. Taché) s’exprime ensuite comme suit: Naturellement quand il s’agit de voter, c’est mon vénérable collègue, M. Archibald, qui dispose du vote de le Grande-Bretagne. Je n’ai donc, sur les questions posées en ce moment, que voix consultative, et c’est a ce titre|que je demande permission de présenter quelques remarques à la Conférence. Le nombre de propositions et de contre-propositions qui sont mainteraent entre les mains de M. le Président, pour prendre place des propositions rapportées par le comité, prouvent que, une fois qu’on a dévié d’un programme fixé d’avance, il n’est pas facile de s’entendre et d’y revenir. De quoi s’agit-il, enfin de compte pour le présent? D’adopter en principe qu’il est désirable que les gouvernements se donnent mutuellement avis de l’apparition et de le ces- sation de maladies contagieuses dans les ports de mer et lieux adjacents. Or, je le demande, quel rapport obligé peut avoir un bulletin hebdomadaire de la mortalité ordinaire avec cet engagement de donner avis des cas particuliers d’épidémie? Quand à la valeur intrinsèque de ces bulletins hebdomadaires, il faut reconnaître que quatre-vingt fois sur cent ils sont incorrects. Notre collègue, M, le Dr. Cekvera, vient d’exprimer la même opinion en fournissant des exemples. Les statistiques mortuaires annuelles et périodiques même sont tellement fautives que, pour des pays placés dans des circonstances à peu près identiques, on a des rapports dont la taxe mortuaire présente des écarts à l’état normal, bien entendu—de trente-trois à dix sept par mille de la population; or la loi qui régit la vie et la mort des hommes n’admet pas de semblables écarts. Je ne voudrais pas qu’on comprit, cependant, que je fais fi de toutes ces statistiques, et que je les mets toutes au même rang. Non, je suis de l’avis de M. le Dr. Amado, délégué du Portugal. Il est bon, il est excellent, il est nécessaire, d’avoir ces statistiques, même imparfaites, mais ce que je veux ici maintenir c’est qu’elles n’appartiennent point au sujet qui nous occupe, sor- tent du programme qui nous lie et ne répondent point aux besoins du service dont nous avons à nous occuper. En effet, en l’absence de maladies contagieuses il est évident qu’il n’est nullement néces- saire de s’obliger à la publication de ces bulletins, puisque le but de cette Conférence est de 12 jeter les bases d’un système international de constatations et d’avertissements, qui n’a on vue que les maladies contagieuses. Une épidémie se déclare-t elle, le bulletin est tout à-fait insuffisent. C’est le télégraphe qu’il faut mettre en réquisition; je dis plus, le bulletin peut devenir un embarras, si, pour une raison ou pour une autre, il y avait contradiction entre le bulletin et les autres renseignements, et de quelle utilité peut-il être, dans l’espèce, je le répète pour ce qui a trait aux morts de causes communes, dont nous n’avons pas à nous occuper. Il y a beaucoup de pays qui ne publient pas de bulletins de cette sorte ; pourquoi venir embarrasser le question qui nous occupe de complications inutiles, en créant des charges qui ne relèvent pas du sujet. Pour publier des bulletins de ce genre par autorité, avec une garantie quelque peu acceptable d’exactitude relative, il faut tout une système d’enrégistrement ; or, pour un pays comme le Canada, par exemple, qui s’étend de l’Atlantique au Pacifique, et du 45 degré de latitude au pôle, ce n’est pas encore chose très-facile. J’ai à plusieurs reprise préparé des calculs du coût probable de la mise en pratique du système chez nous, et je suis arrivé à le conclusion que la dépense annuelle, aujourd’hui, dépasserait $300,000. Notre gouvernement a jusqu’ici reculé devant cette dépense, lancé qu’il est dans des entreprises colossales vu le chiffre do notre population. Je dois donc faire tout en mon pouvoir pour engager cette Conférence à rendre possible l’adoption d’un système international d’avertissement accepta- ble pour tous, et en particulier pour le pays que je représente. Le délégué de la République Argentine (M. Cahute) a entendu avec plaisir les observa- tions du docteur Taché, parce qu’elles touchent directement àla question pratique. Il est d’opinion, lui aussi, que les bulletins hebdomadaires arriveront toujours trop tard à destina- tion. Le délégué de Belgique (M. G-.Neyï) constate que la publication de bulletins hebdomadaire n’est que le commencement du système proposé; il ne prétend pas qu’elle suffirait pour signaler l’apparition d’une maladie épidémique; la Conférence aura à prendre en considéra- tion la question d’un service télégraphique à cet effet; mais il croit que pour le moment on ne peut faire d’objection sérieuse à la publication des bulletins. Quant à l’observation de l’honorable délégué du Canada, qui prétend que dans un pays aussi étendu que le sien cette publication est impossible, il doit avouer qu’à première vue il ne peut se rendre compte des difficultés signalées ce qu’on demande ; ce n’est pas la publication d’une statistique pour tout le territoire, mais seulement pour les ports de mer et les villes principales. Un médecin com- pétent pourra facilement arriver à recueillir les données et documents nécessaires pour préparer un bulletin de ce genre, et la publication de ce bulletin, selon lui, ne serait pas aussi coûteuse que le suppose le délégué du Canada. ,in i'■!lllwu..i- -i■■|l^),■ ■f| ->--■ -K• -; + '-p r-r" lUlttifi III» r Le délégué spécial de Belgique (M. JSèye) soutient la proposition de son collègue de Belgique, et dit que ces propositions rentrent toutes dans le plan de l’organisation nationale de chacun des pays d’Europe. En Belgique, et Buenos-Ayres dans l’Amérique Méridionale, enveloppant toute la ligne côtale et Varchipel des Indes Occidentales. Elle a franchi déjà Vlsthme de Panama, et étendu ses ailes pestilentielles sur les côtes de l’océan pacifique. La côte occidentale d’Afrique a ses deux zones d’endémie de fièvre jaune, embrassant au moins 10 degrés au nord et au sud de l’équateur, d’où elle a été im- portée aux îles voisines et aussi en Angleterre. L'Europe a été annexée en partie, temporairement il est vrai, mais non moins fatalement. Elle aussi est continuellement menacée. Le premier navire qui, d'un port contaminé, passera par le Canal de Suez, vers Varient, est VÉpée de Damoclès suspendue sur les têtes des populations orientales. Le premier navire qui, d'un foyer primaire ou secondaire, poursuivra directement son vo- yage de la Mer des Car ailes ou du Golfe de Mexique (soit par un canal de l’lsthme de Panama, soit par un chemin de fer de transport à travers l’isthme), par l’océan Pacifique dans la direc- tion occidentale, sera la menace mortelle pour un monde, libre d’infection jusqu’à ce moment; notamment les archipels et les continents orientaux. Le Japon, la Chine, l’empire britannique indien, les colonies espagnoles, françaises, portugaises et néerlandaises, l’Australie, la Polynésie enfin, seront tous menacés. Je prévois la misère, le désastre immense, la panique à l’approche de l’invasion de cet ange terrible de la mort. Et une fois importée dans les parages tropicaux et sous-tropicaux orientaux, la fièvre jaune ne tes quittera plus jamais ! Je finis. La fièvre jaune est un fléau terrible, plus terrible encore que le choléra, auquel nous opposons avec un certain succès les mesures hygiéniques générales et privées, mais en premier lieu Veau potable pure. La fièvre jaune est une menace pour l’humanité entière, et des populations encore libres de contamination n’en sont pas à l’abri. Elle entrave considéra- blement, et peut empêcher complètement, le commerce, l’industrie, l’immigration, et menace l’existence, la propagation, la prospérité et la domination de la race blanche dans les pays tropicaux et sous-tropicaux. En terminant ses remarques le délégué des Pays-Bas (Dr. van Leent) soumet à la Conférence l’amendement suivant : Insérer entre les mots agent et responsable ( premier paragraphe de la proposition du délégué d’ltalie, (Prince de Camporealb,) le mot “sanitaire." Le premier paragraphe sera rédigé alors ainsi: “ La patente de santé doit être délivrée au port de départ par Vagent sanitaire responsable du gouvernement territorial.” Le délégué d’ltalie (Prince de Camporealb): J’accepte l’amendement de M. le délégué spécial des Pays-Bas. Le délégué d’Espagne (M. Mbndez de Yigo) présente la proposition suivante comme complément à la proposition du délégué d’ltalie (Prince de Camporealb) : “Le consul du pays de destination aura le droit d’assister aux inspections sanitaires qui seront laites du navire par les agents de l’autorité territoriale, conformément à telles règles qui seront établies par des conventions ou traités.” Le délégué d’ltalie (Prince de Camporealb) accepte l’amendement proposé par le délé- gué d’Espagne. Le délégué du Portugal (Vicomte das Nogubieas) présente la proposition suivante: “Les autorités du port de départ délivreront les patentes de santé quand celles-ci leur seront demandées par les capitaines des navires. “Il est recommandé que chacune des nations contractantes consente à ce que la visite aux hôpitaux et l’inspection des navires soient faites par un médecin du pays de départ 9 exerçant un emploi public, on bien par des médecins sanitaires internationaux. Dans le premier cas le médecin devra être nommé par l’agent consulaire du pays de destination.” Le délégué du Portugal déclare qu’il est prêt à accepter toute modification que la Con- férence jugera à propos d’apporter à la rédaction de cette proposition, pourvu que ces modi- fications n’en altèrent pas le fond. En soumettant cette proposition, poursuit le délégué du Portugal, je ne fais que plaider en faveur de la législation de mon pays. Au Portugal, les patentes de santé sont facultatives; nous laissons à chaque navire la liberté de s’en munir ou non, les patentes étant délivrées dans l’intérêt de la santé des pays de destination, c’est à eux à les demander, s’ils le jugent nécessaire. L’article 127 du règlement général sanitaire maritime, dont l’exécution a été ordonnée par le décret du 12 novembre 1874, dit que “les patentes de santé pour les navires partant d’un des ports du continent du royaume et des îles adjacentes seront délivrées par les officiers (guardas mores) des postes sanitaires respectifs, et ne pourront être conférées que snr la demande des capitaines ou commandants de navires.” Ce que je viens de citer se rapporte à la première partie de la proposition que j’ai en que j’ai eu l’honneur de présenter à la Conférence. Dans la seconde partie de ma proposition, laissant de côté tout amour-propre national, je demande que la visite aux hôpitaux et l’inspection des navires soient faites par des méde- cins du port de départ, choisis par les consuls du pays de destination, ou bien par des médecins sanitaires internationaux. Je crois de cette façon assurer l’authenticité des informa- tions et sauvegarder en même temps les susceptibilités nationales ainsi que les nécessités des ports de destination, ces derniers étant en effet les plus intéressés à connaître l’état sanitaire exact des ports de départ et des navires. Quant aux difficultés pratiques, elles ne me paraissent pas bien sérieuses. Les médecins chargés de ce service recevraient la même rémunération que pour une visite médicale ordinaire. Le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale) désire répondre quelques mots à ce que vient de dire le délégué des États-Unis. La plus grande partie du discours de M. le Dr. Turner tend à prouver que les informations données par les “boards of health” n’ont aucune valeur ni ne méritent aucune confiance. En ce qui concerne l’administration sanitaire d’ltalie elle est parfaitement à même d’accomplir sa tâche et l’accomplit d’une façon tout-à- -fait satisfaisante; elle est concentrée entre les mains du ministre de l’intérieur à Rome, assisté d’un conseil supérieur de santé qui a la direction et la responsabilité des actes de toutes les autorités sanitaires locales. Par conséquent, les informations qu’elle recueille et qu’elle communique sont complètes et reposent sur des données sûres. Lorsque dans sa proposition il a inséré les mots “autorité centrale” il entendait parler d’une organisation du même genre, ayant les mêmes devoirs, les mêmes responsabilités et offrant les mêmes garanties. Enfin, en ce qui concerne la question de savoir si les patentes de santé doivent être délivrées par les consuls du pays de destination, il ne peut que se référer à ce qu’il a dit dans la séance précéden te. Les consulats, ainsi qu’ils sont organisés généralement, offrent moins de garantie que les autorités locales de faire bien le service qu’on voudrait leur confier. Dans les ports où pour des raisons spéciales on ne peut faire autrement, ou bien dans des moments de grand danger, il se peut que les gouvernements consentent à encourir la grosse dépense d’adjoindre à leurs consulats un personnel médical et autre, mais de l’établir comme rèo-ie générale dans les pays où le manque d’organisation sanitaire compétent ne le rend pas impératif n’est pas, il le croit, pratique. Le délégué de Russie (M. Babtholomei) : Eu tant que le délégué des États-Unis parle pour son propre pays, j’accepte le jugement qu’il prononce, car il est au courant des détails de la question, mais en tant que ces remarques s’appliquent à d’autres pays, je réserve mon opinion. Le délégué des États-Unis (Dr. Turner): Je ne fais aucune distinction entre les différents pays, je parle d’après mes observations basées sur des faits. Les remaiques des délégués d’ltalie et de Russie sont d’accord avec les principes fondament aux que je viens d’énoncer. 10 Le délégué des États-Unis (Dr, Cabell) demande au délégué du Portugal de bien vou- loir ajouter dans sa proposition, après le mot “navires,” à la fin de la première phrase, les mots suivants: “mais la patente de santé devra être munie du visa du consul du pays de destination.” Le délégué du Portugal (Yicomte das Nogueiras) accepte la modification à sa propo- sition. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewbnhaupt) : Je désire demander une question touchant l’amendement du délégué du Portugal. Quelle sera la personne chargée de délivrer la patente de santé, si l’autorité locale n’en délivre pas et si le capitaine n’en demande pas à l’autorité locale? Le délégué du Portugal (Vicomte das Nogueiras) : Personne. Il n’y aura pas de patente de santé. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewenhaupt) : Si le capitaine d’un navire ne s’adresse pas à l’autorité locale pour obtenir une patente de santé, a-t-il le droit d’en demander une au consul? Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) : Je pense que cela serait conformément aux règlements du pays de destination. Chaque pays a des règlements particuliers sur ce sujet. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewbnhaupt) demande si la proposition pourrait être subdivisée. Le Président (M. Hay) : Cette proposition a été soumise àla Conférence comme un tout, et il faudrait un vote de la Conférence pour la subdiviser. Le délégué du Danemark (M. de Bille) : Eu présence des nombreux amendements et contre-amendements soumis à la Conférence, il est difficile de se former une opinion relative- ment àla valeur de chacun d’eux. Si je comprends bien la proposition du délégué d’ltalie, il x>ose un principe clair et défini. Il veut que la patente de santé soit toujours délivrée au port de départ par l’agent responsable du gouvernement territorial, et que le consul du port de destination y appose son visa. Je crois que s’il était possible de réunir une majorité en faveur de cette proposition, la Conférence aurait lieu de s’en féliciter, mais il est à craindre que la majorité des délégués ne vote contre. Je tiens donc à m’associer àun des amende- ments qui nous diviserait le moins, et je suis d’avis que s’il fallait chercher un moyen terme entre les propositions des délégués des États-Unis et celles du délégué d’ltalie, un tel nous est offert par l’amendement du délégué du Portugal. Dans sa proposition le délégué du Portugal veut que ce soient les autorités du port du départ qui délivrent les patentes de santé, non comme autorités locales, mais comme représentants de l’autorité territoriale du port de destination. Je comprends que l’honorable délégué du Portugal de- mande que les inspections soient faites par des médecins du port de départ choisis par l’agent consulaire du pays de destination. La deuxième partie de la proposition se rapporte plus spécialement à la visite aux hôpitaux et à l’inspection des navires, mais il faudra toujours que la patente de santé soit délivrée par l’autorité locale. Cette proposition, en tenant compte de certaines objections faites, coïncide donc en partie avec celle du délégué d’ltalie. Si la Conférence adopte la proposition du délégué d’ltalie, je m’en réjouirai, mais je pourrais aussi au besoin bien m’associer aux idées contenues dans la proposition du délégué du Portu- gal. Placé dans cet embarras de choix, je prie notre honorable Président de vouloir bien nous indiquer comment se promettre à nos votes les différents amendements. Selon mon avis, il faudrait commencer par la proposition du délégué d’ltalie (M. de Camphre aie), comme celle qui va le plus loin, et passer ensuite à celle présentée par le Portugal. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) : Je tiens à dire, au nom des délégués des États- Unis, que, bien que la proposition du délégué du Portugal ne soit pas aussi avantageuse que l’auraient désiré les délégués des États-Unis, elle approche plus près du but proposé que toute proposition présentée, et nous sommes disposés à l’accepter comme compromis. J’espère donc que la proposition du délégué du Portugal recevra l’approbation de la Conférence. Le délégué d’Espagne (Dr. Cervera) : Comme M. le Ministre de Danemark vient de le dire tout-à-l’heure, il est fort difficile de s’entendre dans une discussion si peu méthodique, 11 et encombrés comme nous le sommes de tontes sortes d’amendements à la proposition soumise au débat. C’est la conséquence logique de notre manière d’agir: nous sommes en train de traiter des questions sanitaires fort difficiles, et en ne nous appuyant pas d’avance sur des principes sanitaires bien établis, il arrive nécessairement que nous revenons toujours au même sujet, sans pouvoir en tirer des conclusions. Notre but était de rechercher un système de notifications internationales et d’inspec- tions des navires, qui pût nous donner plus de sûreté contre l’invasion des maladies com- municables. Si je ne me trompe pas, cette Conférence devait avoir principalement en vue la défense des divers Etats ici représentés, contre l’importation de la fièvre jaune, du choléra et autres maladies contagieuses. Eh, bien ! je le demande, qu’avons-nous fait jusqu’à pré- sent pour nous défendre contre la fièvre jaune et les autres maladies épidémiques ? On n’a pas voulu traiter à fond cette question, sous le point de vue scientifique, et il en résulte qu’à chaque instant on fait des affirmations trop absolues. L’honorable délégué des États-Unis, M. le Dr. Cabell, a soutenu, dans la dernière séance, et cela se trouve dans son discours, “que la fièvre jaune est constamment importée dans ce pays, et n’est, pour-ainsi-dire, jamais exportée d’ici dans d’autres contrées;” or, qu’il me soit permis de constater mon opinion tout-à-fait opposée à celle de mon honorable col- lègue, en ce qui a rapport à cette affirmation. Nous occuper de cette maladie, et des moyens de nous prémunir contre ses ravages est une tâche de la plus haute importance, et qui rentre dans le domaine des questions que cette Conférence est appelée à traiter. La fièvre jaune est une maladie endémique dans certaines latitudes des côtes du conti- nent américain ; son foyer principal est sans doute le golfe mexicain, mais il est faux d’ad- mettre comme siège de son origine un endroit donné, parceque l’endémie règne partout, et peut éclore indifféremment aussi bien à Cuba qu’à Yera Cruz à l’embouchure du Mississippi, que le long des côtes qui circonscrivent le golfe. On ne doit pas considérer celui-là comme un immense foyer de production ; ce sont au contraire des foyers épars qui se trouvent près des côtes, sur des terrains bas et humides, dans les grandes villes, ports maritimes et le long des fleuves. Ils se trouvent de temps en temps sur les côtes de l’est des États-Unis jus- qu’à Charleston. Ce sont des faits bien connus par l’expérience et de toute notoriété ;et c’est à cause de cela que j’ai entendu avec un si grand étonnement M. le Dr. Cabell déclarer que la fièvre jaune ne s’exportait jamais par les États-Unis, surtout quand les autorités médicales de son propre pays ne se trouvent pas d’accord avec lui. La médecine reconnaît aujourd’hui comme cause de la fièvre jaune l’existence d’un germe de nature animale et d’origine tellurique, dont l’évolution est due à un ensemble de conditions, qui favorisent plus ou moins son développement et sa diffusion. Il s’accroît avec plus de facilité et de rapidité dans certaines régions que dans d’autres, selon que les circon- stances climatériques, telluriques et l’entassement des habitants se prêtent à sa propagation. Ce germe morbigène de la fièvre jaune augmente et décroit sous l’influence de certaines con- ditions cosmiques, telles qu’une température élevée, le terrain mouillé des côtes et des larges rivières, la sécheresse et l’humidité alternatives, l’accumulation des matières organi- ques en voie de décomposition, etc. Un certain degré de chaleur est un élément très favo rable de propagation; on connaît cependant des faits qui démontrent que ce germe peut se développer à des températures assez bases, et qu’on n’est exempté de son influence qu’avec la congélation du sol. Les gelées de la haute Louisiane et de la Nouvelle-Orléans en 1853 en sont la preuve; l’épidémie de Cuba en 1857, du mois d’octobre au mois déniai suivant, le prouve également. Cela démontre, en outre, que la maladie peut monter jusqu’au 50° de lati- tude nord, ce qui est parfaitement constaté par les faits. Vous voyez donc bien, messieurs, que si le germe morbigène de la fièvre réside pour- ainsi-dire à l’état latent dans le Golfe du Mexique et le long de ses côtes, s’il se trouve aussi dans le Brésil et la Sierra Léone en Afrique, il peut prendre à un moment donné un grand développement, dans un endroit quelconque de ces diverses régions, sous 1 influence d’un certain nombre de conditions, que je vous ai exposées. 12 Je Fai déjà dit, et je le répète encore: la fièvre jaune, maladie endémique dans certaines contrées, est susceptible de s’importer, et ce qu’il y a de mieux à faire pour prévenir sa trans- mission et sa propagation, à part les moyens connus, c’est de créer une commission sanitaire internationale pour en faire l’étude, ainsi qu’il a été fait pour le choléra eu Orient. Il est connu de tout le monde, que la maladie, demeurant à l’état endémique pendant un laps de temps plus ou moins long, peut passer rapidement, dans des conditions favo- rables et par une soudaine diffusion du germe, à l’état épidémique : or, dans cette circon- stance, sa propagation est plus à craindre, car les germes auxquels il doit sa naissance se communiquent très facilement à tous les objets environnants, et pins spécialement aux navires en rade, ainsi qu’à leurs cargaisons, équipages et passagers. De toutes les épidémies infectieuses et communicables, je me crois en droit de dire, que la fièvre jaune est la moins connue, que son germe n’est pas encore défini, que sa contagion est moins vivante que celle du choléra, et que sa transmission se fait peut-être parles navires et les marchandises, plus facilement que pour d’autres épidémies. Je dois encore ajouter, pour vous aider à juger en connaissance de cause, qu’il arrive souvent qu7un navire supposé être parfaitement sain, est quelquefois contaminé par les germes de cette terrible maladie, et l’exemple du navire portugais Da- Maria, bien connu de tous, et dans lequel la fièvre éclata, après avoir subi la quarantaine et une désinfection rigoureuse, en est la preuve. Il faut donc le proclamer, la science médicale, au moment présent ne possède pas de moyens sûrs pour déterminer l’existence des germes, cause de la maladie dans les navires; on arrive à des affirmations assez ratiouelles en tenant compte de plusieurs circonstances et conditions, et voilà pourquoi j’insiste qu’à la tête du système de notifications, inspections et patentes de sauté, soient placés des médecins compétents, dont le devoir et les connais- sances techniques seront la plus sûre garantie contre les maladies susceptibles d’être im portées. Eecherchons d’abord les conditions sous lesquelles les dits germes peuvent se dé- velopper; déterminons les foyers d’origine de cet immense fléau, et alors seulement nous pourrons nous entendre. Je n’ai fait que citer quelques remarques sur la question médicale, et j’avoue que pour le corps diplomatique il n’y a rien de bien agréable à entendre traiter un pareil sujet, je m’ab- stiendrai donc de donner de plus amples détails. Maintenant, pour ce qui a rapport à l’amendement de M. le Ministre de Portugal, je dois dire que je ne suis pas prêt à l’adopter, convaincu que je suis qu’il est impraticable, comme l’a d’ailleurs démontré M. le Dr. van Leent; et, en outre, parce que je ne puis ac- cepter que les patentes de santé soient délivrées par les autorités des ports, seulement lorsqu’elles seront demandées par les capitaines des navires. Le délégué du Portugal (Vicomte das Nogueiras) : Nous sommes ré mis dans cette Conférence pour arriver à un résultat pratique, et s’il y a un point sur lequel il nous soit pos- sible de nous entendre il serait, selon moi, avantageux de s’y rattacher. Ma proposition me paraît répondre à l’objet en vue, c’est-à dire, se renseigner sur l’état sanitaire des ports et navires. Le délégué d’Espagne est d’opinion que l’on ne devrait pas laisser aux capitaines des navires l’option de demander ou de ne pas demander une patente de sauté. Je répondrai à cette objection que le pays de destination ayant seul intérêt à connaître l’état sanitaire du port de départ, je ne vois pas pourquoi l’on exigerait que les autorités locales délivrent les patentes, quand elles ne sont pas demandées par les capitaines des navires. 11 me semble également que les consuls étrangers résidant dans un port pourront toujours donner notifi- cation à leurs gouvernements respectifs de l’état sanitaire de ces ports. Je crois qu’en laissant aux consuls le droit de choisir les médecins qui devront visiter les hôpitaux et inspecter les navires, la Conférence arriverait à un résultat pratique. Le Président (M. John Hay) met aux voix la proposition du délégué du Portugal (Vicomte das Nogueiras), qui est rejetée par 3 voix pour, 15 contre. 13 Ont voté pour: Chili, États-Unis, Portugal—3 Ont voté contre : Allemagne, Autriche Hongrie, Belgique, Chine, Danemark, Espagne, France, Haïti, Italie, Mexique, Pays-Bas, République Argentine, Russie, Suède et Norvège, Turquie—ls. On procède au vote sur la Proposition N° I Vr présentée par le délégué dTtalie (Prince de Camporeale). Cette proposition a été adoptée. 11 voix pour, 7 contre. Ont voté pour : Allemagne, Autriche-Hongrie, Chili, Danemark, Espagne, Haïti, Italie, Mexique, Pays- Bas, Portugal, République Argentine—ll. Ont voté contre: Belgique, Chine, États Unis, France, Russie, Suède et Norvège, Turquie—7. Le Président (M. John Hay): Les questions à l’ordre du jour étant épuisées, la proposi- tion du délégué des États-Unis (Dr. Cabell) est maintenant à l’ordre. “Art. 3, II est recommandé que chaque gouvernement permette aux agents accrédités des autres parties contractantes, assistés, si cela est nécessaire, par des agents médicaux sanitaires, d’examiner tout ce qui peut contribuer à leur donner une idée exacte des condi- tions sanitaires du pays.” Le délégué spécial des Pays-Bas (Dr. van Leent) : La proposition du délégué des États- Unis a une vaste portée, et je suis persuadé qu’aucun gouvernement ne voudra admettre de pareilles inspections. Le délégué spécial de Belgique (M. Sève): Je ne partage point l’avis du délégué des Pays-Bas sur ce sujet. A côté de la question de délicatesse, il y a aussi une question de droit absolu pour les consuls de vérifier si les renseignements qu’ils ont obtenus sont dignes de foi. Je dois à la vérité de dire qu’il est de l’intérêt des villes et des ports de mer de cacher leur état sanitaire réel. Des villes dont le commerce est considérable, telles que New-York, Philadel- phie, Anvers, etc., ont tout intérêt à ne pas porter préjudice à leur commerce, et ce préjudice se chifferait par millions si, lorsqu’une maladie contagieuse y règne, leur état sanitaire réel était dévoilé. J’ai surtout cité New-York et Philadelphie, car l’état actuel des rues de ces villes est vraiment honteux, et je me demande s’il n’est pas de mon devoir, en ma qualité de consul-général de Belgique aux Etats-Unis, de notifier mon gouvernement qu’une épidémie de petite-vérole y règne et que le choléra va très-probablement s’y déclarer, par suite des conditions d’insalubrité de ces deux villes, ce qui pourrait causer un grand préjudice à notre commerce. Je tiens les renseignements ci-dessus de médecins compétents de Philadelphie et de New-York. Pour toutes ces raisons je suis d’avis que les consuls devraient avoir le droit de contrôler les affirmations des autorités locales, et il devrait leur être permis de visiter les hôpitaux et les lazarets, afin de se convaincre de visu de l’existence de maladies contagieuses. Je suis convaincu que, quelque soit le danger que de telles inspections feraient encourir aux consuls, ils ne reculeront pas devant l’accomplissement de leur devoir. Je me rallie par con- séquent complètement à la proposition du délégué des États-Unis, et j’espère la voir accepter par la Conférence. Le délégué d’Espagne (M. Mendez de Yigo) : M. le délégué de Belgique a dit qu’il n’avait pas confiance dans les renseignements donnés par les autorités sanitaires territoriales. Je ne sais pas quel peut être son motif pour porter une accusation de ce genre contre les autorités sanitaires territoriales; pour ma part j’ai pleine confiance dans la bonne volonté de ces autorités, de même que j’ai confiance dans celle des consuls ou agents consulaires, et dans les pays où il existe une organisation sanitaire bien établie, je crois que l’autorité territoriale est plus à même que les consuls de connaître la véritable condition sanitaire du pays. Si l’on prétend qne l’autorité sanitaire territoriale subit l’influence de l’autorité sanitaire locale, et qu’il lui est par conséquent impossible de donner des renseignements exacts, on doit 14 de même supposer que les agents consulaires peuvent être influencés par les rapports con- stants qu’ils ont avec les classes mercantiles des grands centres et ports de mer et qu’ils cadreront de même la vérité dans leurs rapports. Je le répète, je suis certain que des deux côtés ou apportera la meilleure volonté possible pour donner des renseignements exacts-, mais il s’agit pour le moment de déterminer quelle sera l’autorité la plus compétente pour fournir ces renseignements, et, selon moi, je n’en vois pas qui soit plus compétente que l’au- torité territoriale, bien entendu dans les pays où il existe une organisation sanitaire parfaite. Le délégué spécial de Belgique (M. Sève) : Eu réponse à l’honorable délégué d’Espagne, je dirai que je n’ai jamais prétendu que l’on devrait ajouter plus de foi aux renseignements fournis par les consuls qu’à ceux des autorités locales. J’ai seulement demandé que l’on accordât aux consuls le moyen de contrôler les assertions de ces dernières, qui doivent être exclusivement scientifiques. Le délégué spécial du Portugal (M. Amado) : M. le Dr. Cabell propose d’éliminer le second paragraphe de la proposition 5 du comité, et de remplacer le premier paragraphe par un autre, tendant à autoriser les consuls à examiner tout ce qui peut contribuer à leur don- ner une idée exacte des conditions sanitaires du pays où ils sont accrédités. Tout le monde est d’accord qu’il importe de connaître exactement, et pour-ainsi-dire à tous les moments, les conditions sanitaires des différents pays; mais le désaccord commence quand il s’agit de savoir comment cette connaissance sera obtenue. Les uns veulent que tous les examens nécessaires soient faits par les autorités du pays de départ ; les antres dési- rent qu’il soit permis aux agents consulaires du pays de destination de procéder aux examens qui pourront aider à contrôler les déclarations des autorités locales. Ces inspections et examens étant du ressort de la médecine, il me semble évident qu’ils doivent être faits par des médecins, le contraire est tellement étrange que je ne le crois pas admissible. La proposition de M. le Vicomte das ISTogueiras conciliait, il me semble, d’une manière très-satisfaisante tous les intérêts; mais puisque la Conférence ne l’a pas approuvée, je ne fatiguerai pas votre attention en apportant de nouveaux arguments pour la défendre; je me borne à constater qu’on n’a répondu à aucune des raisons présentées en sa faveur. Pour les raisons que je viens d’exposer je préfère la rédaction du premier paragraphe à du comité celle de M. le délégué des Etats-Unis. Quant au paragraphe qu’on propose d’éliminer, je suis de plus en plus convaincu qu’on doit le conserver. S’il fallait des preuves éclatantes de sa valeur, l’occasion s’est présentée ; on vient d’être témoin du désaccord le plus profond sur une question fondamentale entre deux médecins également respectables. M. le Président du 11 National Board of Health ” affirme que la fièvre jaune est constamment importée aux Etats-Unis, tandis que M. le délé- gué spécial d’Espagne soutient que la môme maladie est endémique dans toute la côte du Golfe du Mexique, et, par conséquent, dans une partie importante des Etats-Unis. Je me demande comment il se peut que deux médecins aussi éminents différent complètement d’opinion sur une pareille question. Evidemment il faut étudier d’avantage la fièvre jaune, et c’est pourquoi le comité disait qu’il fallait créer un corps international de médecins hygiénistes, résidant dans les villes où régnent des endémies ou des épidémies, pour étudier les causes, les progrès, la prophylaxie et le traitement de ces maladies. Oui, il faut étudier à fond cette terrible maladie, aller puiser aux foyers même de sa production le secret de son origine et de sa diffusion, pour arriver à enrayer sa marche progressive et meurtrière. On a employé les armes de la science contre la peste et le choléra, et ces deux terribles fléaux sont en déchéance. Les admirables travaux d’assainissement accomplis aux Indes orientales par les anglais, et les prudentes mesures sanitaires prises en Orient par les efforts internationaux, ont donné à l’Europe et au monde entier ce splendide résultat de réduire à des proportions très-restreintes les maux causés par ces maladies. Il faut faire de même pour la fièvre jaune, la maladie qui s’est propagée le plus dans ce siècle, et qui menace de s’étendre encore beaucoup plus. Cette maladie dont l’existence 15 au lome siècle était à peine soupçonnée, dont l’apparition sous forme épidémique dans le golfe du Mexique n’a été constatée qu’au 17,ne siècle, et qui pourtant a déjà envahie toute la côte orientale de l’Amérique, de l’embouchure de la Plata jusqu’à celle du St. Laurent, et plus récemment dans la côte occidentale, ou elle menace de se rendre endémique, comme elle l’est déjà sur certains points de la côte orientale d’Amérique et occidentale d’Afrique, et qui est destinée à pénétrer dans les régions chaudes et tempérées de l’Asie, de l’Australie et même de l’Europe, si on ne lui oppose le plus tôt possible une barrière suffisante, cette maladie, dis-je, mérite bien la peine d’être étudiée à fond, avec tontes les ressources d’une organisation internationale. C’est la première fois qu’une conférence sanitaire est appelée à étudier spécialement les moyens d’empêcher la propagation de la fièvre jaune, et je considère que le but de la Con- férence serait manqué si nous n’émettions au moins le vœu que cette étude internationale soit entreprise. Si on ne veut par l’introduire dans le corps même de la Convention, qu’au moins ce vœu soit exprimé dans une annexe, comme le propose M. le Dr. Cabell. Qui pourrait s’opposer àla réalisation de ce vœu ? Les gouvernements ? Non, parce qu’ils ont exprimé, par la voix de leurs délégués dans les conférences sanitaires de Paris, de Con- stantinople et devienne, le désir de poser les bases d’un système de prophylaxie internationale. Les médecins? Non, parce que dans le congrès d’hygiène de Bruxelles de 1876, dans celui de Paris de 1878, dans celui de Stuttgart de 1879, et dans celui de Turin de 1880, ils ont toujours émis le même vœu. Si tous sont d’accord, pourquoi ne réalise-t-on pas ces vœux? Est-ce pour la dépense qu’il faudra faire ? Non, parce que les dépenses occasionnées par les épi- démies, et par l’emploi des moyens actuels de les éviter, sont bien plus élevées. En janvier 1879 une commission composée d’hommes compétents calcula que les mesures restrictives apportées en 1878 au commerce de la ville de la Nouvelle-Orléans avaient causé des pertes s’élevant à environ cent millions de dollars; d’après ces chiffres on peut calculer les pertes immenses infligées aux différents ports du monde par les épidémies. Est-ce qu’une commis- sion d’épidémologistes résidant dans les ports où régnent des eudémes ou des épidémies, payés par tous les pays intéressés, serait une charge bien grande pour le budget de ces pays? Je ne le crois pas. Le “National Board of Health” des États-Unis a montré qu’il était bien convaincu de l’avantage de ces études internationales, quand il a proposé d’envoyer une commission à la Havane pour y étudier la fièvre jaune; mais il faut que ces travaux soient entrepris par un effort plus puissant, par l’effort concerté de toutes les nations intéressées, alors non seule- ment les résultats seront plus grands, mais ils seront ressentis plus promptement par tous les pays participants. Le délégué spécial d’Espagne (Dr. Ceryeea): C’est un malheur, mais quand il s’agit de discuter les diverses propositions du comité nous tombons toujours dans la confusion. Malgré que je sois parfaitement d’accord avec mon honorable collègue le délégué spécial du Portugal, sur les points scientifiques qu’il vient d’exposer, je m’oppose à l’adoption de la proposition qui nous est soumise, tandis qu’il la défend. Pourquoi cela? Le voici: dans cet article du comité il est dit: “II est à désirer que les consuls soient assistés par des médecins qui seront chargés de leur fournir toutes les informations nécessaires.” Puis on ajoute: “Ces médecins devront appartenir àun corps de médecins internationaux.” Mais alors c’est une armée de médecins qu’il faudrait créer, et je m’oppose à cette mesure parce qu’elle n’est pas pratique ni nettement établie. Ce que je désire c’est que quand la Conférence statuera sur ce qui a rapport à la fièvre jaune, pourvoie àla nomination d’un commission d’experts choisis dans les divers pays qui ont intérêt à étudier la nature de cette terrible maladie, et àse prémunir contre son invasion. Je ne demande pas la création (l’un corps médical international dans tous les pays, mais je crois que l’établissement d’une commission médicale siégeant dans les diverses villes du golfe mexicain, se réunissant 16 parfois, composée d’un nombre très-restreint de médecins, neuf, onze ou treize, chiffre à établir par des traités, et n’ayant d’autre but que l’investigation du germe morbigène de la fièvre jaune, de son origine, de sa marche, des lois qui règlent son apparition, son accroisse- ment et disparition, ainsi que la recherche des causes qui en favorisent ou eu préviennent sa diffusion, serait très-digne d’être prise en considération par l’honorable Conférence. Cette commission pourra en outre donner des renseignements exacts de toutes les altérations de la santé publique dans cette région, et les communiquer aux parties contractantes. Voilà, com- ment j’entends la mission d’une telle commission sanitaire internationale. La proposition de M. le Dr. Oabell va-t-elle jusque-là! Je réponds, non. M. le I)r. Cabell propose simplement de donner aux consuls et agents consulaires le droit d’inspecter toutes choses dans les pays où ils sont accrédités ; or, je suis tout-à-fait opposé à accorder un pareil droit, et je ne puis, par conséquent, voter pour sa proposition. Il est bien certain que dans tout pays où il y a des agents consulaires les autorités ont toute la courtoisie voulue pour ces agents, et sont toujours disposées à leur fournir les infor- mations sanitaires qu’ils désirent avoir, comme le prouve, d’ailleurs, la gracieuse réception offerte par les autorités delà Havane à la commission envoyée par le “National Board of Health” de Washington pour y faire une étude spéciale de la fièvre jaune, réception dont nous a parlé M. le Dr. Oabell à notre dernière réunion. Les autorités sont, il est vrai, toujours bien disposées vis-à-vis des consuls quand il s’agit de renseignements à fournir à ces derniers, mais il importe de s’entendre sur les règlements à élaborer pour définir leurs attributions et leurs droits. Je suis engagé à leur concéder le droit d’assister aux inspections sanitaires faites à bord des navires par des médecins représentant les autorités territoriales 5 mais il y a une grande différence entre ce droit et celui que M. le Dr. Oabell veut leur donner par sa proposition, savoir, le droit d’inspecter tout ce qu’ils jugeront à propos d’inspecter dans le pays où ils sont accrédités. Après ces explications, je suis certain que M. le Dr. van Leent sera de mon opinion, et comprendra la portée de mes réserves sur cet article. Je suis venu à cette Oonférence avec les idées les plus libérales, et je suis prêt à faire tout mon possible pour nous prémunir contre toutes les épidémies, mais je ne veux pas dépasser mon but ni la portée de mon mandat, et je crois devoir m’en tenir à cela. Tâchons de rédiger cet article d’une toute autre façon, eu ce qui a rapport aux consuls, tâchons d’insérer un article très-clair quant à l’inspection sanitaire des navires, et nous aurons fait quelque chose de très-utile; ce sera le commencement de nos travaux, nous aurons à les compléter plus tard, et la Conférence n’aura pas manqué son but. Le délégué des Etats-Unis (Dr. Oabell): Il paraît tout-à-fait évident que le 2me para- graphe de la snie5nie proposition du comité a rapport àun sujet tout-à-fait différent du ler1er para- graphe de la même proposition. C’est pourquoi j’ai proposé d’éliminer entièrement le 2n,e paragraphe ; ce dernier paragraphe a trait à la manière d’étudier l’historique, le développe- ment et les moyens de se prémunir contre les maladies contagieuses et épidémiques par l’entremise d’une commission internationale; tandis que le premier paragraphe se rapporte aux informations courantes que les consuls représentant les pays de destination sont tenues de communiquer à leurs gouvernements respectifs. J’ai déjà fait remarquer que la nomination d’une commission internationale pour l’étude des maladies épidémiques dans leurs pays d’origine serait grandement à désirer, car elle ferait faire un pas immense à l’hygiène internationale, et, en ma qualité de médecin sanitaire, je ne pourrais qu’applaudir à une telle mesure. Bien que des propositions de cette nature aient déjà été faites dans les conférences internationales de Paris et de Vienne, on n’est arrivé à aucun résultat pratique, et je suis persuadé que le même sort est réserve à cette proposition, dont l’adoption par la Conférence pourrait compromettre le succès d’autres mesures plus importantes et plus urgentes, qui pourraient trouver leur place dans la conven- tion projetée. La Conférence ayant rejeté l’amendement que j’ai présenté, je ne puis que voter contre la proposition N° 0. 17 Avant de m’asseoir je demanderai la permission de donner lecture à la Conférence de quelques articles du “ Traité international de Paris de 1852 “ Art. XXIII. Outre le nom du navire et celui du capitaine on patron, et les renseigne- ment relatifs an tonnage, aux marchandises, aux hommes d’equipage, aux passagers, etc., la patente mentionnera exactement l’état sanitaire du lieu, tel qu’il résulte des renseigne- ments recueillis par l’autorité sanitaire et l’état hygiénique du bâtiment.” “S’il y a des malades à bord, il en sera fait mention. “La patente devra contenir enfin tous les renseignements qui peuvent éclairer l’autorité sanitaire du port de destination, et la mettre à même de se faire une idée aussi exacte que possible de la santé publique au point de départ et environs, de l’état du navire et de sa cargaison, de la santé de l’équipage et de celle des passagers. “ Sont considérés comme environs les lieux en rapport habituel avec le port de départ, et faisant partie de la même circonscription sanitaire.” Par conséquent, messieurs, pour que le consul qui par son visa doit certifier la patente de santé puisse accomplir son devoir d’une façon intelligente, et être responsable vis-à-vis son gouvernement pour la véracité de ses informations, il devrait lui être offert toutes les facilités possibles pour être renseigné sur tous les faits dont parle l’article 3 de la convention de Paris. Je demande maintenant qu’il me soit permis d’appeler l’attention de la Conférence sur les règlements spéciaux et exceptionnels contenus dans la même convention, pour la sauve- garde de la sauté publique de l’Europe contre l’importation de l’Orient des maladies con- tagieuses (choléra et peste) : “Art. OXXYIII. Le nombre des médecins sanitaires européens actuellement établis en Orient sera augmenté jusqu’à concurrence de vingt-six, repartis en quatre arrondissements. Les puissances signataires de la convention se concerteront ultérieurement avec le gou- vernement de la Sublime-Porte pour l’exécution en commun de cette mesure. “Art. GXXXIII. Les médecins sanitaires européens établis en Orient conserveront toute leur indépendance vis-à-vis des autorités locales, et ils ne relèveront, quant à leur responsabilité, que des gouvernements qui les auront constitués. “Art. ('XXX IV. Les fonctions de médecins sanitaires consisteront: “I°. A étudier, sous le rapport de la santé publique, le pays où ils se trouvent, son climat, ses maladies et toutes les conditions qui s’y rattachent, ainsi que les mesures prises pour combattre ces maladies. “2°. A parcourir, à cet effet, leurs circonscriptions respectives toutes les fois qu’ils le croiront utile; en Lgypte, aussi souvent que possible. “3°. A informer de tout ce qui a trait à la santé publique le médecin central de l’arron- dissement, le corps consulaire, et, si besoin est, les autorités locales du pays, deux fois par mois en Turquie, toutes les semaines en Égypte. “Dans les cas d’épidémie on de maladie suspecte quelconque, ainsi que dans les cas extraordinaires en général, le médecin sanitaire expédiera sans délai un rapport spécial à toutes les autorités précitées et à tous les médecins sanitaires et consuls des circonscriptions voisines, et, au besoin, à quelques médecins et consuls plus éloignés auxquels ces informa- tions pourraient être utiles. “Au surplus, ils seront tenus de se conformer, pour les détails, aux instructions annexées au présent règlement. “Art. CXXXY. Eu cas de soupçon d’une maladie contagieuse, les médecins sanitaires en informeront tout de suite l’office de sauté, et vice versa; et dès ce moment, on établira une consultation médicale dont le résultat sera immédiatement communiqué à toutes les autorités précitées. “Art. CXXXYI. De leur côté, les offices de santé, postes, députations, bureaux, etc., auront l’obligation de fournir aux médecins sanitaires, sur tout ce qui a trait àla santé 18 publique, des renseignements réguliers écrits, et ils devront recevoir ces médecins dans les locaux de l’administration sanitaire, toutes les fois que ceux-ci jugeront à propos de s’y ren- dre pour obtenir des renseignments ou des éc’aircissements verbaux.” Il résulte de tout ce que je viens de citer que l’Europe, et plus particulièrement la France, par ses propres agents, a d’une façon efficace protégé la santé publique, sans attendre l’action lente des autorités locales. Le succès qui a couronné leurs efforts a prouvé qu’ils avaient raison. Je prie maintenant la Conférence de remarquer la différence qui existe dans les Dispo- sitions relatives à V Amérique : “ Art. OXXXYII. Dans les pays sujets à la fièvre jaune, qui appartiennent aux puis- sances signataires de la convention et où ne serait pas établi déjà un service médical régulier, il sera institué, par les soins des gouvernements respectifs, des médecins sanitaires pour y étudier cette maladie, son mode de production et de propagation, rechercher les moyens de la prévenir et de la combattre, en signaler l’apparition aux autorités, et constater sa cessa- tion 5 pour y remplir, enfin, officiellement, à l’égard de la fièvre jaune, la mission qu’accom- plissent, à l’égard de la peste, les médecins sanitaires de l’Orient.” Je ne sache pas que cet article ait jamais été mis à exécution, et le même sort attend l’article 5 s’il est adopté par la Conférence. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lbwenhâupï) : Je tiens à déclarer que je serai obligé de voter contre l’amendement proposé, à cause des mots “ parties contractantes.” A mon avis cet amendement ne contient rien de plus que ce qui est déjà ou qui devrait être permis dans tous les pays, mais je ne suis pas disposé à recommander à mon gouvernement de con- clure une convention renfermant cet article. Le délégué des Etats-Unis (Dr. Cabell); Je n’ai pas d’objection à éliminer ces mots et à les remplacer par les suivants: “gouvernements.” On procède au vote sur l’amendement du délégué des États-Unis (Dr. Oabbll) à la proposition N° 5. Oet amendement est rejeté—s voix pour, 11 contre, 2 abstentions. Ont voté pour : Allemagne, Autriche-Uongrie, Chili, États-Unis, Suède et Norvège—s. Ont voté contre : Belgique, Chine, Danemark, Espagne, France, Haïti, Mexique, Pays-Bas, Russie, Ré- publique Argentine, Turquie, 11. Se sont abstenus : Italie, Portugal. On vote ensuite sur la proposition No. sdu comité, qui a été rejetée—2 voix pour, 15 contre, 1 abstention. Ont voté pour : Portugal, République Argentine—2. Ont voté contre: Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Chili, Chine, Danemark, États-Unis, France, Haïti, Italie, Mexique, Pays-Bas, Russie, Suède et Norvège, Turquie—ls. S’est abstenu : Espagne. Lecture est donnée de la proposition N° 8 du comité : “8. Les médecins appartenant au corps médical international devraient avoir le droit, dans les villes où ils se recentreront, d’examiner toutes choses dont l’inspection peut aider à former une idée exacte de l’état sanitaire d’un pays.” Le Président (M. John Hay) : Cette proposition était comprise dans la proposition du délégué des États-Unis qui vient d’être rejetée. Si la Conférence n’objecte pas, nous passerons à l’examen de la proposition suivante. Aucune objection n’ayant été faite, lecture est donnée de la proposition N° 9 du rapport du comité : 19 “9. Il n’y a que les médecins qui puissent se rendre bien compte de l’apparition et de l’exist en ce des maladies épidémiques dans les villes et ports de mer ; eux seuls peuvent en faire l’attestation : il suit de là que l’autorité qui doit certifier des conditions de santé des villes et des ports de mer doit être représentée par un médecin responsable de ses actes. Au cas ou la patente à donner au navire, à son départ, aurait à être signée par un autre agent adminis- tratif, cet agent doit être muni de renseigneme'its officiels délivrés par l’autorité médicale: sans ces renseignements il lui serait impossible de délivrer un certificat de l’état sanitaire du navire. L’inspection d’un navire, par rapport à ses conditions sanitaires, étant du domaine mé- dical, il est à désirer que l’officier chargé de cette inspection et de la délivrance des patentes de santé soit un médecin attaché au consulat.” Le délégué du Danemark (M. de Bille): Je crois qu’il sera impossible d’adopter cet article après ce qui a été fait. Il a été clairement désigné dans la proposition du délégué d’ltalie quelle serait l’autorité chargée de délivrer la patente de sauté; la proposition N° 9 n’est donc pas à l’ordre. Le Président (M. John Hay), après avoir consulté la Conférence, ordonne la lecture de la proposition N° 10 du rapport du comité : “ 10. Attendu que la nécessité de la permanence d’une organisation scientifique a été proclamée par ce comité, il est à désirer qu’une commission permanente soit établie.” Le Président (M. John Hay): Le vote sur cette proposition devrait être remis jusqu’ après la communication du rapport sur la proposition du délégué spécial d’Autriche-Hongrie. Avec l’assentiment de la Conférence on procède à la lecture de la proposition N° 11 du raj>port du comité : u 11. Il est à désirer que les patentes de santé délivrées, en exécution de règlements in- ternationaux, soient octroyées à titre gratuit.” 8 voix pour; 5 contre; abstentions, 4. Ont voté pour : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, États-Unis, France, Haïti, Pays Bas—B. Ont voté contre : Chine, Italie, Russie, Suède et Norvège, Turquie—s. Se sont abstenus : Espagne, Mexique, Portugal, République Argentine—4. Le Président (M. John Hay): La majorité des délégués présent n’ont pas voté en faveur de cette proposition, mais la majorité des votes émis étant en faveur, je déclare la proposition adoptée. La proposition 11 du rapport du comité est considérée comme adoptée. Le Président (M, John Hay): Le vote sur la proposition N° 12 du comité sera remis jusqu’à ce qu’on ait décidé sur la patente de santé proposée par les délégués des États-Unis. Lecture est donnée de la patente de santé internationale : 20 Patente Internationale de Santé. Le J- (consul, agent consulaire, ou autre personne autorisée à signer), au port de , certifie par les présentes que le navire ci-après nommé quitte ce port dans les circonstances ci-après détaillées— Nom du navire: Capacité: Logements des passagers (nombre de): Destination: Nom du médecin (s’il y en a un): Nombre total des passagers: de première classe, ; de seconde classe, ; d’entre-pont, Catégorie (navire de guerre, trois-mâts, goélette, etc., etc.): Canons : Dernier port visité: Nom du capitaine: : Chiffre de l’équipage : Chargement: NAVIRE. 1. Condition sanitaire du navire, (avant et après le chargement, avec note de l’existence de bois carié s’il y en a), noter les opérations de désinfection du navire: 2. État sanitaire de la cargaison : 3. État sanitaire de l’équipage: - 4. État sanitaire des passagers : - 5. État sanitaire des habillements, des provisions, de l’eau, de l’espace et de la ventilation : PORT, 1. État sanitaire du port et des lieux adjacents— а. Maladies dominantes, (s’il y en a). б. Nombre de cas et nombre de morts de fièvre jaune, de choléra asiatique, de peste, de petite vérole ou de typhus, pendant la semaine qui a précédé immédiatement le départ. Nombre des cas— Fièvre jaune: Choléra asiatique : Peste: - Petite vérole : Typhus : Nombre de morts de— Fièvre jaune: Choléra asiatique: Peste: Petite vérole: Typhus: g. Population d’après le dernier recensement: d. Nombre total de morts du dernier mois: 2. Les circonstances capables d’exercer une influence sur la santé publique doivent être consignées ici: Je certifie que les informations ci-dessus ont été consignées par , qui a personnellement inspecté le dit navire; que j’ai tout lieu de croire ces informations exactes, et je certifie de plus que le dit navire laisse ce port, en destination de __ , (nom du pays) En foi de quoi j’ai apposé ma signature et le sceau de mon bureau, au port de , ce jour de , 188 , heure. [l. s.] , Consul. Le délégué spécial des Pays-Bas (Dr. van Lbent) : Je tiens à constater que cette patente de santé est la plus complète que j’aie jamais vue. Il y aurait peut-être quelques légères modifications à y introduire et la Conférence aura à se prononcer à ce sujet. Le délégué de Russie (M. Baetholomet) est d’avis que ce n’est pas le moment d’exami- ner ce modèle, et propose de continuer par les questions à l’ordre du jour. 21 Le Président (M. John Hay) : Ce modèle a été imprimé et se trouve depuis près d’un mois entre les mains des délégués. Il a été adopté à l’unanimité par le comité. Je consulterai néanmoins la Conférence sur la question de savoir si la considération de ce modèle doit être remis. On procède an vote, et la remise de la considération du modèle de patente de santé est rejetée—s pour ; 12 contre. Ont voté pour: Allemagne, Autriche-Hongrie, Chine, République Argentine, Russie—s. Ont voté contre : Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Haïti, Italie, Mexique, Pays-Bas, Portugal, Suède et Norvège, Turquie—l 2. On vote ensuite sur la motion du délégué des États-Unis (Dr. Cabell), que la patente de santé soit conforme au modèle adopté par le comité. Cette motion est adoptée—ll pour* 0 contre. Ont voté pour: Danemark, Espagne, États-Unis, France, Haïti, Italie, Mexique, Pays-Bas, Portugal, Suède et Norvège, Turquie—ll. Ont voté contre : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Chine, République Argentine, Russie—6. La forme de la patente de santé internationale est adoptée. Lecture est ensuite donnée de la proposition N° 12 du comité. “12°. 11 est à désirer que les patentes délivrées, en vertu de règlements internationaux, soient considérées comme preuve de l’état de santé du navire au moment de son départ.” Le délégué spécial d’Espagne (Dr. Cervera) : Lors de la rédaction de cet article dans le sein du comité, j’ai demandé quelques explications relativement à la portée de cette propo- sition. La patente de santé pourrait avoir une grande valeur ou n’en avoir aucune. Pour des maladies ordinaires elle fournit une preuve suffisante, mais quand il s’agit de la fièvre jaune elle u’a aucune valeur, car un navire peut quitter un port avec une patente nette et avoir cependant les germes de la maladie à bord, c’est pour cette raison que tous les pays exigent des preuves additionnelles à celles fournies par la patente. Ainsi je suis d’avis que la patente, au lieu d’être “considérée comme preuve de l’état de santé du navire au moment de son départ,” devrait être considérée comme fournissant la preuve de l’état sanitaire du port au moment du départ du navire. Si ou se borne à considérer la patente de santé comme preuve de l’état sanitaire du navire au moment de son départ, sans préjudice de ce qui peut arriver, pendant le voyage, je n’ai aucune objection à formuler contre l’adoption de la propo- sition. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) propose que la proposition N° 12 soit éliminée comme étant inutile. Le délégué de France (M. Outrey): Je partage l’avis de l’honorable délégué des États- Unis et je crois aussi qu’elle devrait être éliminée. On procède an vote, et la motion est adoptée à l’unanimité. La proposition N° 12 est donc éliminée. Le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale): Dans toutes les propositions qui ont jusqu’à présent été soumises à la Conférence, il a été parlé des puissances ayant une organisation sanitaire complète, mais qu’adviendrait-il des pays n’en ayant aucune? Le mémorandum de l’honorable Secrétaire d’État du 29 juillet 1881, pose justement cette question. Je crois donc que la Conférence devrait s’en occuper. Le Président (M. John Hay) suggère au délégué d’ltalie de proposer que cette question soit placée en tête de l’ordre du jour de la prochaine séance. Le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale): Je propose que la question 5 contenue 22 dans la circulaire de l’honorable M. Evarts du 29 juillet 1881, soit discutée dans la prochaine séance de la Conférence. Le délégué de Turquie ( Aristarchi Bhy) : Ainsi que toutes les autres questions y conte- nues se rattachant à ce sujet et qui n’ont pas encore été discutées. Ces deux motions sont adoptées à l’unanimité. Sur la motion du délégué des États-Unis (Dr. Cabell) la Conférence s’ajourne à 5 heures et demie pour se réunir à l’appel du Président. Le Président : JOHU HAY. Les Secrétaires: THOMAS J. TURÎSTER. RÜSTEM. CONFÉRENCE SANITAIRE INTERNATIONALE DE WASHINGTON. PROTOCOLE No. 7. SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1881. Présidence de M. John Hay. L’an mil huit cent quatre-vingt-un, le dix-huit février, à une heure de l’après-midi, la Conférence Sanitaire Internationale a tenu sa septième séance en l’Hôtel du Département d’Etat. Etaient présents : MM. les Délégués— D’Allemagne : M. H. A. Schumacher. D’Autriche-Hongrie : Comte Bethlen. De Belgique : M. le Baron d’Ancthan, et M. E. Sève. Du Chili : Senor Don Francisco de Solano Asta-Buruaga. De Cuba : M. le Dr. Carlos Finlay, Délégué Spécial. Du Danemark : M. Cari Stecn Andersen de Bille. D’Espagne: Senor Don Felipe Mendez de Vigo, et M. le Dr. Rafaël Cervera. Des Etats-Unis : M. le Dr. James L. Cabell ; M. le Dr. Thomas J. Turner ; M. J. Hubley Ashton, et M. James Lowndes. De France : M. Maxime Outrey. De Haïti : M. Stephen Preston. D’ltalie : M. le Prince de Camporeale. Du Japon : Jushie Yoshida Kiyonari. Du Mexique : Senor Don Ignacio Alvarado. Des Pays-Bas : Jonkheer Rudolph de Peste!, et M. le Dr. F. J. van Leent. Du Portugal : M. le Vicomte das Nogueiras, et M. le Professeur José Joaquim da Silva Amado. De la République Argentine: Senor Don Julio Carrié. De Russie : M. Michel Bartholomei. De Suède et Norvège : M, le comte Cari Lewenhaupt. De Turquie : Grégoire Aristarchi Bey. Le Président (M. John Hay) présente les lettres de créance de M. le Dr. Carlos Finlay, délégué spécial de Pile de Cuba, et en donne lecture. [Sceau,] GOUVERNEMENT GÉNÉRAL de l’lle de Cuba. Cabinet du Secrétaire. En vertu d’ordres royaux, en date des 25 octobre et 17 décembre derniers, dont copie ci- jointe, et d’une décision du 22 courant, son excellence le gouverneur-général a bien voulu vous nommer, conjointement avec le Ministre Plénipotentiare de la nation à Washington, pour représenter cette île et celle de Porto-Rico, dans la Conférence Sanitaire Internationale qui doit se réunir dans cette capitale pendant le mois courant. A cet effet, vous trouverez annexé ci-joint copie des instructions auxquelles vous devrez vous conformer dans la Conférence ci-dessus mentionnée, copie des résolutions sanitaires maritimes adoptées depuis le 14 juin 1879, jusqu’au 21 mai 1880, et un volume contenant 2 la législation sanitaire en vigueur dans la péninsule. Son excellence a également décidé que des copies des travaux du Bureau Supérieur de Santé de Porto-Rico vous seraient trans- mises, afin de vous y référer lorsqu’il sera question dans la Conférence de la santé publique de cette île. Son excellence a, en outre, décidé qu’afln de pourvoir aux dépenses nécessitées par l’accomplissement de votre mission, le trésor de cette île vous avancera la somme de deux mille dollars en or. Des ordres à cet effet ont été données, en date d’aujourd’hui, àla Direc- tion Générale des Finances. Par ordre de son excellence je vous fais part des mesures ci-dessus pour votre gouverne, en vous recommandant de vous mettre en route dans le plus bref délai possible, car un télégramme de S. E. le Ministre Plénipotentiaire d’Espagne à Washington, annonce que la Conférence a déjà commencé ses travaux depuis le 12 courant. Dieu vous conserve en santé pendant de longues années. (Signé) JOAQ. CARBONEE. Havane, le 28 janvier 1881. A M. le De. Chaeles Finlay. Le protocole de la 6me séance est présenté et approuvé. Le délégué des États-Unis (M. le Dr. Tuenee) annonce à la Conférence qu’il vient de recevoir un Mémoire de M. le délégué de la Grande-Bretagne (M. E. M. Archibald, 0. B.), retenu à Summerville, Caroline du Sud, par la maladie de son fils. Le Président (M. John Hay), après avoir pris l’avis de la Conférence, ordonne au secré- taire de donner lecture du Mémoire de M. le délégué de la Grande-Bretagne. “M. le Président: Je demande la permission de présenter quelques observations rela- tivement à certaines questions qui ont été soumises à la Conférence, et spécialement à celles qui ont trait à l’inspection des navires, de leurs cargaisons et de leurs hommes d’équipage aux ports de départ, par des agents étrangers. Bien que je désire, tout autant que les autres membres de la Conférence, adopter telles mesures qui seraient pratiques et efficaces, qui n’imposeraient pas trop de charges au commerce maritime et eu même temps attein- draient le but que se proposait le gouvernement des États-Unis en convoquant cette Confé- rence, je suis néanmoins forcé de déclarer que je ne puis approuver l’application en général du système d’inspection proposé. On pourrait, entre autres objections sérieuses, dire qu’il ne peut nécessairement être appliqué que partiellement (ce qui le rendrait inefficace), par les pays qui l’adopteraient. Je suis cependant disposé à voir essayer ce système, dans certaines limites géographiques, par les pays où existe le plus grand danger d’exportation de la fièvre jaune ou de toute autre maladie contagieuse, d’un caractère dangereux. Laissant de côté la question de l’efficacité de ce système, les occasions qui justifieraient les entraves au commerce rendues nécessaires par son application générale, ne se présentent que rarement et àde grands intervalles dans les zones tempérées. Je suis donc d’avis que l’on ne devrait recommander l’application de ce système, qu’aux ports et lieux situés sous les tropiques, ou bien à ceux qui se trouvent entre les parallèles 26° de latitude Nord et Sud, sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire et sur la côte occidentale du Maroc. Il serait, je crois, utile, M. le Président, de prendre en considération l’expérience du passé relativement aux règlements sanitaires internationaux. La Conférence la plus importante de ce siècle, sur ce sujet, a été celle de Paris en 1850-1852, dont les travaux ont duré plus de dix-huit mois; il est néanmoins digne de remarque que, bien que douze puissances aient pris part à cette Conférence, la convention qui en est résultée, n’a été conclue qu’entre deux puissances seulement. Trois autres puissances y ont adhéré plus tard. Toutes les questions se ratta- chant à l’origine et à la propagation des maladies contagieuses et infectieuses et à leur trans- mission par terre ou par mer, ont été discutées de la façon la plus complète au sein de cette Conférence. De nombreux règlements y furent adoptées pour répondre à toutes les éventu- alités possibles. On pourrait peut-être m’objecter que presque toutes les mesures qui y ont 3 été prises, s’appliquaient au système de quarantaine. Ceci est vrai, mais l’inspection des navires, de leurs cargaisons et de leurs équipages aux ports de départ a également été comprise dans les règlements élaborés par cette Conférence. Il est toutefois à remarquer que le traité, conclu à la suite de longues et sérieuses délibérations, n’a été en vigueur que pendant cinq années seulement, qu’il est ensuite tombé en désuétude et qu’on a cru ne pas devoir le remettre en vigueur. De ce fait on pourrait, je crois, déduire la conclusion que quelques unes des dispositions de ce traité ne pouvaient pas être mises en pratique. Il est probable que c’étaient celles relatives à l’inspection des navires. Plus tard ont eu lieu les conférences de Constantinople et de Vienne, dont les travaux ont eu une haute importance pour ce qui concerne l’étude de l’origine et de la propagation, du choléra. Ces conférences n’ont cependent pas abouti à une convention. Dans ces dernières conférences, il ne paraît pas qu’on ait discuté la question de l’inspection des navires, de leurs cargaisons et de leurs équipages aux ports de départ, du moins n’ont-elles adopté aucune mesure à cet égard. Elles ont cependant accordé une sérieuse attention aux questions de quarantaine. La ques- tion d’inspection se présente par conséquent à nous comme presque nouvelle, et est évidem- ment le sujet que le gouvernement des États-Unis avait spécialement en vue en convoquant cette Conférence. Nous sommes tous, je crois, plus ou moins d’accord sur le système de notification et sur la nécessité de mentionner dans les patentes de santé les nouvelles sani- taires importantes. Avant de quitter la question de notification, je me permettrai de dire que, bien que je sois d’accord sur le principe de la résolution adoptée à la séance du 26 janvier dernier, je crois néanmoins, que le but pratique serait atteint si la Conférence se bornait à recommander que chaque gouvernement publiât des bulletins sanitaires hebdoma- daires des maladies et des décès, avec l’indication des causes, dans ses principales villes et ports de mer. La '•plus grande publicité possible'’ à donner à ces bulletins n’est pas indispensable, mais des copies imprimées des bulletins, concernant les districts consulaires respectifs, devraient être promptement et régulièrement transmises aux consuls et agents consulaires étrangers. Toutes les facilités raisonnables devraient être offertes à ces consuls et agents pour se renseigner sur la condition de la santé publique dans leurs districts consulaires. Tout en ayant concédé qu’un essai de l’inspection des navires aux ports de départ devrait être fait dans certaines régions, je tiens néanmoins à indiquer quelques unes des objections au système eu général, relativement à son efficacité et aux entraves qu’il imposera néces- sairement au commerce maritime. Pour ce qui concerne l’inefficacité, si le système proposé doit avoir la valeur qui lui est attribuée, il devrait alors être imposé d’une façon uniforme dans tous les ports de départ d’un pays ou d’un district, d’où l’exportation des maladies contagieuses et infectieuses est à craindre. Autrement ce serait comme si on cherchait à réparer un toit délabré et laissant pénétrer l’eau de toutes parts, en y bouchant deux ou trois trous sur une douzaine; car, bien des ports n’ont pas de consuls représentant une puissance étrangère, ni un bureau sanitaire, ni môme un officier sanitaire auxquels on pourrait confier l’inspection en question. D’un autre côté, il y a des ports auxquels des consuls sont attachés, qui ont un mouvement considérable, et où, ainsi que cela se passe dans un grand nombre de ports, le chargement est effectué en rade, àde grandes distances des villes. Dans de pareilles circonstances, comment l’inspection serait-elle possible? Les États-Unis ont un corps consulaire plus nombreux que toute autre nation, et pourtant en ce qui concerne le commerce maritime avec le Canada et les autres possessions britanniques, pour un port où il y a un officier consulaire, il en existe deux ou trois où on n’en trouve pas. Quant aux grands ports de commerce, tels que Liverpool et New-York, il serait absolument impossible aux officers consulaires, assistés d’un personnel médical quelque nombreux qu’il soit, de pratiquer les inspections demandées. D’après les règlements rigoureux prescrits par le uPassengers> Act,” les navires transportant des passagers sont soumis à un examen rigoureux par des oificiers compétents et responsables. Les na- vires, leurs passagers, leurs équipages, leurs approvisionnements, enfin tout ce qui a trait à leur condition sanitaire, sont soigneusement examinés, et les personnes atteintes de maladies 4 contagieuses ou susceptibles de les communiquer, ne sont pas admises à bord de ces navires. Malgré toutes ces précautions, on est cependant obligé de s’eu tenir toujours à l’ancien sys- tème de quarantaine pour la protection de la sauté publique. Je doute fort que les inspec- tions faites par des étrangers, puissent sensiblement diminuer les restrictions quarantenaires, et je pourrais ajouter qu’il serait très-hasardeux de diminuer la sévérité des quarantaines, par suite d’inspections préliminaires faites au port de départ. On peut comparer les quaran- taines à un immense filet qui arrête dans ses réseaux tous les navires entrant dans un port; l’inspection, au contraire, faite par des agents étrangers, pourrait n’être qu’un piège et un leurre. Je passe maintenant à l’examen du second point qui concerne les entraves apportées au commerce. De nos jours, où la navigation à vapeur tend à remplacer la navigation à voile, des délais de quelques heures seulement sont extrêmement coûteux et vexatoires aux patrons et aux armateurs de navires, sans tenir compte des frais additionnels, des droits et des grati- fications qui sont presque inévitables dans les grands ports, pour assurer la prompte expédi- tion du navire. Les intérêts des cou signataires et des importateurs doivent également être pris en considération. Les services des agents étrangers chargés de l’inspection, surtout s’ils sont médecins, doivent nécessairement être rétribués, ce qui implique de grandes dépenses additionnelles. Sur qui doivent retomber ces frais"? C’est là une question importante. Malgré ces désavantages je suis pourtant, M. le Président, en faveur de l’inspection des navires, de leurs équipages, de leurs passagers et de leur cargaison, aux ports de départ, dans les limites géographiques que j’ai citées. Dans les régions tropicales, sinon dans d’autres régions, les navires, avant leur chargement, devraient être, dans tous les cas, soumis à des fumigations, et leurs cales désinfectées. Cette simple mesure hygiénique devrait être pre- scrite impérativement par toutes les nations à. tous les patrons de navires. Les résultats vraiment heureux obtenus pour la santé des équipages, grâce aux mesures prises pour l’extir- pation du scorbut, nous fournissent un exemple de ce que l’initiative d’une seule nation peut faire pour sauvegarder la santé des équipages en mer. La question de savoir si les inspections doivent être faites par des médecins appartenant aux bureaux de santé locaux, là où il en existe, ou bien par des médecins employés par les consuls, est purement de circonstance; les consuls ou agents consulaires du pays de desti- nation devraient être tenus de prendre part à l’inspection, lorsqu’elle est faite par un officier de santé local. Je crains que dans la plupart des cas cette inspection ne soit faite par l’agent étranger du pays de destination. Les navires voyageant sous le pavillon du pays où ils sont en rade, seront naturellement inspectés par un officier de santé du bureau de santé local, s’il existe un tel bureau dans l’endroit. J’admets pleinement que l’inspection des navires, et surtout de leurs équipages et de leurs passagers, pour être satisfaisante, devrait être faite par des médecins, mais je considère tout-à-fait impraticable la proposition que ces inspections soient faites par une commission internationale de santé. La plupart des gouvernements, d’ailleurs, se refuseraient à encourir les dépenses qu’une pareille mesure nécessiterait. Il existe, M. le Président, des moyens bien plus efficaces à opposer à la naissance et au développement des maladies contagieuses, que ceux offerts par l’inspection des navires par des agents étrangers, par l’adoption de patentes de santé perfectionnées, ou môme par l’éta- blissement de quarantaines les plus rigoureuses. Ce serait l’adoption de mesures hygiéniques domestiques dans les pays où les fièvres malignes sont pour-ainsi-dire indigènes. L’adoption de telles mesures dans les régions tempérées a produit les plus heureux résultats. Dans les pays où la fièvre jaune sévit pendant presque toute l’année, on devrait adopter un système de drainage pour les villes, assainir et aérer les rues et les édifices, et surtout avoir de l’eau pure en abondance. Si de telles mesures hygiéniques venaient à être adoptées, nous pourrions espérer voir, dans un avenir prochain, les maladies les plus malignes, sinon com- plètement extirpées, du moins réduites à des proportions telles que leur exportation dans d’autres pays ne serait plus autant à craindre. Que n’a-t-on i>as fait jusqu’à présent pour 5 réduire et mitiger les ravages du choléra? C’est eu grande partie àla crainte de voir la lièvre jaune importée du Golfe du Mexique aux États-Unis qu’est due la convocation de cette Conférence; et nous sommes tenus envers le gouvernement des États-Unis d’adopter les mesures les plus efficaces pour écarter de son territoire ce fléau redoutable. Il ne m’ap- partient pas de dire jusqu’à quel point la négligence d’adopter des mesures hygiéniques efficaces a contribué au développement de la maladie dans certaines villes de l’Union. Mais je crois sincèrement que si la voix de cette Conférence est écoutée et respectée dans les régions tropicales, nos vives exhortations pour l’adoption de mesures locales sanitaires auront plus d’effet que toute autre mesure, pour assurer la réalisation de l’objet poursuivi par cette assemblée internationale. Le délégué de France (M. Maxime Outre y) ; Dans sa dernière réunion la Conférence a adopté à quatre voix de majorité une proposition relative aux patentes de santé et à la visite des navires. 11 yalà un vote acquis sur lequel personne ne saurait avoir la pensée de demander qu’on revienne; mais quelques-uns d’entre nous ont remarqué avec regret, dans le relevé des votes, que les puissances les plus intéressées à établir une entente avec leurs voisins immédiats ne sont pas tombées d’accord sur ces deux questions importantes. Cette observation, ai-je besoin de le dire, s’applique plus particulièrement aux États-Unis et à l’Espagne. Chacun de nous doit comprendre que tout arrangement international, auquel manquerait l’adhésion de ces deux pays et des états situés dans le Golfe du Mexique, dont les rapports maritimes sont si fréquents, ne peut pas répondre au but principal recherché par cette Conférence. En effet, pour ce qui touche au continent américain, c’est surtout entre les côtes si rapprochées des États-Unis, de la Havane, et du Mexique que les pré- cautions les plus grandes doivent être prises lorsqu’il s’agit de se prémunir contre l’invasion des maladies épidémiques. Ces considérations nous ont engagé à rechercher si l’on ne pourrait pas trouver une nou- velle formule de nature à donner satisfaction aux préoccupations qui, vraisemblablement ont engagé le gouvernement des États-Unis à convoquer cette Conférence. Il ya, selon nous, un moyen terme à prendre entre la proposition américaine qui veut enlever à l’autorité terri- toriale du port de départ tout droit d’intervention dans ce qui a rapport à la patente de santé ou à la visite, et celle du délégué d’ltalie qui déclare, d’une manière absolue, que cette patente devra être délivrée par cette autorité. Quelques-uns de mes collègues et moi, avons cru pouvoir faciliter la solution de la diffi- culté, dans la mesure du possible, en rédigeant une proposition à laquelle je suis heureux de dire que les délégués des États-Unis ont donné leur adhésion. C’est au nom de mes collègues des États-Unis, de Russie, de Turquie, de Belgique, et au mien propre que je viens demander à la Conférence de vouloir bien autoriser l’insertion dans le protocole, d’une proposition nouvelle qui serait considérée comme l’expression des vues d’une minorité. Nous ne voulons pas rouvrir le débat, par conséquent nous ne demandons pas que cette proposition subisse l’épreuve d’une discussion ou d’un vote. Nous désirons seulement qu’elle soit soumise, par cette voie, à l’appréciation des gouvernements qui auront ultérieurement à se prononcer sur les différentes questions qui ont fait l’objet de nos délibérations. Nous serions heureux qu’elle put servir de base à un accord entre les différents États dont les territoires sont souvent menacés par les maladies épidémiques. Cette proposition est divisée en deux articles. Le premier est ainsi conçu: “Dans les pays où les règlements exigent que les navires soient munis, au moment de leur départ, d’une patente de santé délivrée par les autorités locales, cette patente continuera à être délivrée par ces autorités; mais le capitaine du navire pourra demander le visa de la dite patente au consul du pays de destination, qui sera tenu de le lui donner dans le plus bref délai possible. Ce consul aura le droit d’accompagner son visa des observations qu’il jugera utiles. I. 6 Si le navire n’est pas astreint à cette obligation de prendre une patente de santé des autorités locales, le capitaine pourra la demander au consul du pays de destination qui sera également tenu de la lui délivrer dans le plus bref délai possible.” Comme vous le voyez, Messieurs, nous maintenons aux autorités du port de départ le droit d’imposer une patente délivrée par elles, si elles le jugent nécessaire; mais en même temps, pour le cas où le pays de destination aurait plus de confiance dans les informations four- nies par ses propres agents que dan- celles fournies par les autorités locales, nous respectons son droit d’imposer les règles qu’il juge utiles àsa sécurité, en permettant au capitaine de faire contresigner la patente par le consul, et en autorisant celui-ci à accompagner son visa de toutes les observations qui lui paraîtraient de nature à éclairer son pays. Toutefois, il n’y a pas lieu selon nous de rendre ce visa obligatoire, car dans bien des circonstances il ne sera probablement pas requis par les autorités du port de destination. Il faut laisser sa liberté d’action au capitaine, qui est le meilleur juge de ses intérêts, et l’on doit se fier à lui pour se mettre en règle vis-à-vis des autorités du port où il veut se rendre. Ces observations générales s’appliquent à plus forte raison au cas où le capitaine n’a à se préoccuper que des règlements du pays sur lequel il compte se diriger. Le second article de la proposition se rapporte à la visite à bord des navires. Il est ainsi conçu : IL “ Dans les pays où les règlements exigent que les navires, avant d’obtenir la patente de santé de l’autorité locale soient soumis à une inspection sanitaire, le consul du pays de desti- nation, ou son délégué, pourra toujours, sur la démande du capitaine, assister à cette inspection. Si le navire n’est pas astreint à l’obligation de se munir d’une patente de santé émanant de l’autorité locale, le consul auquel le capitaine réclamera cette patente, ou son délégué, pourra faire l’inspection, conformément à telles règles qui seraient établies, d’un commun accord, entre les gouvernements respectifs. Mais, dans ce cas, cette inspection sera faite de concert avec le consul du pays de la nationalité du navire.” Ici, comme dans l’article précédent, nous faisons une distinction entre le cas où l’auto- rité du pays de départ délivrera la patente et celui où cette patente pourra être délivrée par le consul seul. Dans le cas où la patente devra être visée par le consul, il est naturel qu’on l’autorise à assister à la visite réglementaire des autorités locales pour qu’il ait le moyen de fournir à sou pays des renseignements basés sur ses propres observations. Si au contraire il doit lui- même livrer la patente, il est indispensable qu’il jouisse faire une inspection lui permettant de fournir les indications qui doivent être insérées dans ce document; mais alors pour éviter tout abus, nous y mettons la condition que l’inspection sera faite de concert avec le consul du pays de la nationalité du navire. L’intervention de cet agent sera un sûr garant que les règles convenues entre les deux pays seront rigoureusement observées. A part ces observations spéciales, je crois que celles présentées sur le premier article seront suffisantes pour indiquer le sens et la portée des dispositions que nous proposons d’adopter. En terminant ses remarques, le délégué de France soumet la proposition suivante au Président : “I°. Dans les pays où les règlements exigent que les navires soient munis, au moment de leur départ, d’une patente de santé délivrée par les autorités locales, cette patente con- tinuera à être délivrée par ces autorités ; mais le capitaine du navire pourra demander le visa de la dite patente au consul du pays de destination, qui sera tenu de le lui donner dans le plus bref délai possible. Ce consul aura le droit d’accompagner son visa des observations qu’il jugera utiles. 7 “Si le navire n’est pas astreint à cette obligation de prendre une patente de santé des autorités locales, le capitaine pourra la demander au consul du pays de destination, qui sera également tenu de la lui délivrer dans le plus bref délai possible. “2°. Dans les pays où les règlements exigent que les navires, avant d’obtenir la patente de santé de l’autorité locale, soient soumis à une inspection sanitaire, le consul du pays de destination, ou son délégué, pourra toujours, sur la demande du capitaine, assister à cette inspection. “Si le navire n’est pas astreint à l’obligation de se munir d’une patente de sauté éma- nant de l’autorité locale, le consul auquel le capitaine réclamera cette patente, ou son délégué, pourra faire l’inspection, conformément à telles règles qui seraient établies, d’un commun accord, entre les gouvernements respectifs. Mais, dans ce cas, cette inspection sera faite de concert avec le consul du pays de la nationalité du navire.” Le délégué d’Espagne (M. Mendez de Yigo) déclare que la tout eu soutenant la propo- sition du délégué d’ltalie, qu’il a voté et à laquelle il a offert un amendement, il soumettrait volontiers à la considération de son gouvernement la proposition que MM. les délégués de Belgique, des États-Cdis, de France, de Eussie et de Turquie, viennent de présenter. Le délégué d’Espagne ajoute que son gouvernement a toujours désiré entretenir les meilleures relations avec les États-Unis et les autres puissances. On doit cependant espérer qu’il jugera favorablement la proposition que MM. les délégués ci-dessus mentionnés ont présentée dans un esprit de conciliation et pour arriver à une entente entre les puissances directement intéressées. • Le Président (M. John Hay) ordonne l’insertion au procès-verbal de la proposition en question. Le délégué des États-Unis (Dr. Oabell) ; Je demande la permission de faire une cor- rection dans la traduction française des remarques que j’ai faites à l’avant-dernière séance de la Conférence et qui sont imprimées dans le Protocole No. 5. Lorsqu’à la dernière réunion de la Conférence, l’honorable délégué spécial d’Espagne a critiqué l’assertion qui m’a été imputée que la fièvre jaune est toujours importée dans ce pays et n’en est jamais exportée, je pensais que son erreur consistait à m’attribuer des paroles que je n’avais pas prononcées, et ne voulant pas abuser du temps de la Conférence, je me suis contenté de relever l’erreur de l’honorable délégué par une communication personnelle après l’ajournement de la séance. J’ai appris de lui que les paroles qu’il avait critiquées se trouvaient réellement dans la traduction française. J’avais dit en anglais que la fièvre jaune est “presque toujours” (almost always) importée dans ce pays etn’en est “presque jamais” (almost never) exportée; tandis que la traduction me fait dire “constamment importée” et que la fièvre “n’est jamais exportéece qui change le sens de mes paroles. Je demande la permission de faire consigner cette explication dans le prochain procès- verbal, car bien que mes remarques soient correctement imprimées en anglais, la version française me rend responsable d’une position que je n’ai pas assumée. Le délégué d’Espagne (Dr. Ceevera) déclare s’être tenu dans sa réponse au délégué des États-Unis, à la version française du discours du Dr. Cabell, telle qu’elle a été insérée au procès-verbal No. 5. Mais qu’à la suite des explications que le délégué des États-Unis vient de fournir, il se déclare satisfait. Le délégué de Cuba (Dr. Einlay) : Monsieur le Président, messieurs les délégués : Mon arrivée a été retardée par des circonstances entièrement indépeudentes de ma volonté et de celle du gouvernement espagnol, qui m’a chargé de représenter à cette Conférence ses possessions de Cuba et de Puerto Eico. Je le regrette d’autant plus que cela m’a empêché d’appeler plus tôt votre attention sur certains faits qui doivent, selon moi, dissiper tous les doutes relativement au désir du gouvernement espagnol de favoriser les intérêts de la science sanitaire, en donnant accès à toutes les sources désirables d’information qu’on aurait à lui demander. C’est ce que je me propose de faire maintenant. 8 Je dois citer, eu premier lieu, ce fait que depuis le mois de novembre dernier un journal de la Havane, la “ Correspoudeucia de Cuba,” publie chaque jour la liste des décès, tels qu’on les obtieut d’après les certificats expédiés par le médecin d’assistance. Cette liste donne pour chaque cas, les noms, l’âge, la nationalité, et signale la maladie à laquelle la mort a été attribuée. D’autre part, les tableaux obituaires si couscientieux que notre distingué académicien de la Havane, le Dr. del Yalle (D. Ambrosio G.), publie depuis plus de quinze ans, sont bien connus, et dûment appréciés, sans doute, aux États-Unis. Us sont exclusivement le ré- sultat de son entreprise personnelle et désintéressée, d’autant plus digne de louanges, que leur auteur, sans aucun mandat officiel ni assistance quelconque, se chargeant d’une travail énorme et de dépenses qui ne sont pas insignifiantes, s’occupe de classifier tous les certificats mortuaires, s’efforçant chaque année d’améliorer la forme sous laquelle il les publie, sans la plus légère arrière-pensée de rémunération ni d’avantage personnel. Pourtant je ne sache pas que ces tableaux aient jamais été assujetis à aucune censure ni restriction, ni que les autorités de la Havane aient jamais soulevé de difficulté à la poursuite de l’œuvre si méri- toire du Dr. del Yalle. Ces simples faits prouvent évidemment que la Havane, au moins, ne tombe pas dans la catégorie de ces villes auxquelles l’honorable délégué des États-Unis, M. le Dr. Turner, fait allusion dans le protocole de la dernière séance, en citant le cas d’une grande ville qu’il connaît, dont le corps sanitaire refuse de permettre la publication de la statistique mortuaire, sans son consentement préalable. Qu’il me soit permis maintenant d’ajouter une nouvelle preuve de l’étendue dans laquelle les autorités officielles et le gouvernement de la Havane lui même sont disposés à donner telles facilités qu’une investigation sanitaire complète pourrait exiger. II y a juste un an, que dans une réunion de la “Sociedad de Estudios Clinicos,” association médicale privée, dont j’ai l’honneur d’être membre, je proposai l’organisation d’une commission spéciale pour étudier la fièvre jaune àla Havane. Ma proposition fut acceptée, et nous comptons aujourd’hui vingt membres effectifs et six ou sept auxiliaires distribués en quatre sections. La première section comprend les directeurs d’hôpitaux, qui appartiennent à notre associa- tion, chacun envoie, tous les mois, un tableau détaillé de tous les cas de fièvre jaune qui se sont présentés dans son établissement respectif, indiquant la salle, le lit, les noms du malade, son âge, nationalité, temps de séjour dans l’île et à la Havane, jour et heure d’invasion, date d’admission, date de sortie ou de mort, et enfin les symtômes caractéristiques du diagnostique. De tous ces tableaux mensuels, de beaucoup le plus important est celui de l’hôpital militaire. Eh bien! Je suis heureux de témoigner que la commission n’a ren- contré aucune difficulté ni mauvaise volonté quand elle a dû obtenir les autorisations néces- saires, de façon que M. le Dr. D. Antonio Pardinas, directeur de cet hôpital, est entré dans notre commission, comme directeur de la première section. La seconde section a pour but l’étude clinique de la maladie. Deux de nos membres ont entrepris de noter chaque jour tous les détails concernant la symptomatologie et le traite- ment des malades, deux autres s’occupent de l’urologie, d’autres font les autopsies, et enfin nos plus compétents micrographes, avec le Dr. Lebredo à leur tête (et aussi comme directeur de la section) se proposent de mener à bonne fin l’investigation histologique. Mais la première condition pour que ce projet put se réaliser, c’était d’avoir à notre disposition une salle dans un des hôpitaux publics. Bientôt nous eûmes plus que nous n’avions espéré, car non- seulement dans la salle de fièvre jaune de l’hôpital civil, mais encore dans celle de l’hôpital militaire, on nous céda autant de lits qu’il nous en fallait. Dans ce cas encore, on voit que ni les autorités civiles ni militaires n’opposèrent la moindre entrave à la poursuite de nos études. La troisième section est chargée de recueillir des données statistiques se rapportant à la fièvre jaune. Nous recevons chaque mois de l’évêché des listes mortuaires classifiées d’après les tableaux imprimés de notre commission, avec permission de les vérifier, lorsque cela est nécessaire, sur les certificats mortuaires originaux. Nous recevons des autorités du port un 9 tableau des passagers qui entrent chaque jour dans le port de la Havane et de ceux qui en sortent, classifiés aussi d’après nos modèles. Des autorités militaires et navales nous obtenons les données nécessaires pour apprécier la mortalité que la fièvre jaune occasionne à l’armée et à la marine. Enfin, nous recevons de la “Escuela Profesional” les rapports météorologiques. La quatrième section est chargée des recherches bibliographiques, avec le secrétaire général de notre Académie de médicine, M. le Dr. D. Antonio Mestre, pour directeur. Ce résumé succinct de ce que notre commission est parvenue à faire durant l’année qui vient de s’écouler, sera accepté, je l’espère, comme une preuve matérielle de ce que j’avais avancé, et mène en outre à cette conclusion qu’un gouvernement qui laisse une si grande facilité à ceux qui voudraient consulter directement les sources d’où il puise ses informations, ne saurait tolérer sciemment aucune déclaration inexacte de l’état sanitaire de ses ports ni des navires qui en sortent. J’ai donc démontré jusqu’ici que non-seulement en principe (ainsi que le prouvent les nombreux règlements sanitaires qui existent dans toutes les possessions espagnoles), mais aussi dans la pratique, le gouvernement de l’Espagne est disposé à favoriser toute mesure qui puisse profiter à la cause commune de la science et de l’humanité, sujette seulement à telles restrictions que les égards envers les principes fondamentaux de sa législation pour- raient exiger. Il ne me reste plus qu’à ajouter qu’on ne saurait attendre qu’un gouvernement, qui aurait déjà fait exécuter telles mesures qu’il considère essentielles au bien-être de ses propres sujets, doive encore éprouver le même intérêt primordial, quant à la protection des autres nations, contre l’extension possible des maladies, que celui que ces mêmes nations épiouveront sur le même sujet. 11 est donc évident que la nomination d’agents sanitaires, dont le principal souci soit de protéger les nations étrangères et de s’assurer en même temps leur entière con- fiance, doit être considérée comme étant du domaine de la législation sanitaire internationale. Sur ce point il ne me semble pas que l’Espagne puisse faire autre chose que d’acquiescer à de telles nominations, si cette Conférence les jugeait convenables, donnant ainsi une dernière preuve de son désir sincère de favoriser les intérêts de la science et de l’humanité, par tous les moyens en son pouvoir. Le délégué d’Espagne (Dr. Cerveiiâ) donne lecture du projet suivant: “Les délégués spéciaux soussignés ne sauraient sauvegarder leur responsabilité de médecins vis-à-vis des divers pays représentés dans cette Conférence si, après avoir bien compris par les séances précédents le noble but qu’il est de leur devoir d’envisager, ils ne tentaient pas un dernier effort pour arriver à satisfaire les désirs et les aspirations qui y ont été proposés, lors de la convocation de la Conférence par le gouvernement des États-Unis d’Amérique. Il est encore temps, à leur avis, d’obtenir des solutions justes aux graves questions sani- taires qui pendant nos délibérations ont froissé peut-être des espérances trop peu méditées ou mal comprises; et, en vue d’une entente cordiale qui sera au même temps une preuve péremptoire de franche loyauté, qu’il leur soit permis de présenter le projet ci-après, qui répond, il leur semble, à toutes les opinions et à toutes les exigences, qui tour a-tour ont été manifestées dans nos débats. Considérant que la fièvre jaune est une maladie endémique, dont les foyers principaux, d’après un grand nombre de témoignages scientifiques, se trouvent habituellement sur divers points des îles et du littoral du golfe mexicain, qu’on peut considérer comme sou berceau, bien qu’il doive être partagé avec le Brésil, la Sénégambie et la Sierra Léone en Afrique. Considérant aussi, que nous ne devons pas surcharger le budget des nations intéressées par des dépenses excessives, mais seulement pourvoir aux besoins les plus indispensables pour obtenir une protection, qui soit à la fois scientifique, sûre, et pouvant dans l’avenir fournir par des études conscienscieuses et suivies, les connaissances qui nous manquent aujour- d’hui sur la nature et l’origine du germe morbigèue de la maladie, sur les conditions aidant à son développement et à sa diffusion, ainsi que sur les lois qui régissent sou apparition, son accroissement, et sa disparition. 10 Etant enfin convaincus que, quels que soient les efforts et les mesures que l’on adopte, on ne parviendra pas à enrayer les progrès de la maladie, ni môme à éviter sa propagation par les moyens employés ou proposés jusqu’à présent ; comprenant aussi que tout système de no- tifications, si important et parfait qu’il soit, que ni l’inspection des navires à leur départ, ni leur désinfection rigoureuse, ne sauraient fournir l’assurance complète de leur état de salubrité. C’est la conviction profonde des soussignés que tant qu’on ne fera pas des études sérieuses et approfondies sur la maladie on ne pourra jamais arriver à la détermination des moyens propres à la combattre, et qu’il nous faut avant tout la création de la commission que nous avons l’honneur de proposer, si l’on veut atteindre les résultats que nous chercherions vaine- ment à obtenir par des tâtonnements administratifs, et que seules des recherches scientifiques bien établies peuvent nous procurer. Nous soumettons donc àla considération de la Confé- rence le projet suivant : u Article ler.1er. Une commission sanitaire, scientifique et temporaire sera établie par les nations les plus directement intéressées à se prémunir contre la fièvre jaune, et par celles qui voudraient adhérer à l’exécution de ce projet. 2e. Les travaux de cette commission comprendront : A. L’étnde et la détermination des foyers principaux et permanents du germe morbigène de la maladie. B. Les conditions qui favorisent son développement, ainsi que les causes et circonstances qui aident à sa propogation dans les foyers mêmes, et à sa transmission à d’autres contrées. C. Les moyens que l’on pourrait employer pour circonscrire de plus en plus ses effets, ou même les anéantir, dans les régions de son origine, et dans les contrées nouvellement envahies. E. Les procédés les pins avantageux pour pratiquer la désinfection des navires, ainsi que leurs cargaisons et passagers. D. La recherche des moyens les plus sûrs pour combattre sa transmission par les navires. 3e. Les pays qui voudront concourir à l’organisation de cette commission scientifique, s’entendront entre eux, pour donner à leurs délégués les instructions nécessaires, afin de faciliter leurs études. F. Ainsi que tout ce qui a rapport à la prophylaxie et au traitement de la maladie. 4e. Cette commission, après avoir étudié sur place, les diverses questions qui auront été soumises à son investigation, devra présenter un rapport collectif, où seront indiqués les moyens qu’elle jugera les plus pratiques pour atteindre le but recherché. (Signé) Dr. RAFAËL CERVERA. J. J. da SILVA AMADO. Dr. IGNACIO ALYARADO. CARLOS FINLAY. Dr. F. J. YAN LEENT. Après avoir terminé la lecture de sa proposition, le délégué d’Espagne continue en ces termes : Dès l’ouverture de cette Conférence je me suis dit que quand môme nous apporterions la meilleure volonté pour trouver des moyens d’enrayer les progrès de la fièvre jaune, empêcher son importation dans les pays où elle n’a pas encore pénétré, la localiser tout-à- --fait dans ses foyers propres, et môme assainir ces foyers, nous n’arriverions à aucun résultat satisfaisant, si nous ne commençious par instituer une commission scientifique chargée de faire les études que je signale dans ma proposition, sur le caractère, la nature, la marche et le développement de la fièvre jaune. Je suis certain que trois ou quatre des gouvernements représentés dans cette Conférence consentiront à adopter ce moyen de faire une étude séri- euse de cette terrible maladie. Cette commission n’ajouterait que fort peu au budget des nations participantes, et je pense que le concours de trois ou quatre gouvernements suffirait amplement pour en assurer la création. Elle siégerait où elle jugerait à propos, àla Nou- velle-Orléans à Yéra Oruz ou à la Havane, selon que le décideraient les gouvernements intéressés et participants. Elle aurait toute liberté dans ses recherches et examens scien- 11 tifiques, et tôt ou tard nous arriverions, grâce à ses travaux, à quelque chose de pratique et d’utile. Je prierai donc M. le Président, de vouloir bien, quand il le jugera convenable, soumettre ma proposition à la discussion et au vote de cette honorable Conférence. M. le délégué de Portugal (M. le Dr. Amado): J’adhère tellement aux idées énoncées dans la proposition de M. le Dr. Ceeyeea, que je l’ai signée pour ainsi dire des deux mains, aussi, ce que je vais ajouter ne doit pas être pris comme étant en opposition avec sou projet. De même M. le Dr. Ceeyeea est si peu opposé à la proposition que je vais présenter qu’il la signée. Elle est aussi signée par tous les délégués spéciaux, à l’exception des délégués des États-Unis, ces derniers n’ayant pas eu le temps de se concerter ensemble, cette proposition ne leur ayant été lue qu’ aujourd’hui même. Comme je viens de le dire, il n’y a aucun antago- nisme entre ma proposition et celle de M. le Dr. Ceeyeea; la mienne n’en est que le com- plément. Il pose la question d’une manière générale, tandis que j’entre dans des détails, pour montrer jusqu’à quel point le projet est pratique, et quels sacrifices pécuniaires il en- traînerait. Maproposition ne spécifie que les nations qui ont un véritable intérêt àse prémunir contre la fièvre jaune. Celles qui n’ont pas des rapports suivis avec les régions où cette maladie sévit, n’y sont pas indiquées comme devant prendre part aux études que je propose ; elles auront le droit de s’y associer, mais elles n’en auront pas l’obligation. Quant aux détails de ma proposition, je pense qu’ils devraient être bien accueillis. La Conférence sanitaire de Paris, la seule dont les travaux aient abouti à une convention internationale ne s’est pas contentée de faire un projet vague. Elle a indiqué avec netteté quelles seraient les mesures à prendre pour enrayer la propagation des épidémies. Quand ala Conférence sani- taire de Constantinople, réunie sur l’initiative du gouvernement français, se proposait de sauvegarder l’Europe contre l’invasion du choléra, elle a désigné quelles seraient les mesures à prendre et sur quels points on devait fonder les établissements sanitaires internationaux et les postes d’observation, pour arriver à une surveillance parfaite. Ce qu’on a fait à Paris et à Coustantinople pour le choléra, je propose de le faire ici pour la fièvre jaune. Des délégués spéciaux ont profité do la réunion de cette Conférence sanitaire près du berceau de la fièvre jaune, pour proposer tout un plan d’études à entreprendre avec le con- cours des différentes nations, pour combattre un mal qui ne connaît pas de nationalité, qui fait tous les ans des milliers de victimes, apporte d’énormes entraves au commerce et lui cause des préjudices considérables. M le Dr. Pauvel a dit que la fièvre jaune est une maladie qui est dans une véritable période de progrès, et toutefois nous n’avons pour ainsi dire assisté qu’au premier acte de la marche de cette redoutable maladie. Quand on aura percé l’lsthme de Panama et que le mouvement maritime aura pris, sur la côte du Pacifique, le développement qu’il a aujourd’hui dans l’océan Atlantique, la fièvre jaune se trouvera dans des conditions de propagation effrayantes, et si nous prenons aujourd’hui des mesures pour nous préserver de cette propagation, dont les con- séquences nous effrayent, on dira dans l’avenir que la Conférence de Washington a bien mérité de l’humanité. En terminant ses remarques, le délégué du Portugal donne lecture du projet suivant : Les soussignés, délégués spéciaux à la Conférence Sanitaire Internationale, ont l’hon- neur de faire une proposition ayant pour but l’établissement d’un système international d’étude de la fièvre jaune, qui pourra permettre un système international d’avertissements sérieux et à l’abri des reproches qu’on fait au système actuel. Ces études auront en outre la portée hautement humanitaire de rechercher les moyens d’entraver la propagation de la fièvre jaune, maladie qui s’étend de plus en plus et menace d’envahir de vastes régions qui sont restées indemnes jusqu’à présent. Cette proposition porte beaucoup de détails pour bien développer la pensée qu’elle ren- ferme, et pour répondre aux objections qui pourraient être soulevées sur la manière pratique d’agir. 12 Par cette proposition ce sont les nations véritablement intéressées qui entreprendront les études et en paieront les frais. Ces nations sont, les États-ünis, dont les intérêts sont des plus importants, le Mexique, Haïti, les républiques de l’Amérique Centrale, les États- Unis de Colombie, Yénézuéla, le Brésil, l’Espagne par son importante colonie de Cuba, l’Angleterre et la France par leurs Antilles, leurs Guyanes et leurs colonies dans la Séué- gambie, le Danemark par son île de St. Thomas, la Hollande par sa Guyane et Curaçao, le Portugal par ces colonies en Sénégambie et surtout par son commerce avec le Brésil. Quoique les avantages d’une telle proposition semblent évidents, les soussignés ont voulu rappeler à la Conférence quelques opinions d’une autorité incontestable qui ont soutenu la même pensée. Mélier, le savant épidémologiste, auquel la France doit son organisation sanitaire, a exprimé le désir de la création de médecins sanitaires destinés à remplir, au Mexique, rela- tivement à la fièvre jaune, le rôle des médecins sanitaires d’Orient relativement à la peste. M. le Dr. Fauvel, inspecteur-général des services sanitaires en France, et une des plus grandes autorités en épidémologie, a dit à la Conférence de Vienne: u Messieurs, j’entendais dernièrement mettre en doute l’importance de la fièvre jaune au point de vue des études de la Conférence, parce que, disait on, cette maladie menace peu l’Europe; je voudrais partager cette quiétude ; malheureusement les faits que nous observons depuis quelques années ne me le permettent pas. u Jusqu’à ces derniers temps, la fièvre jaune, originaire du Golfe du Mexique, y restait en quelque sorte confinée, comme maladie endémique; de ce foyer permanent, plus ou moins actif, la maladie étendait de temps à autre ses ravages sous forme épidémique le long du littoral américain, soit au nord soit au sud, sans compter ses importations en Europe. u Depuis le commencement de ce siècle, depuis surtout que la navigation à vapeur a rendu les communications maritimes plus actives et plus rapides, on voit le domaine de la fièvre jaune prendre une extension considérable, et non-seulement déterminer des épidémies passagères très graves sur des points très-éloignés de son foyer primitif, mais encore prendre racine, s’acclimater là où il y a peu d’années, elle était regardée comme une maladie exotique. “ Ainsi le fait incontestable qui se dégage de cet exposé, c’est que non-seulement la fièvre jaune est en progrès, et a de la tendance à se propager et à s’acclimater sur les côtes de la région chaude de l’Amérique, où autrefois elle ne faisait que de rares et courtes apparitions, mais qu’elle ne limite plus comme auparavant (et c’est un point capital) ses ravages à la zone maritime et peut pénétrer très loin à l’intérieur des terres. u La conclusion à tirer de ces considérations pour l’avenir, c’est que, si la fièvre jaune venait à se généraliser, et à s’acclimater dans une grande partie des États de l’Amérique du Kord, il serait bien difficile pour l’Europe, à raison de l’activité toujours croissante des rela- tions maritimes, d’échapper à une invasion et peut-être à un acclimatement de la maladie.” C’est le plus remarquable des épidémologistes français, qui le dit, l’Europe, comme l’Amé- rique, a le plus grand intérêt à opposer une barrière à la propagation de la fièvre jaune, et quand il reste encore tant de doutes sur un tel fléau, il faut réunir tous les efforts pour vaincre un pareil ennemi. Dans la séance du 7 septembre 1880, du Congrès International d’Hygiène de Turin, M. le Dr. Fauvel disait : uQue chaque État, selon sa convenance, y joigne (en Orient), à l’exemple du gouverne- ment français, la création de médecins sanitaires répandus dans les pays d’où proviennent les maladies pestilentielles à craindre, et la surveillance actuelle, ainsi augmentée, donnera toutes les garanties voulues.v 13 M. le Professeur Finkelburg, délégué du gouvernement allemand au Congrès d’Hygiène de Turin, a dit dans la même séance: “Pour les temps de paix plusieurs nations ont depuis longtemps fait les premiers pas vers une entente générale, en ce qui concerne la prophylaxie des grandes épidémies. C’est à la France que revient l’honneur d’avoir, la première, proposé et conclu en 1851 une conven- tion sanitaire pour se garantir contre la peste, le choléra et la fièvre jaune; l’ltalie et le Portugal furent les premiers pays qui adhérèrent à cette entreprise méritoire. “De fait il n’existe pas d’autre convention sanitaire des états européens que celle qui se forma, eu 1853, entre la France, les états italiens, le Portugal et la Turquie, et à laquelle les autres puissances n’adhérèrent que plus tard et avec certaines restrictions. C’est cette con- vention qui a réglé la quarantaine internationale, institué le conseil supérieur de santé de Oonstantinople, les stations sanitaires et les médecins sanitaires en Orient. “Cependant, on n’a pas encore obtenu de ces institutions tout l’effet désirable, il faut en- core étudier la nature de ces fléaux dans leurs lieux d?origine ; non-seulement créer des barrières à leur extension, mais assainir les contrées menacées. Sans doute la tâche est extrêmement difficile; mais on ne peut l’accomplir que par la coopération unanime de tous les états. Il faut porter le champ de l’intervention sanitaire et prophylactique non pas à la limite politi- que de chaque état, mais àla limite même du foyer morbide. C’est le seul m< yen d’éviter au commerce beaucoup de perte de temps et d’argent.” M. le Professeur Pettenkofer, membre du conseil supérieur de médecine en Allemagne, et délégué du gouvernement allemand à la Conférence Sanitaire devienne, “désire vivement que des recherches scientifiques soient faites au sujet de la fièvre jaune, et croit que l’étude de cette épidémie servira en même temps à éclaircir les doutes existants au sujet d’autres épidémies, parce qu’elle a un caractère plus localisant que les autres maladies épidémiques, comme l’ont prouvé les études faites à Vew-York et à la Aou vel 1 e-Orléans pendant les dernières dix années.” Cette opinion aussi nette qu’importante est adoptée entièrement par les soussignés. M. le Professeur Siegmund, savant bien connu dans le monde médical, et délégué du gouvernement Austro-Hongrois dans la Conférence Sanitaire de Vienne, a dit: “On n’aboutirait à rien, en laissant la solution des questions qui concernent les épidémies, au zèle des individus, des corporations savantes ou des administrations ; l’expérience le prouve assez. Depuis plus d’un demi siècle, le fléau du choléra sévit et tue des millions d’hommes au sein des états les plus civilisés; et pourtant, aujourd’hui encore, on n’est pas d’accord sur le mode et les conditions de sa propagation, sur la durée de son incubation, sur les procédés de désinfection, ni sur la valeur des quaiautames. “Et ces lacunes, ces doutes, ces controverses persévéreront tant que les nations ne se seront pas réunies pour organiser ces recherches scientifiques sur un plus vaste plan, pendant un temps assez long, et sur des points d’observation assez nombreux, pour arriver à des connaissances sures et fécondes.” Ce que M. le Professeur Sigrnuud demandait pour le choléra, les soussignés le deman- dent, et peut-être avec plus de motif, pour la fièvre jaune. M, le Dr. Mondes Alvaro, secrétaire du Conseil de Sauté de Madrid, et délégué du gouvernement espagnol à la Conférence Sanitaire de Vienne, a dit: “Opposer une digue aux incessants ravages des épidémies, qui, de temps en temps, parcourent le monde en répandant partout le deuil, est une entreprise assez glorieuse; ainsi la délégation d’Espagne s’empresse d’y adhérer en principe. Il s’agit de la défense com- mune, organisée par la science, avec l’aide des gouvernements. “Il est généralement reconnu que l’Espagne, et je commence par ce pays, car il a été le plus cruellement atteint, le Portugal et l’ltalie, ont été fréquemment envahis par la fièvre 14 jaune, malgré de savantes prescriptions sanitaires. Vraiment cette maladie pestilentielle, qui, dans les premiers trois-quarts de notre siècle, a emporté des centaines de milliers d’Espa- gnols, mérite bien de fixer l’attention de la commission internationale des épidémies qu’il s’agit d’organiser. “ Voilà ce que nous lui demandons au nom des intérêts de notre patrie. Je n’oublie pas que le fléau de la fièvre jaune a envahi récemment des populations auparavant indemnes et qui se croieraient préservés par les conditions topographiques et climatériques dans les- quelles elles se trouvent. “ Quand toutes les nations auront recueilli les éléments nécessaires, on ne tardera pas à découvrir la vérité toute entière. On devra donc choisir des agents actifs, chargés de procéder aux recherches dans les localités d’origine, et de les compléter dans les grands centres de la science pour faire parvenir le résultat final à la commission internationale. “ L’organisation proposée n’exigerait pas de grandes dépenses. Il faut qu’il en soit ainsi, pour ne pas être entièrement sous la dépendence des parlements, eu ce qui concerne le budget. “J’ai moins de confiance dans les quarantaines et dans les inspections que dans les résultats d’études poursuivies avec ensemble et persévérance.” Ces vues fort justes de M. le Dr. Mendez Alvaro sont entièrement partagées par les soussignés. La Conférence sanitaire internationale de Vienne a approuvé le vœu qui lui a été pro- posé par un comité chargé d’étudier un projet d’institution d’une commission internationale des épidémies. L’article XIII de ce vœu était ainsi conçu: “Il est établi aux foyers épidémiques habituels des stations permanentes et des stations temporaires aux endroits où un foyer d’infection momentané se sera manifesté, afin d’étu- dier sur les lieux mêmes à la fois la maladie et les moyens d’en empêcher la propagation. “ De môme, aux époques de l’envahissement inquiétant d’une épidémie, il sera établi des missions qui auront pour tâche de suivre les progrès de l’épidémie, afin d’étudier les lois de sa propagation.” Tous les congrès scientifiques, qui se sont réunis après, et dont l’objet avait des rapports plus ou moins directs avec la médecine, ont voté, et presque toujours à l’unanimité, la réalisa- tion de ce vœu. Ainsi procédèrent les congrès d’hygiène de Bruxelles (1876), de Paris (1878), de Stuttgard (1879), de Turin (1880), le congrès des sciences médicales d’Amsterdam (1879), le congrès de statistique de Buda-Pest (1876). Dans les instructions imprimées que le conseil royal de santé de Madrid a données aux délégués espagnols dans cette Conférence, il leur est recommandé d’appuyer la création de médecins sanitaires, et plusieurs autres délégués ont reçus la même autorisation. PROPOSITION. “La Conférence recommande la création de vingt-deux postes sanitaires internationaux, pour l’étude de la fièvre jaune; ils seront établis à la Xouvelle-Orléans, Galveston, Véra Cruz, Panama (pour le Pacifique), Maracaybo; un dans chacunes des Guyanes; deux dans l’île de Cuba; un dans chacunes des îles suivantes: St. Domingue, Jamaïque, St. Thomas, Guade loupe, Martinique, Barbade; un dans chacun des ports suivants du Brésil, Para, Marauhâo, Pernambouc, Bahia, Eio de Janeiro, et un dans la Sénégambie. Dans chacun de ces postes il y aura au moins deux médecins, un du pays où est le poste, et l’autre d’un des pays avec lequel le port, ou la ville fait le plus de commerce. Toutes les autres nations pourront envoyer des médecins sanitaires pour ces postes. Les dépenses faites dans chaque poste seront payées pro rata par les nations qui auront nommé les médecins sanitaires. Le nombre des postes pourra être augmenté, ou diminué selon les nécessités de l’étude de la maladie dans sa marche envahissante, ou déclinante. 15 Les nations contractantes s’entendront entre elles pour fixer le nombre des médecins que chacune nommera et pour la distribution dans les différents postes, et on procédera de même pour la future augmentation ou diminution des mêmes postes. 11 sera défendu aux médecins des postes sanitaires l’exercise de la clinique civile et l’acceptation d’au autre emploi quelconque, sous peine de démission. Il pourront seulement accepter la charge de médecins des hôpitaux où seront admis des malades de fièvre jaune. Dans chaque poste il y aura: I°. Un laboratoire pourvu des instruments de physique et de chimie et des réactifs indi- spensables pour faire les analyses. 3°. Un cabinet pour les études expérimentales et histologiques, muni de bons micro- scopes pour les examens qui seront nécessaires. 3°. Une bibliothèque contenant les ouvrages les plus importants qui auront été publiés sur la fièvre jaune. Les médecins des postes sanitaires devront : I°. Se tenir bien au courant de l’état sanitaire de la ville où ils sont, afin de savoir quand y paraîtront les premiers cas de fièvre jaune. 2°. Suivre la marche de la maladie pour savoir exactement quand elle décline, et quand elle finit. 3°. Informer immédiatement les autorités sanitaires des pays, qui les auront nommés, de tous les faits dont la connaissance pourra les intéresser. 4°. Étudier les conditions météorologiques des villes où sont placés les postes respectifs, et voir quel rapport pourra exister entre ces conditions et l’invasion, propagation et gravité de la maladie. s°. Étudier les conditions telluriques de ces mêmes villes, sous les points de vue indiqués dans le No. 4. 6°. Faire souvent l’analyse chimique et microscopique de l’eau potable dont on se sert dans ces villes. 7°. Accompagner et aider l’autorité chargée de faire les inspections des navires pour voir si on peut trouver quelque rapport entre les conditions de ces navires et l’explosion éven- tuelle d’une épidémie de fièvre jaune à bord. B°. Étudier les conditions sanitaires de la ville et chercher à connaître s’il existe un rap- port entre les foyers insalubres et le développement de l’épidémie. 9° Visiter fréquemment les hôpitaux où seront admis les malades de fièvre jaune, et étudier la marche de la maladie par l’observation des malades. 10° Faire, aider à faire, ou assister aux autopsies des cadavres de malades morts de fièvre jaune. 11° Faire les examens anatomo-pathologiques et histologiques sur les humeurs et les organes de ces cadavres pour tâcher de bien connaître la nature des lésions. 13° Faire tous les mois un rapport de ce qu’ils auront observé et le transmettre aux gou- vernements qui les auront nommés; ces rapports seront imprimés et distribués par tous les gouvernements qui auront adhéré à cette institution. 13°. Faire un rapport annuel, dont une copie sera envoyée aux gouvernements qui les auront nommés, et une autre sera présentée à la conférence des médecins sanitaires. Chaque année il y aura une conférence des médecins sanitaires, à laquelle assisterai au moins un médecin de chaque poste. La première conférence aura lieu à la Havane, et lelieu de réunion des autres sera désigné à la tin de chaque conférence annuelle, et de telle sorte que chaque année la réunion se tienne dans un endroit différent. Chaque conférence durera 10 jours, et on y lira et discutera les rapports des différents postes sanitaires. 16 Il est désirable que les gouvernements envoient de temps en temps des commissions d’inspectipn pour examiner les postes. Si une commission internationale des épidémies venait à être créée, comme il a été proposé et approuvé par la Conférence Sanitaire Internationale de Vienne, cette commission devrait avoir le droit et le devoir de régler les travaux de ces postes. Les délégués spéciaux : (Signé) COMTE BETHLEN. ÈDOUARD SÈVE. Dr. RAFAËL CERVERA. CARLOS FINLAY. Dr. F. J. VAN LEENT. Dr. IGNACIO ALVARADO. J. J. DA SILVA AMADO. M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey): J’ai écouté avec un véritable intérêt l’ex- posé de M. le Professeur Amado, mais je me permettrai de soumettre à la Conférence certaines considérations que cet exposé m’inspire. Il serait présomptueux de ma part de vouloir discuter les questions scientifiques qui y sont traitées. Si j’ai bien compris M. le délégué du Portugal il recommande l’établissement de vingt-deux postes d’observation, et il dit aussi que cette môme proposition avait été discutée dans d’autres conférences. Or, il ne paraît pas que ces puissances aient donné suite àla proposition dont il parle. Je suis d’opinion que son projet devrait être soumis à la commission temporaire proposée par M. le Dr. Cervera et chargée d’étudier les questions qui y sont énoncées. Si la Conférence adopte le projet de M. le délégué d’Espagne, ce projet prévoit que la commission aura à étudier toutes ces questions de détail. Je ne crois pas que nous ayons à nous préoccuper maintenant de l’élaboration d’un règlement final. En outre, cette commission aura l’avantage d’être temporaire, tandis que le projet de M. le Professeur Amado comporte des institutions permanentes. M. le délégué de Portugal (M. le Dr. Amado): Je réponds en peu de mots à M. le délégué de Turquie. Je prends d’abord la question de fait: M. le délégué de Turquie a dit que ma proposition n’était pas praticable, parce qu’elle avait été présentée et adoptée dans d’autres conférences, mais qu’on n’y avait pas donné suite. M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey); Je ne dis pas qu’elle ne soit pas pratique. M. le délégué de Portugal (M. le Dr. Amado) : Mais vous dites qu’elle offre des difficultés telles qu’on a cru qu’il était impossible de les surmonter. M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey): Je ne sais pas à quelles considérations les gouvernements ont obéi en ne donnant pas suite àde pareilles propositionss je ne fais que constater un fait. Le délégué du Portugal (Dr. Amado): La question de la création de postes sanitaires pour l’étude des épidémies a été soulevée pour la première fois à la Conférence Sanitaire de Paris, qui a réglé l’établissement des postes sanitaires en Orient qui fonctionnent avec un succès bien connu. La Conférence de Vienne ade nouveau discuté la question, en l’étendant à tous les genres d’épidémies, et si la décision de la Conférence de Vienne n’a pas eu de suite, cela tient dit-on aux graves événements survenus en Orient. L’objection principale soulevée contre ma proposition est que je demande l’établissement d’une institution permanente, taudis que mon collègue d’Espagne (Dr. Cervera) ne demande qu’une commission temporaire. Il est évident que la commission centrale et les postes périphériques existeront tant que l’étude de la fièvre jaune sera reconnue utile et qu’ils se dissoudront quand le but sera atteint. Je ne vois pas par conséquent de différence sous ce rapport. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell): Je désire seulement dire que j’approuve l’idée principale du plan du délégué du Portugal, mais le même principe se trouve dans le plan du délégué d’Espagne, et je crois qu’il vaudrait mieux ne pas entrer dans des détails aussi minutieux de mesures administratives qui pourraient donner lieu à des objections de la part des 17 gouvernements respectifs, et c’est pour cette raison que je préféré la proposition du Dr. Cer- tera. Au moins devrions-nous la considérer en premier lieu, car il nous faut d’abord adop- ter le principe général avant de considérer les détails d’administration. Le délégué de Turquie ( Aristarchi Bey) : Je suis reconnaissant àM. le Professeur Amado pour la façon bienveillante avec laquelle il vient de me répondre. Je suis d’ailleurs animé des mêmes sentiments d’hostilité que M. le Professeur contre la fièvre jaune et toutes autres maladies épidémiques, mais les questions purement scientifiques me sont, je le répète, com- plètement étrangères, ainsi, je crois, qu’à la plupart des diplomates et consuls siégeant dans cette Conférence. Les points traités par M. le délégué du Portugal étant d’un caractère exclusivement technique, devraient être soumis à la commission scientifique chargée d’étudier les diverses questions se rattachant àla fièvre jaune. Il pourrait peut-être paraître étrange que le délégué de Turquie s’occupe do la fièvre jaune, mais ainsi que l’a dit le Pro- fesseur Amado, l’éminent Dr. Fauvel manifeste des appréhensions sur la probabilité de l’ex- tension de la fièvre jaune au continent européen. Or, à part le vif intérêt que nous portons tout naturellement aux populations américaines, plus directement menacées, il y a, pour ainsi dire, un intérêt personnel pour nous, à nous préoccuper de cette redoutable maladie. Le délégué de Cuba (M. le Dr. F inlay) : Je voudrais expliquer comment il se fait que j’aie signé à la fois le projet du Dr. Cetera et celui de Dr. Amado. C’est que je considère d’urgence l’adoption par cette Conférence de résolutions favorables à l’investigation scienti- fique de la fièvre jaune, et je suis, eu outre, d’avis que si l’une ou l’autre de ces mesures était acceptée, on aurait fait un grand pas vers la réalisation de nos aspirations sanitaires. Sans entrer dans des considérations techniques qui seraient ici déplacées, et simplement à titre d’exemple qui rende, pour-ainsi-dire, palpable la nécessité de l’investigation demandée par MM. les docteurs Cervera et Amado, qu’il me soit permis de rappeler à mes collègues, ici présents, ce fait, que les mesures sanitaires généralement conseillées aujourd’hui pour empêcher la propagation de la fièvre jaune, sont basées sur une manière de considérer cette maladie qui se trouve complètement en désaccord avec un nombre considérable de faits observés. Nous avons, d’un côté, les contagionistes et de l’autre les anti-contagionistes, chaque parti s’efforçant de nier la valeur des faits avancés par le parti contraire à l’appui de ses opinions. Eh bien, Messieurs, je déclare qu’il est impossible à un esprit impartial d’examiner ces faits sans arriver à cette conclusion : qu’un grand nombre des preuves pré- sentées à l’appui de l’une et de l’autre de ces deux opinions contradictoires doivent être acceptées comme parfaitement authentiques; conclusion qui mène nécessairement à cette autre conséquence, qu’il faut admettre l’intervention d’une troisième condition indépendante, pour pouvoir expliquer ces deux ordres de faits. Mon opinion personnelle est que trois conditions sont, en effet, nécessaires pour que la fièvre jaune se propage. 1° La présence préalable d’un cas de fièvre jaune, compris dans certaines limites de temps, à compter du moment que l’on considère. 2°. La présence d’un sujet apte à contracter la maladie. gG La présence d’un agent dont l’existence soit complètement indépendante de la maladie et du malade, mais nécessaire pour transmettre la maladie d’un individu atteint de fièvre jaune à l’homme sain. Ceci dira-t-on, n’est qu’une hypothèse; et c’est bien ainsi que je l’entends. Mais elle me semble plausible et a du moins le mérite d’expliquer un certain nombre de faits qui sont restés inexplicables par les théories actuelles. 11 ne m’en faut pas davantage, puisque je ,ai d,autre but que de démontrer que si mon hypothèse, ou quelque autre analogue, venait à 11 * réaliser toutes les mesures que l’on prend aujourd’hui pour arrêter la fièvre jaune resteraient inefficaces5 car on aurait combattu les deux premières conditions, au lieu de s’en prendre à la troisième, en essayant de détruire l’agent de transmission on de le détourner f Health de la Nouvelle-Orléans, a estimé à dix millions de dol- lars les pertes pécuniaires subies par cette ville pendant la dernière épidémie ( 1878). Un autre médecin a calculé que les pertes subies par les villes de l’union, victimes de ces épidémies, se chiffrent par cent millions de dollars! Eu admettant même que ces chiffres soient exagérés, il n’en est cependant pas moins vrai que le gouvernement des États-Unis ne dépenserait pas une pareille somme en un grand nombre d’années, pour le maintien de pareils agents. D’un autre côté, je ne désire pas obliger les gouvernements à maintenir des agents spé- ciaux dans tous les ports du monde ; je voudrais seulement que ces gouvernements aient le droit d’en placer dans tels endroits qu’ils jugeront nécessaire et que ces agents aient tels privilèges que l’on jugera utile de leur accorder. Ace sujet, et à l’appui de ce qui précède, je ne puis mieux faire que répéter ce qu’a dit l’honorable délégué des États-Unis (Dr. Ca- bell) : “En général, quand un pays quelconque est constamment ou souvent menacé d’im- portation infectieuse d’un port étranger, il entretiendra pour sa propre sûreté un médecin compétent dans ce port, pour assister son consul; mais jusqu’au moment où il devient mani- feste que la nécessité existe ou qu’elle est proche, on ne peut pas s’attendre à ce que les gouvernements soient disposés à encourir les frais que l’envoi de tels médecins occasionnerait. Pourtant il est important d’avoir la communication la plus prompte de l’avis de l’apparition des premiers cas de maladie.” Je ne crois pas, qu’elle que soit leur importance, que la Conférence doive procéder à l’examen d’autres questions; (telles que la détermination des meilleurs moyens pour l’in- spection sanitaire d’un navire ou d’une localité, les mesures à prendre en cas d’infraction aux règlements, etc.), car toutes ces questions découlent d’un système de notification qui aurait été déjà adopté, et qu’il faudrait par conséquent prendre en considération. II sera temps d’examiner ces questions lorsque la Conférence aura approuvé la proposition fonda- mentale que j’ai maintenant l’honneur de lui soumettre comme amendement à la proposition finale du comité. “ Les démarches nécessaires pour obtenir connaissance de l’état de la santé publique, ainsi que les inspections sanitaires des navires, seront faites par les autorités sanitaires lo- 22 cales. Les notifications sanitaires qui en résulteront seront transmises par ces mêmes auto- rités. 11 est toutefois permis à chaque gouvernement signataire de ce traité, d’utiliser le droit qui lui est concédé de prendre part, par l’entremise de ses agents, à tontes les opéra- tions des autorités ci-dessus mentionnées.” (Signé) Dr. I. ALYAEADO, Dr. F. J. Y AN LEENT, STEPHEN PEESTON, JULIO CAEELÉ, J. J. da SILYA AMADO. Le Président (M. John Ha y) : La Conférence a écouté avec le plus vif intérêt les ob- servations si intéressantes de l’honorable délégué du Mexique, mais comme elles ne se rap- porteur pas directement à la question pendante devant la Conférence, je propose qu’elles soient insérées an procès verbal. Le délégué d’Autricbe-Hongrie (Comte Bethlen): Le comité des cinq qui a été nommé par la Conférence, dans sa séance du ler Février, 1881, et qui a été chargé d’étudier la pro- position du délégué d’Autricbe-Hongrie, relative a l’établissement d’un système interna- tional d’avertissements sur les épidémies, a tenu sa première séance le 9 Février, 1881. Ce comité m’a fait l’honneur de me choisir pour son président. Dans sa deuxième séance, tenue le 15 Février 1881, le comité a adopté, à la majorité des voix, un projet de convention contenant un système bien établi d’avertissements sanitaires. En vous soumettant un projet de convention entièrement préparé, en place de simples recommendations en forme de propositions générales, la majorité du comité a cru pouvoir mieux répondre àsa tâche. Par sa nature même, la proposition devait être traitée de cette manière. Ses mérites, si elle en avait, reposaient dans les détails. Il fallait donc que ces détails fussent étudiés et établis d’une façon claire et précise. Je prend donc la liberté, Monsieur le Président, de soumettre ce projet de convention à l’appréciation de cette Con- férence. [Le Secrétaire donne lecture du projet suivant:] PROJET D’INSTITUTION DE DEUX AGENCES INTERNATIONALES D’ADYERÏISSEMENTS SANITAIRES. Article I. Il sera établi à Yienne et à la Havane des agences internationales perma- nentes d’avertissements sanitaires. Les gouvernements s’entendront entre eux pour la for- mation de ces bureaux. Art. 11. L’agence de Yienne aurait à recueillir les informations sanitaires de l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Celle de la Havane étendrait sa sphère d’action au continent américain et aux îles qui y appartiennent géographiquement, sauf les changements qui seraient rendus nécessaires dans ce système par l’état des communications télégraphiques. Art. 111. Les gouvernements contractants pourront s’entendre pour l’établissement, si cela est nécessaire, d’une troisième agence, qui aurait son siège en Asie. Art. IY. Les gouvernements participants àce système d’avertissements enverront leurs rapports sanitaires à l’agence dans la sphère d’action de laquelle ils rentrent. Chaque agence, de son côté, enverra ses informations aux gouvernements qui lui adres- sent des bulletins sanitaires. Les agences reéchangeront entre elles les informations reçues, pour les porter également à la connaissance de pays qui sont compris dans leur ressort. Art. Y. Dans les cas d’urgence extrême des exceptions à ce système se trouveraient reconnues de fait, et les différents gouvernements auraient alors la faculté d’entrer en com- munications directe avec l’agence dont ils ne ressortent pas en temps ordinaire. Art. YI. En cas de doute sur l’exactitude des bulletins reçus, les agences seront autorisées à se mettre en communications avec le pays respectif, qui aura à fournir, aussi promptement que possible, les éclaircissements demandés. Art. YII. Dans les pays où des conseils sanitaires internationaux existent, c’est avec ceux-ci que les agences établiront des communications. 23 Art. VIII. Dans les pays qui ne possèdent pas un service de salubrité publique par- faitement organisé, ou qui n’auront pas adhéré à la convention, les consuls des parties cou tractantes se réuniront en conseil sanitaire international, à l’effet de fournir aux dites agen- ces les nouvelles sanitaires qui ne peuvent être obtenues des autorités locales. Art. IX, Les gouvernements d’Espagne et d’Autriche-Hongrie fixeront armullement le budget des dépenses, qu’ils soumettront aux gouvernements participants. Art. X. La répartition entre les divers gouvernements des sommes nécessaires s’opé- rera de la manière suivante: la moitié des frais sera répartie eu proportion du chiffre de la population et l’autre moit é en proportion du chiffre du tonnage de la marine marchande combiné avec la valeur du commerce maritime de chaque pays. Art. XL Les gouvernements d’Espagne et d’Autriche-Hongrie soumettront, tous les ans, à la fin de l’exercice, les comptes définitifs à chacun des États intéressés. Art. XII. La présente convention est conclue pour une durée de dix ans. Il reste libre à chaque gauveruement de dénoncer la Convention après trois ans. Est et demeure réserveé le droit de modifier telle disposition qu’on désignera sur la pro- position d’un Etat participant. Le délégué d’Autriche-Hongrie (Comte Bethlen): En ma qualité d’auteur du projet de convention qui vous a été soumis dans cette séance, je me permettrai de le recommander à votre bienveillante attention. Les débats qui ont eu lieu, jusqu’il présent, dans le sein de la Conférence et les proposi- tions qui en ont résulté relativement au système international d’avertissements sanitaires, ont eu pour résultat la recommendation de transmettre aux agents étrangers résidant dans le pays, les informations sanitaires. Bien que ces mesures soient déjà en vigueur dans la plupart des pays, elles ne remplissent a mon avis que partiellement le but que la Conférence a en vue. La publication de bulletins sanitaires hebdomadaires et le droit facultatif que les gouverne- ments s’engagent à accoider aux consuls de contrôler, pour ainsi dire, leurs assertions offici- elles, me paraissant insuffisants. En se bornant à adopter ces propositions, la Conférence n’aurait rempli qu’une partie de la tâche qui lui a été confiée. 8a sphère d’action est plus étendue. Elle est bien clairement établie par la première des propositions spéciales que le Président des États-Unis a désiré voir soumettre àla Conférence. Le mémorandum du 29 juillet, 1880 de l’honorable Secrétaire d’État parle de l’établissement d’un système interna- tional d’avertissements dignes de confiance sur l’existence des maladies pestilentielles et principalement du choléra et de la fièvre jaune. Le système d’informations sanitaires internationales ne devrait donc pas être limité à la transmission des informations aux agents étrangers résidant dans le pays, mais devrait aussi s’effectuer de gouvernement à gouvernement, et notamment d’une manière uniforme et précise. Ces communications devraient être établies sur des bases larges et solides, être régulières et constantes et embrasser dans leur réseau tous les pays ayant des rapports entre eux. 11 est vrai que les informations sanitaires ont été jusqu’à présent fournies aux gouverne- ments par les consuls. Je ne propose pas d’enlever aux gouvernements cette source d’infor- mation; je demande au contraire àla compléter et non à l’abolir. Mes institutions ne feraient que contrôler les données fournies par les agents des différents pays. Je propose la création d’agences internationales chargées de transmettre des informations sanitaires. Cette idée n’est pas nouvelle. Des agences internationales ayant pour mission de recueillir et transmettre des informations ayant trait à des matières qui intéressent non- seulement un pays ou un continent, mais le monde entier, fonctionnent déjà avec un succès complet. Des résultats brillants que des institutions de ce genre ont donné m’encouragent à vous proposer un système d’informations pareil pour la transmission des nouvelles sani- taires Qui oserait aujourd’hui proposer d’abolir le système international d’avertissements météorologiques ? Personne, sûrement. Par mou système, je propose de tenir tous les gouvernements intéressés au courant des conditions sanitaires de tous les pays; de leur offrir, pour ainsi dire, un tableau de la santé publique de toutes les parties du globe, à l’instar des tableaux météorologiques. C’est un système complet d’informations, plus simple et moins coûteux que celui proposé par l’honorable délégué de France. C’est pour cette raison que je le préfère. Permettez moi, Messieurs, d’ajouter quelques détails sur les différents articles du projet que la majorité du comité a eu l’honneur de soumettre à votre considération. J’ai accepté la Havane comme siège de l’agence américaine, ayant appris que l’établisse- ment d’une pareille agence à Washington offrirait, pour le moment, quelques difficultés. Je crois que la Havane, étant placée au centre de la zone d’infection, et étant elle-même un des foyers principaux de la fièvre jaune, se recommande à première vue pour siège de mon agence. Vienne, par sa position géographique par rapport aux pays dans lesquels le choléra et la peste prennent naissance et par rapport aux autres pays de l’Europe, se recommande né- cessairement comme siège de l’agence européenne. C’est à dessein que j’ai évité de proposer un plan pour la formation des bureaux de mes agences. Je suis d’avis qu’il serait préférable de laisser aux différents gouvernements le soin de décider cette question. Je crois cependant de mon devoir d’insister sur un point, notamment que ces agences soient peu coûteuses. Il faudrait pour cela que le nombre du personnel fût réduit au strict nécessaire. Une question délicate est celle du contrôle de ces agences ; elle serait décidée dans le cas où l’institution des commissions scientifiques internationales pour l’étude des épi- démies deviendrait un fait accompli, car ces commissions seraient, par leur nature, les plus compétentes pour exercer un contrôle sur les agences, contrôle que je considère dans tous les cas comme nécessaire. Par la dernière partie de l’article 2, j’ai voulu laisser la plus grande latitude possible aux différents pays, pour se joindre, par rapport à l’état des communications télégraphiques exis- tantes à l’une ou à l’autre des deux agences proposées. Les ressources financières des agences seraient fournies par des cotisations des états participants. Le mode de répartition (pie je vous propose offre, à mes yeux, l’avantage de concilier mieux que tout autre moyen les intérêts plus ou moins importants qu’ont les diffé- rents pays, en égard au chiffre de leur population et de l’importance de leur commerce, à participer à l’institution des agences. Pour ce qui concerne l’Angleterre, toutefois, je serais d’avis, ainsi qu’il a été accepté par la Conférence de Vienne, dans un but analogue, que les possessions britanniques aux Indes n’entrent pas eu ligne de compte: Il serait injuste, a-t-on remarqué à cette occasion, que l’Angleterre, qui fait de si grands efforts pour étouffer le choléra dans sou germe aux Indes, fût appelée à contribuer, en proportion du chiffre de la population de ses possessions, aux frais dont le but huai est d’empêcher l’extension de la maladie épidémique. La même considération pourrait être appliquée aux Indes Néerlandaises. Il a été égale- ment remarqué, à cette occasion, qu’il serait équitable de prendre en considération, pour la répartition des quote-parts des divers gouvernements, les frais encourus par les états qui entretiennent, pour le bien commun, des quarantaines dans la Mer Caspienne et la Mer Eouge. En terminant, je me déclare prêt à répondre à toute objection qui pourrait être faite contre mon projet. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabell): Je ne désire pas eu ce moment formuler toutes les objections qui pourraient être faites contre la proposition du délégué d’Autriche-Hongrie (Comte Bethlen). Je n’abuserais pat de l’attention de la Conférence si, d’après le protocole No. 2 du comité il ne paraissait, j’ai pas que été mal compris par le délégué de Suède et Norvège. Il dit: uM. le Dr. Cabell ayant refusé de discuter le mérite du système j>résenté par M. le délégué d’Autriche-Hougrie, pour les raisons qu’il a alléguées lors de la première séance du comité, il m’est impossible de me prononcer pour ou contre ce système, et c’est pour cette raison que je me suis abstenu de voter.” 25 Il me semble que dans la première réunion de ce comité tout ce que j’ai dit avait trait aux mérites de la question comme moyen pratique d’arriver àun but déterminé. Je désire ex- pressément constater que je n’ai nullement nié la compétence du comité ou de la Conférence à discuter cette question. Je considère que, d’après les instructions de M. Evarts, les deux sont compétents. J’ai dit que les délégués des États-Unis considéraient que les moyens de notification qui étaient proposés étaient trop étendus, et qu’ils voulaient examiner le but dans lequel on se proposeu d’établir un système de notifications. Ce but est indiqué dans le mémo- randum, c’est-à-dire, empêcher l’introduction de maladies contagieuses et infectieuses venant de pays étrangers. Ayant, dans une occasion antérieure, exprimé l’opinion que le moyen pra- tique d’accomplir cet objet d’une façon satisfaisante ne pourrait être réalisé qu’en assignant ce devoir à l’agent responsable du pays de destination, j’ai remarqué que la proposition du comte Bbthlen, qui impliquait l’exclusion de ce moyen, ne remplirait probablement pas le but désiré. Il me semblait que ces observations expliquaient les mérites de la question comme moyen d’arriver àun but. Je n’ai pas considéré les mérites de la question au point de vue abstrait, n’étant pas appelé àle faire. Je répète qu’il est entièrement de la compé- tence de cette Conférence d’adopter ce système, et il n’y a rien qui empêcherait le gouverne- ment des États-Unis de le considérer, si tel est son désir. J’ignore quelles sont les vues du gouvernement à ce sujet, mais je ne suis pas préparé à recommander cette proposition à mou gouvernement d’une manière très positive, car je la crois inutile pour atteindre le but princi- pal pour lequel cette Conférence a été convoquée ; d’un autre côté, je n’ai ni le désir ni l’in- tention de dissuader mon gouvernement de l’adopter. Je voudrais, au contraire, pour d’autres raisons, la voir en opération. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewenhaupt) : Je regrette infiniment ce malentendu de ma part, et je demande la permission d’expliquer les raisons pour lesquelles je me suis abstenu de voter dans le sein du comité. La recommandation du système proposé par le comte Bbthlen implique la recommandation aux gouvernements représentés dans cette Conférence de faire certaines dépenses pour obtenir des informations sanitaires, et il me semble nécessaire de demander préalablement quelques détails sur ces informations avant de décider si ces dépenses devraient être faites. Ou pourrait supposer un système de télégram- mes journaliers envoyés des principales villes par des médecins responsables, nommés par l’administration sanitaire centrale. Le délégué spécial d’Autriche-Hongrie (Comte Bbthlen): Ce système existe déjà plus ou moins dans tous les pays qui ont one organisation sanitaire. Les dépenses qu’il occasionera no pourraient pas, en conséquence, être considérées comme de nouvelles dé- penses nécessitées par le fonctionnement des agences proposées. Dans mon système il ne peut être question que de dépenses pour informations entre les agences et le gouvernement central. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewenhaupt): L’administration sanitaire centrale pourrait ensuite envoyer des télégrammes journalier au bureau. D’un autre côté, on pourrait supposer, comme cas extrême, que l’administration sanitaire centrale, ne pourrait transmettre d’autres informations que celles contenues dans les bulletins heb- domadaires. Si tel était le cas, je n’hésiterais pas à voter contre la proposition présentée par le délégué spécial d’Autriche-Hongrie, car je partage l’opinion exprimée par M. le Dr. Cabbll, que les bulletins hebdomadaires sont insuffisants pour les besoins de notification. L’information à laquelle on pourrait s’attendre serait sans doute plus complète que celle fournie par les bulletins, mais je prie le délégué des États-Unis de nous donner quelques détails sur l’information que l’on pourrait attendre des États-Unis. Le délégué des États-Unis (Dr. Cabbll): J’ai déjà constaté que je n’ai aucune objec- tion à voir proposer cette question à la considération de mon gouvernement et que je n’ai nullement l’intention de le dissuader de l’adopter, bien que je sois d’avis que si ces détails, qui me paraissent comporter un mécanisme encombrant et coûteux, étaient introduits dans 26 la convention, elle serait surchargée. Il m’est impossible de répondre d’une façon catégo- rique à la question posée par le délégué de Suède et Norvège, n’étant pas en état de dire ce que mon gouvernement ferait si ce système était adopté. Je n’ai pas examiné cette question aux différents points de vue auxquels le Comte Lewenhaupt m’a demandé de la considérer. Le délégué de Suède et Norvège (Comte Lewenhaupt): Je comprends parfaitement, dans ces circonstances, l’impossibilité pour le délégué des États-Unis (Dr. Cabell) de prendre une autre attitude, et je crois que les raisons n’en auraient pas pu être données pins claire- ment. Je n’avais pas l’intention de toucher à cette question. Le délégué d’Allemagne (M, Schumacher): Je suis fâché que notre comité ne puisse pas s’accorder sur une question qui me paraît de la plus haute importance pour l’établisse- ment et l’avenir d’un service sanitaire international. Bien que deux membres de notre comité se soient refusés à discuter les mérites de la question, je suis cependant convaincu que la Conférence, en adoptant notre projet, ferait un pas en avant dans l’intérêt deladéfénse mutu- elle des nations contre la propagation des maladies contagieuses et épidémiques. En établis- sant des centres d’informations sanitaires, nous obtiendrons un résultat pratique, nous com- pléterons nos connaissances sur l’existence, le développement, et le caractère de ce fléau. Ce progrès serait le meilleur résultat auquel cette Conférence pourrait aspirer dans les circon- stances actuelles. La résolution du Congrès, relative à un système satisfaisant d’informations internation- ales sur l’existence de maladies contagieuses, et spécialement du choléra, de la peste et de la fièvre jaune, a été accueillie en Allemagne comme étant en harmonie avec les progrès du siècle et les réformes modernes dans les relations internationales, dans ces temps de com- munications télégraphiques d’un point du globe à l’autre. Les publications locales dépourvues de l’appui d’une forte organisation ayant un carac- tère officiel, n’ont aucune valeur. Si les gouvernements d’Autriche-Hongrie et d’Espagne con- sentent, ainsi que j’ai lieu de le croire, à faire les premiers pas vers l’établissement d’agences sanitaires internationales, je ne vois pas d’obstacles à procéder à l’inauguration du système international proposé. Certes, nous ne pouvons aujourd’hui que recommander l’adoption de mesures préliminaires à cet effet, mais après deux ou trois années d’expérience pratique, nous aurons des matériaux suffisants pour donner tout le développement nécessaire à ces or- ganisations sanitaires qui intéressent toutes les nations. Je ne vois pas de raison pour donner une interprétation scientifique des mots “ maladies contagieuses et épidémiques”, ni d’entrer dans des détails sur la proposition présentée par le comité. Je me borne à demander àla Conférence de voter le rapport du comité dans son ensemble. Le délégué de Russie (M. Bartholomei) : Je suis eu faveur de la proposition de M. le Comte Bethlen, et je partage l’opinion de M. le délégué d’Allemagne (M. Schumacher), que le projet du délégué d’Autriche-Hongrie devrait être voté dans son ensemble, tel qu’il est rédigé. Dans le Congrès de Vienne tenu en 1874, ou a pensé à établir une commission pour l’étude du choléra ; aujourd’hui ou veut étendre la sphère d’action de cette commission à toutes les maladies contagieuses et à l’univers entier, A la Conférence de Vienne un comité de 5 membres, représentant l’Autriche, la Hongrie, la Norvège, la Prusse, et la Russie, avait élaboré un rapport recommandant la création d’une telle commission contre le choléra. Ce rapport publié dans les juotocoles de la Conférence porte pour titre : “ Vœu de la Conférence de Vienne, etc.” C’est là un précédent qui, dans mon opinion, devrait être suivi par le délégué d’Autriche- Hongrie (Comte Bethlen). Il pourrait en effet employer le môme titre pour son projet: “Vœu émis par la Conférence Sanitaire Internationale de Washington au sujet d’un système international centralisé d’avertissements sanitaries.” Je me permets, en terminant de recom- mander le projet du délégué d’Autriche-Hongrie, à la plus sérieuse attention de la Conférence. 27 Le délégué d’Autriche-Hongrie (Comte Bethlen) se range à l’avis du délégué de Russie, et présente, au nom de ses collègues du comité, MM. le délégués d’Allemagne et des Pays- Bas, et au sien propre, le préambule suivant, pour être mis à la tête du projet soumis par lui à la Conférence : “Yœu émis par la Conférence Sanitaire Internationale de Washington, au sujet d’un système international centralisé d’avertissements sanitaires. “ La Conférence Sanitaire Internationale déclare, qu’eu dehors des moyens recommandés par elle, en vue de créer un système satisfaisant international d’informations de l’état sani- taire des différents ports et lieux, la création de certaines institutions qui auraient à con- centrer ce service entre leurs mains, lui paraît indispensable. “Elle recommande en conséquence l’adoption du projet ci annexé, ayant pour but la créa- tion de deux institutions internationales d’avertissements sanitaires, chargées de recueillir toutes les informations relatives à la naissance, au développement et à la décroissance du choléra, de la peste, de la fièvre jaune, etc., et de les porter à la connaissance des parties intéressées.” Le Président (M. John Hay) met aux voix la proposition du délégué d’Autriche- Hongrie (Comte Bethlen,) y compris le préambule. La proposition est adoptée, 13 voix pour, 3 contre, et 2 abstentions. Ont voté pour: Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Chili, Danemark, Espagne, Haïti, Italie, Pays-Bas, Portugal, République Argentine, Russie, Turquie—l 3. Ont voté contre: États-Unis, France, Japon—3. Se sont abstenus : Mexique, Suède et Norvège—2. Le délégué de Fiance (M. Maxime Outre y) : Dans une séance précédente j’ai soumis à la Conférence une proposition pour faire suite aux propositions 1 et 2 du délégué de Rus- sie, relativement aux notifications à faire de pays à pays. Le vote sur cette proposition a été suspendu jusqu’après le vote sur la proposition du délégué d’Autriche-Hongrie. Cette dernière proposition ayant été adoptée par la Conférence, je retire ma proposition. Le délégué du Danemark (M. de Bille) est d’avis que le délégué de France devrait maintenir sa proposition. Il déclare que pour sa part il est prêt à voter eu faveur de cette proposition. Le délégué d’Autriche-Hongrie (Comte Bethlen) croit qu’après avoir adopté sa pro- position, il n’y a plus lieu de voter sur celle présentée par M. le délégué de France. Le délégué du Danemark (M. de Bille) insiste qu’un vote soit pris sur la proposition du délégué de France. Le délégué du Portugal (Dr. Amado) croit qu’il est inutile de voter sur une proposition déjà adoptée par la conférence de 1853 et qui est encore en vigueur dans les pays qui l’ont acceptée; ainsi.il arrive fréquemment que les autorités sanitaires de Bordeaux et de Lis- bonne se transmettent réciproquement des informations sur la santé publique. Le délégué de France (M. Maxime Outrey) ne pense pas que tous les gouvernements ayant adhéré àla convention de 1853 conservent encore cet article en vigueur. Il renouvelle d’ailleurs sa déclaration qu’il est prêt à retirer sa proposition. Le délégué d’ltalie (Prince de Camporeale) rappelle que de concert avec son collègue des Pays-Bas, il a proposé un amendement àla proposition de M. le délégué de France. Il croit devoir maintenir cet amendement, en le modifiant toutefois en tant que l’adoption de la proposition de M. le délégué d’Autriche-Hongrie le rend nécessaire. Dans la rédaction primitive il est dit que les autorités sanitaires centrales seront tenues de se prévenir directement entre elles de l’apparition, etc. Les mots directement entre elles sont désormais de trop, puisque d’après la proposition de M. le délégué d’Autriche-Hongrie ces notifications doivent se faire par l’intermédiaire de bureaux internationaux. Le délégué d’ltalie insiste sur la nécessité de ne pas laisser chaque gouvernement libre de donner, ou de ne pas donner, avis de l’apparition de maladies contagieuses sur son terri- toire ainsi que le voudrait M. le délégué de France. 28 Les bureaux internationaux ne pourront fonctionner régulièrement qu’en tant que chaque gouvernement soit tenu de les renseigner exactement et promptement. Proposition des Délégués d’ltalie et des Pays-Bas. Dans l’intérêt de la santé publique, les autorités sanitaires centrales des pays représentés dans cette Conférence seront tenues à se prévenir de l’apparition et de la disparition dans leurs territoires respectifs des maladies épidémiques ou contagieuses, choléra, lièvre jaune et peste, sans préjudice toutefois des notifications qu’il est du devoir des autorités locales de fournir immédiatement aux consuls résidants dans leur ressort. Le délégué de France (M. Maxime Outre y) demande que la Conférence procède au vote sur sa proposition, et si elle est rejetée, que la Conférence vote sur l’amendement de MM. les délégués d’ltalie et des Pays-Bas. Les deux propositions lui paraissent complètement distinctes l’une de l’autre. Celle des délégués d’ltalie et des Pays-Bas embrasse un cercle bien plus vaste que la sienne, laquelle n’a en vue que les maladies épidémiques seules. Le délégué des Pays-Bas (M. de Pestel) : Notre proposition comprend les trois mala- dies les plus redoutables (peste, choléra, fièvre jaune) et elles y sont expressément énoncées. “Dansl’intérêt de la santé publique, et pour le bien du service, les autorités sanitaires des pays respectifs représentés dans cette Conférence sont autorisées à communiquer directe- ment entre elles, afin de se tenir réciproquement informées de tous les faits importants parvenus à leur connaissance, sans préjudice toutefois des renseignements qu’il est de leur devoir de fournir en même temps aux consuls établis dans leur ressort.” Le Président (M. John Hay) ordonne la lecture de la proposition du délégué de France : Cette proposition est mise au voix et adoptée :—Il voix pour, 6 contre Ont voté pour : Belgique, Chili, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Haïti, Mexique, Russie, Suède et Norvège, Turquie—ll. Ont voté contre : Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal, République Argentine—6. Le délégué du Portugal (Dr. Amado) demande qu’un vote soit pris sur l’amendement des délégués d’ltalie et des Pays-Bas. M. le délégué de Turquie (Aristarchi Bey): Je crois que ceci à la signification d’une réconsidération. Je me rappelle que lors que M. le délégué de Russie a proposé ses articles “1” et “2” à la Conférence du vingt-six janvier dernier, il a soutenu, après leur adoption, qu’il avait proposé une double rédaction, savoir, “devra” ou “devrait,” et il a demandé que cette double rédaction fut maintenue dans le texte; mais la Conférence a déclaré que le vote était acquis, et elle n’a pas voulu revenir sur sa décision. Je crois que la proposition de M. les délégués d’ltalie et des Pays-Bas pourrait être insérée au procès-verbal au même titre que la proposition présentée aujourd’hui par M. le délégué de France. Le Président (M. John Hay) demande à la Conférence si elle a de nouvelles proposi- tions à examiner; dans le cas contraire, tout délégué aie droit de demander que les résultats des travaux de la Conférence soient consignés dans un rapport et soumis, à la prochaine séance, à l’approbation de la Conférence. Le délégué du Chili (M. Asta-Buruaga) soutient la motion du Président. Le délégué de Russie (M. Barïholomei) demande à attirer l’attention de la Confé- rence sur le denier protocole. D’après ce document, la question sdu mémorandum de l’hono- rable Secrétaire d’État n’a pas encore été considérée. Le délégué l’ltalie ( Prince de Camporeale) déclare que s’il n’a pas donné suite à sa motion touchant la question 5 du mémorandum, c’est parce que la proposition présentée par le délégué de France prévoit le cas des pays n’ayant pas d’organisation sanitaire. Le délégué de Turquie (Aristarchi Bey): Je déclare de mon côté, en me référant à ma dernière observation insérée du protocole No. 6°, que je n’ai pas de proposition spéciale à faire. Je propose seulement qu’un comité de rédaction soit nommé pour coordonner le rap- 29 port final. Dans le cfioix de ce comité, je demanderai, qu’autant que possible les éléments pour ainsi dire contradictoires de la Conférence y soient représentés, c’est-à-dire les délégués ayant voté dans l’affirmative et dans la négative ainsi que ceux qui se sont abstenus. Pour donner suite à ma proposition, j’ai l’honneur de soumettre à la Conférence les noms des délé- gués suivants pour faire partie de ce comité de rédaction: MM. Outrey, Bartholomei, de Bille, Prince de Camporeale, Lowndes, le Dr. Cervera et les deux Secrétaires de la Confé- rence. La Conférence adopte la proposition du délégué de Turquie, et le comité est constitué comme ci dessus. Sur la motion du délégué de Russie, M. le délégué de France est élu Président du comité. Le délégué d’Espagne (M. Mendez de Yig-o): Je regrette d’etre obligé de prendre cou°é de mes honorables collègues de cette Conférence. Je dois sous peu quitter Washing- ton, et je tiens avant mon départ à les remercier de la bienveillance qu’il m’ont toujours témoignée. Le Président (M. John Hay): En réponse à l’honorable délégué d’Espagne, et aunom de la Conférence, je vi us lui donner l’assurance de la haute estime dans laquelle il est tenu par nous et du profond respect et de l'affection que nous éprouvons tous pour lui. Je tiens en môme temps à lui exprimer les sincères regrets que le départ d’un membre d’une aussi grande valeur laisse au sein de cette Conférence. Sur la motion du délégué du Chili la Conférence s’ajourne à cinq heures et demie, pour se réunir a l’appel du Président. Le Président, Les Secrétaires JOHN HAY. THOMAS J. TURNER, RUSTEM.